REVUE DE PRESSE AFRIQUE
Par Frédéric Couteau : mercredi 27 janvier 2016
« Je suis abattu, je suis KO », s’exclame le site d’information La Nouvelle Centrafrique (LNC). LNC qui affiche sa colère après le cafouillage électoral de ces derniers jours.
« Evidence pour tout le monde, sauf pour les aveugles, le premier tour des élections présidentielles fut non seulement une farce de grandeur, mais une fraude massive à tous les niveaux. La même chose pour les drôleries des législatives. […] Et en dépit de toutes les magouilles, soupire LNC, le Conseil constitutionnel de transition (CCT), valide le premier tour, ce qui mettra en lutte deux ex Premier ministre, à savoir Anicet Dologuélé et Faustin Touadera. Et la surprise du chef, c’est l’annulation des législatives, pour fraudes massives ! Du coup, s’exclame le site centrafricain, soit on rigole, ou soit on rigole ! Car, si les législatives sont annulées, les présidentielles doivent l’être aussi, estime LNC. Il y a eu des magouilles et truquages à grande échelle dans les deux élections. »
L’Observateur Paalga au Burkina n’y va pas non plus par quatre chemins… « Des élections à l’image de la situation du pays : un véritable bordel, lance le quotidien burkinabé. Le mot peut choquer, mais c’est hélas la triste image que renvoient ces élections. Certes, avec un Etat, où à l’image de la cour du roi Pétaud tout le monde est chef et personne ne gouverne, une administration exsangue, sinistrée par des années de crise, une classe politique aux querelles picrocholines et la menace permanente des milices, la République centrafricaine revient de loin, de très loin. Dans un tel capharnaüm, il ne fallait pas s’attendre à des élections aussi libres, transparentes et crédibles que l’exigent les canons de la démocratie. »
Magouilles et tripatouillages…
Le site Guinée Conakry Infos constate aussi les dégâts… « Ainsi, la magouille politique et le tripatouillage électoral auront eu raison des législatives centrafricaines. […] Le 31 janvier prochain donc, suite aux résultats proclamés par la Cour constitutionnelle et l’annulation déclarée des législatives, la RCA a de nouveau un double rendez-vous : le second tour de la présidentielle et le scrutin législatif à reprendre. Les conséquences financières de cette annulation ne sont pas encore totalement évaluées par l’Autorité nationale des élections, mais les remous politiques de contestation se font déjà vivement entendre. » Et Guinée Conakry Infos de conclure : « pourvu que tout s’arrête aux combats d’idées, et que plus jamais, les Centrafricains ne choisissent les combats d’épées ! »
Comment en est-on arrivé là ? Eléments de réponse avec Ledjely.com : « avec une histoire rythmée par des coups d’Etat à répétitions et des conflits nés de l’instrumentalisation des égos démesurés, de la cupidité, de l’absence de vision et de l’obsession pour le pouvoir des acteurs politiques centrafricains, la RCA est toujours incapable d’assumer sa souveraineté en organisant une élection relativement acceptable. La faute, estime Ledjely, à une élite qui s’est davantage préoccupée de son propre enrichissement au détriment de la construction sur l’étendue de tout le pays d’infrastructures routières permettant de relier les différentes localités et de désenclaver certaines zones rurales. La faute aussi à une classe politique qui, dans son ensemble, est prête à toutes les combines pour arriver à l’objectif entrevu. Ainsi, aussi paradoxal que cela puisse l’être, beaucoup de candidats qui ont crié à la fraude étaient eux-mêmes impliqués dans les manœuvres tendant, entre autres, à bourrer les urnes et à acheter les consciences. »
Repartir de zéro…
Alors, conclut Ledjely, « qu’il soit Dologuélé ou Touadera, le futur président ne doit pas se leurrer. La tâche qui l’attend est gargantuesque. Il ne s’agira pas, comme c’est le cas dans certains pays, de poursuivre un travail resté inachevé. Il sera plutôt question de repartir de zéro. Car les cinquante premières années relèvent d’une sorte de préhistoire qu’il est préférable de jeter dans les oubliettes, en vue de poser les fondations pour le nouveau départ, en phase avec un nouveau Centrafricain qu’il faudra également réinventer. »
Enfin, pour Le Pays au Burkina, « la Communauté internationale doit peser de tout son poids, pour un meilleur encadrement de la suite du processus afin que ces élections se passent au mieux et ne marquent pas le début d’une autre crise et d’une autre ère d’instabilité. Il faut sauver l’essentiel en parachevant l’élection présidentielle dans de meilleures conditions. Pour cela, les acteurs politiques centrafricains aussi devraient accepter de sacrifier un peu de leurs ambitions personnelles pour parvenir à une solution négociée. Mais, en aucun cas, prévient Le Pays, il ne faudrait se détourner des urnes pour reprendre les armes. »
ELECTIONS EN RCA : Quels enseignements ?
