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DU DÉSORDRE… EN PERSPECTIVE !
Des averses exceptionnelles en cette saison sèche lavent Dakar des miasmes de la nuit. En ce jour de janvier, la capitale sénégalaise, semblable à un mastodonte sacré, brille de mille feux. Ici, presque tout le monde vit au rythme de la prochaine élection présidentielle, prévue pour se dérouler quelques semaines plus tard.
Pourtant, de nombreux signes laissent présager une période d’inquiétude et de grand désordre dans les affaires du pays. L’orage peut éclater à tout moment. Le pire peut arriver ! La faute à un homme, Abdoulaye Wade, et à son clan. Arrivé au pouvoir en mars 2000 à la faveur d’une élection crédible, ce dernier peine à s’éterniser dans les allées de la République. D’où sa détermination, manifeste, à corrompre, à plus de 86 ans, son propre itinéraire politique, au nom d’obscurs desseins, hypothéquant ainsi le destin collectif des Sénégalais. Alors que la majorité de ses compatriotes lui enjoint de renoncer à un troisième mandat qu’il s’est mis en tête de briguer en dépit du bon sens, Gorgui – surnom donné par ses partisans – encouragé par une équipe d’irresponsables davantage préoccupés à garnir leurs poches trouées que par le maintien de la paix sociale dans leur pays, rédige, sous le regard de l’opinion, l’ultime chapitre d’un règne perverti. Le 17 décembre dernier, il a été investi par la formation politique dont il est toujours le secrétaire général, le Parti démocratique sénégalais (PDS), pour porter ses couleurs lors de l’élection présidentielle de cette année.
Insensible à la vague de contestation qui secoue le pays depuis des mois, l’exhortant à ne pas briguer un troisième mandat, Abdoulaye Wade a décidé de livrer son dernier combat, mais cette fois-ci, à l’encontre de la majorité de ses concitoyens. Le combat de trop. À partir de ce moment-là, et chaque jour saura dès lors le prouver, seul va compter, pour lui, le prolongement de son bail à la tête du Sénégal. Foulant ainsi allégrement aux pieds les supposés convictions et engagements qui naguère lui avaient valu l’adhésion de tous ceux qui, comme mon pauvre père, ont trouvé en lui l’inventeur d’une nouvelle page constructive de l’Histoire d’une Afrique post indépendance qui a trop souvent donné l’image d’un bateau ivre, en perdition. Tous ceux-là, y compris moi, ont longtemps eu la naïveté d’y croire : néanmoins, le grand bond qualitatif du Sénégal n’a pas eu lieu. Pis, l’épilogue dicté par le seul agenda politique de Wade qui s’écrit actuellement sous nos yeux de naïfs, mais de naïfs éclairés – il ne manquait plus que ça ! – ignore même les fondements du plus précieux patrimoine commun du Sénégal : sa démocratie, construite bien avant les vents du multipartisme qui ont soufflé dans la plupart des pays du continent noir au début des années 90.
De leurs balcons, les piètres stratèges du règne agonisant d’Abdoulaye Wade, observent le rejet massif exprimé aussi bien par les politiques traditionnels que par les mouvements spontanés de la jeunesse, de même que par les organisations de la société civile, sans rien comprendre. Comble de désinvolture, ils ont préféré opposer à cette montée de mécontentement, le mépris et l’indifférence, signes distinctifs des pouvoirs autistes n’ayant aucun autre choix que de se recroqueviller sur leurs fébriles certitudes. Ils ont fermé les portes au dialogue et à la concertation, de sorte que la fronde politique traditionnelle s’est transformée en fronde sociale, plus explosive qu’une bombe atomique. C’est peu de dire que depuis son accession à l’indépendance, le Sénégal n’avait jamais connu un tel degré de crispation, et l’architecture polémologique actuelle de la scène politique fait craindre tous les débordements et une crise majeure. En opposant, en dépit du simple bon sens, et avec une rare arrogance, la primauté de son agenda à la revendication populaire, dans un pays où l’attachement aux libertés collectives relèvent de la culture nationale, l’opposant autoproclamé « panafricaniste » de naguère, s’est transmué, inexorablement, aux yeux de l’opinion en une banale incarnation du pouvoir personnel, de la gestion privative de l’espace national, pathologiquement convaincu que sa destinée se confond avec celle de la collectivité qui lui a accordé un bail temporaire dont il a méthodiquement détourné les clauses essentielles.
