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2 novembre 2017 4 02 /11 /novembre /2017 23:58

 

 

 

 

http://information.tv5monde.com 02 NOV 2017 Mise à jour 02.11.2017 à 08:12

par  Isabelle Mourgere

 

 

"Sortir la mode africaine de son carcan ! L'Afrique n'est pas qu'un tissu ! Elle n'est pas que le wax", voilà le cri de "guerre" de Marta Raphaella Gouandjika, créatrice de mode, née à Bangui, d'une mère roumaine et d'un père centrafricain.

 

Déjà petite fille, Marta Raphaella Gouandjika dessinait, partout. Dans ses cahiers d'école, les portraits de ses camarades de classe, pour lesquels elle réalisait en plus les croquis de biologie. Elle croquait aussi les portraits des membres de sa famille. Dessiner, c'était pour elle un acte naturel, inné.

 


Pourtant, née dans une famille de scientifiques, la voie lui semblait toute tracée. "Tu feras pharmacie ou médecine", lui disait son père. Elle a bien essayé. Après son bac, elle suit un stage à l'institut de biologie Pasteur de Bangui. Elle s'y ennuie ferme. "Tous mes frères sont aussi soit scientifiques, soit dans l’informatique. Alors du coup, j’ai d’abord suivi le chemin familial. C’était presque un parcours obligatoire. Une fois mon bac en poche, j’ai eu la chance d’être repérée pour faire des défilés de mode comme mannequin. C’est à ce moment là que l’amour pour la mode est né en moi ", nous confie-t-elle, "J’ai dit à ma mère : écoute, ce que papa veut que je fasse, ce n’est pas ce que je veux moi ".

 

Ce qu’elle fait ma fille, ce n’est pas de la blague !

 

Son père n’a pas vraiment compris. Sa mère, si. Elle lui dit alors : "Fais ce que tu veux, réussis, soit la meilleure !".  Le déclic paternel arrive bien plus tard, lorsque Marta Gouandjika gagne le prix FIMA, en 2011. On la voit à la télévision, les médias l'interviewent, papa Gouandjika se dit «  Ah, ce qu’elle fait ma fille, ce n’est pas de la blague ! »pour reprendre ses propres mots. Depuis il s’intéresse de plus près à son travail, il est même venu dans son atelier, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant, et "aujourd’hui je sais qu’il est fier de ce que je fais ". De la reconnaissance professionnelle à la reconnaissance personnelle, une grande fierté aussi pour la jeune styliste. 

 

Le Prix Fima (Prix international de la mode en Afrique, qui se tient tous les 2 ans au Niger ndlr) fut aussi la particule accélératrice de la carrière de la styliste. Cette toute fraîche renommée lui permet d'organiser des défilés et des expositions aussi bien sur le continent africain qu'en Roumanie son autre patrie de coeur, qu'elle rejoint pendant quelques années, avant de poursuivre ses études de mode dans une école en France.



Cette double culture est d'ailleurs ce qui produit l'alchimie de ses créations. Des formes simples, aux finitions léchées, et des mélanges de couleurs et tissus, dont l'incontournable wax, tissu imprimé africain, mais pas que ...  "Ma double-culture, c’est un grand plus, car depuis que j’ai fini mes études, en 2009, je m'appuie sur la mixité culturelle, le métissage. Ma mère est roumaine, mon père centrafricain. Cela définit une ligne à laquelle je suis restée fidèle depuis le début de cette aventure. Cela m’aide beaucoup", nous dit la jeune femme, aujourd'hui âgée de 33 ans. 

