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31 octobre 2017 2 31 /10 /octobre /2017 21:59
Demande d'asile rejetée : "Les anti-balaka ont menacé de me tuer [...] Je ne peux pas rentrer"

 

 

 

http://www.infomigrants.net  Par  La rédaction Dernière modification : 31/10/2017

 

Teddy Jamel, 25 ans, a fui la Centrafrique pour la France, au début de l'année 2016. Le jeune homme se dit menacé de mort dans son pays : sa mère est musulmane, son père chrétien. Les deux camps le considèrent comme un traître. Sa demande d'asile a été rejetée ce mois-ci. Il raconte.

 

Je m’appelle Teddy Jamel, j’ai 25 ans et je suis originaire de la République Centrafricaine. Je vis en France depuis un an et demi, je suis arrivé le 7 mai 2016. Deux semaines après avoir posé le pied sur le sol français, j’ai déposé un dossier de demande d’asile. J’ai attendu la réponse de l’Ofpra pendant plus d’un an. Le 27 octobre 2017, j’ai reçu une lettre m’annonçant que ma demande d’asile était rejetée.

 

Je ne sais pas quoi faire. J’habite chez des connaissances, à droite, à gauche, chez des amis. Mais pour combien de temps ? En ce moment, je suis à Torcy [en région parisienne] chez la tante d’un ami que j’ai rencontré en France. Mais je ne vais pas pouvoir rester dans cette situation. J’ai toujours réussi à éviter de dormir dans la rue bien que je n’ai jamais eu de réponse pour aller en CADA [centre d’accueil pour demandeurs d’asile], je crains de m’y retrouver pourtant.

 

Les allocations que l’Ofii  me donnait [pendant que j’étais demandeur d’asile] se sont arrêtées. Je ne reçois plus rien. Je ne sais pas comment faire.

 

Je ne peux pas rentrer en Centrafrique, ma vie est risquée là-bas. Ma mère est musulmane et mon père est chrétien. Il est mort quand j’étais petit. Ma mère n’avait pas d’argent et elle était âgée, alors elle m’a envoyé vivre avec mon oncle, le frère de mon père, un chrétien lui aussi. Il s’occupait de moi.

 

Tout allait bien jusqu’au début de la guerre. Très vite, j’ai été dans le viseur des deux camps.

 

Quand j’allais rendre visite à ma mère, on me disait que j’étais chrétien et que je ne pouvais pas rester. Quand j’allais rendre visite à la famille de mon père, on me traitait de traître parce que je fréquentais les deux camps. Les anti-Balaka [milices chrétiennes opposées aux combattants de la Seleka] ont menacé de me tuer. Ils ont détruit la maison de mon oncle, juste parce qu’il me logeait.

 

Pour me protéger, j’ai dû aller dans un camp de réfugiés à Bangui, dans le quartier Km5 [à majorité musulmane]. Là-bas, on m’a accusé de "comploter" avec les chrétiens, quand mon oncle et ma famille paternelle venaient me voir.

 

Je ne pouvais plus travailler : j’étais en stage au ministère de l’environnement, dans le secteur chrétien, à Bangui. Il fallait que je traverse toute la ville pour aller sur mon lieu de travail, c’était dangereux. J’avais peur, je ne pouvais pas assurer ma sécurité.

 

Mon directeur de stage m’a appelé, inquiet par mon absence. Je lui ai tout expliqué. Il m’a dit qu’il allait m’aider, mais qu’en attendant, il fallait que je parte dans un autre camp. Je suis allé de l’autre côté de la frontière, en République démocratique du Congo, à Zongo. Je suis resté un an là-bas.

 

Mon directeur de stage m’a ensuite dit qu’il allait m’aider à me faire sortir du pays. Il avait des connaissances, m’a-t-il expliqué. Il m’a obtenu un visa Schengen "court séjour" pour un mois, direction la France. Il m’a acheté le billet d’avion. J’ai eu de la chance d’avoir son aide. Je ne veux pas rester définitivement en France, mais j’aimerais prolonger mon séjour ici le temps que la situation redevienne comme avant dans mon pays.