Un régime persuadé que les ruses du passé peuvent encore prospérer
« Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais » est désormais la rengaine en vogue de ce grand donneur de leçons devant l’Éternel. Prompts à vitupérer les turpitudes des autres chefs d’État qui s’accrochent à leurs fauteuils et à infliger à la terre entière des leçons de probité, comme ses diatribes contre l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo que nous avons encore en mémoire, Abdoulaye Wade a rechigné, et rechigne encore de manière ostentatoire, avec un culot qui n’a d’égal que son ego démesuré, à balayer devant sa propre porte : corruption, vanité, vénalité, cupidité, mépris des humbles et obscurantisme ont élu domicile chez les Wade. Tout cela les pousse à opposer un mépris souverain à l’opinion sénégalaise qui conteste la troisième candidature du vieux renard en se fondant sur la loi fondamentale. La réponse du PDS, son parti, aux revendications des Sénégalais, est aussi simpliste que dangereuse : circulez, il n’y a rien à voir ! Abdoulaye Wade et les siens pensent à tort que tout le bruit que font leurs compatriotes pourrait s’éteindre, juste au moyen d’un arrangement politicien, dans un pays où le pouvoir, de plus en plus en plus déconnecté de la réalité, se dit convaincu que tout s’achète. Ils croient dur comme fer que la volonté de ses adversaires d’en découdre pourrait s’évanouir, dès lors qu’ils seraient invités à se joindre aux convives du festin présidentiel… Réflexe d’un autre âge.Bien dommage que ses leçons sur la démocratie et la voix du peuple ne fonctionnent qu’à sens unique.
Un troisième mandat de Wade est-il souhaitable ou souhaité ?
Faute d’un séisme d’une importante magnitude sur l’on ne sait quelle échelle, le Conseil constitutionnel sénégalais validera, sans conteste, la troisième candidature d’Abdoulaye Wade. Et ce d’autant plus que la fronde qui l’oppose à ses adversaires a tôt fait de virer à la farce et à l’extravagance. Car le président sénégalais qu’on pourrait désormais, du fait de ses agissements, confondre avec son fantasque homologue et voisin qui terrorise la Gambie, n’a pas hésité le moins du monde à aller chercher aux quatre coins du globe sauf au Sénégal, à grands frais, une armada de juristes, oh pardon… de mercenaires du droit pour venir expliquer à ses concitoyens la « recevabilité » de sa candidature de la honte. Si l’on n’atteignait pas là le comble de l’affliction, le degré zéro de la politique, s’il ne s’agissait pas de l’avenir de millions d’individus, l’énormité du procédé prêterait plutôt à sourire. Parmi ces juristes invités à dire le droit en lieu et place des institutions sénégalaises habilitées, Charles Zorgbibe, juriste et historien français spécialiste des relations internationales, Michel de Guilenchmidt, haut fonctionnaire français, avocat au Barreau de Paris, Bernard Chantebout, professeur émérite de droit public à l’Université Paris V, Didier Maus, expert en droit constitutionnel, Jean-Yves de Cara, docteur d’État en droit public, Thurbert Baker, ancien Procureur général démocrate de l’État de Géorgie et président de l’Association des procureurs aux États-Unis, Dominique Chagnollaud docteur d’État en sciences politiques, et l’inévitable Christine Dessouches désignée secrétaire de séance, amie de toujours de Wade, et retraitée de l’Agence de coopération culturelle et technique en France. « Que du beau monde… », comme dirait l’autre.
D’un calme plus qu’olympien, ces mercenaires du droit, dont l’expertise se confond allègrement avec leurs haïssables intentions mercantiles, sont venus dire en substance au bon peuple sénégalais, ouvrez les guillemets : qu’en limitant le nombre de mandats lors de la révision de la Constitution qu’il avait lui-même initiée (limitation qui n’existait pas avant son entrée en fonction), et en annonçant sur tous les toits à coups de trompettes et de tambours, comme c’est souvent le cas avec lui, leur président ne s’est pas tiré himself deux, voire même trois balles dans le pied, et surtout donné les verges pour se faire fouetter. À les en croire, le Conseil constitutionnel devait l’autoriser à concourir en février prochain. La nouvelle loi constitutionnelle instaurant le quinquennat, ont-ils assuré, n’étant pas rétroactive, seul son mandat 2007-2012 devait être pris en compte.
Pas étonnant que l’opposition sénégalaise ait rejeté les « conclusions » de ces acteurs du crépuscule, en dénonçant « une farce, un cirque, une aberration… ». Hélène Tine, la remarquable porte-parole de l’Alliance des forces du progrès (AFP, parti de l’opposant Moustapha Niasse), a, quant à elle, estimé que ce séminaire était « une manière pour Wade de trouver une onction, une justification à son obsession à vouloir briguer un troisième mandat ». Pour sa part, le Parti socialiste a mis l’accent sur le gaspillage des deniers publics, en considérant les conclusions des juristes invités comme « une séance de restitution d’une réflexion commandée à des juristes nourris et logés sur les fonds du contribuable ». Vive réaction des opposants réunis au sein du Mouvement Tekki qui ont tôt fait d’appeler, plus que jamais, à « la mobilisation citoyenne pour s’opposer à cette candidature inconstitutionnelle ». Ce mouvement a relevé que « pendant deux jours, aux frais du contribuable sénégalais, des millions de francs Cfa ont été dépensés par le régime des Wade, un homme englué dans le mimétisme colonial, malgré son panafricanisme de façade, et ce, pour que treize juristes et avocats d’affaires interprètent la Constitution de 2001 en faveur de sa candidature à l’élection présidentielle de février 2012 ». Le patron du PDS espérait-il réellement, par cette pathétique pantalonnade, parvenir à « influencer le Conseil constitutionnel qui devra trancher fin janvier sur la validité des candidatures » ? Tout laisse à le penser !
