Conseil de sécurité
6687e séance – après-midi
LA REPRÉSENTANTE SPÉCIALE SOULIGNE L’URGENCE D’UN FINANCEMENT ADÉQUAT DU PROCESSUS DE DÉMOBILISATION EN RÉPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE AFIN D’ÉVITER « UNE CATASTROPHE »
« Ce manque de financement pourrait anéantir tous les efforts entrepris à ce jour », renchérit le Premier
Ministre centrafricain, M. Faustin Touadera
La Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine, Mme Margaret Vogt, qui
présentait le rapport sur les activités du
Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine*, a souligné, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, « qu’il faudrait agir
vite pour empêcher qu’un nouveau cycle de conflit généralisé ne conduise à la désintégration du pays ».
Mme Vogt a prévenu qu’un échec dans la mobilisation des ressources financières pour achever le désarmement dans le nord et le
nord-est du pays, « où tous les partis politico-militaires attendent avec appréhension le désarmement de leurs forces », pourrait se traduire par un retour de
la violence. « Le Gouvernement a besoin de 3 millions de dollars pour mener à son terme le programme de désarmement à l’échelle du pays et de 19 millions de
dollars pour son programme de réintégration », a-t-elle déclaré.
Les gains enregistrés dans le nord-ouest du pays, où les opérations de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR)
initiées par le Président centrafricain ont permis la démobilisation de 4 800 anciens combattants, pour l’essentiel d’anciens rebelles de l’Armée populaire pour la restauration de la
République et la démocratie (APRD), pourraient également être compromis, a-t-elle fait remarquer, en rappelant que la majorité de ces anciens combattants sont toujours dans l’attente des
modalités de leur réintégration.
Si la dynamique de paix initiée entre le Gouvernement et les groupes politico-militaires est devenue une réalité, le manque de
ressources financières pour achever le processus de DDR et pour initier le prochain stade de la réforme du secteur de la sécurité pourrait conduire la République centrafricaine à une catastrophe,
a averti la Représentante spéciale. Un échec dans la consolidation de la paix accroîtrait, a-t-elle ajouté, le risque pour la République centrafricaine de devenir un sanctuaire pour les
brigands et groupes rebelles opérant dans la région.
La Représentante spéciale a indiqué que lors du passage d’une « caravane de la paix et la
réconciliation », à la mi-novembre, dans les villes du nord-est du pays touchées par la violence, les responsables de la Convention des patriotes pour la justice et la paix
(CPJP) et l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) avaient plaidé pour une mise en œuvre rapide du programme de DDR pour leurs propres combattants.
« Nous devons aller au-delà de cette caravane et établir des processus permettant aux communautés locales de
s’impliquer dans la prévention et le règlement des conflits dans les zones concernées », a-t-elle affirmé.
Le Premier Ministre de la République centrafricaine, M. Faustin Archange Touadera, qui participait
également à la réunion du Conseil, a rappelé, pour sa part, que le Gouvernement avait signé, le 12 juin dernier, un accord de cessez-le-feu avec le groupe de rebelles de la CPJP qui
préfigure l’adhésion de celle-ci à l’Accord de paix global de Libreville de 2008. Le Premier Ministre a ensuite précisé que les opérations de DDR vont entrer dans une deuxième phase et se
poursuivre dans le centre-nord et la partie nord-est du territoire où se trouvaient les foyers des deux groupes de rebelles, la CPJP et l’UFDR. « Cette deuxième phase se
heurte à un manque de financement qui pourrait anéantir tous les efforts entrepris à ce jour », a déploré M. Touadera, en se faisant l’écho des préoccupations
de la Représentante spéciale.
Concernant la réforme du secteur de la sécurité, le Premier Ministre a indiqué que si les actions à court terme avaient été
engagées avec succès par le Gouvernement centrafricain, celles à moyen et long termes, qui impliquent le concours des partenaires, marquent le pas et méritent une attention particulière de la
communauté internationale.
