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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 01:19

 

 

Clotaire-Saulet.JPG

Par arrêté ministériel N° 038/MATD/DIR.CAB, Josué BINOUA, ministre de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation, avait invité les populations centrafricaines à observer trois journées de jeûne et de prières, le mardi 27 décembre 2011.

 

Au lendemain de la publication de cette décision gouvernementale, Joseph BENDOUNGA, président du MDREC, en invoquant des dispositions constitutionnelles, notamment les articles 8 et 18 qui garantissent la liberté de conscience, le libre exercice des cultes et le caractère laïc de l’État, lança un appel pour une désobéissance civique en demandant aux populations de vaquer normalement à leurs occupations pendant les trois derniers jours de l'année 2011, en publiant le communiqué N°08/MDREC/2011. Les réactions de l'homme de la rue furent mitigées.

Peut-on raisonnablement, en République centrafricaine, évoquer un certain crime de « lèselaïcité » pour une telle action initiée par l’Etat ? Les républicains sont-ils en droit, en pareille circonstance, de monter au créneau pour dénoncer une violation de la Constitution ?

 

Je n'ai nullement l'intention, à travers ce plaidoyer, de fustiger l'une ou l'autre de ces deux décisions. Par contre, je voudrais, à la lumière de ce que je pense être les réalités centrafricaines, participer à la définition de la « LAICITE CENTRAFRICAINE » telle nous devons la comprendre et la pratiquer pour que le peuple centrafricain soit « fier de son unité nationale, linguistique et de sa diversité ethnique, culturelle et religieuse qui contribuent à l'enrichissement de sa personnalité » et vive dans un état laïque, démocratique, un et indivisible. Je veux humblement, par patriotisme et avec réalisme, apporter ma contribution à la résolution de cette problématique.

 

I - QUELQUES REPERES HISTORIQUES

 

Depuis l'évangélisation de l'Oubangui, conduite par Mgr AUGOUARD qui, en février 1894 a fondé la mission Saint-Paul des Rapides à Bangui, puis la mission Sainte Famille de Ndjoukou en septembre de la même année, le Christianisme s'est implanté peu à peu, depuis les régions riveraines du fleuve Oubangui jusqu'à la partie septentrionale de l'Oubangui-Chari. L'implantation du Catholicisme, en raison de l'engagement de ce missionnaire, a été telle que les chapelles ont été édifiées avant la construction des bâtiments administratifs par les autorités coloniales. Cette évangélisation, tout en accompagnant la colonisation, n'a pas été exempte de déviance.

En effet, à l'époque coloniale, les missionnaires propagèrent un christianisme - je dis bien un christianisme ou mieux, un type de christianisme - qui avait contribué à asseoir l'hégémonie de la France et la puissance coloniale. C'est ainsi que, Mgr AUGOUARD, lors d'une conférence en 1890 à Poitiers, déclara :

« Notre apostolat s'exerce essentiellement auprès des enfants, par eux nous conquérons l’Oubangui pour la France et pour Dieu. »

 

Ce christianisme ou encore, ce catholicisme a été caractérisé par l'ethnocentrisme et la domination du Blanc et le clergé missionnaire avait fait montre, tant en Afrique Occidentale qu'en Afrique Équatoriale, de mépris et de rejet de la culture locale. Au point où le pape Benoît XV, le 6 janvier 1920, prit une instruction pour recadrer l'action missionnaire en ces termes :

« Les missionnaires veilleront à éviter d’introduire parmi les populations en cours d’évangélisation les lois et usages particuliers à leur patrie personnelle [...]. Ils auront grand soin au contraire qu’en tout et partout ce soit la discipline ecclésiastique telle qu’elle est en vigueur dans l’Église universelle qui soit introduite et fidèlement observée. Les missionnaires auront également souci de bannir toute idée de préparer la voie parmi les populations qui leur sont confiées à une pénétration politique de leur nation, afin de ne pas passer pour rechercher le bien de leur patrie terrestre, non celui de Jésus-Christ et du royaume céleste ».

 

Du côté des Protestants, le pasteur anglais GRENFELL avait, quant à lui, atteint la région de Bangui dès 1884, avant les expéditions françaises. Vers la fin des années 1920, les premiers pasteurs américains de la Baptist Mid-Mission, conduits par le pasteur HAAS, arrivèrent en terre oubanguienne. M et Mme ROSENAU s'installèrent à Sibut, M et Mme YOUNG à Kaga Bandoro et Mme Rowena BECKER à Bangassou. Les missionnaires protestants, il faut le souligner, furent les premiers promoteurs de notre langue Sango à travers la traduction du Nouveau Testament entre 1927 et 1937, puis un peu plus tard, celle de l'Ancien Testament. Et nos Albert WILLYBIRO PASSI et universitaires linguistes dont Marcel DIKI-KIDIRI sont en train de faire le titanesque travail de codification de cette langue nationale, devenue langue officielle au même titre que le français, suite à une proposition de loi du député Hubert SAULET-YAVRO, à l'époque du monopartisme multi - tendanciel du RDC du général André KOLINGBA. Ainsi, il n'est pas erroné de dire que les Protestants avaient précédé les Catholiques en Oubangui. A la fin des années 1940, les Protestants comptaient déjà 200 églises avec des pasteurs et évangélistes oubanguiens, alors que l’Église Catholique ne disposait que de 22 paroisses avec 64 prêtres dont deux oubanguiens.

L'action des missionnaires Protestants n'avait pas non plus été sans poser quelque problème, comme celle des missionnaires Catholiques. Ainsi par exemple, le pasteur Simon-Pierre BOYMANDJA SEREMANDJI (1874-1989), originaire de Kaga-Bandoro, fut amené le premier à dénoncer une attitude paternaliste de certains missionnaires occidentaux opposés à l'émergence des autochtones.

Toutefois, l'action missionnaire Chrétienne (Catholique et Protestante) a donné naissance aux premières écoles et centres de formations en Oubangui-Chari. Ces missionnaires dont certains sont médecins, vont accompagner leur action évangélique par la création des dispensaires et des hôpitaux...

Bien que le Territoire de l'Oubangui-Chari fut juridiquement né le 29 décembre 1903, l'administration coloniale avait attendu l'année1905 pour ouvrir la première école. Et ce n'était qu'une école du soir, destinée exclusivement aux employés des Européens ; car ils devaient savoir lire, écrire, compter pour bien servir leur maître. Alors que, entre 1894 et 1920, des centaines d'enfants oubanguiens étaient formés par les paroisses de Saint-Paul de Bangui et Sainte Famille de Ndjoukou.

 

C’est donc grâce au Christianisme que l'Oubangui-Chari va avoir ses premiers lettrés et ses premiers cadres, dont certains étaient techniquement compétents et politiquement conscients, à l'instar de Barthélemy BOGANDA, Fondateur de la République centrafricaine. Ce dernier fut, de surcroît, le premier prêtre oubanguien. Pierre KALCK dira de lui qu'il était le plus prestigieux et le plus compétent des hommes politiques équatoriaux.

La première partie de la vie du Fondateur de la République centrafricaine, recueilli d’abord par l’administrateur colonial MEYER, a été placée sous la protection et la direction des autorités religieuses qui l'ont encadré dès l'âge de huit ou neuf ans. Elles l'ont formé et conduit à la prêtrise et à l'apostolat. Son véritable mentor spirituel a été Mgr Jean-René CALLOC'H qui, pour lui, fut un modèle. A 36 ans, et avec le soutien de Mgr GRANDIN, vicaire apostolique de Bangui, BOGANDA va se lancer dans la bataille politique et créera plus tard le MESAN. Ecclésiastique luttant pour l'émancipation des Africain-e-s et bête noire des milieux coloniaux, Barthélemy BOGANDA n'a pas été non plus en odeur de sainteté au sein de la congrégation des Spiritains où il a connu la ségrégation raciale. Il finira par quitter l’Église catholique de l'Oubangui tout en gardant une foi inébranlable en Dieu. En réponse à Mgr CUCHEROUSSET qui a succédé à Mgr GRANDIN après la mort de ce dernier, et qui l'a suspendu de ses fonctions sacerdotales le 25 novembre 1949, BOGANDA écrivait :

« J'ai été suspendu par mesures politiques, racistes et arbitraires beaucoup plus que religieuses. Et vous avez ainsi fait le jeu du colonialisme et de la réaction dont nos missions ont toujours été, hélas, le plus ferme bastion...Si dans nos missions on ne m'avait pas exaspéré par des attitudes, des injustices, des injures dont '' sale cochon de nègre'' n'est qu'un exemple entre mille, je n'aurais peut-être jamais songé à vivre avec une française de la métropole pour contrarier mes confrères racistes et ils sont légion ».

 

Ce bref rappel historique de la vie de BOGANDA que nous revendiquons tous ou presque l'héritage, montre que la République centrafricaine, telle qu'il la voyait, ne pouvait et ne devait être qu'un espace de liberté, de démocratie, de paix, de prospérité et où la liberté de conscience et la liberté des cultes devaient être garanties. Victime du racisme et d'une « collusion missionnaires catholiques - colons », BOGANDA, en raison de sa volonté de '' sortir son pays et ses frères de la situation où ils se trouvaient '' ne pouvait pas faire en sorte que le Christianisme devienne un outil d'avilissement culturel ou de servilité.

 

Le cinquième paragraphe du Préambule de la Constitution du 5 décembre 2004 fait référence explicitement au Père fondateur de la République centrafricaine, Barthélemy BOGANDA dont la foi en Dieu avait amené, en 1959, peu avant le voyage sans retour de Berberati, à faire remarquer à l'un de ses mentors spirituels, le père FERAILLE, ce qui suit :

« Nous avons oublié, dans le texte de notre Constitution, de mettre notre pays sous la protection de Dieu. » Puis il ajoutait : « Mais cela va de soi. » (1) . BOGANDA parlait de la première Constitution de la République, celle du 9 février 1959.

 

L’abbé Benoît Basile SIANGO, dans son ouvrage sur Barthélemy BOGANDA, écrivait :

« N' eût été l'initiative providentielle du colonisateur et du missionnaire à la croisée de son chemin, l'histoire de BOGANDA fut passée inaperçue, comme celle de tant d'autres petits orphelins de son village dont les parents ont aussi fait les frais des exactions du colonialisme ». Le Territoire de l'Oubangui-Chari qui prit l'appellation de République centrafricaine en devenant État membre de la Communauté le 1er décembre 1958, eut donc une histoire intimement liée avec celle de la pénétration de la religion chrétienne et ce nouvel État était loin, très loin de pouvoir tendre vers une forme quelconque de théocratie. Tout en paraphrasant, à ma manière, l’abbé SIANGO, je dirai que le Centrafrique d'aujourd'hui, tout en se voulant laïc congénitalement, est irrigué par un breuvage vital qu’il a bu à la source du colonisateur et du missionnaire.

 

Qu'en est-il de l'Islam dans notre pays ? Selon l’abbé Richard FILAKOTA, l'Islam en

Centrafrique s'est longtemps montré discret du fait que l'espace socio-religieux était monopolisé par les confessions religieuses chrétiennes (Catholique et Protestante). Pour la première fois, cette religion est sortie de l'ombre suite à la conversion de Bokassa en 1976 au terme de sa rencontre avec le colonel Kadhafi. Aujourd'hui les données ont énormément changé suite à la montée en puissance de l'Arabie Saoudite, la révolution iranienne, la montée de l'islamisme dans le monde arabo-musulman... Les musulmans de Centrafrique représentent entre 15 à 17% et occupent une place non négligeable dans l'économie centrafricaine (élevage, commerce de gros et petit bétail, commerce de pierres précieuses et des produits de premières nécessités, import et export), dans la fonction publique, dans les représentations diplomatiques et dans les organismes internationaux tels que BONUCA, PNUD pour ne citer que ceux-là. Les Centrafricains convertis à l'islam ne représentent qu'une minorité (2 à 3%) de cette population musulmane à dominante tchadienne.

