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Par Cindy Shiner, Interview http://fr.allafrica.com
Seattle 18 Septembre 2012 — Le problème de l'assainissement en République Centrafricaine préoccupe beaucoup les autorités de ce pays. Son ministre de l'énergie et de l'hydraulique, Leopold Mboli Fatran lie cet état de fait au déficit de financement dont est confronté ce secteur. Interrogé sur le sujet, en marge de la foire, baptisée «Reinvent the toilet», une rencontre organisée à Seattle par la fondation Bill & Melinda Gates, M. Leopold Mboli Fatran qui a souligné l'ampleur des problèmes d'assainissement dans son pays préconise la promotion des techniques consistant à utiliser les matières fécales comme engrais ou sources énergétiques.
M. le ministre, pourriez-vous nous parler du problème d'assainissement en République Centrafricaine et des programmes de santé associées à ce sous-secteur ?
Je peux vous dire que c'est un secteur qui n'a pas beaucoup de financements. Lorsqu'on regarde de manière générale d'une année à une autre, l'assainissement est le secteur le plus oublié. C'est pour dire qu'en ce moment le problème de l'assainissement est assez crucial et le gouvernement s'attèle à trouver des fonds pour ce secteur. En termes de chiffres, ce secteur représente pratiquement 0 à 0,01% de l'ensemble du financement du secteur de l'hydraulique dont j'ai la charge.
Est-ce que vous pouvez nous faire l'état des lieux concernant la situation sanitaire dans les villes centrafricaines?
Il y a beaucoup de problèmes dans le secteur sanitaire notamment celui lié à l'hygiène en milieu scolaire dans les villes frappées par la promiscuité. C'est pour dire que le problème est assez important surtout je le répète en milieu scolaire où les enfants sont obligés parfois d'aller derrière les cases pour pouvoir se soulager. Avec les pluies diluviennes dans ce pays, ces excréments finissent dans les eaux et ça entraine des problèmes de santé publique très importants.
Est-ce que ce problème empêche les enfants ou étudiants d'aller à l'école ?
Les enfants vont à l'école mais il faudrait qu'ils y aillent dans de bonnes conditions et en bonne santé. C'est vrai que cela a un surcoût, un poids certain parce ce que ce problème sanitaire impacte beaucoup sur l'assiduité des élèves à l'école. Quand un enfant n'est pas en bonne santé, il ne peut pas avoir un cursus normal à l'école. Ce qui est un problème très préoccupant.
Qu'est-ce que vous allez emmener en République Centrafricaine de ce que vous avez appris ici ?
Je suis vraiment content de ma participation et j'ai beaucoup appris ici. Les inventions que j'ai découvertes ici vont bouleverser la donne dans les pays en voie de développement surtout avec l'utilisation des matières fécales pour les réintroduire dans le secteur du développement. J'ai, par exemple, vu qu'on pouvait réutiliser les urines pour en faire de l'engrais et aussi l'utiliser dans le domaine de l'environnement. Ce qui est vraiment important. J'encourage et je félicite sincèrement la fondation Bill & Melinda Gates et je voudrais leur dire que nous les pays africains, attendons beaucoup de cette fondation.
M. Abdoulaye de la fondation en Côte d'Ivoire nous a parlé d'un programme d'assainissement à Dakar avec l'implication d'entrepreneurs. En quelque sorte, une manière de privatiser le problème. Est-ce que vous pensez que cette option peut marcher en République Centrafricaine?
Il faut relever que nous n'avons peut-être pas les mêmes problèmes mais, à mon avis, c'est une vision qui répond à un certain nombre de préoccupations, aujourd'hui en Afrique. Non seulement ça permet de créer des emplois mais aussi d'assurer de la propreté pour la santé de la population. Je partage cette vision du Sénégal.
Est-ce que vous auriez quelque chose à ajouter sur ce sujet ?
Je pense qu'on a fait le tour de la question mais je voudrais surtout encore une fois encourager la fondation à continuer sur cette lancée de la recherche. Je pense que c'est par cette voie que les pays africains parviendront à régler les problèmes sanitaires et surtout à épargner des vies. Nos enfants souffrent de problèmes de santé surtout dus à la mauvaise qualité de l'hygiène, aux problèmes sanitaires, aux problèmes d'assainissement. J'encourage la fondation à toujours œuvrer à côté des pays africains. Ce que nous avons vu aujourd'hui ne doit pas rester simplement dans le domaine de la recherche mais il faut que ça soit mis en œuvre pour régler les problèmes sanitaires en Afrique.
Mahamat Zakarie MAHAMAT de la CPJP
M. Mahamat Zakarie Mahamat est l’un des leaders de la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP), cette faction rebelle centrafricaine qui vient de signer un accord de paix avec le pouvoir de Bangui. Conseiller politique, numéro deux du mouvement, Centrafrique Presse s’est rapproché de lui pour connaître son point de vue. Désarmement, avenir de la CPJP, ambitions personnelles, … l’ex-leader de la rébellion dit tout. Ou presque…
Bonjour Monsieur, veillez-vous présenter à nos lecteurs
Mahamat Zakarie Mahamat (M.Z.M) : Je suis monsieur Mamhamat Zakarie Mahamat, le Conseiller politique de la CPJP, chargé des affaires extérieures. J’aime travailler plutôt à l’ombre que d’être au devant de la scène.
La CPJP vient de signer un accord de paix avec le gouvernement centrafricain. Pourquoi aviez-vous créé cette rébellion ?
M.Z.M :La CPJP a été créée suite à un mécontentement de la population de la région de Bria. Un mécontentement dû à une injustice sociale, à un crime crapuleux commis et défendu par un ancien ministre qui a dit que ces criminels sont intouchables. Et cela a créé la frustration. Pourquoi elle a été créée ? C’est le refus de l’injustice sociale ; d’une certaine marginalisation d’une part de la population centrafricaine. C’est un soulèvement populaire qui ne concerne pas seulement une ethnie de la région mais tous les Centrafricains épris de justice et de paix.
Que pensez-vous de cet accord signé le samedi 25 août dernier avec le pouvoir de Bangui ?
M.Z.M :Je crois que dans cet accord, les négociations ont été très âpres et nous avions fait des concessions qui ont été pénibles. Mais nous gardons ces revendications qui vont s’inscrire dans notre lutte politique. Et nous attirons l’attention de la communauté internationale. D’ailleurs le point numéro 5 de nos revendications qui parle de la revalorisation de notre patrimoine culturel, notamment le sultanat de Bangassou de Zémio et celui de Dar-el-kounty. Le gouvernement a refusé d’accepter ce point qui est pour nous d’une importance capitale. Mais nous garderons ce combat pour la lutte politique. Dans l’intérêt supérieur de la nation, nous avions lâché du leste pour ne pas nous accuser de refuser la paix en s’arc-boutant sur des points de revendications. Pour nous maintenant, est-ce que les applications des recommandations seront strictement respectées ? Nous avions déjà posé les actes. Donc la balle est dans le camp du gouvernement.
Avec la signature de cet accord, aviez-vous déjà renoncé à changer le pouvoir par la force ?
