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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 10:17
Centrafrique : Abdoulaye Issène fait le point sur l’accord signé avec l’UPC

 

 

 

 

PAR BIENVENUE MARINA MOULOU-GNATHO LE 24 OCTOBRE 2017

 

 

IPPY, 24 Octobre 2017(RJDH)—Abdoulaye Issène se félicite de l’évolution de l’opération de démantèlement, soldée par le retour de la paix et des déplacés du centre du pays. Il a aussi salué la proposition de feuille de route de l’Union-Africaine et propose un suivi radical pour le retour de la paix en Centrafrique. Une position exprimée lors d’une interview accordée ce lundi 23 Octobre au RJDH.

 

RJDH : Vous êtes le leader du FPRC et président du Comité National de Défense et de Sécurité. Vous avez signé avec l’UPC la semaine dernière, un accord de cessation des hostilités qui prévoyait le démantèlement des barrières érigées par des groupes armés au centre-est du pays. Ces barrières ont-elles été démantelées ?

 

AI : L’accord que nous avons signé ne couvre que la ville de Ippy et les villages périphéries jusqu’à Maloum. Dans la région, toutes les barrières  ont été démantelées afin de faciliter la libre circulation des personnes et des biens. Les personnes déplacées qui étaient sur les sites, ont pu regagner leurs domiciles. Tout est actuellement dans l’ordre dans la zone.

 

RJDH : Combien de barrières ont alors été démantelées ?

 

AI : Une vingtaine de barrières ont été démantelées pendant l’opération que j’ai moi-même dirigée après la signature de l’accord. Vous savez, la majorité des barrières a été érigée par peur que tel ou tel village soit attaqué par les hommes en armes. Une autre raison c’est juste pour collecter des fonds pour permettre à chaque village de survivre puisque qu’il n y’ a pas l’autorité de l’Etat dans la zone.

 

RJDH : Est-ce que vous avez mis en place un mécanisme de suivi ?

 

AI : Nous venons juste de mettre en place une commission de suivi et de vérification, composée du président de la délégation spéciale de la ville de Ippy, des notables, des religieux et des autres couches sociales, qui forment le comité de gestion de crise. Ces gens vont travailler comme des messagers. Dès que quelqu’un installe une barrière ils vont nous informer afin qu’une solution soit trouvée. Nous voulons que chaque population de Ippy contribue à la restauration et au retour d’une paix durable dans la région.

 

RJDH : Quelle est votre position actuelle par rapport à la feuille de route, proposée par l’Union Africaine ?

 

AI : Nous savons tous que la feuille de route est une proposition de programme que chaque groupe armé doit respecter. Il y’a des conditions qui ont été données dans cette feuille de route qui sont en train d’être discutées. Mais, on attend seulement la conclusion. Nous sommes déjà prêts à respecter cette feuille de route de l’Union Africaine. Le problème que nous avons, est africain et il doit être résolu par des Africains. On a couru partout pour trouver des solutions mais rien. En réalité, seuls les Africains peuvent régler la situation.  Nous avons couru auprès des Nations-Unies, de l’Union Européenne et autre rien à changer. Nous continuions de souffrir, de nous entretuer. Puisque c’est un problème africain, on doit régler cela entre nous Africains et ensuite Centrafricain. Il faut qu’on se pardonne entre nous pour mieux avancer.

 

RJDH : Vous êtes actuellement à Ippy, le Secrétaire Général des Nations-Unies Antonio Guterres est arrivé à Bangui, et il ira aussi à Bambari. Souhaiterez-vous le rencontrer une fois à Bambari ?

 

AI : Peut-être à Bria oui mais Ippy est très loin de Bambari. Actuellement je m’apprête pour retourner à Bria. Donc si c’était Bria qu’il allait se rendre on pourrait en profiter pour discuter avec lui.

 

RJDH : Pensez-vous que son arrivée va apporter une solution à la crise que traverse actuellement le pays ?

 

AI : Peut-être oui, mais nous avons reçu la visite de plusieurs personnalités qui n’ont même pas résolu le problème. Je dis et je le redis, la crise centrafricaine vient de nous-même et non d’ailleurs. Ce sont les Centrafricains qui doivent la résoudre.

Ce n’est pas  Guterres, Donald TrumpMacron qui viendra ramener la paix en Centrafrique. Lorsque le Pape était venu, Mokom et moi, on s’est salué mais qu’est ce qui a changé après, rien. Il faut qu’on s’accepte, le journaliste que tu es doit accepter Abdoulaye et moi aussi je vous accepte. C’est la solution. Si vous avez la chance d’arriver aujourd’hui à Ippy, vous verrez qu’il y’a l’ambiance, parce que les gens se sont acceptés.

 

RJDH : Abdoulaye Issène, je vous remercie!

 

AH : C’est à moi de vous remercier !

 

Propos recueillis par Bienvenue Marina Moulou-Gnatho.

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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 03:37
Centrafrique - Jean-Pierre Tuquoi : "Si rien n'est fait, le clivage religieux va s'imposer"

 

 

 

 

24/10/17 (Le Point)

 

Que sait-on vraiment de la Centrafrique ? Dans d'"Oubangui-Chari, le pays qui n'existait pas", Jean-Pierre Tuquoi nous plonge dans les entrailles de son histoire. Il s'est confié au Point Afrique.

 

 

Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, est en Centrafrique ce mardi, un pays qui symbolise l'instabilité d'une certaine Afrique. Il va trouver un pays meurtri, longtemps demeuré une tâche blanche au cœur de l'Afrique, un pays qui peine à sortir de la nuit dans laquelle il semble avoir été plongé dès l'origine. Dans son ouvrage Oubangui-Chari, le pays qui n'existait pas, paru cette année aux éditions La Découverte, Jean-Pierre Tuquoi, ancien journaliste au Monde, retrace l'histoire tourmentée de ce qui est devenu depuis la République centrafricaine. Un ouvrage passionnant, parfois romanesque, toujours tragique, qui éclaire d'un jour nouveau l'actualité. Il a répondu aux questions du Point Afrique.

 

 

Le Point Afrique : Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, se rend en Centrafrique du 24 au 27 octobre. Qu'est-ce que ce pays peut attendre d'une telle visite ?

