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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 22:34

 

 

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lundi 31 mai 2010

Source : http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=9444

 

" Que fait l'armée française en Afrique ? (1) ", c'est le titre du dernier " Dossier noir " de l'association Survie paru aux éditions Agone. Un dossier on ne peut plus actuel en cette année de commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines. Rencontre avec son auteur, Raphaël Granvaud, qui revient sur certaines questions abordées dans ce dossier.

La troisième partie de votre livre s'intitule "la réhabilitation du colonial", j'ai ressenti un vrai malaise à sa lecture. Je ne savais pas que l'armée française, du moins les forces spéciales opérant en Afrique, étaient travaillées à ce point par la nostalgie du colonialisme. Je me demande s'il ne faut pas voir dans la forte implication militaire française en Afrique, au-delà des enjeux économiques et géopolitiques, une manifestation de puissance. Comme si la France n'avait toujours pas digéré les indépendances africaines, comme si elle ne pouvait renoncer à être une "plus grande France" (formule qui désignait l'empire français)…

Les hommes politiques le revendiquent très clairement, qu'il s'agisse de Mitterrand, de Chirac ou de Sarkozy, on retrouve toujours dans leurs discours l'idée que "la France doit garder son rang dans le monde". On sent bien que c'est l'argument qui légitime le maintien de cette présence militaire en Afrique. Bien sûr cette présence offre de nombreux avantages : elle conditionne, dans une large mesure, la possibilité d'entretenir des situations de monopole économique dans certains pays et de surveiller des ressources stratégiques.

D'ailleurs certains régimes africains comme ceux du Tchad ou de la Centrafrique ne tiennent que par la force des armes, que par le soutien de l'armée française.

Depuis les indépendances, le prétexte majeur du maintien de la présence militaire française c'est de défendre les pays africains, avec lesquels on a passé des accords militaires, contre des agressions extérieures. Dans les faits, il n'y a quasiment jamais eu d'agressions extérieures, l'armée française n'a servi qu'à gérer les problèmes internes à des régimes confrontés à des rébellions armées ou à des mouvements populaires.

Le plus souvent, les armées des Etats africains postcoloniaux se comportent vis-à-vis de leurs propres populations comme des armées d'occupation. Leurs forces armées sont conçues avant tout pour répondre au péril de l' "ennemi intérieur" et non à celui d'une agression extérieure. Vos analyses montrent clairement la responsabilité de la France dans cet état de choses.

Absolument, ça faisait partie du kit théorique doctrinal qui a été inculqué aux officiers africains formés dans les écoles militaires françaises. Il faut rappeler qu'au moment des indépendances, les armées africaines sont créées de toute pièce : elles constituent alors une sorte de prolongement de l'armée coloniale française. Les armées africaines sont des filiales de l'armée française, elles sont structurées sur le même modèle, formées à partir de la même idéologie : la doctrine militaire de la "guerre révolutionnaire", de la "contre-insurrection" qui veut que le rôle principal de l'armée soit le "contrôle de la population". Mais pour les armées africaines, il ne s'agit pas du contrôle d'une population étrangère comme dans le cas de l'armée française en Algérie. La mission des militaires africains est de contrôler leurs propres populations, mais avec les mêmes méthodes que l'armée française a employées dans ses guerres coloniales. C'est ce qui s'est passé au Cameroun, au moment de l'indépendance, dans la guerre sanglante menée contre les maquis de l'UPC (Union des Populations Camerounaises). Dans le cas du Rwanda, le chercheur Gabriel Périès a retrouvé des mémoires d'officiers rwandais, formés en France dans les années 80-90, dans lesquels on retrouve cette obsession de lutter contre l'ennemi intérieur, de mettre en œuvre des tactiques contre-insurrectionnelles. Menée à son terme, la logique du " contrôle de la population " conduit au génocide…

En dressant la généalogie de la guerre contre-insurrectionnelle, votre livre souligne les continuités et similitudes qui existent entre guerres coloniales d'Indochine et d'Algérie et guerres postcoloniales du Cameroun (une guerre occultée) et du Rwanda.

Je n'ai fait que rapporter des travaux qui existent sur le sujet. Officiellement, depuis la fin de la guerre d'Algérie, ces théories contre-insurrectionnelles sont remisées et des méthodes comme la torture ou la guerre psychologique proscrites. Dans les faits, il y a eu une première vague d'exportation des tactiques anti-subversives françaises à destination des dictatures sud-américaines : des gens comme le général Aussaresse (connu pour ses révélations sur l'usage systématique de la torture en Algérie) ont pu ainsi continuer à transmettre leur " savoir-faire "… Puis ce savoir-faire anti-insurrectionnel a été recyclé en Afrique francophone pour gérer les indépendances et la période post-indépendance. Moi, ce que j'ai essayé de montrer, c'est que cette tradition de la "guerre révolutionnaire" se poursuit aujourd'hui, de façon plus subtile. Quand on lit les publications militaires contemporaines, on retrouve des références à des gens comme Trinquier (théoricien principal de la "guerre contre-insurrectionnelle"), mais aussi des références aux techniques de conquête coloniale de Lyautey ou de Gallieni (guerres coloniales de "pacification" fin 19ème - début 20ème siècle) ; des stratèges qui reviennent au goût du jour quand il s'agit de penser des situations de conflit comme celles de l'Afghanistan ou de la Côte d'ivoire.

Sur le plan des savoir-faire et des discours, l'armée française entretient donc un rapport intime avec son histoire coloniale. Y a-t-il une spécificité de l'armée française de ce point de vue là ?

Les militaires français considèrent qu'il y a une tradition culturelle française plus forte que celle des anglo-saxons sur le plan du contact avec les populations. L'armée française prétend détenir un vrai savoir-faire lui permettant de mieux se faire accepter en tant qu'armée d'occupation. C'est la question du "contrôle des populations". Pour les militaires français, il ne faut pas faire comme les Américains qui arrivent, militairement par la force, et qui ensuite se barricadent. L'armée française se flatte d'être capable d'agir de manière psychologique, en menant des opérations "civilo-militaires" pour faire accepter auprès des populations civiles la présence des militaires. Toujours avec cette idée, qui remonte à l'Indochine, qu'on va pouvoir séparer dans la population le bon grain de l'ivraie, et couper les rébellions de leurs bases populaires.

L'armée française a-t-elle recours à des savoirs de type ethnologique dans son approche des populations des pays occupés ?

Quand on gratte un peu, on retombe toujours sur une espèce de prêt à penser, directement issu de la période coloniale. Les forces spéciales françaises sont sensées, en plus d'un savoir-faire proprement militaire, posséder un savoir culturel, ethnologique qui les rendrait plus à même d'opérer dans certaines zones géographiques du monde, en particulier en Afrique. Ces savoirs "culturalistes" reposent sur des conceptions complètement dépassées d'un point de vue universitaire. Quand on lit des interventions d'officiers dans des colloques, on trouve des choses absolument ahurissantes comme : "la présence de l'armée française est nécessaire parce que les Africains ont du mal à se projeter dans l'avenir". Les mêmes clichés éculés qui émaillaient le discours de Dakar de Sarkozy : ce vieux fond colonial qui prétend être une connaissance permettant une intervention sur des populations.

Revenons sur le cas du Cameroun, le premier pays africain, en 1960, à accéder à l'indépendance (le 1er janvier). Du milieu des années 50 au début des années 70, il s'est produit une véritable guerre dans ce pays : des dizaines de milliers de morts, plus de 100 000 selon certaines sources. Cette guerre menée contre l'UPC par un régime à la solde de la France relève-t-elle, elle aussi, de la guerre "anti-insurrectionnelle" ?

Le chercheur Gabriel Périès a montré récemment comment les dispositifs mis en place en Algérie ont été décalqués au Cameroun à la même époque (2). Le quadrillage des territoires, la torture à grande échelle, la déportation des populations, la politique de la terre brûlée, tout ce qui se faisait en Algérie a été repris tel quel au Cameroun. Il faut signaler sur le sujet l'excellent documentaire "Autopsie d'une indépendance" (3) dans lequel on peut entendre Mesmer déclarer à propos des bombardements des villages au napalm que "ce n'est pas important". Ce sont des choses qui, ces dernières années, commencent à remonter à la surface.

Cela remet donc complètement en question le mythe d'une "décolonisation douce"…

La " décolonisation en douceur " reste la version officielle si l'on se réfère aux programmes scolaires en histoire au collège ou au lycée. Un des enjeux de l'étude de la décolonisation c'est de montrer qu'il y a eu, d'un côté, une décolonisation violente, celle de l'Algérie et, de l'autre, une décolonisation qualifiée de pacifique, de "douce". Les cas du Cameroun et de Madagascar suffisent à montrer que c'est un mythe complet : le mythe des indépendances en douceur préparées par Deferre et de Gaulle après la conférence de Brazzaville en 46. Dans les faits, tout ce qui a été concédé par la France l'a été contre le gré de la métropole, souvent après des tentatives désespérées de reprise en main violentes. Cela s'est accompagné d'un processus d'élimination des mouvements indépendantistes et de leurs leaders, mais aussi de la promotion d'hommes politiques à la dévotion des intérêts français. Dans l'après-guerre, il y a eu une émergence de mouvements indépendantistes, autonomistes, progressistes, révolutionnaires, un vent d'espoir irrésistible : il y avait des idéologies variées qui mobilisaient les populations, et ces mouvements ont été étouffés, brisés, parfois, comme dans le cas du Cameroun, complètement éradiqués. Il y a donc eu une longue période où les populations africaines ont été orphelines d'un certain nombre de mouvements et de leaders. Ça commence à renaître maintenant avec les mouvements sociaux africains et les contre-sommets où la question de la domination néocoloniale est au centre des préoccupations de la société civile ; qu'il s'agisse de la présence française ou de systèmes plus mondialisés comme la dette et les politiques imposées par le FMI et la Banque Mondiale.

Revenons à l'armée française. Dans votre livre vous mentionnez un "détail" qui fait froid dans le dos : les troupes de marine sont toujours surnommées la "Coloniale"…

Les questions de tradition et d'identité sont des questions extrêmement fortes, en particulier dans les forces spéciales, dans cette composante de l'armée française issue de l'armée coloniale. Les troupes de marine sont extrêmement fières de leur passé colonial, elles en revendiquent l'esprit et les méthodes. Les prises d'armes comme les éditoriaux de leur revue L'Ancre d'or continuent à se clôturer sur ces mots " Et, au nom de Dieu, vive la Coloniale ! "

Et j'imagine qu'on retrouve souvent ces troupes de marine dans les opérations françaises menées en terre africaine.

