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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 00:45

 

 


 

Ce discours a été prononcé par un esclavagiste européen, William Lynch, en 1712. Il avait été invité par ses collègues afin de venir présenter une nouvelle technique de contrôle des Africains déportés aux États-Unis mais qui se révoltaient chaque jour, et mettaient ainsi à mal leurs « affaires ». William Lynch de par sa compétence et l’expertise qu’il avait développé, était devenu un « consultant » en ce domaine.



« Mesdames, Messieurs, Je vous salue ici, en cette année de notre seigneur, 1712. J’aimerais d’abord vous remercier de m’avoir invité. Si je suis là aujourd’hui, c’est pour vous aider à résoudre les problèmes que vous avez avec vos esclaves. J’ai expérimenté dans ma modeste plantation, des méthodes nouvelles de contrôle des esclaves. La Rome antique nous envierait si mon programme était appliqué. Non seulement vous perdez de l’argent en pendant vos esclaves, vous avez aussi des insurrections, des révoltes, vos champs restant ainsi longtemps sans être cultivés, vos propriétés sont souvent victimes d’incendies, votre cheptel est tué. Je ne suis pas là pour énumérer tous les problèmes que vous avez avec ces esclaves, mais pour vous aider à les résoudre.



Je dispose d’une méthode qui vous permettra de contrôler définitivement vos esclaves noirs, et qui a fait ses preuves dans ma propriété. Je vous garantis à tous que si vous l’appliquez correctement, elle vous permettra de contrôler vos esclaves pendant au moins 300 ans. Ma méthode est simple, tout membre de votre famille ainsi que vos ouvriers blancs peuvent l’utiliser. Je fais ressortir un certain nombre de différences parmi les esclaves; il me suffit de reprendre ces différences, de les agrandir, de les exagérer. Puis je suscite la peur, la méfiance, l’envie, la méfiance en eux, afin de les contrôler; par exemple, prenez cette liste de différences: l’âge, la couleur, l’intelligence, la taille, le sexe, la superficie des plantations, l’attitude des propriétaires, le lieu d’habitation des esclaves (vallées, montagnes, l’est, l’ouest, le nord, le sud), le type de cheveux des esclaves (fins ou crépus), la taille des esclaves (grands de taille ou courts). Je vais ensuite vous donner une stratégie d’action pour mettre tous ces éléments ensemble; mais avant tout, j’aimerais vous dire que la méfiance, le manque de confiance en soi, est plus efficace que le respect ou l’admiration. L’esclave noir, après avoir reçu ce lavage de cerveau, perpétuera de lui-même et développera ces sentiments qui influenceront son comportement pendant des centaines voire des milliers d’années, sans que nous n’avions plus besoin d’intervenir. Leur soumission à nous et à notre civilisation sera non seulement totale mais également profonde et durable. N’oubliez jamais que vous devez opposer les adultes et les noirs âgés aux plus jeunes, les noirs à peau foncée aux noirs à peau plus claire, la femme noire à l’homme noir.



Mesdames, Messieurs, ces solutions sont les clefs qui vous serviront à contrôler vos esclaves. Utilisez-les, faites-en bon usage; faites en sorte que vos femmes, vos enfants, vos ouvriers blancs les utilisent aussi; ne manquez pas cette opportunité. Si vous l’appliquez intensément pendant une année, les noirs eux-mêmes les développeront, les accentueront, et manqueront à tout jamais de confiance en eux-mêmes Cela vous permettra d’asseoir une domination quasi éternelle sur eux. »

                                                                                                                                                          

 

                      Commentaire et analyse du discours par Kidjimalé Léon Grant.

 

 

Ce discours est encore d'actualité. Sa portée a été réelle dans l'Amérique esclavagiste. L'esprit de la méthode de William Lynch est tout simple : la mise en évidence d'un certain nombre  de différences entre les individus d'un même groupe social, en l’occurrence les Noirs. Il s'appuie  pour cela sur l’âge, la couleur de la peau plus ou moins foncée, le sexe, la taille, les cheveux lisses ou crépus...

 

Par ce moyen, il peut séparer les Noirs. Il peut les empêcher de constituer un groupe pour résister à leur propriétaire blanc. C'est le fameux « diviser pour régner ».

Le texte ne nous dit pas si la méthode a été suivie par les  autres fermiers blancs. Mais on peut l'imaginer …

 

Pour nous, Africains, des leçons sont à tirées de ce discours face à l'oppression d'où qu'elle émane !

Dans tous les cas, beaucoup de leaders négro-africains  tels que Martin Luther King, Nelson Mandela et Gandhi, qui connaissaient ce discours, ont su tirer les conséquences politiques et sociales. Ils ont su maintenir unis ceux avec qui ils menaient le combat pour la liberté des droits.

 

Gandhi,  contre  qui les colons anglais, ont  opposé Muhammad Ali Jinnah avait essayé en vain de sensibiliser celui-ci contre les ruses de ce discours que les anglais ont adaptées à la situation de l'Inde de l'époque, mais sans succès – c'est-à-dire si la méthode est redoutable !

 

Mandela, lui, aussi a déployé une énergie immense pour ne pas tomber dans le piège que le régime de l'apartheid avait monté notamment en créant des bantous tans et en attisant les haines tribales entre les Xosas et les Zoulous ...Cela ,malgré les trahisons de Buthélézi et son Inkata...

 

En Afrique centrale, B. Boganda rêvait d'un Etats-Unis en Afrique centrale. Celui que la France gaullienne lui avait opposé pour faire échouer ce fabuleux projet, fût Léon Mba au Gabon. Sans trop effort, l'on avait réussi à le convaincre que son pays risquerait de partager ses richesses avec d'autres plus pauvres.

 

En Afrique de l'ouest, la même méthode a été appliquée avec « succès ». Félix Houphouèt-Boigny refusera une fédération des états de l'ancienne colonie française que les panafricanistes de l'époque lui avaient proposée !

 

«  L'esclave noir, après avoir reçu ce lavage de cerveau, perpétuera de lui-même et développera ces sentiments qui influenceront son comportement pendant des centaines voire des milliers d'années, sans que nous (les colons blancs esclavagistes)n'avions plus besoin d'intervenir. Leur soumission à nous et à notre civilisation sera non seulement totale mais également profonde et durable. »

 

Si je rappelle cette partie du discours de William Lynch, c'est que je pense que c'est le but qu'il recherchait – à savoir soumettre l'homme noir ad vitam aeternam à l'homme blanc, un peu à la manière des dominos qui, succombent les uns après les autres dès la première impulsion.

 

Lavage de cerveau en vue de pervertir le comportement de l'homme noir, pour le dominer pendant des siècles !

Nous soumettre à leur civilisation. Je ne commenterai pas cette partie, et je renvoie aux écrits de Cheikh Anta  Diop et autre Boubou Hama...

 

Vous avez peut-être constaté que je n'ai pas évoqué un point qu'avait souligné William Lynch, sur les différences qu'il avait citées. En effet il avait mentionné les lieu d'habitation des uns et des autres . Il avait suggéré aussi l'intelligence comme moyen de division !

 

J'ai été parfois estomaqué de constater que (certains parmi nous qui avant eu l'opportunité d'étudier, de décrocher des diplômes, bref, ceux qui se trouvent intelligents ou intellectuels) expriment un profond mépris pour nos compatriotes moins lotis.

Pire d'ignorer que l'analphabétisme a atteint un record en Centrafrique et parmi les populations noires.

 

Nous ne devons pas nous laisser instrumentaliser voire flatter comme étant différents des autres. Mais nous devons savoir que si intelligents nous sommes cela  nous confère plus d'obligation envers les autres. Je bats ma coulpe pour n'avoir pas aidé nos compatriotes comme j'aurai voulu, à  combattre l'ignorance et l'asservissement.

 

Le tribalisme et le régionalisme participent de cette duperie !

 

En effet qui n'a pas vu près de lui ou entendu des propos stigmatisant telles ou telles ethnie en R.C.A. !  Surtout lorsqu'un ressortissant d'un groupe ethnique est au pouvoir....

 

Dans tous les cas, sachons-le, la mayonnaise a bien pris. En être conscient, c'est  déjà un début …

Plus l'on occupe un position sociale importante, plus l'on doit se battre pour l'unité et pour l'épanouissement du plus grand nombre. Se battre pour que la veuve l'orphelin  et mes moins nantis aient autant de droit et de chance que les autres.

 

Notre aliénation remonte  donc de loin. Culturellement apprivoisés, nous sommes comme un fleuve qui s'est délité ! Et au premier rang, se trouvent nos dirigeants...

 

Alors que faire pour commencer ?

 

Diffuser largement le texte  de discours de William Lynch,  l'analyser et se l'approprier.

 

Agir toujours ensemble même si c'est difficile. Sans condamner ou rejeter un individu de bonne volonté ou un groupe qui veut  contribuer à un projet politique, économique ou culturel.

Surtout sensibiliser que nous luttons contre une volonté de nous dominer éternellement !!!

Ainsi chacun parviendra progressivement à modifier son comportement. Les actions que nous poserons ensemble seront  plus efficaces dans l'intérêt de nos peuples.

 

Penser aux legs aux générations futures !

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Opinion
19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 05:12

 

 

Ouamba-Patas.JPG

 

 

Au “Tandem Bozizé-Tiangaye”, faut-il le rappeler, et ce, à raison que la paix, la sécurité et l’ordre public sur toute l’étendue du territoire ne sont pas les seuls objectifs de leur cohabitation. C’est urgent, la paix ! C’est nécessaire la sécurité ! Enfin, c’est inexorable l’ordre public ! Ils le défendent ici. Ils l’argumentent là-bas. Même, ils éblouissent l’équilibre de la pensée politique et économique avec ces mots creux – concept-valise – utilisés pour étouffer ou réduire à néant la réalité réelle. Et la réalité réelle. Où est-elle ? Ils sont nombreux à poser cette question. Pourtant, elle est si proche d’eux. Elle est parlante et significative. Mais ils ne l’entendent point ou mieux encore refusent de l’écouter. Et elle sombre. Avec elle, la Centrafrique est en dérive.


Oui la Centrafrique est en dérive. Cette réalité réelle c’est le système éducatif en Centrafrique. Cette réalité réelle, c’est l’Université de Bangui qui meurt. Et l’on ignore que la paix, la sécurité et l’ordre public dépendent de l’éducation des citoyens. Des citoyens bien éduqués et instruits connaissent la valeur de la paix, l’ordre public et la sécurité. C’est dire, le ‘‘Tandem Bozizé-Tiangaye’’ ne devrait pas s’investir exclusivement que dans la politique de la paix, la sécurité et l’ordre public. Pourquoi ? Parce que ces trois  impératifs à eux seuls ne suffisent pas pour rasséréner. Et, c’est là où la réalité réelle devient importante.


La crise centrafricaine n’est pas que politico-militaire. Elle est aussi une crise du système éducatif. Elle est encore, pour dire mieux, la crise de l’Université de Bangui. La rigueur scientifique à disparu au sein de cette institution. Les enseignants traversent une crise de la pensée sur fond de mépris pour l’éthique de la profession. La politique de Recherche & Développement est inexistante. Et l’Université de Bangui n’est pas compétitive an niveau international, et même parfois dit-on, par rapport aux autres Universités de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale.


L’ironie du sort, les professeurs de l’Université de Bangui ne sont connus que dans cette ville et dans la sous-région. Au plan international ils sont introuvables.  Au regard de cette réalité réelle, il appartient au ‘‘Tandem Bozizé-Tiangaye’’ d’y remédier.  La paix perpétuelle, la sécurité permanente et le véritable ordre public s’obtiennent que par une  bonne éducation ; l’Université un vivier de savoir et de connaissance prend place dans la société comme vecteur de Recherches & Développement. Cela dit, le système éducatif de la Centrafrique doit connaître une réforme. L’Université de Bangui doit innover en modifiant ses statuts. Il serait raisonnable qu’elle s’adapte à la globalisation. Elle doit  écarter la politique exclusive d’ ‘‘Africanisation du droit des affaires’’.


C’est une  grosse erreur pour l’Université de Bangui d’enseigner le droit communautaire africain des affaires, alors que la Centrafrique n’a pas encore son propre droit des affaires. Ce sont des pistes que le ‘‘Tandem Bozizé-Tiangaye’’ devrait explorer pour mettre en valeur la Recherche & Développement au service de l’économie. Aussi, les différents départements qui composent l’Université de Bangui doivent être autonomes. Les critères de recrutement des maîtres de conférences et professeurs doivent être basés sur la compétence. Et les candidats centrafricains doivent être privilégiés et encouragés à intégrer le corps d’enseignants. Au surplus, le gouvernement ne doit pas hésiter à doter le système éducatif centrafricain et notamment l’Université de Bangui des moyens nécessaires et appropriés pour mener des recherches. Si la Grande-Bretagne est forte aujourd’hui, c’est parce que ses Universités sont en pointe dans l’innovation. Si le Japon est si développé c’est parce que son système éducatif et Universitaire a privilégié les Recherche & Développement.


Et les Etats-Unis d’Amérique doivent être cités comme l’exemple parfait de l’apport incontournable et nécessaire des Recherche & Développement dans tous les domaines. La Centrafrique doit s’inspirer de ces pays pour asseoir sa politique de réforme du système éducatif et de la refonte des statuts de l’Université de Bangui. La Démocratie et la prospérité sont ici. La paix, la sécurité, et l’ordre public résident dans la mise œuvre de cette proposition. Le tout sécuritaire risque de mener à  l’échec et la confusion. Le démocrate ne le souhaite pas.

 

Joseph-Nestor Ouamba-Patas (Strasbourg).          

 

 

It is true that Central African Republic through its National Unity Government has to-day as first priority – implementation of Law and Order – peace and security – over all its territory. This policy is understandable to those observing the state of this country and reflecting on political crises it continues to endure. But, the main political question is that: “Can this Government succeed in this scope without taking in account the case of Education, Research & Development”? Analysing the Government’s intent, it appears that Education, Research & Development are not in its political map. To be clear and relevant on this issue – permanent peace and coherent security imply from citizen: good education, excellent training and better civics. Law and Order could be well understood only through education. The Department of Education is poor with infrastructure.

 

The consequences of this fact are: teachers and  professors cannot do their best in teachings. The lack or non-existence of Research & Development. University of Bangui is underequipped. It is difficult in this situation to compete with other Universities in the world and in the Economic and Monetary Community in Central Africa. University of Bangui and the Department of Education should be adapted to the process of globalization not only to “africanization”.  It depends on “The Tandem Bozize-Tiangaye” to revamp this situation.  It means that these sectors need deep reforms in order to participate in the transformation of Central African Republic. Peace and security, now: it is right. Law and Order, now: it is right. But, it is not enough to secure this country. University of Bangui and the Department of Education must be privileged by the National Unity Government. United Kingdom is so powerful and wealthy to-day because of its Universities and Research & Development. Japan is so strong economically because of its Universities and Research & Development. United States of America here can be quoted as a perfect example Universities and Research & Development play in the process of progress.

 

Central African Republic should experiment these practices in order to give opportunities to professors, engineers, scientists, lawyers, chemists, physicians, physicists, traders, journalists, entrepreneurs...  evolving  the economic fabric through small and medium sized enterprises. It is to mention beyond this assertive that, the political crisis this country faced, is not only military, but at first that of the crisis of education system. It is also a crisis of University of Bangui. Crisis in the way of thinking. Crisis of ethic among elites. In this regard, the Department of Education and the University of Bangui must be in the core of the National Unity Government policy. The effective solution of the series of crisis, Central African Republic is shrouded resides also in the transformation of its education system. University of Bangui should rethink its philosophical way to recruit lecturers and professors. Competence must be the criterion to recruit and Central African encouraged to integrate the professorial corps.    

 

Each department must be self-governing. Academic freedom should be prevailed. It is clear to-day that University of Bangui and the Department of Education deserve more attention from “The Tandem Bozize-Tiangaye”. To reach prosperity, growth, economic stability Central African Republic is obliged to give significant support – financial, material and political – to the Department of Education and the University of Bangui. Both are in serious crisis. Something must be done to fix this calamity. And this calamity has become a breeding ground for “The tandem Bozize-Tiangaye” to value their love and interest to this country by bringing appropriate solutions. The future of Central African Republic is to be found in Education, Research & Development. The better way to establish permanent and perpetual Peace and Security, Law and Order in Central African Republican is to reform Education and to revamp the status of the University of Bangui. Democracy and prosperity are here.

