RÉSEAU DES JOURNALISTES POUR LES DROITS DE L’HOMME EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (RJDH-RCA)
BANGUI : QUEL PROFIL POUR LES FUTURS MEMBRES DU GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE ?
Bangui, 26 janvier 2013 (RJDH) – Le Premier ministre Nicolas Tiangaye attend toujours ce samedi, le nom des personnalités proposé par la majorité présidentielle, pour la mise en place de son prochain gouvernement. Lui qui d’ailleurs, a affirmé vendredi qu’il faut faire des choses tard et très bien, plutôt que de se précipiter et de se retrouver avec des difficultés qui seront difficilement gérables. Il veut aussi une équipe gouvernementale forte, capable de répondre aux problèmes de l’heure en Centrafrique.
Pendant sa toute première sortie médiatique vendredi, Nicolas Tiangaye a affirmé qu’il veut mettre en place une équipe de technocrates. « Chaque entité est libre de faire des propositions qui ne s’imposent pas au Premier ministre. Dans son choix, il tiendra compte de compétences, d’intégrité morale, de crédibilité au plan national et international», a-t-il précisé.
Le Premier ministre veut aussi que le gouvernement puisse respecter le contenu des accords de Libreville. « J’ai également insisté sur la nécessité de respecter l’équilibre politique et régional, pour que les centrafricains ou bien certaines catégories de centrafricains ne se sentent pas exclus de ce gouvernement d’Union nationale », a-t-il insisté.
En ce qui concerne la répartition des postes ministériels, l’actuel chef du gouvernement se réserve de tout commentaire. Il a affirmé de ce fait qu’« il est souhaitable que tout le monde garde patience. Il n’y a pas de ministère privilégié. Lorsque le gouvernement sera formé, on connaitra le nom de tous les ministres. On n’a pas besoin de dire aujourd’hui, qui sera le ministre de tel ou tel département ».
Le chef du gouvernement affirme cependant recevoir déjà la proposition de quatre entités impliquées dans le processus en cours. Il reste pour l’instant, les noms de personnalités proposés par la majorité présidentielle afin de mettre en place ce gouvernement.
Pour ce qui est du retard pris pour la nomination des membres de ce gouvernement, une source au sein de la majorité présidentielle a affirmé au RJDH que la Constitution centrafricaine n’a pas fixé un délai. « Nous sommes en train de travailler dessus et nous allons faire également notre proposition au Premier ministre », a dit cette source.
NDÉLÉ : DEUX VÉHICULES DU MSF VOLÉS PAR UNE BANDE ARMÉE NON IDENTIFIÉE
Ndélé, 26 janvier 2013 (RJDH) – Deux véhicules appartenant à l’ONG internationale Médecins sans frontière (MSF) ont été volés le vendredi 25 janvier à Ndélé (nord), par des hommes armés non identifiés. L’acte s’est produit dans l’enceinte de la base de cette structure humanitaire.
D’après les faits rapportés, des hommes armés se sont présentés devant la clôture et ont menacé les gardiens de leur ouvrir le portail. Une fois à l’intérieur, ils se sont emparés des deux véhicules.
L’information est confirmée ce samedi par le chef de la mission de MSF, Sylvain Grounx joint par le RJDH. « Nous avons effectivement constaté que deux véhicules ont été pris par des hommes armés qui ont fait irruption sur notre site, mais nous n’avons pas encore identifié ces personnes », a-t-il déclaré.
La population attribue cet acte aux rebelles de la coalition Séléka. La ville de Ndélé est la première ville du pays à être conquise par les rebelles depuis le 10 décembre dernier. Depuis cette date, les éléments de la Séléka contrôlent toujours la ville.
GRIMARI : UN HABITANT RELATE LA PRISE DE LA VILLE PAR LA SÉLÉKA
Grimari, 26 janvier 2013 (RJDH) – Un habitant de la ville de Grimari (Centre), qui a réussi à atteindre la ville de Bangui témoigne les faits vécus au RJDH ce samedi. Il explique également les raisons qui l’ont poussé à quitter la ville.
La source qui a souhaité garder l’anonymat, a affirmé qu’il a réussi à atteindre Bangui, après plusieurs jours de marche à pied et une partie en pirogue. RJDH vous laisse suivre le témoignage.
« Au départ, nous avons écouté qu’ils ont occupé des villes voisines. Le dimanche 30 décembre, Grimari était surprise. Cinq véhicules rebelles, lourdement armés ont fait irruption dans la ville… ».
« …Ce jour-là, j’étais à la gare routière. Ils ont attaqué la ville avec des armes lourdes et les armes automatiques. Les tirs ont duré plusieurs heures. Ils sont alors partis s’installés à la sous-préfecture et d’autres locaux administratifs de la ville. C’était la panique générale. Sur le marché, les vendeurs ont fui, en abandonnant ainsi leurs marchandises.».
« Pendant trois jours, la ville était morte. Ils préparaient alors l’attaque de la ville de Sibut. Du coup, ils ont fait de Grimari une base arrière. Ils revenaient nuits et jours, souvent en tirant en l’air ».
« …Un jour, quand je sortais de mes cachettes pour prendre la tension des lieux dans la ville, j’ai retrouvé quatre de ces rebelles devant la maison du Directeur des maisons des jeunes, entrain de séquestrer sa femme et sa fille. Ils voulaient également casser la porte de la maison ».
« J’avais voulu intervenir, car la fille pleurait beaucoup. Mais les rebelles m’ont menacé et j’étais obligé de repartir dans mes cachettes. Ils ont voulu également prendre le pousse-pousse de cette famille, mais après avoir reçu une somme de 2000 F CFA, ils sont obligés de partir ».
« …Le lendemain, ils ont procédé au pillage des bâtiments administratifs de la ville. Ils ont emporté ainsi le véhicule de la Paroisse Notre Dame de Liesse. Ils ont été aidés dans leurs entreprises par des jeunes délinquants de la localité… ».
« La situation commençait donc à s’embraser et je me suis dit que ce n’est plus possible de vivre dans la ville. Il n’y a pas de nourriture et la communication était coupée avec le monde extérieur ».
« J’étais obligé de quitter la ville le 11 Janvier, tôt le matin, en passant par des pistes dans la forêt. J’ai passé deux jours de marche pour arriver au village de Ndjoukou. Ici, j’ai pris une pirogue qui naviguait sur le fleuve Oubangui, afin d’arriver dans la capitale ».
Cette source a mentionné que la ville de Grimari vit une situation humanitaire précaire. Il a affirmé que tout manque dans cette ville ; la nourriture, les médicaments pour des soins et l’eau potable. Il a fait savoir également que les populations qui se sont réfugiées dans la brousse vivent dans une situation très pénible.