 

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31 octobre 2017 2 31 /10 /octobre /2017 21:57
Nouvelles nationales sur RJDH
Nouvelles nationales sur RJDH

 

 

Centrafrique : 16 personnes tuées et des maisons incendiées dans les combats proches de Batangafo

 

PAR AUGUSTE BATI-KALAMET LE 31 OCTOBRE 2017

 

BATANGAFO, 31 octobre 2017 (RJDH)—Plusieurs personnes sont tuées et habitations incendiés dans les violences armées proches de Batangafo au nord du pays. Chiffre confirmé au RJDH par des sources autochtones ce 31 octobre.

 

Depuis le 23 octobre 2017 les violences armées fragilisent le village Saragba, localité située à 1 kilomètre de Batangafo. Joint par le RJDH, les organisations humanitaires dans la région parlent de difficile accès dans la région à cause de l’ampleur de la violence. Ces violences ont repris alors que le DDRR est dans sa phase pilote opérationnelle.

 

La situation sécuritaire et humanitaire  demeure préoccupante selon Brice Namgbangban-Doumta« le 23 octobre dernier, une faction Séléka assimilée à celle du général Alkatim a attaqué le village Saragba situé à environ un kilomètre de la ville de Batangafo. Plusieurs maisons ont été incendiées et 16 personnes ont été tuées par les ex-Séléka venus de Kaga Bandoro et de Kabo », a-t-il témoigné.

 

Une source locale présente à Batangafo parle de violation du droit humanitaire international par les groupes armés « la plupart des habitants des périphériques se sont réfugiés dans la brousse pour se mettre à l’abri du danger. Le site des déplacés a été également attaqué. Toutes les activités sont paralysées, pas de commerce, les enfants ne vont pas à l’école, l’administration est fermée. Jusqu’à lors, aucune assistance n’a été déployée auprès de ces populations vulnérables », a déploré cette source.

 

Le MSF annonce la prise en charge des blessés venant de Saragba. « Médecins Sans Frontières ont pris en charge sept blessés à l’hôpital de Batangafo et trois au centre de santé de Kabo. L’organisation médicale craint que d’autres blessés ne parviennent pas à avoir accès à l´hôpital pour  se faire soigner à cause de la  violence », regrette MSF.

 

« La situation à Batangafo et aux alentours est très tendue et la violence peut augmenter à tout moment. Les populations locales vivent dans la psychose. On nous parle de blessés qui n’osent pas venir à l’hôpital par peur de se faire attaquer en route. Pour cela, nous demandons une fois de plus que la sécurité de nos patients, nos équipes et l’impartialité de notre mission humanitaire soient respectée à Batangafo. » déclare Caroline Ducarme, Chef de Mission MSF actuellement à Batangafo.

 

 La situation humanitaire dans cette région devient de plus en plus préoccupante après des mois d’insécurité permanente. L’embrasement de la situation sécuritaire à Batangafo s’est accentué pendant et après le passage du secrétaire général des Nations-Unies en Centrafrique.

 

 

Centrafrique : Aristide Brian Reboas plaide pour l’implication de l’Assemblée nationale dans le dossier des FACA

 

PAR JEAN FERNAND KOENA LE 31 OCTOBRE 2017

 

BANGUI, 31 Octobre 2017(RJDH)—Aristide Briand Reboas a estimé qu’il est l’heure pour l’Assemblée nationale de se saisir du dossier des FACA et appelle à la création d’un conseil national de sécurité. Position exprimée dans une interview exclusive accordée au RJDH ce 31 Octobre à Bangui.

 

La position du leader du parti chrétien démocrate intervient quelques jours après le passage d’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, lequel s’est aligné sur la trajectoire du gouvernement au sujet du redéploiement des FACA. Même si le secrétaire général des Nations Unies n’a pas clairement évoqué la levée des sanctions sur les armes en République Centrafricaine, Aristide Briand Réboas qui salue la venue de Guterres se dit convaincu de la levée de l’embargo d’ici janvier 2018.

 

Alors que Faustin Archange Touadera annonce la collaboration prochaine entre les forces de défense et les casques bleus, Aristide Briand Réboas souhaite quant à lui un état-major unique avec où les FACA assurent le leadership militaire « j’ai toujours dit depuis le début que la conception de cette force devrait permettre la mise en place d’un état-major avec nos experts militaires et la mise en commun de secret des opérations » a-t-il réitéré.

