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2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 19:08
Burkina Faso : la question de l'influence russe ou française entretient la confusion
Burkina Faso : la question de l'influence russe ou française entretient la confusion

 

Coup d'État au Burkina Faso: la question de l'influence russe ou française entretient la confusion

Publié le : 02/10/2022 - 05:05 Modifié le : 02/10/2022 - 05:54

Le rapprochement du Burkina et de la Russie est-il la vraie motivation du coup d'État ? La France soutient-elle le lieutenant-colonel Damiba ? Ces deux questions ont été ce samedi au cœur de déclarations des militaires putschistes qui ont pris le pouvoir vendredi 30 septembre. Des déclarations contradictoires qui ont eu des répercussions immédiates, sur le terrain et dans les sphères diplomatiques, sur la situation que traverse le Burkina depuis deux jours.

Dans un communiqué lu samedi 1er octobre à la télévision nationale, les militaires putschistes invoquent pour la première fois le choix d'un nouvel allié pour justifier leur coup d'État. Et accusent la France d'aider le lieutenant-colonel Damiba à se rétablir au pouvoir.

« Le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba se serait réfugié au sein de la base française, à Kamboisin, en mesure de planifier une contre-offensive. Cela fait suite à notre ferme volonté d'aller vers d'autres partenaires prêts à nous aider dans notre lutte contre le terrorisme », a expliqué le sous-lieutenant Jean-Baptiste Kabré, lisant une déclaration du capitaine Traoré, chef des putschistes.

La Russie n'est pas nommément citée, mais le message semble clair. Depuis vendredi, des drapeaux russes sont brandis lors des rassemblements de soutien aux putschistes, et sur les réseaux sociaux, les comptes pro-russes commentent les évènements, avec force slogans anti-français. 

 À lire aussi : Burkina Faso: retour sur un samedi mouvementé au lendemain du coup d'État

Le démenti catégorique de Paris, qui assure ne pas être impliqué et ne pas protéger Damiba, ne semble rien y faire : l'ambassade de France à Ouagadougou et l'Institut français de Bobo-Dioulasso ont été pris pour cible par des manifestants.

Quelques heures plus tard, le capitaine Ibrahim Traoré fait machine arrière sur France 24.

« Une contre-offensive, oui. Soutenue par la France, je ne pense pas. Il y a une base qu'on appelle Kamboinsin, où il y a une base française. Lorsqu'on exfiltre quelqu'un vers cette base, on dit la base militaire française de Kamboinsin. Je sais que la France ne peut pas s'ingérer directement dans nos affaires. Si on a d'autres partenaires aujourd'hui, qui peuvent nous soutenir, ne voyez pas forcément la Russie. Les Américains sont nos partenaires actuellement, on peut avoir aussi la Russie comme partenaire, donc il ne s'agit pas de la France ou d'un problème de Russie et de Wagner. »

Hésitations synonymes de légèreté ou stratégie délibérée pour tenter de mobiliser ? Ces déclarations contradictoires ajoutent en tout cas au flou général. 

Dans un message écrit diffusé sur la page Facebook de la présidence burkinabè, et authentifié par un collaborateur du lieutenant-colonel Damiba, qui ne s'est pas exprimé publiquement depuis le coup d'État de vendredi, le désormais ex-chef de la transition dément être réfugié au camp de Komboinsin : « Ce n'est qu'une intoxication pour manipuler l'opinion, écrit Damiba, j'appelle le capitaine Traoré et compagnie à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide dont le Burkina Faso n'a pas besoin. »

 À lire aussi : Burkina: des militaires annoncent la dissolution du gouvernement

Ce qui est très préoccupant, c'est de voir qu'une armée régulière avec un agenda, la lutte contre le terrorisme, se met à créer des espaces de confrontation. Donc, il y a une sorte de polarisation. Le premier groupe, celui de Damiba, est critiqué pour sa proximité avec la France et un autre groupe, qui ne nomme pas expressément la Russie, mais on voit une certaine société civile qui s'organise autour et demande à changer de partenaire.

Thomas Ouedraogo, directeur exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique

Gaëlle Laleix

Journée confuse

La situation reste encore incertaine dans la capitale à l’issue d’une journée confuse. Les activités de la population de Ouagadougou avaient repris leur cours normal dans la matinée, jusqu’aux environs de 11h30, quand des déplacements de troupes et des tirs près du grand marché ont créé un mouvement de panique, obligeant les commerçants a fermer boutique et les piétons à déserter les rues.