 

 

Jean-Pierre Tuquoi : pas de miracle. Antonio Guterres arrive quelques jours après de nouveaux massacres de civils perpétrés en province. On parle de plusieurs centaines de morts dans un pays où déjà un habitant sur quatre ou sur cinq est un déplacé ou un réfugié. Le secrétaire général de l'ONU sait que les casques bleus sur place – ils sont plus de 10 000 – sont incapables pour maintes raisons de pacifier le pays. Même si leur nombre est accru, le problème demeure. Ce qu'Antonio Guterres peut faire, c'est pousser au dialogue, faire que les groupes armés déposent progressivement les armes et négocient, intervenir également pour que la communauté internationale appuie ses efforts de paix. Le processus sera long.

 

 

Oubangui Chari, le pays qui n'existait pas, c'est le titre de votre dernier ouvrage. Quid de la Centrafrique aujourd'hui ? Existe-t-elle enfin en tant que pays et en tant qu'État ?

 

 

Que la Centrafrique n'existe pas en tant qu'État, tout le monde le sait. Les autorités contrôlent moins de 10 % du territoire et une partie seulement de la capitale. Je suis allé plus loin en écrivant que le pays lui-même n'existe pas. Il y a une part de provocation chez moi, c'est vrai, mais sur le fond je pense avoir raison : le pays, comme entité, comme nation, n'existe pas. C'est une mosaïque de peuples, d'ethnies, chacun avec son histoire, sa culture. Les frontières ont été tracées par le colonisateur. La langue, la religion dominante sont également des legs de la colonisation. Ils n'ont pas eu à se battre pour leur obtenir leur indépendance. Elle leur a été donnée « à l'étourdi », a écrit un écrivain, par la France du général de Gaulle qui voulait se débarrasser de son empire colonial. Je ne vois pas ce qui unit les habitants aujourd'hui. Peut-être qu'avec le temps, à travers les épreuves, un sentiment national va naître. Un pays comme la France, après tout, a mis longtemps à se construire.

 

 

Pour reprendre la célèbre formule de René Dumont, diriez-vous que, dès l'origine, l'Oubangui-Chari, l'actuelle Centrafrique, est mal parti ?

 

 

Dumont parlait de l'Afrique en général même si, dans son ouvrage, il est beaucoup question de la Centrafrique, l'Oubangui-Chari à l'époque. Le constat reste valable. Le potentiel économique n'est pas en cause. Je ne crois pas qu'il existe des pays pauvres et des pays riches en soi. Chacun a des potentialités. La Centrafrique a des ressources. Elle n'est pas plus mal lotie qu'un autre. Son potentiel agricole est réel. Le pays a du diamant, de l'or. La forêt ne demande qu'à être valorisée. Le problème est d'ordre politique.

 

 

À vous lire, la colonisation française en Oubangui-Chari fut particulièrement rude ? Le fut-elle plus qu'ailleurs en Afrique équatoriale Française (AEF), voire en Afrique occidentale française (AOF) ?

 

 

Elle a été rude, très rude. L'a-t-elle été davantage qu'en AOF et dans les autres pays de l'AEF ? Il ne m'appartient pas de distribuer des bons – ou plutôt des mauvais – points. Ce qui est vrai, c'est que l'Oubangui-Chari était « la Cendrillon de l'empire colonial français ». La métropole s'en est très vite désintéressée dès lors que s'effondrait – avec l'affaire de Fachoda – le rêve d'une jonction entre les possessions coloniales françaises de l'ouest et de l'est africaines. L'Oubangui-Chari devait être au centre de ce ruban colonial. Il est devenu une impasse, un cul-de-sac, donc dépourvu d'intérêt. L'État français l'a vendu, concédé, pour un plat de lentilles, à des entreprises privées. Elles se sont payées sur la bête, en employant des méthodes barbares.

 

 

René Maran, André Gide ou encore Albert Londres ont trempé tour à tour leur plume dans les plaies de l'Oubangui-Chari. Qu'ont-ils entendu y dénoncer et ont-ils, à l'époque, été écoutés ?

 

 

Tous ont en commun d'avoir dénoncé, chacun à sa façon, la barbarie coloniale. Ils ont payé cher leur courage. René Maran a dû démissionner de l'administration. Gide a été attaqué avec violence par le lobby colonial. Mais tout a continué comme avant. Sur le fond, leur combat a été vain.

 

 

L'Oubangui-Chari a connu un grand homme : Barthélémy Boganda, le père de l'indépendance. Si sa mort (dans un accident d'avion) n'était pas intervenue prématurément (en 1959), pensez-vous que le destin du pays en aurait été changé ?

 

 

Je crois que oui. Il avait l'étoffe d'un chef d'État. Il avait une vision. Il avait compris que les anciennes colonies qui partageaient une langue – le français – et une religion – le christianisme – devaient se rapprocher et s'unir. Que seuls, elles ne pèseraient pas. Qu'elles devaient regrouper leurs maigres forces pour exister et se développer. D'où son rêve des États-Unis d'Afrique latine, en référence aux pays d'Amérique latine. C'était un beau projet, une magnifique utopie.

 

Lire la suite sur: http://afrique.lepoint.fr/actualites/centrafrique-jean-pierre-tuquoi-si-...

 

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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 03:21
Guterres veut plus d'engagement en Centrafrique

 

 

 

Bangui AFP / 24 octobre 2017 23h50- Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé à la communauté internationale de mobiliser plus de ressources pour la Centrafrique, en entamant une visite de quatre jours dans le pays.



"La communauté internationale ne s'engage pas suffisamment, ne mobilise pas suffisamment ses ressources et ses capacités pour aider la République centrafricaine", a lancé M. Guterres d'une cérémonie d'accueil officielle dans la soirée.



Il a demandé un renforcement de l'effectif des Casques bleus en Centrafrique, où la mission de l'ONU (Minusca) compte 12.870 hommes, dont 10.750 militaires.



"La Centrafrique est prête à assumer ses responsabilités", a assuré de son côté le président centrafricain Faustin Archange Touadéra, saluant "le courage des soldats de la Minusca".



Un dépôt de gerbes en l'honneur des Casques bleus tués au combat en Centrafrique avait eu lieu plus tôt sur la base de la Minusca à Bangui en présence de M. Guterres. 



