15 février 2008
« Il existe une différence notable entre la coopération sino-africaine et le colonialisme des impérialistes occidentaux en Afrique. La nature du colonialisme consiste à contrôler et
intervenir dans les affaires politiques d’autres pays, et à monopoliser et piller les ressources économiques. La Chine, sur le plan politique, s’en tient toujours à la politique de non-ingérence
dans les affaires intérieures et souligne, dans le domaine économique, à la coopération d’entraide mutuelle et au “gagnant-gagnant” ». L’occident reproche souvent à la Chine de soutenir des
dictatures pour gagner des marchés. Nous reproduisons ici les arguments d’une réponse chinoise qui, convenons en, ne manque pas de force. La réponse du berger à la bergère, en quelque sorte.
Par Min Guowei, Chinafrique 2007 N° 4
Ndlr :
Chinafrique est une revue institutionnelle
chinoise de langue française destinée à promouvoir la coopération économique avec le continent africain.
Ces derniers temps, l’opinion publique occidentale blâme la Chine de pratiquer le « néocolonialisme » en Afrique.
De toute évidence, cette critique est irrationnelle.
Il existe une différence notable entre la coopération sino-africaine et le colonialisme des impérialistes occidentaux en Afrique. La nature du colonialisme consiste à contrôler et intervenir dans
les affaires politiques d’autres pays, et à monopoliser et piller les ressources économiques. La Chine, sur le plan politique, s’en tient toujours à la politique de non-ingérence dans les
affaires intérieures et souligne, dans le domaine économique, à la coopération d’entraide mutuelle et au « gagnant-gagnant ». De plus, le commerce et l’investissement entre la Chine et
l’Afrique se basent sur les négociations bilatérales égales ; parfois c’est la partie africaine qui manifeste d’abord l’intention de coopérer avec la Chine. Donc, il n’existe évidemment pas
de « néocolonialisme » dans les échanges sino-africains.
Le « néocolonialisme » se caractérise par les facteurs suivants.
Facteur de contrôle : la puissance la plus forte qui contrôle le marché des matières premières est celle de certains grands pays occidentaux. Robert Murifi, analyste des affaires africaines
du Département d’État des États-Unis, dit qu’outre le Moyen-Orient, l’Afrique est une autre source importante qui assure l’importation de pétrole des États-Unis. Actuellement, 15 % du pétrole
importé par les États-Unis provient de l’Afrique, et ce chiffre arrivera à 25 % en 2015. Comment la Chine pourrait-elle posséder une telle puissance ?
Facteur d’intervention : selon l’analyse des médias occidentaux, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et le G8 fournissent une assistance économique conditionnelle à
l’Afrique, c’est-à-dire que tout en réduisant le remboursement des dettes occidentales, les pays d’Afrique doivent augmenter l’exportation des matières premières, encourager l’investissement
occidental en Afrique et privatiser leurs entreprises étatiques. Depuis l’application de la réforme imposée par l’Occident en 1980, les dettes extérieures africaines non seulement n’ont pas
diminué mais ont même augmenté de 500 %. Ces dernières années, des centaines de milliards de dollars de capitaux ont coulé vers l’Occident, non pas vers la Chine.
Facteur de polarisation : l’Afrique a été divisée en pôles riche et pauvre, afin de faciliter l’intervention complète du néocolonialisme. Aujourd’hui, des guerres éclatent fréquemment en
Afrique. Pendant les quinze dernières années, le feu de la guerre a touché 32 des 53 pays d’Afrique. Entre 1950 et 1989, certains grands pays occidentaux ont fourni 15 milliards de dollars
d’« assistance » dans les domaines militaire et éducatif africains, préludant aux conflits d’aujourd’hui. De 1991 à 1995, ils ont augmenté encore une fois l’assistance militaire envers
50 pays d’Afrique, se mêlant à quelques guerres régionales, causant des millions de morts et des millions de réfugiés. Parmi ces guerres et fléaux, où apparaît la Chine ?
La Chine fait le commerce normal et rationnel en Afrique aux prix du marché. Par exemple, de la totalité du pétrole exporté de l’Afrique, l’Europe en prend 36 %, les États-Unis 33 % et la Chine
seulement 8,7 %. Si ces 8,7 % s’appellent pillage de ressources, que dire des proportions de 36 % et de 33 % ? Depuis la mise en exploitation il y a quatre ans, la mine de cuivre de
Chambishi, construite en coopération sino-zambienne, vend tous ses produits à la société britannique Transamine, sans que la moindre quantité soit transportée en Chine. Comment peut-on dire que
la Chine « pille » les ressources africaines ?
Durant les quelque quarante années passées, la Chine a construit pour l’Afrique 19 écoles, 38 hôpitaux, envoyé plus de 16 000 médecins à 47 pays d’Afrique pour soigner 170 millions de personnes.
On y compte aussi 760 000 sièges dans l’ensemble des stades construits par la Chine.
La Chine ne pratique jamais la domination coloniale dans d’autres pays. Au contraire, depuis la guerre de l’Opium en 1840, elle a subi l’invasion des puissances impérialistes des pays occidentaux
pendant près de cent dix ans. La nation chinoise connait donc cette souffrance ; voilà qui explique pourquoi le gouvernement chinois soutient depuis longtemps la libération nationale
africaine et le redressement.
Le continent africain a été victime de domination coloniale pendant cinq cents ans. Les Africains bien savent que ce qu’a rapporté cette domination et ce qu’elle leur a pris. Si la Chine y
pratiquait véritablement le « néocolonialisme », il n’y aurait pas de si nombreux pays d’Afrique à désirer l’assistance et la coopération de la Chine.
L’auteur est le vice-président de la Société générale d’ingénierie outre-mer de Chine.