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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 16:23





(Le Messager 04/11/2009)


Je n’avais rien compris à ce que l’écrivain Slimane Zeghidour appelle « le secret de famille de la République ».

Lorsque j’ai pris en charge l’instruction de l’affaire Elf, j’avais en face de moi les puissants du pétrole français, je n’aimais pas leur arrogance, la façon qu’ils avaient de se servir dans les caisses, mais lorsqu’ils invoquaient les intérêts supérieurs du pays, j’étais prête à les croire. Je sortais de plusieurs années en détachement au ministère des Finances, entourée de hauts fonctionnaires intègres, d ‘une compétence absolue. J’avais confiance dans les institutions de mon pays d’adoption. Je n’imaginais pas que la finalité des dirigeants des sociétés nationales du pétrole fut autre chose que le bien commun. Je traquais les dérives et non le système lui-même.

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A lire aussi:

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2.Exploitation : Comment les entreprises françaises pillent l’Afrique

3.Maroc: Tenue du forum pour le développement en Afrique du Nord

4.France: L’homophobie dans le football

5.Développement Garoua-Comment ils ont tué le cadavre d’Ahmadou Ahidjo

 

Pourtant au fil de mon enquête, j’ai découvert un monde souterrain. Magistrate, limitée par le cadre de ma saisine et des compétences nationales, je devais m’arrêter sur le seuil de certaines portes, qui menaient vers l’étranger. Je découvrais des chemins qu’il aurait été passionnant de remonter, des connexions qui m’ahurissaient. Avec des chiffres, des comptes, nous avions sous nos yeux le déchiffrage d’un vaste réseau de corruption institutionnalisé, dont les fils étaient reliés en direct à l’Elysée.

Ce n’était pas mon rôle d’en tirer les conclusions politiques, mais j’en ai gardé l’empreinte. Nous avions dessiné alors un vaste schéma, que j’ai toujours avec moi. Il fait huit mètres une fois déplié. Il serpente depuis le bureau d’un directeur des hydrocarbures d’Elf, jusqu’à des comptes obscurs alimentés par le Gabon, aux mains d’Omar Bongo : quarante ans de pouvoir et une difficulté récurrente à distinguer sa tirelire et sa famille d’une part, le budget de l’Etat et le gouvernement d’autre part. J’emporte souvent ce schéma avec moi, au fil des rendez-vous. Je l’étale sur les tables, un peu comme un capitaine au combat sort ses vieilles cartes. Les positions ont sans doute varié, les techniques de camouflage se sont sophistiquées, mais le système est là : les tyrans sont des amis, que la France a placés au pouvoir et dont elle protège la fortune et l’influence par de vastes réseaux de corruption ; en échange ils veillent sur les intérêts et les ressources des entreprises françaises venues creuser le sol. Tout ce beau monde a intérêt à ce que rien, jamais, ne stimule ni les institutions ni l’économie des pays.

Et si je m’arrête un instant au Gabon, qu’est-ce que j’y vois ? Un pays riche qui exporte plus de treize milliards de dollars de pétrole brut par an et affiche un Pib par habitant largement au-dessus de la moyenne africaine (6 397 $) ? Ou un pays pauvre où l’espérance de vie est estimée à 55 ans pour les femmes et 53 pour les hommes, ce qui leur laisse un an de moins que les Malgaches nés sur un sol sans pétrole ? Le taux de mortalité infantile est au Gabon particulièrement élevé, le taux de vaccination contre la rougeole est de 40% contre une moyenne de 79% dans les pays en développement. Voilà où en est le Gabon, chasse gardée de la France, fournisseur des trésors du pétrole et de l’uranium, fief de Total-Elf la première capitalisation boursière française.

Roland Dumas « l’ami intime » de Bongo

Si les habitants de Libreville n’ont pas bénéficié de la richesse de leur pays, c’est parce que la France s’est accaparée ses ressources minières, avec la complicité d’un président, enrôlé dès son service militaire par l’armée française et ses services secrets, placé à la tête du pays à 32 ans par Paris. Il était alors le plus jeune chef d’Etat du monde. La France contrôle son armée, ses élections et protège sa fortune. En retour, Omar Bongo fait table ouverte plusieurs fois par an, avenue Foch ou à l’hôtel Crillon, où il reçoit les hommes politiques, des publicitaires et les journalistes français qui comptent. Chacun se presse à ces audiences. Dans les années 1990, un homme politique français du premier plan, alors en fonction, bénéficiait en parallèle d’un contrat de « consultant » signé par Omar Bongo et largement rémunéré. De Roland Dumas, le président gabonais dit qu’il est « ami intime ». Prévoyant, il apprécie aussi Nicolas Sarkozy, venu « prendre conseil » en tant que candidat à l’élection présidentielle. Lorsque au cours de l’instruction, nous avons perquisitionné au siège de la Fiba, la banque franco-gabonaise, nous avons consulté le listing des clients, qui paraissait tenu à la plume sergent-major. C’était une sorte de Who’s Who de la France en Afrique, qui en disait long sur l’envers de la République et des médias.

A ceux qui croient encore à l’aide désintéressée de la France en Afrique, il suffit de consulter les chiffres du Pnud (Programme des nations unies pour le développement). La corrélation est régulière entre le montant de l’aide française et la richesse en matières premières. En clair, celui qui n’a rien dans son sous-sol ne doit pas attendre grand-chose de Paris…Il n’est pas étonnant de retrouver le Gabon comme l’un des premiers bénéficiaires de l’aide publique française au développement. Le résultat est affligeant en termes de système de santé et d’éducation. L’argent s’est perdu en route. Il est justement fait pour cela.

Il ne s’agit pas d’une dérive mais d’une organisation cohérente et raisonnée. Dans chaque audition durant notre instruction, nous entendions parler de pressions physiques, d’espionnage permanent et de barbouzes. Les perquisitions dans la tour Elf à la Défense livraient une moisson de documents révélant la confusion des genres, nous les transmettions au parquet de Nanterre, qui se gardait bien d’ouvrir des enquêtes. Car Elf hier, Total aujourd’hui, est un Etat dans l’Etat, conçu par Pierre Guillaumat un ancien ministre de la Défense, patron des services secrets et responsable du programme nucléaire français afin de servir les intérêts géopolitiques de Paris.