L'arrivée du secrétaire général en Centrafrique coïncide avec la "journée des Nations unies", qui marque l'entrée en vigueur de la charte de l'ONU.



Antonio Guterres doit se rendra mercredi pour quelques heures à Bangassou (sud-est), dans une région théâtre de massacres à répétition ces dernières semaines qui ont fait des dizaines de morts.



Il y rendra hommage aux six Casques bleus décédés en mai dans la zone, alors que la ville de Bangassou est sous le contrôle depuis mai des milices antibalaka (antimachettes), qui prétendent défendre les chrétiens et affrontent dans les localités environnantes des groupes armés peuls ou/et issus de l'ex-coalition Séléka à dominante musulmane.



M. Guterres s'entretiendra avec des éléments des contingents gabonais et marocains présents sur place et se rendra dans le camp de déplacés de la ville, protégés par les Casques bleus.



A son retour à Bangui, le secrétaire général doit rencontrer des victimes d'abus sexuels et leurs familles alors que les accusations d'agressions sexuelles de Casques bleus sur la population civile se sont multipliées ces derniers mois. Il sera accompagné de Jane Connors, avocate des droits des victimes de l'ONU.



M. Guterres doit s'entretenir avec le président Touadéra et avec le chef de l'Assemblée nationale, Abdou Karim Meckassoua. Les tensions sont vives entre les deux hommes, le camp du premier ayant accusé en juillet le second de fomenter un coup d'Etat.



A Bangui, il rencontra des ONG - cibles régulières des belligérants - opérant sur le territoire, les membres de la plateforme interreligieuse centrafricaine, et des cadres de la société civile.



Le secrétaire général de l'ONU doit s'entretenir jeudi avec les éléments militaires de l'Union européenne qui forment l'armée centrafricaine.



Il se rendra dans le quartier musulman de Bangui, poumon économique de la capitale et vivier de violences dans le passé, le PK5.


(©)

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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 03:09

 

 

 

 

PAR JEAN FERNAND KOENA LE 24 OCTOBRE 2017

 

BANGUI, 24 Octobre 2017(RJDH)—Mauro Garafalo ministre des Affaires Etrangères de la Communauté Sant ’Egidio a dans une interview accordée au RJDH ce 24 octobre plaidé pour que les groupes armés encore sceptique déposent les armes et profitent de l’appui de la communauté internationale dans le pays pour faire la paix. Il a salué l’engagement d’Abdoulaye Miskine grâce à qui l’engagement de ses hommes dans le processus DDRR/RSS est un exemple et exprime sa foi à l’avenir de l’accord de Rome et son avenir quatre mois après sa signature. Un bilan à mi-parcours dans un entretien exclusif avec le RJDH à Bangui.

 

RJDH : Monsieur Mauro Garafalo bonjour !

 

Mauro Garofalo : bonjour monsieur le journaliste

 

RJDH : Vous le représentant de la communauté Sant’ Egidio en mission à Bangui, dites-nous qu’est ce qui reste aujourd’hui  de l’Accord de Sant ‘Egidio signé le mois de juin dernier ? 

 

MG : Quatre mois sont passés de la signature de l’accord de Rome et il reste un accord politique entre les 14 groupes armés présent à Rome et le gouvernement est resté comme un cadre politique pour avancer sur la route du désarmement. Evidemment il reste beaucoup de chose à faire sur le terrain. Tant est si vrai qu’il y a beaucoup de chose à faire à l’intérieur du pays, il faut aussi noter des signes concrets. Normalement, il faut que tout le monde participe au processus de désarment, je pense à l’Union Africaine avec sa feuille de route, je pense aux structures que l’Etat a prévu et Sant ’Egidio essaie de continuer l’application de l’accord dans l’arrière-pays.

 

RJDH : Beaucoup sont ceux qui pensent que l’accord de Rome est obsolète et susceptible d’être mis dans le tiroir. Vous qui avez été à la base des discussions ayant conduit à sa signature qu’en dites-vous ?

 

MG : Je note que quatre mois seulement sont écoulés, c’est le début d’un processus qui va intégrer un processus plus grand, celui de l’Union Africaine et tous les efforts de la Communauté internationale. Je pense que l’accord est vivant et que les premiers signes d’application sont en marche que nous ne quittons jamais et surtout que les organes de suivi présidé par le ministre des Affaires étrangères, c’est un long processus, mais l’instabilité ne date pas de juin 2017, cela remonte de très loin.

 

RJDH : Quatre groupes armés au centre du pays ont signé un accord intergroupe armé après celui de Sant ‘Egidio, comment appréciez-vous cette initiative ?

 

MG : Y a pas beaucoup à commenter, si l’accord signé va dans le sens du désarmement et de la pacification c’est une très bonne chose. On a besoin de la coopération de tout le monde, s’il y a de règlement interne des groupes armés c’est bien mais cela doit aller dans le sens du désarmement. C’est déjà tard, tout le monde doit désarmer. Maintenant, c’est le moment avec la présence des Nations Unies avec les structures qui sont en place et avec les partenaires d’aller vers le désarmement. C’est difficile pour toutes les histoires de contrôle du territoire qui n’est pas de l’Etat.

 

RJDH : Après Rome certains groupes armés absents lors de la signature se sont adhérés à l’exemple du FDPC d’Abdoulaye Miskine. Quel est le degré de coopération de Sant ‘Egidio avec ce groupe armé ? 

 

MG : Je dirai que sur le terrain et dans le cadre de l’application du projet pilote de RSS ça c’est très bien passé, dans le sens qu’immédiatement après la signature de l’accord, Abdoulaye Miskine a donné des ordres à ses hommes de lever des barrières. Cela est très capital pour le commerce et pour la vie quotidienne des habitants de la région. Il faut noter aussi qu’à Bouar, Zoukombo et dans d’autres villes, la première application du projet pilote a eu lieu grâce à l’appui de Sant ‘Egidio. Nous sommes en train d’accueillir la première dizaine des personnes armées qui ont rendu leurs armes. C’est un exemple et les choses doivent avancer dans la réinsertion sociale et militaire. Donc nous espérons que c’est possible de désarmer une centaine des membres d’ici à décembre dans les groupes armés.