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Opinion
18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 02:23

 

 

 

Yangouvonda-Bozize-F.jpg

 

 

« Nous ne voulons plus que la Centrafrique replonge dans les ténèbres ! ».« Nous voulons tous qu’une paix durable s’installe dans notre pays enfin ». Ces souhaits, naïfs, viennent pourtant du fond du cœur de tous les Centrafricains, des membres de la communauté internationale et des amis de la Centrafrique, après les Accords de Libreville en ce mois de février 2013. La Centrafrique demeure l’un des rares pays au monde, à l’instar de l’Irak et de la  Somalie, où la paix et la stabilité restent un objectif plus qu’un acquis.


 Ces accords signés le 11 janvier dernier au Gabon, ont deux particularités qui donnent une parcelle de pouvoir aux adversaires de Bozizé d’une part et limitent ses ambitions de briguer un nouveau mandat en 2016 d’autre part. Sous les feux des projecteurs à Libreville, tous les belligérants avaient crié haut et solennellement de « tout  oublier » et de se réconcilier dans l’intérêt supérieur de la nation ; Il vaut mieux un bon compromis qu’un mauvais divorce » a-t-on coutume dire mais dans la réalité, personne n’est dupe.


Au-delà du lénifiant  « ni perdant ni gagnant » voulu par les Chefs d’Etat de la CEEAC, traduit dans les textes de cessez le feu et de sortie de crise, qui de Bozizé, de l’opposition démocratique ou de Séléka, est sorti grand vainqueur. Car à l’issue de toute négociation, une partie est toujours plus avantagée que l’autre.  Wait and see !


Sans doute, le but principal recherché par les Chefs d’Etat de la CEEAC était-il de se protéger des dommages collatéraux du conflit centrafricain. Il fallait  éteindre rapidement ce feu avant qu’il ne puisse se propager à l’extérieur des frontières géographiques de la RCA ; avant que les flux de refugiés ainsi que le fardeau qui va avec, ne se déverse dans les pays voisins (si on en croit les sources onusiennes, près de 25 000 réfugiés centrafricains seraient déjà installés en RDC). Autre conséquence plus redoutée : la déstabilisation des régimes de la sous-région à partir de la Centrafrique. Cette logique des Chefs d’Etat peut expliquer pourquoi les causes profondes de cette ultime crise politico-militaire que sont la prédation, la mal gouvernance, l’exclusion politique, l’insécurité sur l’ensemble du territoire, le bradage des ressources naturelles, le détournement des deniers publics, le drame humanitaire et surtout le départ de Bozizé, honni de tous, ont quasiment été toutes éludées à Libreville. Le  plus surprenant est que les Chefs d’Etat  aient d’abord pensé à sauver la tête du « soldat » Bozizé, le « mal élu ».


Les Chefs d’Etat ont donné sans doute à Bozizé une opportunité en or pour se retirer du pouvoir en beauté. Mais celui-ci ne semble pas saisir cette chance qui ne pourrait plus se répéter. Cependant pour le bloc de l’opposition centrafricaine, il y a du pain sur la planche et le combat doit se poursuivre sous d’autres formes. C’est pourquoi on ne s’étonne plus si la Séléka maintient ses positions sur les 80% du territoire national. Grâce à leur tour de force, les chefs d’état de l’Afrique centrale, ont confirmé ainsi les accusations portées généralement contre eux de n’être ni plus ni moins qu’un syndicat de présidents. Ils ont atteint leur objectif de contenir la crise à l’intérieur des frontières de la Centrafrique pour se sentir en paix chez eux.

  

Certaines personnes se souviendront certainement encore de ce qu’a dit Bozizé à Mbaiki lors de la commémoration d’un des anniversaires de son putsch du 15 mars 2003 : « J’ai pris le pouvoir par la force donc quiconque veut le pouvoir sait ce qu’il doit faire ». En termes clairs, je suis là pour longtemps, les accords de Libreville ne me concernent pas. Un orgueil mal placé qu’il ravalera un jour, des plus coriaces avant lui ont mordu la poussière.  Bozizé pense à son «  pouvoir »  nuit et jour, et pas qu’en se rasant. Toutes ses forces, toute son intelligence, ses rêves sont tendus vers le palais de la renaissance. Le prix personnel qu’il a payé a été lourd : pour ses enfants, il ne les a jamais élevé lui-même, pour sa vie en couple : il ne s’est jamais marié. Son obsession du pouvoir remonte à l’époque où il était encore aide de camp de Bokassa. Porteur de la mallette de Bokassa, il était subjugué par cet homme puissant qui a fasciné et effrayé tout un peuple. C’est Bokassa qui l’a gratifié du grade de général à 32 ans. Bozizé a été un « bébé Bok ». Aujourd’hui, il est entouré par quelques-uns des hommes qui ont travaillé avec son maître, notamment,  le commandant Maméléyen,  le général Michel Bémakassoui, le commissaire de police Jean Wilibyro-Sako avec qui il a travaillé à la cour impériale de Bérengo, Emmanuel Bongopassi qu’il vient de choisir comme ambassadeur à Paris, naguère grand chambellan Bozizé a donc été témoin des moments de splendeur et de déchéance de Bokassa. Il n’a pas oublié les tapis rouges, les femmes, la richesse, les palais somptueux, le luxe, l’opulence, les diamants, les rencontres avec les grands du monde de l’époque (Mao, Valéry Giscard d’Estaing, Ceaucescu, Tito…) mais aussi la paranoïa de  Bokassa.  Dès lors, il nourrissait secrètement quelques ambitions pour le futur, pourquoi pas président un jour ?


Appliquant à la lettre la maxime de Staline selon laquelle « Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est négociable », Bozizé rejette unilatéralement la composition du gouvernement d’union nationale proposé par Tiangaye, impose la sienne et s’attribue 20 postes ministériels sur les 32. Il devrait se savoir valorisé d’avoir maintenant le premier  « vrai » Premier ministre (PM) depuis 10 ans de son règne. D’abord, l’homme est un avocat intègre qui jouit d’une réputation internationale. De ce fait, il a la capacité de projeter une bonne image du pays l’extérieur, chez les bailleurs de fonds. Ensuite, Bozizé lui doit la vie. Si Bozizé a été acquitté en 1989 pendant le régime Kolingba qui l’a fait kidnapper de Cotonou pour le ramener à Bangui comme un colis, c’est grâce à la plaidoirie de Maître Tiangaye, un de ses conseils d’alors avec Me Monique Boury du barreau de Paris. A présent, Bozizé a perdu la mémoire et oublié qu’il est grandement redevable à toutes ces personnes.  Ficelé comme un saucisson et mis en cage, il fut jeté en prison sous bonne  garde.


Bozizéa mis en place ce gouvernement pléthorique, dans le seul but de faire barrage au PM car il s’est dit qu’il lui faut reprendre la main. Pour un pays sous perfusion qui ne doit sa survie qu’à la générosité de la communauté internationale, il est irresponsable de former un gouvernement aussi pléthorique. Il s’est fourvoyé sur le rôle d’un gouvernement. Même si un gouvernement ne doit pas construire le paradis, il doit s’efforcer d’éviter l’enfer à ses concitoyens. Il a une étrange perception de la mission d’un gouvernement. Pour lui, cela doit consister à œuvrer exclusivement pour  son maintien au pouvoir. Par la loi du nombre c’est-à-dire avec plus de ministres qui sont ses obligés car ainsi, au conseil des ministres, des textes qui lui sont favorables seront adoptés à la majorité et avoir plus de ministres acquis à sa cause suppose plus de moyens matériels et financiers pour battre campagne pour lui.


 « La charité bien ordonnée commence par soi-même ». Disposant de 20 postes ministériels, il a commencé par caser ses loyaux serviteurs: Parfait Mbay, Josué Binioua, Antoine Gambi, Théodore Jousso….Ceux dont le PM de l’opposition n’a pas voulu : Albert Besse, Sylvestre Yangongo qui n’ont pas donné satisfaction au monarque républicain ont été purement et simplement remerciés : Claude Richard Gouandja, Noel Ramadan, Fidèle Ngouadjika, Mmes Sylvie Mazoungou, Marguérite Pétrokoni, … Il y a ceux qui ont décroché un petit maroquin non pas pour leur compétence mais assurément pour leur lien avec le président et surtout grâce à leur ralliement de belle lurette ou plus récemment : Abakar Sabone, André Ringui, Joachim Kokaté,  Edouard Patrice Ngaissona, Dieudonné Tokofeissé.


Certains départements sont des doublons avec des attributions floues  et des missions peu claires, à tel point qu’on se demande si les ministrions concernés serviront réellement à quelque chose.  Prenons l’exemple du département de la promotion des PME et amélioration du climat des affaires de Joachim Kokaté. Ce département, anciennement,  une direction du ministère du commerce a été crée par la seule volonté du prince pour faire de la place à ses courtisans auprès de la mangeoire. C’est un ministre SDF (sans dossier fixe). Sous d’autres cieux, il ne s’agira pas d’un ministère mais d’un centre de promotion des investissements comme en Côte d’Ivoire ou une direction du ministère du commerce comme partout ailleurs. Or c’est comme n’importe quel citoyen que le nouveau PM va être informé sur les ondes de la radio nationale, des noms des membres de son propre gouvernement. Il est clair qu’en agissant de la sorte, Bozizé endosse entièrement la responsabilité du non-respect des accords de Libreville.


Il s’est donc  taillé un gouvernement sur mesure dans le but de traficoter  les législatives qui vont se tenir dans un an. Il monopolise les 2 départements de la sécurité qui sont l’Administration du territoire et l’Intérieur. Nous savons tous que c’est le département de l’Administration du territoire qui est en  charge des élections. Ce département a naguère  sous Elie Ouéfio manipulé les résultats des élections groupées de 2011, ce qui a causé, jusqu’à ce jour, de vives contestations de la part de l’opposition démocratique. C’est de la pure provocation que de vouloir garder à tout prix le contrôle de ce ministère. Peut-être a-t-il oublié que c’est à cause de son opération conjointe avec son neveu Ndoutingai, coup de poing contre les artisans du secteur minier, pour faire main basse sur les diamants et les espèces sonnantes et trébuchantes, que les ressortissants du nord-est sont entrés en rébellion ?


Secrètement, Bozizé croit que tout va rentrer dans l’ordre dans un an après les élections législatives s’il arrive à « voler » une fois encore, la majorité à l’assemblée nationale. Après cela, il fera susciter sa candidature par la population qu’il aura  suffisamment  conditionnée et manipulée pour les élections présidentielles de 2016. Le point de départ réside dans le GUNT. Au cas où le projet de tripatouiller la constitution, et donc de contourner les accords de Libreville afin de se représenter en 2016 échouerait, Bozizé a sans doute prévu d’autres schémas.


Il raffine la politique jusqu’au niveau des provinces en plaçant ses hommes de main dans des postes stratégiques de l’administration territoriale. Ils sont préfets et sous-préfets dans le seul but de manipuler les résultats des élections. Ainsi, espère-t-il faire basculer dans son camp, les préfectures de la Kémo, de la Vakaga, de l’Ouham Pendé, la Nana Mambéré et bien d’autres.


Ignore-t-il que « les mêmes causes produisent les mêmes effets le bloc de l’opposition démocratique et les politico-militaires vont-ils encore se laisser faire ?


Le pouvoir est une véritable obsession pour Bozizé. Mais quand on y voit de plus près, il y a deux raisons principales pour lesquelles il veut s’y accrocher jusqu’à la fin de ses jours : la peur d’aller en prison et la peur de retomber dans la misère comme l’ont été certains Chefs d’Etat déchus en étant désargenté comme lui-même l’avait déjà été après sa défaite à la présidentielle de 1993 où il a dû faire du taxi-brousse pour joindre les deux bouts.  


En novembre 2001, le projet de coup d’état de Bozizé contre le président Patassé a échoué et il s’était retranché dans l’ancien camp militaire du RDOT du Pk 12 à la sortie Nord de Bangui. Le général sénégalais Lamine Cissé, représentant spécial du Secrétaire général  des Nations Unies qui jouait les bons offices entre lui et le président Patassé, était surpris de trouver en Bozizé, un homme déprimé dont la seule obsession était de pas aller en prison. Mais Bozizé, avec la peur au ventre, a fini par s’enfuir au Tchad, c’est-à-dire le choix de l’exil pour la seconde fois que celui de se rendre, traumatisé qu’il était par le traitement qu’il a reçu sous la période Kolingba.


Pourtant tôt ou tard, il doit répondre des tueries du Nord, notamment de la responsabilité des massacres de Paoua commis par son envoyé spécial, le lieutenant Eugène Ngaikoisset alias « le boucher de Paoua », de Ndélé par sa garde prétorienne et des viols de nos mères et filles par les banyamulengués qu’il a personnellement accueillis au bord du fleuve Oubangui, habillés et armés en 2001. En outre, il y a aussi l’assassinat de Charles Massi mais également de celui des goulas, roungas et ressortissants de la Vakaga et de Bamingui-Bangoran, assassinés lors des récents évènements de décembre 2012. Il ne peut en être autrement parce que l’accord de cessez le feu stipule de « libérer les prisonniers politiques » au cours de la semaine qui suit la signature dudit accord.  Si tous les prisonniers sont vivants, pourquoi ne sont-ils pas libérés ?


Bozizé ne veut pas lâcher le pouvoir pour ne plus retomber dans la misère. Il a connu l’exil pour la 1ère fois de 1982 à 1985, au Bénin, période durant laquelle il aurait survécu par la grâce de dieu de son église du  « christianisme céleste », cette nouvelle foi  qu’il a embrassée dans son pays d’exil. Il prétend avoir implanté l’église du christianisme céleste en Centrafrique, ce que lui conteste le pasteur Samaley qu’il a persécuté et qui s’est réfugié au Canada jusqu’à présent. Il a un connu un 2ème exil de novembre 2001 à mars 2003, à Paris en passant par Ndjamena. Paris a été son enfer ! Il a écumé les gares et cafés parisiens, obligé souvent de frauder le métro et le RER. Il n’a jamais oublié ce passage à Paris, au point de tancer récemment son fils Francis de dilapider de l’argent sans penser à la vie qu’il pourrait mener en exil, éventualité que le père ne perd jamais de vue.


Bozizéa promis lors d’une interview sur une radio internationale de tout faire pour ne plus jamais revivre l’expérience parisienne. Même à Bangui, il a connu la traversée du désert entre 1993 et 1996 lorsqu’il était chauffeur de  taxi brousse. Il conduisait la vieille Peugeot 404 de son beau-frère Kéléfio, l’ex-mari de sa sœur cadette Joséphine. C’est en 1996, que Patassé, confronté aux incessantes mutineries des soldats qui menaçaient de le renverser et sur insistance de son épouse Lucienne et de certains membres du bureau politique du MLPC, l’a sorti du trou en lui faisant appel pour revenir dans l’armée. Il en est sorti humilié, traumatisé et il s’est juré de ne plus jamais connaître la dèche. Il en veut en outre à la société qu’il juge ingrate à son égard, lui un général.


On comprend aisément pourquoi Bozizé se fiche totalement du bien être des Centrafricains. La paix actuelle est bien fragile à cause des ambitions égoïstes d’un seul homme. Mais une chose est sûre : il ne peut rien si la Séléka et l’opposition démocratique restent unis et travaillent ensemble. L’étape décisive arrive dans un an avec les législatives. Si la Seléka et l’opposition démocratique ratent ce rendez-vous, alors c’est le peuple centrafricain tout entier qui replongera dans les ténèbres. Bozizé a toujours fait partie du problème plutôt que de la solution.


Eugène Mokpem

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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 00:14

 

 

 

Université Bangui amphi Fac des Lettres

 

 

La rédaction publie ci-dessous un cri d’alarme d’un Collectif de juristes centrafricains  qui se disent exaspérés par ce qui se passe à la Faculté de droit de l’Université de Bangui. Cette faculté ferait l'objet d'un laxisme effarant de la part de certains de ses responsables centrafricains qui eux, souffriraient d'un complexe d'infériorité à l'égard de leurs collègues professeurs de droit, ressortissants de certains pays de la sous-région. Le commerce de bonnes notes et la corruption qui y auraient cours sont un tel fléau que si les autorités ne prennent pas le taureau par les cornes pour éradiquer cette gangrène, il est à désespérer de cette faculté en particulier et de l’université de Bangui dans son ensemble. Ce n’est pas BOZIZE qui a déjà publiquement déclaré sans le moindre scrupule, qu’aussi bien lui que sa progéniture, n’avaient jamais mis pieds dans une université, qui trouvera une solution à ce problème.

 

 La Rédaction de CAP

 

 

Censée être un laboratoire de connaissances, l'université de Bangui a vu succéder à sa tête de brillantes personnalités et a formé des élites et dirigeants politiques de premier rang. Aussi l'on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi cette institution l'une des premières institutions créées au lendemain des indépendances a fini par perdre toute sa crédibilité et le caractère sérieux  dans sa mission de formation de nos élites ? Créée en 19691 l'université de Bangui a pour missions de former des cadres supérieurs et moyens de la RCA et des autres pays, de contribuer à la recherche scientifique au niveau national et international, de promouvoir et développer les valeurs culturelles centrafricaines et africaines, d'assurer des prestations de services à la communauté selon ses compétences.


