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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 17:24

 

 

  

APA-Bangui (Centrafrique) 2015-10-03 14:29:53 - Le chargé d’affaires de l’ambassade des Etats Unis en Centrafrique, David Brown, a annoncé samedi dans une conférence de presse, l’octroi d’une aide financière de 1.700 million de dollars pour la sécurisation des élections générales en Centrafrique.


Selon ce diplomate américain, la crise qui vient de secouer Bangui, n'a pas eu un impact significatif sur le processus d'organisation des élections en Centrafrique. 

David Brown a en outre expliqué que les opérations d'enrôlement des électeurs selon le chronogramme de l'Autorité Nationale des Elections (ANE) se poursuivent pour les Centrafricains de l'étranger et des refugiés. Ces opérations devaient s'achever le 15 octobre prochain. 


Le diplomate américain a fait remarquer que le nombre des inscrits sur la liste électorale qui a déjà enrôlé 75% des électeurs potentiels, marque la volonté de la majorité des Centrafricains d'aller aux urnes. 


Il a encouragé les Centrafricains à œuvrer pour la tenue rapide des élections au lieu de céder à la tentation des affrontements meurtriers.


Les élections doivent démarrer ce 4 octobre avec le référendum constitutionnel et le 18 octobre avec le premier tour des législatives et présidentielle.


Cependant au mois de septembre dernier, le gouvernement a demandé à l'ANE de proposer un nouveau chronogramme électoral à cause du retard constaté dans l'organisation des élections. 


On s'achemine donc vers un report des élections avec des nouvelles dates qui doivent être proposées dans les jours avenirs.

 

http://apanews.net/news/fr/article.php?id=835364#sthash.Arfo2PbX.dpuf

Le gouvernement américain annonce une nouvelle aide financière pour l'organisation des élections en RCA
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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 17:09

 

 

 

L'AFRIQUE RÉELLE - N°70 - OCTOBRE 2015

 

Décidée fin 2013 et déclenchée début 2014 par François Hollande, l'opération Sangaris n'avait pas pour but de régler la question centrafricaine, mais simplement de s'interposer entre les factions afin de faire cesser les massacres. Ce fut le péché originel. Au lieu de désigner l'ennemi, à savoir la Séléka, les ordres donnés à l'armée française furent en effet de jouer les « bons samaritains ». Aujourd'hui, alors que le désengagement français s'achève, aucun des problèmes qui se posaient avant le lancement de l'opération n'a été résolu, comme en témoignent les violences ethnoconfessionnelles du 26 septembre à Bangui qui ont fait plusieurs dizaines de morts.

 

LES SPÉCIFICITÉS DU CONFLIT CENTRAFRICAIN

 

Ethno-politique au départ, le problème centrafricain est devenu ethno-religieux. Il a ensuite évolué vers un gangstérisme généralisé alimenté par le trafic de diamants.

 

La RCA n’a ni unité géographique, ni humaine. Quadrilatère de 623 000 km2, le pays est très divers au point de vue climatique. La végétation y est diversifiée et pré- sente de grandes différences entre le nord sahélien, les savanes, la forêt méridionale et les régions du fleuve. Ces immensités sont sous-peuplées. Divisée en plusieurs dizaines d'ethnies, la population est estimée à 4.500.000 habitants inégalement répartis, d’immenses zones étant des déserts humains. Totalement enclavée, la RCA est tributaire pour ses relations commerciales de Pointe-Noire, à plus de 1800 km par le chemin de fer Congo-Océan et par les fleuves Oubangui et Zaïre qui ne sont pas toujours navigables. Quant au port de Douala, il est situé à 1500 km par la route (carte page 7). Le trafic des diamants alimente la guerre même si, à l'origine : « Il n'existe pas de corrélation entre les zones d'extraction de diamants et celles où des rébellions se sont formées. En 2005, des rebelles ont pris les armes au Nord-Ouest où il n'y a pas de diamants, alors qu'il n'y a eu aucune activité insurrectionnelle dans le Sud-Ouest, pourtant riche en diamants ». (Crisis, 2010, page 16).

 

Les origines du conflit se situent dans le passé. Dans le dernier quart du XIXe siècle, les esclavagistes musulmans venus du nord constituèrent en effet une marche frontière religieuse et commerciale. Elle devint une sorte de protectorat, le bilad el Kouti ou Dar Kouti littéralement la « terre des esclaves », qui vécut dans la dépendance du royaume tchadien de Ouaddaï et du Soudan. Ravagés par les raids esclavagistes, l'est et le centre de l’actuelle RCA furent vidés de leur population et il fallut la colonisation française pour que soit mis un terme à ces pratiques. Libérées, les victimes se convertirent en masse au christianisme ; à telle enseigne que les Centrafricains de « souche » sont aujourd’hui chrétiens ou (et) animistes à plus de 95%.

 

Les 10 à 15% de musulmans vivant dans le pays sont à plus de 80% des commerçants tchadiens, maliens ou nigérians. Les musulmans « nationaux » qui ne représentent quant à eux que de 2 à 3% des 4,5 millions de Centrafricains, vivent à plus de 90% dans l’extrême nord-est du pays, dans les préfectures arabophones de Vakaga (Birao) et de Haute Kotto (Bria). Aujourd’hui, la poussée séculaire des sahéliens vers le sud a repris. Là est la clé de compréhension des actuels évènements. Les coupeurs de route du Séléka sont en effet d'abord les héritiers des bandes venues du Soudan et de la région péri-tchadique qui razziaient les populations de la forêt et du fleuve avant la colonisation.

 

En 1979, la France commit l’erreur de renverser l’ « Empereur » Bokassa, un fantasque mais fidèle allié, pour installer au pouvoir David Dacko. Toutes les forces de dissociation jusque là fermement contenues eurent alors raison de la stabilité du pays.

 

LE DÉCLENCHEMENT DE LA GUERRE

 

En 1981, face à l'anarchie, le retour d’un pouvoir fort devint une nécessité. La France « aida » alors le général Kolingba, un Yakoma, ethnie du fleuve apparentée à l'ensemble Ngbandi (moins de 3 % de la population), à prendre le pouvoir. Durant les douze années de sa présidence (1981-1993), le général réussit à « tenir » le pays. Le diktat démocratique lui ayant été imposé, il fut contraint d’organiser des élections. En 1993, l'ethno-mathématique donna la victoire à Ange Patassé, un Mbum, ethnie qui vit également au Cameroun, après que ce dernier eut réussi à rassembler autour de sa candidature les ethnies de l'ouest et du centre, comme les Gbaya et les Banda qui refusaient la domination des « gens du fleuve », les Ngbandi-Yakoma. Comme le précédent régime avait constitué une armée ethnique, en 1996, les Ngbandi-Yakoma qui étaient majoritaires dans l'armée se mutinèrent par trois fois, provoquant de grands désordres. La RCA constituant alors une pièce essentielle du dispositif militaire français au sud du Tchad en pleine guerre civile, la France intervint à plusieurs reprises afin d'éviter l'embrasement. Au mois d'avril 1998 Paris se désengagea en maintenant toutefois un petit contingent sur la zone de l'aéroport de Bangui.