Depuis toujours, une paisible cohabitation existe entre les religions du pays que sont le Protestantisme, le Catholicisme, l'Islam et l'Animisme bien que le Christianisme (Catholicisme et Protestantisme) demeure la religion de la majorité des Centrafricains. Et j'affirme ici que notre « centrafricanité » consiste aussi en la préservation de cette paisible situation socio-religieuse qui ne doit tolérer ni accepter une quelconque forme d'intégrisme, comme nous le voyons avec la LRA de Joseph KONY avec ses tongo tongo qui écument le Mbomou et le Haut-Mbomou ou les adeptes de Boko Haram...

 

II - BOGANDA, PRECURSEUR DE LA THEOLOGIE DE LA LIBERATION ?

 

Comme nous l'avons dit précédemment, pour Barthélemy BOGANDA, le Christianisme n'est pas un outil d'avilissement culturel ou de servilité. Très jeune, il a pris la décision de devenir prêtre et voici ce qu'il raconte, lui-même :

« Le 24 décembre 1922, je devenais chrétien. J'avais douze ans. Etre chrétien signifiait pour moi s'émanciper des coutumes ancestrales, devenir frère de l'humanité. J'ai été tellement déçu depuis.

Le 25 décembre, après la première communion et la confirmation, je me présentai chez Mgr

CALLOC'H pour lui exprimer ma volonté de faire tout ce qui dépendait de moi, de me soumettre à toute sorte de discipline, pour pouvoir, un jour, sortir mon pays et mes frères de la situation où ils se trouvaient. Une seule porte pouvait m'être ouverte, rendant possible cet idéal : le sacerdoce.

Encore, j'en étais pas sûr, n'ayant jamais entendu dire qu'il existait des prêtres de ma couleur. Je me hasardai : '' Monseigneur, je veux travailler pour mon pays et mes frères''. Il connaissait déjà mes idées et mes dispositions. La réponse fut sèche : ''C'est dur et c'est très long.'' J'ai timidement répliqué : '' Je serai dur pour moi-même et je mettrai les bouchées doubles.'' Et je le fis ».

 

En exprimant sa déception d'une vision qui signifierait que le chrétien devait s'émanciper des coutumes ancestrales, Barthélemy BOGANDA rejoignait ainsi la congrégation de la Propagande, qui, en 1659, avait déjà publié l'instruction suivante à l'intention des missionnaires de l'époque :

« Ne mettez aucun zèle, n'avancez aucun argument pour convaincre ces peuples de changer leurs rites, leurs coutumes et leurs moeurs, à moins qu'ils ne soient évidemment contraires à la religion et à la morale. » BOGANDA voulait devenir prêtre pour aider son pays et libérer ses frères qui ployaient sous la servitude coloniale des sociétés concessionnaires et de l'administration dont la plupart des missionnaires catholiques étaient alliés. Plus tard, alors qu'il effectuait ses activités sacerdotales à Grimari, il réussira à mobiliser les fidèles de sa paroisse pour qu’ils se prennent en charge.

L’homme devant manger à la sueur de son front, des plantations de manioc, de bananes et autres, des ateliers de fabrication de meubles en rotin, grâce à une vision socio-économique de l’Église, virent le jour. Cette action, combinée à la SOCOULOLE, la Société Coopérative de l'Oubangui, Lobaye et Lessé, qu'il mit en place en 1948, et qui devait se préoccuper de l'alimentation, de l'habillement, du logement, des soins médicaux et de l'enseignement, démontrent clairement que l'action évangélique de BOGANDA est sous-tendue par une théologie qui convie les populations à prendre en compte leur contexte social immédiat et les conditions concrètes dans lesquelles elles vivent. Les termes de la lettre qu'il adressa à son évêque, éclaire davantage sa vision du Christianisme, car pour lui, l'action religieuse doit être inséparable de l'action sociale.

« A mon ordination sacerdotale, écrivait-il, je me suis mis entièrement entre vos mains pour travailler à l'évangélisation de l'Oubangui. Aujourd'hui, comme au jour de mon ordination, je reste fermement décidé à faire tout ce qui dépend de moi pour contribuer au progrès moral, intellectuel et social du pays qui est le mien. En cela, je ne crois pas m'éloigner du point de vue de l’Église catholique ».

 

Pour toutes ces raisons, je pense que l'abbé Barthélemy BOGANDA, Fondateur de la République centrafricaine, a été, avant l'heure, un partisan de la théologie de la Libération qui a vu le jour dans les années 1970 en Amérique latine avec les Helder Camara, Gustavo Gutierez ou Léonardo Boff.

 

Il y' a lieu de préciser que les théologiens de la Libération, par définition, se veulent solidaires des plus pauvres et visent à expliciter la foi des communautés chrétiennes qui vivent l'oppression et la misère, mais qui sont portées par l'espérance évangélique. Loin d'être l'opium du peuple, le Christianisme bien compris et bien mis en pratique, est la Libération, laquelle est la manifestation de Dieu envers les opprimés et une exigence pour le chrétien. Cette Libération est donc tout ce qui vise à desserrer l'étau de l'exploitation économique et de la domination politique qui entrave la liberté du citoyen.

 

III - BOGANDA, CHRETIEN POLITIQUEMENT A GAUCHE ?

 

Abbé dérangeant, Barthélemy BOGANDA a été aussi un homme politique dérangeant par son non - conformisme, son franc-parler et une inaltérable soif de combattre l'injustice, l'oppression et la ségrégation sous toutes ses formes. Ainsi avait-il dénoncé en termes appropriés la négrophobie ambiante en Afrique Équatoriale Française et en Oubangui-Chari en écrivant :

« Jusque dans les églises, à la communion et à l'autel, et certaines prétendues maisons d'éducation religieuse sont de véritables camps de concentration où les jeunes gens et jeunes filles sont soumis à des châtiments corporels exagérés, contrairement aux termes de la Constitution et respect de la personne humaine ».

 

Aussi fustigeait-il encore le célibat hypocrite des prêtres, célibat qui n'est prescrit nulle part dans la Bible et qui n'est qu'une règle imposée par un homme, un mortel. Dans les autres religions, l'Islam par exemple, le mariage est autorisé. A ce propos, l’apôtre Paul qui vivait le célibat, dans l'une de ses épîtres, ne demandait pas à tout le monde de faire comme lui. C'est une option facultative pour tous ceux qui optent pour le sacerdoce. D'ailleurs, tout pasteur protestant doit obligatoirement être marié et nul ne peut être diacre dans les églises protestantes s'il est célibataire.

 

De ce célibat donc, BOGANDA disait :

« Le Bon Dieu ne nous récompensera pas pour avoir fait des voeux ou fait semblant de les pratiquer.

J'estime qu'il est plus digne de vivre avec une femme, que de faire un voeu auquel on manque constamment. Car le peuple aéfien n'est pas dupe! Nul n'a jamais cru à notre chasteté et il y a certainement plus de scandale à accrocher une femme souvent à l'occasion du Ministère de la

Confession que d'en avoir chez soi, officiellement, au vu et au su de tous ».

 

« Libérer l'Afrique et les Africains de la servitude et de la misère », telle avait été la profession de foi de Barthélemy BOGANDA. Il fut alors membre en France, du Mouvement

Républicain Populaire (MRP) aux côtés de l'Abbé GROUES, plus connu sous le nom d'Abbé

PIERRE, pour mener en métropole son combat politique. Mais très tôt, il réalisa, comme nous le rapporte l’abbé Benoît Basile SIANGO dans son ouvrage précité, que le M.R.P. ne prenant pas en compte les problèmes sociaux de l'Oubangui, BOGANDA démissionna de ce parti d'obédience chrétienne et fit une fracassante déclaration au groupe parlementaire de l'Assemblée nationale :

« Depuis bientôt quatre ans, je vous ai suffisamment exposé l'état de servitude dans lequel vit le peuple Oubanguien depuis le début de la colonisation. J'ai imploré le concours de tous nos amis du groupe. J'ai écrit. Ma voix a été étouffée par les intérêts.

Depuis plus de deux ans, le ministre des Territoires d'Outre-Mer est M.R.P. Et mon pays vit toujours dans la servitude. Le M.R.P. a abandonné le monopole de la justice sociale Outre-Mer au Parti Communiste.

En m'abandonnant seul dans la lutte que j'ai entreprise pour la libération de l'homme noir, le M.R.P a renié sa mission humaine, nationale et catholique.

Je vous prie d'accepter ma démission. Candidat de l'Evolution Sociale en 1946, je reste indépendant et continue ma lutte pour la justice sociale. J'enverrai désormais à l'O.N.U. tous mes rapports sur cet état de servitude et d'injustice permanent dont le M.R.P. n'a jamais voulu s'inquiéter. J'espère en une justice meilleure ».

 

Toutes les prises de position de BOGANDA ainsi que son action politique montrent qu'il fut, à n'en pas douter, non seulement un panafricaniste, mais aussi et surtout, un humaniste que je n'hésiterai pas à classer politiquement à gauche.

 

IV - LE CENTRAFRIQUE PEUT-IL DEVENIR UN PAYS THEOCRATIQUE ?

 

Dans son communiqué du 28 décembre 2011, le Démocrate Joseph BENDOUNGA écrivait :

« Le MDREC rappelle fermement au Ministre Josué BINOUA, au Premier ministre Faustin

Archange TOUADERA et au Général président député François BOZIZE que le Centrafrique est un État laïc et non théocratique ».

 

Il serait nécessaire de rappeler, à ce stade de notre exposé, que le terme théocratie, dans son acception première, désigne uniquement l'idée que Dieu gouverne et il a été inventé pour justifier un désintérêt des croyants pour la politique. Dans la mesure où la politique est la vie de tous les jours et que, par essence, le chrétien ou disciple du Christ doit être « sel et lumière du monde », cette première définition équivoque a évolué et aujourd’hui, le vocable théocratie est employé pour désigner des régimes politiques fondés sur des principes religieux ou gouvernés par des religieux. Je ne voudrais pas lancer ici un débat sur la thématique du « chrétien et la politique » bien que je sois partisan de ce que dans un pays comme la République centrafricaine, il est nécessaire, voire utile que des croyant-e-s pratiquant-e-s et cohérent-e-s avec leur foi, soient le levier de l'activité économique, sociale, culturelle ou accèdent aux plus hautes fonctions de l’État pour que de bonnes décisions soient prises et exécutées dans l'intérêt des populations et, en même temps, je pense qu'il est très dangereux, voire suicidaire pour notre pays, que les ministres des cultes que sont les abbés, les pasteurs ou les imams cumulent les fonctions politiques et ecclésiastiques...

 

Dans notre pays, nous avons tous ou presque tous, entendu parler de Ngakola, de Kanda, de Nzambé, des Urukuzu, des Toro, des Likundu etc. Et la croyance à l'existence d'un au-delà, d'une vie après la mort, la croyance aux relations entre les vivants et les défunts ou entre les vivants et Dieu, tiennent une grande place dans notre vie concrète et quotidienne. Même si nous n'avons jamais mis pied dans une église, dans un temple ou dans une mosquée, nous n'hésitons pas à crier Nzapa ! ou Allah ! , en cas de danger ou pour clamer notre innocence en cas d'accusation, qu'elle soit fondée ou non. Nous, Centrafricain-e-s, sommes caractérisé-e-s par une religiosité et une spiritualité que nous ne pouvons pas nous en départir. Elles sont notre ADN. Et c'est pour cette raison, je crois, que nous nous convertissons sans peine au Catholicisme, au Protestantisme, à l'Islam ou que certains d'entre nous, minoritaires, certes, sont encore animistes ou athées...

 

Nous nous souvenons sans doute de l’époque KOLINGBA où la journée du 30 juin a été décrétée, chaque année, journée nationale de prières et de jeûne. Nous devons encore nous souvenir que durant ces journées, la chanson « é yé téré na popo ti é » nous incitait à l'unité et le message « si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s’humilie, prie et recherche ma face, s'il revient de ses mauvaises voies, moi, je l'écouterai des cieux, je lui pardonnerai son péché et je guérirai son pays -2 Chroniques 7/14 » était commenté dans toutes les églises. Les musulmans, de leur côté, observaient également cette journée.