Aujourd’hui, la Faculté de Droit, l'une des entités non négligeables composant l'université de Bangui subit une inexorable descente aux enfers suite à certaines pratiques qui se perpétuent et dont il convient ici d'en faire le point.

 

DE LA COCOPHONIE JURIDIQUE A UNE INCOMPETENCE PROGRAMMEE

 

A observer de prêt le statu quo au sein de l'université, l'on peut en déduire que les grands objectifs issus des textes fondateurs ne sont qu'un lointain souvenir. L'université de Bangui souffre actuellement non seulement d'un manque criant de cadres enseignants mais aussi les réputations de cette école et de certains de ses hauts responsable se trouvent entachées par certaines pratiques qui n'augurent en rien l'aptitude morale et professionnelle et intellectuelle de ses ressortissants.


Et puisqu' « il faut savoir sacrifier la barbe pour sauver la tête »2 notre analyse sera limitée à la plus importante et principale Faculté de Droit et des Sciences Politiques (FDSP) censée former des hommes et femmes destinés à défendre la cause juste, l''équité, la droiture et l'intégrité morale nécessaires pour la construction d'un Etat de droit. Pourtant, il se passe des choses pas tout à fait « légales » pour ne pas dire « hors normes » au sein de cette Faculté de Droit. Des chose qui contribuent à ternir effroyablement la carrière des futures élites qui y sont formés mais aussi qui remettent en cause la crédibilité des titres qui leur sont délivrés à la fin de leurs parcours.


Cette faculté fait l'objet d'un laxisme effarant de la part de certains de ses responsables centrafricains qui eux souffrent d'un complexe d'infériorité à l'égard de leurs collègues professeurs de droit ressortissants de certains pays de la sous-région qui profitent de cette situation pour prendre de l'ascension et « traficoter » sans vergogne au sein de cette faculté. A cela s'ajoutent trafics d'influences, corruption aiguë, délation et autres pratiques peu orthodoxes.


Pour être plus explicite, à la FDSP étudiants et professeurs de Droit sont en quête perpétuelle de « transformation ». La note est transformée pour l'étudiant qui possède les moyens-financiers-de son ambition. A y penser, on serait tenté d'indexer directement ces « érudits professeurs » ressortissants des pays de la sous-région venus sauver la Faculté de Droit. Car il est vrai que non seulement que ces derniers bénéficient impunément de la bénédiction de certains hauts responsables universitaires centrafricains mais que les professeurs centrafricains titulaires se rendant bien compte de cette ignoble et basse besogne se mettent eux aussi dans le bain en estimant pour leur part « qu'ils ne sont pas venus à la faculté de Droit pour accompagner les autres3 »

 

Le constat actuel au niveau de cette faculté est que ce n'est plus le travail ardu et assidu qui paie comme à l'époque de René Constant NGBONDO, du Pr.Yangongo BOGAGANDA, de Mr Albert PANDA mais c'est le gain facile, de bonnes notes contre de l'argent frais.

 

L'avenir et la carrière professionnelle de l'étudiant tient dans le versement d'une modique somme oscillant entre 40.000 à 50 000 FCFA et parfois même en dessous car concurrence oblige ! Ne pas « Accompagner les autres » c'est ne pas aussi construire une maison, ne pas aussi acheter une parcelle et pour ceux le machiavélisme demeure le principal artifice! La faculté de Droit et des sciences politiques est-elle devenue un marché concurrentiel où se joue la loi de l'offre et de la demande ? Mais encore faut-il que cette concurrence soit loyale. Car à y pencher de prêt ce marché funeste est orchestré aux fins d'aboutir à d'autres fins. Abrutir Professeurs et étudiants Centrafricains peut-être ? Peut-être oui ! La mise en place récente d'un Master professionnel en Droit (privé) sous l'initiative de trois « supers enseignants » en droit, venus d'un pays de la sous-région -qui depuis se croient dit-on plus érudits que les professeurs centrafricains et dont l'un d'eux n'est pas Juriste- avec la bénédiction d'un ancien recteur et au mépris des règles de procédures instituées à cet effet, justifient notre point de vue.

 

Depuis l'institution de ce Master, l'université ne traite plus avec la Faculté de droit en tant qu'institution mais préfère traiter qu'avec les responsables de ce Master entrés par « effraction » dans cette faculté. Le cataclysme juridique et universitaire ne s'est pas fait attendre : un étudiant a soutenu sa thèse sous la direction de l'une de ces individus en l'espace d'un an ! Une Thèse en droit !

 

Aussi, le coût de ce Master professionnel au sein de la faculté de Droit, institution publique est de 200.000 FCA ! L'IUGE et la Newtech n'y ont vu que du feu ! Évidemment que le but de cette manœuvre est de récolter de juteux bénéfices, des pots-de-vin, un parachutage à la tête d'un département et la couverture d'un haut responsable de l'université en cas de besoin.

 

L'OMERTA JURIDIQUE IN SITU

 

Dans un environnement où se mêlent coup bas, délation, trafic d'influence et messes de minuit, l’honnêteté n'a pas sa place ou alors peut être rudement sanctionnée. Ainsi certains étudiants et professeurs n'hésitent pas à ouvrir leur parapluie politique et autres procédés d'intimidation pour passer outre les décisions prises par les hautes instances de cette faculté. Le comble, ces enseignants au lieu d'user de leur position et contacts politiques pour réguler cette vague d'immigration universitaire venue de la sous-région, préfèrent plutôt proclamer urbi et orbi leur appartenance au pouvoir en place et incitent même leurs étudiants à prendre la carte du parti.


L'atmosphère devient irrespirable au sein de cette faculté puisqu'il y'a deux camps : le camp des conformistes et le camp des anti-conformistes.


Ces derniers qui se comptent sur les doigts de la main, sont les canards boiteux de la FDSP .Ils payent un lourd tribut et sont devenus même la cible pour avoir signé un mémorandum.

 

Il est vrai que par une décision de 20084, le Conseil des Ministres de la CEMAC a reconnu à une certaine catégorie de personnes à titre transitoire, la possibilité de circuler sans visa dans la sous-région. Dans cette catégorie figurent les enseignants et étudiants chercheurs. Mais l'article 3 de cette décision laisse une marge de manœuvre aux Etats membres « de prendre des mesures nationales ». A l'heure où certains Etats de la CEMAC prônent la préférence nationale comme mesures nationales, il est aussi important que des dispositions soient prises pour garantir et limiter l'accès à certaines hautes fonctions au sein de l'éducation nationale afin de préserver et promouvoir l'éthique et la morale dans nos écoles. Car le cadre Centrafricain n'est toujours pas considéré comme tel dans la sous-région. Pour exemple, un ancien responsable de la CEMAC a osé affirmer à l'époque qu'il n'existe pas de cadre centrafricain capable de lui succéder à la tête de cette institution. Résultat a fini par perdre certains position qui lui revenaient de droit.


Dans ce sens, on serait amené à penser à tort ou à raison qu'une vaste campagne est orchestrée par des pseudo intellectuels des pays voisins afin non pas de combler ce déficit intellectuel mais de maintenir les centrafricains dans la médiocrité afin de mieux les humilier. Et puisque les enseignants titulaires centrafricains du moins certains, affichent leur passivité face à ce drame et que la plus part de nos diplômés en droit de la diaspora ne souhaitent pas rentrer au pays pour s'affirmer, la conséquence inéluctable serait qu'un tsunami de diplômés venu des pays voisins s'abattra sur l'université de Bangui et plus particulièrement sur la Faculté de Droit qui continuera à subir l'assaut de ces supers enseignants qui n’hésiteront pas à dicter leurs lois au sein de la FDSP, à abêtir nos élites en formation et tirer profit de certaines situations. Il ne doit pas nous échapper que des chômeurs titulaires de doctorats, il en existe chez nos voisins. Tant que ce phénomène ne s'est pas encore manifesté en République Centrafricaine, le pays restera une destination d'emploi pour nos chers voisins diplômés en mal de reconnaissance dans leur pays.

 

« Kanga Be Ti mo, Gbou mbéti a goué yongoro »

 

Collectif des Juristes Centrafricains Exaspérés

 

 

 

1Ordonnance n° 69/063 du 12 Novembre 1969


2-Proverbe Turque


3-Parole de certains enseignants centrafricains


4-02/08 UEAC-CM-17 du 20 Juin 2008 décision portant liste de personnes admises à titre transitoire à circuler sans visa en zone Cemac

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 23:21

 

 

 

 

Bozizé perdu

 

 

 

 

 

OUBANGUI PERSPECTIVES


 

LE REGIME BOZIZE :


 

DENEGATION SYSTEMATIQUE DU DROIT A LA LIBERTE D’EXPRESSION


 

LE TRIBALISME COMME OUTIL PRIVILEGIE DE L’ACTION POLITIQUE


 

LE PAIEMENT « A COMPTE GOUTTE » DE SALAIRE POUR SEUL HORIZON ECONOMIQUE

 

 

Après publication par Centrafrique Presse de notre réaction sur la crise militaro-politique en cours dans notre pays la république Centrafricaine, à côté des réactions positives qui me sont parvenues, j’ai retenu deux fois de suite la manifestation d’aigreur d’un certain Jean Félix WANFIO qui s’identifie clairement comme appartenant au régime qui s’est installé au pouvoir après l’avoir usurpé par un coup de force tout en se revendiquant paradoxalement d’une légitimité populaire.


 

La teneur de ces manifestations chargées d’amertume que je vous livre sans aucune modification est la suivante :


 

1 – « Qu'est ce que les autres régimes plus que le notre? Même le salaire ils arrivaient pas à payer. Vous êtes tous des griots, si vous avez besoin de quoi manger, mais demandez au lieu de se taire et demander à ce qu'on vous responsabilise vous êtes là à raconter des bobards. »


 

2 – « Tout le monde sait maintenant qui vous soutient et certaines personnes arrêtées nous donnent des informations fiables pour nous permettre de vous combattre avec toute votre génération.



A votre place, j'aurai honte car vous avez déclaré au monde entier que vous allez marché sur Bangui mardi dernier, qu'est ce qui s'est passé?????
Nous avons pris toutes les dispostions et vous serez combatus sur toutes vos positions. »


 

A la première interpellation, j’ai tenu à faire  à cette personne que je ne connais pas la réponse suivante :


 

« Le mépris est la seule réponse qu'il convient de vous opposer.

 

De plus, vous vous exprimez si mal, qu'on peine à saisir l'essence des stupidités que vous assénez.

 

La bêtise qui transpire de votre texte reflète parfaitement les tares dont le régime que vous défendez aussi gauchement a fait montre au cours de toutes ces années de malheur pour le peuple centrafricain.

 

Vous auriez dû consulter le sens du mot griot avant de vouloir aller au combat de manière aussi insensée, au moins cela vous aurait permis de saisir le sens de ce que vous écrivez.

 

Je n'éprouve pour vous que du mépris, Centrafricain Indigne. »


 

Ma réponse peut paraître dure à l’égard d’un compatriote qui après tout n’a fait qu’user de sa liberté d’expression.

 

J’ai cependant jugé utile de saisir l’occasion de cette correspondance qui m’a été imposée et que je ne tiens pas à alimenter au-delà de la seule réponse ci-dessus, pour faire deux observations, l’une plus générale et politique, l’autre plus spécialement économique.


 

I – OBSERVATION POLITIQUE :


 

A - DENEGATION SYSTEMATIQUE DU DROIT ALA LIBERTE D’EXPRESSION


 

Je tiens à faire remarquer d’emblée que le régime dont se réclame mon interlocuteur, n’a jamais supporté ni toléré un réel exercice d’un droit à la liberté d’expression.


 

La preuve est apportée une fois de plus par cet adepte invétéré de la doctrine bozizéenne qui repose sur deux socles : une vacuité incurable de toute pensée politique et une brutalité caractérisée visant à réduire ou dissuader toute manifestation ostensible de liberté.


 

C’est ainsi que notre interlocuteur considère tous ceux qui expriment un point de vue différent de celui de « leur régime » comme des rebelles dont les complices imaginaires sont  susceptibles d’être combattus à coup d’arrestations et interrogatoires musclées aux fins d’obtenir des informations prétendument « fiables » avant de monter à l’assaut d’hypothétiques « positions ».


 

Je crains malheureusement que la panique et les lubies de ce régime et ses hommes de main conduisent à toujours plus de fausses accusations, d’arrestations arbitraires, de disparitions et d’enlèvements dont on mesure déjà partiellement les conséquences : plusieurs morts  découverts dans différents endroits selon les informations, des appels à la haine entre centrafricains, des armes blanches distribuées à des jeunes désoeuvrés dans plusieurs quartiers de BANGUI.


 

Toutes les gesticulations morbides de ce régime rejeté par des populations esseulées par des années de brimades et de privations en tous genres, ne dissimulent en rien l’incompétence d’un régime qui éclatent aujourd’hui de manière spectaculaire devant une opinion internationale médusée devant tant de chaos et de délabrement d’un pays par ailleurs potentiellement riche.


 

Le problème est que les fanatiques de ce régime qui fait preuve d’une nullité absolue en tous domaines, préfèrent penser que d’autres personnes ont honte à leur place.


 

Cette attitude ne peut surprendre, car BOZIZE et sa clique se sont tellement habitués à la médiocrité qu’il leur est impossible d’en percevoir les caractéristiques.


 

Si, nous, Centrafricains avons honte, ce n’est pas pour les mêmes raisons que cette clique de rapaces qui, même devant les preuves de leurs forfaits, de leurs crimes, essaient encore de tromper la vigilance de l’opinion, espérant ainsi grappiller une chance supplémentaire de poursuivre et achever leurs basses besognes afin d’accomplir leur funeste dessein


 

Seulement, aujourd’hui, il y a trop de témoins pour que leurs œuvres de mort puissent passer inaperçues.


 

Les accords de LBREVILLE, bien qu’imparfaits nous donne l’occasion de poser les bases d’une reconstruction de la République Centrafricaine, dépassant ainsi la seule question du maintien ou pas de BOZIZE au pouvoir.


 

A en croire les autorités sud-africaines, le déploiement de leurs troupes en Centrafrique viserait à éviter une prise de pouvoir antidémocratique, SIC !

 

Les responsables politiques d’Afrique du Sud, ne doivent pas oublier qu’ils ont dû, dans un passé récent, très souvent au péril de leur vie, combattre un régime de terreur et de ségrégation et que, cette terreur et cette ségrégation ne sont pas moins condamnables parce qu’elles viendraient d’un pouvoir issus d’élections de surcroît truquées. Je refuse même de leur accorder le bénéfice de la bonne foi car aujourd’hui, aucun pouvoir du niveau de celui de l’Afrique du Sud, ne peut raisonnablement prétendre ignorer le caractère tyrannique du régime corrompu et violent qui sévit en Centrafrique depuis de nombreuses années.


 

En plus d’être brutal, le régime de BOZIZE est férocement ségrégationniste en son genre, puisque guidé en toutes circonstances par une vision obstinément tribaliste de la chose politique.


 

Cette autre forme de ségrégation n’en est pas moins terriblement efficace, si l’on en juge par le désastre humain, politique, sociale, économique … qu’elle a engendré.


 

Du reste, il faut condamner avec force cette intrusion intolérable dans les affaires centrafricaines, de l’Afrique du Sud dont on pouvait attendre plus de lucidité de la part des dirigeants. Fricoter ainsi avec un chef d’Etat honni par ses concitoyens pour des raisons qui ne sont plus à démontrer, est assurément immorale et malsain.


 

Le Président sud-africain actuel donne l’impression de se laisser guider davantage par une inclination affairiste que par les principes nobles qui ont sous-tendu, des années durant, les luttes de l’ANC dont il fut l’un des piliers. Faut-il croire que, depuis, des rivières de diamants ont coulé sous les ponts, au point de lui faire perdre sa capacité d’analyse et sa lucidité ? N’oublions pas que c’est le même président sud-africain qui a déclaré un jour, sans ambages, qu’après une passade, une bonne douche suffisait à éliminer le risque d’infection par le VIH.


 

Cette déclaration serait-elle symptomatique de l’état d’esprit d’un homme qui n’est peut-être plus que l’ombre du combattant valeureux et avant-gardiste de la liberté qu’il a été ?