 

L'interaction transfrontalière est amplifiée par un continuum ethnique faisant que les principales populations de la RCA sont également présentes dans les pays voisins. Les facteurs de déstabilisation sont donc démultipliés.

 

Le 19 septembre 1999, réélu dès le premier tour de scrutin avec 51,63% des voix, Ange-Félix Patassé entama son second mandat présidentiel dans un climat de plus en plus tendu. L'année 2001 connut trois coups d'Etat dont deux furent menés par le général André Kolingba, l'ancien chef de l’Etat. Tous échouèrent mais ils contribuèrent à paralyser l'Etat. Finalement, le 15 mars 2003 le général François Bozizé, un Gbaya (24% de la population), prit le pouvoir. Comme il était soutenu par le Tchad, le Soudan qui était alors en guerre contre ce dernier instrumentalisa deux petites ethnies musulmanes du nord-est, les Gula et les Runga, vite rejointes par des dissidents tchadiens qui formèrent la Séléka (coalition en langue sango). La Séléka contrôla tout le nord du pays et, dans les derniers jours de 2012, elle lança une razzia vers Bangui et les zones diamantifères.

 

Paris fut alors face à un choix : soit soutenir le régime discrédité du président Bozizé, soit laisser se développer le chaos avec tous les dangers de contagion qu’une telle option impliquait. Alors qu'avec peu de moyens, il aurait été possible de « traiter » rapidement les assaillants venus du Soudan, l'option de la non intervention fut choisie et le 24 mars 2013, la Séléka prit Bangui qui fut mise au pillage. Aux bandes de la Séléka vinrent ensuite s’agréger d’autres pillards venus tant du Tchad que du Soudan, notamment des Janjawid qui s’étaient cruellement illustrés à la fois lors de la guerre du Darfour. Furent ainsi attirés : « (...) les désoeuvrés de Centrafrique, du Soudan, du Soudan du Sud et du Tchad, avides de prendre leur part du pillage et du racket »[1] . Le pillage de Bangui fut suivi par le massacre des Gbaya, puis des chrétiens cependant que l’anarchie gagnait l’ensemble du pays.

 

LES PERSPECTIVES GÉOPOLITIQUES

 

Au début de l'année 2014, face au désastre humanitaire, François Hollande décida d’intervenir mais en précisant que l'envoi des forces françaises n'avait pas de but militaire. La suite des évènements était inscrite dans cette option car, ni l’ « ami », ni l’ « ennemi » ne furent désignés, Paris demandant simplement à nos soldats de jouer les « bons samaritains ».

 

Ce choix de simple interposition fut une triple erreur : 1) Alors que l'objectif prioritaire aurait dû être le verrou de Birao dans l'extrême nord du pays, position clé qui aurait été évacuée le 30 mars 2010 sur ordre du président Sarkozy, il fut au contraire décidé d'enliser les forces françaises à Bangui dans une mission d'interposition qui aurait dû incomber à la gendarmerie mobile.

 

L'intérieur de la Centrafrique fut donc laissé à la Séléka qui eut tout le loisir d'y poursuivre ses massacres. 2) Alors qu’il eut fallu donner à Sangaris les moyens de sidérer l’adversaire et de saturer l’objectif, les faibles moyens alloués ne permirent que de lancer des patrouilles, non de quadriller et de tenir le terrain.

 

De par sa position géographique, la RCA fait le lien entre deux zones en guerre, la région sahélo-tchadienne et la région soudano-congolaise. De plus, par ses frontières, la RCA est en contact avec cinq pays en guerre ou en crise :

 

- Le Tchad et le Cameroun qui font face à Boko Haram.

- Les deux Soudan qui sont au bord de la guerre.

- Le Soudan du Sud qui est ravagé par une guerre civile ethnique.

- La RDC qui ne parvient pas à se construire.

 

3) Alors que la solution passait par une phase militaire, le Quai d’Orsay ne cessa d'affirmer que la résolution de la crise se ferait par des élections prévues pour 2015. En 2015, à défaut d'élections et la situation devenant ingérable, Paris décida de retirer l'essentiel du dispositif Sangaris. La décision était insolite car :

 

1) Le retrait français laissait le champ libre à la Séléka qui occupait le centre, le nord et l'est du pays, y persécutant les chrétiens ou les islamisant de force.

 

2) Les 8000 hommes de la Minusca (Mission des Nations Unies pour la Centrafrique) étant incapables de se faire respecter, le pays fut abandonné à la Séléka. Sous-dimensionnée, sans vrais objectifs et sans maintien dans la durée, l'opération française d'interposition eut donc des résultats « mitigés » car, aujourd'hui, et comme le dit la sagesse populaire : « En RCA, l'Etat s'arrête au PK (point kilométrique) 12 », donc aux portes de Bangui. Et encore, la ville elle-même n'est pas réellement contrôlée par les « autorités ».

 

La situation paraît aujourd'hui sans issue pour trois principales raisons :

 

1) La seule solution proposée par la France est le sempiternel et inutile processus électoral, donc l'ethno-mathématique, qui donnera automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, donc aux peuples du nord-ouest, à savoir les Gbaya, les Banda et les Sara (46% de la population au total). Avec pour résultat que les « gens du fleuve » au sud et les nordistes qui seront perdants car minoritaires, se soulèveront.

 

2) Les élections ne changeront rien à la situation qui prévaut sur le terrain, à savoir la partition du pays avec une partie musulmane sous orbite soudanaise et l'anarchie ailleurs.

 

3) Le foyer de déstabilisation centrafricain, situé au coeur d'une zone hautement crisogène subsistera, fragilisant ainsi notre principal allié régional, le Tchad.