Elles composent en effet la majeure partie des forces spéciales auxquelles on fait appel lors des opérations sensibles : des opérations "coups de poing", des opérations à forte teneur en renseignement. On les retrouve également dans les opérations européennes (EUFOR). Lors de la première d'entre elles, en République Démocratique du Congo, en 2003, la France s'était flattée d'avoir inculqué un certain nombre de méthodes à des forces militaires européennes, en particulier aux forces spéciales suédoises. Depuis on se demande quelles méthodes puisque parmi ces forces suédoises, certains militaires s'étaient plaints auprès de leur hiérarchie d'avoir eu à subir la vision d'actes de torture pratiqués par des militaires français sur des congolais. Ca a fait beaucoup de bruit en Suède, beaucoup moins en France…

Est-ce qu'il y a un contrôle du Parlement français sur les opérations militaires menées en Afrique ?

Théoriquement, depuis la modification constitutionnelle opérée à l'été 2008, il y a un droit de regard du parlement sur les opérations extérieures, mais un droit extrêmement limité. Les députés ont le droit d'être informé d'une opération extérieure dans les 3 jours après son déclenchement, ils restent donc mis devant le fait accompli. Le parlement ne possède un pouvoir de contrôle que sur les opérations lourdes de plus de 4 mois (qui ne représentent qu'une petite partie des opérations militaires) dont il peut refuser le renouvellement. Il n'y a aucun contrôle par contre sur les opérations secret-défense spéciales et les opérations clandestines de la DGSE.

Le Tchad et la République Centrafricaine (RCA) représentent certainement aujourd'hui l'exemple le plus caricatural de l'ingérence militaire française dans certaines régions d'Afrique. Vous consacrez d'ailleurs une place importante dans votre livre à ces deux terrains d'intervention.

 En 2006, en RCA, la France a monté une opération du même type que Kolwezi (sauvetage du régime de Mobutu grâce à l'intervention des parachutistes français) : l'armée française a largué des parachutistes pour reconquérir Birao, dans l'ignorance totale de la population française mais aussi des parlementaires. Cette opération a sauvé le régime du président centrafricain Bozizé. Ce type d'opération reste aujourd'hui tout à fait possible. Plus récemment, lors de la dernière offensive sérieuse des rebelles sur la capitale tchadienne, il y a eu une intervention officielle de l'armée française sous prétexte de sécuriser ses ressortissants. Cette opération a permis de sécuriser l'aéroport d'où ont pu décoller les mercenaires d'Idriss Deby… D'après le journal La Croix, la "sécurisation" de l'aéroport de N'Djamena s'est accompagnée aussi d'une intervention militaire des forces spéciales françaises qui ont pris directement part aux combats contre les rebelles : une opération clandestine qui n'est toujours pas reconnue par les autorités françaises...

Dans son dernier rapport sur la Centrafrique, Human Rights Watch est très critique par rapport aux dernières interventions de l'armée française en RCA.

Dans le rapport qu'elle a publié en 2007, l'ONG a pointé un certain nombre de choses : elle a détaillé la politique de terre brûlée menée par l'armée centrafricaine à l'égard des populations du Nord, des populations accusées de soutenir les mouvements rebelles. Là aussi, on retrouve les techniques coloniales françaises : il s'agit de terroriser les populations afin de priver de leur soutien les mouvements rebelles. Les exactions les plus graves ont été commises dans le sillage direct des interventions militaires françaises. Après la reprise de Birao par l'armée française, cette ville a été ravagée par les forces centrafricaines. A l'époque, dans les journaux, les militaires français ont fait peser la responsabilité des destructions sur les rebelles. On sait depuis qu'il s'agissait d'une tentative de dissimulation qui relève de la complicité de crime de guerre. Il y a également dans le rapport de HRW des photos qui interrogent : on voit des officiers français à proximité directe de l'OCRB (Office Central de Répression du Banditisme), une sorte de milice qui se livre à des exécutions sommaires.

Vu la nature de ses interventions en Afrique, la France est-elle vraiment en mesure de commémorer le cinquantenaire des "indépendances" africaines ?

On sent qu'il y a un gros malaise au niveau de la commémoration de ce cinquantenaire. Ce malaise n'est pas étranger au fait que toutes les interventions orales de Nicolas Sarkozy sur la question de l'Afrique affirment une volonté de rupture avec les pratiques de ses prédécesseurs. Mais en dehors des discours, de rupture on n'en voit pas : c'est toujours le règne des pressions diverses, des émissaires occultes, des accords secrets, des opérations clandestines. On va avoir en guise de célébration des choses assez caricaturales : un défilé du 14 juillet où, sous couvert de rendre hommage aux tirailleurs africains, on va inviter des armées comme celles du Cameroun ou du Congo connues pour leurs exactions envers les populations. La véritable décolonisation et la célébration de cette décolonisation restent à faire...

 

1. Que fait l'armée française en Afrique ? Editions Agone, oct. 2009.

2. cf. Une guerre noire, enquête sur les origines du génocide rwandais (1959-1994), Gabriel Périès et David Servenay, Editions La Découverte, 2007.

3. Cameroun, Autopsie d'une indépendance, réalisation Gaëlle Le Roy et Valérie Osouf, durée 52', production : France 5 / Program 33, 2007.

Quelques références :

En Centrafrique, stratégie française et enjeux régionaux

http://www.monde-diplomatique.fr/2008/02/MUNIE/15569

État d'anarchie (rapport Human Rights Watch sur la RCA)

Rébellions et exactions contre la population civile

http://www.hrw.org/fr/reports/2007/09/13/tat-d-anarchie

Cameroun : retour sur une décolonisation sanglante

http://www.afriscope.fr/spip.php?article182

Où est le "centre" de l'Afrique ?

http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=7250

Marchés militaires et économie de la prédation, des pays du lac Tchad et du Soudan occidental au Golfe de Guinée. http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=4394

Cinquante ans de décolonisation africaine

http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=9139

 

 

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 03:01

 

 

drapeau françafricain

 

 

Sommet Afrique-France: 38 dirigeants africains se réunissent à Nice pour un «sommet du renouveau»

 

Par RFI lundi 31 mai 2010

France, devrait réunir 38 dirigeants africains, dont le président sud-africain Jacob Zuma, qui aura un déjeuner en tête-à-tête avec le président français Nicolas Sarkozy. Invité notable aussi : le président algérien Abdelaziz Bouteflika, ce qui selon les observateurs pourrait marquer un dégel des relations entre Alger et Paris. Par contre, on sait depuis longtemps que le président ivoirien Laurent Gbagbo ne viendra pas. Cette rencontre est annoncée comme celle du « renouveau ».et sera axée sur l'économie, avec une série de rendez-vous entre entreprises françaises et africaines.


Avec notre envoyé spécial à Nice,
Jean-Karim Fall

Sur la promenade des anglais, les touristes côtoient des dizaines de policiers en tenue ou en civil. Des panneaux électroniques indiquent aux Niçois que la circulation sera perturbée. Dans les palaces, le ballet des limousines est incessant. Les délégations commencent à arriver. 33 chefs d’Etat et cinq Premiers ministres sont attendus.

Pendant 24 heures, entre lundi midi et mardi midi, les participants vont plancher, lors de trois réunions à huis clos, sur les sujets suivants :

- La place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale, en clair le rôle et la place de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.

- Le renforcement de la paix et de la sécurité sur le continent. On évoquera, lors de ce huis clos, les questions relatives aux menaces transnationales, le trafic de drogue, le terrorisme dans la bande sahélo saharienne, et la piraterie.

- Climat et développement. Dans la foulée de Copenhague, les Français et les Africains souhaitent préparer ensemble le prochain sommet à Cancun, au Mexique.

Un mini-sommet sur les grands lacs était initialement prévu. Il n’aura pas lieu en raison de l’absence du président Kabila. « C’est embêtant », affirme-t-on côté Français.

Abdelaziz Bouteflika est attendu. C’est un évènement car les relations entre Paris et Alger ne sont pas au beau fixe actuellement.

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Le 25ème sommet Afrique-France s’ouvrira demain à Nice paix, sécurité, climat et développement au cœur des discussions

(La Tribune d'Algérie 29/05/2010)

C’est demain que s’ouvrira à Nice le 25e sommet Afrique-France, en présence d’une quarantaine de chefs d’Etat, dont Abdelaziz Bouteflika, le premier président algérien à avoir participé, en 2001, à Yaoundé (Cameroun), à cet important rendez-vous entre l’ancienne puissance coloniale et le continent noir. Prévu initialement en février dernier à Charm El Cheikh, en Egypte, ce sommet a été reporté et transféré à Nice en accord avec le pays hôte, Paris ayant refusé la présence, souhaitée par Le Caire, du président soudanais Omar El Béchir, sous le coup d’un mandat d’arrêt international.

 Accusé de graves atteintes aux droits de l’Homme dans son pays, le président zimbabwéen Robert Mugabe ne sera pas aussi présent à cette rencontre. Son homologue ivoirien, Laurent Gbagbo, a désigné Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social, pour le représenter, estimant que la situation politique qui prévaut dans son pays ne lui permet pas de quitter le territoire national.

La réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, la participation active de l’Afrique aux travaux du G8 et du G20, la lutte contre le terrorisme transnational, le changement climatique et la pauvreté, ainsi que le développement économique et la sécurité alimentaire sont autant de questions que le sommet de Nice aura à aborder pendant deux jours. Pour la première fois, le sommet Afrique-France verra la participation de 150 entreprises africaines et 80 des plus importantes entreprises françaises, en plus des représentants de plusieurs syndicats des deux côtés.

Les ministres chargés du secteur de l’économie devront discuter des moyens à engager pour faciliter aux petites et moyennes entreprises (PME) africaines un meilleur accès aux financements qui les aideront à se développer, afin de leur permettre d’améliorer leur rendement et avoir la place espérée sur le marché mondial. Le volet de la formation professionnelle au sein des PME africaines ne peut donc être ignoré par les participants au sommet de Nice qui doit déboucher sur des propositions concrètes. Concurrencée par les Etats-Unis, l’Australie et surtout la Chine, la France, qui a beaucoup perdu de son influence en Afrique, devra désormais se conformer à la logique du gagnant-gagnant. A la veille du sommet de Nice, la France a décidé de revaloriser les pensions des anciens combattants issus de ses anciennes colonies africaines, qu’ils aient ou non la nationalité française. Le gouvernement français avait annoncé fin 2006 que les 84 000 anciens combattants de 23 nationalités verraient le montant de leurs pensions, gelé après l’indépendance des ex-colonies, aligné sur celles de leurs frères d’armes français.

