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19 janvier 2016 2 19 /01 /janvier /2016 20:58
Lu pour vous : UN PAYS PRIS EN OTAGE AU CŒUR DU CONTINENT

 

 

http://www.sudonline.sn/    Mame Aly KONTE | 19/01/2016 | 10H21 GMT

 

Il y a quelques jours, le 30 décembre, la Centrafrique, a connu des élections présidentielles dont sont sortis au premier tour, deux anciens premiers ministres de l’ancien chef de l’Etat, François Bozizé, Anicet Georges Dologuélé et Faustin Archange Touadéra. Des fidèles de l’ancien régime, des fils d’anciens présidents candidats, le continent connaît un peu plus après la valse des fils de président Bongo, Eyadema, Kenyatta etc. Mais, réduire la Centrafrique à cette forme de comédie qu’on appelle aujourd’hui abusivement politique en Afrique serait la preuve de la pire des méprises, tellement le pays compte de richesses que se sont partagés les pouvoirs successifs à chacun de leur passage… « L’Afrique au feeling ».  L’histoire qui vous est contée ici, cherche à vous inviter un peu à la visite d’un des pays du continent les plus exotiques. Un territoire plongé au cœur d’un continent en pleine croissance mais où paradoxes et contradictions n’ont pas de limite ; et où encore, la seule lettre de l’alphabet à la mode, semble être le B dans la construction des villes et le choix des hommes, depuis le nom de la capitale, jusqu’à ceux des présidents.

 

Des villes dont les noms commencent par la lettre B, la Centrafrique. Bangui, Bossangoa, Bouar, Bozoum, Birao, Bangassou, Bambari, Berberati, Kaga Bandoro, c’est à croire que sur tout le territoire centrafricain, les noms de villes comme ceux des hommes qui ont dominé son histoire commencent par un B. Symbole d’une terre de bonheur, pour conforter la même lettre, les différents présidents en dehors de David Dako, Patassé et de Kolingba, Samba-Panza, ont aussi une seule et même consonance qui commence par un B. Boganda, Bokassa, Bozizé… La Centrafrique, ce n’est pas que cela, heureusement, parce que c’est un pays qui a une force que nombre de grands pays d’Afrique n’ont pas : celle de parler une seule langue commune à la nation, le Sango. Et, même s’il existe d’autres groupes ethniques et leur langues comme le banda du Sud, le banda-banda, le bokoto, le gbanou, le gbaya du Nord-Ouest, le gbaya du Sud-Ouest, le gbaya de Bossangoa, le kaba, le karré, le manza, le mbati, le ngbaka ma’bo, le pana, le yakoma, le zandé, tous les centrafricains parlent un peu la même langue. 

 

Riche de ses ressources diamantaires, mais aussi de ses terres, la Centrafrique est restée un pays qui ne profite ni de ses ressources naturelles encore moins de ses terres riches pour l’agriculture. Pour dire simplement que réduire ce pays à la seule forêt tropicale, qui reste l’une des richesses du pays, ce serait minimiser l’énorme potentiel dont regorge ce territoire au cœur de l’Afrique centrale.  Le bois d’acajou constitue également l’une des principales exportations. Et, quand les premières ressources minières sont le diamant et l’or, on parlera difficilement de pauvreté pour l’économie. Ajoutez-y le fait que la République centrafricaine possède également des gisements d’uranium et de pétrole, encore inexploités, que vous n’avez pas fini de faire parler des paradoxes énormes qui caractérisent ce pays où l’on trouve presque toutes les espèces animales de l’Afrique tropicale présentes notamment à l’est, dans les réserves nationales. Vous avez dit pays pauvre !

 

Avec un peu plus de 600.000 km 2, (622.436 pour les géographes), la Centrafrique est un Etat d’Afrique centrale, aujourd’hui peuplée de quelque 4 millions d’habitants. Si peu.

Pays de forêts et de savanes, c’est un espace bien vaste qui pourrait tirer profit des énormes terres d’agriculture et de cueillette dont elle dispose. Mais, les dirigeants centrafricains n’en ont cure. L’instabilité est le trait marquant de l’histoire du Centrafrique depuis son indépendance le 13 août 1960. En 45 ans donc, près de 20 coups d’Etat ou tentatives de coups d’Etat y ont été commis, sept constitutions et de multiples actes constitutionnels y ont été promulgués, 20 gouvernements et 450 ministres y ont été désignés une douzaine de grands mouvements de revendications salariales s’y sont exprimés ; des dizaines de grandes entreprises y ont été désengagées entraînant la suspension ou l’abandon de plusieurs projets d’assistance. Ces conflits constituent une entrave importante au développement socio-économique du pays. Ce sont les centrafricains qui font ce triste bilan.