M.Z.M :Avec la signature de l’accord de cessez-le-feu, on a attiré le regard de l’opinion nationale et internationale sur une injustice sociale qu’une frange de la population centrafricaine vit en elle depuis plus de 50 ans. Je m’explique. Vous allez prendre dans la Vakaga, le village Sikikédé qui fait plus de 32. 000 habitants et reste toujours un village. Et le nombre de ses habitants dépasse largement celui de la population de la Vakaga. Il n’y aucune infrastructure administrative, pas d’écoles ni de dispensaires et je ne parlerai pas de services de l’Etat. Et le village Akoursoubak dans le Bamingui Bangoran et Miamani qui ont une existence de 150 ans, ne sont jamais érigés en commune. Si on parle de ces régions maintenant, on dirait que ces Centrafricains sont des apatrides car ces compatriotes n’ont pas d’actes de naissance, ni de cartes d’identité nationales. Comment pouvez-vous expliquer cette injustice ? Elle est voulue par les pouvoirs en place depuis 50 ans de confiner une population de toutes ces régions de Nord Est de la RCA à l’état primaire, dans quel but ? Alors vous voyez que les aspects sont très énormes et ce constat, vous pouvez le retrouver dans les régions de l’Ouham, l’Ouham Pendé et consort où tous ces Centrafricains sont laissés à l’abandon. Il n’y a pas de leadership politique au sein de la classe politique centrafricaine qui peut attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la situation socio-économique de notre peuple. Ils ne sont que là pour des querelles électorales mesquines sans une projection politique ou un projet de société, ce qui fait de notre classe politique, une classe politique atone et affole. Nous sommes l’émergence d’une nouvelle élite politique, pleins d’ambitions et une volonté à relever le défi du développement socio-économique de notre pays. La Centrafrique a une potentialité arrogante mais où sont les infrastructures et les projets de développement ? Il suffit d’une volonté politique en 5 ans, la RCA retrouvera un autre visage. Nous apportons notre contribution à l’émergence de notre pays. La force n’est pas une solution dans le développement d’un pays. C’est une alternative trop difficile à prendre. C’est que de fois les gens n’ont pas le choix. Mais je crois aujourd’hui si la CPJP va au désarmement c’est que nous avons l’écoute des Centrafricains, de la Communauté internationale, du gouvernement, et des entités institutionnelles et savent déjà que si des gens ont pris les armes c’est parce qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Et si les gens ont pris conscience de résoudre les problèmes par le dialogue et la négociation, c’est le meilleur choix et la force ne sera qu’un vieux souvenir.
La CPJP va se transformer dorénavant en parti politique. Peut-on déjà avoir une idée sur votre courant politique ?
M.Z.M :Vous savez pour le moment, on a une réserve. On vient d’adhérer à l’accord global de paix. Nous allons convoquer un congrès de tous les délégués des 16 préfectures de la RCA afin de mettre en place les organes du parti. Et ce que nous avons comme projet politique, notre courant ou notre tendance, le moment venu Centrafrique presse aura la primeur de notre projet de société.
La CPJP est entrée dans le programme du DDR en cours. Quel est votre avis de ce processus ?
M.Z.M :Vous savez le DDR en soi n’est pas un problème mais le problème, c’est la réinsertion et la réintégration. Si le D1 et le D2 peuvent être achevés rapidement et si le financement n’est pas en place pour enclencher le processus R1 et R2, il y aura flottement qui sera très dangereux sur le programme du DDR et aussi sur la paix. Parce que ceux qui seront désarmés et démobilisés ne doivent pas sentir un vide. Il faut les occuper rapidement en les prenant en charge dans les activités du processus de réinsertion et la réintégration. Sinon ces ex-combattants se sentiront lésés. Et s’ils retombent dans leur logique d’avant, c’est-à-dire le combat, la rébellion ; il sera difficile encore de les ramener à la raison. Car le crédit confiance est consommé. Alors c’est une opportunité où jamais pour tous les Centrafricains de saisir cette chance, de pousser le gouvernement à respecter ses engagements. Quant à la CPJP par ma voix ne changera pas de logique, c’est-à-dire la logique de la paix. Il en va de l’avenir de la RCA toute entière.
Monsieur le Conseiller politique, quelles sont vos ambitions personnelles ?
M.Z.M :Ecoutez, les grandes écoles de Sciences Politiques n’enseignent pas la politique au présent ni au futur ; parce qu’il n’y en a pas. Tout ce que ces écoles enseignent, ce sont les faits des Hommes politiques. Qu’est ce qu’ils ont fait dans leurs pays respectifs ? Ces Hommes ont posé des actes, en orientant leur société dans deux logiques : la bourgeoise et le prolétaire ; c’est-à-dire le capital ou le social. Etre un capitaliste, un socio-démocrate ; toute forme de casernement politique c’est l’Etat du pays qui l’oriente et chaque politique est spécifique à un pays, à son degré d’évolution ou de délabrement. Et l’homme politique, c’est celui qui a des idéaux et qui aspire à l’évolution socio-économique de son pays. Et la politique c’est l’école de la vie, il faut avoir une conviction forte, une aspiration, un idéal, un projet de société dans le domaine économique, social et sécuritaire. Alors c’est un travail très passionnant si l’on se sacrifie pour que les autres puissent vivre heureux. Je crois que j’aspire à ce que mon pays, mon peuple vit comme les sud-coréens, les japonais, les européens et les américains. Pour ce faire, il faut une éducation de qualité, un tissu économique étoffé, de l’énergie en quantité. L’enclavement de notre pays est un atout parce qu’on est un grand marché qui est l’Afrique avec plus d’un milliard d’habitants dans quelques années. La SADC, la CEMAC, la CEDEAO ; la Centrafrique sera un pays de production. Et les valeurs ajoutées feront le bonheur de la population centrafricaine en augmentant le Produit Intérieur Brut (PIB). Et j’aspire aux idéaux du Père fondateur Barthelemy Boganda ; la diversité dans l’unité. Voilà en résumé mes convictions. Et nous apporterons notre pierre à l’édifice si Dieu le veut.
Monsieur Zakarie Mahamat merci.
Propos recueillis par FM
Interview de Martin Ziguélé, Président du MLPC, invité Afrique de RFI en direct du Cap en Afrique du Sud où il participe au XXIVème Congrès de l’Internationale Socialiste
Hassan Diop (RFI) : Martin Ziguélé bonsoir
Martin Ziguélé : Bonsoir
RFI : Merci d’être en ligne du Cap le 24è congrès de l’Internationale Socialiste a ouvert ses portes ce mercredi dans cette très chic ville portuaire sud-africaine la clôture aura lieu demain samedi. Votre parti le MLPC, la principale force de l’opposition en Centrafrique est membre de l’Internationale Socialiste d’où votre participation à ce congrès de l’Internationale Socialiste à se tenir en Afrique. Les congrès ont lieu tous les quatre ans. Alors pourquoi le choix de l’Afrique du Sud s’est imposé, Martin Ziguélé ?
Martin Ziguélé : Le choix de l’Afrique du Sud s’est naturellement imposé parce que l’ANC le parti au pouvoir a été créé en 1912 par Oliver Tambo donc cette année c’est le centième anniversaire de ce parti et c’est très rare en Afrique et même dans le monde c’est pour cela que l’Internationale Socialiste a voulu honorer donc ce parti qui est au pouvoir pour avoir vaincu l’apartheid et le colonialisme comme vous le savez.
RFI : Parti de l’espoir donc parti exemplaire, est ce que les adhérents africains de l’Internat S sont représentés en force au Cap Martin Ziguélé ?
MZ : Oui il y a plus de vingt-cinq partis africains de divers statuts à l’intérieur de l’Internationale Socialiste et nous sommes en nombre bien sûr, c’est sur notre continent et surtout c’est pour honorer l’ANC dont vous savez l’un des leaders historiques est Nelson Mandela qui aujourd’hui est considéré comme une conscience africaine sinon mondiale.
RFI : Quelle orientation politique se sont fixés les membres africains de l’Internationale Socialiste, la crise post-électorale ivoirienne on s’en souvient, a beaucoup divisé au sein de l’Internationale Socialiste, dont le FPI de l’ex-président Laurent Gbagbo est toujours membre il me semble, alors est-ce que cette crise et d’autres crises ont nourri les débats politiques pendant le 24ème Congrès de l’ l’IS Martin Ziguélé ?
MZ : Naturellement comme nous sommes en terre africaine les partis socialistes et socio-démocrates qui ont été ou sont au pouvoir ou qui aspirent au pouvoir, ont eu une lecture critique de tout ce qui nous arrive ces derniers temps en Afrique et je crois que le consensus se dégage pour que la lutte s’intensifie pour les droits et libertés, pour renforcer la démocratie représentative dans nos pays, et puis surtout pour gagner du terrain sur l’autocratie et accroître le périmètre de nouvelles démocraties en Afrique et dans le monde. Enraciner la démocratie en Afrique et bien sûr à la lumière des expériences passées des pays frères, d’Amérique, d’Europe d’Asie et d’autres continents.
