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12 mars 2015 4 12 /03 /mars /2015 11:26

 

 

 

Invité Afrique

 

 

Par Laurent Correau   RFI  jeudi 12 mars 2015

 

L'ancien président centrafricain Michel Djotodia s'est très peu exprimé depuis qu'il a quitté le pouvoir en janvier 2014 lors du sommet de Ndjamena. Il reste pourtant le chef de l'ancienne alliance rebelle Seleka et à ce titre l'un des principaux acteurs de la crise actuelle. Ces derniers mois, il a négocié à Nairobi, au Kenya, un accord de paix avec des représentants des milices anti-balaka et avec l’ex-président François Bozizé. Accord rejeté par les autorités de Bangui qui n'y ont pas été associées. Et considéré comme de « nul effet » par les pays d'Afrique centrale. Michel Djotodia, pourtant, persiste à croire que ce texte offre de vraies solutions de sortie de crise pour la Centrafrique. Il l’a redit, dans cette interview exclusive à RFI.

 

RFI : Quel bilan faites-vous de la transition telle qu’elle s’est poursuivie après votre départ ?

 

Michel Djotodia : Un constat amer, parce que lorsqu’on était à Ndjamena, on me disait que j’étais un obstacle pour un retour définitif de la paix… Mais malheureusement la paix n’est pas revenue après mon départ. On a assisté à la destruction de milliers de maisons des musulmans et des chrétiens. On a détruit plus de 465 mosquées. On a déchiré le Coran. On a tué des gens. Des gens ont pratiqué le cannibalisme chez nous. Donc, vraiment, c’est triste. Et jusque-là, on n’arrive pas à maîtriser la situation. La paix est précaire chez nous en Centrafrique alors qu’on disait que, si je partais, une semaine ou deux après, ce serait la paix. Mais malheureusement voilà, nous sommes en train de vivre une page sombre de l’histoire de notre pays.

 
Qui est responsable selon vous de cette poursuite des violences ?

 
Je ne peux pas dire qu’untel ou untel est responsable. Il y a une transition qui est mise en place, il y a la communauté internationale qui est là. C’est à ces deux entités de prendre leurs responsabilités et de ramener la paix.

 
Qu’est-ce qui vous semble nécessaire, Michel Djotodia, pour sortir la Centrafrique de la crise ?

 
J’aimerais que vous jetiez un coup d’œil sur l’accord qui a été rédigé ici entre les anti-balaka et l’ex-Seleka. C’est un accord exceptionnel. Exceptionnel. Qui devait, en principe, ramener la paix définitivement en République centrafricaine. Malheureusement il a été rejeté.

 
Et dans l’accord que vous aviez réussi à trouver, qu’est-ce qui vous semblait le plus important pour ramener la stabilité en Centrafrique ?

 
Bon, vous savez, je n’ai pas l’accord avec moi. Comme je vous le disais tantôt, si vous pouvez parcourir l’accord… c’est un truc volumineux.

 
L’accord a été considéré comme « nul et de non effet » par les pays d’Afrique centrale. Du coup, est-ce que vous souhaitez que les chefs d’Etat d’Afrique centrale reviennent sur leur décision concernant cet accord de Nairobi ?
 
Je ne peux pas obliger un chef d’Etat à revenir sur sa décision. S’ils reviennent sur leur décision, c’est bon. S’ils ont d’autres propositions qui puissent ramener la paix chez nous, c’est une très bonne chose. Nous, on nous a demandé de venir nous asseoir et de trouver les solutions qu’il faut pour que notre pays retrouve la paix. Si ça a été rejeté, peut-être qu’ils ont d’autres propositions à faire ? Le peuple attend toujours…
 
Est-ce que, selon vous, il faut une nouvelle transition en Centrafrique ? C’est l’un des points que vous aviez souhaité faire figurer dans cet accord de Nairobi.
 
Oui, il y a eu ce problème qui a été soulevé, bon mais si les gens disent que « non, il n’y aura pas une troisième transition », ils ont leurs raisons.

 
A quelle condition est-ce qu’un processus de DDR (Démobilisation, désarmement et réinsertion) vous semble possible pour les combattants de l’ex-Seleka ?
 