 

Le monde de la mode, s'il est plutôt féminin n'est pas pour autant épargné par le sexisme. Son expérience du mannequinat lui a laissé un gout amer : "J’ai eu beaucoup de problèmes. Si on voit les jeunes femmes africaines dans la rue, sur les podiums, elles sont belles, derrière tout ça, il y a de nombreux combats. Avant même de passer sous les projecteurs, les agents vous propose des « coucheries ». Moi j’ai eu la chance d’avoir une famille et beaucoup de soutien, ce qui m’a rendu forte. J’ai pu refuser toutes ces propositions indécentes, même si du coup, j’ai loupé quelques couvertures de grands magazines. Pour moi mannequin n’était pas un but de carrière, juste un moyen de me faire de l’argent. Mais malheureusement, toutes les filles ne sont pas comme moi. Fragiles et sans soutien, elles n’ont pas beaucoup le choix. "


Aujourd'hui, c'est elle qui recrute ses mannequins, ainsi que ses petites mains. Elle a rejoint le ministère centrafricain des Arts et de la culture pour s'occuper du concours de miss Centrafrique, tout en cherchant des fonds pour monter sa propre marque. "Jusqu’à présent, j’ai préféré travailler avec des femmes. Lors de mon expérience l'an dernier, au Cameroun, j’avais 4 filles dans mon atelier. Après, j’ai aussi eu un couturier. Avec les filles, il y a malgré tout des difficultés sur la durée, car au moment où elles se marient ou ont des enfants, ce que je peux comprendre, elles abandonnent leur travail. Mais c’est bien dommage. Car du coup, il est plus facile de travailler avec des hommes, ils sont plus disponibles, et pour eux, la carrière professionnelle est vraiment une priorité."

 

"Allez jusqu'au bout de vos études et de vos rêves !"

 

L'occasion pour elle d'adresser un message aux jeunes filles d’Afrique pour les encourager à poursuivre leurs études jusqu’au bout, "je sais que ce n’est pas forcément facile, mais cela sera leur seul moyen d’être compétitives et de pouvoir accéder à un statut réellement professionnel, et de réaliser leurs rêves." 



Son rêve à elle ? Créer sa marque de prêt à porter du type H&M et ouvrir des boutiques à New York, Paris, en Afrique et en Roumanie, pour sortir la « mode africaine » de son carcan, et pas uniquement identifiée par le wax. "Non, l’Afrique n’est pas qu’un tissu ! Le travail de la mode aujourd’hui est universel, qu’on aille en Chine ou ailleurs on porte les mêmes vêtements. Il n’y a plus rien d’occidental, d’africain ou de chinois. "
 

La mode africaine n'est pas une mode à part, il faut faire changer les mentalités !Marta Gouandjika

 

Son souhait serait de faire changer les mentalités et que l'on arrête "de définir la mode africaine comme quelque chose à part, comme uniquement la mode africaine, mais de la mode, tout simplement".  "Je rêve de magasins où l’on irait acheter des « fringues » signées de noms africains et portées par toutes et tous !", s'exclame-t-elle.

 

Si elle devait citer un mentor, il s'agirait d'une femme, sa mère. "Roumaine, elle a débarqué en Centrafrique, elle n’avait que 23 ans. Elle a eu trois enfants. Elle s’est battue toute sa vie pour aller jusqu’au bout. Aujourd’hui, elle est docteur en virologie malgré toutes les difficultés qu’elle dû surmonter en tant que femme, elle a poursuivi ses études tout en travaillant. Elle m’a toujours dit : « même quand rien ne va dans ta vie, fais ce que tu sais faire le mieux ».

 


Sur la scène artistique, Marta Raphaella Gouandjika cite une autre femme de caractère, féministe avant l'heure, l'incontournable icône de la mode à la française, Coco Chanel. Une maison Chanel qui suscite encore aujourd'hui l'admiration de la styliste, incarnée par un homme cette fois, autre incontournable visage de la mode, Karl Lagerfield. Enfin, elle déclare aussi vouer une grande admiration pour le peintre Kandinsky, dont le jeu des couleurs l'inspire depuis toujours.

 

Isabelle Mourgere

 

 

Mise à jour 02.11.2017 à 08:12

 

Lu pour vous : Marta Gouandjika, créatrice de mode, entre Centrafrique et Roumanie
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