PAR JEAN FERNAND KOENA LE 12 JANVIER 2017
BANGUI, 12 Janvier 2017(RJDH)—Le président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), Martin Ziguélé dans une interview accordée au RJDH a appelé à la restructuration de l’union sacrée proposée par Faustin Archange Touadera. Il a évoqué l’accord politique avec Touadera et promet donner la réponse de son parti à la demande de François Bozizé d’obtenir un dialogue politique inclusif. Position exprimée ce 10 janvier 2017 à Bangui.
Monsieur Martin Ziguélé bonjour !
MZ : bonjour !
RJDH : Comment vous appréciez aujourd’hui les neuf premiers mois au pouvoir de votre allié Touadera ?
MZ : Je vous remercie, je voudrais d’abord souhaiter une excellente année 2017 à tous nos compatriotes et ceux qui nous écoutent. Entre les deux tours de l’élection présidentielle qui a eu lieu en 2016, le MLPC sur décision unanime de son bureau politique a décidé de soutenir le candidat Faustin Archange Touadera. Nous avons signé l’accord politique le 6 mars pour le soutenir. Jusqu’à preuve du contraire, nous restons dans l’esprit et dans la lettre de l’accord politique. Nous avons tenu notre conclave le 17 et le 18 décembre 2016 et le MLPC a décidé de continuer dans cet accord politique.
Vous me demandez comment j’apprécie les performances du président Faustin Archange Touadera ces dix derniers mois. Je dois dire que personne n’ignorait les défis et l’immensité des problèmes auxquels notre pays faisait face après ces élections. Nous pensons que beaucoup de chose ont été faites dans le cadre de la normalisation politique, parce que nous pensons que des institutions ont été mises en place, le processus d’élection des représentants du peuple est allé jusqu’à son terme. Nous avons une Assemblée Nationale élue, un président de l’Assemblée, nous sommes en train de voter à l’Assemblée les textes pour mettre en place les institutions prévues par la constitution, parce que vous savez qu’un pays repose sur des institutions.
Sur le plan économique, il y a eu le sommet de Bruxelles qui a permis à notre pays de présenter et de défendre devant la communauté financière internationale un plan de consolidation et de relèvement de la paix en République Centrafricaine. Il y a eu succès sur le plan des annonces. Le plus important aujourd’hui, c’est la sécurité qui comporte deux volets : la RSS et la Sécurité. On aurait souhaité que les avancées soient rapides en matière de sécurité, mais la paix c’est comme la santé, lorsque vous l’avez perdue, le retour à la normale prend un certain temps. Mais nous au MLPC, nous pensons qu’aucune économie ne sera faite sur le plan de notre engagement pour que notre pays retrouve la paix.
Je le dis parce que sans la paix et la sécurité, tous les défis, toutes les promesses, tout ce que les hommes de bonne volonté peuvent vouloir faire pour ce pays ne pourra pas aboutir, c’est pourquoi notre contribution à la paix est essentielle et c’est pour cela que nous poussons la roue pour que la cause de la paix avance.
RJDH : Votre parti avait signé un accord politique avec Faustin Archange Touadera, comment le MLPC apprécie aujourd’hui la mise en œuvre de cet accord ?
MZ : Vous savez que dans un mariage, il y a toujours à un moment donné des ajustements à faire, pour se mettre d’accord sur la manière d’appréhender tel ou tel problème, soit telle ou telle solution. Mais nous sommes un parti mature, le MLPC existe depuis 1979, nous avons 37 ans d’existence et d’expérience de la vie et nous savons que ce n’est pas parce que quelqu’un est à la tête de l’Exécutif qu’il peut tout faire et nous avons pris tout à fait librement en âme et conscience de soutenir le candidat Faustin Archange Touadera qui est devenu le président de la République. Mais, nous savons que dans un accord politique tout ne peut pas être parfait, mais nous faisons de sorte que chaque fois que nous pensons qu’il y a des choses à discuter, à partager et à redresser, nous ne faisons pas l’économie de la démarche pour faire discuter et avancer les choses. La base du parti est fidèle à la direction du parti, puisque ce conclave-là m’a renouvelé sa confiance à l’unanimité, c’est-à-dire que les engagements et la prise de position du parti ne sont pas faits par Martin Ziguélé en tant qu’individu, mais c’est une démarche du MLPC.
