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26 juillet 2019 5 26 /07 /juillet /2019 23:03
Mort de Pierre Péan, le journaliste de « l’affaire des diamants »

Lu pour vous

 

https://www.la-croix.com  Nathalie Lacube, le 26/07/2019 à 08:52 

 

Pierre Péan est mort jeudi 25 juillet à 81 ans. Les coups de maître du journaliste écrivain resteront la révélation de « l’affaire des diamants » offerts par l’empereur Bokassa de Centrafrique au président Giscard d’Estaing (en 1979), et celle de la « jeunesse française » pétainiste de François Mitterrand (en 1994).

Une curiosité ardente, un tempérament fonceur, une plume alerte, un bon flair et un appétit insatiable pour la vérité, Pierre Péan, décédé jeudi 25 juillet à 81 ans l’hôpital d’Argenteuil (Val-d’Oise), possédait amplement toutes les qualités d’un grand journaliste. Au risque de s’emballer, voire parfois de se tromper, il a mis à jour de très nombreux secrets d’un demi-siècle d’histoire de France.

Impressionnant les professionnels qui l’ont rencontré, Pierre Péan assumait devant eux son statut de « patron » de la presse d’investigation, catégorie que, par coquetterie, il disait ne pas aimer à cause de son côté trop inquisitorial.

L’affaire des diamants

Ce fils d’un coiffeur de l’ouest de la France, qui avait débuté dans des cabinets ministériels au Gabon avant de se lancer dans le journalisme, passant par l’AFP puis l’hebdomadaire L’Express, sort dans Le Canard enchaîné sa première grande affaire, celle des diamants que l’empereur Bokassa de Centrafrique aurait offerts au président français Valéry Giscard d’Estaing.

Le scandale démolit l’image du président de la République et lui aura peut-être même coûté sa réélection deux ans plus tard. Dans la foulée, Pierre Péan publie en 1983 « Affaires africaines », livre sur les relations entre la France et le Gabon, qui contribue à forger le terme de « Françafrique ».

Il reviendra sur les sujets africains en traitant le génocide rwandais (dans « Noires fureurs, blancs menteurs » en 2005). Livre qui fera l’objet de violentes polémiques, car il appuie largement le rôle joué par la France lors du génocide et pointe des responsabilités tutsies, avec des propos qui lui ont valu des poursuites pour « provocation à la haine raciale » : Pierre Péan n’a pas été condamné pour ces écrits.

« Une jeunesse française »

Son deuxième coup de maître, il le réalise en 1994 avec « Une jeunesse française : François Mitterrand 1934-1947 ». Le président socialiste révèle pour la première fois son parcours ambigu durant les années sombres de l’avant-guerre à l’Occupation. Son appartenance à la droite pétainiste qui allait engager la France dans la collaboration avec l’occupant nazi, avant qu’il ne choisisse de passer à l’action dans la Résistance, avait complètement été passée sous silence jusque-là.

Pierre Péan ratisse large, aimant les sujets grand public et se repaissant avec gourmandise des fureurs qu’il provoque. Il enquêtera aussi sur Jacques Chirac, Bernard Kouchner ou Jean-Marie Le Pen.

« C’était quelqu’un de simple, mais qui n’hésitait pas à s’attaquer à de grosses machines », et cela lui avait valu « une extraordinaire sympathie de la part du public », a confié à l’AFP son fils, l’écrivain Jean Grégor. Ils avaient signé ensemble son dernier livre, « Comme ils vivaient », une enquête sur le génocide méconnu des Juifs de Lituanie, parue en 2018 au Seuil.

Les médias aussi passés à la moulinette

Prisant son indépendance, le journaliste n’hésite pas à passer à sa moulinette de grands médias français. Avec Christophe Nick, il signe une grande enquête sur la première chaîne de télévision française « TF1, un pouvoir » en 1997. Il récidive en 2003, avec « La Face cachée du Monde, écrit avec Philippe Cohen, ouvrage qui malmène l’image du quotidien de référence français.

Son ami Christophe Nick a confié vendredi 26 juillet à l’Agence France-Presse une sorte d’épitaphe : « C’était un géant, c’était le temps long contre l’immédiateté, comprendre mais pas juger. Sa mort est pour tous les journalistes l’occasion de se regarder en face ».

 

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