Imprécise au départ, l’information faisant état du départ du président déchu de Centrafrique, François Bozizé, du Cameroun s’est confirmée au fil de la journée d’hier. Bozizé, qui jusqu’en début de soirée de dimanche disait attendre le retour du président Paul Biya de l’europe avant de se déplacer, a quitté, en compagnie de sa famille, la capitale camerounaise en catastrophe dans la nuit de dimanche à lundi, en direction du Bénin, où le président Boni Yayi a depuis longtemps manifesté sa volonté de l’accueillir.
D’après des sources bien informées, c’est le président français François Hollande qui serait intervenu auprès de son homologue camerounais pour lui demander de faire partir le plus tôt possible Bozizé du Cameroun. L’agenda caché de cette démarche française consiste, apprend-on, à éviter une rivalité entre Paul Biya, soutien de Bozizé et idriss Déby, soutien de michel Djotodia, le président de transition en Rca.
Très coté auprès de la France, aux côtés de qui il est au front contre le terrorisme au mali, le président idriss Déby itno, marque ainsi des points. Adepte de la stratégie de l’évitement, dans de telles circonstances, le président camerounais a, pour sa part, choisi de se débarrasser du «colis encombrant» Bozizé, alors qu’il est en court séjour privé en europe.
Renversé le 24 mars dernier par la rébellion seleka, François Bozizé s’est réfugié au Cameroun. Le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand ngoh ngoh, indiquait alors que ce dernier était en transit au Cameroun, en attendant d’emprunter une autre destination. Contre toute attente, après avoir séjourné à l’hôtel Hilton, François Bozizé prendra ses quartiers au golf, non loin du palais de l’Unité.
Pendant son séjour camerounais, le président Biya a éconduit le président de transition, michel Djotodia, qui sollicitait une audience à Yaoundé. Vers la fin de la semaine dernière, la justice centrafricaine a lancé un mandat d’arrêt international contre lui, pour crime contre l’humanité et incitation au génocide.
Selon le décompte effectué par le parquet de Bangui, Bozizé est coupable de 119 exécutions sommaires, 22 assassinats, 53 arrestations arbitraires et 3823 destructions d’habitations. Ledit mandat d’arrêt a été transmis le 30 mai dernier aux autorités judiciaires camerounaises et à interpol. Le départ de François Bozizé du Cameroun intervient au moment où un sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’afrique centrale est annoncé pour le 14 juin prochain à Libreville, en République centrafricaine.
En dehors de la crise toujours en cours dans ce pays, les chefs d’etat d’afrique centrale vont plancher sur le projet de délocalisation du siège de la commission de Bangui à Libreville ou à malabo. L’on prévoit par ailleurs la signature des accords d’assistance entre la Cemac et interpol.
© Mutations : Georges Alain Boyomo