 

RJDH : En application des dispositions de l’Accord de Rome, Sant ‘Egidio apporte assistance aux groupes armés. Où en sommes-nous et à quel niveau ?

 

MG : les premières distributions ont lieu soit à Bouar, soit à Zoukombo ou encore à Bangui où il y a des éléments qui ont été cantonnés donc je pense à ces cas renouvelés et d’autres. Nous sommes prêts et on a réaffirmé avec les groupes armés et avec l’Etat à continuer notre appui. Il faut montrer que le processus de désarmement soit à travers le projet pilote soit à travers d’autres initiatives c’est quelque chose de crédible et faisable.

 

RJDH : Certains groupes armés signataires de l’accord de Rome dans le nord du pays se sont montrés hostiles quant à la déposition des armes. Est-ce que la facilitation de votre communauté est attendue pour désamorcer la crise qui mine le processus ?

 

MG : Nous poussons toujours ! On peut pousser avec les négociations ou en donnant l’exemple. Je comprends bien, il y a des experts qui ont bien établi cela, passer d’une économie de guerre du contrôle du territoire à travers l’illégalité à une économie de paix sous contrôle de l’Etat est très difficile. C’est difficile de rendre les armes et rentrer dans la vie quotidienne. Mais cela c’est le vrai effort qu’il faut faire maintenant. Je demande aux groupes armés qui ne se sont adhérés et qui ont des réticences à déposer les armes que c’est le moment maintenant de la faire au moment où tout l’appui de la communauté international est disponible.

 

RJDH : Monsieur Mauro Garofalo je vous remercie !

 

MG : c’est moi !

 

Propos recueillie par Jean Fernand Koena

 

Centrafrique : La Communauté Sant ‘Egidio exhorte les groupes armés réticents à déposer les armes
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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 01:53
Lu pour vous : CENTRAFRIQUE : et si le problème était ailleurs ?

 

 

 

 

http://www.ledjely.com   le 25 octobre 2017

 

 

Pour sa toute première visite à une opération de restauration ou de maintien de la paix, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres a choisi la RCA de Faustin Archange Touadera. Un choix du Portugais dont une des raisons serait de remonter le moral aux casques bleus, particulièrement vomis par les populations. L’autre raison, très liée à cette première, étant par ailleurs qu’Antonio Guterres, voudrait aussi mettre l’occasion à profiter pour marquer la solidarité internationale à l’endroit d’une Centrafrique qui, en dépit des élections qui s’y sont tenues il y a environ deux ans, peine à renouer avec la tranquillité. Dans cette optique, le patron de l’instance internationale devrait d’ailleurs annoncer un renfort de 900 nouveaux casques bleus. Mais à l’évidence, ce ne sera pas là la solution. Parce qu’en réalité, ces mécanismes de pacification des pays africains, sous l’égide de l’ONU, n’ont que très rarement fonctionné. En cela, la RCA ne fait pas exception.

 

 

Ressentiment légitime

 

 

Pour autant, si l’on part du principe que la Mission onusienne en Centrafrique-avec 10.000 hommes et déployée depuis le 15 septembre 2014-a vocation à protéger les civils et à promouvoir et protéger les droits de l’homme, on comprendrait le ressentiment des populations à son égard. En effet, en dépit de ce déploiement, des villes comme Bangassou, Bria, Bambari ou Bossangoa ont continué à enregistrer des violences parmi les plus inouïes. Désertées par l’Etat centrafricain et redoutées par les casques bleus, ces villes sont souvent livrées à la merci des milices qui pullulent dans le pays au gré des dissidences au sein des différentes factions rebelles. Ainsi donc, la présence des soldats de l’ONU n’a apporté aucun répit au martyr que vit la population. Chassés de leurs demeures, violés dans leur chair et dépossédés de leurs maigres biens, les Centrafricains ne ressentent aucun avantage se rapportant à la présence sur leur sol de la Minusca. Pis, quelques casques bleus, poussant le paradoxe à l’excès, auraient abusé d’enfants qu’ils sont censés protéger. Ainsi donc, la colère des populations centrafricaines parait légitime.

 

Irresponsabilité notoire

 

 

Cependant, il n’y pas que l’ONU qui soit en cause. Une nouvelle fois, c’est surtout de l’irresponsabilité notoire de l’élite dirigeante du continent africain dont il est question. Un continent dont l’écrasante majorité des Etats membres, revendique près d’une soixantaine d’années d’indépendance. Mais un continent qui continue à sous-traiter sa propre sécurité. Ainsi, outre la Centrafrique, des soldats de l’ONU, il y en a au Mali et en RDC notamment. Mais forces est de reconnaître que la situation dans ces deux autres pays n’est guère plus reluisante. A des degrés divers, les trois pays font tous face au défi de la sécurité et du retour à la quiétude. Sans cesse engluée dans un déficit chronique de ressources financières, l’Afrique tend la main même quand il est question d’envoyer ses propres enfants. En cela, l’illustration la plus parfaite, c’est bien l’accouchement laborieux de la force sous-régionale du G5 Sahel.

 

Logique du chaos et de l’autodestruction

 

 

A cette effarante naïveté qui revient à confier sa propre sécurité à un potentiel agresseur, vient s’ajouter une tendance plutôt marquée chez les élites du continent à se faire la guerre. Surtout quand le pouvoir est en jeu. Autrement, dans un pays au passif si lourd et au retard si abyssal que la RCA, il n’y aurait aucune raison de s’écharper comme c’est le cas aujourd’hui. Au lieu de recourir à la logique du chaos et de l’autodestruction, les uns et les autres emploieraient plus utilement leurs énergies et intelligences au service de la lutte contre la pauvreté de leur pays et de la misère de leurs compatriotes. Hélas! En Afrique, autour du pouvoir et des richesses auxquelles il donne accès, les frères se font la guerre pour ainsi offrir au monde entier le spectacle dont il a besoin. Et c’est ainsi que la sinistre réputation de l’Afrique risée du monde continue à être entretenue.

 

Boubacar Sanso Barry

 

 

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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 01:47
Arrivée en Centrafrique du secrétaire général de l'ONU

 

 

 

 

Bangui AFP / 24 octobre 2017 21h12- Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, est arrivé mardi après-midi à Bangui, en Centrafrique, pour sa première visite d'une opération de maintien de la paix depuis sa prise de fonctions en janvier.

