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19 septembre 2019 4 19 /09 /septembre /2019 01:17
Nouvelles nationales sur Sputnik et Alwhida
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Lu pour vous 

 

Nouveaux combats en Centrafrique, «certainement pour alimenter l’économie de guerre»

nt Vergnes

https://fr.sputniknews.com 15:58 18.09.2019(mis à jour 16:05 18.09.2019)

 

Les affrontements entre groupes armés se poursuivent en Centrafrique. 24 miliciens ont été tués au nord-est de la Centrafrique, dans des combats entre groupes armés signataires du 8e accord de paix. Malgré les mises en garde des instances internationales, les violations de cet accord de paix sont de plus en plus nombreuses. Pourquoi? Décryptage.

Au moins 24 miliciens ont été tués, samedi 14 septembre, dans des combats opposant deux groupes armés dans le nord-est de la République centrafricaine (RCA), a annoncé la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA).

«Aucune victime parmi les populations civiles suite aux combats entre le MLCJ et le FPRC (qui a attaqué la ville de Birao à 5 h du matin) qui ont fait 24 tués du côté des groupes armés et un soldat de la #Minusca blessé par balle perdue à qui je souhaite un prompt rétablissement», peut-on lire sur le compte Twitter de Mankeur Ndiaye, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Centrafrique.

 

L’affrontement de Birao a opposé des éléments du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) à ceux du Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), tous signataires de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA). Pour Éric Yombi, journaliste, écrivain, spécialiste des relations internationales, la persistance des violences entre groupes rebelles est alimentée par le désir de continuer à contrôler les ressources du pays.

«La raison de cette résurgence des conflits est certainement matérielle. L’économie de guerre, notamment le péage routier ainsi que le contrôle des ressources, explique sans doute la confrontation de samedi dernier à Birao. C’est une localité stratégique, parce qu’elle s’ouvre sur le Soudan, de même qu’elle dispose d’un nombre important de ressources du sol et du sous-sol», explique l’analyste au micro de Sputnik.

Entre les mains du FPRC depuis 2014, cette localité proche de la frontière, d’où affluent les armes en provenance du Soudan, fait depuis l’objet d’offensives régulières du MLCJ. Les deux groupes s’y sont encore affrontés du 1er au 3 septembre dernier. Plusieurs sources estiment que les combats du 14 septembre sont une offensive du FPRC pour tenter de reprendre le contrôle de secteurs de cette localité stratégique tombés aux mains du MLCJ. Une thèse que dément ce dernier, qui affirme à l’inverse avoir riposté à une nouvelle attaque de ses positions en périphérie de Birao.

Alors que les tensions restent vives entre les deux mouvements rebelles, l’Union africaine (UA), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la MINUSCA dénoncent dans un communiqué conjoint publié samedi soir «la reprise des hostilités entre le FPRC et le MLCJ» dans la ville de Birao. Ces organisations affirment que les enquêtent en cours «permettront d’établir les responsabilités de chacun et les coupables devront répondre de leurs actes devant la justice.»

Si la nature exacte des châtiments à appliquer en cas de violation de l’accord de paix fait encore l’objet de discussions entre les garants et facilitateurs de cet accord, les milices armées n’ont de cesse de braver les interdits, malgré les menaces de sanction, car, pense Éric Yombi, «le partage du pouvoir dans le cadre de l’accord de paix de Khartoum ne leur apporte que très peu de devises et d’avantages.»

«Certes, ce partage du pouvoir les rend influents, mais sur le plan matériel, cela ne rapporte pas beaucoup. C’est pourquoi ils préfèrent multiplier des zones de non-droit pour mieux exploiter les ressources du pays», poursuit l’analyste au micro de Sputnik.

Les menaces et sommations ne suffisent plus à faire taire les armes. L’affrontement de Birao pourrait davantage éroder la confiance entre les groupes armés et le gouvernement centrafricain. Pour juguler cette crise qui perdure au détriment de la stabilité, Éric Yombi préconise au-delà des pressions et sanctions à envisager, «la reconstruction de l’État centrafricain» comme l’une des solutions idoines.

«Si l’État centrafricain retrouve la capacité de remplir ses différentes missions régaliennes, il affaiblira subtilement le rôle, la puissance ou encore l’influence de ces différents groupes armés. La RCA doit s’appuyer sur l’ensemble de ses partenaires pour se reconstruire», argue Éric Yombi au micro de Sputnik.

