Centrafrique : Le gouvernement et la Minusca accusent des politiques de manipuler la ville morte
http://rjdh.org/ PAR SYLVESTRE SOKAMBI LE 26 OCTOBRE 2016
BANGUI, 26 octobre 2016 (RJDH)–La ville morte du lundi dernier relève de la manipulation. C’est la position du gouvernement centrafricain et de la mission onusienne qui accusent des politiques d’être derrière ce mouvement.
Le gouvernement centrafricain a qualifié de plan funeste, la manifestation du lundi dont l’objectif selon l’exécutif est de troubler l’ordre public, « certains hommes politiques tapis dans l’ombre et se cachant sous la bannière de la société civile tentent une fois de plus, de troubler l’ordre public chèrement acquis par le peuple Centrafricain. Les manifestations et appels à la désobéissance civique de ce lundi 24 octobre s’inscrivent en droite ligne du plan funeste ourdi par ses hommes politiques connus des services de la police et de la Justice », a précisé la déclaration sans citer de nom.
Pour le pouvoir de Bangui, l’objectif des initiateurs de la ville morte, était de déstabiliser les institutions issues des élections qu’il qualifie d’exemplaire sur le continent africain. La déclaration du gouvernement accuse les hommes politiques ayant du mal à digérer leur échec, de vouloir « aggraver les maux dont souffre le Peuple centrafricain depuis plusieurs années déjà ».
La Minusca aussi s’inscrit dans la logique du gouvernement. Le porte-parole de la mission onusienne, Vladimir Montéiro lors de la conférence de presse hebdomadaire de ce jour, évoque et soutient la thèse de complot ourdi par ceux qu’il qualifie « d’ennemis de la paix ».
L’URCA, principal parti de l’opposition, dans un communiqué de presse, passe sous silence ces accusations et appelle à la tenue d’une rencontre entre le Chef de l’Etat et les forces vives de la Nation. Cette formation politique estime que si l’implication de la Minusca est avérée dans l’assassinat des manifestants, cela constitue une « forfaiture » que la République doit dénoncer en exigeant des sanctions.
Même si la Minusca et le gouvernement tentent de minimiser les effets de la ville morte, le constat révèle que le mot d’ordre a été largement suivi. De l’avis de nombreux observateurs, l’exécutif centrafricain et la Minusca doivent tirer les leçons nécessaires et apporter les réponses à ce ras-le-bol surtout que l’image de la mission onusienne en est sortie davantage écornée.
Centrafrique : La journée ville morte était inopportune, selon Diane Prisca Rénazou
http://rjdh.org/ PAR JEAN FERNAND KOENA LE 26 OCTOBRE 2016
BANGUI, 26 Octobre 2016(RJDH)—Un jour après la ville morte initiée par le Groupe de Travail de la Société Civile (GSTC), Diane Prisca Rénazou présidente du Parti Carrefour Démocratique Centrafricain pour le Développement a condamné cette initiative et souligné qu’elle était intempestive pour un pays qui sort d’une longue crise.
Après la ville morte qui a fait des victimes lundi 24 octobre à Bangui, l’opinion est partagée sur la nécessité d’une telle manifestation. Invitée du RJDH, Diane Prisca Rénazou présidente du Parti Carrefour Démocratique Centrafricain pour le Développement (PCDCD) a jugé que cette manifestation pour réclamer le départ des Nations-Unies n’était pas favorable compte tenu du climat sécuritaire dans le pays.
Elle a déclaré que « la journée du lundi 24 octobre était inopportune pour l’organisation d’une ville morte en Centrafrique à mon avis. D’abord, parce que la RCA sort d’une crise, ensuite le pays marque son retour à la légalité constitutionnelle par l’élection du Président de la République et celle des Députés ».
Face à certaines défaillances de la Minusca relevées par le Groupe de Travail de la Société Civile, Diane Prisca Rénazou reconnait qu’ « il est vrai qu’à l’orée de tout cela, il y a des exactions commises par les ex Séléka sur la population de Kaga-Bandoro et dans d’autres préfectures que nous condamnons. Mais la solution n’est pas une ville morte, puisque nous sommes dans un pays où tout est à reprendre ».
Diane Prisca Rénazou souhaite que « la société civile puisse se retrouver avec les forces vives de la Nation autour du Chef de l’Etat et ensemble, discuter de cette problématique. Mais, réclamer une ville morte, est néfaste pour l’économie centrafricaine ».
