

Source: Première Urgence (PU) 07 Juil 2009
Bédéré, situé à quelques kilomètres à l'est de Paoua dans la préfecture du l'Ouham Pendé en République Centrafricaine, est un petit village paisible de 873 habitants. Paisible, il ne l'a pas
toujours été. En effet, il sort tout doucement du cauchemar. En 2003, le village n'a pas été épargné par les violents conflits, incendies et pillages survenus dans l'Ouham Pendé. La peur de
revivre cet enfer a amené les villageois à se cacher pendant plusieurs années dans la brousse.
En 2007, les habitants de Bédéré sont sortis des
campements, et ont reconstruit leur village, au bord de la route, sous l'impulsion de Timothée Milatou, le chef de village. La filière cotonnière
ayant été entièrement démantelée pendant les événements, les habitants de Bédéré ont dû se lancer dans de nouvelles activités. Ils vivent essentiellement de l'agriculture, tandis que d'autres ont
commencé des élevages de petits bétails.
Le premier semestre 2009 a connu une détérioration notable de la situation
humanitaire en République Centrafricaine (RCA). Les affrontements entre groupes rebelles, forces armées de la RCA (FACA) et groupe d'auto-défense en limitent l'accès humanitaire.
Depuis lors, cinq groupements agricoles ont été
mis en place avec le soutien d'ONG internationales. Première Urgence était l'une d'entre elles et reste désormais la seule ONG présente dans le village. Au début de son intervention en 2007,
Première Urgence a distribué des vivres dans le village, afin de venir en aide à la population ayant perdu tout moyen de subsistance. De nombreux villageois ont également travaillé à la
réhabilitation de rizières, afin de préparer la saison agricole : « Ce travail a permis à beaucoup d'entre nous
d'avoir un peu d'argent », précise Timothée, qui nous a accordé un
entretien.
Actuellement, Première Urgence soutient un groupement dans le village, en fournissant des semences de riz, mil et maïs, et en donnant des outils aux bénéficiaires. 22 personnes en sont membres,
dont la moitié de femmes. Finia Suzanne, une d'entre elles témoigne : « On a reçu des outils l'année dernière, et on va encore en recevoir cette année. Le matériel est de bonne qualité, c'est un vrai avantage. » Cette
activité bénéficie directement à tous les membres des familles du groupement, soit plus de 130 habitants, et plus largement, à l'ensemble du village, notamment à travers la dynamique économique
créée et l'accès pour tous aux formations.
« L'année dernière, on a pu récolter du riz. Malheureusement, il n'y a pas eu une bonne saison agricole, il n'a pas assez
plu. On a dû tout consommer. » Les bénéficiaires, qui reçoivent fréquemment des formations et conseils de la part des agronomes de Première
Urgence, sont cependant restés confiants. Le groupement a même de nouveaux membres cette année. « C'est
un travail d'équipe. Avec le soutien de Première Urgence, on a mis en place un règlement intérieur et des
statuts, et ça nous amène à mieux travailler. »
Timothée, fortement investi dans le relèvement de son village, insiste sur le rôle essentiel de Première Urgence pour le développement agricole de sa localité. « Première Urgence est notre seul partenaire de développement. Notre situation va pouvoir changer au fil des années pour le bien-être de ma population. Nous remercions Première Urgence de
prendre en compte nos besoins et de continuer à nous soutenir. »
Le groupement de Bédéré, tout comme les autres groupements de l'Ouham Pende soutenus par Première Urgence, reçoivent de nouveau, depuis le 15 mai, des semences et des outils, afin de se tenir
prêt pour la nouvelle saison agricole.