Légende photo: Ce PC-9 aux couleurs tchadiennes n'a pas seulement
servi à l'entraînement. (Keystone)
L'armée tchadienne a bel et bien utilisé un avion d'entraînement suisse Pilatus PC-9 pour des missions de combat. Le gouvernement
suisse l'a confirmé pour la première fois vendredi.
Le Tchad a ainsi violé l'accord passé avec la Suisse. Berne envisage d'éventuelles sanctions économiques et politiques contre
N'Djamena.
Des éléments «concrets» confirment que le Tchad a utilisé le PC-9 livré par l'entreprise Pilatus (sise dans le canton de Nidwald) en
2006 à des fins militaires, a indiqué vendredi le ministère suisse de l'Economie (DFE).
Lors de sa séance de mercredi, le gouvernement avait chargé le DFE et le ministère des Affaires étrangères (DFAE) «d'étudier s'il y a
lieu de prendre des sanctions contre le Tchad». Les services des deux ministères doivent rendre leurs conclusions «dans les prochaines semaines», selon un communiqué du DFE.
Confirmation
Dans ce communiqué, le DFE confirme que le Tchad a utilisé l'avion d'entraînement PC-9 à des fins militaires. En janvier déjà, le
Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) avait indiqué que l'avion livré au Tchad par Pilatus avait été équipé du système d'accrochage nécessaire à son armement et que l'appareil avait été
«probablement» armé.
Le SECO réagissait alors à des informations de médias selon lesquelles l'appareil de la société Pilatus avait été engagé lors de
combats dans la région soudanaise du Darfour.
Selon le communiqué diffusé vendredi, «divers indices donnent à penser que l'appareil incriminé a été régulièrement impliqué dans des
combats livrés le long de la frontière entre le Tchad et le Soudan». Le Tchad a nié jusqu'ici l'armement et l'utilisation du PC-9 à des fins militaires.

«Violation flagrante»
«L'utilisation de cet avion à des fins militaires est une violation flagrante de la
déclaration de destination finale signée par le Tchad» au moment de l'achat, explique le DFE. N'Djamena avait assuré à l'époque que l'avion ne serait utilisé qu'à des fins d'entraînement et qu'il
ne serait pas réexporté.
L'appareil de type PC-9 livré en 2006 par l'entreprise Pilatus de Stans n'était pas armé et était destiné uniquement à l'entraînement,
rappelle le DFE qui ajoute dans la foulée qu'il va étudier la question d'une adaptation des critères d'autorisation pour l'exportation des avions d'entraînement militaire.
Violents combats
La situation s'est dégradée à la fin janvier au Tchad, une ancienne colonie française. Les rebelles ont tenté de renverser le
président Idriss Deby. Des combats violents ont eu lieu à N'Djamena entre les forces gouvernementales et les rebelles au début février.
L'Union européenne (UE) fait actuellement pression pour que N'Djamena négocie avec les groupes rebelles. Bruxelles souligne que
l'instabilité nuit aux efforts internationaux visant à venir en aide dans l'Est tchadien au demi-million de réfugiés du Darfour et de Tchadiens déplacés par les troubles.
swissinfo et les agences
La
Suisse ne devrait plus livrer aussi facilement ses Pilatus à l'étranger. La loi sera revue
03.04.2008 11:56
La Suisse ne devrait plus livrer aussi facilement ses Pilatus à l'étranger à l'avenir. Après l'affaire du PC-9 tchadien, le CF veut
durcir les conditions d'exportations d'avions de ce type. Le Conseil fédéral a chargé le Département fédéral de l'économie de préparer une modification de la loi sur le contrôle des biens, a noté
jeudi le DFE.
Actuellement, la vente n'est refusée qu'en cas d'embargo international contre le pays
acquéreur. Le CF veut qu'il y ait également un refus quand l'Etat destinataire est en proie à un conflit armé ou en cas de risque d'utilisation des avions contre la population
civile.
(SWISS TXT)
Tour de vis aux exportations d'avions
Après la polémique autour de la vente de Pilatus au Tchad,
qui a armé cet avion, le gouvernement décide fixer des conditions plus strictes aux exportations d'avions d'entraînement militaires.
Concrètement, ces exportations ne devraient plus être autorisées si l'Etat destinataire est en proie à un conflit armé interne ou
international. L'interdiction s'imposerait aussi lorsque le risque existe que les avions soient utilisés contre la population civile.
Actuellement, la loi ne prévoit un refus de vente qu'en cas d'embargo international contre le pays destinataire ou si une décision
similaire a été prise dans le cadre de mesures internationales de contrôle des exportations.
Il revient maintenant au Département fédéral de l'économie (DFE) de préparer une modification de la loi sur le contrôle des
biens.