 

Pourtant, à cette époque-là, il n'y avait pas de véhémente réprobation car les politiques, les athées ou les animistes s'accommodaient de cet état de fait. Et les travailleu-se-r-s Centrafricain-e-s, durant la crise sociale 2000-2001, à l'ère du Changement de PATASSE, avaient pris l'habitude de faire dire des prières, à l'ouverture et à la levée des assemblées générales qui se tenaient les samedi à la Bourse du travail. La plus grande marche pacifique des travailleurs, organisée par la Coordination Nationale des Centrales Syndicales (CNCS) le vendredi 24 novembre 2000 et qui avait été couverte par un envoyé spécial de la radio panafricaine Africa N°1, avait démarrée après qu’une prière fut dite et les leaders syndicaux Théophile SONNY-COLE, Jean-Richard SANDOS OUALANGA, Sabin KPOKOLO, Louis-Salvador NGHO, Jean-Marie NGUIMA et tous les marcheu-r-se-s n'avaient pas quitté la Bourse du travail, à l’issue de la marche, sans qu'une syndicaliste eût remercié Dieu ! Ainsi donc, je pense profondément que notre pays vit à sa manière ''sa laïcité'' et que les manifestations officielles au cours desquelles Dieu ou Allah est invoqué ne transformeront jamais la République centrafricaine en un cinquième pays théocratique après le Vatican, l'Arabie Saoudite, la République des Maldives et la République islamique d'Iran. Aux États-Unis, avant d'entrer en fonction, le président élu prête serment sur la Bible et le pays de Georges Washington et de Barack Obama n'est pas théocratique pour autant !

Toutefois, la réaction du MDREC, loin d'être inopportune si nous considérons tout ce que nous venons de voir, viserait, en dernière analyse, un cléricalisme rampant qui semble gagner notre pays et pour lequel il faut, ici et maintenant, contrer en organisant juridiquement et politiquement les relations entre l’État et les religions, tout en tenant compte de nos réalités. Et ce, pour préserver la République, le « Berceau des Bantou et Terre de nos Ancêtres » de toute dérive sectaire aux conséquences incommensurables pour la Paix et l'Unité !

 

V - NECESSITE D'UNE ORGANISATION CLAIRE DES RELATIONS ETAT-RELIGIONS

 

Je voudrais, avant de poursuivre cette plaidoirie, ne pas faire preuve d'un certain nombrilisme en parlant de moi, en proclamant ma foi de chrétien protestant, baptisé à l’Eglise Evangéliques des Frères des Castors, membre des Eglises Apostoliques de Centrafrique (Avenue de France 1 puis Kpéténé), mais souhaiter que l'on ne se méprenne pas sur les motivations qui sont les miennes, à travers ce que je me propose de dire, en tant que citoyen de la terre et citoyen du ciel.

Qu'il me soit permis de livrer ici cette anecdote. Dans les années 80, lors de la correction des épreuves de sciences physiques du baccalauréat D au centre d'examen du lycée Marie-Jeanne Caron de Bangui, je me retrouvai devant une copie d’un-e candidat-e qui, visiblement avait fait une impasse et se mit à prêcher la Parole de Dieu ! Ce n'était ni de la chimie, ni de la physique que je découvris dans cette copie ! Je n'hésitai pas à coller la note zéro sur vingt qui fut la même note avec le coefficient, quand bien même j'avais devant moi, à travers cette copie, un frère ou une soeur en Christ ! Notre candidat-e s'imaginait qu'en procédant ainsi, il ou elle pouvait, par une intervention divine, combler ses lacunes...

 

Au cours de cette même période, en République centrafricaine, on assistait à ces situations invraisemblables où, certain-e-s croyant-e-s se livraient à des révélations pseudo-prophétiques du genre : « Dieu m'a dit que la femme ou l’homme avec qui tu vis n'est pas celle ou celui qu’Il a prévu-e pour toi... » Ou bien, « Dieu m'a dit que je dois venir te voir, mon cher frère, ma chère soeur, pour que tu me résolves tel ou tel problème ! » etc.

 

Ces exemples que j'ai cités et qui sont légion - vous conviendrez avec moi - sont la manifestation d’une mauvaise interprétation de la Parole de Dieu et de dérives sectaires de certains groupes religieux qui, par une manipulation mentale, détruisent non seulement leurs adeptes sur le plan physique ou psychique, mais aussi la famille et la société à partir d'une triple escroquerie intellectuelle, morale et financière.

 

Le 24 février 2009, le ministre de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation, Elie OUEFIO, avait interdit de culte l' « Eglise évangélique homme temple de Dieu » pour ''pratiques immorales''. De source gouvernementale, cette « Eglise » dans laquelle la Bible était interdite (!), le gourou se livrait à des pratiques ''mystiques'' qui portent atteinte à la personne physique et morale de ses fidèles. Il avait été découvert qu'un jeune homme, adepte de cette secte, s'était coupé le sexe de retour d'un culte pour « obéir aux pratiques de l’Eglise » !

 

Je vais étayer mes propos par cette autre réaction, celle d'un responsable d'église qui avait juré d'obtenir le départ du gouvernement d'un ministre de l'Intérieur, Michel Paulin BONDEBOLI, qui, le 29 octobre 2003, avait pris des mesures contre la prolifération et l'implantation anarchique des Eglises protestantes. Selon ces dispositions réglementaires, pour être juridiquement reconnues, les Eglises protestantes doivent entre autres avoir un minimum de 1000 adhérents et être implantées dans au moins trois des 16 préfectures que compte le pays. Le ministre a aussi stigmatisé les ''diverses ramifications'' des Eglises évangéliques qui font suite, pour la plupart, à des querelles à connotation tribales, matérielles, ainsi que pour des raisons ''mercantiles''.

 

Comment un responsable d’Eglise peut-il vouloir faire démissionner un ministre de la

République qui, par définition, est le garant du respect de l'ordre public dans un pays où la Constitution stipule clairement que toute forme d'intégrisme religieux et d'intolérance est interdite ? Dieu n'est-il pas un Dieu d'ordre ? Et que signifie l’expression « à César, ce qui est à César et à Dieu, ce qui est à Dieu » ?

 

VI – APPROCHE DE DEFINITIN DE LA LAICITE CENTRAFRICAINE

 

Dans le traditionnel message des Evêques de la CECA du 03 janvier 2012 aux chrétiens, aux

hommes et femmes de bonne volonté (Le Citoyen N° 3783-11/01/12), nous lisons :

« L’Eglise de son côté et de par sa vocation s'engage toujours dans le domaine de l'éducation selon ses moyens, avec la contribution des parents et le soutien de l’Etat, afin d'offrir une éducation

qualitative basée sur les valeurs chrétiennes et morales. En tout état de fait, l’Eglise ne pourra en aucun cas se substituer à l’Etat par rapport à cette charge qui relève de sa souveraineté...Que l’Etat prenne ses responsabilités... »

 

Ces extraits du message des prélats Centrafricains, desquels nous devons retenir le principe fondamental de séparation ou mieux, de précision des ''domaines de définition'' ou ''espace de validité'' de l’Etat et de l’Eglise mais qui peuvent interagir sans pour autant empiéter sur leur respective première attribution, nous amènent à entrevoir la définition de la « laïcité centrafricaine » que nous allons affiner grâce à nos réalités.

 

Comme nous l'avons vu au début de cette plaidoirie, Barthélemy BOGANDA, Fondateur de

la République centrafricaine, fut un précurseur de la théologie de la Libération et avait à coeur le progrès social des Africain-e-s et de ses frères et soeurs de l'Oubangui-Chari. Pour ma part, je pense pouvoir établir sans peine une certaine similitude entre le combat politique de Barthélemy BOGANDA et le socialisme de Jean JAURES. En effet, pour le père du socialisme français, la République correspond à l'articulation entre le combat laïque (séparation de la sphère privée et de la sphère publique, tant sur le plan religieux, institutionnel, qu'économique) et le combat social (luttes contre les injustices et les inégalités), tous deux porteurs des principes républicains. Le socialisme de JAURES étant une alliance de la République sociale et du combat laïque, il en est de même de la philosophie politique de Barthélemy BOGANDA et la République centrafricaine se doit de tout mettre en oeuvre pour barrer la route aux dérives intégristes de groupuscules religieux qui n'acceptent pas le primat des lois et règlements de la République, comme ce ministre du culte qui veut faire démissionner un ministre de la République !

 

Aujourd'hui, nous assistons dans notre pays, à l'apparition d'une forme de cléricalisme, c'est à dire, l'ingérence ostentatoire des ministres du culte dans les affaires de l’Etat. Le dernier processus électoral dans notre pays a été une belle illustration de cette nouvelle donne dont les premiers signes sont apparus depuis les élections de 2005. Et il nous faut recadrer la ‘’ cohabitation Etat – Eglise ‘’.

Nous avons l’impérieuse nécessité de nous atteler à cette tâche. Sinon, la porte va être grandement ouverte à un mal, plus pernicieux et plus dévastateur que le tribalisme, le régionalisme, l’égoïsme, la division et l’absence de sentiment national…

 

Les derniers évènements en République Démocratique du Congo où le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le pasteur Daniel NGOY MULUNDA a été mis en cause dans la confiscation de la volonté du peuple congolais, et qui ne sont pas sans rappeler un « 23 janvier 2011 » en République centrafricaine, devraient nous inciter à mieux penser notre laïcité qui, tout en nous permettant, dans notre vie religieuse, d'établir un pont entre la sphère privée et la sphère publique, et de faire en sorte que les religions ( Protestantisme, Catholicisme, Islam) soient républico-compatibles dans le Centrafrique de Barthélemy BOGANDA. Car, pour ma part, j'ai cette intime conviction que l'actuel locataire du Palais de la Renaissance, en raison de la politique de déconstruction nationale du Changement initiée depuis 1993, pouvait régulièrement gagner l’élection présidentielle de 2011, mais au second tour, avec une bonne préparation et qu'une cohabitation politique devraient forcément naître, car l'opposition politique devrait logiquement être majoritaire à l'Assemblée nationale... La République centrafricaine aurait pu, de ce fait, parler d’une seule voix face aux menaces extérieures et ne pas laisser des individus de la trempe des BABA LADDE, Joseph KONY et autres aventuriers militaro - politiques, venir faire la loi et compliquer davantage la résolution de l'équation que constitue le développement endogène de la Terre de nos Ancêtres...

Hélas ! La présidence de la structure en charge du pilotage de ces élections ne venait pas du

monde politique, ni de la Société civile, comme vous le savez...

 

Nous pouvons donc dire que dans la laïcité centrafricaine, l’Etat est en intelligente interaction avec les religions, les ministres de la République ne doivent pas devenir ministres des cultes et réciproquement, et que la vie religieuse du citoyen ne relève pas obligatoirement du domaine de la vie privée qui, elle, peut se confondre à la vie publique, dans les limites qu’une LOI doit préciser…

 

CONCLUSION

 

Que dire en conclusion, dans la mesure où je crois que ma démarche, la démarche d’un membre de la Société civile, n’a été dictée que par un devoir patriotique, celui de soulever une question, qui, au-delà des clivages politiques « Pouvoir - Opposition », nous interpelle tous ?

Centrafricainement.

 

Clotaire SAULET SURUNGBA

 

NOTES :

Théologie de la libération :

La théologie de la libération est un courant de pensée théologique chrétienne venue d’Amérique latine, suivi d’un

mouvement socio-politique (la praxis), visant à rendre dignité et espoir aux pauvres et aux exclus et les libérant

d’intolérables conditions de vie. Enracinée dans l’expérience biblique du peuple juif guidé par Dieu au-delà de la mer

Rouge et à travers le désert-d'une terre d'esclavage (Égypte) à la Terre promise (Exode, XII), elle est un cri prophétique

pour plus de justice et pour un engagement en faveur d’un « Règne de Dieu » commençant déjà sur terre.