Lu pour vous : CENTRAFRIQUE : QUEL BILAN POUR L’OPERATION SANGARIS
Lu pour vous : CENTRAFRIQUE : QUEL BILAN POUR L’OPERATION SANGARIS
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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 16:31

 

 

CHRONIQUE DE JEAN-BAPTISTE PLACCA

 

Par Jean-Baptiste Placca  RFI samedi 3 octobre 2015

 

L’Afrique, terminologie unique, revêt des réalités multiples : Il y a l’Afrique qui avance résolument, celle qui ne cesse de reculer, et celle qui s’enfonce, de plus en plus…

 

Anthony Lattier : Dans l’actualité africaine de cette semaine, deux pays : la Centrafrique et le Burkina. La Centrafrique, pour de très mauvaises raisons, comme toujours, est-on tenté de préciser. Une violence récurrente et des affrontements entre musulmans et chrétiens, sur fond de manipulations politiciennes. Le Burkina Faso, de son côté, ne cesse d’impressionner le reste du continent. Ces deux pays illustrent pourtant quelques-unes des réalités d’une seule et même Afrique… Faut-il oser la comparaison ?

 

Jean-Baptiste Placca : Elle est tentante, mais ce serait féroce pour les Centrafricains. Tous deux sont des pays enclavés, ce qui constitue un sérieux handicap, pour leurs exportations comme pour leurs importations. La vie des populations n’en est donc que plus pénible, lorsque les politiciens rajoutent leurs mesquineries aux handicaps naturels de leur patrie. Comme lorsque, cette semaine, à Bangui, la violence a repris de plus belle, au point que la présidente Catherine Samba-Panza a dû abréger son séjour à New York, renonçant à prendre la parole devant la 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Le calme apparent que l’on observait ces dernières semaines en RCA n’était donc qu’un leurre. Et, déjà, certains en déduisent qu’il va probablement falloir reporter à nouveau les élections. Comme si le chaos constituait une rente de situation pour certains…
 
Tandis que Catherine Samba Panza repliait son discours pour rentrer à Bangui, Michel Kafando, triomphant, prenait la parole à la tribune des Nations unies, pour célébrer la liberté et la marche vers la démocratie au Burkina.
 
Avec beaucoup d’emphase et une assurance qui ferait presque oublier qu’il y a à peine deux semaines, il était prisonnier, aux mains des putschistes du RSP. Ce, à quoi nous assistons au Burkina ressemble fort à des travaux de finition de l’impressionnante insurrection d’octobre 2014. Le RSP, par ce coup d’Etat, a soldé son propre destin.

 
Dans le calme, sans aucune agitation, aucun débordement, les Burkinabè ont enterré ce régiment qui planait comme une épée de Damoclès au-dessus de leur démocratie en gestation. Le sol est désormais assaini, pour que germe – éclose – une démocratie que le continent devrait observer avec intérêt.

 
Nombre d’Africains admiratifs étaient restés sur leur faim, lorsque, en octobre 2014, ce peuple héroïque a donné l’impression d’être démuni face aux intrigues de certains éléments du RSP qui voulaient jouer sur leur capacité de nuisance supposée pour récupérer une part du pouvoir perdu par leur chef. L’Afrique comprenait mal comment, après avoir échoué à sauver le trône de Blaise Compaoré, ce régiment, tout seul, pouvait faire si peur à ceux-là mêmes qui ont chassé le même Compaoré. Jouant sur la peur de rendre le pays ingouvernable, le RSP s’était ainsi attribué, dans la transition, un rôle que beaucoup ont perçu comme une façon de perpétuer l’influence, sinon de réhabiliter Blaise Compaoré au sein de l’exécutif.

 
Les interventions intempestives du RSP dans le fonctionnement de la transition, le chantage permanent, et cette propension à prendre le pays en otage pour des motifs saugrenus faisait du RSP une épine dans le cœur de la démocratie. Il fallait l’extirper. Voilà qui est fait.

 
Est-ce le stoïcisme avec lequel ce peuple, pendant vingt-sept ans, a subi le régime Compaoré qui a laissé croire qu’il pouvait avoir perdu de sa détermination, sinon de son courage ?

 

 Au contraire, ces derniers jours ont montré à quel point ce peuple est maître de son destin. Il a refusé avec fermeté les solutions approximatives qui pouvaient lui être proposées de l’extérieur. Il a fait échec au coup d’Etat, alors que les bonnes volontés venues du voisinage lui suggéraient de coexister avec les maîtres-chanteurs. Quel contraste avec les Centrafricains, qui n’en finissent pas de reprocher à la communauté internationale son incapacité à trouver des solutions à la crise dans laquelle eux-mêmes ont plongé leur pays !

 
Puis, alors que beaucoup pensaient que les Burkinabè en avaient suffisamment obtenu avec le rétablissement du gouvernement de transition, ce peuple, avec le soutien de la partie saine de son armée nationale, a choisi d’en finir une fois pour toutes avec le RSP. Travail parfait. Finition d’orfèvre. Afin que, jamais plus aucune entité outrageusement armée ne vienne menacer ce que ce peuple chérit par-dessus tout : la liberté.

L'Afrique qui avance... L'Afrique qui recule... (JB. PLACCA RFI)
L'Afrique qui avance... L'Afrique qui recule... (JB. PLACCA RFI)
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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 14:48
Lu pour vous : "La Centrafrique a fait un bond en arrière"

 

 

03/10/15 (Le Nouvel Observateur)

 

Alors que les violences intercommunautaires ensanglantent de nouveau la capitale centrafricaine, les forces onusiennes et françaises, les ONG et les Blancs en général sont particulièrement visés. Reportage.

 

"Nos ambulances sont bloquées. On ne peut plus récupérer les corps. C’est aussi simple que ça", déplore Antoine Mbao Bogo, le président de la Croix-Rouge centrafricaine. Les corps, les gens les chargeaient dans des pousse-pousse, mercredi matin 30 septembre à Bangui, selon plusieurs témoignages recueillis par téléphone, pour les apporter à la morgue.

 

Depuis dimanche, des SMS anonymes appellent à "lapider les véhicules de la communauté internationale". Toutes les activités humanitaires sont à l'arrêt, alors que plus de 27.000 personnes ont dû fuir dans des camps pour se protéger des violences.

 

Des représailles sanglantes

 

C'est le meurtre d'un jeune taxi-moto musulman, vendredi, dont le corps a été ensuite déposé dans son quartier, qui a mis le feu aux poudres. Aussitôt, des représailles intercommunautaires sanglantes ont éclaté. La capitale centrafricaine n'avait plus connu un tel épisode de violences depuis des mois. Plus de 200 blessés, une quarantaine de morts, le bilan provisoire ne cesse d'évoluer au fur et à mesure que les escarmouches éclatent dans les différents quartiers de la capitale Centrafricaine.