La Norvège a utilisé son pétrole pour construire et assurer le paiement des retraites futures. La France se sert d’Elf-Total pour affirmer sa puissance. La compagnie intervient dans le golfe de Guinée, au Nigéria, au Congo-Brazzaville, en Angola… Tous ces pays ont connu la guerre civile et la dictature, derrière laquelle la main française s’est fait sentir. Le chaos, lorsqu’il se produit, ne trouble pas le système. Il n’est qu’à voir l’Angola, en guerre pendant des dizaines d’années, mais dont aucune goutte de pétrole, jamais, n’a raté sa destination. Pendant la guerre, les affaires continuaient…Les banques françaises, Bnp-Paribas en tête, ont même profité de l’occasion pour élaborer des montages financiers destinés aux pays en guerre, à des taux affolants, tout en sachant qu’elles ne prenaient pas le moindre risque. L’argent, là aussi, n’a pas été perdu pour tout le monde. C’est un miroir dans lequel il ne faut pas trop souvent regarder les élites françaises.

Depuis que j’ai ouvert le dossier Elf, dans mon bureau de la galerie financière, j’ai voyagé physiquement et intellectuellement bien loin de la Seine et de ses quais gris et bleus…j’ai appris en marchant. A l’arrivée, le tableau est effrayant.

L’Afrique a refait de moi une Norvégienne, fière de l’être. Mon pays est riche, mais, il se souvient avoir été pauvre, un peuple d’émigrants regardant vers le nouveau monde américain. Son esprit de conquête, ses allures vikings sont des traces d’un passé très lointain, vinrent ensuite les tutelles danoise puis suédoise, dont il fallut se libérer. Il envoya vers l’Afrique des missionnaires protestants, personnages austères au visage buriné, taillé par la parole chrétienne et l’œuvre humanitaire, plutôt que des nouveaux colons, comme on les croise encore dans les quartiers d’expatriés blancs.

Pendant que la France fondait Elf, la Norvège mettait en place l’exploitation des ressources de la mer du Nord, accumulant un fonds de réserve, aussitôt placé pour les générations futures et soigneusement contrôlé. Ce petit pays des terres gelées est devenu la première nation donatrice en dollars par habitant. Bien sûr, les pétroliers norvégiens ne sont pas des enfants de chœur. De récentes enquêtes ont montré que certains d’entre eux ont versé des commissions et que la tentation d’abuser de leur pouvoir est permanente. Mais la Norvège n’a pas à rougir de ce qu’elle a fait de son pétrole. Ce que j’ai vu, les rapports internationaux qui l’attestent, est une œuvre d’espoir.

La République française, à la même époque, a mis en place en Afrique un système loin de ses valeurs et de l’image qu’elle aime renvoyer au monde. Comment des institutions solides et démocratiques, des esprits brillants et éclairés, ont-ils pu tisser des réseaux violant systématiquement la loi, la Justice et la démocratie ? Pourquoi des journalistes réputés, de tout bord, ont-ils toléré ce qu’ils ont vu ? Pourquoi des partis politiques et des Ong, par ailleurs prompts à s’enflammer, n’ont-ils rien voulu voir ?

L’indépendance en Afrique : une mascarade

Je ne condamne pas. J’ai partagé cet aveuglement. J’étais comme eux, avant de glisser l’œil dans le trou de la serrure et de prendre la mesure de ce secret de famille : la France reste un empire et ne se remet pas de sa puissance perdue. L’indépendance politique a été largement une mascarade en Afrique de l’Ouest. L’Occident a fermé les yeux, car la France se prévalait d’être le « gendarme » qui défendait la moitié du continent contre le communisme. Les Français ont laissé faire, car astucieusement, De Gaulle et ses successeurs ont présenté leur action comme un rempart contre l’hydre américaine. Elf était l’une des pièces maîtresses de cette partie géopolitique. Le double jeu a été facilité par la certitude, ancrée dans les mentalités, que « là-bas, c’est différent ». Là-bas, c’est normal la corruption, le népotisme, la guerre, la violence. Là-bas c’est normal la présence de l’armée française, les proconsuls à l’ambassade ou à l’état-major, les camps militaires. Là-bas, c’est normal l’instruction des gardes présidentielles. Là-bas, c’est normal la captation des richesses naturelles. D’ailleurs « tout le monde fait pareil ». Jeune ou vieux, de gauche ou de droite, nul Français ne songe à s’offusquer de voir nos soldats mener, presque chaque année, une opération militaire en Afrique, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Rwanda, quand tous se gaussent de cette Amérique venue faire la police en Irak, en maquillant d’un fard démocratique les intérêts géopolitiques et pétroliers de Washington. Il y a pourtant bien des symétries.

J’ai vu récemment un documentaire sur la guerre du Biafra, quatre ou cinq demi-heures de témoignage brut des principaux acteurs, sans commentaires. Je suis restée sans voix. A ceux qui sont nés après 1970, le Biafra ne dit rien. Dans cette région du Nigéria, riche en pétrole, une ethnie, chrétienne et animiste armée par la France, réclama l’indépendance. S’ensuivit une guerre meurtrière de trois ans, révolte financée depuis l’Elysée via des sociétés suisses. La télévision française aimait alors montrer les enfants affamés que les militaires français ramenaient par avion pour les soigner, jamais elle ne laissait voir la cargaison de l’aller, remplie d’armes…A l’image maintenant, les anciens collaborateurs de Jacques Foccart, repus dans leurs fauteuils Louis XV, détaillent sans émotion ces montages illégaux. Les officiers, lieutenants d’alors, généraux d’aujourd’hui, racontent ce bon tour le sourire aux lèvres. Fin du documentaire. Pas un mot, pas une ligne dans les livres d’histoire.

Des drames comme celui-ci, l’Afrique en contient des dizaines, soigneusement passés sous silence. Les massacres des Bamiléké au Cameroun par la France du général De Gaulle, le génocide des Tutsi commis par un régime soutenu par François Mitterrand, les assassinats d’opposants, les manipulations d’élection…Le passif de la France sur le continent africain n’a rien à envier à l’impérialisme américain en Amérique latine ou au Moyen-Orient.

Il est à la mode parmi les intellectuels français de se plaindre du mouvement de repentance qui s’est répandu depuis quelques années. Les bienfaits de la colonisation, à inscrire dans les manuels scolaires, ont même fait l’objet d’une proposition de loi, largement soutenue par les députés. Bien sûr, l’histoire de la France en Afrique ou en Asie du Sud-Est a compté aussi des aventuriers sincères, exportateurs, instituteurs ou pionniers, qui ont fait corps avec les pays qu’ils ont découverts. A Madagascar les vazas, ces pieds-noirs malgaches, ne cessent de louer devant moi l’état des routes et des infrastructures françaises au moment de l’indépendance. Mais les peuples sont comme les familles. On ne peut pas faire le tri de la mémoire. Il est des secrets soigneusement cachés dont l’onde portée va bien au-delà d’une ou de deux générations. Les enfants héritent de tout : du malheur comme du bonheur, de la richesse comme des dettes.