La vie d’un pays c’est un long fleuve, il y a des moments où le pays est dans une situation tellement critique que vous devez faire abstraction d’un certain nombre de principe classique pour pousser à arriver à la paix. Le sacrifice que le MLPC fait, c’est de faire que cette alliance constitue peut-être un socle de stabilité, un point d’appui pour avancer sur le fond de la sécurité, sur le fond de la bonne gouvernance, de l’amélioration des conditions des Centrafricains et sur le fond de l’intérêt général parce que nous agissons en politique pour l’intérêt général.
RJDH : Vous semblez demander l’ajustement de l’accord politique que vous avez signé avec Touadéra ?
MZ : Ce n’est pas ce que j’ai dit. Je dis que la vie est un ajustement continu. Si hier vous avez fait beaucoup de dépense aujourd’hui vous tentez d’en faire moins, si aujourd’hui vous ne faites pas beaucoup de dépense, demain vous allez dire comment hier je n’ai pas fait beaucoup de dépense aujourd’hui je peux faire plus. Donc le MLPC est dans une alliance politique, elle est quelque chose de dynamique et il y a tous les jours de sujets de discussion et de débat. Mais en général, la direction politique du MLPC, le bureau politique, l’ensemble des structures de direction du parti ont répété le 17 et 18 décembre que nous restons dans l’alliance politique. Si nous avons de débat à faire, nous le ferons avec nos partenaires, il ne s’agit pas de discordance.
RJDH : Faustin Archange Touadera a demandé l’union sacrée et le désarmement négocié avec les groupes armés. Quelle lecture faites-vous au MLPC de cette vision ?
MZ : Le MLPC a toujours dit qu’une maison divisée coure à sa propre perte. Nous avons connu beaucoup de problèmes dans notre pays, nous avons connu une longue crise dont nous ne sommes pas d’ailleurs encore sortis et je pense que c’est une option de sagesse que de créer l’union la plus large possible des sensibilités politiques, des acteurs politiques, des forces vives de la nation pour que des sujets essentiels comme tenant à la sécurité du pays comme je disais tout à l’heure tant qu’il n’y a pas de sécurité il n’y a pas de pays, tel que le sujet sur le DDRR, la RSS, les sujets économiques parce que l’une des causes de l’instabilité politique c’est la misère grandissante et toujours grandissante de notre pays, de l’amélioration qualitative de la gouvernance dans notre pays là pour que chaque centrafricain voit l’amélioration de cette gouvernance dans son quotidien pour croire aux institutions et à l’Etat.
Donc ces différents chantiers sont des chantiers évident j’allais dire, cela tombe sous le bon sens. Je pense qu’autour de ces grands principes et chantiers, il doit y avoir un grand partage favorable d’opinion, c’est ce que j’appelle l’union sacrée. Mais il faut restructurer, il faut déterminer les objectifs, déterminer les mécanismes de fonctionnement et de prise de décision parce qu’en politique il faut toujours décider. Il faut le parfaire !
RJDH : Donc selon vous cette détermination manque dans l’union sacrée ?
MZ : Je n’ai pas dit que cette détermination manque, mais je dis qu’il faut restructurer davantage cette idée à l’exemple de la périodicité des réunions, des infrastructures qu’il faut mettre en place pour que la superstructure puisse fonctionner. C’est de cela qu’il s’agit mais je n’ai pas dit qu’il manque de détermination, je n’ai pas fait d’appréciation mais je parle d’organisation. Il faut restructurer cette union sacrée en respectant l’esprit et les volontés qui ont décidé de mettre en place cette union sacrée-là.
RJDH : Cette union sacrée doit naturellement partir de la majorité présidentielle à laquelle vous appartenez. Or la majorité présidentielle peine à s’organiser et à s’affirmer. Ne voyez-vous pas de l’incohérence dans l’union sacrée proposée par Faustin Archange Touadera ?
MZ : Je ne pense pas que je suis le mieux placé pour répondre à cette question. Nous, nous avons signé un accord politique avec le candidat Faustin Archange Touadera, nous avons confirmé notre volonté de rester dans le cadre de cette alliance-là. Nous attendons que nos amis nous invitent à discuter du cadre, de la structure de l’organisation pour que nous puissions avancer.
RJDH : L’ancien président François Bozizé a demandé un dialogue politique inclusif dans un mémorandum le 24 novembre dernier. Le pouvoir de Bangui n’a pas clairement affiché sa position. Etes-vous pour ou contre le dialogue souhaité par François Bozizé?