http://www.ledjely.com/ Par ledjely.com le 27 janvier 2016
Que retenir des élections générales centrafricaines du 30 décembre 2015 ? Ont-elles été transparentes et exemptes de tous reproches ? Certainement pas. Autrement, la Cour constitutionnelle n’aurait pas pris la décision lourde de conséquences d’annuler le premier tour des législatives. Cependant, à en croire la haute juridiction, tout n’aura pas été noir. Ainsi, les résultats provisoires de l’Autorité nationale des élections (ANE) sont confirmés en faveur d’Anicet Georges Dologuelé et Faustin Archange Touadera, qualifiés pour le second tour de la présidentielle. Difficile donc d’établir une tendance générale. Une certitude cependant ? La sentence de la Cour constitutionnelle est révélatrice des défis qui sont ceux de la Centrafrique et du futur du président.
Pour cerner les leçons à tirer de ces consultations électorales, il convient de mettre de côté la présidentielle dont on imagine qu’elle n’a pas été avalisée par la Cour constitutionnelle parce qu’elle a été totalement transparente et crédible. D’autres considérations prenant notamment en compte les enjeux autrement plus importants de l’élection présidentielle, ont certainement pesé dans la balance. Mais les irrégularités mises en évidence par certains candidats et confirmées par la Cour constitutionnelle au sujet des élections législatives suffisent à se faire une idée des problèmes auxquels la Centrafrique reste encore confrontée, près d’une soixantaine d’années après les indépendances. Avec une histoire rythmée par des coups d’Etat à répétitions et des conflits nés de l’instrumentalisation des égos démesurés, de la cupidité, de l’absence de vision et de l’obsession pour le pouvoir des acteurs politiques centrafricains, le pays est toujours incapable d’assumer sa souveraineté en organisant une élection relativement acceptable.
La faute à une élite qui s’est davantage préoccupée de son propre enrichissement au détriment de la construction sur l’étendue de tout le pays d’infrastructures routières permettant de relier les différentes localités et de désenclaver certaines zones rurales. La faute aussi à une classe politique qui, dans son ensemble, est prête à toutes les combines pour arriver à l’objectif entrevu. Ainsi, aussi paradoxal que cela puisse l’être, beaucoup de candidats qui ont crié à la fraude étaient eux-mêmes impliqués dans les manœuvres tendant, entre autres, à bourrer les urnes et à acheter les consciences. Une dernière responsabilité incombe à tous ceux dont les agissements ont empêché la Centrafrique de disposer d’une administration structurée, efficace, compétente et au service exclusif de l’intérêt supérieur du pays. Si plus de 50 ans après les indépendances, les fonctionnaires de ce pays ne sont toujours pas capables de remplir un procès-verbal, cela atteste de l’anarchie, du laisser-aller et du désordre caractéristiques d’un certain non-Etat. Le déficit abyssal en termes d’éducation et de formation est également en cause.
Qu’il soit Dologuélé ou Touadéra, le futur président n’a pas se leurre donc. La tâche qui l’attend est gargantuesque. Il ne s’agira pas, comme c’est le cas dans certains pays, de poursuivre un travail resté inachevé. Il sera plutôt question de repartir de zéro. Car les cinquante premières années relèvent d’une sorte de préhistoire qu’il est préférable de jeter dans les oubliettes, en vue de poser les fondations pour le nouveau départ, en phase avec un nouveau Centrafricain qu’il faudra également réinventer.
Boubacar Sanso Barry