Va-t-il à ces élections à contrecœur ?
Au cours d’une interview donnée début janvier 2012 aux chaînes de l’audiovisuel public français, Radio France Internationale et France 24, à la question : « Si vous êtes réélu, comme vous l’espérez, vous allez gouverner différemment, et si oui comment ? », le président Wade a déclaré ceci : « Différemment non, parce que ma façon de gouverner a donné d’excellents résultats que tout le monde constate, tous ceux qui sont de bonne foi. Mais j’élargirai le gouvernement, j’élargirai la majorité. Pourquoi ? Parce que ces élections qui viennent, constituent un turning point dans l’Histoire du Sénégal. Puisque tous les hommes politiques âgés, comme moi – ou l’opposition, parce que nous sommes de la même génération – tous ces gens de ma génération, vont être remplacés par les jeunes générations, dans leur même parti. Alors, qu’est-ce que je vais faire ? Je vais préparer la même génération dans mon parti, à disputer le pouvoir je ne sais pas quand, mais ces élections vont se dérouler entre des Sénégalais de la même génération, du pouvoir et de l’opposition. Les dinosaures comme eux et moi, nous serons en dehors du système politique. Il se trouve que ma mission aujourd’hui, c’est de préparer une alternance générationnelle3 ».
En lisant entre les lignes, il est clair que le président sénégalais a voulu signaler deux choses : la première, il est très peu probable que le Conseil constitutionnel, présidé par l’un de ses proches, Cheick Tidiane Diakhaté, invalide sa candidature. Et la deuxième affirmation : il ne s’était pas préparé à faire trois mandats, qu’il a pris la décision en dernier ressort et à contrecœur parce que, dans son propre camp, il n’existait aucune option valable en dehors de lui. En français : face à l’incapacité de son dauphin putatif, Karim, qui n’est pas en position de gagner parce que rejeté par les Sénégalais, il se présente pour lui céder la place juste après les élections. Terrible aveu d’échec. Il faut le dire, et le dire avec une certaine gravité, qu’au-delà de cet aveu d’échec, nul projet, pas la moindre trace d’un programme de gouvernement. Mise à part la promesse de préparer « l’alternance générationnelle » qui est plutôt une grossière tentative de dévolution monarchique du pouvoir de l’État. On pourrait également s’étonner d’entendre Abdoulaye Wade promettre sans rire « d’élargir le gouvernement et la majorité », alors même que les Sénégalais sont suspendus à la décision du Conseil constitutionnel qui devra se prononcer, le 18 janvier prochain, sur la validité de sa candidature. Vit-il encore dans le même pays que les Sénégalais ? À force de toucher le fond, le vieux Wade finira bien par trouver de… bonnes idées.
Michel Lunven, ici à droite dans un avion avec Jacques Foccart
« Ambassadeur en Françafrique », mémoire du représentant officiel de la France au Niger, en Centrafrique et au Gabon. Ce qui a éveillé ma curiosité à la lecture est l’interview que son auteur a accordée à Christophe Boisbouvier de RFI le 11 janvier 2011. J’ai couru à la FNAC et j’ai pris un exemplaire du fameux sésame qui trône royalement au présentoir « Géopolitique » de la FNAC du Forum des Halles.
Je m’étais promis de faire un commentaire une fois la lecture achevée d’abord comme Rdciste, ensuite comme militant ayant collaboré dans la Team de Campagne du général André Kolingba en 2004/2005 et enfin comme aspirant à l’émergence d’un Centrafrique Nouveau. Les premières lignes du long chapitre consacré à la RCA m’ont convaincu de ne rien faire et dire. En effet, l’expertise « Papier Bristol » de l’auteur de ce livre a réduit les difficultés rencontrées par les Centrafricains à l’achèvement du processus démocratique entamé en juin 1991 à une lutte de pouvoir du « Clan des Yakoma ». Ce postulat prouve sa pleine mésure à la page 178 : « à 10h30, j’appelle d’abord Mr. Mabingui(1), secrétaire général à la présidence- le plus redoutable du clan Yakoma- pour le mettre au courant de la situation et lui demander de porter ces informations à la connaissance du président. Il me raccroche au nez ». Le clan des Yakoma, cette secte qui a fait d’André Kolingba leur otage est donc la cause des difficultés, voire de tous les maux de la RCA de ce début des années 90. Cette caricature m’empêche de poser une grille de lecture sur le témoignage de Mr Michel Lunven.