 

"Mais ces estimations n'ont aucun sens", s'alarme Jean François Sangsue, le chef de mission de la Croix-Rouge international (CICR) à Bangui. "La majorité des gens ne peuvent pas rejoindre les hôpitaux, ce bilan est sous-évalué et on s'attend à un pic d'affluence quand la situation va se calmer". Le CICR gère en partie l'hôpital communautaire, situé à quelques centaines de mètres de la principale ligne de front. Ils ont reçu "seulement" une grosse dizaine de blessés mardi.

 

Minusca et Sangaris visés

 

La Minusca, très critiquée pour sa lenteur de réaction le premier jour des violences, samedi, est depuis cible de la contestation. Au même titre que les forces françaises, bouc émissaire idéal dans une société où les stéréotypes coloniaux ont la vie dure auprès de la population. On ne compte plus les banderoles "Sangaris dégage, voleurs de diamants" accrochées ça et là dans la ville. Les casques bleus, accusés d’avoir ouvert le feu sur la population (un fait formellement démenti par l’ONU), sont honnis par les belligérants.

 

Ces manifestants, quelques centaines, font régner la terreur alors que des milliers de soldats de la paix sont déployés à Bangui. "On ne comprend pas pourquoi la Minusca ne s’impose pas plus, confie un humanitaire. Peut-être pour ne pas empirer la situation. Mais démanteler des barricades ne suffit pas. Il faut de la fermeté."

 

Les Blancs pris pour cible

 

Petit-à-petit, l’ensemble de la communauté internationale a été prise pour cible. Des dizaines d'ONG ont été pillées. Parfois à plusieurs reprises. "On ré-assiste aux scènes inouïes des razzias" de 2013 et 2014, raconte un habitant d'un quartier en proie aux combats.

 

Moi je me terre à la maison avec mes enfants".

 

Après les hommes en armes, c'est la population qui vient se servir. Une photo fait le tour des réseaux sociaux à Bangui, celle d'un homme qui essaye d'emporter une multitude de bottes en caoutchouc, volées à l'OIM (Office international pour les migrations). Un internaute plaisante : "Ce n'est même pas sa pointure".

 

Depuis samedi, il est impossible pour une personne blanche de s'aventurer à pied ou en voiture dans la ville, qui plus est avec une caméra. Plusieurs journalistes locaux ont été dépouillés et battus.

 

Difficile d’y voir clair dans ce déferlement de haine, instrumentalisé à mots couverts notamment par un collectif de dissidents, se réclamant de la Société civile. "Nous avons des revendications extrêmes, mais avec des moyens pacifistes", affirme pourtant Gervais Lakosso, l’instigateur du mouvement. "Nous réclamons le départ sans condition des forces françaises et le retour des forces armées centrafricaines, notre armée nationale".

 

Pourquoi vouloir bouter dehors Sangaris, qui a pourtant permis de réinstaurer un semblant de calme dans la capitale ? "Ils viennent ici pour s’enrichir, ce sont eux qui manipulent les gens. Des gens les ont vu déposer le corps du jeune musulman dans le quartier". La rumeur. Le mal du pays. Elle circule plus vite qu’elle ne se vérifie. Chaque frémissement d’accusation devient bourrasque quelques heures plus tard à mesure que la rue s’en empare. La plupart des médias locaux ne jouent absolument pas leur rôle de barrière objective, affichant souvent clairement un parti pris pour la communauté chrétienne. Où plutôt devrait-on dire contre la communauté musulmane.

 

Le retour des anti-balaka

 

Dans les rues de Bangui, on assiste à un spectacle inédit depuis 2014 : des miliciens anti-balaka – à majorité chrétiens et animistes – se pavanent en armes, notamment dans leur fief de Boy-Rabe et jusqu'à la sortie nord de la capitale centrafricaine, le PK12. "C'est désolant, horrible. Je n'ai pas les mots", déplore Léa Koyassoum-Doumta, vice-présidente du Parlement de transition, qui troque son rôle de députée pour celle d'habitante éplorée.

 

Je suis bloquée dans mon quartier depuis samedi, les anti-balaka narguent la population. On ne peut rien faire. Rien. La Centrafrique a fait un bond en arrière".

 

L’ambassade de France a clairement appelé les Français à rester chez eux. Aucune mesure d’évacuation n’est pour l’heure à l’ordre du jour. Les Etats-Unis eux, auraient commencé à regrouper leurs ressortissants. Espérer sortir les Français et l’ONU de l’échiquier centrafricain est une utopie. Pas sûr que ceux qui tirent les ficelles s’en rendent compte, mais l’objectif en tout cas est lisible. Alain Lamessi, conseiller de Karim Meckassoua (un candidat à la présidentielle, ancien ministre sous l'ex-président François Bozizé, exilé en Ouganda) a une analyse plutôt claire de la situation et la partageait mardi soir sur France 24 : "Qui a intérêt à aviver la tension entre musulmans et chrétiens ? Les groupes armés, pour justifier leur présence". Et se donner une place dans le processus politique et sécuritaire duquel ils étaient progressivement exclus.

 

Arthur Danah, à Bangui

 

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 14:02

 

 

Concertation Elargie des Plateformes,

 

Partis, Associations Politiques et

 

Personnalités Politiques Indépendantes

 

DECLARATION RELATIVE A L’ADRESSE A LA NATION DU 30 SEPTEMBRE 2015 DE LA PRESIDENTE INTERIMAIRE

 

 

Suite aux tragiques événements qui ont secoué notre pays et causé plus d'une quarantaine de morts, près de 30 000 déplacés internes supplémentaires et de très importantes destructions de bien meubles et immeubles, la Présidente Intérimaire a fait plusieurs déclarations à la presse, dont le point culminant est son adresse à la nation, le 30 septembre 2015.

Cette adresse,  a retenu notre attention sur deux points, à savoir l'accusation de l'existence d'un coup d'Etat et l'ouverture d'une concertation entre les forces vives de la nation.

1. Sur l'accusation de coup d'Etat.

La Présidente Intérimaire a cru devoir accuser  "certains politiques, dignitaires de l'ancien régime" qui seraient dans la nostalgie d'un pouvoir à jamais perdu, auxquels s'ajouteraient tous les partis politiques qui exigent une troisième transition.


Il convient de rappeler à ce sujet les mots justes du Général De Gaulle, accusé en son temps d'avoir fomenté un coup d'Etat: "pour faire un coup d'Etat, il faut un coup et il faut un Etat. Il n y a ni l'un ni l'autre".