RFI : Est-ce que les conditions d’adhésion à l’Internationale Socialiste sont devenues plus compliquées, plus difficiles ?
MZ : Beaucoup de partis, il y a plus de cent partis qui sont en attente d’adhérer à l’Internationale Socialiste et il y a au moins soixante et dix (70) partis qui veulent changer de statut pour devenir membre de plein droit et les débats sont nourris et le congrès a décidé de confier à nouveau au comité d’éthique l’étude des nombreuses demandes qui sont en instance.
RFI : Bien entendu l’on tient compte bien sûr des comportements, des crises et de l’évolution des situations ici ou là, alors dans le domaine économique est-ce que le 24è congrès a fait des propositions concrètes notamment sur la gestion des matières premières en Afrique, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, enfin tous ces problèmes qui sont spécifiques souvent à l’Afrique et puis à des pays d’Asie et d’Amérique latine bien sûr ?
MZ : Oui sur ce plan je pense que l’Internationale Socialiste a une doctrinetout établie. Elle est pour une économie avec des emplois, de la croissance et de la protection sociale. C’est la réponse sociale-démocrate à la crise financière internationale, à la crise économique internationale, c’est-à-dire c’est le refus de l’austérité et rien que de l’austérité qu’on a souvent vu avec des destructions massives d’emplois en Europe, en Amérique et Afrique aussi. Donc nous sommes pour un renforcement de la demande, c’est à dire pour ceux qui travaillent, qu’ils aient les moyens de consommer et de relancer la croissance et parce que partout ailleurs où les politiques d’austérité ont été l’unique solution, cela a signifié tout simplement le recul de ces pays sur tous les plans et surtout sur le plan politique parce que nous voyons l’apparition de l’extrême droite et des théories extrémistes dans ces pays-là.
RFI : Dernière question Martin Ziguélé, est-ce qu’à l’issue de ce 24ème congrès de l’Internationale Socialiste, les pays africains adhérents vont renforcer leurs liens entre eux je pense notamment à des partis qui sont au pouvoir comme en Guinée Conakry et ceux qui sont dans l’opposition actuellement comme vous en Centrafrique ?
MZ : Oui naturellement vous savez le thème de ce congrès c’est quoi ? C’est « Pour un nouvel internationalisme et une nouvelle culture de solidarité ». La solidarité est le fondement de la social-démocratie ou du socialisme. Donc ceux qui sont au pouvoir ont un devoir de solidarité avec ceux qui sont dans l’opposition parce que tout simplement ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui étaient dans l’opposition hier et ceux qui sont dans l’opposition aujourd’hui aspirent à venir au pouvoir demain. Donc la nouvelle culture de solidarité impose à tous les partis politiques, partis socio-démocrates et socialistes d’Afrique, d’Europe et d’Amérique de se connaître, d’être solidaires, et il y a eu un geste solidaire très important qui a été fait par le congrès, c’est de faire en sorte que pour la première fois, sept (7) Africains, sont vice-présidents de l’Internationale Socialiste dont le président Jacob Zuma d’Afrique du Sud, c’est tout un symbole.
RFI : Merci à vous Martin Ziguélé, ancien PM centrafricain et chef du MLPC la principale force de l’opposition en RCA, en ligne du 24ème congrès de l’Internationale Socialiste qui refermera ses portes demain samedi au Cap en Afrique du Sud. Très bonne soirée !
La Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix(CPJP), l’une des factions rebelles centrafricaine du feu Colonel Charles MASSI, vient de signer un accord de paix avec le gouvernement centrafricain le 25 août 2012, lequel accord qui s’adhère à l’accord de paix global de Libreville.
Le Capitaine Joachim KOKATE donne son avis sur les attentes de ce mouvement rebelle.
Monsieur le Coordonateur, auriez-vous l’amabilité de vous présenter ?
Joachim KOKATE(J.K) : Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer au public centrafricain. Je suis le Capitaine Joachin KOKATE, Coordonateur de la CPJP, l’un des mouvements rebelles centrafricains.
La CPJP vient de parapher un accord de paix avec le Gouvernement Centrafricain. Quelles sont vos impressions à chaud suite à cette signature de l’accord avec le pouvoir en place.
J.K : Je voudrais tout d’abord vous dire que, j’éprouve un sentiment de satisfaction avec cet accord qui vient d’être conclu entre le Gouvernement Centrafricain et la CPJP. Vous êtes sans savoir que quel que soient les bruits de bottes qui se font entendre, la cohésion nationale est une fois de plus menacée .Et nous avons pensez au niveau de la CPJP, que rien ne sert de continuer à nous entre-tuer. Au-delà de cette crise c’est le Peuple Centrafricain qui en paie le lourd tribut. C’est pourquoi nous avions accepté, au nom de l’intérêt national, de s’asseoir autour de la table pour se parler entre compatriotes. Vous conviendrez avec moi que le dialogue fait partie des traditions africaines. Donc la négociation est un héritage précieux légué par nos ancêtres. C’est pourquoi la négociation, le dialogue constituent pour nous, l’arme pour éviter la guerre. Donc pour moi personnellement c’est un motif de satisfaction pour que les frères ennemis d’hier puissent accepter aujourd’hui de se parler.
Dans un passé récent, vous aviez été arrêté à Brazzaville (au Congo) et d’aucuns parlaient même de votre extradition bien avant que votre mouvement ne puisse accepter de faire la paix avec le pouvoir de Bangui. Qu’est-ce que vous en dites ?
J.K : Effectivement, j’ai été arrêté et maintenu pendant un moment en prison à Brazzaville(Congo). Il s’agit d’un malentendu. Mais je vous assure que malgré les difficultés à Brazzaville certaines autorités de la RCA m’ont rassuré de la volonté du Chef de l’Etat François BOZIZE, de faire la paix avec ceux qui se sont rebellés contre le pouvoir en place. Je voudrais parler du ministre de l’Intérieur Monsieur Claude Richard NGOUANDJA qui m’a convaincu de rentrer au pays et m’a rassuré que ma sécurité pourrait être garantie. Je l’en remercie pour tous ces efforts. Contrairement à ce que les gens racontent ce Monsieur m’a beaucoup conseillé pour me ramener à la raison. A aucun moment, il a été question de m’extrader comme vous prétendrez le dire. Nous en avions parlé avec mes frères de la CPJP ; Dieu merci, nous y sommes.
Selon certaines informations, l’on disait que vous auriez été soutenu par le rebelle tchadien, le tristement célèbre Abdel Kader BABA LADDE pour renverser le régime en place. Qu’en dites-vous ?
J.K : Il est vrai que je m’étais entretenu au téléphone avec BABA LADDE. Cela, depuis un bon moment. Mais il n’a jamais été question de renverser le pouvoir en place. Par contre, il m’a contacté pendant son cavale, je lui avais plutôt conseillé de faire la paix avec les autorités tchadiennes et celles de la RCA. Puisque depuis la signature de l’accord de Cessez-le feu l’année dernière, la paix est devenu un nouveau credo de la CPJP. C’est dans cette optique que j’ai voulu amener BABA LADDE à discuter avec le régime tchadien, car la paix au Tchad est importante aussi bien pour la RCA que la Sous-région toute entière. Heureusement il m’a réitéré sa volonté de faire la paix avec son pays d’origine. Et c’est ce que nous, au niveau de la CPJP, nous sommes en train de faire avec les autorités centrafricaines. Nous voulons désormais enterrer la hache de guerre. Avec la signature de cet accord de paix qui est d’ailleurs un acte d’adhésion à l’accord global de paix de Libreville de 2008. Et je vous informe que les négociations se poursuivent pour amener le gouvernement centrafricain à prendre en compte les recommandations et les revendications de notre mouvement. Cela, pour qu’aucune des parties en présence ne soit lésée. Telle est la condition sine qua non pour la stabilité et le développement de la République Centrafricaine.
Monsieur le Coordonnateur, après la signature de cet accord de paix, la CPJP va se transformer en formation politique. Quel sera alors votre avenir ? Disons qu’est-ce-que vous entendez faire ?
