Massacres des populations Libyennes : Urgence d’un sommet
extraordinaire de l’UA et impératif de la responsabilité de protéger
La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) exprime
sa profonde indignation face à l’utilisation d’une violence disproportionnée, aveugle et cruelle qui se
manifeste par l’usage de balles réelles, d’armes lourdes et de bombardements aériens qui s’abat sur des populations libyennes qui manifestent pacifiquement pour le respect de leur dignité, de
leurs droits fondamentaux et contre la confiscation du pouvoir et la corruption.
Aujourd’hui, pour le dictateur libyen, sa famille et son
clan, tous les moyens sont bons pour s’agripper au pouvoir et pire, les déclarations du fils, Seïf
Al-Islam, sont de ce point de vue sans ambigüité, et méritent d’être sérieusement traitées par la communauté africaine et internationale et notamment par le Conseil de Sécurité des
Nations Unies et la Cour Pénale Internationale (CPI) qui doivent impérativement agir avant qu’il ne soit trop tard. Les crimes de masses commis
délibérément par le dictateur aux abois, ses milices et ses mercenaires, posent avec beaucoup d’acuité
la question relative à la Responsabilité de Protéger le peuple libyen.
En effet, depuis le 15 février dernier, le peuple libyen à
l’instar de ceux de la Tunisie, de l’Egypte, de Bahrein, du Yemen, d’Algérie et du Maroc, sont dans les rues et manifestent contre des dictatures corrompues régnant des décennies durant sur des Etats devenus leur propriété et confondus à un patrimoine familial,
clanique et/ou tribal.
La RADDHO est très fortement préoccupée par le silence et l’inaction de l’Union Africaine (U.A) et des Chefs d’Etats Africains face à la situation qui
prévaut en Libye et surtout le Maghreb arabe dont les implications géostratégiques dans la sous-région, sur le continent et sur le fonctionnement des institutions de l’organisation panafricaine,
sont totalement imprévisibles du fait même de l’influence politique et économique du Colonel
Khadafi sur une bonne partie de pays du continent.
La RADDHO :
- Condamne énergiquement la répression aveugle et cruelle dont les populations libyennes qui
contestent pacifiquement pour le respect des droits fondamentaux de l’homme, de la dignité humaine et de la justice sociale ;
- Demande à Mommar El Khadafi de cesser immédiatement le massacre des populations civiles et d’engager sans délai le dialogue avec son opposition pour trouver les voies et moyens de quitter le pouvoir dans la dignité
et l’honneur, s’il en reste ;
- Appelle l’Union africaine, la Ligue Arabe et l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI)
à se démarquer clairement du dictateur Khadafi, en condamnant sans ambigüité le massacre perpétré sur le peuple libyen et en
exigeant l’ouverture d’une enquête internationale par les institutions africaines et internationales les plus appropriées ;
- Interpelle les chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union africaine pour qu’un sommet
extraordinaire soit convoqué d’urgence afin d’examiner la situation en Libye, Egypte et en Tunisie, mais surtout leurs implications géopolitiques sur le continent et sur les institutions
panafricaines ;
- Invite le Conseil de Sécurité et la CPI à engager dans les meilleurs délais des actions concrètes les plus appropriées pour que les crimes contre l’humanité ne restent pas impunis.
Fait à Dakar, le 22 février 2011
Le Président Alioune TINE
« VAE VICTIS*
MOUAMMAR KADHAFI »
Kadhafi de tous
les pays, dispersez-vous !
Il est des jours où l’actualité, malgré les horreurs qu’elle
relaie en permanence, nous fournit des raisons pour croire que demain pourrait être différent. Oui, l’histoire se moque souvent des individus qui la considèrent comme un terrain vague sur lequel
ils peuvent se soulager en toute impunité.