A noter que 52 Etats africains ont été invités à participer au sommet, ainsi que les représentants de l’Union européenne, de l’Organisation internationale de la francophonie, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, de la Commission de l’Union africaine et de la Banque mondiale.

 
Par Lyes Menacer

© Copyright La Tribune d'Algérie

 

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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 21:26

 

 

liasses de CFA

 

 

Bangui, 27 mai (ACAP)- L’Ambassadeur de France à Bangui, Jean-Pierre Vidon et le ministre des Finances et du Budget, Albert Besse, ont signé trois accords relatifs à l’annulation des dettes bilatérales à hauteur de 5.140.000 millions euros soit environ 3.400.000 F Cfa, mercredi 26 mai 2010, à Bangui.

Selon le diplomate français, Jean Pierre Vidon, les 3,54 millions d’euros correspondent à la mise en œuvre effective par la France de son engagement dans le cadre de l’accord passé au sein du club de Paris le 15 septembre 2009.

 « La différence entre le montant global et celui-là qui correspond à 1.600.000 euro représente une annulation de dette bilatérale additionnelle que la République Française à décider d’accorder à titre exceptionnelle à la République Centrafricaine », a ajouté Jean Pierre Vidon, le diplomate.

Le ministre centrafricain, Albert Besse a signifié que cette signature marque l’engagement de la France dans sa contribution exemplaire suite à l’objectif d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE dans la perspective de la lutte contre la pauvreté et de l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement.

 « Ce geste si encourageant nous rappelle notre devoir de renforcer le département des Finances du Budget à mettre en place une stratégie à court, moyen et long terme de restructuration de nos dettes », a déclaré le ministre Albert Besse.

Il convient de rappeler qu’en mars 2007, la République Centrafricaine a été déclaré éligible à l’initiative pour les pays Pauvres très Endettés (PPTE). Initiative conçue pour apporter une assistance exceptionnelle au pays afin de l’aider à réduire le poids de la dette extérieure.

 

 

 

NDLR : C'est malheureusement un mauvais signal donné à Bozizé qui prendra cela pour une prime à sa prédation. Il faut que la France lui formule certaines exigences notamment qu'il arrête de piller le trésor en soutirant comme il le fait, des milliards de F CFA des caisses pour sa propagande politique et son KNK et qu'il cesse aussi  d'être ordonnateur et comptable des fonds publics et de présider le comité de trésorerie. 

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 00:42

 

 

carte visite Fabien Singaye

 

La seconde; le gros du matériel exhibé par « Bravo» lui est remis par le ministre de la Défense du gouvernement extrémiste mis en place pendant le génocide.

Ainsi lesté, le gendarme s'empresse de filer vers Paris en prenant surtout bien soin de se faire remarquer. « Une nuit, les forces de sécurité de l'aéroport de Bangui ont été mises en alerte parce qu'un mystérieux appareil approchait sans avoir respecté les procédures d'identification. Il s'agissait de l'avion de Barril qui revenait avec la boîte », se souvient un émissaire français, alors en visite en Centrafrique.

LES MERCENAIRES À LA RESCOUSSE

D'entrée de jeu, Barril abat ses cartes. Le gendarme veut accréditer à n'importe quel prix sa thèse. A savoir: la rébellion du FPR est responsable de l'attentat, réalisé avec l'appui de la Belgique. Cette version est strictement conforme à celle des extrémistes du gouvernement intérimaire rwandais ..

Au journal télévisé, «Popaul» se lance donc dans un numéro de haut vol. Après la « boîte noire », il fait apparaître des photos satellite «prises le soir de l'assassinat », qu'il présente comme preuves d'une coordination entre l'attentat et le début de l'offensive de la rébellion. Il raconte avoir eu accès à des enregistrements où l'on entend des voix «d'Européens parlant anglais avec l'accent belge».

Mais «aucune des prétendues "preuves" que Barril a entre les mains ne se matérialise, ni les tubes de lancement, ni les photographies par satellite, ni les enregistrements d'hommes parlant anglais avec un accent belge », relèvera ensuite, dans un livre, Gérard Prunier, du CNRS. Le chercheur s'interroge: «La question demeure: pourquoi Barril a-t-il délibérément fait des déclarations erronées à la télévision?»

Quand nous l'interrogeons sur le sort des supposés lance-missiles, le gendarme nous répond qu'ils ont «disparu à Goma», terre d'asile des dignitaires du génocide.

Tout comme Barril qui, lui aussi, a «disparu» des écrans radars le jour de l'attentat. Pourtant, rapporte le chercheur du CNRS, des mercenaires blancs ont été aperçus sur la colline d'où sont partis les tirs de missiles. «On peut par conséquent présumer que les opérateurs sont vraiment des Blancs », écrit-il.

Gérard Prunier, cité dans le rapport de la mission parlementaire française sur le Rwanda, va plus loin: «On peut supposer que Paul Barril connaît les hommes qui ont abattu l'avion et leurs commanditaires. Ses accusations infondées contre le FPR ne serviraient alors qu'à détourner l'attention d'autres personnes, connues de lui, et capables de recruter des mercenaires blancs expérimentés pour un contrat d'assassinat sur la personne du président Juvénal Habyarimana. »

Le problème pour Barril est que la présence de mercenaires français au Rwanda est confirmée par le témoignage de Georges Ruggiu, un Belge paumé devenu animateur de la radio-télévision des Mille Collines (RTLM), connue comme la «radio de la haine».

Arrêté au Kenya en 1997, ce Belge est le seul non-Rwandais à avoir été condamné par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour complicité de génocide.

Interrogé par les enquêteurs, il affirme avoir rencontré à plusieurs reprises «quatre mercenaires» français, d'abord à Kigali, puis à l'hôtel Méridien de Gisenyi. Ces Français étaient venus, dit-il, soutenir les extrémistes hutus. Quand? «Aux alentours du 20 mai », soit en plein génocide.

L'animateur radio décrit ces mercenaires français : des officiers âgés de 25 à 35 ans, en uniforme, sans identification, bien équipés. Les quatre hommes, précise- t -il, donnaient des ordres aux soldats rwandais et« circulaient par groupes de deux, la plupart du temps avec, soit le général Augustin Bizimungu», le chef d'état-major de l'armée rwandaise, poursuivi pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre par le TPIR,« soit Gratien Kabiligi», le chef des opérations militaires.

Le Belge explique: «Ils partaient avec eux et circulaient dans des véhicules avec forte escorte et camouflés. » Leur boulot: « Organiser des entraînements de militaires au camp Bigogwe. Et pas n'importe quel type d'entraînement, des entraînements de militaires Crap.» Les Crap sont des commandos de recherche et d'action en profondeur chargés d'opérer derrière les lignes ennemies.

Barril est alors dans les parages. Il se promène même en compagnie de Gratien Kabiligi, ce général qui « circulait» avec les mercenaires. Cela, Barril le raconte, dans une interview non diffusée menée par le réalisateur d'un documentaire sur le génocide rwandais, Tuez-les tous.

Le récit de «Bravo », le voici. Il débute en avril. Barril est au Rwanda, le génocide a commencé, la panique est générale.

«La première chose que j'ai faite, on a repris l'ambassade de France. Tout a été abandonné, les documents, les machines étaient cassées [..] et j'ai eu beaucoup de mal à remonter les couleurs parce qu'en partant les militaires français avaient coupé la corde du bas.»

Le supergendarme ne se contente pas de hisser le drapeau français: «J'ai combattu avec les Hutus jusqu'au dernier, et j'ai vécu des choses extraordinaires sur place.»

Le «pro» ne fait pas mystère d'avoir formé des commandos Crap à des actions sur l'arrière de la rébellion: «Je n'ai pas honte de vous dire: la France avait formé soixante-sept commandos de recherche et d'action en profondeur. Sur soixante-sept, il en restait vingt-cinq de vivants. Les vingt-cinq de vivants, c'est la première chose que j'ai faite quand je suis arrivé: "Sortez des rangs, vous venez avec moi" »

Il se dit méritant: «On a retardé certainement d'un mois, de trois semaines, la prise de Kigali. On était les seuls à faire des opérations sur les arrières de Kagamé », le chef de la rébellion.

Barril fait deux séjours à Kigali. Le second se prolonge jusqu'à la chute de la capitale, qu'il assure avoir quittée, le 4 juillet 1994, parmi les derniers. «On était terrés dans les trous. Et j'ai dit:

"Ce coup-ci on est perdus'~ parce qu'on ne pouvait plus décrocher à pied, on était encerclés. Donc, j'ai dit: "On va attendre la nuit et on va tenter." [.J On pouvait même pas se laver, il n'y avait plus d'eau et des cadavres partout, on était obligés de se doucher à la bière. Je ne sais pas si vous savez ce que c'est des obus de mortiers de 120, mais même s'ils tombent à cent mètres, vous décollez de ça du sol.»        .

PARIS, QUI NE S'ÉMEUT DE RIEN

Quand il n'est pas à Kigali, le capitaine est en Europe où il recrute des mercenaires. Il s'y est obligé: le 28 mai 1994, il signe avec le Premier ministre du régime génocidaire aux abois un «contrat d'assistance» de 3 millions de dollars auquel s'ajoutent 130000 dollars, reliquat d'une précédente mission.

Les termes du contrat sont clairs: «Le capitaine Barril s'engage à fournir vingt hommes spécialisés.» Il est chargé «de former et d'encadrer sur le terrain les hommes mis à leur disposition».

Barril devient aussi fournisseur d'armes: il s'engage à livrer deux millions de cartouches, onze mille obus de mortiers, cinq mille grenades M26 et six mille grenades à fusil... Le contrat viole ouvertement l'embargo sur les livraisons d'armes entériné par les Nations unies onze jours plus tôt, le 17 mai 1994.

Ce n'est pas pour gêner Barril. Dans une lettre datée du 17 juin 1994 et adressée à l'ambassade du Rwanda à Paris, le ministre de la Défense du gouvernement extrémiste indique que «Bravo» va recevoir 1,2 million de dollars en supplément, sans doute un premier versement. Le lendemain, un certain Robert Martin, un lieutenant de Barril, vient retirer le chèque à l'ambassade.

Mais la situation des extrémistes, lancés dans l'extermination, est catastrophique. L'armée, les miliciens, une bonne part de la population sont tout occupés à assassiner, jour après jour, heure après heure. Très peu ont le temps ou l'envie de se battre contre la guérilla, qui progresse.

Que peuvent donc faire vingt mercenaires?

Peut-être tuer Paul Kagamé, le chef de la rébellion? La mission est impossible: ce dernier est bien protégé.