J.K : (rire) Je m’attendais bien sûr à cette question. Bon avec cette nouvelle donne, je vais attendre d’abord du gouvernement la reconstitution de ma carrière. Je suis d’ailleurs disposé, si le pouvoir en place pense que je peux apporter ma modeste contribution à l’œuvre nationale je le ferais volontiers. Ensuite, je vais m’investir de manière active au processus du DDR en cours, puisqu’avec la ratification de l’accord de paix global, la CPJP vient d’entrer dans le processus du DDR. Je ferais de mon mieux pour que tous mes jeunes frères de la CPJP puissent être désarmés, démobilisés et réinsérés. Après quoi nous allons tourner définitivement la page de ces moments de crise. S’il y a une véritable volonté manifeste.
Votre mot de la fin.
Nous ne devons pas continuer à nous voiler la face. Notre cher beau pays est complètement à terre en dépit de ses immenses potentialités. Il suffit seulement de la volonté de toutes les centrafricaines et de tous les centrafricains pour que le pays puisse amorcer définitivement son développement. Les bailleurs de fonds, d’une manière générale ne refusent pas d’injecter leurs fonds dans des projets qu’ils jugent rentable, mais prennent d’abord le soin de vérifier que la paix règne et que la mauvaise gestion des fonds ne compromette pas la rentabilité des projets ou leur viabilité. La CPJP, cependant a montré sa volonté de faire la paix, nous attendons que le gouvernement puisse nous démontrer aussi qu’il respectera cet accord. Ainsi, le pays va connaitre un avenir meilleur. Tous les dirigeants de la CPJP sont désormais au pays pour œuvrer dans ce sens, aussi pour apporter leurs pierres à l’édifice. Car la CPJP c’est la philosophie de la justice et de a paix. C’est refuser d’utiliser la peur, la discorde. C’est la philosophie de l’espoir comme moteur pour mobiliser toutes les énergies dans le sens de l’intérêt général et vous verrez l’espoir et la confiance renaître en nous. A tous de saisir cette occasion.
Propos recueillis par Freddy M
Il y a une semaine jour pour jour, le 13 aout 2012, le Président Centrafricain, François Bozize célébrait en grande fanfare à « Paris sur Oubangui », département de la Seine (75), le 52è anniversaire de l’accession à l indépendance de la RCA. Cette bêtise humaine ou « Bamboula était justifiée par le griot patenté et non moins thuriféraire, OUAMBO alias Djento, par le fait que son mentor avait opéré de la même façon dans plusieurs chef-lieu de préfectures en Centrafrique tels BANGASSOU, BIRAO, NDELE, KAKA-BANDORO etc. Par ce raisonnement cartésien, je me sis vite posé la question de savoir si c’était moi qui n’avait rien compris à l’histoire et géographie de mon pays ou alors il y avait des épisodes qui m’ont échappé. Paris était –il devenu un chef-lieu de mon bled ? Effectivement, je me suis vite ravivé que ce n’était pas moi le problème, mais, le véreux d’en face. Paris (sur Seine) n’est pas Paris sur Oubangui. Face a cette situation, je me suis posé une série de questions auxquelles j’ai tenté d’apporter certaines réponses à travers l’interview factice de Bozize qui suit.
Moi : Monsieur le Président bonjour, comment justifiez vous le fait de venir fêter l’anniversaire de l’accession à la souveraineté dans l’ex pays colonisateur ?
Bozize Yangouvonda François (BYF) : J’ai déjà fait la même chose en RCA et je viens le faire ici et en même temps rencontrer tous les fils du pays. Souvenez-vous, j’avais déjà traité la diaspora centrafricaine en France de « VAURIEN ». Mais je vais leur donner à boire et à manger, et certains vont vite l’oublier. C’est comme ça ma politique. Corrompre par l’argent, la boisson, la nourriture et par les femmes. Et ca marche. Je vais vous dire que je suis venu ici à Paris parce que la RCA est proche de France, et si le Président Hollande le voulait, il pourrait fêter le 14 juillet sur l’avenue des Martyrs à Bangui et loger dans le nouvel hôtel de Bangui.
Moi : mais, Monsieur le Président, ça ne se fait pas, et aucun chef d’état dans le monde, à ma connaissance, n’a osé le faire et vous en êtes le premier
BYF : en toute chose il faut un premier. Là, on peut dire que je suis « premier » (pour une fois dans sa vie).
Moi : mais que représente Paris pour vous ?
BYF : Parsi, c’est tout pour moi. C’est comme Bangui. J’y viens pour mes affaires notamment, vendre quelques diamants que je ramène de Centrafrique, rencontrer entre autre mes amis tels BALKANY et ceux d’Anvers, placer quelques pécules sur mon compte pour assurer mon exil, car on ne sait jamais, me soigner, parce qu’on a dit que je suis malade et souffrant et moi je ne sais pas.
Moi : Monsieur le Président, actuellement la RCA végète dans les profondeurs du classement des pays les plus pauvres de la planète. Une aperçue de la situation en dit long : pénuries de viande, d’eau, d’électricité, de denrées alimentaires, de médicaments dans les hôpitaux publics, infrastructures routières délabrées, retard de paiement de pensions, insécurité sur toute l’étendue du territoire en Centrafrique, corruption au sommet de l’Etat et dans toutes les catégories socioprofessionnelles, le favoritisme clanique, le despotisme, le « villagisme » est la marque de votre politique, grèves perlées dans certains secteurs privés et publics, espérance de vie en baisse, taux mortalité de toutes les couches sociales en hausse, dégradation des comptes publics dues à des détournements de vos proches et vous, etc. Face à ce sombre tableau, qu’est ce que vous en dite ?
BYF : Je vois ce que vous voulez dire. Mais moi, j’ai du mépris pour ceux qui ne sont pas d’accord avec moi, par exemple les intellectuels, certains politiques comme ceux de l’opposition, les militaires d’autres ethnies, les journalistes, les « mangeoiristes », tous les pasteurs d’autres églises que la mienne etc.
MOI : Ca voudrait dire que vous méprisez tout le peuple centrafricain ?
BYF : TOUT, saufs mes proches, mes enfants, neveux, cousins, maitresses, mes sulfureux amis hommes d’affaire, les « prédateurs » des caisses de l’Etat, tels LAPO, NDOUTIGNAÏ, BESSE, GOUANDJA etc. D’ailleurs nous sommes tous protégés par ma garde rapprochée tchadienne très bien équipée et le reste du peuple surveillé par les FACA sous équipées.
MOI : Cette méfiance envers les FACA et le sous équipement de celles-ci expliquent t-ils en grande partie l’insécurité sévissant dans l’ensemble du territoire centrafricain ?
BYF : Oh vous savez, on parle d’insécurité en RCA, ce n’est qu’une vue de l’esprit. Il y a la paix en RCA. Sauf que quelques uns qui font des exactions à travers le pays. Je n’ai pas vu ceux que vous appelez les rebelles à Bangui, ni le LRA, ni ceux de BABA LADDE, ni les « Coupeurs de routes ». Il y a la paix de PK12 à au Camp Kassai, et de PK9 à Boy-Rabe.
Moi : Mais Excellence, il y a quand même eu les manifestations de mécontentements le 2 aout 2012, dans les quartiers sud et nord de Bangui contre vous et votre fils Francis, suite aux résultats truqués de concours d’entrée à la gendarmerie ? Votre buste a été déboulonné et jeté par terre, piétiné, souillé par les urines, la maison d’arrêt de Ngaragba saccagée, les prisonniers libérés, Boy-Rabe en ébullition. Et c’est une première où le buste d’un chef d’Etat en exercice soit ainsi traité. Quelle a été votre réaction ?