Plus Yakoma que moi tu meurs comme j’aime souvent à le dire car né de père et de mère Yakomas, tout ce que j’avancerai comme argument pour rectifier les erreurs manifestes de ce récit, sera interprété comme la défense d’une cause, la cause Yakoma. Je décide donc de passer mon tour. Cependant, le récit n’est pas dénué d’intérêt. Outre les coulisses de la gestion préélectorale et la tension postélectorale, je retiendrai de ce récit cette expression : « Vieux chevaux de retour…page 147 » Pour comprendre cette expression, prenons un exemple du portrait des candidats établis par Mr Lunven : « M. Dacko, il fait venir de France deux barbouzes recrutées vraisemblablement dans une de ces sociétés de sécurité qui fleurissent aujourd’hui en France. Elles sont très vite repérées par la sécurité présidentielle, et expulsées quelques jours après leur arrivée. Il ne se passe pas de jour sans qu’il [DACKO] m’importune pour tout et n’importe quoi. C’est un personnage falot, dénué de tout scrupule, pleurant sans arrêt auprès des personnalités politiques françaises pour obtenir des subsides. C’est pour moi un mystère que la France l’ait établi dans ses fonctions de président pour succéder au règne de Bokassa, une présidence finalement interrompue par le coup d’état du général Kolingba. Il fallait vraiment qu’il n’y ait aucun autre candidat possible. »
Entre 2002 et 2003, la question de l’éviction du président Patassé par tous les moyens était à l’ordre du jour. De nombreux fils et filles de Centrafrique se sont réunis dans le cadre de la CPC et ont choisi de faire de François Bozizé Yangouvonda l’outil de la réalisation de cette ambition. Aucun garde-fou, aucun plan B n’a été mis en place. Notre soif d’en venir à bout de Patassé était si grande que nous avons oublié que François Bozizé Yangouvonda, bien que n’étant pas de la génération des pères-fondateurs (1910-1920-1930) appartenait à cette caste et était de fait, un Vieux Cheval. C’est cette tendance que nous avons à répéter les mêmes erreurs qui fait aujourd’hui de notre pays, l’un des derniers au monde.
L’autre tare, que Thomas Sankara aurait appelé féodale est ce que certains nomment le syndrome du Colonisé : « Le premier souci de ces candidats reste d’aller quérir un adoubement auprès d’un ministre ou d’une personnalité politique à Paris, en faisant valoir leurs mérites respectifs et leurs bonnes intentions vis-à-vis de la France s’ils sont élus. Lors des premiers entretiens avec chacun d’entre eux, je leur fais comprendre qu’ils perdent leur temps en procédant ainsi, car désormais les décisions sont prises à Bangui,… » Page 148. Cet extrait se passe de tout commentaire et interpelle chaque entrepreneur politique.
« Le peuple centrafricain, pacifique par nature, a de temps en temps des bouffées de chaleur extrêmement violentes,.. » Ces propos que l’auteur prête à la page 149 à Monseigneur Joachim Ndayen sonnent comme un avertissement à tous les fossoyeurs de la République et un appel à la mobilisation à tous ceux qui œuvrent pour un Centrafrique débarrassé du KNK, ce veau d’or de la politique Centrafricaine ainsi que ceux qui ont mis hier ce pays à terre.
J’emprunte ces quelques lignes à Jean Bosco Peleket dans une tribune publiée en aout 2001 : « Il est patent qu’un certain nombre de cadres Yakomas, avec le général Kolingba, ont participé à la décrépitude de l’Etat centrafricain à l’instar des cadres d’autres ethnies de la RCA. Affirmer le contraire serait stupide. »
En effet, prétendre le contraire de cette affirmation serait stupide, criminel. De 1960 à nos jours, la RCA a connu (2) :
· 1960-1965 : un pouvoir partisan ;
· 1966-1979 : un pouvoir personnalisé ;
· 1981-1986 : un pouvoir corporatiste ;
· 1987-1993 : un pouvoir régional ;
· 1993-2003 : un pouvoir tribal ;
· 2003 à nos jours : un pouvoir clanique puis familial.
La caractéristique principale de tous ces régimes est que ce ne sont pas les groupes qu’ils sont censés représentés ou défendre qui jouissent du pouvoir mais un cercle au rayon très réduit.
Instruit de tous ces errements, le Centrafrique post-KNK devra être un pays avec des responsables dont l’unique mission est le service de la cause commune qui est la somme de toutes les causes. Tant que nous n’aurons pas compris, le processus de somalisation de notre pays continuera et d’ici peu, il aura disparu.
En définitive, l’on peut dire que nous avons une triple bataille à mener. Une pour notre indépendance réelle, une pour notre indépendance vis-à-vis de l’histoire et une dernière pour notre indépendance de la misère.