L'argent versé à Barril n'est donc pas entièrement dépensé. Et le solde, le capitaine le conserve. Attaché militaire de l'ambassade du Rwanda à Paris, le colonel Sébastien Ntahobari s'en plaindra plus tard amèrement à ... Paul Quilès, président de la mission parlementaire d'information sur le Rwanda.

De son côté, Paris ne s'émeut de rien. Les autorités sont, pourtant, parfaitement au courant. Et depuis longtemps. Une note de synthèse du 2 juin 1994 du service français de renseignement, la DGSE, en témoigne sans ambages: « Il semble que le capitaine Barril, dirigeant de la société Secrets, exerce, en liaison avec la famille Habyarimana, réfugiée à Paris, une activité remarquée en vue de fournir des munitions et de l'armement aux forces gouvernementales. »

En fait, l'ancien supergendarme a pris le relais d'une France officielle qui, techniquement, ne peut plus livrer d'armes à ses «alliés» génocidaires en raison de l'embargo des Nations unies. Une lettre manuscrite du colonel Jacques Rosier, le chef du Commandement des opérations spéciales (COS) déployé pendant l'opération Turquoise, en atteste.

Adressée à son supérieur le général Le Page, le patron du COS, la lettre est datée du 25 juin 1994. Le colonel Rosier, un des officiers les plus décorés de France, y rend compte d'une entrevue qu'il a eue la veille avec les ministres de la Défense et des Affaires étrangères du gouvernement des tueurs. La rencontre, écrit-il, a lieu «dans un endroit discret ». L'officier précise: «Au nord de Cyangugu », soit près de la frontière zaïroise.

« CAPITAINE BARRIL CONTACTÉ », NOTE LE COLONEL ROSIER

Les deux ministres, également chefs de milice, se confient sans retenue: «Vos canons de 105 sont toujours là, mais ils sont muets faute d'obus », disent-ils à l'officier français, qui connaît parfaitement le Rwanda.

Le colonel Rosier y a longuement séjourné en 1992 et organisé de nombreuses livraisons d'armes, officielles celles-ci. Il a noué des liens, il a des «camarades ». A cet officier de confiance, les ministres rwandais peuvent tout dire. Ils demandent une aide «discrète bien sûr ».

Rosier répond par la négative, en raison «du contexte actuel ». Il ne précise pas si le «contexte» est l'embargo international ou le génocide, presque achevé à cette date. Imperturbable, il note: «Ils ont eu l'air dépité de ma réponse et m'ont dit qu'ils comptaient avoir accès à des mercenaires.» Et conclut sur une parenthèse lapidaire: «(capitaine Barril contacté) ».

Ce qui est extraordinaire avec Barril, c'est que, s'il défend corps et âme les responsables des massacres - «Le vrai génocide, c'est un génocide de Hutus, ce n'est pas un génocide de Tutsis », osera-t-il- il ne perd jamais de vue ses intérêts.

Dès avril 1994, au début du génocide donc, il est chargé par le gouvernement extrémiste tout juste mis en place de récupérer le trop-perçu d'avances consenties à un nouveau venu sur le marché des fournitures d'armes. La somme est juteuse: 1647864 dollars.

Trois mois plus tard, le génocide achevé, Barril persiste et signe. Sans vergogne: «Vous n'êtes pas sans ignorer que les sommes dues sont particulièrement importantes pour ce pays qui compte parmi les plus pauvres du monde », écrit-il dans une lettre recommandée du 13 juillet 1994 adressée à un de ses concurrents, Dominique-Yves Lemonnier.

Le 19 août, le tribunal d'Annecy est saisi. Barril est le maître d'œuvre de l'action en justice. Le plaignant n'est autre que le colonel Sébastien Ntahobari, l'attaché militaire de l'ambassade rwandaise à Paris par qui transitaient déjà les paiements à l'ancien gendarme.

C'est ubu au royaume du génocide. Le régime des tueurs, remplacé par un nouveau gouvernement issu de la rébellion, n'existe plus depuis un mois. Les commanditaires de l'action en justice, qui viennent de commettre le «crime des crimes », sont en fuite.

Mais foin de ces détails. Barril n'est pas homme à renoncer. Il sonne l'hallali et dénonce son rival au procureur de la République. Le gendarme raconte la scène à Raphaël Gluscksmann, le réalisateur du documentaire Tuez-les tous: «Le procureur m'a fait entendre par le SRPJ de Paris et, le lendemain, Lemonnier a été arrêté et incarcéré immédiatement.» Pour «trafic d'armes de guerre », le 25 janvier 1995.

Dominique-Yves Lemonnier ne reste pas longtemps en prison. Libéré après l'annulation de la procédure par la cour d'appel, il décède le 11 avril 1997 d'un arrêt cardiaque en sortant d'un restaurant.

Commentaire de Barril: «Bizarrement, comme dans toutes ces affaires, il est mort.  L'attaché militaire de l'ambassade (de France à Kigali, ndlr), qui avait été corrompu, qui travaillait avec Lemonnier, est mort aussi d'un arrêt cardiaque. Il n'y a que moi qui suis resté vivant dans toute cette affaire.»

Difficile d'être plus cynique. Mais il est vrai que l'on meurt beaucoup autour de Barril, et pas seulement de crise cardiaque. Deux ans plus tôt, en 1995, l'un des «camarades» rwandais du gendarme, le lieutenant-colonel Ephrem Rwabalinda, un des dirigeants des services secrets, a été assassiné dans un camp de réfugiés de Goma.

Or, il était un personnage clé. Lié au premier cercle génocidaire, c'est lui qui avait été envoyé à Paris, au beau milieu de la tuerie, rencontrer l'état­major français. Le 10 mai 1994, il avait même été reçu par le général Jean-Pierre Huchon, ancien adjoint à l'état-major particulier de François Mitterrand.

L'HOMME QUI SAVAIT TOUT

Dans une note de synthèse qui évoque les activités cachées des militaires français, le colonel Rwabalinda avait rendu compte de la rencontre: «La mission militaire de coopération prépare les actions à mener en notre faveur. Le téléphone sécurisé permettant au général Bizimungu (le ministre rwandais de la Défense, ndlr) et au général Huchon de converser sans être écoutés par une tierce personne a été acheminé à Kigali.»

Il concluait: «Ces contacts m'ont permis de sonder combien la coopération française est gênée de nous expliquer sa retenue, en matière d'intervention directe, par souci de solidarité avec l'opinion publique européenne et américaine.»              

Rwabalinda savait tout. Au sein des services de renseignements rwandais, le G2, il avait travaillé avec Barril.

Mais quinze jours avant sa mort, le Rwandais s'était décidé à prendre contact avec un officier paracommando belge. Rwabalinda avait envoyé un fax à l'officier, le colonel D., pour négocier l'évacuation de sa famille. En échange, il avait promis de dire tout ce qu'il savait.

Troublé, le colonel D. s'était confié à un proche, le général André De Smet, attaché de défense à l'ambassade de Belgique à Washington. Lors d'un déjeuner, ce dernier avait rapporté à son tour l'affaire à un homologue français, qui se décomposa.

Quand le colonel D. voulut reprendre contact avec Rwabalinda, le Rwandais venait d'être assassiné d'une balle dans la tête et son cadavre avait disparu.

Pas moins troublant, poursuit le colonel belge, fut la déclaration d'un autre officier français, le lieutenant-colonel Maurin, qui expliqua lors d'un briefing la mort de l'officier rwandais par sa «trahison». Le mot en dit long sur les liens entre certains hauts gradés français et les responsables du génocide.

Les militaires français ont-ils ignoré les activités de Barril ? Difficile à croire. Au début du génocide, cent quatre-vingt-dix parachutistes français ont débarqué à Kigali, officiellement pour quelques jours, le temps d'évacuer les étrangers. Mais certains, du Commandement des opérations spéciales (COS), se sont installés sur place.

Le colonel D. est formel: leur centre de liaison était situé au cinquième étage de l'hôtel des Mille Collines. A la mi-mai, ils étaient toujours là.

Commentaire de P., l'ancien patron des services secrets suisses: «Barril, c'est pratique. On peut toujours dire: "Il ne travaille pas pour nous, la preuve c'est qu'il a été chassé de la gendarmerie." Mais un Français qui opérerait en indépendant dans une zone d'influence française se ferait aussitôt remettre à sa place. A moins d'un accord tacite. Il est clair que le DGSE ou la DRM (Direction du renseignement militaire, ndlr) étaient en contact avec lui, ce qu'on ne pourra jamais prouver, bien sûr.»

La France, en tout cas, ne lui en a pas voulu. En juin 1994, soit juste à la fin du génocide, le capitaine Barril est élevé au grade de commandant de réserve.

 (XXI a en sa possession la copie de tous les documents cités) (fin)

AVRIL/MAI/JUIN 2010 - XXI

 

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans FRANCE
14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 04:26

 

 

carte-visite-Fabien-Singaye.jpg

 

Voici la première partie d'un long et intéressant article publié par Jacques Perrin dans la revue XXI du mois de mai juin 2010. Il relate les troublantes activités au Rwanda auprès de la famille Habyarimana avant et après la mort de ce dernier, des personnages sulfureux comme le capitaine Paul Barril et le conseiller spécial de Bozizé Fabien Singaye. Cela se passe de commentaires. Bonne lecture !

 

Rédaction C.A.P

« Barril l’affreux»  dans XXI AVRIL/MAI/JUIN 2010 -

 

L'ancien gendarme de l'Elysée s'est construit une deuxième vie après ses échecs professionnels.

Fondateur d'une société de sécurité, appelée Secrets, il s'est fait trafiquant d'influence, d'armes, de mercenaires et de secrets. Ami intéressé des extrémistes rwandais, Paul Barril les a soutenus et défendus au-delà de l'imaginable. Avec l'aval de Paris.

«L'affreux» était bien utile. Lui seul pouvait mettre en œuvre une politique que nul responsable français ne veut aujourd'hui assumer.

Par Jean-Pierre Perrin

 

 

"L'histoire commence dans une chambre à coucher, celle du président rwandais et de sa femme.

Nous sommes le 26 mai 1994, en plein génocide. Juvénal Habyarimana est mort assassiné sept semaines plus tôt, son épouse Agathe a fui en France.

A Kigali, la capitale, l'armée et les milices du gouvernement extrémiste cèdent du terrain aux rebelles, qui atteignent le palais présidentiel et l'investissent. Le reporter suisse Jean-Philippe Ceppi est dans leurs pas.