 

Six mois après la signature de l’accord conclu en février entre le gouvernement et 14 groupes armés, la paix tarde à revenir en Centrafrique, où les provinces sont toujours contrôlées à 80% par les groupes rebelles. Depuis 2013, la Centrafrique est le théâtre d’affrontements entre groupes armés et milices, qui commettent d’innombrables violences et exactions.

 

 

Centrafrique : Birao sous le regard des loups

 

Alwihda Info | Par Husseini Mahamat - 18 Septembre 2019 modifié le 18 Septembre 2019 - 15:56

 

Birao en deuil et en flammes : moins une quarantaine de morts, des maisons pillées, saccagées et brûlées, ainsi que des boutiques pillées. Des milliers d’enfants, femmes et hommes sont devenus des déplacés internes au grand jour. C’est le désespoir. Récit et analyse d’une tragédie qui a surpris devant l’inaction des casques bleus de la MINUSCA.


La situation qui prévaut actuellement à Birao est inquiétante. Les enjeux de convoitise de cette ville située à l’extrême –nord de la République Centrafricaine sont énormes. Mais attardons nous sur trois dimensions : politique, sécuritaire et économique.


La dimension politique


2020 s’approche. C’est l’année des élections en République Centrafricaine. Le régime actuel a des fortes chances de remporter les élections (législatives et la présidentielle). Des signes montrent que le régime actuel est favori. Mais pourquoi le pouvoir actuel est favori ? L’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en République Centrafricaine (l’APPR-RCA), est le noyau qui constitue la campagne politique du régime TOUADERA. De ce fait, porter atteinte à la sécurité dans certaines zones du pays fragilise la dimension politique de Faustin Archange TOUADERA axée sur la restauration de la paix et la sécurité. Après le nord-ouest au mois de mai, c’est le tour du nord-est en juillet dernier avec l’attaque d’Am -Dafock et en septembre 2019 avec les violents combats meurtriers à Birao.


Birao est dans le viseur car c’est là où s’est constitué la coalition rebelle Seleka – du coup, ces situations peuvent avoir un impact négatif sur la communication politique du régime si la situation continue de se détériorer. Rien ne prouve que cela va rester tel quel.


Les conflits en RCA ne sont pas classiques, ces conflits sont nomades voire transhumants où on a l’impression que ça va bien ailleurs tandis que dans d’autres localité ça brûle. C’est le cas des troubles survenues à Bangassou, Alindao, Bocaranga, Koundjili, Dilampoko, l’échec de la JMA 2018 à Bambari…. Des poches d’insécurité se créent. La première stratégie globale est de lutter contre ces poches qui risquent de fragiliser la communication politique du régime de TOUADERA. Il y a des enjeux politiques. La question qu’on chercher à savoir est celle-ci : à qui profitent ces postes d’insécurité sur le plan politique ?


Les défis politiques de Faustin Archange TOUADERA


Si le gouvernement ne parvient pas à maitriser la situation, cela ne pourrait-il pas contraindre Faustin Archange TOUADERA à remanier le gouvernement ? Mais comment faire du moment où ce gouvernement est issu de l’APPR RCA ? La constitution autorise le chef de l’Etat à mettre fin aux fonctions du premier ministre et des membres du gouvernement (Article 33 de la constitution) - comment faire pour ne pas porter atteinte et remettre en cause son "bébé qui est l’APPR-RCA ? Ou alors, Faustin Archange TOUADERA doit s’inscrire dans la logique où on ne change pas d’équipe mais on change des joueurs – le même système de jeu est maintenu mais on change seulement l’entraineur.

Il y a des gens qui ont soif d’occuper un poste de responsabilité gouvernementale –ils sont toujours dans l’envie. Puisque le malheur des centrafricains peut faire le bonheur des autres centrafricains, ceux-là peuvent profiter de la situation qui prévaut actuellement à Birao.


Sur le plan sécuritaire


Soulignons au passage qu’il y a des groupes armés qui n’avaient pas d’existence réelle avant les pourparlers de Khartoum qui ont accouché l’APPR-RCA - grâce à cet accord, ces groupes armés ont commencé à avoir une existence réelle alors qu’ils n’existaient que sur le papier.