La République française paie aujourd’hui la facture de son passé. Il suffit de dérouler la liste des appellations officielles des Maghrébins, nés dans un département français avant 1962 ou sur le sol hexagonal depuis les années 1970. Par la loi, ils furent et sont des Français comme les autres. Les gouvernements successifs n’ont pourtant cessé d’inventer des périphrases : « indigène musulman », « sujet africain non naturalisé », « Jfom » (Jeune français originaire du Magrheb), « jeune issu de l’immigration », « fils de harkis », « jeune des quartiers », « Arabo-musulman », « Français d’origine arabe », « Français musulman »…

La France de 1789, incompatible avec la françafrique

La France vit encore comme si en Afrique elle était chez elle, et comme si, ses enfants d’ascendance africaine n’étaient pas français. Le développement de la Françafrique, notre tolérance vis-à-vis des réseaux, tout ramène à ce secret colonial, à cet empire qui hante les esprits comme un fantôme. Oui, Total, la première entreprise française, est riche et prospère. Mais la manière dont la firme s’est bâtie fait partie de l’héritage. Qui osera un jour rendre au Nigéria, au Cameroun, au Gabon, au Congo-Brazzaville ce que la France leur doit ? Qui contestera les contrats conclus par Areva pour l’uranium du Niger ou ceux des mines d’or de Sadiola au Mali, deux pays parmi les plus pauvres du globe, qui ne touchent qu’une part dérisoire des richesses prélevées dans leur sol ? La République a contracté une dette qu’il lui faudra bien honorer. Notre prospérité est nourrie de richesses que nous détournons. A certains de ces sans-papiers qui risquent leur vie pour gagner l’Europe, il pourrait être versé une rente au lieu d’un avis d’expulsion. Je rêve, pour ce pays que j’aime, d’un réveil collectif.

Une France digne de son idéal et de son héritage de 1789 est incompatible avec la Françafrique : ce qu’une génération a fait, une autre peut le défaire. C’est possible.


* Le titre et les inter-titres sont de la rédaction


Extrait de

La force qui nous manque

Eva Joly. Editions des Arènes (Paris) 190 pages

© Copyright Le Messager

 

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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 00:52




 

Billet d’Afrique et d’ailleurs n° 185 3 novembre 2009 par Odile Tobner


Quand Jacques Chirac voulait devenir président de la République française il tenait, le 19 juin 1991, à Orléans, des propos violemment racistes sur l’ « overdose » d’étrangers, qui ne sont pas « les mêmes » qu’avant, « des Espagnols, des Polonais, des Portugais », mais sont « des musulmans et des noirs  », plaignant le « travailleur français » d’avoir à supporter « le bruit et l’odeur » et exprimant sa phobie d’une natalité fantasmée comme pléthorique, « une vingtaine de gosses », assortie d’une évaluation aussi superlative que fausse du montant des allocations perçues, « sans naturellement travailler ».

Le MRAP porta plainte et fut débouté le 26 février 1992. Les magistrats estimèrent qu’il n’y avait pas de diffamation raciale car les propos en cause « ne constituent que des attaques vagues et générales, insuffisantes pour caractériser la diffamation ; qu’à supposer qu’elles constituent des expressions outrageantes, elles ne visent pas une personne ou un groupe de personnes suffisamment déterminé  ». Pourtant les musulmans et les noirs étaient nommément désignés. La justice sait se voiler la face quand il faut ne pas voir certaines obscénités.

Le même Jacques Chirac, ex président de la République, en quête cette fois de vedettariat international, entend maintenant se faire une image de bienfaiteur des pauvres noirs en donnant son nom à une « fondation pour le développement durable et le dialogue des cultures  ». On peut penser que c’est une gageure que de faire croire à la virginité d’une vieille pute, mais cela marche dans le monde tel qu’il est, où l’impudence est non seulement admise mais vénérée. Après avoir inauguré le « dialogue des cultures » par des propos outrageants que les juges estimèrent simplement « décousus », Chirac continue à faire dans le n’importe quoi. Entouré de sept chefs d’Etats africains complaisants (Bénin, Togo, Sénégal, Burkina Faso, Congo Brazzaville, Niger République Centrafricaine) il a lancé lundi 12 octobre « l’appel de Cotonou » destiné à « promouvoir la lutte contre le trafic de faux médicaments dont les victimes se comptent par dizaines de milliers ». Se porter au secours de l’industrie pharmaceutique, on n’en attendait pas moins de lui dans le faux-problème, alors que, en réalité, c’est l’absence totale de tout médicament qui hâte la mort de centaines de milliers d’Africains. Mais évoquer ce vrai problème amènerait à pointer la responsabilité des faux présidents et de tous les faux apôtres engendrés par le marché de la bienfaisance médiatisée.

Le président Chirac n’a en effet jamais eu le moindre état d’âme à cautionner, pendant ses mandats et sa carrière politique, toutes les fausses élections qui se sont déroulées en Afrique francophone. Il cajolait même les faux présidents, les assurant de son affection. Eyadema pouvait faire assassiner ses opposants, Biya faire tirer sur les manifestants, Bongo mettre son pays en coupe réglée, ce ne sont pas ces vétilles qui pouvaient altérer l’indéfectible soutien que Chirac leur apportait, dans une Afrique qui « n’était pas mûre pour la démocratie  » et devait donc se contenter de ces ersatz de dirigeants. Le résultat bien sûr ne l’inquiétait pas non plus : corruption des oligarchies arrogantes assurées de conserver le pouvoir quoi qu’elles fassent et ne fassent pas, stagnation et régression du niveau de vie de populations privées d’éducation et de soins, surmortalité infantile, absence d’emplois faute du moindre développement. Il y avait des généraux, équipés de vrais armements français vendus au prix fort, conseillés et entraînés par de vrais militaires français, pour maintenir l’ordre. N’était-ce pas l’essentiel en ces contrées exotiques ?

Aujourd’hui les actions médiatiques de la fondation Chirac, la mascarade du forum pour le développement durable sont les plus scandaleux des faux médicaments qui sont fourgués aux Africains pour perpétuer leurs maux sous couvert de les guérir.