Parvenu à la chambre du couple, le journaliste fait le tour de la vaste pièce. Coup d'œil sur les lectures présidentielles. Rien de très passionnant: Le Vicomte de Bragelonne, d'Alexandre Dumas, Les Mines du roi Salomon ...

Ci:St alors qu'il aperçoit, abandonnés sous une table de nuit, des rouleaux de télex classés «secret» ou «confidentiel ». Le plus intriguant, c'est qu'ils proviennent de l'ambassade du Rwanda à Berne.

Le journaliste se saisit des rouleaux. Un confrère moins scrupuleux fait main basse sur un flacon d'un litre de Chanel n°5 trouvé dans la salle de bains de la présidente. Il parcourt les télex. Adressés au président Habyarimana, les documents portent tous l'en-tête «A l'attention du colonel Elie Sagatwa ».

 

Le colonel Elie Sagatwa est le secrétaire personnel du défunt chef de l'Etat, le chef de son cabinet militaire aussi. Mais ces fonctions officielles, il les a doublées par d'autres responsables des escadrons de la mort rwandais, il s'occupait des achats d'armes et des relations avec les extrémistes.

Les télex portent une signature, celle de Fabien Singaye, deuxième secrétaire d'ambassade. La fonc­tion sans relief est destinée à faire illusion. Dans les faits, Fabien Singaye, 35 ans, est une «moustache », c'est-à-dire un homme des services secrets en Répu­blique helvétique, et au-delà: «De l'Europe de l'Est jusqu'à la Chine », précise le journaliste et enquêteur suisse Jean Musy.

La lecture est édifiante. Amateur de basses beso­gnes, Fabien Singaye raconte comment il repère les opposants au régime. Il dénonce aussi ses collègues diplomates mariés à des femmes tutsies et fait des fiches sur les journalistes étrangers critiques ...

Mais il y a bien plus intéressant.

Au détour d'une phrase, un nom apparaît dans le télex daté du 10 février 1992: « Voir comment on peut mettre. sur pied un plan de travail avec Barril.» ALIAS« BRAVO»

Barril, le capitaine Paul Barril en cheville avec un deuxième couteau? Ce super gendarme qui diri­gea le GIGN au début des années 1980? Ce nageur de combat, as en arts martiaux et tireur d'élite? L'hom­me qui clame avoir « arrêté 115 personnes, participé à la reddition de 61 forcenés, neutralisé à mains nues 17 individus armés, libéré plus de 450 otages» ? ..

On a d'abord du mal à y croire. Mais la lecture des télex de Berne lève tout doute. Il ne s'agit pas d'une collaboration occasionnelle. L'ancien

On a d’abord du mal à y croire. Mais la lecture des télex de Berne lève tout doute. Il ne s’agit pas d’une collaboration occasionnelle. L’ancien super gendarme est missionné, il est l'homme de confiance de Fabien Singaye, l'agent des services secrets rwandais en Suisse.

Barril a un nom de code: «Bravo ». Et un ordre de marche: vérifier les informations et rumeurs transmises par Fabien Singaye, lui en fournir aussi.

Ce que fait le capitaine, sans état d'âme. Dans un télex daté du 22 janvier 1992, la «moustache» rwandaise rend compte à ses supérieurs des dernières activités de son super espion. «Vous informe que le mardi 2 janvier j'ai eu une longue conversation avec Bravo qui se trouve en Italie pour une visite officielle du président du Qatar. Il m'a confirmé les informations ... », écrit-il. Il poursuit: «Bravo souhaite que j'aille le voir à Paris dans le courant du mois de février car il aurait des documents à me confier, des documents qu'il n'aimerait pas m'envoyer par [la] poste.»

Les télex de Fabien Singaye, adressés au secrétaire particulier du chef de l'Etat rwandais, ne laissent place à aucune hésitation: Paul Barril, alias « Bravo », travaille pour l'espion en chef de Kigali.

L'ancien gendarme ne recule devant rien. Il informe, par exemple, sa« moustache» rwandaise des échos qui lui parviennent de l'Elysée, où opère son mentor, François de Grossouvre, conseiller pour les affaires privées de Mitterrand.

L'ESPION, LA «TAUPE» ET LE JUGE

Paul Barril est une «taupe », la «taupe» de Fabien Singaye. Fabien Singaye, son contact et deuxième secrétaire d'ambassade, est au cœur du réseau des «grands génocidaires ». Le beau-père de la «moustache» de Berne n'est autre que « le financier du génocide », Félicien Kabuga, un des hommes aujourd'hui les plus recherchés au monde.

Fin 1994, alors que les extrémistes rwandais sont en pleine déroute après avoir commis le génocide, Fabien Singaye use de ses contacts avec l'exécutif suisse. Son beau-père, Félicien Kabuga, s'introduit frauduleusement dans le pays. Quand sa présence sera révélée au grand jour, « le financier du génocide » sera expulsé, pas arrêté. Avant de partir, il aura le temps de retirer sa fortune des coffres suisses.

Pour Singaye, la roue tourne également. Lui aussi est bientôt déclaré persona non grata, pour activités incompatibles avec son statut de diplomate. Mais le 9 août 1994, il frappe à la porte de la maison France. Et obtient aussitôt un titre de séjour.

Singaye coule désormais des jours heureux à Aulnay-sous-Bois, dans la banlieue parisienne. Un homme d'affaires français, qui l'a approché, le décrit comme «travaillant pour le plus offrant ».

«C'est avant tout un intriguant placé au cœur de multiples réseaux. Quand il estime n'avoir plus rien à tirer d'un employeur, il peut parfaitement faire alliance avec ses adversaires.»

L'ancienne «moustache» de Berne n'a pas directement de sang sur les mains, mais il a de vraies amitiés avec les extrémistes du génocide et pas de scrupules. Cela tombe bien: Paul Barril, alias «Bravo », n'en a pas non plus. Les deux bar­bouzes poursuivent leur collaboration.

A Paris, l'espion rwandais se lie d'amitié avec un autre exilé, le Centrafricain François Bozizé. Avec la bienveillance officieuse de Paris, cet ancien militaire prépare un coup d'Etat en son pays, où l'armée française dispose alors d'une base perma­nente. Quand François Bozizé prend le pouvoir en 2003, Fabien Singaye devient son «conseiller spé­cial », chargé de sa sécurité.

L'ancien espion approche également Patrick Balkany, le député-maire de Levallois. Par le biais de cet intime de Nicolas Sarkozy, parfois émissaire du président français en Afrique, le Rwandais rencontre le «roi des mines du Congo », le Belge George Forrest. Très vite, Fabien Singaye le rejoint dans l'équipe des «facilitateurs» de la société Areva en République centrafricaine. Areva est le bastion du nucléaire français. La «moustache» de Berne devient en quelque sorte son administrateur local.

Mais il y a encore plus incroyable. L'espion rwandais expulsé de Suisse, le traqueur d'opposants, le dénonciateur de femmes tutsies est éga­lement engagé le 27 mai 2002 comme expert et interprète par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, pour travailler sur le dossier du ... géno­cide des Tutsis du Rwanda!

Lié aux pires extrémistes rwandais, Fabien Sin­gaye va peser sur l'instruction de l'attentat d'avril 1994 contre l'avion présidentiel et son équipage français. Il traduit du kinyarwanda au français les déclarations de témoins. Plusieurs se rétracteront, affirmant ne pas reconnaître leurs propos.

Faut-il voir, là encore, dans cette étonnante col­lusion, l'influence de Barril ? «Sans aucun doute. Le juge Bruguière a toujours eu confiance dans les gen­darmes. Par définition, un gendarme, ça ne ment pas. Et Barril est fils et petit-fils de gendarme », indique un criminologue qui a fréquenté les deux hommes.

Contacté, le gendarme confirme ses liens avec le magistrat. Des Emirats où il se trouve, Paul Barril nous recommande à plusieurs reprises de « pren­dre contact» avec le juge antiterroriste: «Le dossier Bruguière est bien ficelé [.J. Il y a tout dedans.»  

Logique: la thèse du juge, forgée en quelques semaines, se confond avec celle du gendarme. Tous deux tiennent la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) pour responsable-de l'attentat, qui, le 6 avril 1994, servit de déclencheur au génocide. L'instruction à charge a été menée jusqu'à l'absurde. Les autres pistes, dont celle des extrémistes, ont été purement et simplement négligées, les témoignages sont sujets à caution, les partis pris nombreux ... Qu'importe, il s'agit de dédouaner Paris de toute responsabilité dans le ·'génocide commis au Rwanda.

DEUX «GLOIRES» FRANÇAISES

En fait, c'est à la fin 1989 que Paul Barril commence véritablement à travailler pour le pouvoir rwandais. Il dirige une boîte de sécurité privée, dont le nom dit à peu près tout: Secrets, pour Société d'études, de conception et de réalisation d'équipements techniques de sécurité.

Sur recommandation de François de Grossouvre, conseiller de Mitterrand à l'Elysée, il est contacté en janvier 1989 par un émissaire du président rwandais Habyarimana, au pouvoir depuis seize ans. Il rencontre secrètement l'homme de confiance à Paris, à l'hôtel Méridien, en compagnie de Groussouvre.

Bientôt, il signe deux petits contrats avec Kigali. ~. L'un, du 15 novembre 1989, porte sur la fourniture de deux portiques de détection et de vingt détecteurs de métaux portatifs à la présidence rwandaise. L'autre concerne la livraison de cinq pistolets mitrailleurs de marque Beretta, avec leurs chargeurs.

Passé ces deux tests, les propositions sérieuses suivent. Paul Barril est chargé de réorganiser les services secrets de la garde présidentielle.

Le gendarme n'est pas en terrain vierge. Une de ses vieilles connaissances sévit également au Rwanda, un ancien commissaire de la DST, Pierre­Yves Gilleron. Comme le capitaine, le commissaire fut impliqué dans l'affaire des écoutes de l'Elysée. Avec Gilleron, Barril retrouve un amateur d'opérations de basse police et de coups tordus. C'est à ces deux «gloires» françaises, l'ancien flic et l'ancien supergendarme, que le régime rwandais confie le soin d'organiser son système répressif. Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg ...

Car les deux «gloires» deviennent des ennemis mortels. La férocité de la bataille suinte des télex rédigés par Fabien Singaye. Derrière l'acolyte rwandais, on sent l'empreinte de Barril. Tous deux s'emploient à faire passer Gilleron et ses agents pour des trafiquants de drogue, des gangsters, des agents doubles, des infiltrés de la rébellion ... Un télex mentionne «la clique des escrocs (sic) faux policiers ». Il donne le ton.