Seulement si tout le Nord se reconnaît dans ce qui va se faire. Les populations du Nord ont des raisons de soutenir l’ex-Seleka. Si les conditions ne sont pas remplies, je ne vois pas pourquoi ils vont se faire désarmer pour après se faire assassiner. On se connaît, nous Centrafricains. Aussitôt que les ex-Seleka seront désarmés, ce sera maintenant un carnage. Et personne ne viendra comme d’habitude à notre secours, nous du Nord. Puisqu’on est considérés comme des animaux, pas comme des êtres humains. Depuis plus de cinquante et quelques années, c’est ce qui se passe… Il faut qu’on sache : ou bien nous appartenons à la communauté centrafricaine, ou non !
 
Il faut donc, selon vous, qu’on donne des garanties de sécurité aux populations musulmanes pour qu’un DDR des combattants de l’ex-Seleka soit envisageable ?
 
Non seulement à la population musulmane, mais à tout le monde… Aux chrétiens du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest. A tout le monde. Nous voulons la paix sur tout le territoire. L’affaire de la Centrafrique est profonde. Il faut aller en profondeur pour trouver les solutions qu’il faut. Moi, j’ai trop fait pour la paix ! J’ai donné mon pouvoir pour la paix ! C’est ce que personne n’osera faire, et je l’ai fait. On est en train d’aider les gens à trouver des solutions, les gens n’en veulent pas. Bon nous on est là à l’écart… Il y a des préalables, mais les gens ne veulent pas écouter parler de ces préalables. Donc qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ?

 
Quels sont les préalables selon vous pour un retour à la paix ?

 
En tout cas se référer à l’accord de Nairobi. Ceux qui se sont battus sont venus se retrouver et disent : « Nous on fait la paix de cette manière, de cette manière. Voilà les conditions. » Ce sont deux personnes qui se battent. Ce n’est pas tout le pays ! Donc, si les deux qui se battent s’assoient autour d’une table et disent « on fait la paix », pourquoi refuser ? On ne peut que les accompagner !

 
Est-ce que vous envisagez de rentrer à Bangui ?

 
Pour l’instant, non. Pour l’instant je n’ai aucune intention d’y aller.

 
Est-ce que vous souhaitez que vous ou vos partisans participent au Forum de Bangui ?
 
Moi personnellement je n’irai pas à Bangui participer à ce forum. Si Madame la présidente Samba-Panza estime que nous sommes des Centrafricains et qu’on peut participer à ce forum, il y aura une délégation de l’ex-Seleka.

 
Quel est le message que vous souhaitez qu’on porte en votre nom lors du Forum de Bangui ?

 
Moi, je souhaite la paix, et je souhaite une paix durable en République centrafricaine. Voilà mon message. Je veux la paix pour tout le monde sans exception.
 
Le médiateur kényan vous demande de vous engager à ne plus faire de politique jusqu'à la fin de la transition, est-ce que vous êtes prêt à prendre cet engagement ?
 
Il fallait dès le départ m’interdire d’être Centrafricain. J’aurais compris. Maintenant que vous avez laissé passer ça, que je suis Centrafricain, c’est la mort seulement qui peut m’interdire de prendre part à la vie politique de mon pays. Moi, je suis Centrafricain. Si je ne le suis pas, qu’on me le dise…

 
Est-ce que vous souhaitez être candidat aux prochaines élections présidentielles ?
 
Pour l’instant, je n’ai aucune intention.

 

 

 

Invité Afrique soir

 

RCA: pour Jean Willybiro Sako, l'échéance des élections en juin «n'est pas tenable»

 

Par Laurent Correau  RFI mercredi 11 mars 2015

 

Notre invité ce soir est Jean Willybiro Sako, plusieurs fois ministre dans différents gouvernements en Centrafrique. Aujourd'hui candidat déclaré à l'élection présidentielle. De passage à Paris, il est venu nous dire quel regard il porte sur le processus de réconciliation en cours et sur l'état de préparation des élections.

 

« J'ai organisé des élections en 2005. Je sais quel exercice cela représente, combien de temps il faudrait pour réunir tous les moyens, mettre en place tous les organes qui doivent accompagner l'ANE (Autorité nationale des élections, ndlr), former ce personnel, distribuer le matériel sur toute l'étendue du territoire... Il faut des mois.

 

J'ai comme l'impression que pour l'instant, cela ne bouge pas assez. Je sais qu'il y a des demandes un peu partout pour que les financements soient réunis pour cette élection, et à la date d'aujourd'hui, on ne voit pas beaucoup de partenaires bouger. »

Michel Djotodia invité Afrique de RFI : «L’accord de Nairobi est un accord exceptionnel»
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