 

FOCUS SUR... UN TERRITOIRE QUI PAIE LE SABOTAGE DU CONGRES DE BERLIN

 

Dans ce pays enclavé au cœur de l’Afrique centrale où, selon les historiens, il est de tradition d’opposer les «gens du fleuve» et les «gens de la savane», de même que leur culture respective, il n’était pas exclu qu’un jour, tout explose un jour. L’Oubangui, que les Français englobent dans la dénomination «Congo», est la voie de passage obligée vers le nord : sa domination constitue une étape dans la construction de l’Empire colonial français, qui veut joindre, sans discontinuer, Alger, Dakar et Brazzaville. La rivalité coloniale est ici engagée avec le roi des Belges, qui vient de prendre possession de la rive gauche du fleuve Congo. La ville de Bangui est créée en 1889 sur la rivière Oubangui, pour faire face à un poste belge installé peu avant.

 

Dès cette époque, les populations de la région sont astreintes au portage, pour acheminer le matériel des expéditions françaises successives qui partent à la conquête du Tchad. Certains administrateurs se distinguent ainsi de par leur brutalité ; mais, surtout, le «Congo» dans son ensemble, est partagé entre des sociétés concessionnaires exploitant le caoutchouc et l’ivoire, qui se chargent de sa «mise en valeur». Ce système, générateur de tous les abus, durera, comme le portage, jusqu’aux années 1920.

 

Du coup, la délimitation territoriale et le statut de la possession française n’ont pas été définis immédiatement. Ce n’est qu’après l’incident de Fachoda que le Royaume-Uni reconnaît, en mars 1899, la domination de la France sur tout le bassin de l’Oubangui. L’Oubangui-Chari devient ainsi une colonie en 1905 et sera intégré dans l’Afrique-Équatoriale française (Aef) lors de sa création en 1910. Nonobstant,  ses frontières sont modifiées dès 1911 : la France cède à l’Allemagne, comme gage de bonne volonté, l’ouest de la colonie, désormais rattaché au Cameroun allemand. Cette situation ne dure pas, car la Première Guerre mondiale permettra aux Français de récupérer les territoires abandonnés ; ce qu’entérine le traité de Versailles en 1919.

 

Le gouverneur Lamblin s’efforce alors de redonner vie à un pays  exsangue avec la construction d’un réseau routier et l’introduction de la culture du coton et de celle du café qui connaît quelques résultats positifs. L’Oubangui-Chari se rallie finalement à la France libre en août 1940, en même temps que le Tchad, le Cameroun et le Congo, sans que cela lui vaille la même célébrité. 

Mais l’effort de guerre qu’on lui demande est bien de même nature. Pauvre Centrafrique.

 

BOGANDA, L’HUMANISTE, N’A PAS EU DE SUCCESSEUR

 

Depuis la mort de Boganda, en 1959, la malédiction de ce qu’on a appelé « L’Oubangui-Chari », devenu la Centrafrique, après les indépendances, n’a pas eu de fin. Boganda est bien un leader et un homme à part…La marche vers l’indépendance, entamée après la fin de la Seconde Guerre mondiale, est bien marquée par la personnalité de cet homme, premier prêtre catholique de l’Oubangui-Chari, qui devient territoire d’outre-mer en 1946. Il est élu à l’Assemblée nationale française en 1946, puis réélu en 1951 et en 1956. 

Fondateur en 1950 du Mouvement pour l’évolution sociale de l’Afrique noire (Mesan), Barthélemy Boganda est un humaniste modéré qui réclame justice et dignité. Il n’en est pas moins en butte à l’hostilité de l’Administration, des colons et de l’Église (qu’il a quittée). Son objectif est la construction d’une nation oubanguienne au sein d’un ensemble plus vaste. Devenu, à l’unanimité, président du Grand Conseil de l’Aef en 1957, il préconise la constitution d’un État unitaire mais décentralisé avec le Congo et le Tchad, ouvert, de surcroît, à d’autres territoires. Il caresse aussi l’idée d’une Union des États de l’Afrique latine qui associerait les pays des colonies française, belge et portugaise. 

 

Ces projets n’entraînant pas l’adhésion de ses partenaires de l’Aef, la République centrafricaine, membre de la Communauté, est proclamée le 1er décembre 1958, après référendum. Barthélemy Boganda ne connaîtra pas l’indépendance totale de son pays : il meurt le 29 mars 1959 dans un accident d’avion dont les circonstances restent mal élucidées. Comme Patrice Emery Lumumba, dont c’est l’anniversaire de la mort (17 janvier 1961 à Lubumbashi) il n’aura pas l’occasion de présider aux destins de ce pays qu’il lui-même contribué à sortir de l’indigénat…

 

SOS POUR UNE TERRE DE COMEDIENS ET D’ANCIENS VALETS

 

Si la comédie n’est pas exempte de la vie politique, la Centrafrique au détriment de ses populations pauvres, a souvent mis en avant les relents de sa construction démocratique si elle a eu lieu qu’autre chose. Boganda, mort,  c’est son propre cousin David Dacko, un ancien instituteur, qui lui succède à la tête du gouvernement et du Mesan. Il sera élu président de la République le 13 août 1960, après la proclamation de l’indépendance.  David Daco au pouvoir, c’est comme un valet de la France qui est mis devant ses concitoyens.  

