RFI mardi 23 avril 2013 à 11:18
Le Premier ministre centrafricain est à Bruxelles pour plaider la cause de son pays. Nicolas Tiangaye a été entendu le 22 avril par la Commission du développement du Parlement européen. Il y a décrit un pays dans une situation apocalyptique et a demandé une aide urgente aux Européens.
Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet
Pour Nicolas Tiangaye, tout est à reconstruire en Centrafrique et la situation sécuritaire est tellement catastrophique qu’un quart de la population a fui la capitale pour se réfugier dans la brousse. Le Premier ministre est venu plaider la cause de la RCA à Bruxelles : un plaidoyer avant tout financier, entre autres, pour la poursuite de l’aide au développement de l’Union européenne, le premier partenaire financier de la Centrafrique, mais surtout pour une aide budgétaire urgente, car les caisses de l’Etat sont vides.
Selon le Premier ministre centrafricain : « Les éléments qui créent les troubles dans la ville de Bangui, ce sont les éléments de la Seleka. Il est question de les cantonner. Leur cantonnement impliquera beaucoup de moyens financiers parce qu’il faudra les nourrir. Ces moyens, l’Etat centrafricain ne les a pas. »
Nicolas Tiangaye a reçu un soutien appuyé de l’ancien ministre belge Louis Michel, désormais envoyé spécial de l’Organisation internationale de la Francophonie pour la Centrafrique : « Il faut absolument que la communauté internationale comprenne qu’il est vital qu’elle délie un peu la bourse, qu’elle mette des moyens à disposition notamment pour payer ces salaires et aussi pour continuer à financer une augmentation de la Fomac ».
L’Union européenne a déjà débloqué plus de 6 millions d’euros pour la Fomac, la Force multinationale d’Afrique centrale. Mais celle-ci doit passer de 750 à 2 000 hommes. Et les nouveaux besoins de financement seront au centre des préoccupations du groupe de contact lors de la réunion du 3 mai à Brazzaville.
Renforcement de la sécurité de Michel Djotodia
Il y a encore quelques jours, le Ledger, seul hôtel de luxe de Bangui -et palais présidentiel de fait depuis le coup de force de la Seleka-, était ouvert aux quatre vents. Les véhicules militaires encombraient le parking, les combattants circulaient en armes dans les jardins et tous ceux qui espéraient pouvoir glisser leur nom dans l'agenda de Michel Djotodia déambulaient dans le hall.
Depuis samedi, la sécurité a été renforcée. L'accès de l'hôtel est désormais mieux verrouillé. Il faut dire qu'il y avait urgence. N'importe qui aurait pu, sans grande difficulté, attenter à la vie du nouvel homme fort de Bangui ou d'un de ses ministres.
Cette nécessité de sécurisation des autorités s'inscrit également dans un contexte où, selon plusieurs sources, quelques tensions apparaissent au sein de la Seleka. En interne, des officiels font part de leurs ambitions. Certains officiers se sentent mal remerciés et des combattants se plaignent de n'avoir toujours pas reçu leurs primes d'alimentation.
Alors que la population est toujours victime de pillages, les renforts de la Fomac sont attendus en urgence. Selon un proche de Michel Djotodia, 150 militaires tchadiens sont déjà en route pour Bangui. Dans les semaines à venir, la force d'Afrique centrale -qui devrait être portée à près de 2 300 hommes- aura désormais la charge de sécuriser en premier lieu la capitale.
Reste une question : qui paiera ? Les premiers éléments de réponse pourraient être connus début mai lors d'une réunion prévue à Brazzaville.