( http://fr.wikipedia.org)

Laïcité :

La laïcité est le caractère de ce qui est indépendant des conceptions religieuses ou partisanes. C’est un système qui

exclut les Eglises de l’exercice du pouvoir politique ou administratif, et en particulier de l’organisation de

l’enseignement public.

(Larousse)

BIBLIOGRAPHIE :

· Arrêté N° 038/MATD/DIR.CAB

· Communiqué N°08/MDREC/2011

· Constitution de la République centrafricaine (27 décembre 2004)

· Cahiers d’études africaines, 175/2004 – Barthélemy Boganda et l’Eglise catholique en Oubangui-Chari- Côme

Kinata (http://etudesafricaines.revues.org)

· Laïcité

· (http://fr.wikipedia.org)

· Trilogies- entre le cosmique, l’humain et le divin

· (www.trilogies.org)

· Les « laïcités africaines » face au défi de l’intégration- Colloque Eglises et Immigration-

· Clotaire Saulet Surungba – Paris, mars 2006

· (www.sangonet.com)

· Le Citoyen – N° 3783 du 11/01/2012

· Barthélemy Boganda – Benoît Basile Siango- Bajag-Meri

· La laïcité – Un combat pour la paix – Jean Glavany – septembre 2011- Editions Héloïse d’Ormesson

(www.editions-heloisedormesson.com)

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 04:00

 

 

 

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 19:16

 

 

 

Godfroy Djanayang Gondjé

 

 

 En règle générale si deux hommes désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible qu'ils en jouissent tous les deux, ils deviennent ennemis : et dans leur poursuite de cette fin qui est, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur agrément, chacun s'efforce de détruire ou de dominer l'autre.

Et de là vient que, là où l'agresseur n'a plus rien à craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, on peut s'attendre avec vraisemblance, si quelqu'un plante, sème, bâtit, ou occupe un emplacement commode, à ce que d'autres arrivent tout équipés, ayant uni leurs forces, pour le déposséder et lui enlever non seulement le fruit de son travail, mais aussi la vie ou la liberté. Et l'agresseur à son tour court le même risque à l'égard d'un nouvel agresseur.

Du fait de cette défiance de l'un à l'égard de l'autre, il n'existe pour nul homme aucun moyen de se garantir qui soit aussi raisonnable que le fait de prendre les devants, autrement dit, de se rendre maître, par la violence ou par la ruse, de la personne de tous les hommes pour lesquels cela est possible, jusqu'à ce qu'il n'aperçoive plus d'autre puissance assez forte pour le mettre en danger. Il n'y a rien là de plus que n'en exige la conservation de soi-même, et en général on estime cela permis.

Il apparaît  plus clairement que de nos jours une bataille sans merci s’engage dans le cadre de la recherche  de pouvoir  de l’Etat  en République centrafricaine.

Entre temps les moyens et méthodes d’acquisition de pouvoir régalien semblent  sans doute pousser  les assoiffés de pouvoir de l’Etat  à se trouver parfois un  chemin contraire à la vision démocratique, raison pour laquelle depuis une décennie, les coups d’Etats  deviennent de plus en plus la voie la plus légale d’obtention du pouvoir de l’Etat en RCA, remettant en cause la culture démocratique.

Pendant  la consultation électorale du 23 janvier 2011, le verdict des urnes issus de ses élections ont finalement plongé le pays dans une situation de post-conflit.   

Concernant les résultats de ces scrutins, des divergences géopolitiques et stratégiques sont à la source de la division au sein des forces d’opposition c’est pourquoi certains candidats notamment  comme  Jean- Jacques DEMAFOUTH, ancien ministre de la défense nationale et patron de l’ex rébellion de l’APRD, s’inclinera quant à lui devant le verdict des urnes. Cependant feu le président Ange Félix PATASSE et les autres candidats malheureux ont rejeté en bloc la crédibilité de ces élections et demandent l’annulation pure et simple de leurs résultats. 

Tandis que la communauté internationale partage un avis nuancé, l’Union Européenne  et la Francophonie ont dénoncé des irrégularités considérables liées à ces élections. Peu de chefs d’Etat ont félicité le Président BOZIZE pour sa réélection à la tête de la magistrature suprême. Une année après ses élections, ce pays vit en ce moment une véritable psychose d’atteinte contre la sûreté de l’Etat.  Au regard de la température politique actuelle de ce pays ne serait –il pas important de s’interroger sur l’origine de ce syndrome en pleine situation de crise dans la mesure où le pays est encore sous contrôle des occupations illégales des éléments de BABALADE  et ceux de Joseph KONY?

L’histoire se reproduit  dix ans plus tard. En effet, en 2002, dans une affaire de poursuite contre la sûreté de l’Etat  engagée  par le Parquet Général de Bangui, ou à l’époque l’accusateur était le Général BOZIZE, curieusement  en ce jour je diagnostique presque la même pathologie dans cette  nouvelle affaire d’atteinte contre la sûreté de l’Etat, sauf avec une légère différence qui était celle  de la fuite du Général BOZIZE vers le TCHAD et l’arrestation du présumé coupable Jean Jacques DEMAFOUTH. Mais s’il faut prendre l’exemple du passé pour bâtir le présent et le futur, l’affaire d’accusation de Jean Jacques DEMAFOUTH et autres doit faire l’objet d’une gestion plus réfléchit et responsable  politiquement par crainte de  ne pas faire vivre de nouveau au peuple Centrafricain les mauvais souvenirs qui certainement ont mis des blessures dans des familles en République Centrafricaine.

Face à ce type de problème qui risque de fragiliser la paix et la cohésion sociale,  que faut-il faire pour résoudre le problème d’atteinte contre la sûreté de l’Etat, l’infraction retenue contre Jean Jacques DEMAFOUTH  et autres de manière plus apaisante?

Comme  on ne cesse  de le dire dans le langage courant que «  la paix n’as pas de prix » et que l’unité nationale prime dans toute circonstance, je voudrais via cette analyse mettre à contribution dans la gestion de cette affaire les propositions suivantes :

la mise en place d’un comité de suivi  regroupant  les ONG et les institutions militantes des droits de l’homme en RCA dans le déroulement de l’instruction ;

-          l’implication du Conseil de la médiation dans le processus de cette affaire ;

-          reprendre de manière urgente des négociations avec les groupes rebelles qui veulent se désolidarisés du DDR ;

-          garantir le principe du droit à un procès équitable.

Chaque citoyen centrafricain peut se permettre de s’interroger de savoir quand les acteurs politiques cesseront-ils de faire de la misère au peuple?

 

 GONDJE- DJANAYANG Godfroy – Luther

Expert Analyste en gestion des crises politico- militaires.

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 03:18

 

 

Henri Pascal Bolanga

 

Entre 2009 et 2010, l’ancien animateur-radio de AFRICA N°1, Henri Pascal BOLANGA dit HPB avait déjà utilisé la force de défense nationale, qu’il considère comme des bénis OUI-OUI à sa solde pour arrêter et rapatrier un sujet camerounais, Joachim M., infographe de son agence Teckla Communications. Griefs reprochés : détention des informations top-secrets.

Dans la cette même optique, il s’était pris au jeune scolaire Junior A. M., encore son employé, qu’il n’a pas manqué d’intimer l’ordre aux agents de la sécurité de torturer pour avouer  un tort que le prévenu réfute. Il avait obtenu gain de cause. Il aurait aussi souhaité que deux de ses ex-employés, dont une femme de ménage,  lui restituent deux écrans téléviseurs qu’il les aurait fait cadeau parce qu’ils lui réclament le versement de leurs soldes. Son tout dernier gardien de nuit licencié pour n’avoir empêché la disparition d’un téléphone portable depuis l’intérieur de sa maison pourrait connaitre arrêter, brutaliser et torturer s’il persistait à demander le paiement de ses quinze jours de travail consommés avant son virement en octobre dernier.

Les exemples des mêmes scénarios conçus, exécutés ou échoués sont légion dans sa « forteresse » des quatorze villas où il fait sa loi.

Selon une source bien ciblée, digne de foi et très proche de l’actuel conseiller en communication de François Bozizé, il ne manque pas une seule fois où le « sorcier camerounais », comme l’appelle le quotidien camerounais MUTATION, se défonce  sur ses « employés », ou des manœuvres engagés ça et  là, en proférant  des menaces du genre « je te fais arrêter ».

L’ombre desdites menaces planent toujours dans l’esprit de ceux que nous avions rencontré et, la menace continue dans sa cours, semble t-il.

Une indiscrétion dans le milieu des gardes présidentielles donnent cette information selon laquelle, monsieur HPB avait tenté, dans un temps récent, d’utiliser les mêmes services de la force de défense pou faire rapatrier une dame congolaise qui le « gênait » déjà trop à Bangui. De ce fait, HPB est allé frapper à la porte de la première dame de Centrafrique par intermédiaire d’un « expéditeur » connu du nom Franklin Bozizé pour disgracier cette dernière et la faire quitter la RCA avec interdiction ferme de séjour dans un pays où lui-même est étranger. 

OU BOLANGA A FAIT FORT !

Ce samedi 14 janvier 2012, Patrick Manandji, l’ex chauffeur de celui qui se croit le plus professionnel des journalistes africains mais qui oublie aussi que le professionnalisme en journalisme exige le respect des procédures, lois et le respect des institutions nationales, de surcroit  une autorité et très proche collaborateur de celui qui garantie le respect de la constitution nationale et premier magistrat, va se faire arrêter par la garde républicaine au petit matin puis garder à l’Office Centrafricain de Répression du Banditisme (OCRB),  pour avoir refuser de restituer la clé d’une voiture de marque primera et cassé une vitre de voiture de fonction affectée au Conseiller.

Les conditions de cette arrestation ne sont pas descriptibles ici car elles sont si barbaresques au point que l’ex-chauffeur n’a encore de vie sauve que par la force de la nature. Battu à coup de rangers, à coup de crosses de kalachnikov, à coup de poing et de matraques,  les hurlements de douleurs du jeune homme ne lui ont pas porté secours du voisinage pris de frayeur et qui préfère se terrer pour leur propre sécurité. Patrick avait été jeté dans le véhicule militaire ensanglanté pour se retrouver finalement à l’OCRB. Entre temps, son ex-patron jouit se frotte les mains en compagnie de l’équipe de Jeune Afrique actuellement en séjour à Bangui et continue ses « Tango » de business-communicateur en  préparant aussi une rencontre entre le chef de l’état avec les artistes centrafricains et les médias quelque part à l’Espace Linga Térè à Galabadja dans le 8e arrondissement.

QUE PEUT-ON APPRENDRE DU SORT RESERVE A PATRICK PAR SON EX-PATRON ?

Patrick, que le quartier Galabadja présente comme fils d’une famille qui avait accueilli l’ « excellent » professionnel de la communication à son arrivée à Bangui encore libre de ses mouvements, présentait une collaboration très critique et sans espoir avec son ex-patron qui pourra un jour lui être fatal, se plaisait de dire dans son entourage du quartier que la restitution de la clé du véhicule se fera « comme dans la vente de drogue en Colombie : cash – cash » car selon Patrick, son ex-patron n’est pas de coutume à solder son employé après son licenciement. C’est le cas.

MAIS EST CE QU’UNE AFFAIRE DE CLE DE VOITURE ET UNE VITRE CASSEE DE VOITURE PEUVENT EXPLIQUER L’ANTIPATHIE DE BOLANGA ENVERS SON EX-CHAUFFEUR ?