 

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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 17:20





LE MONDE | 16.10.09 | 15h01  •  Mis à jour le 16.10.09 | 17h23


Le "sacre", vendredi 16 septembre à Libreville, du fils du plus ancien et du plus trouble des alliés de la France en Afrique, Omar Bongo, est tout un symbole. L'investiture d'Ali Bongo coïncide avec la discrète réorientation de la politique de Paris vis-à-vis du continent africain. Cette fois-ci, aucun discours de Nicolas Sarkozy n'aura annoncé le vent nouveau. Ni celui de la rupture avec la Françafrique chiraquienne, comme à Cotonou en mai 2006, ni celui de la sincérité provocante, comme à Dakar en juillet 2007. Une inflexion de la politique africaine de la France vient de se négocier dans le silence feutré de l'Elysée, sans envolée lyrique ni médiatisation. Longtemps brandie par le président, la volonté de rénovation du tête-à-tête usé entre Paris et ses anciennes colonies a fait long feu.

L'heure est au retour aux mauvaises vieilles habitudes : poids des émissaires officieux, priorité absolue aux intérêts économiques et stratégiques de la France sur les exigences démocratiques et les revendications des sociétés africaines. Loin des velléités de banalisation, l'Afrique redevient un domaine ultra-réservé au plus haut sommet de l'exécutif.

Discret, le tournant n'a pas été pris en un jour. Il coïncide pourtant avec un événement hautement symbolique : l'élection, bénie par la France, d'Ali Bongo, le 30 août.

Pur hasard ? La veille du scrutin gabonais, une autre nouvelle significative avait filtré : le départ pour l'ambassade de France au Maroc de Bruno Joubert, conseiller de Nicolas Sarkozy, chargé de l'Afrique et figure de proue des "rénovateurs" de la présidence. Ceux précisément qui avaient manoeuvré en mai 2007 pour griller la politesse à Omar Bongo alors qu'il exigeait d'être le premier chef d'Etat africain à être reçu par le nouveau président français. A sa grande surprise, la première femme élue démocratiquement à la tête d'un Etat africain, la Libérienne Helen Johnson Sirleaf, de passage à Paris, avait alors eu les honneurs de l'Elysée avec vingt-quatre heures d'avance sur le vieil autocrate gabonais. Un symbole prometteur.

"Bruno Joubert n'a pas été débarqué, assure aujourd'hui un haut diplomate, mais son remplacement aura des conséquences importantes. Jusque-là, Sarkozy marchait sur deux pieds en Afrique (la diplomatie traditionnelle personnifiée par Bruno Joubert, équilibrant le poids des émissaires officieux qui rendent compte à Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée). Désormais, il risque de boiter."

Notoirement agacé par les interventions de l'avocat Robert Bourgi, l'un de ces missi dominici officieux de la présidence, Bruno Joubert affirme que ce dernier "n'a pas cessé de jouer à contre-pied de ce qu'est la politique française" en Afrique. "Ses interventions ne m'ont pas fait diverger et j'ai toujours agi avec l'accord du président de la République", assure-t-il cependant.

Le départ du diplomate ne peut que réjouir M. Bourgi, qui doit savourer l'événement, mais en silence : l'Elysée lui a demandé de se faire discret après ses tonitruantes prises de position en faveur d'Ali Bongo.

Sur le dossier gabonais, M. Bourgi a gagné : en dépit d'un scrutin suspect et de pratiques financières désastreuses pour la population, il n'est plus question pour la France de prendre ses distances avec le régime gabonais. Tout en répétant que "la France n'a pas de candidat", l'exécutif français a tout fait pour favoriser l'élection d'Ali Bongo.

L'équipée secrète d'Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération, récemment révélée par l'hebdomadaire Jeune Afrique, en témoigne. Une semaine avant le vote du 30 août, M. Joyandet, qui a succédé en mars 2008 à Jean-Marie Bockel limogé sous la pression d'Omar Bongo, s'était discrètement rendu en Guinée équatoriale. Dans ce pays pétrolier limitrophe du Gabon, le secrétaire d'Etat, dépêché par l'Elysée, a plaidé la cause d'Ali Bongo, qu'un conflit frontalier oppose au président équato-guinéen Teodoro Obiang. A ce dernier, M. Joyandet a demandé - en vain - de cesser son soutien financier à la campagne d'André Mba Obame, l'un des principaux opposants de Bongo junior. M. Mba Obame, qui estime que la victoire lui a été volée, observe aujourd'hui une grève de la faim pour protester contre ce qu'il appelle un "putsch électoral".

Alain Joyandet, avant de s'envoler pour Libreville où il représentait la France, vendredi, à la cérémonie d'investiture, a poussé loin le service après vente en faveur d'Ali Bongo. Il convient de lui "laisser le temps de démontrer qu'il peut être un président de rupture", a-t-il déclaré, déchaînant la colère des opposants.

La succession d'Omar Bongo n'a fait que mettre en lumière le maintien en odeur de sainteté de tous les potentats "amis de la France" et la fin de la prétention de M. Sarkozy à leur "parler franchement". Elle a aussi révélé le rôle non négligeable joué par Robert Bourgi. La porte de Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, n'est jamais fermée à cet héritier des réseaux gaullistes, lobbyiste actif en faveur de son client Ali Bongo.

A l'évidence, l'axe Joyandet-Bourgi, sous la houlette de Claude Guéant, a pris la main sur la cellule diplomatique, affaiblie par le départ de Bruno Joubert. M. Guéant, ancien préfet de Franche-Comté, est d'ailleurs une vieille connaissance d'Alain Joyandet, élu de Haute-Saône et candidat à la présidence de la région.

Le profil d'André Parant, successeur de Bruno Joubert à la tête de la cellule africaine de l'Elysée (forte de deux autres diplomates), renforce cette analyse. Propulsé dans ce saint des saints sans grande expérience africaine (un passage à la coopération à Bangui puis Paris et deux années d'ambassade à Dakar), le nouveau "M. Afrique" de l'Elysée se présente comme un homme "de synthèse, non dogmatique", conscient du "principe de réalité ", là où M. Joubert prétendait avoir toujours pour feuille de route le discours rénovateur de Cotonou. "Quelqu'un de solide, qui ne fera pas de vagues", résume un proche.

La prééminence de Claude Guéant est désormais totale, au moins pour les dossiers concernant l'ancien "pré carré" français, les plus sensibles politiquement. "Nicolas Sarkozy n'a pas de politique africaine, analyse un diplomate. Il considère qu'il n'y a que des coups à prendre et a délégué la question à Claude Guéant que le continent amuse." Un autre haut fonctionnaire constate : "Le secrétaire général de la présidence a désormais la haute main à la fois sur les questions africaines et sur celles de renseignement. Comme du temps de Jacques Foccart (secrétaire général de l'Elysée sous De Gaulle)."