 

J'invite cependant l'Afrique du Sud à réfléchir à ce soutien immoral apporté à un homme qui se dit chef d'État, mais qui ne respecte pas son peuple dont il prétend avoir la confiance mais qu'il n'hésite pourtant pas à piétiné pour se maintenir au pouvoir.


 

BOZIZE et ses fidèles auraient tord de sous-estimer la capacité de révolte d’un peuple. D’autres avant lui l’ont appris à leurs dépens. Tous avaient pourtant une autre « envergure » et peut-être même un peu plus de « jugeote ». Ils s’y sont néanmoins cassé les « canines », délaissés du jour au lendemain par des amitiés qu’ils croyaient indéfectibles.


 

B – LE TRIBALISME COMME OUTIL PRIVILEGIE DE L’ACTION POLITIQUE


 

Mon correspondant revendique l'appartenance au régime en place en parlant de « notre régime » sans préciser à quel titre.


 

On peut alors émettre plusieurs hypothèses :


 

Soit, il exerce une fonction politique en raison de convictions idéologiques qui le lie au régime ;


 

soit il milite dans une ou plusieurs organisations politiques partisanes liées audit régime,


 

soit ils se revendique comme tel simplement en raison de liens familiaux, ethniques ou tribaux comme c'est fréquemment le cas dans notre pays


 

Dans les deux premiers cas on peut le comprendre et concédé que de réelles convictions le rattache au régime qu'il défend même si on peut s'étonner devant une foi si ardente en dépit de tant de catastrophes et des calamités engendrées par les pratiques politiques éculées en cours.


 

Dans le Troisième cas, je ne peux que marquer ma profonde aversion.


 

J'ai toujours pensé que notre pays ne résoudra jamais ses nombreux problèmes si l'unité nationale ne se manifeste d'abord à la tête de l'État, dans toutes les structures et institutions politiques et administratives et si son esprit n'irradie profondément et durablement toutes les couches sociales du pays.


 

J'ai eu l'occasion d'écrire,  il y a plusieurs années, ce que je pensais du tribalisme et ses conséquences, en réaction à la lettre ouverte qu’un compatriote adressa alors au chef de l’Etat de l’époque (Voir ci-après ma lettre du 30 mai 1990).


 

Mon avis sur le sujet n’a pas changé. Les gbayas ne peuvent ni ne doivent être tenus pour collectivement responsables de la situation actuelle de notre pays.


 

Il est simplement regrettable que l’appartenance à l’ethnie du Président de la République ait toujours conduit bon nombre de compatriotes à perdre toute capacité d’analyse lucide et toute notion de distance face à des situations politiques souvent catastrophiques.


 

Le plus tragi-comique, est que, souvent, une fois que leur mentor a perdu le pouvoir, ces mêmes personnes, lâchent totalement la bride quant à leur affirmation de la nécessité d’un exercice vertueux du pouvoir politique. Tout à leur ardeur à brocarder le régime désormais en place, absorbés par leur volonté à faire oublier ce qu’ils ont été, ils perdent toute retenue et toute modestie quand il s’agit de convaincre la galerie de toutes les qualités démocratiques dont ils seraient pourvus.


 

Je ne doute pas que, demain ce sera le cas de mon interlocuteur inconnu, mais j’ose espérer qu’enfin, l’histoire ne se privera pas de lui adresser, ainsi qu’à tous ceux de son espèce, des rappels appropriés et fort justement mérités.


 

Il est curieux et regrettable que des compatriotes, pour des raisons ethniques, s’évertuent à faire passer les pires méfaits de leur mentor, chef d’Etat ou autre, pour de hauts faits d’une humanité si éclatante que seuls les imbéciles que nous sommes n’arriveraient à percevoir.


 

On peut toujours déifier BELZEBUL, trouver agréable et jouissif de pactiser avec lui jusqu’au jour où le miel coulant de sa puissance maléfique vire brusquement au vinaigre…


 

J’aimerais cependant faire méditer cette réflexion de Léon TOLSTOI :


 

«L'homme a conscience d'être Dieu, et il a raison, puisque Dieu est en lui. Il a conscience d'être un cochon et il a également raison parce que le cochon est en lui. Mais il se trompe cruellement quand il prend le cochon pour un Dieu.» - Journal intime


 

II – OBSERVATION ECONOMIQUE : LE PAIEMENT DE SALAIRE POUR SEUL HORIZON ECONOMIQUE


 

Le premier message de mon interlocuteur inconnu a retenu mon attention non pas tant en raison des stupidités qu’il recèle mais par l’affirmation d’un lieu commun qui, à force de matraquages, s’est imposé, dans l’esprit de nombre de centrafricains abusés par la propagande perfide et cynique de plusieurs générations de dirigeants politiques, comme une vérité absolue.


 

Dans son délire qu’il pense avec une conviction inébranlable être une analyse politique fine, mon correspondant illuminé écrit :


 

1 – « Qu'est ce que les autres régimes plus que le notre? Même le salaire ils arrivaient pas à payer. Vous êtes tous des griots, si vous avez besoin de quoi manger, mais demandez au lieu de se taire et demander à ce qu'on vous responsabilise vous êtes là à raconter des bobards. »

 

Nous y voilà : le salaire et la mangeoire !


Je ne suis même pas surpris par de telles assertions.

 

Au-delà du fait que mon correspondant présente une particulière inclination à opérer un transfert de son élan opportuniste, je dois avouer que cette constatation permet de percevoir la profondeur de l'un des maux autour desquels se noue le sort tragique de notre pays : l'irrésistible attrait de la mangeoire symbolisée par le salaire et auquel tant de générations ont succombé pour le plus grand malheur de la nation.


L'utilisation du paiement des salaires, dans une manipulation bien huilée à destination des fonctionnaires, relève d'une école de pensée que je qualifierais de dialectique de la bienfaisance carnassière qui peut se décliner sous plusieurs formes

 

Depuis plusieurs décennies, en effet, s’est imposée l’idée que le paiement des salaires des fonctionnaires constitue la forme la plus aboutie de l’action politique en même temps qu’elle épuise toute politique économique.

 

Cette idée a tellement bien été intégrée par les populations, qu’en dépit des nombreuses années d’arriérés accumulées dans la fonction publique, d’un régime à l’autre, même les non fonctionnaires éprouvent une jouissance morale intense, chaque fois qu’un seul mois de salaire est payé par le pouvoir en place.

 

Cette action, présentée systématiquement comme un acte de bienveillance, de bienfaisance et de générosité du chef de l’Etat, agit comme un puissant sédatif, inoculé par intermittence et avec parcimonie, destiné à annihiler la vigilance des populations pour permettre aux dignitaires des régimes successifs de s’approprier en toute tranquillité deniers publics et autres richesses du pays.

 

Ainsi maniée, la mécanique du paiement des salaires, n’est plus perçue comme une obligation de l’Etat et un droit des fonctionnaires, mais un cadeau du chef de l’Etat qui, par un indéfectible altruisme et une paternelle prévenance, interviendrait pour soulager le peuple des nombreux maux qui l’accablent, non du fait des dirigeants, mais de la fatalité.

 

C'est cela la conception toute « prébendière » de l'économie, savamment élaborée par des fils indignes de la nation qui, pendant plusieurs décennies, se sont moqués de leurs concitoyens en accumulant des sommes folles pour eux-mêmes et en « fêtant leurs milliards » lors de rondes et ballets macabres autour de la dépouille de leur propre pays.


 

LA DIALECTIQUE DE LA BIENFAISANCE CARNASSIERE consiste tout simplement, pour de petits malins à convaincre les populations d’actions bienfaisantes qui n’en sont pas, et à pouvoir ainsi se repaitre indéfiniment et impunément de la misère humaine, engrangeant sans vergogne et sans la moindre empathie, même pour la veuve et l’orphelin, médailles et fortunes.

 

Pendant que le peuple s’accroche à l’espoir d’un salaire rarement payé, les penseurs de ces différents régimes, rivalisent d’ingéniosité pour thésauriser en des temps records des fortunes colossales

 

Ces économistes de mauvaise augure dont certains, parfois, ont occupé des postes importants dans l'exécutif, ont rivalisé d’ingéniosité pour concevoir les solutions les plus farfelues  mais non moins méthodiquement cyniques et criminels, propres à garnir de manière outrancière, au détriment du pays et des populations, des comptes domiciliés à l'étranger.

 

Songez au guichet unique qui a permis à ses promoteurs, une poignée d'individus, malfaiteurs authentiques, de s'enrichir aux dépens de l'État, en anéantissant le service des douanes.  Il faudra, sans doute, un jour, débattre de tout cela et diligenté un audit afin d'évaluer tous les mécanismes criminels mis au point par des fils du pays et dont les conséquences pour le plus grand nombre sont difficiles à mesurer aujourd'hui...

 

D’autres mécanismes peuvent être cités :

 

-DVA, Départ Volontaire Assisté, qui consistait à proposé une certaine somme à tous ceux qui souhaitaient quitter la fonction publique

 

- « réformation » de véhicules de fonction qui consistait à déclarer hors d’usage le véhicule de fonction dont on est titulaire et de l’approprier à vil prix ; il suffisait de dépouiller sa voiture de fonction de ses quatre roues et de la mettre ensuite sur cales,  de faire constater par quelque agent public complaisant la situation ainsi sciemment créée et le tour est joué.

 

- Vente de biens immobiliers appartenant à l'État dont certains se sont attribués la propriété à des prix fictifs puisqu'en général non réglés...

 

- Pensez également à tous les dirigeants de sociétés mixtes ou d'état qui s’attribuaient des matériels roulants ou non appartenant aux sociétés dont la responsabilité leur a été confiée et qui les relouaient à ces mêmes sociétés contre de juteux profits immérités puisque dénués de toute justification

 

-Des « billeteurs », fonctionnaires du Ministère des Finances effectuant pour leur propre compte des opérations de crédit aux dépens des agents de la fonction publique à qui ils sont chargés de verser leurs salaires, avec des taux d’intérêts conséquents, pour ne pas dire usuraires.

 

Sur ce marché de dupes, le gagnant a toujours été, au bout du compte, le CARNASSIER qui sait « se tailler la part du lion », ne se souciant guère des ventres affamés qui, remplis d’illusions sur d’hypothétiques salaires, les regardent festoyer.

 

Cette énumération non exhaustive des subterfuges usités par les tenants des régimes politiques successifs de notre pays pour s’enrichir, permet de mesurer le chemin à parcourir pour arriver à une véritable politique économique, seule susceptible de créer les conditions d’une vie meilleure, en rompant avec des pratiques d’un autre temps, « faux semblants » destinés à endormir le peuple pour mieux le dépouiller.

 

En définitive, au-delà de la question étriquée du salaire des fonctionnaires, même les stupidités secrétées par quelque opportuniste adepte fanatique du « mangeoirisme » et, par conséquent, convive assidu de la mangeoire, peuvent nous donner l'occasion de nous poser des questions fondamentales dans la perspective d'une reconstruction de notre pays.

 

Quel système politique pour notre pays ? Quelles institutions politiques et administratives pour notre pays ?

 

Quelle politique sociale et économique pour notre pays ?

 

Quel rôle doit jouer l’Etat dans l’économie et sur quels leviers doit-il agir pour relancer l’économie ? De quels moyens personnels, financiers et matériels disposent-ils pour bâtir une économie viable ?

 

Qui sont les acteurs économiques ?

 

Les nationaux sont-ils en nombre suffisant dans la sphère économique qui compte ? Sinon que faire pour créer les conditions d'une émergence de créateurs nationaux dans tous les secteurs productifs ?

 

Quels sont les besoins réels du peuple centrafricain ? Quels moyens à devrons nous mettre en oeuvre pour les satisfaire ?

 

Quel cadre législatif promouvoir pour garantir l'exercice de ses droits et le respect de ses obligations par tout citoyen ?

 

Comment faire pour prémunir les citoyens contre les abus de droit et autres dérives autoritaires de ceux qui auraient à exercer un pouvoir quelconque ?

 

Le pouvoir, comment et pourquoi faire ?

 

Comment faire prospérer dans l'espace centrafricain, l’idée d'un exercice du pouvoir politique indemne de considérations, clientélistes, népotismes, claniques,, ethniques,, tribalistes, régionalistes, etc ?.

 

Bref, il ya du pain sur la planche.

 

Il appartient aux Centrafricaines et aux Centrafricains, dans leur ensemble, de trouver la solution à ces problèmes.

 

Mon optimisme à tout crin me conduit à croire la chose possible tant je fais mien la maxime selon laquelle « la somme des intelligences est supérieure aux intelligences individuelles ».

 

Le peuple centrafricain a pu constater, impuissant, puisque bridé au moyen d'une terreur insidieusement distillée, que chaque régime qui arrive reprend et applique à son profit toutes ces recettes éculées mais néanmoins terriblement efficaces dans la commission du pire

 

Le problème qui, de prime abord, semble insoluble, mais nécessite pourtant que, tirant des leçons de l'histoire, ensemble, nous y trouvions une solution durable, est que chaque chef d'État s'installant au pouvoir, démocratiquement élu ou non, croit être assez rusé et intelligent pour mettre en place un système susceptible d'assurer son maintien « ad vitam » à la tête du pays, et, si possible, envisager la transmission de son sceptre et/ou de sa couronne à sa progéniture.

 

Mais l'histoire de notre propre pays nous enseigne que tous les régimes guidés par cette illusion ont fini par produire eux-mêmes le poison qui a fini par les perdre.

 

Alors comment sortir ?

 

La réponse dépend des Centrafricaines et des Centrafricains, et d'eux seuls, s'ils se laissent conduire uniquement par le sens de l'intérêt général.


 

Poitiers le 30 janvier 2013


 

Maître Ignace OUNDA-MEYBI

 

 

Poitiers le 30 Mai 1990

 

 

 

Ignace OUNDA-MEYBI

4/33, Allée Marigny

86000, POITIERS

 

 

Réaction à la lettre de

Monsieur ………….

 

 

Cher compatriote,

 

 

C'est avec un grand intérêt que j'ai pris connaissance de votre lettre du 20 mars 1990 adressée à M. KOLINGBA et ce, d'autant plus que j'ai moi-même rendu publique une lettre du 21 février 1990 dénonçant, comme vous, les fourberies des gangsters déguisés en gouvernant qui sévissent dans tous les compartiments de l'État centrafricain.

 

Je dois dire que votre expérience, et en particulier le fait que, peut-être de bonne foi, à un moment vous ayez mis le pied dans le repère déguisé en palais de ces rapaces, vous a permis d'apporter, preuves à l'appui, un éclairage tout à fait conséquent sur les méthodes, les usages et les conspirations en cours au sommet de notre pays.

 

J'ai beaucoup apprécié une partie de vos analyses sur la coexistence des ethnies qui font la richesse culturelle de la RCA, coexistence que beaucoup de pays nous envient. Cela se ressent dans nos rapports avec les autres communautés africaines en France. Des condisciples africains s'étonnent de ne pouvoir déceler entre le Centrafricain des signes de division fondée sur l'appartenance régionale, tribale, ethnique, clanique, etc.

 

Vous avez écrit, rappelant votre mémoire de D.E.S. (pages 4 et 5 de votre lettre) :

 

« l'histoire précoloniale de la RCA nous a révélé que l’ethnie ou la tribu est un groupe traditionnel qui n'avait acquis, ni une suprématie sur tous les autres groupes, ni une rigidité ou fermeture par ceux-ci ».

 

« L'histoire des premiers temps de l'émancipation a prouvé que notre leader politique d'alors, issu de son milieu ethnique, était encadré par tous les Oubanguiens en quête de liberté et qui lui-même avait toujours manifesté une vocation nationale, jamais tribale ».

 

« Parce que la République Centrafricaine recèle une multiplicité d'ethnies, de faible dimension et sans particularismes agressifs, le problème tribal est toujours resté secondaire et l'unité nationale n'en a pas souffert ».

 

« Les masses centrafricaines n'ont jamais avivé le sentiment tribal ».

 

Ces quelques phrases me réjouissent car force est de constater que le Centrafricain, malgré d'innombrables épreuves vécues de jour en jour, d'année en année, n'ont jamais cédé à la tentation tribaliste extrémiste. Ils n'ont jamais succombé à la tentation de la haine totale et inter-tribal. Pourtant, les escrocs et bandits de grand chemin installés au pouvoir en Centrafrique, plus que d'autres et à défaut de légitimité nationale, ont toujours cru pouvoir affermir leur position en s'appuyant sur une légitimité tribale. Cependant leur sauce, faite de népotisme, de corruption, de détournement de fonds publics, d'injustice, d'incompétence, de pillage, etc, assaisonnée d'immoralité en tous genres et de répression, n'a pas pris.

 

C'est dire que l'unité nationale est belle et solide. Nous devons tous la réserver et ne rien faire qui puisse un jour la ruiner. Vous avez totalement raison de le rappeler.