S’exprimant en sa qualité de Président de la formation République centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix
(CCP), l’Ambassadeur Jan Grauls, de la Belgique, également convié à prendre part à la réunion d’aujourd’hui, a souligné, dans le droit fil des exposés de
Mme Vogt et de M. Touadera, que le financement de la réintégration des ex-combattants restait un défi « urgent ». « Le
Fonds pour la consolidation de la paix et la Banque mondiale examinent les moyens de contribuer à un tel financement », a-t-il dit.
Sur le plan politique, la situation s’est considérablement améliorée, s’est félicitée Mme Vogt. Elle
a ainsi salué l’approche consensuelle adoptée par le Gouvernement centrafricain concernant la réforme du Code électoral et la création d’un organe électoral permanent chargé d’organiser les
futures consultations électorales. L’accord du Gouvernement de s’engager à ce sujet dans une consultation avec tous les partis politiques, ainsi qu’avec la société civile, constitue une
avancée « aussi importante qu’inattendue », a-t-elle souligné. Mme Vogt a rappelé que les partis politiques et la société civile étaient en faveur de la mise
en place d’un organe électoral qui serait indépendant vis-à-vis du Ministère centrafricain de l’administration territoriale et de la décentralisation.
Pour sa part, le Premier Ministre de la République centrafricaine a affirmé que cette récente consultation avec les partis
politiques de l’opposition démocratique constituait une voie à suivre pour asseoir la permanence d’un dialogue.
M. Grauls a, quant à lui, déclaré que la Commission de consolidation de la paix encourageait le Gouvernement de
la République centrafricaine à étendre l’approche inclusive, qui avait prévalu lors de la tenue des élections législatives de 2011, à tous les principaux domaines de politique publique.
« Il importe aussi d’améliorer la gestion des finances publiques afin de rétablir les relations avec le Fonds monétaire international (FMI) », a-t-il
ajouté.
Le Premier Ministre, appuyé en ce sens par la Représentante spéciale et le Président de la formation République centrafricaine
de la CCP, a souligné la menace sérieuse que continuaient de poser pour la sécurité dans la région le Front populaire pour le redressement (FPR) dirigé par le soi-disant général tchadien
Baba Lade et l’Armée de résistance du Seigneur (ARS) du rebelle ougandais Joseph Kony. « Au moment où s’estompent les rébellions internes
à la faveur de l’Accord de paix global de Libreville, les incursions de l’ARS et la présence sur notre territoire de la rébellion tchadienne constituent un défi majeur pour la République
centrafricaine », a ainsi affirmé le Premier Ministre.
Mme Vogt a estimé qu’il était important que le Conseil adresse un signal fort au FPR pour qu’il cesse de
harceler la population, dépose les armes et retourne au Tchad. « Baba Lade doit quitter sans conditions la République centrafricaine », a renchéri
M. Touadera, qui a précisé que tous les moyens légaux seront utilisés pour faciliter son départ, en commençant par le dialogue.
Concernant la menace posée par l’ARS, la Représentante spéciale a déclaré que le déploiement de conseillers militaires
américains dans la sous-région était bienvenu, tandis que le Premier Ministre centrafricain a assuré que son pays était déterminé à combattre l’ARS, aux côtés « de tous les pays
qui ont compris que cette situation barbare ne pouvait demeurer l’affaire de quelques États victimes des crimes de ces bandits ».
Enfin, M. Grauls a fait observer que la présence de groupes armés d’origine étrangère, en particulier l’ARS et
le FPR, continuait de déstabiliser l’Afrique centrale, sans compter les mercenaires venus de Libye qui rejoignent ces groupes armés.
*S/2011/739
LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine et sur les activités du Bureau intégré des
Nations Unies pour la consolidation de la paix dans ce pays (BINUCA) (S/2011/739)
Le Secrétaire général fait le point dans le présent rapport sur les faits survenus en République centrafricaine dans les
domaines politique, économique, social et humanitaire, ainsi qu’en matière de sécurité et des droits de l’homme. Il rend également compte des activités du Bureau intégré des Nations Unies
pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA), qui a succédé au BONUCA en janvier 2010.