 

Philippe Bernard

Article paru dans l'édition du 17.10.09

 

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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 16:59




                      Patrick Balkany




                          Robert Bourgi



LE MONDE | 16.10.09 | 17h12

 


De Madagascar à la Mauritanie, du Niger à la Guinée, le temps des putschs militaires ou constitutionnels est en effet revenu, avec l'aide et la bénédiction du colonel Kadhafi, président de l'Union africaine. "On assiste, ces dernières années, à une terrible régression démocratique en Afrique et à la disparition de dirigeants africains charismatiques", observe Alioune Tine, président de l'organisation non gouvernementale Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), basée à Dakar.


Après les protestations d'usage, la France a ainsi, peu ou prou, pris acte de ces violations des règles internationales, sous couvert de défendre ses intérêts économiques (uranium du Niger), une position stratégique (Madagascar) ou de lutter contre le terrorisme (Mauritanie).


"Pas de problème"


A la mi-septembre, le député UMP Patrick Balkany, autre émissaire officieux de l'Elysée, considérait que la candidature à la présidentielle du capitaine Dadis Camara, chef de la junte au pouvoir en Guinée, ne "posait pas de problème", rapporte La Lettre du Continent. Ce proche de M. Sarkozy a ainsi contredit la position du Quai d'Orsay, une semaine avant la terrible répression, à Conakry, d'une manifestation pacifique d'opposants.


En juin, le même Patrick Balkany brouillait le message diplomatique français en s'affichant, en Mauritanie, au côté de Mohammed Ould Abdel Aziz, lors d'un de ses meetings électoraux. Malgré le boycottage de l'opposition mauritanienne, le général putschiste faisait alors campagne pour une élection présidentielle tronquée dont la communauté internationale demandait le report.


En plein vacillement des leaderships africains, le continent aurait pourtant besoin de repères clairs. Et la France de partenaires fiables. "On cherche à s'appuyer de plus en plus sur des dirigeants africains, conclut un haut diplomate français. Mais beaucoup ne s'assument pas." Comme en atteste l'absence de condamnation forte formulée par les dirigeants d'Afrique de l'Ouest après la tuerie de Conakry, le 28 septembre.

 

Philippe Bernard et Christophe Châtelot


Article paru dans l'édition du 17.10.09

 

La réorganisation des acteurs de la politique africaine française ne serait qu'anecdotique si elle ne survenait en plein reflux de la démocratie dans plusieurs pays francophones. Reflux vis-à-vis duquel Paris aura souvent entretenu une certaine ambiguïté.
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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 01:32




 

AFP 15/10/2009 | Mise à jour : 21:37

 

Le président français Nicolas Sarkozy recevra demain à 17H00 (15H00 GMT) son homologue tchadien Idriss Deby Itno, a annoncé jeudi l'Elysée dans un communiqué.

Cet entretien portera sur les relations bilatérales entre le Tchad et la France, ainsi que sur la situation dans la région, selon la même source.

Le Tchad a subi plusieurs tentatives de renversement du pouvoir et entretient des relations difficiles avec certains de ses voisins, dont le Soudan, les deux pays s'accusant mutuellement de soutenir leurs rébellions respectives.

La France est présente militairement et soutient la stabilité dans le pays. Elle compte, selon son état major, quelque 1.300 hommes au sein du dispositif Epervier, déployé pour une mission de formation et d'assistance logistique et sanitaire à l'armée tchadienne.

Au titre de ce dispositif, les forces françaises mettent en oeuvre six avions de chasse Mirage F1, un détachement d'hélicoptères de l’armée de terre, un appareil de ravitaillement en vol C-135 et trois avions de transport C-160 Transall.

Paris a engagé par ailleurs 800 militaires dans la Mission de l'ONU au Tchad et en Centrafrique (Minurcat), principalement à Abéché et Forchana, ainsi qu'à Birao, en République centrafricaine.

Quelque 150 hommes se trouvent aussi au Tchad au titre de l'Eufor, l'opération européenne qui avait cédé la place à la Minurcat à la mi-mars. Ils sont en cours de désengagement, a précisé l'état-major.

 

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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 23:40





 

03 Octobre 2009 Par Blandine Flipo Mediapart

 

Quand début septembre, depuis le Brésil, où il était en déplacement, le président de la République a officiellement félicité Ali Bongo pour sa victoire à l'élection présidentielle gabonaise, organisée  le 30 août, la déclaration a jeté un trouble. D'autant plus que Robert Bourgi, officieux conseiller africain auprès de l'Elysée, héritier auto-proclamé de la Françafrique, a une nouvelle fois évoqué son rôle d'intermédiaire de l'ombre entre Paris et quelques capitales africaines. Faut-il croire que la Françafrique, cette hydre diabolique, a-t-elle une fois de plus prévalue sur la «nouvelle» diplomatie française? Pas sûr. Contrairement aux apparences, l’épisode gabonais inaugure une nouvelle ère.

 Robert Bourgi le sait bien. L’homme au verbe truculent (il est avocat), grand admirateur de Jacques Foccart, le monsieur Afrique du gaullisme, a perdu avec Omar Bongo un de ses meilleur relais. Mediapart avait rencontré Robert Bourgi en juin 2008. A l’époque, il venait de défrayer la chronique (il a récemment réitiré au micro de RTL) pour avoir dévoilé les secrets d’alcôve de son client et ami Omar, qui avait obtenu la tête de Jean-Marie Bockel. Le secrétaire d’Etat à la francophonie et au développement avait osé proclamer la mort de la Françafrique. Selon Robert Bourgi, Omar Bongo en avait pris ombrage et réclamé la destitution de l’imprudent. Une requête que Nicolas Sarkozy s’était empressé de satisfaire. Belle histoire, n’est-ce pas? Excellent conteur, Robert Bourgi avait su captiver son audience. Il s’était fait un plaisir d’évoquer ses souvenirs. Ceux qui réclamaient la mort de la Françafrique avait trouvé là une cible, un nom. Et la preuve de la permanente collusion d’intérêt entre la France et ses anciennes colonies.

 Aussi fascinant et médiatique qu’il soit, Robert Bourgi ne saurait représenter la Françafrique. Bien que proche de Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, il n’a en fait pas survécu à l’arrivée du sarkozysme. Trop bavard, trop proche de Dominique de Villepin, même s’il dit avoir «rompu» avec lui. Sa place n’est pas  restée vide pour autant. Patrick Balkany s’y est vite intéressé. Le maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) s’est illustré dans quelques «coups» typiques de la méthode «françafricaine». Il a notamment mis sur orbite Areva en République démocratique du Congo, grâce à l’aide du businessman belgo-congolais Georges Forrest. Mais il est plus exact de dire que Georges Forrest s’est servi de Patrick Balkany pour rendre service à Joseph Kabila, le président congolais, emmenant Areva dans son sillage. Ce petit jeu à trois bandes, mêlant intérêts politiques, économiques et discussion feutrée a lancé Patrick Balkany sur les traces de ses illustres prédécesseurs, Foccart et compagnie.