 

Mais si je reconnais  des mérites à votre lettre, je me pose également des questions sur certains passages - je cite (page 18) - :

 

« Chaque ethnie se replie sur elle-même, compte ses membres, mesure ses forces et se prépare fébrilement dans le silence à l'action violente pour vous renverser… »

 

« Les ethnies majoritaires ne peuvent plus vous  tolérer ».

 

« Et mettez-vous bien dans la tête que vos yakomas ne représentent que 5 % environ de la population de ce pays... »

 

« Vous aurez ainsi fait liquider toute une ethnie par votre politique discriminatoire et rétrograde. Et vos descendants porteront cette honte comme Caîn et l'oeil qui le regardait partout, même dans sa tombe ».

 

Cher concitoyen, je me garde de vous faire un procès d'intention, mais puisqu'il faut porter une appréciation, j'aimerais vous dire que ces phrases sont terribles par leur ambiguïté. Je crains qu'elles aient affligé de très nombreux Centrafricains. Je crains qu'elles suscitent dans certains esprits des explications perverses et inattendues, de nature peut-être à travestir votre pensée.

 

Ne serait-il pas judicieux de préciser que les crimes innommables des hommes au pouvoir ne sont pas le fait de tous les yakomas ? Si nous voulons embraser notre pays, il y a d'autre moyen plus efficace que de répondre à la bêtise par la bêtise.

 

Il est vrai que le régime use abondamment et ostensiblement de l'appartenance ethnique des théoriciens du « yakomalisme », mais le yakomalisme n'est pas le fait de l'ethnie yakoma dans son ensemble. Nous devons éviter d'associer une ethnie tout entière aux malhonnêtetés notoires d'un petit groupe de profiteurs parmi lesquels on compte d'ailleurs des hommes appartenant à d'autres ethnies. Nous devons autant que possible éviter tout amalgame conscient ou inconscient portant des germes de nocivité pour notre pays.

 

Il faut rappeler qu'il y a de très nombreux yakomas qui sont loin des préoccupations de la mafia que vous dénoncez et qui vivent, comme tous les autres Centrafricains, leur vie dans les souffrances et calamités quotidiennes engendrées par les citoyens indignes qui ont confisqué un pouvoir dont ils n'ont, sans nul doute, qu’une conception basse, avilissante et inhumaine..

 

Il faut rappeler, s'il y a encore dans notre pays des esprits malins tentés par la dérive tribaliste et bercés par le doux rêve d'un partage intra-régional, intra-tribal ou même intra-familial de profits matériels personnels du pouvoir politique, qu'aucune région, aucune ethnie, aucune tribu où aucune famille ne peut indéfiniment confisquer le pouvoir dans un pays. Il est donc de l'intérêt de tous de sauvegarder une unité nationale qu'on nous envie. De cette façon, pourrions-nous peut-être servir d'exemple sur notre continent. L'Afrique en général, la République Centrafricaine en particulier, n'ont plus besoin de divisions. Nous devons aller vers une unité de plus en plus grande.

 

Notre pays, chers concitoyens, dispose d'un atout majeur : l'existence d'une langue nationale unique. Le sango est en effet le ciment qui fait que, jusqu'à présent, la cohésion nationale résiste à la tempête et aux intempéries de tous ordres provoquées par tous ces minables imposteurs qui n'ont cessé de s'amuser à « semé le vent ».

 

Je ne puis vous accuser de tenir des propos tribalistes. J'ignore d'ailleurs quels sont vos origines ethniques et celles-ci ne m'intéressent guère. Pour moi, vous êtes centrafricain avant toute chose. Je crains simplement que des assertions ambiguës finissent par semer le doute et susciter des interprétations que vous-même n’auriez peut-être pas prévues.

 

Je pense que, si on devait juger un yakoma, ce serait d'abord pour ses propres faits. Cela vaut pour tout centrafricain. Il ne peut y avoir de justice d'exception, même pour les enfants de Monsieur KOLINGBA. Ceux-ci ne peuvent, sous prétexte de liens de sang, répondre des turpitudes de leur auteur. Cette conception de la justice a causé tellement de ravages dans notre pays qu'il nous faudra très rapidement nous employer à l'éradiquer, à la bannir définitivement.

 

La responsabilité sous-jacente à l'histoire de Caïn est surannée. Elle ne peut trouver sa place à une époque où l'on a plus que jamais besoin d'un corps de règles qui tienne compte des droits essentiels de l'homme.

 

On ne choisit pas ses parents. Et quand bien même on les choisirait, il serait absurde d'être considéré comme comptable de leurs faits et gestes. Chacun assume ses actes à partir du moment où il acquiert un discernement suffisant. Après tout, ce que vous dites, faites ou écrivez, ne concerne que vous. On ne peut en aucun cas le reprocher à vos enfants, sauf si ceux-ci y participent consciemment d'une manière ou d'une autre. Il est évident qu'il appartiendra à la justice de déterminer lesquelles des descendants de Monsieur KOLINGBA se sont rendues coupables d'actes répréhensibles.

 

Je pense, en conséquence, que nous devons juger sans passion mais avec lucidité et sérénité. C'est la seule condition pour éviter le feu et le sang.

 

Venant d'ethnies minoritaires ou majoritaires, nous sommes tous Centrafricains. Le nombre ne donne pas plus de droits aux uns qu'aux autres. Rien ne peut justifier la confiscation de tous les pouvoirs par les uns au détriment des autres. Rien n'autorise les uns à avoir des visées hégémoniques sur les autres. Seules comptent la volonté et la capacité de chacun à se mettre résolument au service de son pays. C'est pourquoi il faut remettre à l'ordre du jour la notion d'intérêt général, notion qui, depuis belle lurette, a disparu du firmament centrafricain.

 

Chers compatriotes, je n'ai pas pu m'empêcher de réagir après lecture de votre lettre. J'aime mon pays autant que vous et je souffre de le voir dépérir et sombrer progressivement dans l'abîme. J'estime qu'un jour le débat devra s'instaurer sur l'avenir de notre pays.

 

Je tiens à souligner que mes observations ne doivent, en rien, anéantir le mérite de votre lettre. Il me fallait cependant relever les quelques points qui m'ont fait sursauter. C'est en définitive la preuve que j'ai lu votre écrit avec beaucoup d'attention, même si je n'en suis pas le destinataire premier.

 

Veuillez croire, cher compatriote, à la sincère expression de toute ma considération.

 

 

Ignace OUNDA-MEYBI

 

 

PS Mon texte est achevé lorsque j’apprends la publication de la liste des Préfets et des Sous-Préfets nommés par le régime.

 

 

Comment ne pas constater, même si c’est sans surprise, que le contenu de ma lettre reste d’actualité. Toutefois, Il est plus juste de noter que les comportements qui y sont dénoncés ont été portés à un niveau jamais égalé. On peut dire que BOZIZE vit et respire le tribalisme. Il suffit pour s’en convaincre, de consulter la liste des Préfets et Sous-Préfets récemment nommés par celui qui n’a que les apparences d’un Chef d’Etat, et dont la place, en réalité, devrait être en prison et dans les poubelles de l’histoire.

 

 

Les Centrafricains ont le droit de connaître la position du Premier Ministre et de son gouvernement sur ces nominations dont le caractère tribaliste ne fait aucun doute. Quand on pense que celles-ci s’ajoutent à des mouvements du même ordre, dans l’armée puis dans la police, on ne peut qu’être inquiet.

 

 

BOZIZE est manifestement en train de se donner les moyens de maîtriser le terrain en vue des prochaines élections.

 

 

Que compte faire le gouvernement pour arrêter le « char de feu » que construit BOZIZE, au vu et au su de tous, avec l’objectif non dissimulé d’incendier notre pays ?

 

 

Poitiers le 15 février 2013


 

Maître Ignace OUNDA-MEYBI

 

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 02:39

 

 

JOseph-Nestor-Ouamba-Patas.jpg

 

 

De tout ce qui se dit de la politique en Centrafrique et notamment des hommes politiques, il est raisonnable que des interrogations se manifestent parmi ceux qui réfléchissent sur le Pouvoir de l’Etat dans ce pays. Le développement de la Centrafrique dépend des intérêts réels que ses hommes politiques lui consacrent. Penser, débattre, argumenter, gérer et traiter des questions sociales, économiques et politiques exigent de la part du politique : de la rigueur, de l’honnêteté, de l’exactitude, de la précision, de la sincérité et du sérieux.

 

Pour que l’Etat centrafricain soit fort, il doit être géré par des politiques compétents, habiles et talentueux. Ils doivent être non seulement disciplinés mais aussi imbus de la droiture. Ils doivent être vertueux. Le Pouvoir de l’Etat ne s’accommode guère avec la désinvolture. Il ne peut pas s’ajuster à l’indolence. Cela dit, l’homme politique centrafricain doit se définir selon Machiavel. Il doit être un homme de pensée et d’action, de courage et d’initiative, en un mot de vertu. Sa mission est de conduire les citoyens centrafricains, de leur assurer des conditions sociales et matérielles meilleures, d’adapter sans cesse les institutions de la République à une réalité vivante qui évolue et souvent se corrompt.


En appliquant ce principe, les politiques centrafricains donneront des moyens efficaces au pays pour enraciner les vertus de la Démocratie. Ainsi, les Démocrates et la Coalition Séléka doivent être des terreaux d’idées capables de proposer, de critiquer, d’amender ou de s’opposer. Ils doivent être des locomotives de progrès et de l’amélioration de la société. Ce qu’attend la Centrafrique d’eux, c’est la cohésion pour enterrer l’autocratie. Par des idées constructives, ils contribueront à l’éclosion du progrès dans tous les domaines d’activités.


Mais, à certains égards, tout porte à croire que le politique centrafricain ne connaît pas ce que vaut la Centrafrique. Pourquoi ? Est-ce une question de manque de culture politique ? Ou est-ce l’avidité qui annihile son libre arbitre ? Ou encore est-ce la corruption ? Est-ce une question de mauvaise formation intellectuelle ? Il n’y a pas de réponse appropriée à ces questions. Toutefois, le citoyen se résigne et exprime son désarroi en disant : « les élites, les politiques centrafricains sont maudits ». Ils ne savent pas où orienter la politique du pays. Et l’on apprécie ici l’intérêt que porte le citoyen à l’endroit du politique. Encore, le citoyen d’ajouter : « ils ne savent pas ce que vaut la Centrafrique ». C’est pourquoi ce pays est toujours dans les mains des dictateurs militaires – Jean-Bedel Bokassa, André Kolingba, et aujourd’hui Bozize – mettant en péril, la liberté, les Droits de l’Homme et la Démocratie.


Il est aléatoire de dire à l’instant, qu’avec le Gouvernement d’Union Nationale, la Centrafrique retrouvera sitôt la paix, la sécurité et la stabilité. La Centrafrique est dans l’incertitude politique. Séléka doit refuser de démobiliser et de cantonner ses troupes. Ce qu’elle doit faire, c’est d’éduquer, et entraîner ses troupes. Elle doit s’abstenir d’oppresser et de brutaliser les religieux catholiques. Et aussi éviter de saccager les lieux de culte catholique voire la sacristie. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et le Pacte International relatif aux Droits civils et politiques consacrant la Liberté Religieuse condamnent ces actes.


C’est dire que Séléka devrait être disciplinée et respectueuse de la Liberté Religieuse. Séléka doit respecter les Droits de l’Homme. Il est à souligner que, seule Séléka peut empêcher Bozizé et ses mercenaires Sud-Africains de plonger le pays dans le chaos. Ainsi, pour une solution à cette crise, les politiques, les élites doivent faire des efforts pour comprendre ce que vaut la Centrafrique. C’est leur devoir. C’est la voie susceptible de faire sortir la Centrafrique des affres de ses crises politiques. La valeur de la Centrafrique réside dans la sphère des intérêts dont elle constitue. La valeur de la Centrafrique existe dans ses innombrables ressources en sous-sol. La valeur de la Centrafrique se trouve dans la Démocratie, l’Etat de Droit, la Liberté, la réduction de la pauvreté. La valeur de la Centrafrique, c’est la lutte contre la corruption, l’autocratie, le népotisme et la reproduction sociale.


La Centrafrique appartient à tous les centrafricains. Les Démocrates ne doivent pas se méprendre. Ils doivent placer leur dévolu dans la réalisation de la grandeur de ce pays. La Centrafrique vaut la Démocratie et rejette l’autocratie. Les Démocrates ont le devoir de diriger les citoyens et de leur fournir toutes les conditions du Bien-Être. Séléka et les Démocrates doivent agir dans cette direction afin de restaurer la paix, la sécurité, la stabilité et le respect des Droits de l’Homme. Ils doivent être prudents sur l’application des Accords de Libreville. Les Démocrates et Séléka doivent savoir que seuls, ces Accords ne pourront jamais asseoir une alternance politique paisible et des élections législatives libres. La Centrafrique mérite la Démocratie et la Liberté.


Joseph-Nestor Ouamba-Patas (Strasbourg)

 

 

 

Thinking or debating, arguing, managing and dealing with social, economic and political issues in State impose to be rigorous, honest, accurate, sincere and reliable. Revival of economy, social peace and political success depend on interests policy makers, lawmakers, politicians and elites give to its State. To be powerful or strong, State should be managed by those who are clever, competent and then skillful. They must be filled with righteousness. They should be righteous. Politician, lawmaker, policy maker and elites are so defined as those who devote their life to think and to act. As Machiavel said: “The function of politician is to conduct citizens, to ensure them better standard of living, adapting institutions to alive reality which often evolves and corrupts’’. High developed countries had understood this principle.


The output is that they are always so powerful and capable to overcome all kind of challenges which face to them. Citizens believe and trust its Democratic Institutions. Politicians are accountable. They respect Democratic Institutions. Such way to implement politics, enhances Democratic values in the mind of citizens and reinforces its capacities to reject oppression. Indeed, politicians in developed countries are locomotive of progress and improvement of society. By “constructive ideas” they put their countries in advance in all scope of activities. Why, so politicians, lawmakers, policy makers and elites in Central African Republic could not undertake these processes in order to topple its crisis? Does a matter of a lack of political culture? Does a matter of greediness? Does a matter of corruption? Does a matter of intellectual training? So, to be true, it seems that elites and politicians in Central African Republic are cursed. They don’t know where they move politically. They do not know “What is worth Central African Republic”.

 

The consequence is that this country is always in the hands of dictators – Jean-Bedel Bokassa, Andre Kolingba and now Bozize – putting in perilous situations, freedom, Human Rights and Democracy. To-day, it is unpredictable to argue that with the National Unity Government, Central African Republic will regain too soon peace, security and stability. Uncertainty is now governing this country. Seleka must refuse to demobilize its troops. What it should do is to educate and train them. Seleka must not oppress Catholic monks. They must not destroy Catholic chapels and its vestry. They should respect Human Rights. Only Seleka could impede Bozize and its South African mercenaries to plunge the country in chaos. In addition, to solve this crisis, elites should make an effort to understand “What is worth Central African Republic”? It is a duty to elites. It is a way to deliver Central African Republic from the throes of political conflicts. The worth of Central African Republic resides in the sphere of interests it constitutes.

 

The worth of Central African Republic exists in its numerous resources. The worth of Central African Republic is in faith in Democracy, Rules of law, liberty and the struggle against poverty, corruption, autocracy, nepotism and social reproduction. Central African Republic is not only for Bozize or its officials, it belongs to all citizens of this country. Democrats in Central African Republic should not undervalue themselves. They do place their engagement in the construction of this country’s splendour. Central African Republic is worth Democracy not autocracy. Democrats have to lead people and provide them conditions of well-being. Seleka and Democratic opposition should do act on this direction in order to restore peace, security, stability and Human Rights respect. They have to be prudent about the implementation of Libreville Agreements. It is to say that Democratic opposition and Seleka must consider that, alone these Agreements could never bring peaceful political alternance and free parliamentary elections. Central African Republic deserves Democracy and freedom. 

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 16:15

 

 

 

Me Zarambaud Assingambi

 

 

Par Maître ZARAMBAUD Assingambi

 

 

            Karl MARX avait eu tort d’affirmer que l’humanité ne se pose que les problèmes qu’elle peut résoudre, du moins en ce qui concerne la République Centrafricaine. La République Centrafricaine se crée des tas  de problèmes, mais elle s’en remet à d’autres pays pour les lui résoudre, même lorsqu’il s’agit de problèmes qu’elle n’aurait jamais dû se créer et dont la solution est à sa portée : ne pas dialoguer et ne pas appliquer les résolutions du Dialogue Politique Inclusif, louvoyer avant de nommer le Premier Ministre de Transition, par exemples.