"Il n'y a rien de plus précieux que la paix, rien de plus noble que de travailler pour maintenir la paix, même si ce travail signifie le sacrifice des vies", a déclaré M. Guterres mardi soir à Bangui dans la base de la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca), lors d'une cérémonie de dépôt de gerbes en l'honneur des Casques bleus tués au combat.


L'arrivée du secrétaire général en Centrafrique coïncide avec la "journée des Nations unies", qui marque l'entrée en vigueur de la charte de l'ONU.


Présent quatre jours dans le pays, Antonio Guterres se rendra mercredi pour quelques heures à Bangassou (sud-est), dans une région théâtre de massacres à répétition ces dernières semaines qui ont fait des dizaines de morts.


Il y rendra hommage aux six Casques bleus décédés en mai dans la zone, alors que la ville de Bangassou est sous le contrôle depuis mai des milices antibalaka (anti-machettes), qui prétendent défendre les chrétiens et affrontent dans les localités environnantes des groupes armés peuls ou/et issus de l'ex-coalition Séléka à dominante musulmane.


M. Guterres s'entretiendra avec des éléments des contingents gabonais et marocains présents sur place et se rendra dans le camp de déplacés de la ville, protégés par les Casques bleus.


A son retour à Bangui, le secrétaire général doit rencontrer des victimes d'abus sexuels et leurs familles alors que les accusations d'agressions sexuelles de Casques bleus sur la population civile se sont multipliées ces derniers mois. Il sera accompagné de Jane Connors, avocate des droits des victimes de l'ONU.


En politique interne, M. Guterres doit s'entretenir avec le chef de l'Etat, M. Faustin-Archange Touadéra, et le chef de l'Assemblée nationale, M. Meckassoua. Les tensions sont vives entre les deux hommes, le camp du premier ayant accusé en juillet le second de fomenter une tentative de coup d'Etat.


A Bangui, il rencontra des ONG - cibles régulières des belligérants - opérant sur le territoire, les membres de la plateforme interreligieuse centrafricaine, et des cadres de la société civile.


Le secrétaire général de l'ONU doit s'entretenir jeudi avec les éléments militaires de l'Union européenne qui forment l'armée centrafricaine.


Il se rendra dans le quartier musulman de Bangui, poumon économique de la capitale et vivier de violences dans le passé, le PK5.



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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 01:45
Centrafrique: les humanitaires toujours plus "limités" face à l'insécurité (MSF)

 

 

 

24 OCT 2017 Mise à jour 24.10.2017 à 12:00

 

 

L'organisation Médecins Sans Frontières (MSF) "atteint sa limite" en raison du manque de sécurité en Centrafrique, où "le droit humanitaire n'est plus respecté", déclare à l'AFP Frédéric Manantsoa Laï, représentant de MSF dans le pays.

 

QUESTION: Quelle est la situation humanitaire observée par MSF dans le pays aujourd'hui?

 

REPONSE: Le droit humanitaire n'est plus respecté en Centrafrique. Parfois, il n'est même pas connu par les parties prenantes du conflit. Depuis septembre 2016, on a recensé une dizaine d'intrusions dans les hôpitaux de MSF. Deux femmes retirées de force de l'hôpital de Bangassou et tuées devant... A Zémio, un enfant de deux ans sauvagement assassiné dans l'hôpital...

La population est complètement bloquée, et on est de plus en plus exposés, on prend de plus en plus de risques. On atteint notre limite, en termes d'aide humanitaire, en raison du manque de sécurité.

 

Q: Dans le sud-est, où la résurgence des violences a fait des dizaines de victimes ces dernières semaines, dans quelle mesure l'accès humanitaire est-il permis?

 

R: Sur Pombolo (théâtre d'affrontements qui ont fait au moins 26 morts la semaine dernière), ça fait cinq jours qu'il y a des blessés. Il y en aurait 96. C'est quasiment impossible d'aller sur place. On est en train de négocier pour avoir les accès, mais on n'y arrive pas.

A Kembé, l'attaque a eu lieu il y a deux semaines, on parle de 36 blessés, et on n'arrive pas à aller les chercher. Personne ne peut nous dire où sont ces blessés aujourd'hui. Les groupes armés, surtout les anti-Balaka, ne sont pas structurés.

Ils changent de modus operandi tous les jours. Avant, on n'avait aucun problème d'accès. La population venait à l’hôpital. Aujourd'hui, ça devient de plus en plus difficile. C'est l'émotion qui parle (chez les combattants), pas la raison.

 

Q: Quels sont les signaux sur l'évolution de cette situation?

 

R: Honnêtement, à MSF, on est extrêmement inquiets. Avec ce conflit et l'insécurité, il va y avoir d'autres conséquences, surtout pour les populations les plus vulnérables comme les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes, les personnes âgées: des problématiques d’accouchement, la malnutrition, par exemple. La situation humanitaire va s'empirer si ça ne s'arrête pas.

C'est frustrant de ne pas pouvoir répondre aux besoins des populations victimes de ce conflit (les déplacés, la population, les blessés)... C'est frustrant. Ce n'est pas une histoire de financements, c'est juste à cause de l'insécurité, on ne peut pas y aller sans prendre des risques considérables pour nos équipes.

A Mobaye (sud-est), par exemple, personne n'est présent à part MSF, tout le monde s'est retiré. L'espace humanitaire se réduit, et la population souffre.

 

Propos recueillis à Bangui par Amaury Hauchard.

 

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Published by Centrafrique-Presse.com
25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 01:39
Lu pour vous : Centrafrique : une économie au fond du gouffre

 

 

 

Par Laurent Ribadeau Dumas@GeopolisAfrique | Publié le 24/10/2017 à 12H08, mis à jour le 24/10/2017 à 12H16

 

L'économie de la Centrafrique, où se rend le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres le 24 octobre 2017, est exsangue, après quatre années de violence. Etat des lieux.