2011 est l’année de toutes les élections en Afrique. J’ai eu
l’honneur de participer à l’animation de celle à laquelle le peuple centrafricain fut convié. Du solennel devoir citoyen nous sommes passés à un génocide electoral. Bien que tardive, je me
réjouis de la décision prise par l’opposition pour boycotter le second tour et dernière étape de ce génocide electoral. Ce courage paiera si nous restons cohérent jusqu’au bout en refusant
collectivement les strapontins offerts par les usurpateurs sortis des cahiers roses de Binguimale et en résistant individuellement aux tentatives de débauchage.
Nous avons assisté en observant ces élections à une fin de
cycle aussi bien du côté de l’opposition que du côté du pouvoir sortant. L’empire qui a survécu malgré la restauration de la République en septembre 1979 vit ses dernières heures. Nous
l’accompagnerons bientôt au cimetière de l’Histoire.
En effet une génération s’est levée avec ses espérances et se
met en mouvement pour vivre ses rêves.
Pendant que le génocide electoral se préparait, le peuple
tunisien s’est levé et Ben Ali s’en est allé.
Alors que le génocide electoral se déroulait, les Egyptiens ont
dit : Moubarak dégage ! Et Tahrir Square a eu raison du sphinx.
Depuis que Mgr Pomodimo tente de ramener l’opposition aux
urnes, les Libyens se sont levés et Kadhafi non seulement résiste, mais c’est l’Armageddon qu’il fait vivre à ses concitoyens. A l’heure où j’écris ces lignes, je suis convaincu que d’ici peu il
partira et avec son départ sera inauguré un nouveau chapitre pour l’Afrique.
Dans une interview que j’avais accordé au Journal
l’Indépendant(1) en Juillet 2007 à la question… Que vous inspire le
dernier sommet de l’UA(2) ? Je déclarai : « Au-delà de l’aspect
folklorique (cela a ressemblé à une pièce de théâtre), c’était une tragédie. J’ai parlé un jour de l’art de l’esquive. Ce qui s’est passé à Accra en est une parfaite illustration…… Cette cité
d’Accra, terre par excellence du panafricanisme était l’endroit idéal pour relancer le panafricanisme. Mais cet idéal pour lequel se sont battus les Krumah et tous les pères du panafricanisme a
été récupéré par des opportunistes, c’est cela le drame d’Accra et je le déplore. »
En effet le départ de Mouammar Kadhafi, loin de résoudre tous les problèmes africains
participera à freiner certains fossoyeurs du continent et permettra surtout à la Commission de l’Union
Africaine de travailler sereinement à la recherche des solutions aux maux structurel et infrastructurel qui minent l’Afrique. Kadhafi était non seulement un opportuniste mais c’était aussi et
surtout un comique cruel. Avec la diplomatie du dollar, il était parvenu à prendre en otage le destin de plusieurs nations africaines et l’esprit de certains brillants cerveaux. Le roi des rois d’Afrique est parvenu avec sa volonté de réaliser coûte que coûte les Etats
Unis d’Afrique à anesthésier les initiatives porteuses d’espoir pour le continent tel que le NEPAD.
Jusqu’au bout, il aura été fidèle à lui-même. Après 42 années de brimade et de
frustration une majorité des Libyens ne se reconnaît plus dans le système alors la diplomatie du dollar vient en secours, et c’est au sud du Sahara que Mouammar est allé recruter ses supplétifs.
Mon cœur saigne en voyant sur Internet ces vidéos montrant des subsahariens tués sur le territoire libyen en tentant de défendre ce régime qui a non seulement participé à l’installation de
nombreuses satrapies au sud du Sahara mais aussi et surtout manifestait un comportement à la lisière du racisme envers les noirs qui se trouvaient sur son territoire pour des raisons
économiques.