Un ancien de la DST, qui fut un de ses flamboyants agents sous le nom de code «Vulcain» et que Barril chercha à recruter, se souvient de l'affrontement: «Gilleron avait initié Barril aux affaires internationales auxquelles il n'entendait rien. C'est encore Gilleron qui lui a ouvert des portes en Afrique et au Moyen- Orient. Après, le capitaine, qui est tout sauf quelqu’un de structuré, a pensé avoir tout compris et s'est séparé de lui. D'où la lutte féroce.»

Il faut un vainqueur, ce sera Barril. Il gravit enfin les mains libres le perron du pouvoir rwandais.

L'ancien gendarme comprend rapidement que plusieurs clans sont en rivalité. D'emblée, «popaul» se lie avec le plus fort, celui de «Madame », soit la belle-famille du Président. Ce clan, appelé «Akazu» (petite maison), rassemble autour d'elle le noyau dur des extrémistes, dont le secrétaire particulier du président et le supérieur de Fabien Singaye.

Aux yeux du clan, le président rwandais est un modéré. «Malgré son physique de rustre} c'était quelqu'un de relativement éclairé, assez présentable, qui a fasciné François Mitterrand quand ils se sont rencontrés. C'était aussi un homme plutôt honnête, sans doute le seul chef d’Etat africain à avoir ordonné à ses ministres de voyager en classe économique. Mais malgré son regard de saint, il pouvait être aussi un tueur », résume un africaniste français.

Le gendarme a saisi que le Président est en perte de vitesse. Il comprend aussi qu'ils sont nombreux dans son entourage à vouloir sa perte. Il s'allie donc à son épouse, Agathe Habyarimana, et se rapproche d'elle dans la période précédant le génocide.

Ce processus, P., l'ancien patron des services de contre-espionnage helvétique qui fut proche du dossier, le détaille pratiquement: «Barril doit s'ac­quitter de deux missions. D'une part, il  doit protéger les dirigeants hutus. De l'autre, Agathe ne faisant guère confiance à ses services de renseignement, il doit organiser un réseau parallèle afin de savoir ce qui se passe au sein de la rébellion.»

De ces missions, le gendarme convient volon­tiers lorsque le juge Bruguière l'interroge. Sur procès-verbal, Barril déclare ceci: «Dans les années 1990, j'ai été chargé, sur ordre de Grossouvre, d'infiltrer les structures militaires et politiques de la rébellion rwandaise.»

Le gendarme rencontre à Paris, à l'hôtel Sofitel de la Défense, le chef de la rébellion, Paul Kagamé. «J'ai mangé avec lui dans sa chambre, qui était la chambre 623 », dit-il dans un enregistrement.

La mission d'infiltration de Barril - supposée plonger «jusqu'à la racine» de la rébellion, selon les mots de Grossouvre - est un échec, total. Les guérilleros du FPR continuent à gagner du terrain.

La deuxième mission de «Bravo », «protéger les dirigeants hutus », se clôt, elle, sur un feu d'artifice. Le 6 avril 1994, l'avion du président rwan­dais est abattu par un tir de missiles. Au nombre des «dirigeants hutus» assassinés: le président, son secrétaire particulier (le supérieur de Fabien Singaye), son chef d'état-major, des officiers, des ministres ...

Quel échec pour Paul Barril !

D'autant que d'insistants bruits alarmants cir­culaient depuis des semaines. «Depuis fin mars, j'étais au courant qu'il se préparait quelque chose contre Habyarimana », assure la journaliste belge Colette Braeckman, familière du Rwanda. La crainte d'un attentat hantait jusqu'à l'équipage français de l'avion présidentiel: un mois avant, les trois militaires placés à disposition avaient modifié la procédure d'approche.

Impossible pour un homme aussi averti que Barril, placé au cœur des réseaux sécuritaires, d'ignorer qu'il se tramait des événements graves. ~. «On savait que se préparaient beaucoup de choses », reconnaît-il d'ailleurs dans un enregistrement.

Alors, où était-il ce 6 avril 1994, jour de l'attentat? Réponse laconique à notre question: «Je n'étais pas sur place, hélas!»

 

DANS LES EAUX TROUBLES

 

Comme le nageur de combat qu'il fut, le gendarme préfère les eaux troubles. Evoquant, dans ses mémoires, le suicide de son ami François de Grossouvre, qualifié au passage de «général en chef "" d'une nouvelle armée de l'ombre, apte à rétablir la France », Barril affirme avoir appris l'attentat sur «une colline perdue au centre de l'Afrique».

Le Rwanda? Le Burundi? Barril se garde bien de toute précision. On sait simplement qu'il est dans la région depuis plusieurs jours, mais le gendarme a soigneusement brouillé les pistes.

Une certitude toutefois: peu avant l'attentat, Barril est à Kigali. Jacky Héraud, l'un des trois militaires français tués dans l'attentat, le croise à l'aéroport et en fait part à sa femme. Quarante-huit heures avant l'attentat, l'épouse d'un haut fonctionnaire français le rencontre au même endroit: «Je me suis dit: "Tiens, ce type-là, je le connais. Mais oui, avec ses petits cheveux ras et son physique de faux beau gosse, c'est Barril ! "Il était alors entouré d'une flopée d'officiers rwandais venus l'attendre.»

Ces deux témoignages sont confirmés par l'actuel chef des services secrets rwandais, connus sous le nom de Damascène et contacté par téléphone à Kigali: «D'après un collègue du Burundi, il a quitté le Burundi le 4 avril. Je sais qu'il était à Kigali les 4 et 5. Mais le 6 avril, personne ne sait où il était. Nous avons pourtant fait des recherches. Probablement était-il au Rwanda, mais il n'y a aucun fait palpable qui atteste de sa présence ici.»

Ce qui est fort curieux, c'est que le juge Bruguière, dans son enquête sur l'attentat, interroge à trois reprises Barril sans jamais lui demander où il se trouve le 6 avril 1994, date pourtant de la plus haute importance. La mission parlementaire française sur le Rwanda s'entretiendra avec des dizaines de personnes, mais pas avec Barril.

L'attentat ne « grille» pas la réputation du gendarme. Bien au contraire. Ses affaires fleurissent. Un mois plus tard, le 6 mai 1994, sa relation avec la veuve du président rwandais est officialisée par la signature d'un contrat qui lui donne mission de «conduire toutes les investigations qu'il jugera utiles à la manifestation de la vérité sur l'assassinat du Président ».

LES ÉCRANS DE FUMÉE

Comme enquêteur privé au service de ~dame », le supergendarme français donne sa mesure. Le voilà qui, le 28 juin, surgit dans un état d'excitation sur le plateau du journal d’Antenne 2. Il a retrouvé, clame-t-il, la «boîte noire» de l'avion présidentiel abattu dans le ciel de Kigali. Il peut dire qui a tiré les missiles: ce sont les « terroristes du FPR », la rébellion.

Devant les caméras, Barril exhibe à l'appui de ses accusations un mystérieux objet qu'il présente comme « la boîte noire ». Cette clé, laisse-t-il entendre, est celle de l'énigme.

Le tour du prestidigitateur ne fait illusion qu'un temps. Comme l'établiront les techniciens de Dassault Aviation, la pièce présentée par Barril est un simple «coupleur d'antennes », soit «une boîte permettant la jonction d'une antenne radioélectrique avec le système de navigation de l'appareil ».

Aujourd'hui encore, P., l'ancien chef des services suisses de contre-espionnage, est furieux contre l'intervention télévisée du gendarme; «Barril se foutait du monde. Même s'il s'agissait effectivement de la boîte noire, ce n'est pas elle qui nous aurait dit d'où sont partis les missiles et, surtout, qui les a tirés. »

Dans son livre, l'ancien gendarme affirme avoir aussi récupéré sur les lieux de l'attentat «80 kg de pièces calcinées de l'avion» dont «des boîtiers électroniques, des enregistreurs de vol, des bandes magnétiques ».

« Bravo» assure également avoir payé de sa personne: « Je me suis rendu sous un tir intense de mortier de 120 mm du FPR à l'aéroport de Kigali pour récupérer les dossiers originaux: carnets de l'aéroport, rapport de la météo, fax, télex, ainsi que douze bobines d'enregistrement des vols du jour fatidique.» Il ajoute: «plus tard, avec l'aide de militaires fidèles, j'ai récupéré les lanceurs des deux missiles meurtriers, trouvés aux alentours d'une zone surveillée par l'armée belge. J'ai aussi les plans des lieux avec l'emplacement présumé des tireurs.»

La réalité est, toutefois, quelque peu différente.

Si Barril repart effectivement de Kigali avec du matériel, ce n'est pas lui qui a garni ses bagages. Pour deux raisons.

La première: les lieux de l'attentat sont passés au peigne fin. Le commandant Grégoire de Saint­Quentin, du 1er Rpima, un des « réservoirs» des services secrets français, récupère les corps des trois membres français de l'équipage. Il trouve aussi probablement, sinon les missiles, du moins la « boîte noire» de l'avion - même s'il prétend le contraire.

(à suivre)

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 16:18

 

 

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                            André Parant

 

 

LE MONDE | 10.05.10 | 19h18

En diplomatie, certaines vérités sont bonnes à dire, à la condition que chacun ignore qui les a révélées. Il suffit de glisser le message idoine à l'oreille de journalistes afin qu'ils le rendent public. André Parant, le "M. Afrique" de Nicolas Sarkozy, n'ignore rien de cette pratique du "off the record", qui permet d'éviter la langue de bois tout en épargnant la susceptibilité de pays amis. Pas moins que les journalistes de l'Association de la presse diplomatique qui, le 15 avril à Paris, l'avaient invité à un déjeuner "off".

Se pensant protégé par cette règle dont les journalistes font aussi leur miel, le conseiller de l'Elysée a, en réponse à une question, exprimé l'inquiétude de la France à propos de la situation du Sénégal. Dans ce pays considéré comme un exemple démocratique, le président Abdoulaye Wade, 83 ans, prétend briguer un nouveau mandat de sept ans et rêve d'installer à sa place son fils Karim, un homme d'affaires impopulaire. "Il paraît évident que le président Wade ne pourra pas se représenter : il a 84 ans, voire 85 ou 86", a lâché M. Parant, discernant, sous la candidature proclamée du père, " un projet de succession monarchique non avoué". Or, pour le diplomate, Karim Wade a " une mauvaise image auprès de l'opinion" dans un pays où "il y a une vie démocratique". Dans un "contexte social extrêmement difficile, a-t-il ajouté, il y a un risque d'explosion sociale, et donc politique, extrêmement élevé".