Selon la famille du jeune chauffeur, en partie, HPB se trouve revanchard  contre une dame qu’il aurait appuyé son dossier de demande de visa français auprès du consulat de France à Bangui en 2010. Cette dame est au milieu de Patrick et Bolanga et serrait celle qui avait conseillé le chauffeur au présentateur de l’ex-émission Bangui Magazine sur la Télévision Centrafricaine. Partie en France, cette dernière n’est plus jamais revenue au terme de son séjour sur le territoire français. Les vaines tentatives de retour de la dame sur Bangui effectuées par le service du consulat français à Bangui  et avec le concours de HPB  ont valu au communicateur de Bozizé une demande d’explications dont les réponses n’ont pas convaincu les autorités consulaires français de Bangui. L’ex-animateur de de l’émission radio Akwaba sur Africa N°1 au Gabon trouve que ses marges de manœuvre sur Paris dépendent aussi de son efficacité sur le dossier. Peine perdue.  Comme une bombe à retardement, l’affaire suffit pour faire un black-out sur le dossier Bolanga devant le consulat du pays de Sarkozy à Bangui.  

Agit-il de cette manière pour contraindre « la parisienne » à revenir au meilleur sentiment pour revenir à Bangui ?

L’arrestation de Patrick commanditée par son ex-patron et exécutée par ces hordes de GP à la solde de Bozizé et au service des cohortes du chef de l’état dont HBP trouve-t-elle sa raison d’être par la volonté et l’engagement d’un faible résistant qui n’entend pas déferrer aux ordres de l’autre fusse t-il conseiller à la présidence de la république ?

La capture déplorable d’un des derniers des résistants de HPB ordonnée lui-même et exécutée par les GP peut–il valoir le déclic d’une attention très particulière des autorités locales des réalités environnant le très proche collaborateur du soleil centrafricain Bozizé ?

Peut-elle prouver l’autre mission basse des GP ?

Peut-elle  éveiller l’opinion nationale ?

 

UN MILIEU PROFESSIONNEL PAS COMME LES AUTRES

Selon les personnes qui ont apporté l’information de l’arrestation de Patrick dont un ex-collaborateur de Teckla Communication siégée aux 14 Villas de Bangui, l’on se croirait en Corée du Nord sous l’ère du défunt KIM JONG IL. Selon le plus jeune, un environnement professionnel est nocif et malsain pour la population centrafricaine appelée à collaborer avec l’Agence Teckla Communications et HPB lui-même est entretenu dans ce grand imbroglio qui règne en Centrafrique.

L’on peut vérifier que pour servir dans un mécanisme professionnel type « tout pour moi, rien pour toi » mis en place par des autorités hors la loi en RCA, la jeune population centrafricaine considérée comme « désespérée professionnelle » continue de chanceler dans l’avenir si l’état ne restaure pas son autorité pour arrêter des pratiques des temps moyenâgeux et des temps des colonies aux mots « esclave et nègre » sans lois, droits universels et officiels respectés.

Ici comme ailleurs l’environnement socioprofessionnel est le même : recrutement professionnel hasardeux, traitement indigne et méfiant, honoraire et salaire ridicules et parfois disséminés, administration à vue, relation interprofessionnelle sur-mesure,   personnel réduit et over-responsabilisé, contrat de travail inexistant, avenir professionnel incertain… sont monnaie courante dans les administrations privées et individuelles qui appartiennent aux autorités politiques et aux autres casquettés très proche du pouvoir qui investissent  dans des « sale-boulots » et croire lutter contre le chômage en Centrafrique.

Du cas de l’arrestation de Patrick qui défie toute juridiction, force est de constater malheureusement que même toutes proche de la loi, les autorités optent pour une procédure de vitesse supersonique avec la valse du non-respect des procédures judiciaires qui consiste à faire œuvrer les bourreaux professionnels,  violer le dépôt de plainte suivi de convocation mais plutôt faire exécuter une arrestation à l’immédiat avec toutes ses conséquence (prolongation de délai de garde à vue, torture physique, etc.)

Le suivi des applications des textes judiciaires et autres font défaut et profitent aux règlements de comptes par arrestation et détention arbitraires qui passent sous silence.

En attendant que le séjour de Patrick Manandji à l’OCRB révèle les parties immergées de l’iceberg qu’est HPB et son Teckla Communications, l’état centrafricain doit encore doubler de vigilance dans la protection socioprofessionnelle de sa jeune population.

L’avenir dira plus.

Elvis KABIRE J.

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 03:15

 

 

 

Ndoutingaye et ses collègues

 

La photo quoi suit en est une belle illustration. Comment se permettre d’inviter ses collègues ministres et les faire boire à même le sol ? Des bouteilles d’eau et des gobelets jetables entre les tibias, des bloc-notes suspendus sur les jambes et l’attention soutenue à l’adresse du ministre des finances qui donnent des explications sur les raisons de la hausse des prix des produits pétroliers.

Sylvain Ndoutingaï, sa bouteille d’eau sur la table. Quelle honte pour ces ministres! Aucun égard pour ses collègues ministres. On comprendrait que son seul souci était d’arracher la solidarité des uns et des autres pour appliquer cette mesure pour se mettre encore plein les poches comme s’ils sont insatiables avec tout ce qu’ils ont pillé au pays depuis le 15 mars 2003. Cela ne peut se passer qu’en République Centrafricaine.

C’est normal, puisque nous sommes dans un pays où les milliardaires roulent leurs gros cylindrés sur des rues et avenues pleines de nids de poules et des ponts de fortune. Aucune décence. Merci à ce reporter photographe qui nous a donné l’occasion de participer à décor qui dit tout de l’état d’âme des autorités de Bangui.

Olivier Batsimba

 

 

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 21:36

 

 

 

Zarambaud

SECURITE ET SURETE : DES ACTES, NON DES PROMESSES !

 

 

            Depuis l’année 2008, soit depuis 4 ans, des hordes étrangères ont envahi notre pays, massacrant, violant, pillant et emmenant de nombreux compatriotes en esclavage dans la brousse ou à l’étranger et le processus DDR (Désarmement Démobilisation Réinsertion) est en panne par suite d’épuisement des fonds, comme l’a avoué le Président de la République.

 

            Où allons- nous ?

 

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 20:19

 

 

 

Zarambaud

 

 

Bangui, le 02 Janvier 2012

 

 

A Son Excellence

Monsieur le Ministre de la Jeunesse

Des Sports, des Arts et de la Culture

BANGUI

 

 

Objet : Neutralité du Stade Omnisports

               et impartialité de l’Etat

 

 

                        Excellence, Monsieur le Ministre

 

            J’ai le respectueux honneur de vous demander de faire effacer l’inscription KNK peinte en très gros caractères sur le fronton du stade omnisports, lequel fait partie du complexe Barthélemy BOGANDA, du nom du Président Fondateur qui, à ma connaissance, n’était pas KNK avant l’heure.

 

            Depuis toujours, résistant aux tentatives de tribalisation et de caporalisation politique, le sport a courageusement su préserver sa neutralité tribale et politique et a ainsi puissamment servi la cause de notre fraternité et de l’indispensable unité nationale.

 

            Depuis toujours, dans nos stades, à l’occasion des compétitions internationales, par delà leurs appartenances tribales et politiques, les cœurs des centrafricains vibrent à l’unisson pour leurs équipes nationales composées de sportifs sans distinction de leurs appartenances tribales et politiques, faisant du sport et des stades les creusets de notre fraternité, de notre patriotisme et de notre nationalisme.

 

            Depuis toujours, à l’occasion des compétitions locales, les cœurs des centrafricains vibrent à l’unisson pour leurs clubs respectifs composés de sportifs sans distinction de leurs appartenances tribales et politiques.

 

            C’est pourquoi, depuis toujours, les stades édifiés par l’Etat n’ont jamais été caporalisés par les partis politiques, qu’ils soient uniques (MESAN après BOGANDA et RDC de 1986 à 1993) ou seulement dominants (MLPC), de Barthélemy BOGANDA à Ange Félix PATASSE, en passant par David DACKO, Jean Bedel BOKASSA et André KOLINGBA, et que le tribalisme a toujours été déclaré « personna non grata » dans leurs enceintes. Aucun de ces ex-Présidents de la République, même Jean Bedel BOKASSA lorsqu’il devint Empereur n’a osé porter atteinte au caractère apolitique et patriotiquement galvanisateur et unificateur du sport.

 

            Malheureusement, depuis les dernières campagnes électorales pour les élections présidentielle et législatives, le nom du parti politique dominant, le KNK, a été peint en très gros caractères sur le fronton du stade Omnisports, privatisant ainsi frauduleusement et sans bourse délier cet ex-joyau national qui attend sa restauration depuis 32 ans au profit de ce parti politique, ce qui est intolérable.

 

            Certes, un parti politique peut organiser des meetings dans ce stade et apposer à ces occasions des banderoles portant son nom et ses mots d’ordre sur le fronton ou sur toute autre partie dudit stade, mais il ne saurait y peindre son nom, sauf à l’effacer immédiatement après chaque meeting.

 

            De même, un militaire qui, violant l’interdiction faite aux militaires d’exercer des activités commerciales, y compris l’exploitation de stations d’essence, organise dans ce stade une kermesse tonitruante sans que sa hiérarchie, dirigée en premier et en second par son père et son grand frère ne réagisse, ne saurait s’y incruster pendant 5 mois, troublant la quiétude des étudiants – hélas curieusement indifférents – qui habitent les cités universitaires pratiquement mitoyennes, empêchant par ailleurs pendant 5 longs mois les sportifs de s’entraîner dans les lieux, privant d’électricité les habitants des environs et les empêchant de dormir, de nuit comme de jour.

 

            De même aussi, un parti politique, fût – il présidentiel et outrageusement dominant ne saurait, à l’occasion des campagnes électorales, faire de ce lieu qui appartient à tous les centrafricains, y compris les partis politiques dont ceux de l’opposition, sa permanence, avec la complicité de la CEI et du Ministre de l’Administration du Territoire ainsi que le manque de vigilance des partis politiques de l’opposition et la couardise des patriotes membres du KNK, au sommet comme à la base.

 

            C’est rompre la nécessaire égalité entre les partis politiques et les candidats en compétition et fausser subséquemment les résultats des élections. C’est contrecarrer la nécessaire lutte pour la consolidation de l’Etat de droit et créer, consciemment ou inconsciemment, l’une des sources des contestations qui suivent la proclamation des résultats des élections et entraînent, ajoutées aux rébellions et aux invasions extérieures improprement appelées rébellions, une instabilité qui fait fuir les investisseurs et entrave le développement de notre pays.

 

            On ne saurait donc considérer comme « normal » le fait pour le parti outrageusement dominant du Président de la République de peindre son nom sur le fronton du stade Omnisports et s’en accommoder, sous prétexte de craindre les foudres des pistoléros du Président de ce parti ou de perdre un poste juteux, ou dans l’espoir d’accéder à un tel poste. L’Histoire ne nous le pardonnerait pas.

 

            Au bénéfice de tout ce qui précède, je sollicite respectueusement qu’il plaise à votre Excellence bien vouloir, en collaboration avec ses collègues concernés :

 

1.      Faire effacer sans délai l’inscription KNK peinte en très gros caractère sur le fronton du stade omnisports, sur fond orange, couleur du club ZARASCLO depuis 1990 et devenue aussi couleur du parti politique KNK ;

 

2.      Faire enjoindre à l’organisateur de la kermesse actuellement organisée dans ce stade d’y mettre fin dès après la fête du nouvel an, afin de permettre aux étudiants voisins de travailler dans la quiétude, aux sportifs d’y reprendre leurs entraînements et aux habitants du voisinage de dormir ;

 

3.      Faire enjoindre à l’ENERCA de cesser de plonger les habitants du voisinage dans l’obscurité, à seule fin de plaire à l’organisateur de la kermesse ou par crainte de ses colères homériques accompagnées de passages à tabac pour impunément « corriger un peu », (bel euphémisme !) quiconque a le malheur de se trouver sur son chemin, en sa redoutable profession de fils de son père et de « père fouettard » auto -proclamé.

 

            Vous remerciant d’avance pour votre courage et votre attachement à l’impartialité de l’Etat ainsi qu’au développement de la jeunesse et des sports dont vous avez la lourde charge, je vous prie de croire, Excellence Monsieur le Ministre, en l’expression de ma haute et respectueuse considération.