Aujourd'hui en République Centrafrique  l'Etat, c'est à dire l'armée, la souveraineté sur un territoire protégé,  la maîtrise de la diplomatie, etc…l'Etat donc, a disparu.


Comment donc résoudre la quadrature du cercle qui consiste à faire un coup d'Etat contre quelque chose qui n'existe pas?

C'est désormais un grand classique des discours de la Présidente Intérimaire, une absence totale de remise en question et de contrition.


Gouverner, c'est être responsable et l'enfer ne saurait être exclusivement les autres.

Une lecture plus sereine des événements eut permis de noter l'abîme qui sépare désormais le Peuple Centrafricain de la transition actuelle, sans que ce peuple n'ait eu besoin de qui que ce soit pour l'exprimer dans la rue, face à l'abandon.

Le décompte de ce désamour est terrifiant.  Toutes les organisations emblématiques de la société Centrafricaine ont désormais exprimé leur défiance, de  la plus importante organisation des femmes en passant par celle des jeunes, les étudiants, sans oublier les groupes politico-militaires.

A cela s'ajoute notre concertation, c'est à dire 90% des partis et associations politiques du Centrafrique. Bien évidemment, la transition peut travailler avec les 10% restant. Tant qu'à faire, puisque l'on est minoritaire, pourquoi ne pas travailler avec la minorité.

Ultime anachronisme, comment affirmer que certains partis ne représentent rien et les accuser cependant  d'avoir mobilisé un nombre incalculable de Centrafricains pour une insurrection populaire?

2. Sur la concertation entre toutes les forces vives de la nation.

Dans son adresse à la nation, en citant les forces vives de la nation, la  Présidente Intérimaire a ouvert une parenthèse pour y inclure les partis politiques, les syndicats, les religieux, les groupe armés.

Il convient de signaler qu'il s'agit là d'une erreur révélatrice. S'il est vrai, et nous l'avons dit,  qu'aucune solution viable n'est envisageable sans l'inclusion des groupes armés, du fait de la nature de la crise, ces derniers ne peuvent être considérés comme membres des forces vives de la nation. Il faut donc citer les forces vives de la nation, ensuite les groupes armés.

La Concertation salue l'initiative mais pose deux conditions, sans lesquelles cette concertation annoncée ne serait qu'un deuxième forum de Bangui, c'est à dire une vaste escroquerie politique dont le but essentiel était la prorogation de la transition.


-cette concertation doit être inclusive, c'est à dire ouverte à tous les Centrafricains à même d'apporter leur contribution à la cause de la paix et de la réconciliation nationale.


-les sujets à aborder doivent être connus d'avance, pour éviter la politique du fait accompli dont est coutumière la transition.

En tout état de cause, au delà du 30 décembre, la transition prendra officiellement fin.


Les autorités intérimaires actuelles n’auront alors plus la légalité pour agir au nom et pour le compte du peuple, elles qui ont déjà perdu la légitimité.

 

Seul un accord politique discuté librement par les Centrafricains permettrait de recueillir la légalité nécessaire à la gestion de cette période qui s'ouvre jusqu'aux élections, aucun sujet
ne devait relever du tabou.


Fait à Bangui, le 3 Octobre 2015


Pour le Présidium de la Concertation


Maître Crépin Mboli-Goumba


Porte-parole

DECLARATION RELATIVE A L’ADRESSE A LA NATION DU 30 SEPTEMBRE 2015 DE LA PRESIDENTE INTERIMAIRE
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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 01:32

 

 

http://www.bastamag.net/  PAR NOLWENN WEILER 2 OCTOBRE 2015

 

Mais d’où viennent donc les diamants qui ornent les bagues, boucles d’oreille et colliers exposés en devanture de nos luxueuses bijouteries occidentales ? De la République centrafricaine, en partie. Le pays est le 14ème producteur mondial de diamants bruts. Le commerce illégal de diamants y alimenterait la guerre civile larvée. Là-bas, pour extraire les précieuses pierres, les hommes fournissent un travail de forçat, dans des atmosphères sur-chauffées, pour des salaires de misère. Souvent, ils se blessent. Ou meurent écrasés sous des éboulements. Les familles des mineurs, qui viennent habiter près des lieux d’extraction, vivent dans des conditions sanitaires déplorables. De nombreux cas de malaria ont été signalés, et des parasitoses à cause de la mauvaise qualité de l’eau. Et rares sont les enfants qui vont à l’école. Leurs parents les encourageant plutôt à se rendre à la mine, parfois dès 11 ans.

 

Cette glaçante réalité est retracée dans le rapport d’Amnesty international Les diamants du sang publié ce 30 septembre. Partant de la République centrafricaine, où Sélékas et anti-Balakas sèment la terreur depuis trois ans [1], l’enquête menée par l’organisation non gouvernementale suit la filière des pierres précieuses. Depuis les mines de fortune qui parsèment le pays, jusqu’à Anvers ou Dubaï, plaques tournantes importantes du commerce des diamants ; en passant par les pays frontaliers de la République centrafricaine, comme le Cameroun ou le Soudan.

 

Une régulation internationale inefficace

 

Depuis le printemps 2013, suite à l’arrivée des Sélékas au pouvoir, suivie de l’irruption des anti-Balakas, les Nations unies ont actionné le processus de Kimberley. Mis en place à l’initiative de pays africains producteurs, au début des années 2000, ce processus est censé réguler le commerce international des diamants. Objectif : mettre un terme au commerce des « diamants de la guerre » et veiller à ce que les dizaines de milliers de carats extraits chaque année ne financent pas les milices armées. Mais en République Centrafricaine, le processus de Kimberley ne semble pas très efficace, déplore le rapport d’Amnesty international. Les groupes armés qui se font face profitent allègrement, chacun de leur côté, de la manne financière des diamants, en mettant la main sur les mines et en rackettant les petits mineurs et les revendeurs.

 

« Le commerce des diamants sert à financer des groupes armés qui commettent de nombreuses exactions », regrette Sabine Gagnier, d’Amnesty international France. Depuis décembre 2012, moment où les Sélékas se sont mis en marche vers la capitale Bangui, 5000 personnes sont mortes. Près de 500 000 autres ont pris le chemin de l’exil. Un gouvernement intérimaire a été mis en place en janvier 2014, et certaines zones ont été sécurisées. Mais les Sélékas et leurs adversaires anti-Balakas continuent de sévir, se livrant à de nombreux crimes et atrocités.

 

Bientôt un devoir de vigilance ?