Le rond-point des Nations unies a été totalement barricadé par les militaires, ainsi que les voies d’accès menant à la Radio-Télévision Nationale et à la Primature, pendant qu’un hélicoptère sillonnait le ciel de la capitale. Des tirs ont aussi retenti dans le quartier de Ouaga 2000, au cours de la journée.

Le calme précaire a été rompu en fin d’après-midi, lorsque de nouveaux coups de feu se sont fait entendre en centre-ville, et que des dizaines de jeunes ont pris pour cible l’ambassade de France, en mettant le feu aux guérites postées à l’entrée et en essayant de forcer la porte d’accès au service des visas. La tension est légèrement descendue à la tombée de la nuit.

 

Implication démentie de la France au Burkina : "Il y a une hostilité aggravée par les maladresses des dirigeants français", estime un spécialiste

franceinfo Radio France Publié le 01/10/2022 22:53

Le Burkina Faso est en proie à un coup d'État depuis la chute du chef de la junte militaire, vendredi 30 septembre. La France dément les accusations des putschistes qui l'accusent de préparer une "contre-offensive".

Alors que les militaires ayant pris le pouvoir au Burkina Faso accusent la France d'aider le lieutenant-colonel Damiba renversé vendredi 30 septembre, ce que Paris dément, le professeur de géopolitique Michel Galy estime, ce samedi 1er octobre, sur franceinfo que la France "n'a pas d'intérêt" à défendre dans le pays. "Le problème, c'est qu'il y a des précédents, regrette ce spécialiste de l'Afrique. Il y a une perte d'influence, voire une hostilité, qui est aggravée par les réseaux sociaux et par un certain nombre de maladresses des dirigeants français."

franceinfo : Ce coup d'État n'a-t-il qu'une dimension intérieure ou bien internationale ?

Michel Galy, professeur de géopolitique, spécialiste de l'Afrique : La dimension internationale vient en fait se rajouter à une crise interne entre deux factions de l'armée burkinabé. L'une s'organise autour de l'ancien président, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba. L'autre soutient le nouvel homme fort, le capitaine Ibrahim Traoré. Les deux factions s'affrontent en ce moment et il y a effectivement des accusations, un peu comme au Mali, d'ingérence de la part de l'armée française puisqu'il y a une base militaire française - un contingent réduit - pour ce qu'on appelle l'opération Sabre de lutte antijihadiste.

Cette ingérence française, démentie par Paris, est-elle crédible ou absolument rocambolesque ?

Le problème, c'est qu'il y a des précédents. Par exemple, au moment de la chute de Blaise Compaoré qui a longtemps été soutenu par la France, il est vrai que les armées française et ivoirienne l'ont exfiltré de sorte qu'il a échappé à la vindicte populaire et à un procès. On se souvient aussi du Tchad, où à la mort du maréchal Idriss Déby, Emmanuel Macron s'est précipité avec son ministre des Affaires étrangères pour organiser la succession. Mais en l'occurrence, dans le cas du Burkina, ça m'étonnerait beaucoup parce que ce serait extrêmement maladroit étant donné qu'il y a ces crispations autour de la présence de l'armée française.

La France a-t-elle des intérêts à défendre au Burkina Faso ?

Non, absolument pas. Ce sont des rumeurs de réseaux sociaux. La France n'a pas d'intérêt autour des minerais ou des ressources pétrolières. Elle a simplement un intérêt géopolitique pour contenir, voire faire régresser, les attaques jihadistes qui contrôlent quand même au moins un tiers du territoire burkinabé.

L'influence de la France en Afrique de l'Ouest est-elle en train de craquer partout ?

Tout à fait. En plus de ceux qui s'en prennent à l'ambassade de France à Ouagadougou et au centre culturel français de la seconde ville du Burkina Bobo-Dioulasso, il y a une perte d'influence, voire une hostilité, qui est aggravée par les réseaux sociaux et par un certain nombre de maladresses des dirigeants français. Par exemple, dans le cas du Mali, à l'époque du président Hollande, c'est la France qui a fixé la date des élections. Il y a une sorte de gouvernance à distance. Surtout, dans toute la région du Sahel, la force Serval puis la force Barkhane françaises étaient en quelque sorte dans une situation d'extraterritorialité au-dessus des États et des armées nationales. C'est une situation qui est très difficile à vivre pour les populations et les classes politiques et qui ne pouvait pas durer très longtemps.

 

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