 

            Bangui, le 04 Janvier 2012,

 

 

 

Maître ZARAMBAUD Assingambi.-

 

Ampliations :

 

-          Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Energie, des Mines et de l’Energie

-          Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Administration du Territoire

-          Monsieur le Président du CNOSCA

-          Madame le Recteur de l’Université

-          Monsieur le Président du quartier Ben – Zvi 1

-          Monsieur le Président de l’ANECA

-          Presse

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 11:17

 

 

Démafouth candidat

 

Jean Jacques Demafouth a été arrêté et placé en garde à vue vendredi 6 janvier pour « tentative de déstabilisation », selon le porte-parole du gouvernement de Bangui, Firmin Findiro.


Si l’on en croit une source proche de la gendarmerie, citée par l’Agence France Presse, celui qui est considéré comme « le patron de l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie et vice-président du Comité national du programme DDR (pour désarmement, démobilisation et réinsertion) s'était rendu vendredi matin au cabinet du ministre de la Justice Firmin Findiro où il était convié. Alors qu’il s’entretenait avec ce dernier, les responsables de la SRI (Section recherches et investigations), dont l’un des fils Bozizé, Aimé Vincent dit Papy, ainsi que des éléments de la gendarmerie sont arrivés à la chancellerie. Ils sont restés un peu plus d'une heure enfermés au cabinet. Puis, Jean-Jacques Demafouth encadré par les responsables de la SRI et leurs éléments, sont sortis par la porte de derrière de la chancellerie en direction de la SRI ».

 

Les mieux informés d’entre nous n’ont nullement été pris de court. Ils savaient que cette éventualité lui pendait au nez.

 

C’est pourquoi, il faut revenir sur cette curieuse actualité et en tirer des leçons : c’est une des raisons de cet article. Il analyse un fourvoiement et engage la réflexion. D’autant plus que nous le disions en janvier 2011 qu’entre François Bozizé et Jean-Jacques Demafouth, la bataille pour la prise du pouvoir par les armes a vite tourné à l’avantage du premier. Mais le second n’a pas désarmé. S’il participe à l’élection présidentielle du 23 janvier prochain, c’est pour se placer dans une position qui pourrait lui permettre de tenter sa chance un de ces quatre : renverser son vieil ami par les armes. Et cela, Bozizé ne l’ignore pas. Les deux hommes s’aiment et se détestent mutuellement (article intitulé, Demafouth : le frère jumeau de François Bozizé).

 

L’auteur de ces lignes n’est ni guidé ni gêné par l’ambition personnelle. Nous n’avons de prévention à l’égard de personne. Notre point de vue est désintéressé. Il s’attache aux faits et défend des valeurs.  

 

Pas de fumée sans feu ?

 

Jean-Jacques Demafouth que nous avions fréquenté entre 2007 et 2008 au moment où il prenait la tête de la rébellion de l’APRD et négociait avec le pouvoir de Bangui les accords de paix de Libreville ne nous semblait pas armée pour être considéré comme un leader politique, un vrai, qui pourrait exercer avec succès la fonction présidentielle (même si entre temps il eût la jurisprudence Bozizé).

 

Non pas parce que nous ne l’aimions pas, mais parce que nous avions pu nous faire une idée assez exacte de ses qualités, notoires, et de ses insuffisances, réelles. On s’inquiétait de sa façon d’aborder les problèmes du pays, de penser les questions politiques, de concevoir la démocratie : nous n’avions nullement dissimulé nos réserves, quand il nous disait que, dans la situation actuelle de notre pays, l’unique moyen d’accéder à la magistrature suprême demeure la violence des armes. Nous l’avoir fréquenté, nous pouvons affirmer sans peur de nous tromper que même sans se raser, Jean-Jacques Demafouth ne pense qu’à faire un coup d’État.

 

A-t-il réellement voulu « déstabiliser » le pouvoir agonisant et à bout de souffle de François Bozizé ? Rien n’est moins sûr ! 

 

D’ailleurs, en se désolidarisant de l’ensemble de l’opposition, ayant été le seul candidat à ne pas contester les résultats de la dernière présidentielle, espérant ainsi hériter la Primature ou un maroquin important (des mauvaises langues affirment que Bozizé lui aurait fait la promesse), Jean-Jacques Demafouth s’auto-fragiliseait, se livrait en pâture, avec le risque de subir les foudres du régime qui ne voit pas d’un bon œil sa présence à Bangui. C’est peu de dire qu’il a joué avec le feu. Il était incontestablement devenu l’allié objectif du pouvoir en place.

 

C’est peut-être là que résident les vraies motivations des accusations qui sont aujourd’hui portées contre lui.

 

De la bêtise d’un régime d’incapables

 

Ce qui est affreux et donne de l’espèce humaine une opinion désolée, c’est que, pour mener à bien ses desseins funestes, des régimes comme celui de Bangui, trouvent invariablement les instruments zélés de leurs crimes.

 

Qu’on ne s’y trompe pas : la situation catastrophique actuelle de la République Centrafricaine, loin d’être consécutive à une quelconque tentative de déstabilisation, est la parfaite illustration de l’incapacité chronique et de l’inaptitude de François Bozizé à exercer la fonction présidentielle.

  

Voilà un pays où les trois quarts échappent au contrôle du gouvernement central, et livré à une horde de hors la loi à la gâchette facile qui est en perdition pour cause d’irresponsabilité. Chacun sait, Bozizé le premier, que ces bandits de grand chemin qui massacrent la population et détruisent l’économie centrafricaine, n’ont aucune revendication politique sérieuse si ce n’est de courir derrière des occasions d’hypothétiques « négociations de paix » avec le régime afin de s’en mettre plein les poches.

 

Fort de cette absence de revendication un tantinet crédible, doublé d’un manque cruel de vision politique, ces gens qui se revendiquent de la République Centrafricaine et qui n’ont rien à voir pour la plupart avec les Centrafricains, sont constamment à la recherche de leader pour les représenter. Malheureusement, ils parviennent toujours à trouver des imbéciles en manque de notoriété au sein de la classe politique centrafricaine pour jouer les portes besaces.

 

En face de ces aventuriers nous avons un régime issu d’une calamiteuse rébellion, composé quasi exclusivement d’incapables qui, dans une stratégie machiavélique de conservation du pouvoir parce que  ne disposant ni de moyens intellectuels ni de capacité à diriger un pays, préfèrent dresser les ethnies les unes contre les autres, et entretenir l’insécurité pour faire peur.  Pendant neuf longues années, ces irresponsables ont fait accroire qu’ils étaient les seuls à pouvoir ramener la paix et la stabilité. Et le comble, c’est qu’ils ont réussi durant tout ce temps à duper les partenaires au développement qui tenaient leur régime à bout de bras.

 

Ce qui devait arriver, arriva. La victoire à la Pyrrhus de François Bozizé, entachée de graves irrégularités dues au non-respect du code électoral, a fait craindre aux bailleurs de fonds internationaux qui faisaient vivre son régime, le risque d’un embrasement du pays avec des conséquences sociales et humanitaires beaucoup plus graves que ce que l’on sait. Conséquence directe, ils ont coupé les vivres afin de s’apercevoir, sur pièce, de la capacité du régime à gérer la situation. Mais il n’en est rien. Bozizé et ses ouailles ne savent à quel saint se vouer pour trouver une solution à la situation. Ils ont montré leur limite. La seule chose qu’ils ont trouvée de mieux à faire c’est de lancer une chasse aux sorcières tous azimuts. Ils ont beau procédé à l’arrestation de paisibles citoyens inoffensifs installés à Bangui, ce n’est pas ce qui renflouera les caisses désespérément vides de l’État.

 

Ce n’est pas en arrêtant Demafouth, en liquidant Massi, en éliminant physiquement Me Goungaye, qu’ils parviendront à régler le problème de l’insécurité endémique qui paralyse le pays. Ils peuvent arrêter tout Bangui, tout Paoua, tout Bangassou, tant qu’ils continueront d’entretenir l’insécurité par leur inaction ou par une complicité active avec ces multiples bandes de hors la loi, comme celle du désormais tristement célèbre Baba Laddé,  chaque jour que Dieu fait pourrait être le dernier jour pour le régime.

 

Au lieu de s’en prendre aux Centrafricains, Bozizé et ses nombreux fils qui se prennent pour des militaires, feraient mieux de faire la guerre à tous les soi-disant groupes rebelles qui écument le territoire national. Surtout qu’il avait prêté serment de défendre l’intégrité du territoire national.

 

L’histoire se répète-t-elle ? 

 

Etant donné qu’aucun règne n’échappe à son déclin et que celui qui s’est installé sur la terre de nos pères depuis le 15 mars 2003 a déjà amorcé le sien, il sera difficile à François Bozizé de s’agripper perpétuellement au fauteuil présidentiel. Il ne parviendra pas à empêcher sa dégringolade. Car toute chose a une fin. 

 

Or, s’il est une constance pour les régimes en fin de course en Centrafrique, c’est la fabrication de leur successeur. Ceci étant,  en arrêtant Demafouth, Bozizé lui fait une publicité inespérée. Dès facto, il fait de ce dernier son successeur potentiel. Car des chancelleries et les vrais décideurs du monde vont désormais s’intéresser à ce personnage et suivront la suite de l’histoire. Ce qui ne serait pas arrivé si on le laissait dans son anonymat tout en contrôlant ses mouvements, afin de faire échec à ses entreprises, si entreprises il ya.

 

Dix ans se sont écoulés mais Bozizé répète exactement ce dont il reprochait au défunt président Ange-Félix Patassé : rechercher à tout prix des boucs-émissaires pour masquer un cuisant échec sur le triple plan politique, économique et social. Demafouth ne mérite pas une telle publicité gratuite. C’est l’erreur à ne pas commettre, parce que l’autre va se sentir pousser des ailes.

 

C’est ici que l’on réalise qu’au sein de la bozizie, il y a finalement peu de figures imposantes et suffisamment courageuses pour raisonner les uns et tempérer l’ardeur des autres.

 

Et si tout cela ne participait que de cette guerre de succession qui fait rage entre les différents clans du pouvoir ?  Nous sommes enclins à le penser !

 

C’est pourquoi, pour espérer sortir à peu près indemne de cette impasse, ce qui semble impossible, le régime devra se trouver une personnalité de très grande sagesse, afin d’arbitrer entre les ambitions imprévisibles et les intentions plus ou moins héréditaires.

 

Adrien Poussou. 

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 22:28

 

 

Bozizé

 

Pendant que certains pays comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Guinée Equatoriale, le Ghana.. retroussent leurs manches pour sortir leur pays de l'ornière, la RCA quant à elle, est à bord d’une drôle de galère. Il n'y a plus d'argent pour assurer les soins et l'instruction de sa  population. Plus d'argent pour construire des infrastructures économiques telles que les routes et les ponts qui se dégradent à grande échelle. La RCA  n'arrive plus à assurer la protection des personnes et de  leurs biens. Même le paiement des salaires des fonctionnaires se fait au prix d’un fort endettement bancaire et/ou de l'aumône internationale. L'Etat est en faillite, ses caisses sont vides et la faute, dit-on serait due aux partenaires au développement qui refusent leur aide financière et à une économie qui n'existe que pour consommer. 

 

En réalité, ce sont les prédations financières et les  choix politiques injustes, incohérents et inconséquents du pouvoir en place qui ont plongé le pays dans une crise économique et financière sans précédent. On ne reconnaît plus la RCA, le pays a érigé la démagogie et la cupidité en vertu. Depuis 8 ans, l'impunité, le mensonge ou la dissimulation de la vérité sont devenus une spécialité du pouvoir. Aujourd'hui, la crise est profonde et le pouvoir est rattrapé par la vérité.  Il vient de reconnaître  avec fatalisme et résignation son impuissance à redresser le pays.

