Centrafrique: presque un an après son lancement, où en est le DDR?
Par RFI Publié le 07-12-2019 Modifié le 07-12-2019 à 03:27
Le 17 décembre 2018, le président Touadera lançait officiellement le grand DDR (Désarmement, démobilisation et réintégration) en Centrafrique qui prévoit le désarmement de 5000 à 7000 combattants. Hier se tenait la 20e session du comité consultatif et de suivi du DDRR (Désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement). À l’ordre du jour notamment : les avancées, difficultés et perspectives du processus de désarmement.
Le ministre en charge du DDR, Maxime Mokom, a conduit la rencontre. « Nous sommes comptables devant le peuple et les partenaires. Pour cela, j’exhorte tous les acteurs impliqués dans ce processus de faire davantage pour la réussite de ce grand DDR. »
Plusieurs problématiques ont été abordées, notamment celle de la réticence des groupes armés à rendre les armes dans le cadre du DDR. Ils favorisent à la place le dépôt de munitions. Nordine Mahalba, vice-président du comité consultatif et de suivi du DDRR…
« Nous avons signé un accord et dedans, c’est précisé très clairement les critères d’éligibilité : l’appartenance à un groupe signataire de l’accord et le dépôt d’une arme de guerre en état de fonctionnement ou non. Et donc sur le terrain nous avons connu des difficultés en ce que certains mouvements ne fournissent que des munitions et c’est ce qu’il faut recadrer pour nous permettre d’avancer très objectivement. »
Autre problème soulevé lors de l’assemblée : le détournement possible des fonds du comité. « Si c’est une question de détournement de fonds, nous n’avons pas les preuves mais il y a un audit qui doit être engagé et ce problème-là a été soulevé lors de la session, le travail sera fait et seul l’audit pourra nous dire s’il y a détournement ou pas », poursuit-il.
La lenteur du processus de désarmement est souvent pointée du doigt. L’opération est encore en cours dans le nord-ouest du pays et devrait débuter dans la zone nord-est début janvier.
1321 hommes sont passés par la phase de démobilisation/désarmement en Centrafrique. Une partie de ces hommes vont intégrer les unités spéciales mixtes de sécurité prévues par l’accord de paix de février 2019. Les USMS prévoient notamment la sécurisation des couloirs de transhumance.
Soupçons d'abus sexuels à Caritas: l'archevêque de Bangui donne des explications
Par RFI Publié le 07-12-2019 Modifié le 07-12-2019 à 23:14
En Centrafrique, l’ancien secrétaire nationale de l’ONG Caritas, le père Luk Delft, fait l’objet d’une plainte à Bangui, après avoir été condamné en 2012 en Belgique pour abus sur mineur. Président de Caritas en Centrafrique, le cardinal Nzapalainga a donné sa version des faits sur cette affaire.
Chaque évêque est responsable de la section locale de Caritas. L’évêque de Kaga Bandoro dans le centre de la RCA, monseigneur Vanbuel, a donc fait venir le père Luk Delft en 2013. Puis, le secrétaire national, blessé par balle, a dû être évacué.
Président de Caritas en Centrafrique, le cardinal Nzapalainga s'est alors tourné vers le père Luk Delft pour le remplacer. « À ce moment-là nous avons écrit au supérieur des pères salésiens pour leur demander : "Nous voulons confier une responsabilité", raconte-t-il. Si les supérieurs nous avaient écrit pour nous dire "arrêtez c’est quelqu’un à problème" ou "il y a une situation grave", je pense que vous pourrez nous accuser en disant "vous avez reçu une réponse". Ils ont accepté que nous puissions le prendre. Quand nous avons été alertés encore par une psychothérapeute, nous leur avons écrit pour dire il semble qu’il y a quelque chose. Ils ont dit "on peut lui donner une nouvelle chance" ».
Le cardinal connaît donc le passé du père et décide de lui laisser sa chance. Mais au mois de juin, la chaîne de télévision américaine CNN qui enquête sur le terrain alerte sur de nouveaux cas. « Immédiatement, quand nous avons appris, on a demandé la démission du père, poursuit le cardinal Nzapalainga. Ceux qui pensent que nous, nous avons caché le père pour l’envoyer en Europe, c’est faux. L’Église a porté plainte le 7 octobre au niveau du tribunal de Bangui par rapport à cette situation. Nous ne sommes pas là pour cacher ni masquer la vérité ». Le Cardinal dit avoir été convoqué par la Section recherche et investigation (SRI). Il affirme attendre que la justice fasse son travail.