MZ : J’ai reçu une correspondance du secrétaire général du KNK juste avant la fin de l’année constituée par déclaration sur le dialogue politique inclusif. J’ai saisi l’ensemble des membres du bureau politique avec ce document et nous avons programmé avec la réunion politique hebdomadaire pour en discuter. Parce que nous sommes un parti structuré, nous avons été saisis par un autre parti politique d’une question politique, il ne s’agit pas de donner une opinion personnelle en tant que Martin Ziguélé mais ce sera une opinion du MLPC et elle sera rendue publique et en ce moment-là vous serez informé.
RJDH : Monsieur Martin Ziguélé je vous remercie.
MZ. C’est Moi qui vous remercie!
Propos recueillis par Jean Fernand Koena
Centrafrique : Le mouvement armé 3R accusé de renforcer ses dispositifs dans le nord
PAR BIENVENUE MARINA MOULOU-GNATHO LE 12 JANVIER 2017
BOCARANGA, 12 Janvier 2017(RJDH) –Le mouvement armé dirigé par le général Sidiki aurait reçu des renforts venus de certains pays limitrophes de la Centrafrique. L’accusation est portée par des sources proches des Anti-Balaka basés dans le Nord du pays.
Des sources non officielles contactées dans la région Nord de la République Centrafricaine, parlent d’arrivée massive de combattants armés dans la ville de Koui sous contrôle du général Sidiki. Il s’agirait selon les mêmes sources des renforts reçus par ce groupe armé accusé de commettre de graves exactions contre les civils dans la région.
Contacté par RJDH, le commandant des Anti-Balaka de la région du Nord confirme l’information, « nous avons appris que 3R a reçu des renforts venus de N’Gaoundéré et autres et qu’il se prépare à attaquer notre position pour contrôler l’Ouham-Pendé », confie-t-il. Les Anti-Balaka du nord disent se préparer pour faire face à toute éventualité « nous nous sommes préparés pour contrecarrer toute attaque venant des élément de 3R », fait-il savoir.
Bachir, porte-parole de 3R a rejeté ces accusations qui, selon lui relève de l’imaginaire « tout ce qui se dit contre nous est faux ». Il accuse plutôt les Anti-Balaka de préparer une attaque contre le mouvement 3R, « les différents groupes Anti-Balaka sont en train de se rassembler autour de Koui. Ils veulent nous attaquer c’est pour cela qu’ils cherchent des alibis » avance Bachir de 3R.
L’information sur d’éventuels renforts reçus par le mouvement armé 3R circule 6 jours après un affrontement entre ce mouvement et les Anti-Balaka du nord. Le 14 décembre dernier, les députés de la région, ont engagé des discussions avec ces deux groupes armés.
Centrafrique : Une aide d’urgence d’un million de dollars octroyée au PAM
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PAR ANGELA PASCALE SAULET YADIBERET LE 12 JANVIER 2017
BANGUI, 12 janvier 2017(RJDH)—Un million de dollars américain soit 550 millions de Fcfa, est retiré de la réserve des fonds humanitaires pour soutenir le Programme Alimentaire Mondial en Centrafrique qui a annoncé fin décembre son incapacité de continuer la fourniture de vivres. L’annonce de l’octroi de ces fonds au PAM a été faite dans l’aperçu humanitaire publié le 04 janvier dernier par la coordination humanitaire.
La procédure du retrait de cet argent des fonds humanitaires, selon le document de Ocha est déclenchée par Fabrizio Hochschild, coordonnateur Humanitaire en Centrafrique. Cette décision, selon des sources humanitaires bien informées, est prise en réponse à l’alerte lancée par le PAM en décembre dernier « nous savons que le PAM a des difficultés pour continuer à soutenir les vulnérables dans le pays. Cet appui est une réponse à l’alerte du PAM », confie une de ces sources.
L’aperçu humanitaire de Ocha dont le RJDH a eu copie, indique que l’aide attribuée au PAM ne couvre que 10% des besoins actuels du PAM qui, selon des données officielles, a besoin de 21,5 millions de dollars pour faire face à la crise conjoncturelle actuelle.
En 2016 le PAM projetait d’apporter son aide à 700 000 personnes. Ce chiffre a dû être réduit à 400 000 par manque de ressources financière.