 

Loin  d’être un dialogue sur la question sécuritaire, il a appelle l’Assemblée nationale à l’action pour une solution sécuritaire structurelle et durable « c’est ici l’occasion pour l’Assemblée nationale de se saisir de la question. Il est d’autant plus pour le pays d’instituer un Conseil National de Sécurité. Il doit y avoir un espace où les élus, les leaders politiques et le président de la République peut créer un comité de réflexion en y conviant les Nations Unies pour élaborer ensemble le plan de sécurité. C’est en cela qu’on peut s’en sortir » a-t-il suggéré.

 

L’idée de mettre en place un conseil national de sécurité intervient dans un contexte de fragilité de la mission onusienne dans le pays, laquelle justifie la demande d’augmentation d’effectif des contingents militaires de 900 hommes.

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31 octobre 2017 2 31 /10 /octobre /2017 21:54
Comment les religions œuvrent pour la paix en Centrafrique

 

 

 

http://www.dw.com

 

En RCA, les leaders religieux se mobilisent pour éviter que les tensions entre communautés ne dégénèrent en une guerre de religions. Aux côtés des catholiques et des musulmans, les protestants jouent un rôle important.

 

Depuis le début de la crise en 2013, l'église protestante s'implique avec force dans la résolution du conflit en République centrafricaine. Plusieurs actions ont été entreprises pour rapprocher les communautés.

 

"Nous avons eu à faire le plaidoyer par rapport au rétablissement de la paix. Cela nous a donné l'occasion d'inviter certaines confessions : les musulmans, les catholiques," explique le pasteur Félix Sing-Na, coordonnateur du Département de développement de l'Alliance des évangéliques en Centrafrique. "Nous nous sommes organisés au niveau d'un consortium pour débattre de la question. Il y a eu des rapprochements et ça se poursuit aujourd'hui."

 

Préserver les fidèles de l'instrumentalisation 

 

Au sujet de la prétendue religiosité qu'on attribue généralement au conflit qui mine la RCA, l'Imam Oumar Kobine Layama, président du Comité islamique centrafricain est catégorique : "La porte est ouverte à toutes les dénominations religieuses pour que nous soyons ensemble et que nous parlions d'une seule voix. De la cohésion sociale, de l'amour et de la fraternité. Nous devons être ensemble."

 

Aujourd'hui, la coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans n'est plus un mythe à en croire les différents dignitaires religieux rencontrés par notre correspondant à Bangui, Jeff Murphy Barès

 

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31 octobre 2017 2 31 /10 /octobre /2017 21:50

 

 

 

http://www.france24.com  31/10/2017

 

Un an après le départ de Centrafrique des soldats de l'opération Sangaris, les groupes armés règnent sur 80 % du territoire. Le retour des militaires français reste pour beaucoup de Centrafricains une vraie option de sortie de crise.

 

La mission militaire française Sangaris, déployée en Centrafrique en 2014, s'est retirée il y a tout juste un an. Très vite après ce départ, la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays, déjà mauvaise, s'est encore dégradée. La fin de cette opération laisse ainsi à beaucoup un sentiment de vide et d'inachevé.

 

Environ 80 % du territoire est aujourd'hui contrôlé par des groupes armés, dont on estime le nombre à une quinzaine. Plusieurs provinces (nord-ouest, sud-est, centre) ont ces derniers mois été le théâtre de massacres et d'affrontements meurtriers entre ces groupes. Des centaines de civils ont été tués.

 

Le 31 octobre 2016, Jean Yves Le Drian, alors ministre français de la Défense, assurait pourtant à l'annonce du retrait de Sangaris que l'opération avait rempli ses trois missions, soit "mettre fin au chaos, accompagner la montée en puissance des forces internationales et permettre la tenue d'élections démocratiques".

 

"On a dit que Sangaris avait fait le travail, ce n'est pas vrai", estime un diplomate à Bangui.

 

Vers un renforcement de la Minusca

 

Certes, une mission de l'ONU (Minusca, 12 500 hommes) a bien été déployée dès 2014, mais son action est fortement critiquée par la population, qui l'accuse de passivité, de complaisance avec certains groupes et d'abus sexuels.

 

En visite en Centrafrique la semaine dernière, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a admis une "capacité limitée (de la Minusca) face à la dimension énorme du territoire" et demandé un renforcement de 900 soldats à l'occasion du prochain renouvellement de son mandat, mi-novembre.