Je ne regrette pas la lecture, je regrette simplement que les acteurs centrafricains accouchent rarement leurs témoignages d’acteurs directs de l’histoire de notre pays. A cette interrogation, une amie me faisait remarquer que le silence de ces hommes n’a d’équivalence que leur responsabilité dans la situation du pays. « Que veux-tu qu’ils vous disent ? Ils sont rares les criminels qui confessent librement. N’attendez rien d’eux et avancez. »
Clément DE BOUTET-MBAMBA
1 : Mr Mabingui n’est pas Yakoma, ce qui fausse la grille de lecture de l’Ambassadeur qui, autre bizarrerie, fait de Mr Grélombé, le fameux « terrible Directeur de Cabinet » d’André Kolingba en 1993. Ce qu’il n’était pas du tout.
2 : je reviendrai prochainement sur ces aspects
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Après son ouvrage sur les relations Chine-Afrique (traduit en anglais à New York aux Etats-Unis, en cours de traduction en chinois à Pékin en Chine et inscrit au programme des cours à l’Université Laval au Québec au Canada), Thierry BANGUI signe un nouveau livre (essai) qui vient de paraître aux éditions L’Harmattan à Paris, intitulé :
« LA VILLE, UN DEFI DU XXIe SIECLE
Essai sur les enjeux de développement urbain en Afrique »
Ce livre est désormais en vente dans les librairies françaises, chez L’Harmattan (l’éditeur) et peut également être commandé par Internet sur les sites de vente des livres en ligne.
Dr. Thierry BANGUI
Consultant international, universitaire et essayiste
Marseille, France
PS : si vous résidez hors de la France, vous pouvez le faire commander par un Libraire de votre lieu de résidence. En Afrique, L’Harmattan dispose de librairies à Abidjan, Brazzaville, Conakry, Dakar, Kinshasa, Nouakchott, Ouagadougou et Yaoundé.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° 002/EB/2011
relatif à un « Apéro littéraire » à Nantes.
Le samedi 13 août prochain, la République Centrafricaine célèbre le 51ième anniversaire de son accession à l’indépendance.
C’est justement pour marquer cet événement historique qui consacre la souveraineté du pays que les Éditions Bêafrika mettent en librairie le livre du journaliste Adrien Poussou, « Il neige sur Bangui… Où va la République Centrafricaine ? ».
L’ouvrage, chacun sait, tout en s’attaquant à l’étrange impasse politique actuelle que traverse la République Centrafricaine, décrypte en outre l’histoire du pays, sa géographie, son économie et lève un coin de voile sur certains acteurs majeurs de la politique centrafricaine.
Pour la présentation du livre, les Éditions Bêafrika ont l’immense plaisir de convier tous les Centrafricains et les amis de Centrafrique à un « Apéro littéraire » ce 13 août au restaurant bar Rond Point Élangui, 4 allée de l’Ile Gloriette 44000 Nantes.
L’éditeur informe par la même occasion ceux des Centrafricains qui sont sur le territoire national, que suite aux pressions renouvelées et aux menaces du régime en place, réfractaire à la liberté d’opinion, la Maison de la Presse de Bangui a été obligée de retirer de ses rayons, les exemplaires du livre dûment exposés.
Malgré cela, le livre est disponible à Bangui et peut être acheté au kiosque à journaux du GEPPIC ou au siège social du quotidien Le Confident pour la modique somme de 5 mille francs CFA.
Fait à Bangui, le 11 août 2011.
Les Éditions Bêafrika
Adolphe Pakoua
Après ses premiers romans, "Le lac des pssions ssassines" ches Bénévent, « Le fétiche des anges » chez L’Harmattan où il évoquait les souffrances que représente au quotidien le drame la retraite pour les fonctionnaires en République centrafricaine, Adolphe Pakoua revient ici avec un nouveau roman, « La république viciée » toujours aux éditions L’Harmattan, pour poser la problématique de la justice eu égard aux emprisonnements arbitraires, pratiques tellement courantes dans les républiques bananières comme le cas de la République centrafricaine à l’heure actuelle, pays d’origine de l’auteur.
A un moment où on est plutôt enclins à désespérer du Centrafrique et des Centrafricains car seuls des records de bêtise et médiocrité distinguent ce pays, par son sens de l'effort, sa régularité de parution, sa rigueur intellectuelle et le patriotisme dont il fait preuve, Adolphe Pakoua donnent des raisons de ne pas désespérer définitivement des Centrafricains qui ne sont pas en réalité, plus cons que certains. Bravo !
Rédaction C.A.P
Cartes sur table avec le livre d’Adrien Poussou
Par journaldebangui.com - 18/07/2011
Comme un militant infatigable des droits de l’homme il dit n’avoir jamais renié ses convictions et par souci d’indépendance, il refuse d’appartenir à un parti politique
Il neige sur Bangui…est le titre de votre ouvrage. N’est-ce pas incongru?