 

Le processus de Kimberley n’empêche pas le commerce de diamants à l’intérieur de la Centrafrique et de nombreux mineurs et petits revendeurs poursuivent leur activité, leur seul moyen de subsistance. « En République centrafricaine, avant mars 2013, le secteur des diamants représentait la moitié des exportations du pays et 20% du budget national », rappelle Amnesty international. Les groupes armés ne sont pas les seuls à profiter de ce trafic. Les négociants locaux et internationaux se servent aussi au passage. Amnesty pointe notamment l’entreprise Badica à Bangui, ainsi que sa société-sœur Kardiam, en Belgique. Toutes deux propriété d’un homme d’affaire centrafricain, Abdoul-karim Danzoumi, qui possède par ailleurs une compagnie aérienne, Minair, soupçonnée de faciliter l’exfiltration des diamants hors du territoire national. Ses discrets – et sulfureux – comptes en banque avaient été hébergés par la banque britannique HSBC.

 

« Il n’y a aucune obligation, dans le processus de Kimberly, détaille Sabine Gagnier, pour expliquer l’inefficacité du dispositif. C’est un processus de certification laissé au libre choix des gouvernements. Et les systèmes de contrôle sont eux aussi laissés à la seule responsabilité des gouvernements. » Que faire alors ? « On aimerait obliger les entreprises à avoir un système de vigilance sur leur chaine de production, dit Sabine Gagnier, au niveau européen et au niveau français. » En France la proposition de loi sur le devoir de vigilance est passée en première lecture à l’Assemblée nationale à la fin du mois de mars, après avoir été sérieusement édulcorée. Elle devrait être examinée par le Sénat, mi-octobre.

 

lu pour vous : Les diamants de Centrafrique financent la guerre civile
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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 01:12

 

 

 

https://www.carenews.com  Vendredi 02 octobre 2015 11:07

 

Alors que le monde se prépare à la conférence historique sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre 2015, Carenews Journal vous emmène en République Centrafricaine. Au cœur de l’immense forêt du bassin du Congo, en marge de la guerre civile qui ravage le pays depuis près de deux ans, se joue un autre conflit : la guerre de l’ivoire.

 
« Plus que deux kilomètres. Il faut presser le pas. » Le ton de Florian ne prête pas à discussion. La kalachnikov qu’il porte en bandoulière non plus. Nous le suivons dans l’entrelacs des arbres centenaires cerclés de lianes, comme des colonnes Trajane. Nous sommes en République Centrafricaine, dans les aires protégées de Dzanga Sangha, près de la petite ville de Bayanga, lovée au milieu de l’une des jungles les plus obscures et méconnues de la Terre, le bassin du Congo, qui, avec une superficie de plus de quatre millions de kilomètres carrés, constitue la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, après l’Amazonie. Cette forêt abrite une biodiversité exceptionnelle : gorilles, éléphants, léopards et chimpanzés comptent parmi ses habitants emblématiques, mais, selon les biologistes, nous connaissons moins de la moitié de ce qui vit et meurt à chaque instant dans les nefs de cette formidable cathédrale végétale.

 

Mais le bassin du Congo est surtout l’un des poumons verts de notre planète, essentiels à la survie de l’humanité. Ces forêts ralentissent le réchauffement climatique, stockent le carbone, produisent de l’oxygène et régulent le climat. Plus de 80 millions de personnes vivent dans cette zone, et près de la moitié d’entre elles tirent leur subsistance de ce que la forêt leur donne, depuis des millénaires. Fabien en fait partie : il a grandi abrité par les arbres immenses, bercé par le chant des perroquets verts, couru derrière de rapides antilopes et admiré, dans les clairières, la silhouette majestueuse des éléphants.

 

« La forêt, c’est toute ma vie, dit Fabien dans un souffle. Pour vous, tous les arbres se ressemblent, mais pour moi, chacun a son histoire. C’est grâce à cette forêt que j’existe. Et c’est pourquoi j’ai choisi de la protéger. »

 

C’était en mai 2013, quelques mois après que la sanglante rébellion Séléka a pris le contrôle de Bangui, la capitale. À Bayanga, Fabien voit arriver les pick-ups chargés d’hommes en armes. Très rapidement, l’inévitable se produit : le 6 mai, un groupe de braconniers pénètre dans le sanctuaire forestier de Dzanga Sangha. Ils ont un objectif : Dzanga Baï, une clairière miraculeusement préservée dans laquelle vit l’un des derniers grands troupeaux d’éléphants de forêt. Ils sont lourdement armés, et personne n’ose les arrêter. Dans le matin calme claquent soudain les coups de feu. 26 éléphants sont abattus, amputés de leur ivoire et laissés là, à pourrir, dans l’air déjà chaud. « C’est à ce moment que j’ai décidé de faire quelque chose, raconte Fabien. Mes parents m’ont légué la forêt intacte. J’ai pris conscience que je devais la protéger. Alors je suis devenu garde forestier. »

 

L’Afrique connaît actuellement une crise de l’ivoire sans précédent. Depuis quinze ans, plus de 60% de la population d’éléphants de forêt a été décimée, malgré les efforts d’ONG environnementales telles que le Fonds Mondial pour la nature (WWF), et la Wildlife Conservation Society (WCS). Les braconniers disposent d’armes de plus en plus sophistiquées, et pour cause : sur les marchés asiatiques, sa principale destination, l’ivoire n’a jamais coûté aussi cher. On négocie aujourd’hui le kilo à plus de 2 000 euros, et cela ne cesse d’augmenter. Plus grave encore, les revenus du braconnage servent au financement des groupes armés.

 

Les défenses d’éléphant sont devenues le nerf de la guerre. Comme pour les diamants, on parle désormais d’ivoire de conflit. Et ce conflit est terrible : exactions sur les populations civiles, villages détruits, enlèvements et assassinats sont le pain quotidien de dizaines de milliers de Centrafricains.

 

Beaucoup d’entre eux se jettent sur les routes à la recherche d’un hypothétique refuge au Cameroun ou au Congo, et c’est toute une région qui s’effondre suite au départ de ses forces vives, avec pour conséquence immédiate l’explosion des taux de malnutrition. « Cela devient un cercle vicieux, explique Fabien. Quand les gens ont faim, ils sont prêts à faire n'importe quoi. j'ai vu plusieurs kilos d'ivoire échangés contre un sac de farine de maïs. Et l'argent de l'ivoire sert à acheter des armes.»

 

Le phénomène est mondial : le trafic des espèces protégées représente la quatrième activité illégale en termes de volume financier derrière la drogue, le trafic d’êtres humains et la contrefaçon. Selon le Congrès américain, il génère à lui seul entre 10 et 20 milliards d’euros par an.