 

Dans l'exposé des motifs du budget de l'exercice 2012, le Ministre d'Etat, le « Vice-Président » de la République comme on l’appelle à Bangui, l'inamovible ministre des mines, département qu'il cumule actuellement avec celui des Finances depuis quelques mois en raison de l’absence pour maladie du ministre délégué aux mines, en fait son ex-directeur de cabinet aux mines, décision prise lors d'un conseil de Ministres par Bozizé en violation de la règle des intérims ministériels qui prévoit le ministre délégué à l’Energie, explique :

 

- « le contexte d'élaboration de ce projet de loi de finances est difficile car caractérisé par le retrait des appuis budgétaires par les partenaires techniques et financiers de la République Centrafricaine. »  Notre ministre semble être pris de court et c'est  presque en pleurnichant qu'il s'est plaint de ce retrait des appuis budgétaires comme si c'était un droit pour la RCA et un devoir pour nos partenaires. C’est seulement maintenant qu'il s'en rend compte. Pourtant le retrait des appuis budgétaires a commencé en 2009 (14,9 milliards de F CFA perçus contre 25,2 milliards d'engagement); en 2010 (5 milliards de F CFA perçus contre 7,4 milliards de F CFA d'engagement) et rien en  2011. Il fallait donc se préparer à gérer cette baisse du montant de l'aide attendue. NDOUTINGAI vient de reconnaître implicitement qu'avec BOZIZE, ils ont délibérément collé l'étiquette d'Etat improbable et fragile à la République Centrafricaine afin de bénéficier d'une rente à vie. Il dit bien « appui budgétaire ».

 

Ne sait-t-il pas que l'idée de l'appui budgétaire est d'aider un pays à maintenir son équilibre budgétaire et non de se substituer aux moyens financiers propres de l'Etat? Et ne fait-il pas en réalité preuve d'une méconnaissance du sujet ? Il ne songe qu'aux espèces sonnantes et trébuchantes qui peuvent transiter par le Trésor pour garnir à la fin leurs comptes à l'étranger. Car l'appui budgétaire vise à financer les dépenses de fonctionnement et non celles d'investissement. S'il avait le souci de l'intérêt collectif, il se serait plutôt préoccupé du manque de financement du DSRP II. Ne sait-t-il pas que le ralentissement de l'économie mondiale et la crise financière aigüe que connait l'Union Européenne,  notre premier partenaire financier, obligent les Etats donateurs à adopter des politiques d'austérité qui réduisent forcement le montant de leurs aides et les amènent aussi à écarter parmi les bénéficiaires, les régimes mal élus et prédateurs, convaincus de mauvaise gouvernance et les tyrans.

 

Aujourd'hui, le régime ressasse à tout vent que les caisses de l'Etat sont vides or depuis le putsch du 15 mars 2003, le régime de BOZIZE a reçu, il faut le rappeler, plus de 700 milliards  de F CFA en aide diverses, dont un peu plus de 250 milliards de F CFA d'appuis budgétaires. Qu'en ont-ils fait? Qu'ont-ils fait des 25 milliards de la CEMAC ? Des 25 milliards d'allocation de DTS du FMI ? Des 24 milliards de F CFA d'avance exceptionnelle de bonus sur l'uranium versés par AREVA? Qu'ont-ils fait des 29,5 millions de $ US soit 26 milliards de F CFA empruntés au nom de  la RCA auprès d'une banque en Inde pour la construction d'une cimenterie qui ne verra jamais jour ? Le gouvernement ne sait même pas encore comment il va s'y prendre pour rembourser ses 26 milliards car la somme a disparu sans que la cimenterie ne soit construite. Sans compter les ressources octroyées par les institutions de Bretton Woods (FMI, BM), la BAD et les pays amis tant occidentaux qu'africains.

 

Il est grand temps que la RCA prenne ses responsabilités et délaisse, définitivement son état de grand malade sous perfusion. Le tarissement des concours financiers extérieurs devrait plutôt avoir une vertu, et inciter les gouvernants à mieux gérer les maigres ressources.

 

« les grandes difficultés de la RCA, résident dans le fait que nous ne produisons rien et nous n'exportons rien, malgré les énormes potentialités que dispose le pays », Comment veut-il qu'il en soit autrement si l'économie centrafricaine est structurellement faible? Il a oublié de mentionner comment son oncle BOZIZE et lui-même ont conduit ce pays vers le néant malgré les appuis multiformes et soutenus de la communauté internationale (la SFI, filiale de la BM, la BAD et l'UE...). Le fait de le dire si fort souligne en creux leur échec et impuissance devant cette situation inacceptable. Ils ne sont plus capables de rétablir les finances publiques afin d'investir dans le système productif qui semble plutôt avoir fondu. L'économie centrafricaine est devenue une économie de consommation.

 

Aujourd'hui, la corruption et la concurrence déloyale aidant, des commerçants véreux ont réussi à établir un monopole naturel sur tous les petits commerces: épicerie, boulangerie pour les libanais, la quincaillerie pour les tchadiens, les pièces détachées de motos et automobiles pour les nigérians, alcool (bière étrangère, alcool) et matériaux de construction pour les camerounais. Les indiens font leur entrée dans le secteur des transports urbains et les agences de voyage tandis que les chinois excellent dans les bazars. Les quelques rares industries agro-alimentaires du pays sont tenues également par les libanais (HUSACA et CENTRAPALM), CASTEL et SUCAF sont détenues par le groupe CASTEL ami de BOZIZE. On peut raisonnablement relever que l'économie centrafricaine est sous la coupe des étrangers qui n'ont aucun intérêt à payer les impôts. La bozizie est redevable aux tchadiens dont une compagnie blindée assure la sécurité de BOZIZE. BOZIZE dispose également de parts dans les intérêts libanais. Ces mêmes Libanais  sont aussi ses financiers occultes et membres du comité des sages de son parti KNK.

 

Pour la dernière campagne électorale, un seul, Ali AKRASS, propriétaire du supermarché RAYAN, a participé pour plus de 600 millions de F CFA. Les recettes d'exportation  se sont réduites d'année en année en peau de chagrin.  Par exemple jusqu'en 2002, la RCA exportait environ 500 000 carats de diamant par an contre 173 641 carats aujourd'hui. Le secteur minier est géré en famille et de façon opaque. Toujours en 2002, on comptait plus d'une dizaine de bureaux d'achat et des centaines de collecteurs contre trois (3) bureaux d'achat aujourd'hui (BADICA, AND et SODIAM). Dans ce secteur, la boulimie financière de BOZIZE et NDOUTINGAÏ a contraint les investisseurs sérieux à détaler sur la pointe des pieds (URANI, DE BEERS, PANGEA, DIAMONDS FIELD, LOBAYE GOLD et GEM DIAMOND), toutes ces sociétés sont  sud-africaines. Les artisans centrafricains ont également été ruinés. Cette dégringolade ne se limite pas seulement au secteur du diamant. Sur la même période : le bois (623 700 m3 contre 272 410 m3 aujourd'hui); le café (environ 20 000 t contre 4 600 t aujourd'hui) et enfin le tabac de cape et de coupe dont la production avait atteint  215 tonnes n'est plus produit aujourd'hui. Le Cameroun est l'unique fournisseur de SOCACIG.

 

De même, aucun investisseur sérieux ne peut installer son outil de production dans un pays où il n'y a ni eau ni électricité ni un cadre institutionnel sain. Pourquoi investir dans un pays où seulement 30% du territoire est librement accessible? Le FMI et la BM ont pourtant suffisamment financé le régime pour assainir l'économie et les finances et créer les conditions favorables au développement du climat des affaires. Comme si cela ne suffisait pas, en novembre 2010, nos partenaires au développement avaient effacé 50% de nos dettes soit l'équivalent de près de 500 millions de dollars américains, grâce au programme PPTE. Une chance que nous n'avons pas pu saisir. La RCA est classée dernier Etat au monde pour le climat des affaires (Doing Business). BOZIZE et NDOUTINGAÏ sont à pointés du doigt. Leur pouvoir bafoue les principes de séparation des pouvoirs en muselant les juges indépendants par l'action d'un parquet à leur « botte ».

 

Selon un communiqué de la Présidence publié dernièrement, « Afin de sécuriser les recettes de l'Etat et d'améliorer la maîtrise  des dépenses publiques (,,,) toutes les recettes publiques sont centralisées sur le compte unique du Trésor Publique domicilié à la BEAC »Quel folklore ? Qu’y a-t-il à attendre d’une telle mesure prise en toute illégalité car relevant du domaine de la loi, si ce n’est permettre à BOZIZE d’avoir une mainmise totale sur l’ensemble des ressources financières du pays.

 

Ainsi, jusqu'à aujourd'hui, il fait exception parmi ses pairs Chefs d'Etat de la sous-région en cumulant les fonctions de Président de la république, chef de l’Etat, chef suprême des armées, 1er magistrat de la république, avec celle d’Ordonnateur unique et comptable principal du budget depuis 2004 en qualité de président du comité de trésorerie. En tant qu’Ordonnateur unique du budget, il a couvert 70 milliards de F CFA de dépenses non justifiées sous la barbe et le nez de la communauté financière (FMI, BM, BAD, AFD...). Avec la centralisation des recettes, les tentacules de BOZIZE vont s'étendre aussi sur les comptes spéciaux du Trésor à savoir les fonds routiers, miniers et forestiers ainsi que les comptes d'affectation spéciale de la justice, de la communication, du don japonais, de l'élevage, et de la redevance informatique des Finances. La boucle est bouclée. Bonjour les dégâts !.

 

Par ailleurs, cette décision présidentielle se voulait un signal fort aux partenaires financiers en l'occurrence le FMI. Le régime aux abois a besoin d'un programme économique et financier avec le FMI, quitte à bluffer. De 2004 à ce jour, BOZIZE a été le Président du comité de trésorerie, soit plus de 7 ans et les finances publiques n'ont pas été redressées comme promis. N'était-il pas le président du comité de trésorerie lorsque plus de 70 milliards de F CFA se sont volatilisés du Trésor? N'était-il pas Président du comité de trésorerie lorsque toute une série d'opérations contraires à l'orthodoxie financière se sont réalisées? 

 

Citons en 2010: Guillaume LAPO, ancien Directeur Général du Trésor qui s'est fait réparer ses toilettes pour 10 millions de F CFA, Francis BOZIZE  et Parfait MBAYE déchargent au Trésor des centaines de millions de F CFA  de fonds secrets pour les basses besognes, Joël SINFEI MONDAMSE décharge chaque semaine de 50 à 600 millions de F CFA pour la caisse noire de la Présidence ou la sécurité, sans oublier le ministre des Affaires Etrangères, le général Antoine GAMBI, qui a déchargé quant à lui en mains propres 300 millions de F CFA  des fonds destinés à la réfection des bâtiments de son département. Toutes ces personnes ne sont-elles pas nommées par BOZIZE ? BOZIZE est lui-même impuissant face à ses ministres qui pillent sans état d'âme les entreprises publiques. Pour ne citer que les cas NGOUANDJIKA et MALEYOMBO, devenus aussi milliardaires. Et si BOZIZE ne condamne pas ses prédateurs, cela signifie qu'il donne l'exemple.

 

Pourquoi NDOUTINGAI est-il affecté aujourd'hui aux Finances? NDOUTINGAI est-il le bon Ministre des Finances qui sied à son oncle ? Pourquoi quitter les Mines pour les Finances avec le bagage technique faible que nous lui connaissons? Rappelons que NDOUTINGAI a morcelé et vendu toutes les propriétés minières (uranium, diamant, or, fer et pétrole) de la RCA. Ce qui a fait de lui et BOZIZE des milliardaires avec des biens meubles et immeubles importants à l'étranger, aujourd'hui. Il est muté au ministère des Finances pour que BOZIZE et lui-même jouissent des retombées financières de leurs magouilles. Aujourd'hui, BOZIZE planifie de créer  un nouveau département dénommé « Ministère du pétrole » spécialement dédié à NDOUTINGAÏ. Ils ont fait venir à Bangui des personnes ressources d'origine congolaise avec des passeports diplomatiques centrafricains pour ficeler le dossier.

 

A trop humilier le peuple, on sème le vent de la tempête future.

