Linternationalmagazine.com le
30/11/2009
La France et le Rwanda sont convenus de rétablir leurs relations diplomatiques,
qui avaient été rompues en novembre 2006, annonce l’Elysée dans un communiqué.
"Le secrétaire général de la présidence de la République, M. Claude Guéant, s’est rendu aujourd’hui (dimanche) à Kigali (Rwanda) où il a eu des entretiens avec le président de la République du
Rwanda, M. Paul Kagame",
précise la présidence française dans un communiqué.
"A l’issue de ces entretiens, le président de la République française et son homologue rwandais sont convenus de rétablir les relations diplomatiques entre les deux
pays", ajoute le communiqué.
Le Rwanda avait décidé le 24 novembre 2006 de rompre ses relations diplomatiques
avec la France à la suite d’une procédure judiciaire menée par le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière sur plainte des familles de l’équipage français de l’avion du président rwandais Juvenal Habyarimana, abattu en avril 1994.
A Kigali, la ministre rwandaise des Affaires étrangères a confirmé devant la
presse la réconciliation franco-rwandaise. "Il s’agit de l’aboutissement des discussions que nous avons eues
(...) et nous sommes persuadés que c’est le début de la mise en oeuvre de relations nouvelles, plus fortes et meilleures qu’elle ne l’ont jamais été", a déclaré Rosemary Museminali.
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a parlé d’un "lent et patient effort" fourni en commun par Paris et Kigali. "Ces deux pays qu’unissent à la fois tant d’incompréhensions, de culture commune et d’espoirs partagés, vont reprendre
leur marche solidaire", ajoute le ministre français dans un communiqué.
A Kigali, Claude Guéant a précisé
que le nouvel ambassadeur de France au Rwanda serait nommé en Conseil des ministres dans les deux semaines qui viennent. "Le Rwanda a un grand rôle à jouer dans cette région en termes de développement et de sécurité. C’est aussi un exemple de bonne gouvernance pour l’ensemble de
l’Afrique. Pour cette raison, la France a décidé de soutenir le Rwanda", a-t-il ajouté.
En octobre dernier, Paris avait refusé l’asile politique à la veuve de
l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, dont l’assassinat en 1994 avait marqué le point de départ
d’un génocide qui a fait 800.000 victimes. La France était accusée par les dirigeants arrivés au pouvoir à Kigali après le génocide d’avoir contribué aux crimes et protégé certains de ses auteurs
en leur permettant de s’abriter sur son territoire. "La France n’oubliera aucune des victimes" du
génocide, a dit à ce sujet Bernard Kouchner. Agathe Habyarimana a quitté le Rwanda trois jours après l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du son mari, abattu par des missiles sol-air à son atterrissage à Kigali. Les magistrats
antiterroristes français ont lancé en 2006 des mandats contre neuf officiels rwandais proches de Paul Kagame, leur imputant l’attentat du 6 avril 1994
et donc une responsabilité indirecte dans le génocide.
En mars dernier, la justice française avait par ailleurs levé le mandat d’arrêt
visant Rose Kabuye, chef du protocole de la présidence rwandaise mise en examen pour son rôle présumé dans l’attentat contre Habyarimana. Le gouvernement rwandais avait à cette occasion exprimé sa "satisfaction". Arrêtée le 9 novembre 2008 en Allemagne, Rose Kabuye, considérée comme une proche du président
Paul Kagame, avait été extradée vers la France. Elle a depuis regagné son pays.
Le Rwanda espère "assainir un climat
qui a été empoisonné" avec la France
KIGALI (AFP) - lundi 30 novembre
2009 - 12h29 - Le Rwanda espère "pouvoir assainir un climat diplomatique qui a été empoisonné depuis 1994" avec la France, a déclaré à l'AFP la porte-parole du gouvernement rwandais, au
lendemain de l'annonce de la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays.
Interrogée sur les accusations de Kigali quant à une implication française aux
côtés du pouvoir hutu qui a perpétré le génocide de 1994 -- ce que Paris a toujours démenti --, Mme Louise Mushikiwabo a affirmé "qu'il n'y avait pas
de contradiction entre tourner la page et ne pas oublier", dans une interview recueillie lundi au téléphone.
"C'est un peu ce qui se passe au Rwanda même", ajoute-t-elle, à propos du génocide dans lequel ont péri selon l'ONU 800.000 personnes, essentiellement
d'origine tutsi, entre avril et juillet 1994.
"Dans les relations renouvelées entre la France et le Rwanda, c'est bien sûr un sujet un peu délicat. Mais c'est cela, le rôle de la diplomatie. Nous allons échanger,
et essayer de s'entendre sur certaines réalités historiques", a poursuivi la ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement
rwandais.
Paris et Kigali ont annoncé dimanche la reprise de relations diplomatiques que
le Rwanda avait suspendues fin 2006, après l'émission de mandats d'arrêt par le juge français Jean-Louis Bruguière contre neuf proches de Paul Kagame, qu'il soupçonnait d'implication dans l'assassinat de l'ex-président
rwandais Juvénal Habyarimana. Cet attentat est considéré comme l'élément déclencheur du génocide.
Si le Rwanda continue de juger "injustes" ces mandats, il ne s'attend pas à ce
que la reprise des relations diplomatiques influe sur le cours de la justice française. "Les mandats d'arrêt
étaient effectivement à l'origine de la rupture, mais c'est une affaire qui ne dépend que du pouvoir judiciaire, qui est indépendant du pouvoir politique à Paris comme à Kigali",
commente la ministre.
Mme Mushikiwabo fait remonter la
décrispation des relations franco-rwandaises à l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007, notant que "le président Sarkozy avait fait comprendre dès son arrivée au pouvoir qu'il allait essayer de résoudre le problème du Rwanda".
Enfin, "il n'y a aucune articulation" entre la reprise des relations franco-rwandaises et l'accession au Commonwealth du Rwanda, toutes deux annoncées dimanche,
"juste une heureuse coïncidence", selon la ministre.
NDLR : Alors que Paris et Kigali
refont la paix, nous apprenons d’une source qui a requis l’anonymat que Jean Luc Habyarimana, le fils du défunt président rwandais Juvénal
Habyarimana, qui habite à Courbevoie en région parisienne, s’agite et prend attache avec Fabien
Singaye, un obscur conseiller rwandais du président centrafricain François Bozizé qui s’est fait beaucoup de
fric en jouant les go between entre AREVA et le président centrafricain à propos des mines d’uranium de Bakouma situées dans le Sud-Est de la République centrafricaine. Jean Luc Habyarimana
qui est Hutu, compterait en effet désormais sur Fabien Singaye et donc sur l’argent d’AREVA en quelque sorte
pour financer son entrée en politique au Rwanda afin de reconstituer le hutu-power dans ce pays. Kigali va certainement beaucoup apprécier ce genre
de parrainage. A suivre…