Ces vérités d'évidence, non bonnes à dire publiquement par un diplomate, représentant qui plus est l'ancienne puissance colonisatrice, un journaliste du Républicain lorrain, qui assistait au déjeuner, s'est cru autorisé à les publier trois jours plus tard en en citant l'auteur. Provoquant l'embarras à l'Elysée, un démenti formel de l'ambassade de France à Dakar, un courroux forcé des autorités sénégalaises, et une traînée de poudre sur l'Internet africain. La presse sénégalaise, souvent inventive, a même prêté à André Parant des formules peu amènes visant d'autres chefs d'Etat africains, si abracadabrantes qu'elles ne peuvent pas avoir été prononcées.

Parfaitement informés des arcanes de la présidence française, les commentateurs sénégalais ont remarqué que, tandis que la cellule diplomatique de l'Elysée représentée par M. Parant constatait, "off the record", les risques d'une succession monarchique au Sénégal, Claude Guéant, le secrétaire général de la présidence française, faisait de Karim Wade un de ses interlocuteurs privilégiés.

Le 6 avril en effet, le plus proche collaborateur de Nicolas Sarkozy avait reçu, comme il l'avait déjà fait à plusieurs reprises, le fils du président sénégalais venu pour apaiser les tensions nées des déclarations de son père présentant la suppression de la base militaire française de Dakar comme une victoire sur la France. " Paris a plusieurs doctrines et plusieurs pratiques", constate un éditorialiste. Un Sénégal en "on" et un autre en "off", autrement dit, deux fers au feu.

Philippe Bernard

Article paru dans l'édition du 09.05.10

 

LES RÉVÉLATIONS SUR L’AFRIQUE : LES AUTRES VICTIMES DE PARANT

Vendredi, 30 Avril 2010 17:42

 

L’information relayée par le journal français « Le Républicain Lorrain » continue de faire des vagues entre la France et certains pays africains. En plus de ce que le journaliste français Philippe Waucampt (qui a confirmé et maintenu ses propos) a écrit d’autres révélations qui nous sont parvenues. Ces propos prêtés à « Monsieur Afrique » de l’Elysée, « André Parant » bien que démentis par l’Ambassade de France et non par le principal concerné, ont crée un profond malaise. On se demande déjà si le Chef de l’Etat français continuera à cheminer avec « André Parant » qui semble avoir l’ambition de dresser les présidents sénégalais, gabonais, mauritanien, congolais et togolais contre Sarko.

L’adjoint de Jean David Levitte, a été surpris par la publication de ses informations par le journal français : « Le Républicain Lorrain ». Car en réalité, la rencontre entre André Parant et certains journalistes diplomatiques n’aurait pas été officielle. En plus, les propos rapportés étaient dits « of the record ». Mais l’auteur de l’article démenti par l’Ambassade de France à Dakar semble bien comprendre la démarche des autorités ou des diplomates de manière générale. « Ils font véhiculer des informations pour venir ensuite les démentir  ». Dans ce cas précis, l’objectif a été atteint. Car de Dakar à Libreville en passant par Nouakchott, Abidjan, Lomé et Brazzaville, les nerfs sont tendus. Les Chefs d’Etat de ces pays prennent mal les propos de ce Conseiller diplomatique de l’Elysée. Seule la version qui concerne le Sénégal a été publiée par la presse dakaroise. Mais selon des sources digne de foi, des propos acerbes auraient été tenus contre le Général Aziz de la Mauritanie, le Président Denis Sassou Ngesso du Congo, Faure Eyadéma du Togo et Ali Bongo du Gabon.

UN PLAT DE RÉSISTANCE POUR WADE ET SON FILS

 

Selon le journal « Le République Lorrain », le Monsieur Afrique de l’Elysée, André Parant aurait déclaré qu’il existe au Sénégal, « un risque certain d’instabilité ». « Il paraît évident que le président Wade ne pourra pas se représenter : il a 84 ans, voire même 85 ou 86. On le voit mal solliciter un nouveau mandat de sept ans ! », aurait confié André Parant à des journalistes français. Selon la même source, « l’ancien ambassadeur de France au Sénégal croit déceler derrière la volonté de Me Wade de se représenter un projet de succession monarchique non avoué ». En termes plus clairs, c’est un projet qui vise à faire succéder au président Wade, son fils Karim Wade. A son avis, le fils du président « a une mauvaise image auprès de l’opinion » au Sénégal où « il y a une véritable vie démocratique ». « La lutte pour la succession va être extrêmement vive et susciter des tensions. Tout ça risque de ne pas être très simple dans un contexte social extrêmement difficile. Il y a un risque d’explosion sociale, et donc politique, extrêmement élevé. Les deux années à venir vont être cruciales pour le Sénégal » augure-t-il.

UNE BANANE PLANTIN POUR GBAGBO

Selon d’autres sources, le président ivoirien Laurent Gbagbo (qui vient de recevoir le président Wade) aurait été également été fortement décrié par « André Parant ». « Gbagbo est la pire des espèce. Avant il était un boulanger mais maintenant c’est un pâtissier » aurait-t-il dit sur le président ivoirien. Selon le « Conseiller Afrique » de Nicolas Sarkozy « si l’+ Union Européenne + et la France ne s’impliquent pas dans le processus électoral, Gbagbo ne tiendra pas d’élection ».

LE « BAMBIN » ALI BONGO

De l’avis de « Monsieur Afrique de l’Elysée », « Ali Bongo est un bambin à qui on a donné une sucette déjà consommée ». Rappelons que le défunt d’Ali Bongo, El Hadji Omar Bongo a été un grand ami de la France et un doyen de la « Françafrique ». Récemment, Nicolas Sarkozy s’était rendu à Libreville en visite officielle après avoir reçu à l’Elysée le fils de Bongo.

LES « DICTATEURS » PEINTS EN « DÉMOCRATES »

« Le Général Aziz est un dictateur peint à démocrate. Il a organisé des élections frauduleuses. On a simplement fermé les yeux » aurait confié André Parant. Notre source a soutenu que ce qui a été dit sur Faure Eyadéma président du Togo et Denis Sassou Ngesso du Congo « est tellement grave qu’il serait même maladroit de l’évoquer en public ».

L’AMBASSADE DE FRANCE DÉMENT À LA PLACE DE PARANT

 

« Après consultation avec l’intéressé, l’Ambassade de France au Sénégal dément que M. André Parant, conseiller diplomatique adjoint à la Présidence de la République, ait tenu les propos rapportés dernièrement dans divers organes de presse sénégalais, citant le Républicain Lorrain. M. Parant n’a pas accordé d’interview à ce journal ». Voilà le communiqué que l’ambassade de France a envoyé aux rédactions pour démentir le journal français. Au même moment, le journaliste qui a publié les propos d’André Parant maintient ses écrits. Le communiqué de l’ambassade de France parle d’interview. Il est évident qu’il ne s’agissait pas d’interview. Mais plutôt d’une discussion au cours de laquelle, ces indiscrétions ont été dites. Et le Conseiller politique de Karim Wade, Cheikh Diallo n’a pas perdu du temps pour répliquer. Il a demandé à André Parant de démentir lui-même. Car estime-t-il, l’ambassade de France n’a rien à voir dans cette affaire.

LA CELLULE AFRIQUE DE L’ELYSEE DIVISÉE

Au niveau de l’Elysée, des personnes spécifiques ont été nommées pour s’occuper des questions africaines. Contrairement à ce que certains croient, c’est Claude Guéant (que d’aucuns surnomment « Vice président de France ») qui est le patron. Après bien sûr, le Chef de l’Etat. Claude Guéant est le Secrétaire Général de l’Elysée. Xavier Musca lui sert d’adjoint. Jean- David Levitte est le Conseiller diplomatique et Sherpa. André Parant dépend directement de Levitte. Donc sur le plan hiérarchique, André Parant ne vient même pas après Guéant. Le « Monsieur Afrique » est l’avant dernier dans l’ordre protocolaire des Conseillers du président Sarkozy. Il est suivi de Jean-Pierre PICCA, conseiller justice de Karim Wade, son ami Claude Guéant et Robert Bourgi semblent être dans le collimateur de « Parant ». Bien qu’étant « Monsieur Afrique », « André Parant » voit toujours le fils du président sénégalais et d’autres Chefs d’Etat africains, collaborer directement avec le « Vice président » Claude Guéant. Ce qui peut frustrer ou déranger « Parant ». Aujourd’hui, le « Monsieur Afrique » de l’Elysée s’est mis à dos des Chefs d’Etat comme Wade, le Général Aziz, Faure, Sassou Nguesso et Gbagbo.

COOPÉRATION INTERNATIONALE

 

Apparemment, le « Monsieur Afrique » est bouleversé par les nouvelles orientations diplomatiques et la diversité de la coopération internationale du Sénégal. Maintenant, en plus de la France qui est un partenaire historique du Sénégal, les autorités sénégalaises ont ouvert d’autres perspectives dans le domaine de la coopération avec l’Inde, les Usa et la Chine (tout comme la France dont le président était récemment à Pékin.

RAPPORTS TENDUS ENTRE WADE ET PARANT

C’est le 22 septembre 2009 qu’« André Parant » était nommé conseiller aux Affaires africaines au sein de la cellule diplomatique de l'Elysée, dirigée par Jean-David Lévitte en remplacement de Bruno Joubert, ambassadeur à Rabat. Dans sa carrière diplomatique, il a servi au Maroc. « André Parant » y a été secrétaire d’ambassade au milieu des années 1980, avant d’être affecté à Bruxelles, où il a suivi la renégociation des accords de Lomé. En 1990, il devient chef de la mission de coopération à Bangui. L’ambassade étant paralysée par une guéguerre franco-française entre le titulaire du poste et le colonel Mansion, chef de la garde présidentielle, c’est lui qui supervise la première consultation centrafricaine pluraliste, en août 1993 qui se solde par la défaite d’André Kolingba et l’élection d’Ange-Félix Patassé. Rappelé à Paris, « André Parant » travaille aux côtés de Jean-Michel Severino à la direction du développement du « Quai d’Orsay », puis intègre le cabinet du ministre Hervé de Charette en tant que chargé de mission Maghreb et Moyen-Orient. Il revient en Afrique. L’ambassadeur de France à Dakar, Jean-Didier Roisin, entretenait alors avec le président Abdoulaye Wade des rapports à ce point tendus que ce dernier a réclamé son rappel à Jacques Chirac. « André Parant » fut donc nommé avec la mission explicite de renouer le dialogue. « Il deviendra ambassadeur au Liban. Il restera un peu plus de deux ans à Beyrouth, le temps d’essuyer certaines critiques (antisyrien, proche de Samir Geagea…), dont il se défend. Le temps aussi de recevoir à deux reprises un homme qu’il avait déjà accueilli à Dakar » dit une source.