 

  

Maurice NAMBOZOUINA   

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 22:14

 

 

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BRISANT LA MISERE ET LA TYRANNIE : E KINDA WASÏÖBÊ, Ë TOMBA PÂSI

 


LETTRE AU PEUPLE CENTRAFRICAIN

 


« Si l'on respectait simplement la constitution qui laïcise la République Centrafricaine, l'on laisserait Dieu tranquillement là où Il est pour qu'il puisse veiller mieux sur ce Centrafrique et nous avec. » Charles Armel Doubane, Représentant de la République Centrafricaine aux Nations-Unies, New York 28 décembre 2011.  

 

Centrafricaines, Centrafricains, mes chers compatriotes.


L’année 2011 s’est achevée comme elle a débuté : dans le sang. Aux aurores de ce nouvel an, la horde des sauvages sous le commandement de Baba Laddé est entrée dans Kabo en y semant mort et désolation. Il y a quelques semaines, les mêmes, faisaient feu sur un camion de transport occasionnant des décès et blessés. Je vous invite à l’aube de cette nouvelle année à avoir une pensée pour tous ces compatriotes qui sont tombés sous les armes de ces hors la loi qui prospèrent sur notre territoire à l’ombre de l’incurie des actuelles autorités. Cette pensée va aussi à l’endroit des  2400 morts, 3400 enlevés et plus de 440 000 déplacés à cause de la LRA de Joseph Kony aux trois frontières ainsi qu’aux victimes de la tuerie de Bria.


En plus de ces tragédies, 2012 débute avec l’augmentation du prix de l’essence. Difficile mesure qui se fera se ressentir dans vos ménages et dans tous les secteurs d’activité du pays sérieusement sinistrés par la crise de la production électrique.

 

Mes Chers compatriotes,


2011 avait débuté par un génocide, electoral. Le 23 janvier, votre espérance fut sacrifiée, vos voix ravies et votre démocratie mise en charpie au service d’un clan. 2011 aura donc été une année de plus. De plus dans le désespoir, la misère et l’insécurité. A l’aube de cette nouvelle année, notre pays se trouve à un croisement et nous ses enfants devant un choix. En effet, il s’agit pour nous de choisir de regarder notre pays sombrer et exploser ou choisir de résister pour le redresser afin de le confier en héritage à nos enfants et aux prochaines générations.


Filles et fils de Centrafrique, ainsi que ceux qui ont fait le choix de vivre chez nous en toute amitié et intelligence. Dans vos maisons, vos quartiers, vos villages et vos communes ; vous êtes les premières victimes de cette somalisation voulue et organisée de notre pays, de nos destins. Vous savez mieux que quiconque que les vœux ne changeront rien dans votre quotidien. Que l’arbitraire prospèrera. Que l’insécurité demeurera l’unique partage commun. Que l’électricité restera pour longtemps un luxe. Que le chômage et le sous-emploi feront partie de votre quotidien. Que le paludisme, le SIDA et l’insalubrité seront toujours vos réalités. Que les églises, les temples et les mosquées seront toujours des salles d’attente pour le paradis et le miracle.


Cette dramatique réalité que nous vivons au quotidien ne changera pas grâce à nos vœux. 2011 n’aura pas échappé à cette règle. Vos doléances et besoins légitimes se sont accrus et notre pays est proche de son implosion finale.

 

 

PARDONNEZ-MOI !


Mes Chers Compatriotes,

 

2011 fut une année de plus dans les tourments car mal inaugurée. En effet, les germes de sa somalisation aiguë ont trouvé au mois de janvier le terreau idéal pour leur pleine croissance. Nous savions que les conditions politique, technique et juridique pour des élections transparentes et crédibles n’étaient pas réunies mais nous y sommes allés. Par notre participation à ces élections, nous nous sommes faits complices du génocide electoral qui a suivi. Pour avoir été de ceux qui ont participé à ce génocide par ma présence politique, je veux demander au peuple, PARDON.


Après cinq années plus une caractérisées par un empirisme primaire et une navigation à vue sans visibilité, vous étiez en droit d’espérer une alternative au système en place. Hélas, nos contradictions, nos insuffisances, nos égos, nos fourberies et égoïsmes vous ont empêché de valider votre choix et servi de levier à un système à bout de souffle pour légitimer un hold-up au vu et au su de tout le monde.

Ce hold-up qui constitue l’une des causes profondes de la somalisation chronique de notre pays est un obstacle qui retarde notre sortie du tunnel : PARDONNEZ-MOI !

 

RESISTONS : DE L’ESPRIT KONGO-WARA

 

Centrafricaines, Centrafricains ; mes Chers Compatriotes : Nihil novi sub sole (rien de nouveau sous le soleil).


En empruntant l’avenue du souvenir 2011, nous pouvons mesurer la dimension du gouffre dans lequel est plongé notre pays. Tous les indicateurs sont dans le rouge et même l’immense ferveur soulevée par nos fauves-football à qui il faut rendre hommage, s’est noyée dans les vagues de la dure réalité centrafricaine. Les tribulations et les atrocités ont effroyablement augmenté en nombre. Une grande partie de notre pays est plongée d’une part dans une subsistance aiguë : pèche, cueillette, mendicité…tandis que d’autre part c’est le retour à la préhistoire : pas d’écoles, d’électricité, d’eau, d’administration, de ponts, de routes, de centres sanitaires…A côté de toute cette misère aiguë, le nombre des milliardaires du régime a augmenté concomitamment avec celui des villas, des groupes électrogènes et autres grosses cylindrées. Les fractures sociale, identitaire et politique n’ont jamais été si marquées. 


Lorsque vous vous plaignez, on vous dit : Circulez, il n y a rien à voir ou applaudissez même si vous vivez l’enfer sur terre.


Ce second mandat est seulement à ses premiers mois mais c’est  l’Apocalypse now et tout indique que d’ici peu, notre pays sera évoqué comme étant le 2ème pays africain intégralement somalisé.


Mes Chers Compatriotes,

 

Lorsque vous interrogez les responsables de cette situation, ils vous disent que les caisses de l’état sont vides. Alors que la RCA n’a jamais eu de toute son histoire autant de milliardaires supposés ou déclarés et que les aides financières cumulées dépassent largement celles accordées à notre pays entre 1979 et 2003.


Lorsque les brigands et autres hors la loi font régner leurs lois dans vos cités et sur vos routes et que votre tragédie atterrit sur la place publique, ces responsables arguent qu’ils sont en train de discuter avec ces hors la loi. Alors que la RCA n’a jamais eu autant d’officiers qu’elle ne l’a aujourd’hui et que l’effectif cumulé de tous les hommes des différentes forces de défense et de sécurité est le plus élevé jamais connu en cinquante années d’existence des FACA sans oublier que la part affectée à la défense nationale dans le budget de l’état centrafricain est des plus élevées.


« L’aveu est la reine des preuves » disent les familiers du droit. Les caisses de l’état sont vides. Cela traduit l’incapacité du régime en place à assurer le fonctionnement correct de l’état, garantir les investissements publics et organiser la solidarité nationale.

« Nous sommes en train de discuter avec ces hors la loi…ou…nous n’avons aucun problème avec eux ». C’est l’expression de l’impuissance des forces de défense à mettre fin aux exactions dont nous sommes victimes et qui constituent la pire des tortures.


Centrafricaines, Centrafricains, mes Chers Compatriotes.

 

Depuis quelques semaines, vous êtes sortis dans les 6èmeet  7ème arrondissements de Bangui, au KM5, à Batalimo et ailleurs pour manifester votre mécontentement face à la dégradation permanente de vos conditions d’existence. Ce mot d’ordre que nous autres politiciens ou prétendus leaders d’opinion avons refusé de donner, vous vous l’êtes donné et dans la rue, vous êtes sorti.


Il y a environ 83 années, l’un des nôtres, à Nahing aux confins de la Nana Mambéré avait refusé l’oppression coloniale. Karnou avait rejeté le régime inhumain d’exploitation coloniale et avec la force de son esprit ainsi que celle de ses mains, a lancé cette grande opération d’insurrection et de résistance ; le Kongo-Wara qui mobilisa toutes les ethnies et dépassa le cadre de l’Oubangui-Chari pour atteindre l’orient du Cameroun et le Septentrion du Moyen-Congo. De 1928 à 1932 nos ancêtres qui rêvaient de liberté et d’égalité des hommes se sont lancés avec détermination et foi en leur espérance dans la résistance au système dominant de la fin des années 1920. Vos récents mouvements de colère sont de l’esprit Kongo-Wara : il faut résister.


En effet Saint Augustin disait : « à une loi injuste, nul n’est tenu d’obéir.»


 Les princes de la République savent :

·         où logent Baba Laddé ;

·         où logent et prospèrent les PDG des manufactures rebelles ;

·         comment opèrent les hommes de Joseph Kony ;

·         qui sont les grands rapaces financiers de la République ;

·         qui violent les lois ;

·         qui portent atteinte aux libertés citoyennes…


Devant la démission de ces princes, il revient à chaque citoyen de résister. Chacun de nous connaît ces paroles. Nous le chantons en français ou en sango. En le rédigeant, ses rédacteurs savaient-ils que 53 années plus tard, seraient-ils toujours d’actualité ? « Brisant la misère et la tyrannie, E kinda wasïöbê, ë tomba pâsi ». Cette proclamation est la promesse de « la Renaissance » notre hymne national.


A l’heure où le pays va mal et qu’aucune lueur annonçant la sortie du tunnel n’est perceptible, nous devons à nouveau nous réapproprier « La Renaissance » et sa promesse en RESISTANT. A l’heure où tout va de travers et que les lois de la République sont bafouées avec la plus grande arrogance, nous devons entrer en résistance.

Il nous faut créer des lieux de résistance par la Parole, le Symbole et l’Acte pour contraindre ceux qui croient détenir le titre de propriété de notre pays à travailler pour l’avènement d’un pays stabilisé à l’intérieur duquel ses gouvernants œuvreront pour la justice et le progrès collectif.


EPILOGUE

 

Centrafricaines, Centrafricaines ; mes Chers Compatriotes.

 

Si les limites des tyrans sont fonction de ceux qu’ils oppriment, leurs tyrannies prospèrent à cause de notre démission.


Le changement du 15 mars 2003 n’est pas celui d’un homme, d’un groupe d’hommes, d’une ethnie, d’une région ou d’une religion. Il est le vôtre, le nôtre. Il n’est pas non plus un visa accordé à certains pour nous ramener à l’âge de la pierre taillée et la légitimité apparente n’est pas un prétexte fourni pour sévir ou laisser faire. C’est pourquoi vous étiez sorti en nombre le vendredi 28 mars 2003 dans les rues pour le confirmer.

En cette nouvelle année, nous devons refuser d’être les objets dans notre propre histoire et résister pour en devenir les véritables acteurs. Comme Karnou il y a 83 années, nous devons résister avec notre esprit et nos mains et pour certains d’entre nous avec le prix du sang pour restaurer l’unité territoriale de notre pays et mettre un terme aux violations de nos droits. C’est le prix à payer pour écrire les prochains chapitres de notre histoire : Disparaître ou Résister.


Il y a quelques jours, le général François Bozizé Yangouvonda déclarait : « L'occupation et la circulation sur notre territoire des forces non conventionnelles, non centrafricaines est un affront à notre fierté et à notre dignité».

 

Avant d’être le nôtre, cet affront est d’abord le sien en tant que Président de la République et Chef Suprême des Armées. Ensuite parce qu’il est l’un des plus anciens FACA encore en activité de surcroit l’officier le plus gradé. Enfin parce que toutes les méthodes utilisées pour venir à bout de ces hors la loi se sont avérées inefficace bien que budgétivores. En tant que tel, François Bozize Yangouonda a la responsabilité, mieux le devoir de porter haut le flambeau de l’armée dont le rôle premier est la défense du territoire national. Qu’il nous conduise à la guerre et à la victoire en 2012 contre Baba Laddé, Joseph Kony et tous les groupes armés qui ne respectent pas les engagements pris. S’il ne le fait pas, qu’il parte !

 

Clément DE BOUTET-MBAMBA

 

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Opinion