Les membres du Conseil de sécurité ont entendu l’exposé général fait par Mme Vogt, Représentante spéciale du Secrétaire
général, sur les travaux du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA). Ils se sont félicités du rapport du Secrétaire général sur la
situation en République centrafricaine et les activités du BINUCA daté du 29 mai 2012 (S/2012/374).
Les membres du Conseil de sécurité ont salué les efforts déployés par le Gouvernement concernant l’engagement d’un
dialogue politique le 15 mai 2012 et se sont déclarés préoccupés par l’absence de consensus à propos de la réforme du Code électoral. Ils ont instamment demandé au Gouvernement de poursuivre le
dialogue de façon ouverte, avec la participation de l’opposition, quasiment absente des institutions démocratiques, et de la société civile. Ils ont encouragé l’ensemble des parties prenantes à
oeuvrer en faveur de la réconciliation nationale.
Les membres du Conseil de sécurité se sont déclarés extrêmement préoccupés par la recrudescence des violations des
droits de l’homme commises par les forces de défense et de sécurité, notamment les arrestations arbitraires, les détentions illégales et les exactions, dont le harcèlement, dans la zone contrôlée
par les groupes armés dont il a été fait état. Ils ont appelé le Gouvernement à enquêter sur ces violations et à en traduire les responsables en justice et à assurer le plein respect de la loi et
des droits de l’homme, y compris la liberté de la presse.
Les membres du Conseil de sécurité sont demeurés préoccupés par la situation humanitaire en République centrafricaine,
notamment la sécurité des réfugiés, des personnes déplacées et du personnel humanitaire, et ont appelé toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international
humanitaire, du droit des droits de l’homme et du droit des réfugiés. Ils ont encouragé l’ensemble des parties prenantes à jouer un rôle actif dans la prévention des violations des droits de
l’homme, notamment en mettant en oeuvre les recommandations du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants dans les conflits armés. Ils ont encouragé les États Membres à contribuer à
l’appel global pour la République centrafricaine lancé en janvier 2012 par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires.
Les membres du Conseil ont constaté avec satisfaction que les efforts de la force tripartite mise en place par la
République centrafricaine, le Tchad et le Soudan avaient amélioré la sécurité dans la région frontalière du nord-est. Ils ont déploré le décès de 11 soldats à Am Dafok le 18 avril 2012. Ils se
sont félicités des efforts qui se poursuivent en coordination avec l’Union africaine, l’Organisation des Nations Unies et les partenaires internationaux pour mettre un terme à la menace régionale
que pose l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), et notamment de l’arrestation et de la reddition de plusieurs hauts dirigeants de cette armée et ont noté avec satisfaction la capture de Caesar
Acellam le 12 mai 2012. Ils se sont félicités des efforts déployés par le BINUCA, en collaboration avec le Gouvernement centrafricain et autres acteurs des Nations Unies dans la région, pour
encourager la désertion des combattants de la LRA et des personnes enlevées par cette dernière et soutenir le rapatriement et la réintégration de ceux qui quittent ses rangs. Ils ont souligné à
quel point il importait d’adopter une approche globale pour trouver une solution durable à la menace que représentait la LRA.
Les membres du Conseil de sécurité sont demeurés préoccupés, en dépit de certaines améliorations récentes, par la
situation en matière de sécurité en République centrafricaine. Ils ont noté que l’opération
menée de concert avec le Tchad avait permis de déloger le FPR de son fief mais causé la dispersion de ses membres, qui
représentaient eux-mêmes une menace pour la population. Ils ont encouragé le Gouvernement à renforcer la présence de l’administration et des forces de sécurité, en particulier pour consolider la
présence des Forces armées centrafricaines dans l’ensemble du pays en préparation d’un retrait progressif de la MICOPAX (Mission de consolidation de la paix en Centrafrique). Ils ont réaffirmé
qu’il importait que les pays de la sous-région continuent d’apporter leur soutien pour assurer la stabilité ultérieure de la République centrafricaine. Ils ont souligné qu’il convenait de mettre
en oeuvre sans tarder la réforme du secteur de la sécurité et encouragé le Gouvernement à continuer d’élaborer les stratégies sous-sectorielles de cette réforme prévues dans la feuille de route
approuvée en février, avec l’aide du BINUCA et d’autres acteurs pertinents des Nations Unies. Ils ont rappelé les efforts déjà menés à cet égard par les partenaires internationaux. Ils ont
également appelé le Gouvernement centrafricain à faire des progrès rapides en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.