On peut voir ça comme ça. Puisqu’il est quasiment impossible d’apercevoir de la neige dans un pays africain au climat tropical comme c’est ici le cas de la République Centrafricaine. Même s’il faut admettre après coup qu’avec le réchauffement climatique, les scénarios les plus invraisemblables sont envisageables. Au départ j’avais choisi comme titre du livre, «où va le Centrafrique de Bozizé?» Cependant, je dois à la vérité de dire que le titre retenu m’avait été proposé par une amie des époux Massi, tombée sous le charme de notre pays et qui a été meurtrie par leur disparition tragique. J’ai finalement accepté son titre avec cœur, parce que j’ai écrit ce livre en hommage aux époux Massi et à feu Maître Goungaye Wanfiyo, ancien président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme, juriste émérite et combattant de la justice sociale.
Vous connaissant, on imagine que ce livre est un véritable réquisitoire contre le régime du président Bozizé?
Celui qui gouverne notre pays en ce moment, s’appelle bien M. François Bozizé. Et de ce fait, me semble-t-il, face à la situation du pays, c’est à lui que nous sommes tenus de demander quelques comptes. Il se trouve que depuis le 15 mars 2003, nous avons attendu et continuons d’attendre que les mirages qui nous ont été promis, se muent enfin en miracles pour que nous sortions du marasme économique et de la misère. Nous attendons toujours que les recettes publiques servent à combattre la misère et nous assurent les deux repas quotidiens. Nous sommes fatigués d’attendre que l’Armée nationale redevienne républicaine, et qu’elle protège enfin nos vies, celles de nos proches, ainsi que nos biens. Nous espérons toujours renouer des liens de confiance avec la justice de notre pays, et que notre Constitution soit réellement respectée. Nous attendons encore et toujours que le bois, le diamant, l’or, l’uranium, demain le pétrole, et toutes les autres richesses dont regorge notre pays, nous servent à quelque chose, par exemple à nous sauver de la maladie, de la misère et de la famine.
Mais l’actuel chef de l’État ne l’entend pas de cette oreille. Il faut être de son cercle familial, ou à défaut de sa région natale, pour espérer prétendre à des fonctions civiles ou militaires significatives: le quart des membres du gouvernement à commencer par son fils aîné, son neveu Sylvain Ndoutingaï, presque la totalité des directeurs de cabinets ministériels, la totalité des directeurs généraux des sociétés d’État d’économie mixte et d’offices publics, les préfets, les responsables militaires et des services de sécurité, appartiennent à l’ethnie Gbaya dont il est issu.
Vous reconnaissez tout de même que le régime actuel n’est pas le seul à l’origine de
ces maux?
Malheureusement non. Je suis obligé de l’admettre. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai mélangé, volontairement, la réalité avec la fiction, faisant en sorte qu’une bonne partie du bouquin se déroule dans une chambre d’hôtel à Brazzaville où, malgré moi, je me retrouve en compagnie de l’ancien président de la République David Dacko, de son tombeur Jean-Bedel Bokassa ainsi que son ennemi politique, le professeur Abel Goumba. Je fais parler tout ce beau monde en laissant une grande marge à l’ex empereur Bokassa pour juger, sur pièce, son ancien garde du corps, François Bozizé, qui l’imite.
Un dernier mot…
Je ne crois pas une seconde que notre pays a vocation à demeurer éternellement dans la misère et la pauvreté. Il ne faut pas que cette illusion se prolonge. C’est pourquoi je nous invite à la réflexion pour sortir de ces agissements archaïsants et régressifs. Ils nous maintiendraient dans ce chao dont il faut vite sortir. J’invite également tous ceux qui aiment le débat d’idée, arguments contre arguments, à acheter ce livre qui est déjà disponible sur la librairie en ligne Amazone.fr. Les compatriotes de Bangui le trouveront début août à la Maison de la Presse ou au siège des Éditions Bêafrika au quartier Gobongo.
« Il neige sur Bangui… où va la République Centrafricaine ? » d’Adrien Poussou 114 pages, 12 euros. En commande sur Amazone.fr ou à l’adresse suivante : assobeafrica@yahoo.fr
Le 13 août prochain, la République Centrafricaine célébrera le 51ième anniversaire de son accession à l’indépendance. Pour les Centrafricains, cet événement, qui consacre aux yeux du monde la souveraineté du pays, est considérable. Ils auraient voulu pouvoir s’en réjouir pleinement et associer à leur joie tous ceux qui les ont aidés dans leur longue lutte pour accéder à l’indépendance. Malheureusement, comme pour les festivités du 50e anniversaire, le 13 août 2010, qui s’étaient déroulées sous la houlette d’un chef d’État illégitime, en vacance du pouvoir, cela soit encore impossible aujourd’hui.
