Par RFI 20-05-2015 à 13:53
En Centrafrique, une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur l'évasion d'Eugène Ngaïkosset, surnommé « le boucher de Paoua » pour les exactions qui lui sont attribuées dans le nord-ouest du pays. Ce militaire, exécutant de basses oeuvres sous le régime de Bozizé, a réussi à s'échapper dans la nuit de dimanche à lundi de la section de recherche et investigation à Bangui.
Eugène Ngaïkosset est arrivé à l'aéroport de Bangui Mpoko, mardi 12 mai à bord du vol DT526 en provenance de Brazzaville, sous le coup d'un arrêté d'expulsion. Il a immédiatement été appréhendé par les autorités centrafricaines et conduit à la SRI, la section de recherche et investigation. Surprenante coïncidence : il a réussi à échapper à ses geôliers dimanche dernier à la veille d'une confrontation judiciaire importante.
Le « boucher de Paoua » soutient qu'il n'a joué qu'un second rôle dans les violences du Nord-Ouest qui ont démarré fin 2005. Selon nos informations, il devait donc être placé ce lundi face à une poignée d'officiers sur lesquels il rejette les accusations. L'ordre « d'extraction » avait même déjà été transmis. Mais l'intéressé a réussi à s'envoler avant d'être entendu.
S'agit-il d'un simple dysfonctionnement ? Y a-t-il eu des complicités ? « La première défaillance a été de le garder dans une unité de police judiciaire et pas dans une maison d'arrêt », explique une bonne source à Bangui avant de soupirer : « Les Congolais nous ont aidés à garder ce criminel en détention pendant des mois. Et nous Centrafricains nous avons réussi à le laisser s'échapper en quelques jours. »
Cette évasion intervient peu de temps après celle d'un autre détenu prestigieux de la SRI, le ministre Romaric Vomitiadé, qui depuis a pu être recapturé avec l'aide des autorités du Congo-Kinshasa.
De leur côté, les parents d'Eugène Ngaïkosset affirment que celui-ci ne s'est pas évadé, mais qu'il a été enlevé. Ils disent craindre pour sa sécurité.
Affaire Eugène Ngaikosset : évasion ou enlèvement ?
http://www.radiondekeluka.org mardi 19 mai 2015 12:31
Le capitaine Eugène Ngaïkosset arrêté le mardi 12 mai à sa descente d'avion à l'aéroport Bangui M'Poko et détenu à la Section de recherches et d'investigations (SRI) depuis cette date, n'y est plus. Des sources proches de la gendarmerie évoque une probable évasion du capitaine tandis que sa famille parle d'un cas d’enlèvement ou plutôt d'une disparition.
Le frère cadet du capitaine, Claude Ngaïkosset, a déclaré lundi à RNL que son frère a fait l'objet d’enlèvement et qu'il serait détenu dans un lieu tenu secret. « Mon frère a fait l'objet d'un enlèvement de la part du corps judiciaire centrafricain. Mon frère a fait l'objet d'un enlèvement à l'aéroport dès notre arrivée le 12 mai 2015. Il ne s'est pas évadé, il a été enlevé et conduit dans un lieu que la famille ne connaît pas encore ».
Face à ce qu'il qualifie d'enlèvement, Claude Ngaïkosset sollicite un arbitrage international. « Je lance un appel pressant au président Denis Sassou Nguesso, médiateur dans la crise militaro-politique centrafricaine de porter un jugement clair et net sur l'affaire Eugène Baret Ngaïkosset ».
A l'entrée de la coalition Séléka, le 24 mars 2013, date de la chute du pouvoir de François Bozizé, le capitaine Eugène Baret Ngaïkosset s'est réfugié en République démocratique Congo. Il s'est ensuite retrouvé au Cameroun en novembre et sera rattrapé dans sa course par la justice au Congo-Brazzaville où il va être arrêté et mis en prison en compagnie de son frère cadet pendant 2 ans, à compter du 1er décembre 2013. Il est libéré et expulsé en République Centrafricaine le mardi 12 mai 2015.
A sa descente d'avion, le capitaine Baret Ngaïkosset a été systématiquement conduit de l’aéroport Bangui M'Poko à la SRI, où il disparaîtra de ce lieu de détention dimanche 17 mai dans des circonstances non élucidées. Selon certaines sources proches du dossier, une inattention des gendarmes qui assuraient sa sécurité serait à l'origine de sa fuite.
Le capitaine Eugène Ngaïkosset, ancien directeur du corps de l’amphibie, est l'un des officiers influents et proches du régime Bozize.
Son arrestation serait motivée par des soupçons d’une tentative de déstabilisation du régime de Catherine Samba Panza le jour de la cérémonie de clôture des travaux du Forum de Bangui lundi 11 et mardi 12 mai 2015.