 

Et, avec l’arrivée au pouvoir d’un autre « farceur » Jean Bédel Bokassa, le pays vit des épisodes de passage au pouvoir digne des royaumes arriérés qui se sont créés à la sortie du Moyen âge entre le 14 ème et le 16 ème siècle. « Le pouvoir et tout pour… » conduira à la comédie du premier empire africain du 20 ème siècle. Bokassa himself, devenu « sa majesté impériale », n’hésitera devant rien le 4 décembre 1977.  Quoique pourront dire les dirigeants actuels, à savoir Catherine Samba-Panza ancien maire de Bangui encore déposé au pouvoir par l’ancienne puissance coloniale, la France, et son Premier ministre, Mahamat Kamoun, le mal est fait dans ce pays. Et depuis ce jour…

 

Parce que l’histoire a été construite dans ce pays à travers les magouilles, trahison, la culture de l’ignorance du pays de ses couches pauvres au seul bénéfice à une certaine époque de la puissance coloniale ; et aujourd’hui, autour de castes et de lobbies dont le seul credo était de se faire de l’argent dans cet endroit où l’on ne parle que de diamant et de détournement au lieu de mettre en avant l’économie et les gens qui devraient en vivre.

 

DU PORTAGE A LA BAÏONNETTE ET DES COUPS DE CANON AUX URNES UN PEUPLE «HUMILIE» RENOUE AVEC LES URNES

 

Enfin des élections. Les Centrafricains ne peuvent en croire à leurs yeux. 55 ans après les indépendances, il semble que le chemin en direction d’une certaine liberté d’aller et de venir, de choisir ou de rejeter les hommes ou les femmes au pouvoir, soit enfin tracé. Mais, à quel prix en mois de décembre 2015 ? 

 

Près de 2 millions d’électeurs centrafricains étaient appelés aux urnes le 30 décembre pour élire leur nouveau président et leurs députés. Selon l’Agence nationale en chargé des élections (Ane), 69 % des électeurs se sont déplacés pour élire une trentaine de candidats. Malgré les polémiques avait éclaté lundi, les deux tiers des candidats dénonçant des fraudes et exigeant « l’arrêt des opérations électorales »,  le vote a eu lieu. 

Les résultats provisoires annoncés jeudi 7 janvier par l’Autorité nationale des élections (Ane) doivent maintenant être validés par la Cour constitutionnelle. Cette institution devra étudier les nombreuses requêtes déposées par les autres candidats à la présidentielle du 30 décembre. Avec 23,78 % des suffrages, Anicet Georges Dologuélé devance Faustin Archange Touadéra ( 19,42 %), selon les chiffres de l’Ane. Grande surprise de ce scrutin, le dernier Premier ministre de François Bozizé affrontera donc au second tour celui dont le parti, l’Urca (Union pour le renouveau centrafricain), a signé un accord politique avec le Knk, la formation de l’ancien président centrafricain.

 

L’un des traits particuliers ce scrutin, c’est aussi la forte présence de fils d’anciens chefs d’Etat. Désiré Kolingba, fils d’un ancien président, arrive en troisième position (12,6 %), devançant Martin Ziguélé, autre poids lourd de l’élection perçu comme le candidat de la France (10,82 %). L’autre enfant dont le nom révèle à lui seul, toute la folie de l’anarchie au pouvoir s’appelle Jean-Serge Bokassa avec (5,5 %) fils de Jean Bédel Bokassa. Si ce scrutins est censé sortir le pays de trois années de violences qui ont ravagé la Centrafrique depuis le renversement du président François Bozizé en mars 2013 par l’ex-rébellion Séléka, elle-même finalement chassée du pouvoir par une intervention internationale menée par la France dans son ancienne colonie début 2014, la Centrafrique mérite encore une bonne attention et un Sos international autour de sa construction.

 

Malgré cette élection il n’est exclu de revoir au-delà du fait religieux que le pays retrouve ses vieux démons souvenus venus des pays voisins. On se souvient que feu le président Ange-Félix Patassé (1993-2003) avait eu recours aux miliciens du Congolais Jean-Pierre Bemba pour arrêter l’avancée de l’ex-chef rebelle, François Bozizé, aujourd’hui chef de l’Etat centrafricain. Quant au président Bozizé, ancien rebelle parti lui-même du territoire tchadien et chassé par les rebelles de la Seleka, il a lui aussi eu jadis un parrain, le président Idriss Déby, qui joue le gendarme dans cette région. Pour dire qu’en Centrafrique, l’histoire est un éternel recommencement.

 

Réalisé Avec le monde.fr et Courrier International

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