 

Un récent rapport de l’ONG Born Free démontre que l’ivoire de conflit contribue à la fois au financement des milices anti-gouvernementales du Darfour, des islamistes Shebab de Somalie et Boko Haram au Nigéria, mais renforce également, à l’autre bout de la chaîne, les mafias asiatiques impliquées dans le recel des défenses d’éléphant et des cornes de rhinocéros.

 

Retour à Dzanga Sangha. En 2013, donc, Fabien rejoint un groupe de 74 gardes forestiers chargés de protéger la zone. Le travail est difficile : entre les patrouilles qui peuvent durer plusieurs jours, les réveils en pleine nuit, les interventions dangereuses et le risque de se faire attaquer chez soi par les braconniers ou leurs complices, Fabien a quasiment dû renoncer à sa vie de famille. « Mon épouse m’a dit : « c’est trop dangereux, il faut arrêter, tu ne peux pas risquer ta vie pour des éléphants. » Mais elle sait au fond d’elle-même que notre travail va bien au-delà. C’est notre pays, notre communauté, nos familles aussi, que nous protégeons. »

 

Peut-être n’est-ce qu’une goutte d’eau dans la mer. Mais lorsque Fabien évoque ce qui s’est passé après ce funeste 6 mai, une formidable lueur d’espoir illumine son regard : « Même aux pires heures du conflit, nous avons reçu un soutien constant de la part des ONG. Nous avons été formés à mieux faire notre travail. Nous avons appris à mieux connaître les animaux, l’environnement. Et nous avons pu nous battre à armes égales. »

 

Le combat de Fabien n’est pas vain. Jusqu’à présent, lui et les autres gardes forestiers ont su repousser la guerre aux portes du sanctuaire, parfois au péril de leur vie. Mais c’est à ce prix-là que l’on protège un tel lieu : même si quelques éléphants continuent de tomber régulièrement sous les balles des braconniers, aucun massacre de grande envergure ne s’est produit depuis plus de deux ans. Et, chaque jour, ainsi qu’il en est depuis des temps immémoriaux, un petit miracle se produit : les gorilles foulent l’herbe grasse de leur pas lent, les léopards rugissent au loin et, au milieu de la forêt, la clairière de Dzanga Baï – qui signifie « le village des éléphants », en langue locale-- continue d’être ce merveilleux sanctuaire où des centaines de pachydermes se réunissent chaque jour. Parfois, l’enfer vert prend des allures de paradis.

 

Perché sur un mirador de garde surplombant la clairière, Fabien partage avec nous son plus grand espoir : «J’aimerais que la situation sécuritaire s’améliore afin que de nombreux visiteurs étrangers puissent venir visiter Dzanga Sangha. Cela permettrait de créer des emplois, de construire des infrastructures, et surtout de faire comprendre aux gens d’ici que le braconnage n’est pas une solution, que chacun a plus à gagner avec le tourisme durable. Peut-être est-ce là le plus sûr chemin vers la paix. »

 

Ce rêve risque toutefois de ne jamais se réaliser : la guerre civile continue de faire rage en Centrafrique, on dépasse aujourd’hui les 6 000 morts, et près d’un million et demi de personnes ont été déplacées par le conflit. Dans un tel contexte, difficile pour les ONG de trouver des solutions durables à la crise de l’ivoire. En 2014, plus de 25 000 éléphants ont été abattus, et leur nombre ne cesse de croître. Si rien ne change, dans moins d’un quart de siècle, l’un des mammifères les plus emblématiques d’Afrique aura disparu. 

 

Alexandre Brecher pour Carenews INFO

 

Retrouvez l'article pages 20 et 21 du Carenews Journal n°2

 

Lu pour vous : RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : LA GUERRE DE L’IVOIRE
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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 23:41
RCA : trois jours de deuil national à partir de lundi

 

 

 

APA-02/10/15 Bangui (Centrafrique) - La République centrafricaine va, selon un décret publié vendredi, observer trois jours de deuil national à partir de lundi prochain en mémoire des victimes des violences survenues dernièrement dans le pays et qui ont fait plus de 40 morts et une centaine de blessés.

 

Tout est parti de l'assassinat le 26 septembre dernier d'un jeune musulman dans le 8-ème arrondissement de Bangui. Les représailles organisées par la suite par des groupes armés musulmans ont occasionné ces nombreux morts et blessés.

 

Dépités, certains membres de la société civile ont organisé des manifestations en érigeant des barricades et en demandant le départ de la Présidente de la Transition Catherine Samba-Panza ainsi que des forces françaises. A l'appui, ils ont même suggéré aux populations de s'inscrire dans une campagne de désobéissance civile.

 

Les antibalakas sont également entrés dans la danse en s'attaquant aux symboles de l'État, histoire de faire vaciller le pouvoir. Ils s'en sont pris également aux forces internationales, provoquant le retour précipité à Bangui de la Présidente, Catherine Samba-Panza, qui participait à la 70e assemblée générale des Nations Unies.

 

 

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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 20:57

 

 

 

    Nous vivons dans un «  village planétaire » où une seule image du corps d’un enfant échoué sur une plage suffit à ramollir la ligne politique des nations les plus rétives.  Quelles images, quel nombre de morts en Centrafrique vont-ils décidé la France et les Nations Unies à ordonner à leurs troupes présentes dans ce pays d’appliquer enfin le chapitre VII de la Résolution de l’ONU ? Les moyens sophistiqués déployés ( hélicoptères de combat, engins blindés, moyens d’écoute…) ne sont-ils là que pour sauver la mise à l’ectoplasmique et futile présidente de la transition ? Ce serait faire trop peu cas de la RCA…

 

            Les faits

 

   Au commencement était un assassinat crapuleux d’un jeune centrafricain aux motifs non encore établis.  Dans un pays normal, c’est à la police et surtout à la justice d’établir les faits et de punir les coupables . En RCA, ce sont des escadrons de la mort qui sillonnent les quartiers à moto, à pied pour tuer impunément des innocents.