La présidente du PCDCD au même titre que le pouvoir de Bangui a accusé l’opposition politique Centrafrique d’avoir manipulé le GTSC. « Quand la Séléka était là, pourquoi cette société civile n’a pas mené ce genre d’activité ? Et c’est maintenant avec le retour à l’ordre constitutionnel qu’elle commence à s’agiter ? (…) Oui, je vous l’affirme, il y a des politiques véreux derrière cette agitation ».
Elle n’a pas manqué d’ajouter que cette manifestation de lundi était « simplement un coup bas au pouvoir de Touadera pour lui barrer la route, parce que nous savons que notre pays est dans une situation très difficile, car l’aide des partenaires est indispensable au développement de la RCA post-conflit. On ne pourra pas organiser le DDRR sans financement externe ».
La République Centrafricaine était à la une de l’actualité mondiale suite à manifestation hostile à la Minusca qui a fait des morts et plusieurs blessés. Le pouvoir et la Minusca imputent la responsabilité des morts à la société civile et l’opposition politique./
Jean Fernand Koena et Ferdinand Bounguele.
Centrafrique : Les déplacés de Kaga-Bandoro exigent du gouvernement le retour de la paix
http://rjdh.org/ PAR NOURA OUALOT LE 26 OCTOBRE 2016
BANGUI, 26 Octobre 2016(RJDH) —- Délocalisés sur le site des déplacés de Benz-vi, les déplacés de Kaga-Bandoro arrivés à Bangui se plaignent de leur condition de vie, surtout leur santé qui est menacée. Une plainte exprimée ce mercredi 26 octobre au RJDH par le délégué de ces déplacés, Jean Bosco Ngouakouzou qui sollicite l’aide du gouvernement et des ONG nationales et internationales.
La situation sociale des déplacés de Kaga-Bandoro est précaire. Relocalisés sur le site de Benz-Vi, il y a 2.186 ajouté à ceux qui ont fui les violences dans le chef-lieu de la Nana-Gribizi. Ils déplorent leur condition de logement qui les expose aux maladies.
Leur délégué, Jean Bosco Ngouakouzou a souligné au RJDH qu’ils ont été bien accueillis par leurs frères déplacés qui étaient là avant eux, sauf qu’il n’y a pas assez de place pour les contenir tous, aussi il n’y pas de distribution alimentaire. « Nous dormons sur des nattes sans moustiquaires. Il n’y a pas de volet dans ce sens pour nous assister. A cela, s’ajoute le manque de distribution de vivres et de logements, car les dortoirs sont insuffisants. Ceux qui viennent de nous rejoindre n’ont pas de place pour dormir », a déploré ce dernier.
Il a invité le gouvernement de ramener le calme à Kaga-Bandoro pour faciliter leur retour dans leur localité d’origine. « Bien sûr que nous recevons des aides, mais nous souhaitons regagner notre ville pour nous permettre de reprendre nos activités. Et nous demandons aux ONG de continuer à nous soutenir car nous sommes sans force. Qu’elles nous emploient pour des travaux afin de subvenir à certaines de nos charges pour oublier ce que nous avons vécu ».
Près de 300 déplacés de Kaga-Bandoro étaient relocalisés sur le site de Benz-Vi, actuellement, il ne reste que 103 sur l’emplacement. L’un d’eux retrouvé ce matin chez le chef du quartier de Gobongo2 dit regagner son frère à Fouh suite à des difficultés qu’il a sur le nouveau site.
Interrogé sur le refus des déplacés d’habiter sur le site de Benz-Vi, le délégué rejette l’accusation et évoque le non-respect des principes et de la réglementation qui régissent un camp de déplacés. Pour lui, ils ont volontairement décidé de regagner le quartier. « Ceux qui créent ces problèmes-là, sont ceux qui ne veulent pas respecter les règles prescrites sur ce site. Il est interdit à tout le monde d’être à cheval entre le site et les familles d’accueil. Et bon nombre de ceux-là seraient les jeunes du quartier », a-t-il expliqué.
Des informations reçues auprès du juge du chef du quartier Gobongo2, les déplacés « continuent de venir à Bangui, mais comme nous n’avons plus ce pouvoir de les enregistrer, nous les orientons sur le site ».
C’est après une semaine de séjour à Gobongo que ces déplacés sont relocalisés samedi 22 Octobre sur le site de Benz-vi. Ils souhaitent tous regagner Kaga-Bandoro.