Les nouveaux «messieurs Afrique»

 Cependant, le contrat d’Areva en République démocratique du Congo ne saurait se réduire aux manoeuvres de la paire Balkany-Forrest. L’entreprise d’Anne Lauvergeon n’a besoin d’aucun émissaire pour faire valoir ses intérêts auprès de la France. La compagnie française a pu en effet bénéficier de bons coups de pouce de la part du pouvoir. Ces derniers mois, la France s’est particulièrement illustrée par son silence quant aux écarts démocratiques du président nigérien Mamadou Tanja, notamment quand celui-ci a organisé le 4 août un référendum lui garantissant un mandat à vie. Francafrique ou realpolitik? Il en va avec le Niger comme avec la Chine: quand les affaires sont en jeu, la France de Nicolas Sarkozy sait se faire discrète sur les entorses à la démocratie.

 

Si Areva semble jouir de sa position d’entreprise stratégique pour la France, il n’en va pas de même pour d’autres compagnies, qui ont pourtant par le passé jouit des privilèges du lien entre l’Afrique et la France. On connait beaucoup de choses des pratiques de Vincent Bolloré, entre autres sa façon d''utiliser ses media au service de ses intérêts sur le continent noir. Les critiques semblent avoir éclaboussée l’entrepreneur breton. On peut se demander si ce n’est pas ce vent-là qui a poussé Michel Roussin, le monsieur Afrique du Medef, à quitter le navire Bolloré. Selon les rumeurs, l'ex-lieutenant de Jacques Chirac ne s’entendait plus avec Dominique Lafont, directeur général de la division Afrique du groupe, qui lui disputait des prérogatives trop proches. Quoi qu’il en soit, Michel Roussin officie désormais chez Veolia, sous la houlette d’Henri Proglio (parti tout récemment à EDF).

 Spécialisée en informations exclusives franco-africaines (d’aucuns dirait Françafrique), la Lettre du Continent s’est amusée, dans son édition du 14 mai, à faire le tour des nouveaux «messieurs Afrique » en poste dans les grandes entreprises françaises. Outre Michel Roussin, le journaliste Antoine Glaser évoque Claude de Peyron, 84 ans, qui officie pour Thalès International depuis 1979. En voilà un qui ne dépareille pas avec le mythe «françafricain». Dans cette liste, on croise aussi Jacques Marraud des Grottes, 56 ans, qui a démarré sa carrière au Gabon, et fut Président d’Elf Gabon ou Philippe Bohn chez EADS. Les autres sont parfois des novices du secteur.

 En tout, ils sont une dizaine d’habitués des raouts «Afrique» organisés par le Medef. A noter que pour les entreprises familiales, présentes sur le continent africain depuis plusieurs générations, les patrons traitent leurs affaires eux-mêmes avec le pouvoir africain. Tel est le cas d’Alexandre Villegrain, de Somdiaa (agroalimentaire), ou de Francis Rougier pour le groupe éponyme (bois tropicaux et exotiques).

L'Afrique n'est plus un continent à part

 Mais le plus intéressant dans l’enquête de la Lettre du Continent, c’est que la plupart des autres «monsieurs Afrique» des grandes entreprises françaises sont désormais des Africains. La Lettre du Continent cite les noms d’Amadou Kane (BNP-Paribas), Zephirin Diabré (Areva) et Mahamadou Sako (Deloitte France). Ce changement illustre parfaitement l’évolution en cours dans les relations franco-africaines. Courtisés de toutes parts, en proie à des jeux politiques de plus en plus complexes, les chefs d’Etats africains deviennent des partenaires moins accessibles pour les entreprises françaises. Celles-ci s’étaient habitués, par le passé, à se nourrir des liens privilégiés que la France entretenait avec ses anciennes colonies. Petit à petit, ce lien s’est distendu et ne subsiste que la realpolitik. Jusqu’à présent, le cas gabonais faisait mentir sérieusement ce constat.

 Il reste encore quelques pays où les émissaires de l’ombre peuvent encore agir directement, comme au Cameroun ou en Guinée-Equatoriale. Cependant, là aussi, il demeure de plus en plus difficile de faire fonctionner le téléphone rouge et de se passer des intermédiaires locaux. La Françafrique n’est donc pas morte avec Omar Bongo. Mais il n'est pas certain qu'elle survive à l'accession au pouvoir d'Ali Bongo.

 

 

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 16:08




PARIS (AFP) - mercredi 30 septembre 2009 - 11h36 - Le ministre français de la Défense Hervé Morin a annoncé mercredi que la France allait maintenir ses deux bases militaires permanentes de Libreville et Dakar, sur la façade atlantique de l'Afrique.

"L'idée est que nous maintenions Libreville et Dakar", a déclaré M. Morin devant la presse, indiquant que "dans l'état actuel des choses, nos forces restent au Gabon".

Selon le Livre blanc sur la Défense, signé du président Nicolas Sarkozy et publié au printemps 2008, la France devait réduire les implantations permanentes françaises en Afrique à "deux pôles (...), un pour chaque façade, atlantique et orientale".

Un choix devait ainsi être opéré entre les bases de Libreville et Dakar.

"J'ai toujours indiqué qu'il y aurait une (base permanente) sur l'océan Indien et une sur la façade atlantique avec un cas particulier qui serait le Gabon", a cependant assuré M. Morin mercredi.

"On avait toujours dit qu'on maintiendrait Libreville", a-t-il insisté.

"Dans l'état actuel des choses, il est prévu que les forces (françaises) présentes au Gabon y restent", a poursuivi le ministre de la Défense.

Toutefois, a-t-il noté, "si le président de la République (Nicolas Sarkozy) dans un, deux ou trois ans estimait que ce n'était plus nécessaire de les maintenir et que les discussions avec les autorités politiques gabonaises faisaient qu'on peut les retirer, on verra bien...".

La France compte un millier de militaires déployés au sein des Forces françaises au Gabon (FFG), pour la plupart à Libreville, en vertu d'accords de défense conclus le jour même de la proclamation d'indépendance de l'ancienne colonie française, le 17 août 1960.