Le Secrétaire général indique ainsi que le 4 septembre, les élections partielles dans les 14 circonscriptions se sont déroulées
dans le calme. L’opposition, notamment la coalition dite du Front pour l’annulation et la reprise des élections 2011 (FARE), les a boycottées, poursuit M. Ban, en ajoutant que le Comité de
transition avait publié les résultats le 7 septembre et la Cour constitutionnelle les avait confirmés pour 13 circonscriptions, le 26 octobre. L’absence d’autorité de l’État en dehors de la
capitale a entraîné un grave vide sécuritaire dans de nombreuses parties du pays, note-t-il. « Les forces nationales de sécurité et de défense, qui devraient agir comme les
principaux garants de la sécurité dans les régions reculées, manquent de ressources et sont en grande partie incapables d’assumer leurs responsabilités », précise M.
Ban.
Le processus de paix engagé avec les groupes armés, fait observer le Secrétaire général, a donné des résultats mitigés. Si
le 12 juin, le dernier groupe armé qui n’était pas partie à l’Accord de paix global de Libreville -la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP)- avait signé un accord de
cessez-le-feu avec le Gouvernement, M. Ban fait remarquer qu’en septembre, l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) et la CPJP s’étaient affrontées dans les provinces de
Haute-Kotto et de Vakaga, faisant des dizaines de morts parmi les combattants et la population civile.
La République centrafricaine se trouve à un stade critique, fait observer le Secrétaire général. En même temps, note-t-il,
le nouveau Gouvernement a fait part de sa volonté de consolider la paix et s’est engagé à répondre, par un programme complet, aux difficultés restantes. Cependant, l’absence de marge de
manœuvre pour l’opposition a aggravé la tension dans le pays, poursuit M. Ban. Se félicitant des progrès importants du désarmement et de la démobilisation des ex-combattants dans le
nord-ouest, le Secrétaire général souligne que la mise en œuvre effective de ce programme, en particulier la réintégration durable des ex-combattants, est essentielle à la sécurité et à la
stabilité du pays. La réponse de la communauté internationale doit être proportionnelle aux efforts du Gouvernement. Il se dit préoccupé par les graves répercussions que les
affrontements entre groupes armés ont eues récemment sur la situation humanitaire et la sécurité. C’est dans ce contexte qu’il se réjouit de l’accord de cessez-le-feu du 8 octobre et invite
à son application intégrale.
« La CPJP doit adhérer sans retard à l’Accord de paix global de Libreville », insiste M.
Ban, qui invite tous les groupes armés à continuer d’appliquer cet accord et à cesser de s’en prendre aux civils et de commettre des violences. Rappelant que le mandat du BINUCA, dont le
rôle est crucial dans le processus de consolidation de la paix et de réconciliation en République centrafricaine, expire le 31 décembre 2011, le Secrétaire général recommande que le mandat du
BINUCA soit prolongé d’un an, soit jusqu’au 31 décembre 2012.
NDLR : L’ONU et le BINUCA qui se sont rendus complices de la frauduleuse réélection de BOZIZE doivent bien se
garder de plaider sans cesse la cause désespérée d’un régime illégitime et prédateur, incapable et tout aussi incompétent, au bout du rouleau et dont la seule préoccupation est de se
maintenir coûte que coûte au pouvoir. Pourquoi continuer à rechercher des financements pour un programme DDR dont le pouvoir n’a aucune envie qu’il aboutisse et lorsque l’on sait que ce qui a été
déjà octroyé auparavant notamment par la CEMAC, a été géré dans une totale opacité par BOZIZE et NDOUTINGAÏ qui se refusent à dire comment ce financement a été utilisé ? Quelles garanties
a-t-on que si de nouveaux financements étaient apportées il en sera autrement de leur gestion ? Il n’y a qu’à New York que le PM TOUADERA retrouve de la voix mais à Bangui, les
Centrafricains connaissent à peine le timbre de sa voix.
Ce régime BOZIZE TOUADERA a fraudé massivement aux dernières prétendues élections pour se maintenir. Le
refroidissement et la méfiance des bailleurs de fonds internationaux et autres partenaires au développement à l’égard du régime actuel de Bangui n’a pas d’autre explication que l’illégitimité
d’un pouvoir dont les tenants n’ont de cesse de s’illustrer par des détournements massifs de deniers publics restés toujours impunis et de nombreuses malversations.