 

En 2017, la Centrafrique devrait connaître une croissance de son PIB de 4,5%, après 4,7% en 2016, rapporte le FMI. Pour autant, selon la Banque Mondiale, plus de 75% des 4,7 millions d’habitants sont dans une situation d’extrême pauvreté, plus d’un quart a fui les violences entre milices rivales. Et le pays est classé dernier (188e) en ce qui concerne son Indice de développement humain (IDH) par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).


Un pays riche en matières premières

 


Potentiellement, le pays est riche en matières premières (uranium, diamants, or, bois…) et en produits agricoles (coton, café, tabac, huile de palme…). L’agriculture reste apparemment le principal secteur de cette économie : elle emploie près de 75% de la population et représentait en 2014 plus de 58% du PIB. 


La Centrafrique n’en reste pas moins très dépendante de l’aide internationale : en novembre 2016, elle s’est vue promettre plus de 2,2 milliards de dollars sur trois ans lors d’une conférence de donateurs à Bruxelles. En juillet de la même année, le FMI avait approuvé un plan d’aide, là encore sur trois ans, d’une valeur équivalant au PIB du pays (1,584 milliards de dollars en 2015).


Une économie entièrement à reconstruire

 

De plus, après quatre années de violences (depuis le renversement du président François Bozizé en 2013), l’économie, dévastée, est entièrement à reconstruire. Un objectif qui reste un vœu pieux tant que durent les heurts entre groupes armés rivaux. Ceux-ci s’affrontement notamment pour le contrôle des zones minières. «Des coupeurs de route et d’autres individus armés sévissent également en établissant des barrières illégales pour collecter des taxes auprès des commerçants ou en s’opposant aux éleveurs pour les dépouiller de leur bétail», observe un document de la Banque africaine de développement.

  
Les violences «empêchent le développement du secteur privé et minent les bases de l’industrialisation et du développement du pays. Elles présentent un environnement à très haut risque, au point que même les nationaux s’abstiennent d’investir. Ce contexte défavorable a tendance à encourager l’expansion des activités entrepreneuriales ‘‘destructrices’’, sur fond de développement du trafic et de fraude, notamment dans le secteur des ressources naturelles», poursuit le document.


«En plus de la perspective de la disparition de ses entreprises», la République centrafricaine «fait face à la désindustrialisation et à une paupérisation de sa population». Et la Banque africaine de développement de conclure : «Le processus ne peut être inversé qu’avec», notamment, «une politique de retour à une sécurité durable et avec la mise en oeuvre des réformes adéquates».

 

 

Perspectives économiques en Centrafrique

 

https://www.afdb.org

 

  • Malgré une révision à la baisse, le PIB réel devrait augmenter de 5.1 % en 2016, porté par la reprise des industries extractives. 

 

  • Alors que le pays connaît une certaine stabilité macroéconomique et tente de mettre en oeuvre des réformes structurelles, les autorités ne contrôlent toujours pas l’ensemble du territoire et les populations sont encore victimes de violences. 
  •  

En raison des crises politiques récurrentes qui surviennent dans le pays, le développement de l’entrepreneuriat, de l’industrie et du secteur privé est extrêmement risqué et peu attractif, même pour les Centrafricains. 

 

La reprise économique timide entamée en 2014 se consolide progressivement, avec un taux de croissance du PIB réel qui devrait atteindre 5.1 % en 2016. Cette embellie trouve d’abord ses racines dans la reprise du secteur des industries extractives, qui enregistre un bond de 22.8 % à la suite de la levée de la suspension partielle du processus de Kimberley. Les pressions inflationnistes, fortes pendant la crise, devraient s’atténuer en 2017 et 2018 en raison de la reprise du transport sur le corridor Douala-Bangui, et notamment grâce à l’amélioration de l’offre des denrées alimentaires.



Le pays fait toujours face à des violences entre les anciennes factions de l’ex-Seleka, notamment pour le contrôle des zones minières. Des coupeurs de route et d’autres individus armés sévissent également en établissant des barrières illégales pour collecter des taxes auprès des commerçants ou en s’opposant aux éleveurs pour les dépouiller de leur bétail. Les organisations non gouvernementales (ONG) ne sont pas épargnées, alors qu’elles apportent leur aide aux populations. La situation ne pourra pas se calmer tant que les politiques appropriées et le programme de désarmement, démobilisation et réintégration des ex-combattants (DDR) ne seront pas mis en place. La République centrafricaine (RCA) a cependant maintenu une certaine stabilité macroéconomique et a progressé dans la mise en oeuvre des réformes structurelles. Avec l’appui des partenaires au développement, elle a achevé le plan national de relèvement et de consolidation de la paix pour un coût total de 3.16 milliards de dollars (USD), et l’a présenté à la communauté internationale le 17 novembre 2016 à Bruxelles. Son plaidoyer a été un succès et a produit des annonces venant pour l’essentiel des bailleurs traditionnels.

 


Les crises récurrentes en RCA empêchent le développement du secteur privé et minent les bases de l’industrialisation et du développement du pays. Elles présentent un environnement à très haut risque, au point que même les nationaux s’abstiennent d’investir. Ce contexte défavorable a tendance à encourager l’expansion des activités entrepreneuriales « destructrices », sur fond de développement du trafic et de fraude, notamment dans le secteur des ressources naturelles telles que les mines, les forêts, etc. En plus de la perspective de la disparition de ses entreprises, la RCA fait face à la désindustrialisation et à une paupérisation de sa population. Le processus ne peut être inversé qu’avec une politique de retour à une sécurité durable et avec la mise en oeuvre des réformes adéquates.

 

 

Source: Perspectives économiques en Afrique (PEA) 2017

 

 

 

APPRÉCIATION DU RISQUE

 

http://www.coface.com

 

Le contexte macroéconomique s’améliore mais les tensions intérieures continuent de peser sur la croissance

 

La croissance devrait continuer à progresser en 2017 dans un contexte de reprise graduelle des exportations, suite à la levée de l’embargo sur les ventes de diamants, et des investissements en provenance de l’étranger. Néanmoins, ces progressions ne permettent pas de retrouver les niveaux antérieurs au conflit de 2013 du fait de l'insécurité persistante qui continue de nuire à l'activité économique.