Quelques dizaines d'entre eux avaient été déployés début septembre à Port-Gentil, la capitale pétrolière du Gabon, pour protéger le consulat de France incendié lors d'émeutes après l'élection controversée du nouveau président gabonais Ali Bongo.

Au Sénégal, les Forces françaises du Cap-Vert (FFCV) comptent quelque 1.200 militaires présents au titre d'accords de défense datant de mars 1974.

Dakar et Libreville figurent parmi les quatre bases militaires françaises permanentes en Afrique, avec Djibouti et La Réunion.

 

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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 17:38





(France 24 14/09/2009)



Une centaine de Gabonais ont battu le pavé parisien, ce samedi, pour dénoncer le résultat de l'élection présidentielle du 3 septembre qui a porté Ali Bongo, fils du défunt président Omar Bongo Ondimba, au pouvoir.

 
C’est sur le parvis des droits de l'Homme, à Paris, que les Gabonais de la diaspora sont venus dénoncer ce qu'ils considèrent comme un coup d'Etat électoral, après l'annonce de la victoire d'Ali Ben Bongo à la présidentielle du 3 septembre dernier.


"Nous sommes en colère aujourd'hui car le peuple gabonais dans sa majorité s'est vu imposer un président qu'il n'a pas du tout choisi dans les urnes", explique Yolande
Bazegue, coordinatrice de la plateforme de veille et d'actions pour les élections libres et transparentes.

Du simple citoyen aux partisans des candidats malheureux, tous réclament une nouvelle vérification des procès-verbaux et dénoncent l'interdiction de sortie du territoire infligée aux chefs de l'opposition accusés d'être à l'origine des violences qui ont secoué Port-Gentil au lendemain de l'élection d'Ali Ben Bongo à la présidence.


Pour Mengue M'eyaa, présidente du Mouvement civique du Gabon, soutien du candidat Pierre Mamboundou, l'attitude de Libreville témoigne d'un "recul des libertés individuelles". "Il est inacceptable que les candidats à la présidentielle n'aient pas le droit d'aller et venir. Il est inacceptable que ces candidats soient menacés, soient terrorisés."


Au même moment, d'autres Gabonais battent le pavé parisien. Arpentant les rues qui mènent à l'Elysée, symbole, selon eux, de la Françafrique.


"Le Gabon n'est qu'une illustration parmi d'autres et nous ne voulons pas que ça continue. Cela fait plus de 40 ans que ce genre de système persiste. Aujourd'hui on dit 'Non'", explique Renée Clément du collectif Les anges gardiens de l'Afrique.


Si les manifestants n'ont pu se rendre devant le palais présidentiel, ils ont toutefois rallié d'autres Africains de la diaspora à leur cause, comme ces quelques Malgaches qui espèrent de la France qu’elle ne reconnaisse pas ceux qui ont le pouvoir dans leur pays.


http://www.france24.com/fr/20090913-France-Gabon-Ali-Bongo-manifestation-anti-francafrique-paris-trocadero

Dimanche 13 septembre 2009

 
Par Willy BRACCIANO (texte) / Willy BRACCIANO

 

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11 septembre 2009 5 11 /09 /septembre /2009 18:07





Par Vincent Hugeux, publié le 07/09/2009 15:20


Avocat, émissaire officieux de la Sarkozie en Afrique, supporter du nouveau président gabonais Ali Bongo et tombeur de Jean-Marie Bockel... Portrait de Me Robert Bourgi, entre Seine et palais africains.

 

 

C'est l'histoire d'un "musulman chiite" de 64 ans qui vénère le chablis, ne dédaigne pas le travers de porc et fit baptiser ses enfants dans la foi catholique. L'histoire d'un avocat au Barreau de Paris qui se vante de n'avoir enfilé qu'une seule fois la robe noire plissée-le jour de sa prestation de serment, en 1993- et n'a jamais plaidé, déléguant cette tâche ingrate à son épouse, Me Catherine Vittori. L'histoire d'un de ces "fils spirituels" de Jacques Foccart, qui se disputèrent à son chevet la dignité de légataire du marabout africain du gaullisme et de ses avatars; le plus tenace d'entre tous, sans doute, puisque lui refit surface quand les autres héritiers présomptifs sombraient ou changeaient de cap. L'histoire, enfin, d'un émissaire de l'ombre qui ne sut y rester, oublieux du précepte foccartien -"En Afrique, reste à l'abri du soleil: il brûle"-, d'un missi dominici qui doit moins son pouvoir à ses talents indéniables de bonimenteur qu'à l'influence qu'on lui prête, à tort ou à raison, entre bords de Seine et palais africains.

Robert Bourgi est en fait l'ultime porte-étendard d'un archaïsme post-colonial. Dans une France adulte, résolue à normaliser -au sens étymologique du terme- sa relation à l'Afrique subsaharienne, il officierait au mieux comme conseiller de quelque compagnie pétrolière ou émissaire à mi-temps de potentats isolés en mal d'éclaireurs. Dans celle de Nicolas Sarkozy et de Claude Guéant -le secrétaire général de l'Elysée-, le voici propulsé, bien au-delà d'un si trivial gagne-brioche, au rang de missi dominici redouté, voire de stratège.

"Maître Bob" fait d'ailleurs son miel de l'ignorance conjuguée des réalités du continent noir dont pâtissent "Sarko" et son omnipotent sherpa. Il les initie, quitte à forcer sur les stéréotypes culturels et l'exotisme de pacotille, à une Afrique peuplée de zombis, de sorciers, et de "2e bureaux" -les maîtresses des puissants. Quoi de plus aisé que de convaincre les néophytes qu'au détour du bois sacré, les liens personnels et les histoires de fesses importent plus que la logique d'Etat? Vision désuète, paternaliste, condescendante du "berceau de l'humanité", mais tellement séduisante pour des esprits supposés cartésiens.

Il y a d'ailleurs chez Robert Bourgi quelque chose de suranné. A commencer par son charme patelin de séducteur vieillissant, dont l'oeil frise à la vue d'une fringante jeunesse. L'homme ne manque certes ni d'entregent, ni d'humour, ni de cette indolence orientale qu'il pimente de jugements féroces. Il reçoit d'ordinaire dans le salon cossu du cabinet conjugal, au rez-de-chaussée d'un immeuble chic de l'avenue Pierre-1er-de-Serbie (Paris XVIe). Là, entre un buste de Napoléon et les photos dédicacées de grands de ce monde-, l'avocat distille aveux, fausses confidences, demi-vérités, et scoops minés.