C’est à cette étrange impasse politique que s’attaque Adrien Poussou dans son livre, « Il neige sur Bangui… où va la République Centrafricaine ? » à paraître le 13 août prochain. Ce livre captivant, qui se lit intensément, permet de décrypter l’histoire de la République Centrafricaine, sa géographie, son économie et sa situation politique actuelle. Il suggère également de faire connaissance avec certains de ses acteurs majeurs aussi bien d’hier que d’aujourd’hui, non sans poser avec acuité, la question centrale, sinon essentielle : où va la République Centrafricaine?
Notre rédaction vous livre, en exclusivité, les bonnes feuilles de cet ouvrage qu’on n’a pas envie de s’arrêter quand on commence à le lire. Un vrai régal pour les amateurs de bonne lecture.
D’un ton de vantardise légère qu’on lui connaît, doublé d’un agacement, Nicolas Sarkozy donna le change : « Écoutez, on a assez de problèmes à régler comme ça. Copenhague a occupé toute la conversation. J’ai remarqué une excellente ambiance entre les présidents Biya et Sassou. Deuxièmement, je n’ai pas envie d’entrer dans cette polémique. Troisièmement, quand le président Bozizé rentrera à Bangui, il sera très heureux de vous répondre. Et je m’en sors comme ça. » Pourtant, ses homologues étaient visiblement disposés à répondre. Du moins le président Denis Sassou N’Guesso qui, ne pouvant me répondre directement, murmura à peu près ceci : « Je m’attendais à cette question. » En revanche, le général-président Bozizé resta de marbre. Je dus malheureusement me contenter de la réponse expéditive de Nicolas Sarkozy…
Cette nuit, Brazzaville était emmaillotée dans ses nuages. Le ciel était lourd comme celui qui a du mal à s’en sortir. J’enjambai les escaliers menant à ma chambre d’hôtel. J’entendis un sifflement sec dans un coin sombre. Il faisait noir dans le couloir. J’étais crevé comme un docker d’Abidjan. Je ne comprenais pas pourquoi j’allais aussi mal. Pis, je n’arrivais pas à localiser l’origine du mal encore moins où le bât blesse… Je pataugeais dans mes réflexions saugrenues. Brusquement, un grand fracas ébranla le couloir. J’eus le reflexe d’actionner l’interrupteur afin d’éclairer l’environnement. Je pressai le pas. Je fus stupéfait à la vue de l’ancien président David Dacko qui était par terre et le visage en sang, tandis qu’un homme presque de son âge s’acharnait sur lui à coups de pied et de jurons déshonorants. Le premier président de la République centrafricaine dite indépendante n’essayait guère de se défendre, ni de se relever encore moins de s’enfuir. L’ancien président gémissait, les bras obstinément autour du crâne pour se protéger des coups de pied. Son agresseur, allure de play-boy, chevelure grisonnante, s’agitait dans sa veste impeccable. Je ne le reconnaissais pas de dos. Ce qui m’obligea à le contourner. Grande fut ma surprise en découvrant que l’agresseur n’était autre que celui qui se définissait comme étant un résistant anticolonialiste, démocrate et militant panafricaniste, l’ancien Premier ministre centrafricain Abel Goumba. Ce dernier continuait toujours à administrer des coups de pied secs à sa victime. Il était hystérique et ne s’en cachait pas. Son acharnement et ses malédictions semblaient être l’expression de la rancœur.
- Sale traître ! Aussi bien incompétent que corrompu jusqu’à la moelle épinière ! Opportuniste fieffé ! maugréait Abel Goumba en dandinant…
Le professeur Abel Goumba reprit la parole et expliqua longuement qu’après le décès accidentel du fondateur de la République Centrafricaine, Barthélémy Boganda, le pays s’est retrouvé dans le filet du néocolonialisme, décidé à exploiter systématiquement toutes les faiblesses locales pour placer ses hommes de main à la tête des États africains à la place de ceux, valables mais jugés dangereux pour ses intérêts. Il disait avec la force des arguments qu’en ce qui concernait le Centrafrique de l’après Boganda, se fut entre autres l’inexistence d’une pseudo élite administrative, parlementaire, situationniste et arriviste, attachée obstinément à ses privilèges, incapable de s’organiser pour résister aux pressions, dénoncer les abus, la corruption susceptibles de compromettre le progrès et l’avenir du pays, par son inconscience nationale ainsi que l’indifférence, l’apathie d’une population superstitieuse comme ses dirigeants, quasi primitive, ignorante et crédule, encore sous le traumatisme de la période coloniale, dans une ville comme Bangui où, malgré la majesté du décor, 60.000 figurants inertes, les scènes de la vie politique se jouent entre quelques personnages qui se voient tous les jours, alternativement amis ou ennemis intimes, dans un pays où la popularité d’une personnalité politique est souvent fondée sur une foule d’éléments sans aucun rapport avec le raisonnement politique ou les doctrines sociales. C’est un pays où les candidats à toutes les fonctions électives et publiques sont mus par l’ambition, dépourvus de scrupules idéologiques, mais fascinés par l’odeur alléchante du fromage parlementaire ou les situations lucratives…