 

La demande interne devrait demeurer atone compte tenu de l’exil de près d’un quart de la population (1 million de personnes ont quitté le pays depuis le début du conflit et ne sont pas encore revenus). Cependant, l’arrivée au pouvoir, en 2016, d’un gouvernement stable devrait marquer le début d’une période de transition qui pourrait se traduire par une hausse des exploitations agricoles et minières. La production agricole, qui contribue à plus de la moitié du PIB et emploie près de 75 % de la population resterait le principal acteur de l’économie centrafricaine. Malgré les aides d’urgence octroyées par l’UE et le FMI, le pays peine toujours à se redresser à l’image des investissements privés et publics qui devraient rester marginaux en 2017. L’inflation tend à diminuer mais devrait rester au-dessus des 3 % ciblés par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Cette légère baisse devrait être imputée à de moindres pressions sur les prix agricoles domestiques (en raison de l’accroissement de l’offre).

Des finances publiques et des exportations tirées par l’aide internationale

 

En partenariat avec le FMI, le nouveau gouvernement va progressivement reprendre les réformes budgétaires qui ont été interrompues par le coup d'Etat de 2013 et le conflit qui a suivi. Fin juillet 2016, le FMI a approuvé un plan d’aide de trois ans d'une valeur d'environ 6% du PIB. De plus, la communauté internationale a annoncé, en novembre 2016, verser des dons d’une valeur équivalant au PIB centrafricain. Les transferts de ses dons restent incertains en raison de dons promis qui n’ont jamais été versés (seulement 34 % des dons du Plan de Réponse Humanitaire ont été octroyés en 2016). Néanmoins, ils devraient quand même permettre au pays de réduire considérablement sa dette publique.

 

Les recettes devraient légèrement augmenter grâce à un renforcement des administrations fiscales et douanières afin de maximiser les gains liés aux flux commerciaux croissants. Cependant, les revenus devraient rester trop faibles pour régler toutes les dépenses courantes et les services de la dette extérieure, rendant le pays très dépendant des aides internationales. Les dépenses devraient croître, moins rapidement, suite à la volonté du gouvernement de se concentrer sur un plan national de désarmement des groupes rebelles.

 

Le déficit du compte courant devrait diminuer en 2017, en lien avec la levée partielle de l'embargo sur les diamants centrafricains. Toutefois, la reprise des exportations devrait être progressive et dépendrait de la capacité du gouvernement à récupérer les marchés implantés dans le secteur informel depuis le début du conflit en 2013. Les exportations de bois, de café et de coton (principales richesses agricoles du pays) devraient continuer à pâtir de l'insécurité et des perturbations qui touchent le secteur des transports et de la logistique. Malgré une faible demande domestique, les importations devraient continuer à croître en raison du cours de pétrole qui devrait progressivement remonter.

Volonté d’unification du gouvernement, en proie à des conflits intérieurs qui pénalisent fortement l’environnement des affaires

 

Les élections présidentielles et législatives (qui se sont déroulées simultanément le 14 février 2016), se sont conclues par l’accession de Faustin-Archange Touadéra au pouvoir après validation des résultats par la Cour Constitutionnelle le 1er Mars. En formant son gouvernement, en avril 2016, Touadéra a démontré sa volonté d’une république unifiée en nommant des membres de l’opposition. Le nouveau président a, néanmoins, prohibé la présence des représentants de groupes armés. Cette décision pourrait raviver certaines tensions à l’image des mécontentements croissants des populations envers le gouvernement suite à l’impuissance de celui-ci à les défendre des milices rebelles. Le gouvernement a les pieds et poings liés du fait de l’embargo international sur les armes et ne peut de ce fait protéger ses citoyens en constituant une force armée centrafricaine. Tandis que les pourparlers entre le gouvernement et les Nations Unies pour lever l’embargo se poursuivent, les Casques bleus ont pour mission de protéger les citoyens. En effet, les combats n’ont jamais cessé à l’image d’une altercation entre les milices d’ex-Seleka et anti-Balaka dans le nord du pays en octobre 2016, qui a fait des dizaines de morts civils.

 

Dans ce contexte de discorde, le climat des affaires devrait demeurer instable et tendu. Ainsi, selon la Banque mondiale, la République Centrafricaine serait, en 2016, l’un des pays les moins bien classés en termes d’efficacité du gouvernement, de qualité de la réglementation et de respect des lois.

 

Dernière mise à jour : Janvier 2017

 

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25 octobre 2017 3 25 /10 /octobre /2017 01:07

 

 

 

 

M. Bégong-Bodoli BETINA                                 Saint-Louis, le 24 octobre 2017

Professeur Titulaire/ Écrivain

Université Gaston BERGER

Saint-Louis, SENEGAL

Tél : 00 (221) 643 66 79

Courriel : begongbetina@gmail.com

 

 

 

 

Objet :                    LETTRE OUVERTE Á SON EXCELLENCE

                               ANTONIO GUTERRES

 

                               SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES NATIONS UNIES

 

                           ***

 

POUR LA RENAISSANCE DE LA

RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

 

 

 

Monsieur le Secrétaire Général,

 

 

            Depuis le 24 mars 2013, la République Centrafricaine, mon pays, ne cesse de descendre aux enfers et ce, malgré la présence des Casques Bleus de la MINUSCA, censés stopper cette descente.

 

 

            Excellence Monsieur le Secrétaire Général, permettez-moi de profiter de l’occasion de votre visite dans ce pays meurtri et humilié, tant par ses bourreaux que par ceux qui, officiellement, sont allés le protéger, pour vous demander de chercher à toucher du doigt pendant votre séjour les malheurs qui l’affligent.

 

 

            Excellence Monsieur le Secrétaire Général, après le pouvoir des Séléka, et  durant presque toute la Transition, l’État centrafricain contrôlait plus de la moitié de son territoire. Aujourd’hui, il n’en contrôle plus que 20%. A qui la faute ?

 

 

            Excellence Monsieur le Secrétaire Général, permettez-moi de vous énumérer certains faits qui, à n’en point douter, ont contribué à la désagrégation de ce territoire :

 

  1. Les Centrafricains ont le sentiment que la plupart des Casques Bleus que votre Organisation a bien voulu envoyer pour nous aider se comportent en touristes. La journée, ils se baladent dans les rues, pour ceux qui se trouvent dans la capitale, faisant fi de voir les agressions et, le soir, ils remplissent les bars et les restaurants en bonnes compagnies.