BYF : Ca ne me regarde pas, c’est le ministre délégué à la Défense, Francis Bozize, mon fils qui gère ça. Ma maitresse et moi avions demandé à avoir la liste en question avant publication. Nous avions apporté des modifications nécessaires et fait publier par mon fils. Ces jeunes manifestants ont été manipulés par l’opposition ; je n’ai pas encore de preuve mais, je vous le dirai. D’ailleurs, je me moque de l’opposition, l’assemblée nationale est monocolore (orange-KNK) et à mes bottes, ca me suffit. J’ai aussi demandé au maire de Bangui de faire faire illico presto un autre buste et le remettre en place, ce qui a été fait avec les deniers publics. Pour le reste je n’ai rien à dire.
MOI : mes dernières questions Excellence : aujourd’hui, vous êtes Pasteur, Président de la république, Ministre de la Défense, PDG de toutes les sociétés d’Etat, TGP (Trésorier Général Payeur), Premier Ministre, Ministre des Mines, Ministre de la Communication (radio et télévision d’Etat) etc. Il y a des affaires en cours qui attendent de passer au tribunal : RAYAN, SONATU, AREVA, et d’autres encore, qu’en est il ?
BYK : oui, j’assume tout, car il y a beaucoup de prédateurs en RCA, dont ma famille et moi (rire). Pour les affaires en cours, ne vous en faites pas, il n’est pas question de salir mes amis et moi, car leur intérêts et les miens sont en jeu. Et puis pour corrompre il faut avoir les moyens. La seule façon de le faire, c’est de gérer la cagnotte de l’état et de se mouiller avec quelques hommes d’affaires étrangers sulfureux et le tour est joué. Je songe modifier la constitution de la RCA pour remballer en 2016 sinon j’arrangerai ça pour un des mes rejetons de fils.
MOI : Je vous remercie Monsieur le Président pour cette interview
BYK : Pas de quoi. Au revoir
Cette Interview est purement factice
Paris 20 aout 2012
Signé : Molengue ti Béafrica
François Bozizé: «Une bouffée d’oxygène et le pays repartira et pourra peut-être même surprendre»
ParBoniface Vignon RFI mardi 14 août 2012
En Centrafrique, le président François Bozizé a été récemment confronté à un mouvement de contestation d'une partie de la jeunesse du pays. De passage à Paris, le président centrafricain a accepté d'accorder un entretien à RFI. Il y revient sur les manifestations, la traque du rebelle tchadien Baba Laddé et l'insécurité sur le territoire national.
RFI : Quinze manifestants et trois gendarmes blessés lors d'affrontements violents à Bangui. Des manifestants qui vandalisent des monuments à votre gloire et qui pénètrent dans l'enceinte d'une prison pour libérer des centaines de détenus. Etait-ce le début du printemps arabe centrafricain ?
F B : Ce n’est pas le cas en Centrafrique. C’était une autre affaire. Notre jeunesse, qui voulait à tout prix être incorporée dans les forces de sécurité centrafricaines, a été tout simplement manipulée par nos détracteurs habituels. Le recrutement, ce n’est pas pour la première fois que nous le faisons. Il y aura d’autres recrutements par la suite. Nous prendrons les dispositions nécessaires pour que les défaillances de ce genre ne puissent pas se répéter.
Vous parlez de défaillances et on vous accuse d’avoir favorisé votre ethnie : l’ethnie Gbaya ?
C’est un recrutement qui s’est fait à ciel ouvert, au stade de 20 000 places de Bangui. Les examinateurs ont été des gens choisis dans l’armée, la gendarmerie, la police. Il n’y a pas eu de Gbayas, ni de Mandjas et Kabas ou autres. Je le dis en sango, la langue nationale, on m’appelle le « président Ti a marakwe », qui veut dire le président de toutes les ethnies.
Vous affirmez qu’Abdel Kader Baba Laddé n'est plus sur le sol centrafricain. Et pourtant quelques poches de résistance de son mouvement sont toujours signalées. Alors le départ annoncé de Baba Laddé n'est-il pas en fait un simple repli tactique?
La base de Baba Laddé en Wandago a été détruite par les forces coalisées centrafricano-tchadiennes. Il est en fuite et selon les renseignements qui nous parviennent, il doit se trouver au Soudan du Sud. Mais bien sûr, au cours de cette opération, ils ont été dispersés dans la nature et il y a quelques rares personnes qui circulent encore et qui, pour se nourrir, procèdent à des actes que nous déplorons.
Autre chef de guerre, Joseph Kony. Vous assurez qu'il sera bientôt neutralisé, mais il court toujours malgré les offensives que vous menez en commun avec l'armée ougandaise ?
Des dispositions sont prises en ce sens au niveau centrafricain comme au niveau des trois armées de la sous-région : l’armée congolaise, l’armée du Soudan du Sud et l’armée ougandaise. Nous sommes aidés par les forces américaines qui sont sur place. Les opérations se poursuivent et tôt ou tard, nous mettrons la main dessus.
Cette affirmation, vous la faites depuis quand même quelques temps ?
Oui. Nous avions affaire à une personne qui est très rodée dans la guérilla, la guérilla dans une région comme la nôtre où il y a la forêt, la savane boisée et autres. Ce qui rend difficile l’opération.
La France a toujours une base militaire en République centrafricaine. Pourquoi ses soldats ne participent pas à la traque de ces deux chefs de guerre ?
Nous venons de signer un nouvel accord avec la France, il y a à peine un an et demi. Et ces accords ne permettent pas aux forces armées françaises de participer aux opérations militaires sur le territoire centrafricain. La France ne voudrait pas jouer le gendarme en Afrique. Les forces françaises viennent en appui des décisions prises, soit aux Nations unies, soit au niveau de l’Union africaine, et elles se limitent à cela.
Les installations du groupe Areva ont été récemment pillées à Bakouma alors que le groupe français avait déjà repoussé de deux ans l'exploitation de la mine d'uranium. N'est-ce pas un prétexte de plus, cette insécurité, pour reléguer aux calendes grecques cette exploitation ?
C’est pénible de parler de cette affaire. Effectivement, selon la convention qui a été signée il y a quatre ou cinq ans, en janvier 2010, nous devions passer en phase d’exploitation. Il y a eu du retard et au moment des événements du tsunami au Japon, la partie d’Areva s’est présentée à nous pour dire que le cours de l’uranium avait chuté. Et, ce faisant, ils se trouvent maintenant face à des difficultés pour exploiter et voudraient repousser à plus tard, un, deux ans, trois ans, avant de pouvoir prétendre revenir l’exploiter. Nous y sommes. Tout cela ne sont que les arguments qui, selon nous, ne tiennent pas debout, mais cependant les négociations se poursuivent. Nous pensons que d’ici peu, nous trouverons une solution pour que cet uranium puisse être exploité une fois pour toute au profit de la population centrafricaine.
Avez-vous d'autres alternatives en ce moment ? Est-ce que vous pensez par exemple aux Chinois ?
Les Chinois ne se sont pas intéressés à l’uranium pour le moment. Bien sûr, si au cours de nos entretiens avec la partie Areva, s’il y a une possibilité, nous allons nous rapprocher des Chinois, il faut voir s’ils peuvent collaborer avec Areva pour exploiter cet uranium.
Malgré toutes vos richesses, diamant, bois, or, coton etc… la situation du pays s'améliore pas. Peut-on continuer, comme vous le faites, à tout mettre sur l'insécurité ?
L’insécurité a créé beaucoup de tort dans le pays, il faut reconnaître cela. Et ensuite, les querelles intestines et les mutineries ou autres, le passé a été lourd et pour remonter la pente, nous pensons que tous les fondamentaux sont là. Il suffit d’un peu d’oxygène. Une bouffée d’oxygène et le pays repartira et pourra peut-être même surprendre, si Dieu le veut.