 

     Pendant ce temps, que font les forces internationales stationnées en Centrafrique ? Rien ou plutôt elles tirent sur les manifestants. Pourquoi ? Les Centrafricains n’ont-ils pas le droit de protester contre les meurtres en série et la mauvaise gouvernance de leur pays ? Les casques bleus ne sont-ils là que pour protéger les autorités de la transition et en premier lieu la présidente par intérim ? Ces mêmes casques bleus par ailleurs violeurs d’enfants et incapables d’appliquer le chapitre VII de la Résolution de l’ONU, sont devenus de fait les ennemis de la RCA car ils se permettent de tirer sur une foule de manifestants pacifiques . Le symbole est affligeant pour l’ONU : alors que les meurtres sont commis dans les troisième et cinquième arrondissements, les casques bleus de l’ONU protègent le palais de la Renaissance au centre-ville ! Un palais vide de surcroît, sa locataire, l’inénarrable Catherine Samba-Panza, étant partie à New York .

 

         L’inénarrable présidente de la Transition 

 

Voilà une dame qui s’est présentée comme une mère pour les Centrafricains pour se faire nommer présidente par intérim par un CNT à prédominance Séléka (75 voix sur 135 ) et qui se révèle comme une véritable catastrophe sur pattes pour notre pays depuis deux ans : absence de vision politique, absence de protestations devant les massacres et viols des Centrafricains, détournements éhontés du moindre don pour la RCA, népotisme, clientélisme, clanisme, régionalisme, sexisme inefficace avec ses copines du gouvernement, affairisme débridé, mendicité outrancière, entêtement inutile et improductif ( cf nomination obstinée du Premier ministre Kamoun en dépit du bon sens ), incompétence généralisée et crasse étalée aux yeux du monde…et j’en passe et des meilleurs . Cette dame met à mal le mot « Dignité » de notre devise. Si elle en avait, il y a longtemps qu’elle aurait démissionné.

 

     N’est-ce pas son silence éloquent devant les massacres antérieurs qui est interprété par les ennemis de la nation comme un encouragement à tuer davantage ? Son inertie en matière de justice a instauré de fait la loi du Talion et les exécutions extrajudiciaires en Centrafrique. Ses demandes de prolongation, son remaniement à la veille des élections sont là pour prouver que seuls ses intérêts égoïstes président. Les intérêts de la RCA et des Centrafricains sont relégués au second plan. 

 

     Son indigence politique s’est encore vérifiée à travers son adresse à la nation hâtivement rédigée, sans relief et surtout qui relègue aux calendes grecques le deuil national attendu par les Centrafricains . Drôle de mère et drôles de larmes de crocodile !

    

Enfin c’est à bord des hélicoptères de combat français qui ne combattent rien en RCA que la présidente par intérim a d’abord rejoint l’ambassade de France, puis son domicile. Tout un symbole.

 

Répétons-le : la France ne sortira de son ambiguïté en Centrafrique qu’à son détriment.

 

      Rôle ambigu des Forces internationales en RCA   

 

    La Minusca, depuis le fameux général Babacar Gaye jusqu’à son remplaçant a toujours fait des communiqués de presse pour protester contre la violence et les meurtres en RCA . Quand le chef des opérations militaires de l’ONU, le français Ladsous va là-bas, c’est pour décréter des « zones sans armes » à Bambari ! Les communiqués alambiqués et ce marquage spatial qui se veut intelligent sont un aveu de l’échec patent des forces onusiennes en Centrafrique . De plus en plus de Centrafricains restent persuadés aujourd’hui que les troupes internationales ne sont là que pour faire du tourisme sexuel et s’adonner à différents trafics, d’où l’apparition de ces panneaux d’un nouveau genre qui demandent leur départ pur et simple du pays . En effet, à quoi cela sert-il d’être armé jusqu’aux dents, de disposer de moyens modernes  d’écoute, de couverture aérienne, avec    plus de mille policiers sur les dix mille soldats sur le terrain ? Autant de soldats pour assister à l’agonie du peuple centrafricain, cela laisse perplexe.

 

     Devant l’attitude équivoque des forces militaires internationales, les partis politiques centrafricains sont sortis de leur léthargie pour condamner, exiger le rétablissement des FACA, demander également le départ de ces touristes en treillis, bref parler à l’unisson du peuple centrafricain. Il est aussi temps pour les partis politiques de passer des communiqués de presse aux actes concrets en commun pour mettre un terme aux souffrances du peuple. 

 

     C’est le cœur gros que je demande solennellement aux responsables de l’ONU et de la France de désarmer les milices centrafricaines ou de partir au lieu de verser dans le jeu tortueux, voire suicidaire, d’un gouvernement de transition incapable d’organiser démocratiquement sa sortie programmée d’une  scène politique où les hasards, la pusillanimité et les calculs mesquins l’ont placé .

 

      Nous savons compter nos morts et les enterrer. Quant aux communiqués de presse, avec un peu d’efforts, nous saurons aussi les rédiger. Pas besoin de la France et des forces de l’ONU pour cela.

 

02/10/2015 

                                     .

                                     .

DESARMER OU PARTIR par David KOULAYOM-MASSEYO
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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 18:49

 

 

 

vendredi 02 octobre 2015. 17:41 TU  (La Voix de l'Amérique)

 

Malgré les demandes de la communauté internationale de tenir le calendrier, un report du référendum puis de l’élection présidentielle du 18 octobre devrait être bientôt annoncé. C'est ce que confirme Dieudonné Kombo-Yaya, le président de l'Autorité nationale pour les élections.

 

Ce nouveau report attendu n'est pas une surprise tant les défis logistiques et sécuritaires sont nombreux pour ce scrutin.

 

Près d'1,6 million de Centrafricains se sont déjà enregistrés sur les listes électorales mais des retards existent notamment dans les préfectures de la Lobaye ou de la Vakaga. Le recensement électoral a pris du retard dans l'est du pays.

 

"Il y a des zones où personne ne peut se rendre en voiture. Nos agents doivent y aller en vélo ou à moto", explique le président de l'Autorité nationale pour les élections (ANE)

 

L’interruption des liaisons aériennes vers Bangui empêche aussi la livraison du matériel électoral comme les urnes ou les isoloirs.

 

Les dernières violences à Bangui ont rappelé à tous que l'insécurité reste grande dans le pays, y compris dans les faubourgs de la capitale.

 

"Un glissement électoral est obligatoire", reconnait Dieudonné Kombo-Yaya. "Plusieurs semaines, sans doute, mais l'ANE doit d'abord se réunir avant de décider et de proposer le nouveau chronogramme aux autorités.

 

Le président de l'ANE rencontrera les autorités de la transition d'ici la semaine prochaine pour faire le point avant tout annonce officielle.

 

Catherine Samba Panza a répété lors de son séjour à New-York que des élections devaient avoir lieu d'ici fin 2015.

 

Cela mettrait fin à deux ans d'une transition qui devaient durer quelques mois.

 

Report inévitable des élections en Centrafrique
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