 

  1. Certains Casques Bleus sont devenus des commerçants. Il y en a qui font venir des marchandises de leur pays sans payer des frais de douane pour les mettre sur le marché. D’autres achètent les produits dans la capitale et les revendent dans des zones éloignées ou  à risques à prix d’or. Du reste, certaines boutiques ou supermarchés, ayant pignon sur rue, et appartenant à de Casques Bleus, ne manquent pas dans la capitale.

 

  1. D’autres Casques Bleus, profitant de la pauvreté de nos filles, les abusent. Certains auraient même des « Maisons de passe » exclusivement louées à cette fin. Mieux, ceux qui proviennent des pays voisins importent leurs compatriotes filles pour ajouter à l’exotisme.

 

Excellence Monsieur le Secrétaire Général, c’est dire que s’il est vrai

que l’on ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac, il n’en demeure pas moins que la persistance de cette opinion négative parmi la population centrafricaine à l’égard de la MINUSCA mérite d’être prise en compte. C’est pour cela que j’attire votre attention pour qu’à votre tour vous attiriez celle des responsables locaux établis à Bangui.

 

 

            Face à cette situation, qui rend inefficace les Casques Bleus en Centrafrique dans l’exécution de leur mission, en dépit de son caractère robuste, je vous exhorte à faire une chose : intercéder auprès du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour qu’il lève l’embargo sur les armes qui frappe mon pays, afin que nos forces de défense puissent prêter main-forte à ces Casques Bleus. Les Casques Bleus ne sont pas allés là-bas pour mourir. Ce n’est pas leur pays. Par contre, les forces de défense de Centrafrique peuvent accepter de mourir pour leur patrie.

 

            Excellence Monsieur le Secrétaire Général, l’embargo sur les armes était conditionné par l’installation d’un pouvoir élu, légitime. C’est depuis le 30 mars 2016 que ce pouvoir élu a été installé. Que faut-il encore faire davantage pour que cet embargo soit levé ? En République Démocratique du Congo, ce sont les FARDC qui sont à la pointe du combat contre les groupes armés. Les Casques Bleus ne leur viennent qu’en appoint. Même chose au Mali où, après l’élection du nouveau Président de la République et son installation, l’embargo a été levé. Aujourd’hui, ce sont les forces maliennes qui vont dans les endroits reculés pour défendre leur pays. Pourquoi ne doit-il pas en être de même pour la Centrafrique ?

 

 

            Excellence Monsieur le Secrétaire Général, trouvez-vous normal que des groupes armés soient plus armés que l’Etat d’un pays ? Trouvez-vous normal que  600.000 personnes soient en déshérence dans leur propre pays et que plus 2,4 millions aient besoin d’assistance humanitaire d’urgence sur une population de seulement 4,5 millions d’habitants ? Trouvez-vous normal que 80% du territoire d’un pays soit occupé par des groupes armés pendant que ceux qui sont envoyés pour le défendre restent impassibles ou les regardent l’œil goguenard ?

 

 

            Excellence Monsieur le Secrétaire Général, voilà le cri de cœur que je vous lance afin que vous puissiez contribuer à la Renaissance de la République Centrafricaine. Puissent vos oreilles être attentives à cet appel. Avec tous mes respects,

 

 

Saint-Louis, le 24 octobre 2017

M. Bégong-Bodoli BETINA

Professeur Titulaire/ Écrivain

 

 

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24 octobre 2017 2 24 /10 /octobre /2017 01:13
RCA : une feuille de route, des hypothèques

 

 

 

avec GABONACTU 23 oct

 

Le plan de pacification élaboré le 23 octobre dernier à Libreville lors de la réunion extraordinaire des ministres des affaires étrangères de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) paraît salutaire pour le peuple centrafricain. Mais, sa mise en œuvre pourrait se heurter à bien d’obstacles.

 

Une solution politique se dessine dans la crise qui prévaut en République centrafricaine. Lors de la réunion extraordinaire tenue le 23 octobre à Libreville au Gabon tous les ministres ont affiché unanimement leur détermination à en finir avec l’instabilité sociopolitique de cet Etat. Le communiqué final de ces retrouvailles recommande essentiellement la formation des contingents des forces de défense et leur équipement afin de les rendre davantage opérationnelles.

 

Les participants encouragent également le gouvernement et les groupes armés à entreprendre et à accélérer le dialogue politique dans le cadre de l’Initiative Africaine. À l’Union Africaine, il est demandé « d’accélérer le dialogue entre le Gouvernement et les groupes armés jusqu’à la signature et la mise en œuvre d’un accord de paix et de réconciliation… ».

 

Des recommandations à la mesure du contexte centrafricain. Depuis la chute de François Bozizé en 2013, ce pays connaît l’une des plus graves militaro-politiques et humanitaires de son histoire. Situation née des exactions commises par la milice Seleka (composée majoritairement de combattants de confession musulmane) de Michel Djotodia qui venait de destituer Bozizé après des affrontements entre troupes loyalistes et ses miliciens.

 

Même si grâce à l’opération militaire française Sangaris le pays a réussi une transition et organisé les élections présidentielles, la plaie centrafricaine demeure béante.

 

La feuille de route de Libreville élaborée en prélude du sommet des Chefs d’Etats de la Ceeac devrait donc définir des stratégies concrètes de résolution durable de la situation centrafricaine qui a déjà fait de nombreux morts, plus de 600.000 déplacés internes et plus de 500.000 réfugiés dans les pays limitrophes (les deux Congo, le Cameroun, l’Ouganda, etc.).

 

Et les hypothèques semblent légions. Difficile en effet pour les troupes de la Ceeac par exemple de pacifier la majorité des provinces sur lesquelles ni l’Etat centrafricain ni la mission des Nations Unies n’a un contrôle réel. Il y a aussi et surtout que la crise centrafricaine, comme dans bien de pays d’Afrique, s’est développée sur des bases ethniques et régionales. Des facteurs endogènes qui pourraient rendre difficile l’exécution des missions de paix.

 

Le prochain sommet des Chefs d’Etats membres de la Ceeac devrait donc éplucher tous ces paramètres si réellement on veut d’une paix durable en République centrafricaine.

 

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