 

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 15:15

 

 

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Entretien

Ouest France mardi 04 mai 2010

Alain Fidèle Kolongato, fonctionnaire au ministère des mines à Bria.

Paulette Guillois, présidente de l'association les Amis de Bria, a organisé vendredi soir une soirée destinée à recueillir des fonds pour continuer l'aide entreprise à l'hôpital et auprès des enfants de la rue de ce village de Centrafrique. Au cours de ce repas-spectacle, suivi par plus de 250 personnes et organisé avec la participation de Retraite active et la Ronde européenne, chacun a pu apprécier le spectacle de Pincés de Scène, des compagnons des Terroirs d'Anjou et de Keur-Couleur Gospel. Alain Fidèle Kolongato, actuellement en stage à Paris, était présent.

Que vous apporte l'aide des Amis de Bria ?

Pour nous, c'est une richesse, un trésor. Cette contribution nous aide à sauver des vies. Les mots me manquent pour dire tout ce que fait Paulette pour l'hôpital de Bria.

Concrètement qu'a réalisé l'association ?

Depuis le début, elle s'est investie dans l'hôpital et au fil des années, elle nous a fait venir de France une ambulance, des ordinateurs, des appareils de radiologie et d'échographie. Nous ne sommes plus obligés d'effectuer les 600 km qui nous séparent de la capitale Bangui.

Son action se limite donc à l'hôpital ?

Non pas du tout, elle travaille aussi en lien avec la municipalité pour des aides ponctuelles et elle s'occupe aussi personnellement de plus d'une centaine d'enfants des rues à qui elle donne un repas minimum par semaine. Sans cela ces enfants n'auraient rien et beaucoup mourraient.

Quelles sont ses prochaines actions ?

Paulette revient nous voir en septembre prochain pour six mois et elle compte pouvoir installer des panneaux solaires sur l'hôpital, car l'électricité est souvent coupée, occasionnant d'importants problèmes.

 

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 14:54

 

 

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Centrafrique : François Bozize invité à Paris pour la fête du 14 juillet

Kabongo Africa Info (Douala) 6 Mai 2010

Ai-Rca — L'annonce a été faite le 5 mai au Palais de la Renaissance au cours d'un entretien entre le président Bozize et le directeur d'Afrique et de l'Océan Indien, au Ministère des affaires étrangères et européennes Stéphane Gompertz, porteur de la lettre d'invitation et en visite de travail à Bangui, a appris l'agence Ai

Selon une source proche de la présidence, l'entretien entre les deux personnalités était axé essentiellement sur la relation bilatérale entre la République Centrafricaine et la France avec en toile de fond, des questions d'ordre économique, politique et sécuritaire.

M Gompertz au sortir de cette audience s'est dit très reconnaissant envers le Président de la République pour son accueil chaleureux. «Cette audience a été longue, utile et très intéressante», a-t-il déclaré.

«Nous avons abordé beaucoup de sujets notamment l'excellente relation bilatérale qui sont qui lie nos deux pays», a précisé Stéphane Gompertz

A en croire le directeur Gompertz, la question de la sécurité évoquée avec le chef de l'Etat concerne non seulement la RCA mais aussi la sous région. «Certains de ces mouvements internes sont liés à l'instabilité qui peut y avoir dans d'autres pays», a souligné Stéphane Gompertz ajoutant que le climat des affaires a été lui aussi abordé, en vue de trouver les voies et moyens «pour encourager les entreprises les entreprises françaises et celles d'autres pays bien sûr, à venir plus nombreuses investir en République Centrafricaine, car le potentiel est là».

Selon une source proche de la présidence, la question du processus électoral était en bonne place au menu du tête-à-tête au palais de la Renaissance. «Avec le président Bozizé, nous avons naturellement parlé de la situation politique en Centrafrique, des élections et de la phase particulière que nous traversons en ce moment», a-t-il dit.

Quant à la position de la France dans le processus électoral actuel, Stéphane Gompertz a clairement indiqué que la France loin d'être surprise «a été prise entre deux réalités. La première est que le Président de la République est très attaché au respect de la constitution. La deuxième est dictée par le réalisme. Il faut organiser les élections dans des conditions libres et transparentes, avec une liste électorale fiable. Donc tous les efforts qui sont menés visent à concilier ces deux impératifs ».

La source informe que cette audience s'est déroulée en présence de l'ambassadeur de France en poste à Bangui Jean Pierre Vidon, du Ministre centrafricain des Affaires Etrangères Antoine Gambi et du conseiller diplomatique à la présidence Joseph Kitiki- Kouamba. M Gompertz a été aussi reçu en audience par le Ministre des Affaires Etrangères.

 

NDLR : Il faur noter que c'est un dictateur sanguinaire dont le mandat aura déjà expiré le 11 juin et donc désormais sans légitimité, qui sera à Paris pour ce 14 juillet. 

 

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 17:33

 

 

MAE France

 

 

Centrafrique Actualités diplomatiques du ministère français des Affaires étrangères  Point de presse du 30 avril 2010.

 PARIS, France, 3 mai 2010/African Press Organization (APO)/ — Actualités diplomatiques du ministère français des Affaires étrangères / Point de presse du 30 avril 2010.

(…)

(Avez-vous un commentaire sur le report des élections en Centrafrique ? La France avait, je crois, soutenu la date des élections. Est-ce que, de ce fait, le président centrafricain n’est plus invité au Sommet Afrique France ?)

 S’agissant des invitations lancées pour ce Sommet, je vous invite à vous rapprocher de la présidence de la République.

Pour les élections et dans le fil de ce que nous avions dit il y a quelques jours, la date du 16 mai ne nous paraissait pas de nature à permettre une organisation optimale de cette consultation.

 La Commission électorale indépendante centrafricaine ayant indiqué son incapacité technique à organiser la consultation le 16 mai prochain, le président Bozizé a admis hier, à l’occasion d’une réunion de l’ensemble des parties prenantes au processus électoral, l’hypothèse d’un report des scrutins au-delà de la date d’expiration de son mandat, le 11 juin prochain. Réaffirmant dans le même temps sa volonté de respecter la Constitution, il a demandé à l’Assemblée nationale de concevoir le support juridique qui pourrait être donné à ce report.

 La France qui est très attachée à ce que les élections en Centrafrique puissent se dérouler de façon libre, transparente et démocratique. Elle salue les efforts des autorités et des forces politiques centrafricaines pour parvenir à un consensus qui permette d’organiser ces élections dans le respect des institutions.

 

 SOURCE : France – Ministry of Foreign Affairs

 

 

NDLR : La traduction de ce langage diplomatique du Porte parole du Quai d'Orsay signifie que le gouvernement français demande clairement à Bozizé de rechercher le consensus avec l'opposition et de ne pas tenter un passage en force comme il est en train de le faire. Le gouvernement français prend donc ses distances avec sa tentation de retoucher la Constitution. Est-il en mesure de comprendre ce langage diplomatique ?

 
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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 23:44

 

 

militaires français en Afrique

 


(Lutte Ouvrière 22/04/2010)

À l'occasion du 16e anniversaire du massacre des Tutsi par le régime hutu du Rwanda, débuté en avril 1994, la revue XXI, dont un des animateurs, Patrick de Saint-Exupéry, est l'auteur de livres dénonçant le sale rôle joué par l'État français dans ce massacre, revient sur celui de l'ex-officier de gendarmerie Barril qui, après avoir s'être tristement illustré dans différentes affaires (la fabrication de fausses preuves contre des militants irlandais en 1982, les écoutes téléphoniques clandestines demandées par Mitterrand entre autres) avait entamé une carrière de mercenaire.

À partir de 1989, Barril a donc vendu ses services à plusieurs dirigeants africains : Éyadéma du Togo, Houphouët-Boigny de Côte-d'Ivoire, Mobutu du Zaïre, Lissouba du Congo-Brazzaville et son rival Sassou Nguesso, Patassé du Centrafrique, etc. Selon un ancien agent de la DST, cité par la revue, il aurait participé, en 1995, à une tentative d'assassinat de l'opposant togolais Olympio. C'est aussi Barril qui a formé et entraîné les milices de Sassou Nguesso, parmi les plus violentes d'Afrique, qui ont violé, torturé et tué des milliers de personnes.

Dès 1989, Barril se met au service, moyennant finances, du clan dirigeant hutu, celui d'Agathe, la femme du président Habyarimana, un clan qui trouve son mari trop modéré vis-à-vis des Tutsi. C'est Grossouvre, conseiller de Mitterrand pour les basses ouvres, qui a introduit Barril auprès du clan hutu. Il leur vend d'abord du matériel de sécurité et des armes puis se charge de la protection des dirigeants hutus et de l'infiltration des rangs de la rébellion FPR conduite par Paul Kagamé, actuel président du Rwanda.

Deux missions où Barril réussit à peu près aussi bien que lorsqu'il était au GIGN, puisque l'avion du président Habyarimana est abattu le 6 avril 1994 et que la rébellion FPR finit par l'emporter !

On sait que la chute de l'avion présidentiel donna le coup d'envoi du génocide des Tutsi. Et pendant les mois qui suivirent, Barril se comporta en bon petit soldat du clan des massacreurs mais aussi de l'État français.

Il s'est démené pour accréditer la thèse que l'attentat était l'ouvre du FPR, exhibant au journal d'Antenne 2 une fausse boîte noire attribuée à l'avion abattu... qui n'avait qu'un enregistreur de vol ! Cette baudruche s'est dégonflée mais, avec d'autres, Barril a continué d'accuser le FPR, soutenant même qu'il n'y avait pas eu un génocide des Tutsi mais un génocide des Hutu !

À la fin du génocide, Barril mit sur pied une armée de mercenaires pour tenter d'empêcher le FPR de l'emporter. Il fut aussi le fournisseur d'armes du régime hutu aux abois. Tout cela était connu des services secrets français et le gouvernement français n'y trouvait rien à redire car Barril le relayait alors qu'il ne pouvait plus livrer d'armes du fait de l'embargo décrété par l'ONU.

Ce Barril a donc été bien utile à l'éphémère clan hutu comme à l'État français qui a depuis accueilli Agathe Habyarimana et quelques-uns de ses complices. On suppose que c'est pour cela qu'en juin 1994, il n'y a pas eu d'objection à verser le capitaine de gendarmerie Barril dans la réserve avec le grade de commandant.

Jacques FONTENOY

© Copyright Lutte Ouvrière

 

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