NDLR : Bozizé n'a que ce tte formule de "bouffée d'oxygène" dans la bouche mais la vraie solution pour que la RCA s'en sorte est son départ de la tête du pays car c'est lui la source de tous les maux. Tant qu'il sera là, aucune bouffée d'oxygène ne pourrait constituer la solution car le sens de prédation qui caractérise son régime est tellement dévastateur qu'une seule bouffée d'oxygène ne suffira point.
wwww.lemlpc.net
Vendredi, 10 Août 2012 08:44
De retour au pays après un séjour relativement long en France, le Président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain Martin Ziguélé fait le point de la situation du pays dans une interview sur Radio Ndéké Luka
Lien pour écouter l’interview :
Tchad - Idriss Déby Itno : "J'ai trop longtemps prêché dans le désert"
23/07/2012 à 08h:32 Par François Soudan
Crise malienne, situation en Libye, sommet de l’Union africaine, politique intérieure, lutte contre la corruption, succession… Au pouvoir depuis vingt et un ans, l’ancien "comchef" zaghawa est un acteur expérimenté. Avec, souvent, des positions tranchées.
« Je ne suis pas né militaire. Bien sûr, je suis entré dans l’armée de l’air par vocation, puis il m’est arrivé de faire la guerre sur le terrain, par nécessité, jamais par goût. L’odeur de la poudre ne me dit rien. Ce qui me passionne, ce ne sont pas les armes, c’est le développement. » C’est sur cette courte déclaration en forme de recadrage d’image qu’Idriss Déby Itno, 60 ans, a voulu clore l’entretien que nous avons eu avec lui le 5 juillet au palais présidentiel de N’Djamena.
Ses adversaires politiques y verront une illustration de plus du soin qu’apporte celui qu’ils ont toujours pris pour un seigneur de la guerre, dont le maintien au pouvoir depuis vingt et un ans relève à leurs yeux de l’effraction, à se « civiliser », tout au moins en apparence. Pourtant, malgré les attaques de rebelles jusqu’aux portes de sa résidence qui, ces dernières années, l’obligèrent à deux reprises à ressortir son uniforme d’ancien « comchef » de l’armée, ce fils de berger zaghawa né en pleine brousse quelque part au sud-est de Fada n’est jamais aussi loquace que lorsqu’il s’agit de parler de routes, de puits, d’écoles, de dispensaires et de têtes de bétail. Comme un retour aux sources de ce qui, enfant aux pieds nus, lui a le plus manqué.
Le condottiere en chèche, mince comme un guerrier bideyat, taiseux et fumeur, que j’avais rencontré pour la première fois à Arada, entre Ennedi et Ouaddaï, au milieu des années 1980 alors qu’il était le jeune chef prodige d’une armée de 4x4 Toyota qui venait de mettre en déroute les blindés de Kaddafi et qu’à N’Djamena le règne de Hissène Habré basculait dans la terreur, ce Déby-là a, il est vrai, bien changé. Il a renversé le dictateur, rajouté Itno à son patronyme, en est à son quatrième mandat de président et à son quatorzième Premier ministre, a cessé de fumer, ne porte plus son uniforme de général, a pris quelques kilos mais aussi beaucoup de sagesse et la mesure d’un vent de sable démocratique auquel il a bien fallu qu’il s’adapte. Résultat : un dialogue complexe avec une opposition pugnace, quelques prurits d’autoritarisme, une réputation de bâtisseur, une gouvernance que les bailleurs de fonds souhaiteraient plus transparente, mais aussi, dans cet espace sahélo-saharien devenu arc de crise, un climat de paix fragile d’autant plus remarquable que le Soudan et surtout la Libye sont aux portes.
C’est donc un président à la fois serein et sur le qui-vive, tant il a conscience du caractère quasi miraculeux de cette exception tchadienne, qui a reçu Jeune Afrique entre deux averses de saison pluvieuse. À peine l’entretien terminé qu’Idriss Déby Itno en entame un autre, à huis clos, avec une délégation de notables toubous libyens venus de Koufra solliciter sa médiation dans le conflit qui les oppose aux Arabes Zwaï. Dans le désert, tout n’est que recommencement…
Jeune Afrique : La crise malienne vous concerne, comme tous les pays du Sahel. Pourtant, vous ne semblez pas désireux de vous associer à une solution militaire en envoyant vos troupes prêter main-forte à celles de la Cedeao, comme cela vous a été demandé. Pourquoi ?
Au Mali, la bonne solution serait de mettre en place une force de l’UA avec appui de l’ONU, comme en Somalie, et avec l’aide logistique de l’Otan.
Idriss Déby Itno : Depuis le début des opérations de l’Otan en Libye et jusqu’à la chute de Kadhafi, je n’ai cessé de mettre en garde quant aux conséquences non maîtrisées de cette guerre pour les pays de la région. J’ai trop longtemps prêché dans le désert. Mes avertissements ont été perçus, totalement à tort, comme un soutien à Kaddafi alors que le Tchad a sans doute été la première victime de son régime. Autant dire que ce qui se passe aujourd’hui dans le nord du Mali ne me surprend pas. La dislocation de la Libye et la dissémination de son arsenal en sont les causes directes, et ce n’est pas fini pour une raison très simple : les nouvelles autorités libyennes ne contrôlent toujours pas leur propre territoire. Il s’agit donc là d’un problème qui relève de l’Union africaine [UA, NDLR] et des Nations unies, autant, si ce n’est plus, que de la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest]. Si vous voulez le fond de ma pensée : la gestion actuelle de la crise malienne par la Cedeao seule ne constitue pas une réponse appropriée à la situation. On tourne en rond de sommet en sommet à cause des divergences d’appréciation entre chefs d’État, alors que la bonne solution serait de mettre en place une force de l’UA avec appui de l’ONU, comme en Somalie, et avec l’aide logistique de l’Otan.
Le Tchad y participerait-il ?
À cette condition, oui. Pour le reste, nous n’avons été invités à aucune des réunions de la Cedeao, bien que nous y ayons le statut d’observateur.
Certains chefs d’État, à commencer par le Français François Hollandemais aussi le Guinéen Alpha Condé,souhaitent votre participation, d’autant que vos hommes ont une expérience unique de la guerre dans le désert.
Nous avons nos propres impératifs de sécurité. Et je crois avoir été clair : le Tchad n’enverra pas de troupes au Mali sous la bannière de la Cedeao.
La solution n’est-elle pas politique autant que militaire ?
Les deux à la fois. Il faut sauver les Touaregs du MNLA [Mouvement national pour la libération de l’Azawad], avec qui on peut discuter et qui sont en train de se faire engloutir par les islamistes, et négocier avec eux une sortie de crise qui ne soit pas une partition du Mali. Et il faut combattre les terroristes avec une force suffisamment dissuasive.
De violents accrochages ont opposé ces dernières semaines les Toubous aux tribus arabes à Koufra, dans le sud de la Libye. Cette tension à votre frontière nord vous inquiète-t-elle ?
C’est évident, le brassage tribal entre Tchadiens et Libyens étant ce qu’il est, je ne peux qu’être inquiet. D’autant que la gestion interne de la Libye par le CNT [Conseil national de transition] ne me rassure guère et que les élections législatives ne permettront pas, à mon sens, d’y voir plus clair. Les Toubous libyens ont toujours été marginalisés sous Kadhafi et ils n’ont pas été payés de retour pour leur engagement aux côtés du CNT. Ils souhaitent être intégrés et respectés dans le cadre de la nouvelle Libye, on les en empêche, ils se rebiffent, on les réprime, il y a des morts et des blessés, ni le pouvoir en place à Tripoli, ni les Occidentaux ne réagissent.
Toubous contre Ould Souleymane et Guedadfa : nous sommes à deux doigts de la guerre civile. Les uns et les autres m’ont demandé de jouer le rôle de médiateur pour éviter le pire. Mais hélas, je ne peux rien faire sans l’accord de l’autorité centrale libyenne – si tant est qu’elle existe vraiment. Plus généralement, quand je regarde l’état actuel de la Libye, où chaque localité est gouvernée sur une base tribale par des milices surarmées ou par ce qu’il reste des forces fidèles à Kadhafi, notamment aux frontières sud et ouest, ma crainte a un nom : la somalisation.
Est-ce pour cela que vous ne vous êtes toujours pas rendu à Tripoli depuis la chute de Kaddafi ?