C'est lui qui, le 7 juin dernier, annonça le trépas de son "papa" adoptif Omar Bongo Ondimba

On se souvient l'avoir entendu narrer, avec un prodigieux luxe de détails, la remise par un envoyé du président ivoirien Laurent Gbagbo d'une fortune en cash dans le bureau élyséen de Dominique de Villepin, l'ami qu'il lâcha en 2005 pour rallier le panache, plus prometteur, de Nicolas Sarkozy. De même, c'est lui qui, le 7 juin dernier,  offrit en exclusivité au site internet de l'hebdomadaire Le Point l'annonce du trépas, dans une clinique catalane, de son "papa" adoptif Omar Bongo Ondimba.

Natif de Dakar, Jaffar - son prénom musulman - Bourgi est le rejeton d'une fameuse dynastie libano-sénagalaise. Prospère négociant en textile, son père Mahmoud, venu des confins sud du pays du Cèdre en 1918, croise la route tortueuse de Foccart, avec qui il tisse des relations d'affaires sur fond de commune admiration pour "le Grand Charles". De la copieuse fratrie -13 enfants-, deux autres Bourgi émergeront. L'avocat Rasseck, mais aussi et surtout l'universitaire Albert, inlassable pourfendeur des turpitudes d'une Françafrique que son aîné incarne jusqu'à la caricature. Voilà d'ailleurs des années que les deux frangins ne se parlent plus.

Coopérant, "Bob", qui parle l'arabe et le wolof, enseigne la droit à Cotonou (Bénin), Nouakchott (Mauritanie) et Abidjan (Côte d'Ivoire), où il se lie avec un indocile prof d'Histoire nommé Gbagbo. Au rayon des missions officielles, rien, sinon, de 1986 à 1988, un poste de conseiller politique au cabinet de Michel Aurillac, ministre de la Coopération et futur fondateur du Club 89, fer de lance des réseaux néo-gaullistes dont "Bob" animera le chapitre africain. Ce qui lui valut d'ailleurs une cuisante mésaventure gabonaise.

En 1998, c'est en effet lui qui cornaque la désolante équipée d'une douzaine de magistrats et avocats, dont Georges Fenech, Francis Szpiner et Gilles-William Goldnadel, venus cautionner à Libreville, et aux frais de la présidence gabonaise, un scrutin plus que douteux. Dans la missive qu'il adresse le 28 novembre de cet année-là à l'émir Omar pour l'informer des préparatifs de la mission, Bourgi se réjouit d'avoir recruté des observateurs présumés sûrs. Modèle de piété filiale, le courrier se termine par ses mots: "Allez Papa, vous nous reviendrez à Paris en triomphateur des élections. Dieu vous garde! Votre fidèle et respectueux Robert." Lui revint au pays avec une mallette bourrée de billets, pactole destiné semble-t-il au Club précité. Pincé à son arrivée à Roissy, le messager persistait huit ans après les faits à nier, tout comme il s'évertuait à minimiser son rôle de GO.

Le messager l'admet pourtant: il n'a rien contre le liquide. C'est ainsi que plusieurs de ses clients - le Congolais Sassou Nguesso, l'Angolais Dos Santos, le Béninois Boni Yayi, le Centrafricain Bozizé - le rétribuent parfois. Mais qu'on se rassure: celui qui se prévaut d'avoir obtenu la tête de Jean-Marie Bockel "déclare tout au fisc". Ouf! 

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 21:46




Par Christophe Barbier, l’Express 10/09/2009 13:54

Quel puissant anesthésique a donc plongé l'opinion française dans la torpeur, au point qu'elle ne se révolte pas contre l'ahurissante confession de Robert Bourgi? Quel sérum de cynisme a pénétré les veines de notre démocratie pour que nulle clameur ne réprouve les agissements de ce conseiller occulte, sans mandat électif ni fonction officielle, qui se targue d'être l'homme du président en Afrique? Quelle démission collective a ruiné la volonté populaire pour qu'elle ne réclame pas ordre et éthique au président de la République dans sa politique africaine? Eminence grise pour continent noir, Robert Bourgi est venu sur RTL, le 7 septembre, confirmer sans vergogne avoir obtenu la tête de Jean-Marie Bockel sur l'ordre d'Omar Bongo. Oui : un secrétaire d'Etat de la République française, chargé de la Coopération, fut débarqué d'une pichenette remaniante parce qu'ainsi en décida un podestat en bout de course, assis sur un baril de pétrole dont la France n'a même plus besoin et sur un peuple miséreux que la France n'a pas su aider!

Le sous-ministre concerné ne cille pas et s'accroche à un autre strapontin, aux ordres de ceux-là mêmes qui l'ont scalpé pour plaire à Bongo. Ni le ministre des Affaires étrangères ni le cabinet officiel du chef de l'Etat ne demandent, le pot aux roses découvert, qu'on mette au moins un terme aux combinazione. Ce qui se tramait jadis dans les sombres coulisses de la politique s'ourdit désormais sous les projecteurs, les sbires de sous-sol jouent les vedettes. La France, aujourd'hui, mange sa politique africaine dans les cuisines, et il y a sans nul doute, dans les autres pays de l'ex-Empire colonial, des spécialités analogues au "Gabon Banania" servi froid par Robert Bourgi.

Le plus affligeant est que cette stratégie du cynisme n'est plus que l'ombre de ses modèles gaullien ou mitterrandien, comme l'a illustré la pantalonnade de l'élection présidentielle gabonaise. Maîtres chanteurs, les gouvernements africains qui exigent le soutien de la France la dénigrent en public en brandissant à qui mieux mieux le spectre du colonialisme. Et les peuples qui vénéraient la France protectrice la renient pour invoquer la tutelle américaine ou chinoise. Certes, l'angélisme enfariné ne tient pas la route en géopolitique, et la realpolitik la plus cynique peut se justifier par sa nécessité et son efficacité. Mais renoncer à la vertu pour garder la puissance, et se retrouver dépouillé de l'une et de l'autre, voilà qui ressemble à une piteuse fin de partie. Car ce n'est plus la France qui profite de cette tutelle archaïque, ce sont quelques intérêts particuliers. La Françafrique est morte comme diplomatie efficiente, elle perdure comme entreprise privatisée.

Jean-Marie Bockel avait donc bien raison de chercher une fin pour cette politique, comme Nicolas Sarkozy était dans le juste en promettant la rupture, là-bas comme ici, durant sa campagne. L'apostasie africaine du président est l'une des plus grandes déceptions de sa géopolitique. "Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire", affirma le président dans son fameux discours de Dakar, le 26 juillet 2007. Et si le drame de la France en Afrique était de ne pas être assez sortie de son histoire pour avoir le courage d'en écrire une autre?

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