 

C’est ainsi qu’après avoir fait fleurir les rébellions comme des champignons vénéneux sur du fumier après la pluie, et ce dès après les élections de 2005 dont on espérait  un retour définitif à une paix sincère et durable, qu’après avoir laissé s’installer les hordes de tueurs sans foi ni loi de BABA Ladé et de la LRA et avoir été incapable de les bouter hors du pays, qu’après que le Président de la République a accepté le principe d’un dialogue avec l’opposition, puis s’est arc-bouté et a refusé de le mettre en œuvre, la République Centrafricaine n’a rien trouvé de mieux que de s’en remettre à la CEEAC pour la sortir du bourbier où elle s’est auto enfoncée jusqu’au nez.

 

            Les Pays de la CEEAC ont fait de leur mieux et ont trouvé une solution qui a de facto modifié certaines dispositions de la Constitution, quoiqu’en disent certains qui affirment que la Constitution n’a en rien été modifiée par l’Accord politique de Libreville. En formant le Gouvernement en application de cet Accord avec création de deux postes de Vice-Premier Ministre, le Président de la République a, de son côté, modifié certaines dispositions de la Constitution.

 

            Ni le Peuple par référendum, ni l’Assemblée Nationale par vote n’ont été sollicités pour autoriser ces modifications, vu l’urgence.

 

            Quelles sont ces modifications, et que peuvent être leurs suites ?

 

De la modification de la Constitution par l’Accord politique de Libreville

 

De l’absence de ratification

 

            Dès lors que l’Accord de Libreville a été signé par des Centrafricains et une organisation internationale, en l’occurrence la CEEAC et qu’il traite « De la gestion du pouvoir » de l’Etat, gestion qui est de la compétence de la Constitution, cet Accord constitue un « engagement international » qui doit juridiquement être soumis à l’Assemblée Nationale ; aux fins d’autorisation de ratification.

 

            Or l’Assemblée Nationale ne peut autoriser le Président de la République à le ratifier que s’il est conforme à la Constitution ou après modification de la Constitution s’il lui est contraire.

 

            Aux termes de l’article 69 de la Constitution, « Le Président de la République négocie, signe et ratifie ou dénonce les traités ou accords internationaux ».

 

            « La ratification ou la dénonciation ne peut intervenir qu’après autorisation du Parlement, notamment en ce qui concerne les traités de paix, les traités de défense, les traités de commerce - - - ».

 

            Aux termes de l’article 71 de la Constitution, « si la Cour Constitutionnelle, saisie par le Président de la République, par le Président de l’Assemblée Nationale, ou par un tiers des députés, a décidé qu’un engagement international comporte une clause contraire à la Constitution, l’autorisation de ratifier ou d’approuver l’engagement international en cause ne peut intervenir qu’après la révision de la Constitution ».

 

            Il s’ensuit que l’Assemblée Nationale aurait dû être saisie pour autoriser la ratification de l’Accord de Libreville, ou que, soit le Président de la République, soit le Président de l’Assemblée Nationale, soit un tiers des Députés auraient dû saisir la Cour Constitutionnelle pour juger de la Constitutionnalité de cet Accord avant que l’Assemblée Nationale n’autorise sa ratification. Encore qu’il soit difficile d’imaginer l’Assemblée Nationale siégeant pour autoriser la ratification d’un engagement international signé, non par le Président de la République ou par le Gouvernement, mais par « La Majorité Présidentielle », qui n’a même pas d’existence juridique.

 

De la modification des articles 22 alinéa 5, 24 alinéa 2 et 40 de la Constitution

 

            La Constitution de notre Pays a établi 3 Pouvoirs :

 

Le Pouvoir Exécutif, le Pouvoir Législatif et le Pouvoir Judiciaire.

 

            Le Pouvoir Exécutif est bicéphale (du grec Céphalê qui signifie  tête) en ce sens qu’il est composé de 2 têtes, celle du Président de la République et celle du Premier Ministre, quoique la tête du Président de la République soit plus « grosse » que celle du Premier Ministre.

 

            Aux termes de l’article 22 alinéa 5 de la Constitution, « Il (le Président de la République) nomme le Premier Ministre, Chef du Gouvernement et met fin à ses fonctions ».

 

            Cet article ne précise pas sur quelle base le Président de la République doit choisir le Premier Ministre, mais dans les régimes semi-présidentiels ou parlementaires, la tradition démocratique veut que le Président de la République nomme comme Premier Ministre le Chef du Parti ou de la coalition des partis qui ont gagné les élections législatives, afin que ce Premier Ministre ne soit pas renversé à la première occasion par une Assemblée dans laquelle il ne dispose pas de majorité et qui lui est donc hostile.

 

            Il doit en être d’autant plus ainsi dans notre pays qu’aux termes de l’article 41 de la Constitution, « après la nomination du Gouvernement, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, se présente dans un délai maximum de soixante (60) jours devant l’Assemblée Nationale et expose son programme de politique générale - - - A cette occasion, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, doit demander un vote de confiance à l’Assemblée Nationale - - - La confiance lui est accordée ou refusée à la majorité absolue des membres qui composent l’Assemblée Nationale - - - ». Le non respect du délai de 60 jours entraîne l’application de l’article 40 ci-dessous.

 

            Aux termes de l’article 40 de la Constitution, « Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, est responsable devant le Président de la République et devant l’Assemblée Nationale ».

 

            « Il peut être mis fin, à tout moment, aux fonctions du Premier Ministre par le Président de la République ou à la suite d’une motion de censure adoptée à la majorité absolue des membres composant l’Assemblée Nationale ».

 

            Le refus de la confiance a les mêmes effets que la motion de censure, en ce sens qu’il entraîne la démission du Premier Ministre et subséquemment, celle de son Gouvernement. La seule différence consiste en ce que la question de confiance émane du Premier Ministre, alors que la motion de censure émane de l’Assemblée Nationale.

 

            Or, l’Accord politique de Libreville dispose ce qui suit :

 

Article 1er : Le Président de la République demeure en fonction. Il ne peut se présenter pour un autre mandat.

 

Article 2 : Il est institué un Gouvernement d’Union Nationale inclusif d’une durée de 12 mois éventuellement renouvelable.

 

Article 3 : Le Gouvernement ne peut être révoqué par le Président de la République pendant la durée de la transition.

 

Article 4 : Le Gouvernement d’Union Nationale est dirigé par un Premier Ministre, Chef du Gouvernement, issu de l’opposition.

 

Article 5 : Le Premier Ministre ainsi que les autres membres du Gouvernement ne peuvent être candidats à la prochaine élection présidentielle.

 

            Il s’ensuit que :

 

            L’article 24 alinéa 2 de la Constitution est modifié en ce qu’il interdit au Président de la République, non seulement d’être candidat à un troisième mandat consécutif, mais aussi à tout autre mandat dans l’avenir. Ce n’est pas le cas du Premier Ministre et des membres du Gouvernement de Transition, à qui il n’est interdit de se présenter qu’ « à la prochaine élection présidentielle ». Le Président BOZIZE ne pourra donc pas se présenter à un troisième mandat présidentiel non consécutif comme ce fut le cas de feu l’ex-Président Ange Félix PATASSE

 

            Les articles 22 alinéa 5 et 40 sont modifiés en ce que, non seulement le Président de la République n’est pas libre de choisir son Premier Ministre, qui doit en outre être responsable devant lui et aux fonctions duquel il peut mettre fin quand bon lui semble, mais encore il est obligé de choisir ce Premier Ministre dans l’opposition, tout en perdant le pouvoir de mettre fin à ses fonctions pendant la transition.

 

            Le Premier Ministre n’est donc pas responsable devant le Président de la République, dès lors que celui-ci ne peut le révoquer.

 

            L’Accord de Libreville dispose que le Gouvernement d’Union Nationale est institué pour une durée de 12 mois éventuellement renouvelable, mais il faut comprendre qu’il s’agit d’une durée de 12 mois « forcément » renouvelable. En effet, étant donné que l’article 5 deuxième tiret de l’Accord confie au Gouvernement de transition la charge « d’organiser les élections législatives anticipées après la dissolution de l’Assemblée Nationale », si cette dissolution intervient au dernier jour du 12è mois ou peu avant, le Gouvernement de Transition restera nécessairement en place pour organiser les premier et deuxième tours des élections législatives, si entre temps le Président de la République s’est enfin décidé à procéder à l’installation de la Cour Constitutionnelle, laquelle est seule chargée de la proclamation des résultats des scrutins dont elle est également seule juge du contentieux.

 

            Le mandat de la précédente Cour Constitutionnelle a expiré depuis le 1er Septembre 2012. Toutes les entités ont élu leurs représentants, sauf le Président de la République et le Président de l’Assemblée Nationale. On peut néanmoins compter sur l’Honorable Aurélien ZINGAS pour venir éructer fielleusement que c’est un mensonge, comme il avait éructé que TIANGAYE (qu’il refuse d’appeler Monsieur le Premier Ministre) avait menti en révélant le 25 Janvier 2013 que toutes les entités lui avaient fait parvenir la liste de leurs « ministrables », à l’exception de la Majorité Présidentielle, qui ne l’avait pourtant fait que le lendemain 26 Janvier 2013.

 

            Espérons néanmoins que si le Président de la République ne peut révoquer les membres du Gouvernement de Transition, chaque entité puisse révoquer le membre du Gouvernement qu’il a fait nommer, si celui-ci se révèle incompétent, ou s’il est révélé contre un fait rédhibitoire, ou encore s’il est pénalement condamné.

 

De la modification de l’article 38 de la Constitution par le Président de la République

 

            Aux termes de l’article 38 de la Constitution, « Le Gouvernement comprend le Premier Ministre, Chef du Gouvernement et les Ministres ».

 

            Il s’ensuit qu’en « fabriquant » deux fonctions de Vice-Premier Ministre, le Président de la République s’est lui aussi placé en dehors de la Constitution qu’il a violée de ce fait même, pour paraphraser  Georges MARCHAIS qui, après avoir exclu Roger GARAUDY du Parti Communiste, avait déclaré que Roger GARAUDY s’était placé  lui-même en dehors du Parti.

 

            On pourrait envisager de saisir le Conseil d’Etat en annulation de la fabrication de ces deux fonctions mais, comme disait Françoise GIROUD, on ne tire pas sur une ambulance ! On pourrait ajouter, encore moins sur un corbillard !

 

            La fabrication de ces deux fonctions est due à la méfiance, laquelle a conduit à la création de Ministres Délégués auprès d’aucun Ministre plein, juste pour servir de taupes ou, pis encore, pour garder la main sur des pans entiers des Ministères dont les titulaires ne sont pas membres de la Majorité Présidentielle. Le saucissonnage du Ministère de l’Energie, des Mines et de l’Hydraulique participe de la même stratégie.

 

            La nomination de hauts responsables de l’Armée Nationale avant l’installation du Premier Vice – Premier Ministre chargé de la Défense Nationale, donc sans la mention « Sur proposition du Ministre de la Défense Nationale » comme par le passé participe également de la même stratégie.

 

            Certaines mauvaises langues vont jusqu’à soutenir que, s’agissant de Ministères comme celui de l’Energie, des Mines et de l’Hydraulique et celui du Développement Rural, la stratégie viserait à camoufler les détournements qui auraient été perpétrés par les anciens Ministres, parceque ceux-ci n’auraient pas été seuls à bénéficier de ces détournements.

 

            Pourtant, aux termes de l’article 10 de l’Accord politique de Libreville, « les parties au présent accord manifestent leur volonté commune d’œuvrer pour la réconciliation nationale », ce qui implique un minimum de confiance réciproque.

 

            On espère néanmoins que le Président de la République ne fera pas de la résistance comme le fit le Président François MITTERAND avec le Premier Ministre Jacques CHIRAC lors de leur cohabitation, en refusant de signer des projets d’ordonnances proposés par ce dernier. Le Président de la République sera d’autant moins enclin à faire blocage que nous sommes dans un Pouvoir de semi-cohabitation, et non de cohabitation intégrale, dans la mesure où le Gouvernement comporte aussi des Ministres issus de l’entité Majorité Présidentielle, quoique minoritaires aux côtés des Ministres issus des 4 autres entités.

 

            On espère qu’à la poste et aux télécommunications, l’intraitable Ministre Henri POUZERE obtiendra que soit publié l’audit réalisé à la diligence de son prédécesseur, le très compétent Abdou Karim MECKASSOUA, audit qui révèlerait que l’ancien Ministre Fidèle NGOUANDJIKA avait créé une société sangsue qui avait bu tout le sang de la SOCATEL, en prétendant lui venir en aide.

 

            On espère que le Ministre en charge des élections obtiendra que soit publié l’audit de la CEI (Commission électorale indépendante) que le Président de la République, qui l’avait pourtant commandé, aurait mis sous le coude, afin de camoufler des contrats de gré à gré portant sur des centaines de millions conclus par la CEI avec ses proches, voire ses très très proches.

 

            On espère que le Ministre de l’Economie et des Finances ainsi que le Ministre du Commerce centrafricaniseront effectivement l’économie Centrafricaine et mettront le hola au scandale que constitue la confiscation de tout le commerce de la capitale par une horde de centrafricains de façade et que, de son côté, leur collègue de l’Intérieur radiera les « Centrafricains » qui ne le sont que frauduleusement pour les besoins de leurs commerces frauduleux où n’est recrutée qu’une poignée d’employés sous-payés ne parlant que leur langue d’origine.

 

            S’agissant de l’Armée, nous avons de bons militaires de carrière qui ont été négligés et sous-équipés, au profit des bérets verts dont une bonne partie est constituée de civils déguisés en militaires. Le Ministre de la Défense devra mettre fin à cette situation, et non l’aggraver en incorporant d’autres civils déguisés en militaires provenant de la rébellion, à moins de les incorporer comme 2èmes classes à qui il faudra tout apprendre. Le pourra – t – il, lui qui est incapable de discipliner ses rebelles ?

 

            Quant à la Justice, pompeusement chargée de la moralisation, mais dont la déliquescence est de notoriété publique, est-il interdit d’espérer qu’elle puisse enfin s’atteler à la gigantesque et salvatrice tâche de moralisation, quoique ce soit pour la 3è fois qu’est nommée à cette fonction la même personnalité ?

 

            Enfin, on espère aussi que le Ministre GAZAM BETTY, ci-devant GAZAMBETI, nettoiera Radio Centrafrique des griots qui l’infestaient, et qu’il ouvrira les médias publics aux Partis politiques de l’opposition - - - s’il en reste.

 

Assemblée Nationale : De la chambre d’enregistrement de fait, à la chambre d’enregistrement de droit

 

            Si, aux termes de l’alinéa premier de l’Accord politique de Libreville, « l’Assemblée Nationale est maintenue dans ses prérogatives jusqu’aux prochaines élections législatives anticipées », l’on est fondé à se demander quelles peuvent être ces prérogatives, dès lors qu’aux termes du deuxième alinéa, « Pour éviter le blocage de l’action gouvernementale, les projets de lois adoptés par le Gouvernement doivent être votés en l’état par l’Assemblée Nationale. Il s’agit notamment des projets de lois relatifs à la loi de finances, au code électoral, et à la réorganisation des forces de défense et de sécurité ».

 

            Le terme notamment signifie que la liste est énonciative, et non limitative.

 

            Ainsi, notre Assemblée Nationale qu’on taxait d’être une chambre d’enregistrement et dont on traitait les membres de « godillots », mais qui rejetait énergiquement ces termes qu’elle considérait comme infamants, peut à présent assumer fièrement et en toute légalité sa fonction de chambre d’enregistrement.

 

            Dès lors que les projets de lois adoptés par le Gouvernement devront être « votés » en l’état, sera – t – il néanmoins nécessaire de faire semblant d’en débattre, et de sanctionner les faux débats par de faux votes ?

 

            Il faut espérer que le Gouvernement de Transition ne s’en tiendra qu’à l’esprit de l’Accord politique de Libreville, et pas seulement à sa lettre, et qu’en conséquence il autorisera l’Assemblée Nationale à débattre de ses projets de lois, pour ne retenir que les amendements qu’il aura approuvés, comme c’est le cas pour les lois de finances, conformément à l’article 62 alinéa 7 de la Constitution ainsi libellé : « Si le Gouvernement le demande, l’Assemblée Nationale se prononce sur tout ou partie de la loi de Finances en ne retenant que les amendements acceptés par le Gouvernement ».

 

            Certains Députés, qui avaient été « élus » grâce à des hold – up électoraux dont ils ne se cachaient même pas, savent d’ores et déjà que pour eux, ce sera bientôt la fin des haricots.