Oui et non. Mon frère Mustapha Abdeljalil, le président du CNT, m’y a invité et j’ai accepté. Une date avait même été fixée, à la mi-avril. Mais ce jour-là, la milice de Zintane s’est emparée de l’aéroport de Tripoli, le paralysant pendant vingt-quatre heures, ce qui m’a contraint à annuler ma visite. Depuis lors, le CNT n’a pas reformulé d’invitation. Mais je suis toujours disposé à me rendre dans ce pays qui nous est si proche. Si je peux être utile…
Comment avez-vous réagi à la décision de la présidentedu Malawi de ne pas accueillir le président soudanais Omar el-Béchirlors du prochain sommet de l’Union africaine ?
Elle n’aurait pas dû violer ce qui est un principe et une position de consensus entre les pays membres de l’UA et qui s’impose à tous, y compris à ceux qui parmi nous sont signataires de la Cour pénale internationale. Dès lors qu’elle s’obstinait, il n’y avait pas d’autre solution que de délocaliser le sommet à Addis-Abeba.
Un sommet qui a vu de nouveau s’affronter le Gabonais Ping et la Sud-Africaine Dlamini-Zuma à la présidence de la Commission de l’UA, et c'est cette dernière qui l'a emporté. Si l’on en croit l’une de vos déclarations, vous avez choisi de soutenir la seconde – ce qui n’a pas manqué d’étonner en Afrique francophone. Pourquoi ?
Tout d’abord, une question de fond : la bataille, comme vous dites, ne doit pas opposer des régions géographiques ou linguistiques, mais des CV de candidats. En d’autres termes, je me bats pour celle ou celui qui m’apparaît le plus capable de diriger la Commission quelles que soient sa langue et sa nationalité. Je n’ai aucun état d’âme là-dessus.
Il m’est apparu qu’à compétences égales c’était au tour du candidat de l’Afrique australe de diriger la Commission de l'Union africaine.
Maintenant, la forme. En tant que membre du panel de chefs d’État chargés de départager les deux candidats, il m’est apparu, ainsi me semble-t-il qu’à mes collègues, qu’à compétences égales c’était au tour du candidat de l’Afrique australe de diriger la Commission. Pour une raison que vous connaissez : depuis la fondation de l’Organisation de l’unité africaine, jamais un ressortissant de cette région n’a occupé ce poste. Dès lors, mon opinion était la suivante : soit nous élisions à Addis le candidat que proposait la SADC [Communauté de développement de l’Afrique australe], Mme Dlamini-Zuma ou un autre, soit, si le blocage persistait, les deux candidats en lice se retireraient du jeu. Nous aurions fait alors appel à d’autres candidatures.
En tout état de cause, si l’on vous suit, Jean Pingest « out »…
Je ne souhaite pas personnaliser ce débat. Mais je tiens tout de même à préciser une chose : je n’ai aucun problème avec le Gabon, qui est un pays frère et un partenaire précieux au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale [Ceeac], que je préside en ce moment.
Votre voisin, la Centrafrique, subit actuellement les assauts d’un mouvement de rébellion mené par un chef de guerre tchadien, Baba Laddé. Vous sentez-vous responsable ?
Baba Laddé est un ex-gendarme tchadien devenu coupeur de route et trafiquant d’ivoire, ce n’est pas un rebelle, comme le prétendent certains médias, mais un bandit de grand chemin. Ce genre de personnage ne constitue pas une menace pour le Tchad. Pour la Centrafrique, c’est possible, mais c’est explicable : l’administration centrafricaine, comme vous le savez, ne contrôle pas toute une partie de son territoire. Il n’y a d’ailleurs pas que Baba Laddé, il y a aussi Joseph Kony et d’autres.
La rumeur prétend que vous auriez joué un rôle dans le limogeage de l’ex-numéro deux du régime centrafricain, le colonel Sylvain Ndoutingaï,le 1er juin. Vous étiez d’ailleurs en visite à Bangui quelques jours plus tard. Est-ce exact ?
C’est faux. Je me suis rendu à Bangui avec l’ancien président burundais, Pierre Buyoya, qui est médiateur en Centrafrique pour le compte de l’Organisation internationale de la francophonie [OIF]. Objectif : encourager le président François Bozizé et la classe politique centrafricaine à mieux dialoguer. J’en ai profité pour insister auprès de mon frère Bozizé afin qu’il libère le détenu Jean-Jacques Demafouth, chef d’un mouvement politico-militaire et donc acteur de ce dialogue. Il est donc pour le moins étonnant que l’on me prête, dans le cas que vous évoquez, des intentions contraires. Je suis allé à Bangui pour apaiser la situation, pas pour jeter de l’huile sur le feu ou me préoccuper de quelqu’un qu’au demeurant je ne connais pas et qui n’est pas tchadien.
Le président français, François Hollande, vous a téléphoné le 3 juillet. J’imagine qu’il vous a parlé de la situation au Mali…
Oui. Il m’a demandé si nous étions disposés à envoyer des troupes tchadiennes sur place. Ma réponse a été conforme à ce que je viens de vous dire : nous n’enverrons personne dans le cadre de la Cedeao. Mais nous n’avons pas parlé que de cela. Le statut du détachement français au Tchad et l’opération Épervier ont également été abordés. Nous sommes convenus de nous retrouver ultérieurement pour approfondir ce dossier.
À Paris ?
Sans doute. J’ai beaucoup d’amis en France et, comme vous le savez, je m’y rends régulièrement pour y subir un check-up. Tout véhicule a besoin d’aller de temps à autre au garage pour une révision générale.
Êtes-vous toujours favorable à la fermeture de la base française de N’Djamena ?
Ce n’est pas nous qui avons demandé cette fermeture. L’initiative en revient à l’ancien ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, lequel, vous vous en souvenez, avait déclaré que la France souhaitait retirer ses troupes du Tchad. Nous en avions alors pris acte, en précisant qu’il s’agissait là d’une initiative souveraine, à laquelle nous ne voyions aucun inconvénient. Des discussions ont suivi, dont l’unique résultat a été le projet de mise en place d’un comité mixte chargé d’étudier les modalités pratiques de ce retrait. Nous sommes prêts, le moment venu, à les reprendre.
Comment avez-vous accueilli l’élection de François Hollande et la défaite de Nicolas Sarkozy ?
Cela ne change rien à la relation franco-tchadienne. On a considéré à tort que je soutenais l’ancien président Sarkozy : ce ne sont pas mes affaires. Les chefs d’État passent, mais le socle de l’histoire commune entre la France et l’Afrique demeure, tout comme le partenariat entre pays souverains. On a considéré à tort que je soutenais l'ancien président Sarkozy : ce ne sont pas mes affaires.
Le parti socialiste français a toujours milité pour que l’on connaisse enfin la vérité sur le sort de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh, disparu en février 2008. Ne craignez-vous pas de subir de nouvelles pressions en ce sens ?
Absolument pas. Ibni Oumar a disparu lors des tragiques événements de février 2008, tout comme six cents autres Tchadiens dont une trentaine d’officiers et six généraux à qui personne ne s’est intéressé. Ibni avait certes des camarades en France, mais je refuse totalement que ces gens-là se mêlent des affaires intérieures du Tchad. Pour le reste, je fais confiance à notre justice, qui enquête sur ce cas comme sur d’autres depuis trois ans. Attendons que son rapport soit déposé.
Un sommet des six pays membres de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) est enfin prévu du 22 au 24 juillet à Brazzaville avec beaucoup de retard. On vous dit agacé par les problèmes que rencontre cette institution, au point que vous envisageriez sérieusement d’adhérer à la Cedeao. Le Tchad va-t-il basculer en Afrique de l’Ouest ?
Nous avons le statut d’observateur au sein de la Cedeao depuis plus de dix ans, il n’y a donc pas de contradiction dans une éventuelle double appartenance. Après tout, l’Angola est bien membre à la fois de la SADC et de la Ceeac. Maintenant, il est vrai que la Cemac est pour nous une source d’inquiétude, ne serait-ce qu’à cause des problèmes de gestion réels au niveau de la présidence de la Commission. Cela fait près de trois ans que nous ne nous sommes pas réunis, ce qui n’est pas acceptable au regard des défis que nous avons à relever en commun. J’ai interpellé à plusieurs reprises en ce sens le président en exercice, mon frère Denis Sassou Nguesso. Je sais qu’il fait le maximum et que tout ne dépend pas que de lui. C’est notre responsabilité à nous six [les six pays membres].
