Centrafrique: journée "ville morte" à Bangui contre l'ONU à l'appel de la société civile
AFP / 24 octobre 2016 15h09 - Une journée "ville morte" était suivie lundi dans plusieurs quartiers de Bangui à l'appel d'un collectif de la société civile centrafricaine pour demander le retrait de la force de l'ONU (Minusca), accusée de "passivité" face aux groupes armés, a constaté un correspondant de l'AFP.
Lundi matin, des Banguissois avaient érigé des barricades dans plusieurs quartiers pour bloquer la circulation des taxis. De nombreux commerces étaient fermés, ainsi que les banques. Aucun incident n'avait été signalé en milieu de matinée.
"En restant à la maison, la population va marquer son adhésion aux actions de la société civile demandant le retrait de la Minusca, et le ras-le-bol devant les tueries qui gagnent presque tout le pays", a déclaré à la presse le coordonnateur de la Société civile, Gervais Lakosso.
"La mandat de la Minusca est clair, il vise à réduire la présence des groupes armés. Mais, c'est là où les forces onusiennes existent qu'il y a des tueries (...) La Société civile estime que la Minusca fait preuve de passivité et de complicité", a-t-il accusé.
La Minusca, qui compte plus de 10.000 soldats et policiers, a rejeté avec vigueur de précédentes accusations analogues.
"Il ne faut pas mentir aux Centrafricains et dire qu'on a des forces armées (centrafricaines) qui pourront défendre les Centrafricains. C'est mentir aux Centrafricains que de ne voir que les problèmes et de ne pas voir les actions", a souligné le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, dans un entretien à Radio Ndeke Luka.
Le gouvernement a de son côté condamné l'initiative de la coordination de la société civile.
Des attaques de groupes armés dans plusieurs localités de province ont fait plusieurs dizaines de morts ces dernières semaines.
La Centrafrique peine à se relever du chaos de la guerre civile provoquée en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par des rebelles séléka ("coalition" en sango) majoritairement musulmans, qui avait entrainé une contre-offensive des milices anti-balaka majoritairement chrétiennes.
L'intervention de la force française Sangaris et de la Minusca a certes réduit l'intensité des massacres mais n'a pas réussi à stabiliser la situation sécuritaire dans ce pays classé parmi les plus pauvres au monde.
Bangui ''ville morte'' ce lundi, pour exiger le départ des casques bleus
APA Bangui (Centrafrique) 24/10/16 - La ville de Bangui est paralysée ce lundi par le mot d’ordre de ville morte décrété par le groupe de travail de la société civile, exigeant le départ des casques bleus, accusés d’inefficacité.
Selon le coordonnateur du groupe de travail de la société civile, Gervais Lakosso, les Centrafricains manifestent pacifiquement pour exiger le départ des casques bleus mais également dénoncer la complicité du gouvernement avec la mission onusienne à cause du manque de mesure concrète pour enrailler l’insécurité.
Des tentatives de marches ont été bloquées par les forces de défense par des tirs d’armes, tôt ce lundi empêchant les populations de vaquer à leurs occupations.
Le gouvernement qui a appelé la population a ne pas respecter cette journée ville morte n’a pas eu gain de cause puisque par crainte d’être brutalisé, les habitants de Bangui sont restés chez eux.
Les grandes artères s de la ville sont restées vides et les activités bloquées.
Cette journée ville morte est lancée alors que le monde célèbre ce lundi 24 octobre la journée internationale des Nations Unies.
Des heurts meurtriers en Centrafrique
Max Allaroum, BBC Afrique, Bangui
Une intervention des soldats de la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA) contre une manifestation de la société civile centrafricaine s'est soldée par la mort de trois personnes.
Les heurts entre les manifestants et les casques bleus - les soldats de l'ONU - ont également fait trois blessés par balle, selon la police centrafricaine.
Des organisations de la société civile ont appelé les Centrafricains à observer une journée "ville morte" ce lundi, pour exiger le départ des forces de la MINUSCA.
Le Groupe de travail de la société civile accuse les casques bleus de manquer à leur devoir de protection des civils.
Les heurts ont éclaté lorsque les casques bleus sont intervenus pour dégager des barricades dressées par les manifestants.
Des membres du gouvernement centrafricain, dont le Premier ministre Mathieu Simplice Sarandji, avaient appelé au boycott du rassemblement des organisations de la société civile et de la journée "ville morte".
Aucun service public n'a fonctionné ce matin, car les habitants de Bangui sont restés à la maison, obéissant au mot d'ordre de la société civile.
"Le départ de la MINUSCA, c'est le vœu de l'écrasante majorité des Centrafricains (…) La principale mission de la MINUSCA, c'est de réduire les groupes armés. Sur le terrain, on constate l'exact contraire. On constate la montée en puissance des groupes armés", a dénoncé l'un des organisateurs du rassemblement de la société civile, Gervais Lakosso.
"Il y a des tueries tous les jours. On a dénombré des milliers de morts", a-t-il soutenu.
La Mission des Nations unies en Centrafrique nie les accusations des organisations civiles centrafricaines.
"La force de la MINUSCA est impartiale (…) Lors des récentes violences à Kaga-Bandoro (centre), elle a démontré son impartialité", a fait valoir son porte-parole, Vladimir Monteiro.
"Grâce à son impartialité, la force de la MINUSCA a contribué à la stabilité de ce pays. La preuve : la réussite du processus électoral et la fin des tueries de masse", a-t-il soutenu.
La société civile centrafricaine a fait signer une pétition qui exige le retrait des casques bleus de la Centrafrique.
Selon ses leaders, la pétition aurait recueilli plus de 30 000 signatures en 72 heures.