Le FPRC crée en 2014 n’a jamais connu un tel incident majeur. L’engagement du FPRC pour la mise en œuvre effective de l’APPR-RCA par le démantèlement des barrières illégales et d’autres actions ont créé un vide sécuritaire dont le MLCJ et ses alliés veulent occuper pour prospérer. Ne dit-on pas que la nature a horreur du vide ? Constatant que l’effectif des éléments du FPRC a diminué sur le terrain, le MLCJ et les djandjawids soudanais en ont profité pour créer le désordre. Voilà ce qui s’est passé à Birao récemment.

Le MLCJ veut profiter du vide sécuritaire laissé par le FPRC en quittant les barrières, pour se lancer dans la contrebande dans la région facilitant aussi la gestion de la mafia et la contrebande entre le Soudan et le Tchad. Cette sale besogne a des rentes économiques : munitions, armes, pétrole, sucre. C’est aussi les résultats de l’absence des services de l’Etat à Birao et dans d’autres villes de la région : pas de douaniers- ni d'agents des eaux et forets – personne ne contrôle personne – la frontière est vaste et libre. La porosité des frontières augmente la prolifération des armes légères.


Un message en arabe qui circulait, selon un témoin, dit ceci : « après avoir détruit le quartier Rounga dont la plupart des maisons sont en paille – des chefs du MLCJ qui étaient sur le champ de bataille ont dit aux mercenaires soudanais, qu’il y a rien à gagner en brulant ces maisons en paille – ils ont donné l’ordre aux mercenaires d’aller au marché piller des marchandises qui vont leur servir comme butins de guerre parce que le MLCJ n’a pas d’argent à vous donner comme prime de guerre ». C’est là où il y a eu la destruction généralisée de la ville de Birao.


Selon une source à Birao sous couvert de l’anonymat, il y’a eu un entretien téléphonique entre la MINUSCA et Abdoulaye Issène Ramadane, chef militaire du FPRC. La MINUSCA a demandé au FPRC de replier et d’abandonner ses positions – le commandement militaire du FPRC a obtempéré en demandant à la MINUSCA en contre –partie la protection des populations civiles. C’est après le repli du FPRC que le MLCJ a organisé une contre-offensive contre les positions du FPRC à 5h30 du 2 septembre 2019. Avant cette attaque-surprise, il n’y avait pas encore l’incendie et le pillage du marché de Birao- le FPRC contrôlait la ville après


avoir repoussé les combattants du MLCJ au quartier Kara le 1er septembre. C’est après le repli des éléments du FPRC aux points stratégiques que la ville de Birao a été mise à sac et en feu d’où la défaillance de la MINUSCA qui n’a rien fait pour protéger les civils et le marché.


Dans un message whatsapp, une autre source s’interroge : « la MINUSCA a 5 positions dans la ville de Birao et a une présence dans toute la ville – pourquoi sous leurs yeux des cas de vols, de tueries ont eu lieu ? Pourquoi les casques bleus ne sont pas intervenus pour la protéger des civils ? » Des maisons et boutiques sont pillées et détruites – l’attaque des quartiers Bornou- arabe- haoussa- rounga- Borgo- sara-matali- zabé – yulu. Toutes ces ethnies ont été touchées. Ce n’est plus une affaire entre Rounga et Kara parce que tous les quartiers ont été saccagés par des mercenaires venus du Soudan.


L’ONG internationale TRIANGLE et l’ONG nationale NDA ont été pillées.

Enfin l’enjeu économique déjà évoqué ci-haut est en lien avec l’enjeu sécuritaire. C’est la contrebande qui s’installe. Face à cette tragédie planifiée, comment le gouvernement centrafricain va s’y prendre ? Dans quelle condition le FPRC et le MLCJ vont s’inscrire ou vont continuer à s’inscrire dans la dynamique de l’accord ? Et comment pallier à cette défaillance de la MINUSCA sur le terrain ? Est-ce que les communautés touchées vont rester bras croisés ?

Le gouvernement n’agit pour l’instant que par des simples communiqués radiodiffusés pour appeler au calme. Cependant, des milliers de personnes sont dans des camps de fortune créés dans la précipitation vers l’aérodrome et la base de la MINUSCA.


Pour l’instant, trois organisations humanitaires apportent de l’aide aux déplacés internes estimés à 15.670 notamment IMC, ODESCA et ACTED.

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