Les membres du Conseil de sécurité ont pris note de l’engagement pris par le Gouvernement en juin 2011 de poursuivre le
processus de désarmement, démobilisation et réintégration. Ils se sont félicités de l’annonce de la dissolution de l’Armée populaire pour la restauration de la république et de la démocratie
(APRD) le 17 mai 2012 et de la démobilisation et du désarmement progressifs de presque 6 500 ex-combattants dans le nord-ouest du pays. Ils ont encouragé les autorités centrafricaines à
promouvoir un climat permettant de mener à bien le processus de désarmement, démobilisation et réintégration tout en continuant à mobiliser l’appui de la communauté internationale. Ils ont
souligné la nécessité pour le Gouvernement centrafricain de conclure un accord de paix avec la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP).
Les membres du Conseil de sécurité se sont félicités de la participation active du Président de la formation République
centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix, M. Jan Grauls, et ont encouragé la formation à continuer de coordonner les efforts de la communauté
internationale.
CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL RELATIF À LA
SITUATION DES ENFANTS VICTIMES DE L’ARMÉE DE RÉSISTANCE DU SEIGNEUR (LRA)
Aux côtés de Mme Grace Akallo, ex-enfant soldat, la Représentante
spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés a présenté aujourd’hui à la presse le dernier « Rapport du Secrétaire général
sur les situations des enfants victimes de l’Armée de résistance du Seigneur* (LRA) ». Mme Radhika Coomaraswamy a appelé la
communauté internationale à appuyer les Nations Unies, l’Union africaine et les pays directement concernés dans leur lutte contre la LRA.
Entre juillet 2009 et février 2012, la LRA, qui ne compte plus que 700 combattants environ dont une majorité de jeunes
de moins de 18 ans, a enlevé au moins 591 enfants, dont 268 filles, en République démocratique du Congo (RDC), en République centrafricaine et au Soudan du Sud. En RDC, une autre tendance,
apparue en 2010 et renforcée en 2011, montre que les enfants sont enlevés pour un très court laps de temps et utilisés comme porteurs jusqu’à leur abandon ou leur évasion.
L’ancienne enfant soldat, Mme Grace Akallo, enlevée elle-même en
octobre 1996, a estimé que la traque contre la LRA doit être renforcée au moins pour deux raisons. Elle a cité l’échec de toutes les tentatives de négociation avec le chef du mouvement,
Joseph Koni, et l’utilisation des enfants comme boucliers humains. Les Nations Unies, l’Union africaine et les pays directement concernés
n’ont pas assez de moyens pour traquer Joseph Koni qui évolue dans une forêt dense », a souligné la Représentante spéciale du Secrétaire
général.
Mme Radhika Coomaraswamy a néanmoins reconnu que les efforts de
ces trois groupes de protagonistes ont porté des fruits. En effet, depuis 2008, le nombre d’enfants tués et mutilés semble avoir diminué. Sans savoir vraiment à quoi attribuer cette tendance, la
Représentante spéciale a hésité entre la protection offerte par les Casques bleus de l’ONU, les déplacements massifs des populations en fuite et la présence des forces de sécurité dans les zones
d’opération de la LRA, ou les trois à la fois.
Dans son rapport, le Secrétaire général salue les Forces de défense ougandaises et l’Union africaine. Mais tout en
notant la nécessité d’encourager les défections au sein de la LRA, M. Ban Ki-moon s’oppose à toute impunité pour les crimes de guerre et les
crimes contre l’humanité, y compris les violations graves contre les enfants.
Sa Représentante spéciale a ajouté aujourd’hui qu’elle ne conseille pas les lois d’amnistie et s’est dite encouragée par
l’expiration des dispositions pertinentes dans la loi ougandaise sur l’amnistie.
Le Secrétaire général prévient aussi, dans son rapport, que la faible présence de l’État dans les régions affectées par
la LRA a contribué à la création de groupes locaux d’autodéfense. Il exhorte les pays concernés à étendre l’état de droit dans ces régions, avec l’aide des donateurs.
* S/2012/365