Lorsque j’ai entendu que l’aviation libyenne bombardait les Libyens, cela m’a rappelé
cette période d’angoisse si proche de nous lorsque celle-ci était maîtresse du ciel centrafricain à la suite des hommes de Bemba au sol. Bangui aura donc servi de terrain d’exercice à l’aviation
libyenne qui tire aujourd’hui sur ses propres concitoyens. L’histoire a fini par faire l’addition des conditions et au moment venu, celui qui pensait avoir le droit de vie sur les Centrafricains
a pris les tortueux chemins de l’exil. Dommage que cela n’ait servi de leçon à ceux qui sont venus après.
Alors je n’ai pas envie d’attendre la chute officielle de Mouammar pour exprimer en
public cette plénitude qui m’envahit de voir la fin de son cycle qui inaugurera un nouveau pour l’Afrique.
Maintenant et ça c’est entre nous :
ü A tous ceux qui
pensent que nous les autres Africains, qui avons la mélanine en plus ou qui mangeons du manioc sommes des peureux : ils se trompent ;
ü A tous ceux qui
pensent qu’il suffit de payer régulièrement les salaires, les bourses et les pensions : ils sont dans l’erreur ;
ü A tous ceux qui
pensent que c’est à eux que le ciel a remis le bail de nos pays : qu’ils regardent et méditent la fin d’Ali, de Moubarak, de Mouammar et un peu plus loin de Mobutu et Bokassa ;
ü A tous ceux qui
pensent qu’il faut rendre la violence spectaculaire afin d’euthanasier toute tentative d’aspiration à plus de liberté, de démocratie et de bien-être : nous sommes au 21ème siècle
et les banlieues oubliées de la planète se raréfient ;
ü A tous ceux qui
pensent qu’une armée constituée de cousins, d’oncles, de neveux, des gens du village ou du même coin peut garantir la pérennité : qu’ils sachent
que les 20.000 gardes de Kadhafi ne suffisent pas face au soulèvement et à la détermination d’un peuple ;
ü A tous ceux qui
pensent qu’il faut absolument entrer à l’Elysée, au Quai d’Orsay, à la Maison Blanche ou payer gracieusement des conseillers et marabouts venus du nord pour assoir un pouvoir fort : les
masses Africaines font la démonstration par A+B de l’endroit où se trouve le véritable pouvoir ;
ü A cette Union
Africaine que l’on n’entend pas sur les graves crimes commis en ce moment : vous serez tenus responsables pour non-assistance à peuple en danger ;
ü A tous les complices
endogènes ou exogènes, à toutes les élites, à tous ces opposants instables sachez que la vraie ELITE, c’est la masse ;
ü A tous les brimés,
martyrisés. A tous ceux qui souffrent dans le silence et l’indifférence : la flamme de la liberté s’est allumée à Tunis, faisant lui traverser le continent.
Alors ! Avant que tu ne tombes officiellement Mouammar, j’associe ma voix à toutes
les autres qui exigent la mise en place d’un tribunal international pour te juger, tes enfants et tous ceux qui t’ont permis de provoquer cette longue nuit sur la Libye qui a duré 42 années.
Avant de te faire harakiri car je ne te vois pas réfugié politique en paix quelque part, appelles tes autres amis fossoyeurs de l’Afrique et dis-leur de se disperser ou de se reformer.
Une chose est sûre, c’est que ni toi, ni tes enfants et encore moins tes collabos ne
jouiriez de tes 82 milliards de dollar. Par contre tes milliers de cadavres te poursuivront que ce soit en enfer ou au paradis.
Alors vae, VAE VICTIS MOUAMMAR
KADHAFI.
Clément
BOUTE-MBAMBA
1 :
Interview accordée le 26 juillet 2007 après le sommet de l’Union Africaine d’Accra du 29 juin 2007.
2 :
http://lindependant-cf.com/Clement-BOUTE-MBAMBA-Si-ce-dialogue-national-se-deroule-ce-sera-un-deni-de-democratie-et-de-Justice_a132.html?print=1
*Expression latine signifiant : Malheur aux
Vaincus.