 

            Compte tenu de la quasi absence de routes pour accéder aux populations de l’arrière pays, de la dispersion de ces populations dans la brousse, du non accès de la majorité d’entre elles à l’état civil, le temps court imparti au Gouvernement de Transition suffira – t – il pour organiser des élections fiables ? N’est – il pas souhaitable de prendre le temps qu’il faut et de faire comme en Côte d’Ivoire, où les Tribunaux ont tenu des audiences foraines (hors de leurs sièges) jusque dans les villages les plus reculés et ont doté chaque citoyen dépourvu d’acte de naissance d’un jugement supplétif d’acte de naissance, lui permettant d’obtenir une carte d’identité et une carte d’électeur ?

 

            Comme le disait feu le Président Félix HOUPHOUËT BOIGNY, « allons – y lentement parceque nous sommes pressés ».

 

            Etant donné que l’article 6 de l’Accord politique de Libreville dispose que « l’Assemblée Nationale est maintenue dans ses prérogatives jusqu’aux prochaines élections législatives anticipées », sans précision de durée, à quelle date lesdites élections devront – elles être organisées ? Etant donné que ces élections doivent être organisées par le Gouvernement d’Union Nationale qui a une durée de 12 mois « éventuellement renouvelable », on peut penser que le Gouvernement de Transition ne se fera pas hara – kiri en organisant les élections législatives anticipées avant l’expiration du délai de 12 mois.

 

            En effet, la mise en place de la nouvelle Assemblée Nationale constituera ipso facto l’acte de décès du Gouvernement de Transition. Le Président de la République et le Premier Ministre s’entendront – ils pour arrêter consensuellement les dates de dissolution de l’Assemblée Nationale et d’organisation des élections anticipées et qu’en résultera – t – il en ce qui concerne la nouvelle gestion des Pouvoirs de l’Etat ? Mystère et boule de suif.

 

            Sans être devin, on peut prédire que, selon le camp qui sera victorieux, l’un des deux ex-protagonistes, le Président de la République ou le Premier Ministre, qui ne peuvent se présenter à l’élection présidentielle de 2016, sera Président de l’Assemblée Nationale. Seul l’avenir confirmera ou infirmera cette analyse quelque peu présomptueuse.

 

            Assisterons – nous alors enfin à une situation ou la Majorité gouverne et l’opposition se contente de jouer son rôle d’aiguillon ainsi que de lutte pacifique pour une alternance démocratique ? Il faut l’espérer.

 

*

            La situation étant particulièrement désastreuse, notamment avec les éléments de SELEKA qui, déconnectés de leurs chefs et livrés à eux-mêmes sur le terrain, continuent à commettre des exactions de toutes sortes, y compris contre des Eglises, des hôpitaux et des écoles, occupent de nouvelles villes dont la dernière est MOBAYE, ma chère ville natale, le Président de la République, le Premier Ministre et le Gouvernement ont l’impérieux devoir d’unir leurs forces dans la sincérité et la confiance en vue de la paix, de la sécurité et du développement auto - centré.

 

            Bon vent !

Maître ZARAMBAUD Assingambi

Bangui, le 12 Février 2013

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 18:07

 

 

 

 

 

 

http://www.slateafrique.com   12/02/2013


En démissionnant, le pape Benoît XVI donne un bel exemple aux dirigeants usés qui refusent pourtant de quitter le pouvoir.

 

A bout de forces, le pape Benoît XVI a donc décidé de passer la main. La presse africaine accepte la démission du souverain pontife et tire son chapeau à celui qui n’avait jamais caché son intention de partir au moment voulu.


Et la presse du continent de s’intéresser à l’avenir, avec une questionne qui taraude les esprits: le prochain évêque de Rome sera-t-il un Africain?


Ainsi, Abidjan.net se demande si l'Eglise catholique est prête à désigner un noir à sa tête. Après y avoir vraiment cru, l'Afrique s'était fait voler la vedette lors l'élection de Jean-Paul II, en 1978.


«La mobilisation pour un pape noir reprend»,s'exclame donc Abidjan.net, pour qui le grand favori semble bien le cardinal ghanéen Peter Turkson Appiah.


De fait, les grands titres du Ghana multiplient les portraits de celui dont ils espèrent qu'il succédera à Benoît XVI. Un humaniste, respecté, doué pour les langues… bref, un candidat qui fait la fierté du pays.


Et les espoirs sont grands. Le portail Modern Ghana rappelle d'ailleurs une phrase attribuée au cardinal et qui résonne aujourd'hui pour beaucoup comme une prémonition:


«Si Dieu souhaite voir un homme noir devenir pape, alors gloire à Dieu!» 

 

Le défi de l'unité


Au Nigeria, d'où est originaire un autre cardinal pressenti au poste, on est plus circonspect. La presse du pays s’interroge notamment sur les risques que la décision fait prendre à l'Eglise catholique. Celle-ci restera-t-elle unie?


«Un pape mortel», titre de façon dramatique The Vanguard. Le grand quotidien de Lagos salue le courage du pape, mais souligne aussi la dimension toute révolutionnaire de son acte. Avec cette décision, le pape «entraîne l’Eglise dans de nouvelles traditions» et «signe un nouveau chapitre de l’Eglise romaine».

  

The Vanguard émet également quelques réserves. Dans une autre tribune, le quotidien nigérian se soucie des tensions que la retraite anticipée pourrait entraîner, un souverain qui n’a jamais véritablement montré de velléité à siéger au poste «suprême» avant sa nomination.


L'Eglise catholique sera-t-elle capable d’apparaître soudée avec «deux papes vivants» se demande encore la presse nigériane. La question sera d’autant plus brûlante si le pape est remplacé par un progressiste prêt à s’attaquer à des thèmes qui font débat, tels que l’ordination des femmes.


Au Rwanda, l’annonce est l’occasion de revenir sur les liens privilégiés qui unissent le pape à ce pays d’Afrique de la région des Grands Lacs.


«Puisque son corps s’affaiblit, le pape ne pouvait plus se rendre au Rwanda, mais il prend régulièrement des nouvelles du pays, et se soucie du processus de réconciliation», témoigne ainsi pour le quotidien rwandais New Times Smaragde Mbonyintege, porte-parole de l’Eglise catholique rwandaise.


L'appel à la sagesse


Vue du Rwanda, la démission du pape ne provoquera pas de discordes. Toujours selon le porte-parole de l’Eglise catholique, «cette décision ne doit pas causer de souci aux chrétiens. Au contraire, en la prenant, Benoît XVI laisse derrière lui une contribution importante».


Et le quotidien de se souvenir des paroles du pape en kinyarwanda, une des langues nationales, à l’occasion de ses vœux de Noël aux Rwandais.


La Guinée, moins sentimentale, salue la portée presque politique du geste de Benoît XVI.


Pour le site d'information guineeconakry.info, le pape devrait provoquer l’admiration des «masses laborieuses» africaines. C'est en effet une décision presque historique qui vient d'être prise, et que les «Abdoulaye Wade» du continent, happés par le goût du pouvoir, devraient méditer:


«Pour les populations du continent, la décision de Benoît XVI est, en quelque sorte, aussi un appel à “effet collatéral” à la sagesse, lancé à tous les dirigeants qui, malgré le poids de l’âge et une santé qu’on sait défaillante, refusent d’abdiquer. Au détriment de la prospérité de leur pays et de leurs compatriotes.»


Tous ces débats sur les «candidats» africains à la succession du pape sont vains, pour le site guinéen. Car les trois cardinaux africains en lice ont beau posséder les qualités nécessaires à un bon pape, ils ont un défaut de taille: être africains!


«Naturellement, l’Eglise n’étant pas forcément à l’abri de certains préjugés anthropologiques, très peu d’Africains croient pour le moment, qu’un des leurs puisse succéder au pape Benoît XVI, le 28 février prochain», ironise-t-il.


L’annonce de Benoît XVI a provoqué des réactions similaires au Cameroun, où le portail cameroon-info nargue Paul Biya, président du pays depuis plus de trente ans, un homme qui «n’a pour seul souci que de mourir au pouvoir».


«De par sa manière de servir et de gérer les hommes, le pape Benoît XVI vient de faire preuve de deux vertus évangéliques: l’humilité et la franchise», analyse le site qui, comme beaucoup de titres africains, voit dans le geste du pape un modèle d'exemplarité.

 

Lou Garçon

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 02:59

 

 

 

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Pour espérer voir la RCA aller de l’avant c’est-à-dire aspirer à de lendemains meilleurs, nous devons sérieusement faire un état des lieux de notre pays, notre autocritique en posant un regard très lucide et sans complaisance sur l’état de notre société et les comportements qui ont cours de tout temps.


Car, si les actes d’anti valeurs existaient de façon marginale, ils sont, aujourd’hui, monnaie courante et par conséquent doivent être bannis de l’espace public. Sans quoi, notre pays sera longtemps condamné à tenir la queue de peloton dans le concert des nations marqué par une mondialisation et une globalisation implacables. Ce qui serait d’autant plus préjudiciable au destin de notre pays qu’ils sont de nature à compromettre gravement l’avenir des jeunes générations et des générations futures.


L’on doit impérativement se préoccuper de laisser à nos jeunes un pays viable où il fait réellement bon vivre au plan des mœurs politiques, économiques et sociaux. Rien ne serait plus répréhensible que de léguer une société où prévaudrait le règne de l’impunité et de l’arbitraire.


Dans cette optique, l’Etat doit, en permanence, s’ériger en une sorte de Vigie pour insuffler et promouvoir les valeurs cardinales de probité, de méritocratie, de défense des droits de l’homme et de stricte observation de la loi.

 

Mon diagnostic et mon analyse résultent de ce que malheureusement, aujourd’hui, la corruption et subsidiairement la fraude (1), le crime organisé (2), la remise en cause ou la tentative de remise en cause de l’ordre établi (3), l’emprisonnement arbitraire (4) sont érigés en mode de gouvernance. Et donc, n’émeut quasiment plus personne.

 

  1. Sur la corruption

 

       Afin de lutter efficacement contre la corruption ; à savoir les deux visages et deux modalités de la corruption (j’entends la corruption active et la corruption passive), cette hydre des temps modernes, qui fait florès sous nos cieux, j’avais déjà préconisé dans le texte-projet de société - destiné à juguler le marasme politique, économique et social de notre pays - que j’avais rédigé surtout à l’intention de nos pouvoirs publics de prévoir la mise en place de deux structures distinctes en charge de la question.


D’un côté, une structure constituée sous forme d’une Autorité administrative indépendante (AAI) aux moyens matériels et humains adéquats et chargée de réduire sensiblement le crime de corruption. De l’autre, et toujours au nom de l’impératif et de l’objectif tolérance zéro corruption et zéro fraude, je préconisais la création d’une Cour de répression des crimes économiques et financiers (CRCEF) pour juger et prononcer des sanctions contre les auteurs, coauteurs et complices de cette incrimination pénale.


Force est de reconnaître que nos administrations et notre système judiciaire - loin d’être épargnés par le fléau - sont gangrénés par le phénomène de la corruption.


La corruption étend ses tentacules à tous les niveaux de l’espace public.


En RCA, tout s’achète oupeut s’acheter moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.


Le service public censé être rendu gratuitement aux usagers est souvent payé. Il suffit de soudoyer pour obtenir une décision de justice à son avantage.


Il faut savoir que ce fléau fait perdre chaque année, des milliards de francs CFA, à nos finances publiques. Ce qui vient amoindrir d’autant la part déjà maigres de nos recettes publiques.


La corruption tue et annihile l’esprit d’entreprise et décourage l’introduction de l’investissement en RCA et notamment l’investissement en provenance des partenaires extérieurs. Elle est l’une des principales causes du chômage endémique dans notre pays.


C’est pourquoi, elle doit être impérativement éradiquée. En effet, c’est l’une des conditionnalités fixées par les bailleurs de fonds (FMI, Banque mondiale, BAD, Union européenne etc..) pour que le pays puisse bénéficier de leurs financements et des concours extérieurs.


La jurisprudence dite Balladur devenue, par la suite, doctrine Balladur-Jospin qui imposait aux pays demandeurs d’aide budgétaire de souscrire préalablement une convention avec les bailleurs de fonds multilatéraux pour prétendre bénéficier de l’aide financière dans le cadre de la coopération bilatérale notamment avec la France, notre partenaire historique, est aussi passée par là.


En conséquence de tout ce qui précède, j’invite instamment le nouveau gouvernement à s’atteler résolument à ce combat de lutte sans merci contre la corruption, condition sine qua non de notre développement et de notre crédibilité. Et, subséquemment, condition pour stopper l’hémorragie injustifiée de nos finances publiques. Cette hémorragie financière empêche, évidemment, l’Etat de mettre en œuvre ses programmes sociaux dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des infrastructures.

 

  1. Sur le crime organisé

 

En raison particulièrement des nombreux soubresauts qui ont secoué  notre pays, ces dernières années, des pans entiers de nos territoires sont devenus des lieux d’insécurité et des zones non droit mettant à mal la vie de nos paisibles populations.


Nos populations sont quotidiennement harcelées, mises en coupe réglée par des bandits de grands chemins et des délinquants sans foi ni loi.


Plus grave encore, la tentative de mise à mort d’autrui en se faisant parfois justice soi-même ne doit être tolérée sous aucun prétexte. Car, la vie humaine n’a pas de prix.


Si cette situation d’insécurité permanente est dommageable au climat d’apaisement de notre société, elle contribue profondément à dégrader et affaiblir le climat des affaires. Un tel contexte est de nature à décourager tout projet d’entreprise.


En contrepartie des sujétions auxquelles nos populations sont soumises, celles-ci sont en droit d’attendre de nos pouvoirs publics un environnement de sureté.


Afin de combattre le banditisme et le crime organisé, sous toutes leurs formes, sur l’ensemble de notre territoire national, j’avais opportunément suggérais la mise sur pied d’une véritable Brigade anti criminalité (BAC) dotée de moyens matériels et humains adéquats ainsi que d’un système judiciaire performant afin de répondre efficacement au défi de l’insécurité. L’impératif de sécurité est au premier rang des droits de l’homme.


L’autorité de l’Etat ne saurait être continûment bafouée.


Les criminels doivent être mis hors d’état de nuire. A l’égard des malfrats, la loi doit être exercée dans toute sa rigueur. La maxime latine ci-après nous enseigne que « Dura lex sed lex  ». En d’autres termes « la loi est dure mais c’est la loi » dit-on.

 

  1. De la remise en cause ou de la tentative de remise en cause de l’ordre établi

 

Souvenons-nous que Barack Obama, lors de son premier séjour sur le continent noir (Ghana) en tant que Président nouvellement élu des Etats-Unis, avait lancé à l’adresse des Africains que « l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non pas d’hommes forts ».


Cette phrase empreinte de sagesse et qui sonne comme une admonestation suggère le mode démocratique de dévolution et de l’exercice du pouvoir en Afrique.


Retenons que le choix du Ghana par Barack Obama ne s’est pas fait par hasard mais s’expliquait davantage par la mise en œuvre réussie de la politique de bonne gouvernance politique et économique dans ce pays frère. Nous pouvons donc, sans complexe, nous inspirer du modèle ghanéen pour amorcer la pente ascendante.


En Centrafrique, on doit apprendre à respecter la loi et singulièrement la loi fondamentale (Constitution) et les textes connexes.


Il est important de souligner ici que, chez nous comme d’ailleurs dans beaucoup d’autres pays africains, la plupart des chefs d’Etat sont arrivés au pouvoir par effraction c’est-à-dire par des voies non constitutionnelles même si certains pronunciamiento ont été qualifiés parfois pompeusement de coup d’Etat démocratique, salutaire ou salvateur notamment en raison de la pratique néfaste et partant de la nature devenue illégitime du pouvoir qui vient d’être évincé. Haro donc sur la pratique non constitutionnelle du pouvoir.


La Constitution, loi fondamentale de notre pays, doit être impérativement respectée. C’est pourquoi, toute tentative de tripatouillage de celle-ci doit être évitée sous peine de mettre en péril l’équilibre du pays et la paix civile.


Il est regrettable de relever qu’en 2013, les vieux démons n’ont pas totalement disparu. Les velléités restent encore vivaces de part et d’autre. De la part des tenants du pouvoir qui veulent coûte que coûte y demeurer ad vitam aeternam et des potentiels prétendants au fauteuil qui aspirent à y arriver et à s’y maintenir  durablement.


Nous devons privilégier le mode constitutionnel d’accession au pouvoir. Sans quoi, c’est la porte ouverte à l’aventure et au dommageable saut dans l’inconnue.


Nous devons inscrire notre destin dans la modernité c’est-à-dire dans le processus inversible de démocratisation pour mériter la respectabilité et la confiance de nos partenaires.


Cela passe par le respect de nos engagements internationaux. Cela commence aussi par la primauté accordée au caractère sacral de la parole donnée.