Comme à chaque fois que j’erre ici, au bord de la Loire, guettant la disparition du soleil, le regard rivé à l’horizon qui, en cette fin d’après-midi se prenait pour un tableau de Maître, je fus soudain envahi par un étrange sentiment de culpabilité. Tandis que je cherchais à oublier le monde qui m’entourait, la clameur des rues, les bruits de scooters de ces garnements jouant les casse-cou tout en empestant l’air de tout le quartier Malakoff, à Nantes, me revenaient en mémoire les images d’horreur des derniers reportages que j’avais vus à la télé, et qui m’avaient incité à marcher au bord de ce fleuve, comme si j’attendais de lui, la clé des énigmes auxquelles j’étais confronté. Aujourd’hui, je ne puis m’empêcher de lui adresser la parole, afin de l’interroger sur l’existence du Centrafrique, ce beau pays auquel un homme a imposé, depuis mars 2003, un modèle de société basé sur la brutalité, l’injustice et l’inégalité, en totale « rupture » avec nos coutumes ancestrales. Celui qui dirige le Centrafrique depuis ces huit dernières années, n’est qu’un jouisseur. Il a trahi nos compatriotes qui ont commis l’erreur de prêter attention à sa logomachie et au prétexte ayant servi d’alibi à son coup d’État. À peine installé dans le fauteuil présidentiel, ce fut aux siens que, toutes affaires cessantes, il tint à rendre hommage, et ce contrairement à la tradition républicaine selon laquelle la reconnaissance des places de chacun se fait en fonction du mérite propre, et non en fonction du milieu ou du nom que l’on porte. Sa République à lui est celle du népotisme et du piston tous azimuts. Au lieu de s’occuper de l’intérêt général, l’homme qui est à la tête du pays s’est employé et s’emploie toujours à caser ses proches à des postes « juteux ». Nous y reviendrons ! Cet homme a pris goût à l’affairisme, et ne voit pas plus loin que la prochaine occasion de s’en mettre plein les poches. Avec lui, plus rien n’est contrôlé, ni contrôlable. Il a délibérément choisi de ne pas endosser le costume consensuel du Père de la Nation, mais plutôt celui du défenseur des intérêts bassement égoïstes et moralement reprochables de son clan familial. À la différence de ses prédécesseurs qui « habitèrent la fonction », il cultive en permanence une logique fondée sur le défi et n’hésite pas à injurier ses compatriotes, généralement en public. Il nous a réduits, nous Centrafricains, à l’état de consommateurs, de simples clients. Ainsi, finie l’école de la République, oublié l’hôpital : en résumé, l’ensemble du service public a été sacrifié sur l’autel des intérêts privés. Autant dire qu’il a privatisé la République…
…vient la question du non-respect des Lois et Règlements de la République. Lorsque la Constitution, loi fondamentale d’un pays, est foulée au pied par ceux-là même qui prétendent en tirer le fondement légal de leur pouvoir, la République est déréglée, et, conséquence logique, se transforme en une vaste jungle où la loi du plus fort est toujours la meilleure. Autrement dit, bien que le plus fort n’apparaisse pas forcément comme le plus intelligent, il s’impose en conquérant et en dominateur. Dans un système détraqué depuis le sommet, le petit peuple devient une proie facile, victime quotidienne et systématique de graves manquements. Il s’agit, en l’occurrence, de la situation actuelle du Centrafrique, où Bozizé se ferme à l’idée d’une gestion orthodoxe des richesses du pays. Il refuse catégoriquement que les revenus tirés de l’exploitation de ces richesses soient gérés dans la transparence et contribuent au mieux-être du peuple centrafricain. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’est d’office octroyé un droit de préemption sur toutes les richesses du pays. Comble de désinvolture, Bozizé a détourné l’Armée nationale de sa mission première qui est celle de protéger le citoyen et de défendre partout, envers et contre tout, l’intégrité du territoire national. Il s’est plutôt employé à transformer l’Armée nationale en une unité de protection de ses égoïstes privilèges, spécialisée dans la réalisation de ses basses besognes. Aujourd’hui, il ne se passe pas un jour sans que la grande muette, creuset de l’unité du pays, ne tire sur la population, allant même jusqu’à carrément s’emparer de ses biens. Cette armée indisciplinée, clochardisée, se fait fort d’écraser sous ses bottes le peuple qu’elle est censée protéger (journalistes embastillés, villages incendiés, populations poussées à l’exil), parce que le respect des droits humains sonne aux oreilles de Bozizé comme de la subversion, comme un complot permanent. Ce n’est point exagérer que de signaler que Bozizé considère la Constitution de notre pays comme un simple chiffon de papier, dont il viole quasi quotidiennement les dispositions…