En ce début de juillet, N’Djamena bruit de rumeurs. Un complot aurait été déjoué au sein de votre garde présidentielle et une poignée d’officiers supérieurs auraient été arrêtés. Vrai ou faux ?
Sept officiers ont été arrêtés, c’est exact. Mais les motifs sont d’ordre disciplinaire : insubordination, mauvaise gestion, refus de regagner son poste. Ils appartiennent à la garde présidentielle, mais aussi à l’armée de terre. Figurent parmi eux un général, un colonel [il s’agit du général Bahr Mahamat Itno et du colonel Abakar Adam], un commandant. Ils seront radiés de l’armée et traduits en justice.
Y a-t-il un rapport avec l’opération de réduction drastique des effectifs de l’armée tchadienne que vous avez lancée fin 2011 ?
C’est vraisemblable. La grande majorité des militaires concernés par cette réforme l’a acceptée, et nous accompagnons leur réinsertion. Une petite minorité n’a pas supporté de voir remis en question ses privilèges indus et ses rentes de situation.
Vous avez, vous aussi, lancé une vaste opération anticorruption, l’opération Cobra, et déclaré une guerre sans merci contre ce fléau. Plusieurs comités et agences ad hoc ont été créés. Mais la critique est récurrente : vous en profiteriez pour écarter des personnalités gênantes pour votre pouvoir. Qu’avez-vous à répondre ?
Ce n’est pas sérieux. Je n’écarte personne. Nous avions au Tchad une administration qui avait pris la mauvaise habitude historique de se servir plutôt que de servir. J’ai décidé de l’assainir et d’en finir avec cette véritable gangrène. Qui n’a pas conscience ici des ravages de l’enrichissement illicite ? Cela n’a rien à voir avec la politique politicienne ni avec une quelconque chasse à l’homme. Et je suis logique avec moi-même : nul n’est à l’abri, nul n’est couvert, y compris mes proches, mes amis et mes collaborateurs. Si la justice les lave de tout soupçon, ils reviendront travailler à mes côtés, cela s’est déjà produit. Mais je n’interviendrai pas dans son fonctionnement, il faut que ce soit clair. L’opération Cobra a déjà permis au Trésor public de récupérer en quelques semaines 10 milliards de F CFA [plus de 15 millions d’euros]. Nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin.
L’ancien secrétaire général de la présidence, Mahamat Saleh Annadif, a été libéré pour vice de forme après avoir été détenu pendant trois mois. Quelles charges pèsent contre lui et pourquoi ne relève-t-il pas de la Haute Cour de justice, puisqu’il a rang de ministre ?
Je ne suis pas magistrat et je n’ai pas l’intention de me mêler de ce débat contradictoire. Pour le reste et en ce qui concerne le fond du dossier, il n’est pas reproché à Mohamed Saleh Annadif d’avoir détourné de l’argent à son profit personnel, loin de là. Le problème à son niveau est que mes instructions n’ont pas été respectées. Je lui avais donné une directive précise, en présence du directeur général des grands travaux et projets présidentiels, Zen Bada, qui a lui aussi été appréhendé. Toute sortie d’argent concernant les grands travaux devait être soumise à une double signature, la sienne et celle de Zen Bada. Or les quelque 2 milliards de F CFA que Zen Bada a reconnu avoir détournés ne portaient qu’une seule signature, celle de ce dernier. Pourquoi ? Et pourquoi Annadif a-t-il écrit au directeur général de la Banque commerciale du Chari une correspondance semblant justifier cette anomalie ? En attendant que la justice y voie plus clair, leur sort est en quelque sorte lié.
Autre affaire : celle du député de l’opposition Gali Ngothé Gatta,arrêté, condamné en mars dernier à un an de prison pour braconnage, puis relâché en appel faute de preuves. Cela fait un peu désordre…
J’ai appris cette histoire à l’aéroport, alors que je m’apprêtais à m’envoler pour le Bénin. On m’a parlé d’un flagrant délit de braconnage de phacochère. Point final en ce qui me concerne, puisque je n’étais pas au courant de cette arrestation et que nul ne m’a demandé mon avis. Puis l’affaire s’est emballée avec l’intervention, assez curieuse dans un pays laïque, de congrégations religieuses en faveur dudit député. Lequel a ensuite été libéré. Il siège de nouveau dans l’hémicycle.
Au passage, le juge qui s’était prononcé contre son arrestation a été radié par le Conseil supérieur de la magistrature…
Oui, et alors ? Les magistrats ont leur règlement, leur code et leurs sanctions. Encore une fois, ce n’est pas mon affaire, je ne m’en mêle pas.
L’opposition tchadienneest persuadée que le pouvoir cherche par tous les moyens à la museler et à l’intimider. Le dialogue est-il impossible ?
Non seulement le dialogue est possible, mais il est en cours, mieux que dans beaucoup d’autres pays du continent. Un cadre formel de concertation existe et fonctionne depuis près de cinq ans, dont on ne trouve d’équivalent nulle part ailleurs.
Recevez-vous les leaders de cette opposition ?
Je suis ouvert. Saleh Kebzabo [le président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau], par exemple, que j’ai reçu en début d’année à Léré, a demandé à me revoir. Dès que mon agenda le permettra, je lui fixerai rendez-vous. Je suis un homme de dialogue, plus sans doute que la plupart de ceux qui dans ce pays se proclament démocrates.
Depuis quand n’êtes-vous plus sous programme avec le FMI et la Banque mondiale ?
Depuis douze ans, mais des contacts ont été renoués en 2011 avec ces institutions, qui devraient bientôt déboucher sur une reprise de la coopération. Reste à régler une légère incompréhension issue de l’emprunt de 2 milliards de dollars [1,6 milliard d’euros] que nous avons contracté avec l’Eximbank chinoise pour des investissements dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de l’élevage. La Banque mondiale jugeant le taux de ce prêt trop élevé, nous allons le renégocier avec l’aide du FMI. Avec ses 8 % à 9 % de croissance attendus en 2012, le Tchad est un État solvable.
Mais pauvre et trop dépendant des revenus du pétrole, dont la production est en baisse.
C’est exact. Et c’est pourquoi tous nos efforts portent sur le secteur rural, afin de maximiser nos capacités d’exportation. Quant à la pauvreté dont vous parlez, vous ne m’apprenez rien. Je connais mon pays village par village sur toute la superficie de son 1,3 million de kilomètres carrés. Je connais mon peuple et ses besoins souvent criants. Étant issu d’une famille pauvre, je sais ce qu’est la dureté de la vie puisque j’en ai moi-même souffert. Ce combat pour le développement du Tchad est pour moi une obsession.
La prochaine élection présidentielle est prévue pour 2016. Vous aurez alors 64 ans, ce qui n’est pas encore âgé, dont vingt-six ans au pouvoir, ce qui est pour le moins respectable. Serez-vous une nouvelle fois candidat ?
Ne croyez pas que je m'accroche à mon fauteuil. En 2016, j'aurai un choix à faire. Il n'est pas encore tranché.
Disons que le fait d’être devenu chef de l’État à 38 ans ne joue pas en ma faveur. Certains auraient sans doute souhaité me voir accéder à la présidence avec vingt années de plus, afin que je leur passe la main le plus vite possible. Malheureusement pour eux, je suis toujours là et en bonne santé. Cela dit, je suis un homme qui a sacrifié sa vie privée et familiale et passé un nombre incalculable de nuits blanches au service de son pays. Un homme qui a le droit de se demander si le moment n’est pas venu pour lui de se reposer. Ne croyez surtout pas que je m’accroche à mon fauteuil, mais 2016, c’est dans quatre ans. J’aurai alors un choix à faire. Il n’est pas encore tranché.
Propos recueillis à N'Djamena par François Soudan