Toute tentative de remise en cause de l’ordre établi sera d’autant plus condamnable et condamnée que la Constitution est élaborée de façon consensuelle. Et donc, respectée dans sa lettre et dans son esprit.

C’est -à-dire que les joutes électorales seront organisées à terme échu et selon le chronogramme républicain.

 

  1. De l’emprisonnement arbitraire

 

L’Etat doit respecter la loi élaborée et adoptée à son instigation en évitant autant que faire se peut de recourir à l’emprisonnement ou à la détention arbitraires. Le mode carcéral doit cesser d’être la règle pour ne devenir que l’exception.


J’estime, pour ma part, que les droits de l’homme et les libertés fondamentales ne sont pas négociables.


L’on ne transige pas avec les droits et les libertés humains sauf si la culpabilité de l’auteur d’une l’infraction pénale est judiciairement établie ou démontrée et sous l’empire d’une procédure débarrassée de  toute organisation d’une parodie de justice. Attention aux peines commandées c’est-à-dire aux peines prononcées, en réalité, sous la dictée d’une autorité politique au détriment de la règle de la séparation des pouvoirs.


L’Etat ne peut et ne doit s’exonérer de toute responsabilité en commettant lui-même l’arbitraire. La RCA doit construire un véritable Etat de droit.


Ainsi, j’invite les pouvoirs publics à désengorger, sans tarder, nos prisons et autres lieux de détention non conventionnels (lieux de détention secret) c’est-à-dire ne répondant pas aux standards internationaux en matière de régime carcéral en procédant à l’élargissement des prisonniers détenus arbitrairement ou coupables de délits d’opinion.


     Je saisis cette opportunité pour demander aux pouvoirs publics d’étudier la suppression pure et simple et la fermeture de ces lieux de détention.

 

Pendant que ces détenus croupissent en prison, les délinquants en col blanc ont, quant à eux, de beaux jours devant eux et ont parfois même pignon sur rue en narguant la population démunie dans son écrasante majorité et à laquelle a été extorquée ces biens pompeusement et scandaleusement exhibés comme un trophée. N’oublions pas que nous sommes dans un pays où plus de 60% de la population tire le diable par la queue, vivant en dessous du seuil de pauvreté c’est-à-dire avec moins de un (1) dollar par jour (moins de 550F CFA). L’enrichissement sans cause doit être sévèrement puni.


Je suis souvent au regret de constater que l’on met un point d’honneur à faire l’apologie et même la promotion de façon éhontée et cynique de cette engeance, coupables pourtant de concussion et de prévarication. La vue du moment de leur fortune insolente suffit à enivrer leurs prétendus laudateurs. Prosaïquement et trivialement appelés« doungourous » ou courtisans dans notre pays.


Les mentalités doivent être changées en Centrafrique. Ainsi, on assiste, aujourd’hui, à ce que j’appellerais une inversion des valeurs. Au préjudice des valeurs nobles que sont la culture de la méritocratie, de l’effort, du travail, du patriotisme, du civisme, de la paix. 

 

Si l’Etat centrafricain veut rendre le pays attractif, par conséquent, favorable au développement et ouvert à l’implantation de richesse et aux investisseurs, il doit s’efforcer de combattre sans merci la culture de l’impunité et de la violation de la loi, l’une des plaies de notre société.

 

Vive la paix en RCA pour que vive et prospère la République

 

 

 

                                                                                                Wilfried Willy ROOSALEM

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 02:35

 

 

 

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Alain Tolmo-copie-2

Procureur Alain TOLMO

 

 

 

 

JUSTICE A QUATRE VITESSES


« Il est temps que le corps judiciaire, dans sa mission, fasse renaitre confiance avec sa population. Une des voies pour l’avancée de l’Etat de Droit », dixit François Bozizé (20 avril 2012)


L’administration centrafricaine dans son entièreté est pourrie. Comme dans toute situation de pourriture il y a plus pourri, en RCA le ministère de la Justice est l’élément le plus pourri. Sa pétrification se sent à des kilomètres à la ronde. L’impunité a transformé la corruption en arnaque. On délivre à tour de bras des mandats d’amener et de dépôt provisoires dans le seul et unique but d’extorquer de l’argent aux appréhendés. Tolmo, Legandet et compagnie ont instauré une justice à quatre vitesses : la justice brute et barbare pour les pauvres et sans voix, la justice complaisante pour les amis et connaissances, la justice lucrative et onéreuse pour les nantis et enfin la justice ni vu ni entendu c’est-à-dire la justice au-dessus des lois pour les dignitaires du pouvoir et leurs ayants droit. Tout se passait dans l’indifférence totale et de l’Assemblée nationale monocolore et des Gouvernements Touadéra I, II et III. Les partis politiques non plus n’étaient audibles sur le sujet. Ce n’est en tout cas pas le MLPC dont le délai de garde à vue de son Vice-président dans une affaire purement pénale a été scrupuleusement respecté qui dénoncerait cette justice qui n’est pas celle que représente Thémis.


Réunis en conférences débats organisés par la Commission Episcopale Justice et Paix de Centrafrique, le clergé catholique centrafricain a manqué le rendez-vous avec l’Homme de la rue, Socrate NGARO.  Les évêques de Centrafrique ont en effet manqué une occasion en or de répondre à la question de l’Homme de la rue Socrate NGARO: Caïn où est ton frère Abel?


Est-ce dire que les évêques de Centrafrique ne voient pas cette descente implacable, inexorable et vertigineuse du peuple centrafricain dans un abîme de malheurs? Non! Comme toutes les organisations dites pompeusement de défense des droits humains en Centrafrique, les évêques sont tétanisés par la boziziecratie. Même les représentants de l’UE et du BINUCA à Bangui sont tétanisés. Souvenez-vous du retournement de veste de l’Éthiopienne Sahle-Work Zewde. J’ai été longtemps enfant de cœur. J’ai servi La messe pendant plusieurs années sous Mgr. Joachim NDAYEN. Je suis nostalgique de ces années-là car aujourd’hui le clergé catholique centrafricain a perdu de son lustre!


Il est de bonne guerre d’être en croisade pour les droits des prisonniers. Les gardiens et régisseurs de maison d’arrêt doivent être vigoureusement voire brutalement rappelés à l’ordre. Aujourd’hui en Centrafrique de Bozizé, un appréhendé est une véritable vache à lait  pour les secrétaires, greffiers, gardiens de prisons, régisseurs et le procureur de la République. J’ai vu de mes yeux, vu Aaron, un soldat en service devant la prison de Bimbo, arracher de l’argent attaché au bout de pagne d’une maman venue voir sa fille embastillée à Bimbo. Informée, la prisonnière supplie Aaron de restituer à sa maman la somme de 300 FCFA prévue pour payer le taxi retour. Aaron suggère que la dame, dans la soixantaine, rentre chez elle à pieds. Il s’en est suivi une bastonnade en règle de la prisonnière sous les yeux indifférents de Passi Ngaka Roger, le régisseur de la maison carcérale de Bimbo. Cet énergumène de Passi Ngaka, diagnostiqué VIH positif, trouve en les prisonnières copines et source d’enrichissement. 50.000 FCFA pour une fin de semaine chez soi; 200.000 FCFA pour un mois et une faveur sexuelle pour une attente chez soi jusqu’au procès. Tout ceci est su des organisations de défense des droits humains et des soi-disant avocats de ces détenues. Ceci étant dit, on ne peut dissocier les droits des prisonniers de la machine à fabriquer les prisonniers c’est-à-dire la facilité, la légèreté et l’aisance avec lesquelles l’on fait, du jour au lendemain,  des honnêtes citoyens sans problème des prisonniers sans droit ni considération.


Affaire SONATU: la montagne a accouché d’une sourie!


Les affaires SONATU et RAYAN sont à mon avis des dossiers d’anthologie en matière de séquestration, détention arbitraire et d’extorsion sans scrupule des sans voix par des brillants diplômés de l’École de Magistrature de Seydou (Bangui). On les appelle sans fou-rire des magistrats. Qu’ils ne me comptent pas parmi ceux qui leur accordent un quelconque égard! Dans l’affaire de l’incendie du super marché RAYAN du Libanais Ali El Akhras alias La Crasse, Me Zarambaud Assingambi a adressé à la Cour de cassation, dans son audience du 7 août 2012, un excellent mémoire en défense qui a mis à nue la méchanceté et la conception moyenâgeuse de la justice du président Bozizé et ses obligés Firmin Findiro et Alain Tolmo qui ont dicté le scandaleux verdict de la Cour de cassation de Bangui. Pour ce qui est de l’autre pièce d’anthologie, l’affaire SONATU, on nous a promis des révélations explosives qui se sont avéré n’être qu’un pétard mouillé. L’innocence des 14 employés qui croupissent dans les prisons de Ngaragba et Bimbo depuis bientôt un an maintenant est aveuglante. Ils y sont encore par la seule et l’unique volonté d’un certain Alain Tolmo soi-disant procureur de la République qui attend de ces innocents de versement entre 500.000  FCFA et 1.000.000 FCFA pour soit attendre leur procès dans le confort de leur foyer soit être retiré de la liste des appréhendés. Alain Tolmo est tombé pieds joints dans le piège que le quatuor que je forme avec trois autres parents des appréhendés lui a tendu pas plus tard que le mois dernier au plus fort moment des tractions post-Libreville. Nous avons envoyé un ami arabe Tchadien muni d’un microphone pour discuter avec Tolmo le dossier SONATU. Les montants d’argent ci-haut mentionnés sont enregistrés.


Dans l’enregistrement on entend clairement Alain Tolmo dire que le dossier SONATU est politique. Il a fait le nécessaire et soumis son parapheur à la signature du président Bozizé depuis septembre 2012. C’est donc au niveau de Bozizé que tout est bloqué. Paradoxalement notre très intègre et brillant procureur de son État serait prêt à relaxer nos parents si nous lui versons 500.000 FCFA par accusé. Il parle d’accusés, pas d’appréhendés. Allez-y comprendre ce que vous pouvez comprendre!


De Findiro à Mbosso


C’est bonnet blanc et blanc bonnet ou mieux encore Dupont et Dupond. L’espoir d’un nettoyage en règle au ministère de la Justice et de la Moralisation qu’a suscité la nomination de Jacques Mbosso à la tête de ce département a très vite fait place à un très fort désenchantement. Cela fait presque 6 mois (17 août 2012 – 11 février 2013) que le tandem Mbosso-Féïganazoui est en place. Rien n’a encore changé dans la toile de corruption tissée par l’araignée Firmin Findiro. Le même Légandet est toujours doyen des juges; le même Tolmo est toujours procureur de la République. Mieux encore, selon les confidences d’Alain Tolmo lui-même, l’arrêté ministériel de sa nomination (par Firmin Findiro) à la Cour de justice de la CEMAC à Ndjamena est maintenu. Il prépare donc une éminente passation de service probablement entre lui Tolmo et le doyen des juges Sieur Legandet. Tout se passe comme si la RCA souffrirait d’un manque criant de magistrats compétents et dignes de ce nom. Et pourtant on en a encore!

 

Bozizé, le nom magique!


Bozizé, un nom qui vaut à lui seul une décision de justice. Au nom de Bozizé un certain Dazoumi Yalo privatise l’OCRB et fait ses lois. Au nom de Bozizé un certain Alain Tolmo embastille illégalement des honnêtes citoyens sans problème. Au nom de Bozizé un certain Ianarelli fait ses lois. Au nom de Bozizé un certain Henri Bolanga asservi dans leur propre pays ses employés domestiques. Au nom de Bozizé les Libanais et arabes vivant en Centrafrique s’approprient le patrimoine national. Au nom de Bozizé sa nombreuse progéniture jouit des prérogatives et privilèges des princes dans une République. Au nom de Bozizé chaque membre de sa nombreuse famille dispose de sa propre prison. Au nom de Bozizé un certain Pierre Chrysostome Sambia transforme la SONATU en une entreprise familiale où ne bossent que ses copines gendarmettes et autres proches.

 

Ce brave gendarme avait pour mission le redressement de la situation financière de la SONATU. Il est de notoriété publique que pendant leur garde à vue de 768 heures les 14 sans voix de cette SONATU effectuaient des travaux forcés qui ne portaient pas leur nom. Au moment de leur transfert dans les prisons de Ngaragba et Bimbo ils avaient laissé dans les coffres de la SONATU la coquette somme de 24 millions de FCFA; recette  réalisée par l’équipe dirigée par la Directrice Commerciale en 2 semaines de gestion rigoureuse. Onze mois plus tard, la SONATU n’existe quasiment plus. On sort 3 ou 4 autobus pour chercher le kobé ti lasso. M. Sambia se cache derrière les relations amoureuses dont est né un enfant entre sa cousine, une certaine Agnès et le président Bozizé pour refuser d’informer régulièrement sur le redressement de la SONATU. Même le contrôleur d’État ne peut lui demander des comptes. Il est le beau-frère de Bozizé après tout.


Vous, constitutionnalistes de Centrafrique, dites-moi en vertu de qui et de quoi un délinquant de l’acabit de François Joseph Bozizé envoie-t-il à tour de bras des gens en geôles? Vous, juristes de Centrafrique, dites-moi en vertu de quel arrêté, de quel article, de quel alinéa le procureur de la République ne peut-il libérer ces prisonniers illégaux? Vous, députés de Centrafrique, dites-moi à quoi vous servez si vous ne pouvez légiférer? Vous, maires de Centrafrique, dites-moi à quoi vous servez si vous ne pouvez construire, embellir et entretenir votre ville? Vous, généraux de Centrafrique, dites-moi que valent vos étoiles si vous ne pouvez faire face à un groupe de 10 ou 15 bandits non-diplômés d’École de Guerre? Ah oui vous êtes bons seulement pour les grandes guerres comme celles du Golf!


Oui, vous ne pouvez rien faire. Bozizé arrête tout, décrète tout, ordonne tout, et légifère tout.  Quelle est donc votre ou plutôt notre raison d’être? Pourquoi concevoir des organigrammes? Pourquoi percevons-nous des émoluments? Il est temps que ces valables fils du pays jusqu’ici muets se manifestent sinon avec le tripatouillage de la Constitution en perspective, on constatera comme Louis Bourdaloue qu’un abîme attire un autre abîme car il ne faut pas se leurrer, Bozizé sera bel et bien candidat en 2016 même s’il faut pour cela mettre dans les rues tous les désœuvrés de Centrafrique pour réclamer la candidature de Bozizé.

 

Centrafrique, mi béni mi maudit


Voilà un pays au sous-sol immensément riche qui se contente d’une place en queue de peloton de l’indice de développement humain. Le diamant est exploité par des étrangers qui cadeautent quelques brebis galeuses pour tourner en véritable esclaves les Centrafricains creuseurs des puits de diamant. C’est le cas notamment de Jean-Eudes Teya rémunéré à hauteur de 5.000.000 FCFA par mois plus avantages sociaux pour représenter BADICA à Anvers en Belgique. Derrière le bouclier Teya, le propriétaire de BADICA et sa famille s’approprient la moitié du patrimoine national, accumulent hôtels privés en France et en Belgique, de luxueuses maisons au Canada et aux États-Unis. Le creuseur de puits de diamant, lui, perçoit un salaire d’esclave de 10.000 FCFA à 15.000 FCFA par mois. Le commerce est une affaire 100% libanaise exonérée de toute taxe. Plus arrogant que les Libanais de Bangui, tu meurs! Ils se targuent, j’allais dire à haute voix, d’avoir tous les ministres dans leurs poches. De deux choses l’une, soit elles sont grandes ces poches de Libanais, soit nos ministres sont trop petits. Pourquoi avoir donné à MOOV l’immeuble Air Afrique? Et ce n’est pas tout. La famille du proprio de Moov est dispensée des formalités de police à l’aéroport Bangui-Mpoko. Le minibus vert de la compagnie conduit la famille de la maison au tarmac pour tout vol en partance de Bangui. On appelle ces malfrats des opérateurs économiques. Bangui n’a décidément pas peur des mots!


Et pourtant le président Bozizé est pasteur. Ô pardon, évangéliste suprême. Le président de la Cour constitutionnelle est pasteur. Le secrétaire général du parti au pouvoir (pour ne pas dire parti unique) est pasteur. Le ministre de la Sécurité publique est pasteur. Le gbopeko (médiateur de la République) est un ancien archevêque. Le président de l’Assemblée nationale monocolore serait aussi un pasteur. Pourquoi aucun de tout ce beau monde ne répond à la question «Caïn où est ton frère Abel?» de l’Homme de la rue Socrate NGARO? Moins théologique et philosophique que l’Homme de la rue Socrate NGARO je dirais: Bozizé qu’as-tu fait de Centrafrique?

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Opinion