 

Aussi, face aux difficultés des forces onusiennes, beaucoup de Centrafricains ont confié à l'AFP qu'un retour militaire de la France en Centrafrique était, pour eux, une vraie option de sortie de crise.

 

Ne pas "repartir dans un bourbier"

 

Engagée sur plusieurs fronts, notamment Barkhane au Sahel, la France ne veut pas "repartir dans un bourbier", selon un diplomate français. Autre raison de la réticence quant à un retour, la mise en cause d'éléments de Sangaris dans des scandales d'abus sexuels, qui ont ébranlé l'armée française. Ces accusations ont abouti à un procès en France et, en mars, à une demande de non-lieu du parquet de Paris.

 

Malgré la fin de Sangaris – baptisée du nom d'un petit papillon rouge local –, au cours de laquelle trois soldats français ont perdu la vie, la France reste présente en Centrafrique avec 50 militaires formateurs de l'EUTM-RCA, une mission de formation de l'armée centrafricaine (Faca) mise en place par l'Union européenne, en mai. Des drones tactiques français ont aussi été détachés en Centrafrique.

 

De passage à Paris fin septembre, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a exprimé sa "reconnaissance" : sans Sangaris, "la situation aurait pu dégénérer en une tragédie irréparable", a-t-il assuré.

 

Avec AFP

 

Lu pour vous : Centrafrique : un an après le départ de l'opération Sangaris, le pays peine à se relever
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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 23:47
Centrafrique: violences dans le nord autour de Batangafo

 

 

Centrafrique: violences dans le nord autour de Batangafo

 

30/10/2017 (AFP)

 

Des affrontements entre groupes armés ont eu lieu fin octobre dans la région de Batangafo, dans le nord de la Centrafrique, faisant au moins deux morts et dix blessés admis dans des centres de santé gérés par Médecins Sans Frontières (MSF), a appris l'AFP lundi.

 

"Les équipes de MSF présentes sur place ont pu prendre en charge 7 blessés à l'hôpital de Batangafo et 3 au centre de santé de Kabo", à la suite d'affrontements qui ont débuté le 24 octobre, a déclaré à l'AFP Sandra Smiley, de MSF à Bangui.

 

Des sources concordantes font état d'au moins deux morts au village Saraghba, à quelques km de Batangafo, sans qu'un bilan précis puisse être établi, faute d'accès à la zone.

 

Selon des sources onusiennes, les combats ont opposé des combattants anti-Balaka, milices auto-proclamées d'"autodéfense" au Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC), l'une des factions de l'ancienne rébellion Séléka.

 

"On nous parle de blessés qui n'osent pas venir à l'hôpital par peur de se faire attaquer en route. Nous demandons encore et de nouveau que la sécurité de nos équipes et l'impartialité de notre travail soient respectées à Batangafo", déclare dans un communiqué Caroline Ducarme, chef de mission MSF actuellement à Batangafo.

 

La Minusca, dans un dernier communiqué établi vendredi, déclarait "être présente à Batangafo" et contrôler la situation dans la ville.

 

Début septembre, Batangafo a connu une nouvelle éruption de violences suite au meurtre d'un journalier travaillant pour une organisation humanitaire. Ces violences auraient fait six morts et privé 28.000 personnes d'aide humanitaire.

 

Avant cela, Batangafo a été en proie un regain de violences fin juillet, lorsque de violents combats entre des hommes non identifiés ont fait 24 morts et provoqué la fuite d'habitants de la région.

 

La Centrafrique peine à sortir du conflit qui a commencé en 2013 avec le renversement du président François Bozizé par l'ex rébellion de la Séléka, entraînant une contre-offensive des milices anti-balaka.

 

L'intervention armée de la France (2013-2016) et de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca, quelque 12.500 hommes) a réduit considérablement les violences, qui ont peu à peu repris depuis le départ de la force française Sangaris.

 

Des groupes armés s'affrontent désormais pour le contrôle des ressources naturelles (diamants, or, bétail) dans ce pays de 4,5 millions d'habitants, le plus pauvre au monde.

 

 

 

RCA: regain de tension autour de la ville de Batangafo

 

Par RFI Publié le 30-10-2017 Modifié le 30-10-2017 à 03:26

 

Les abords de la ville de Batangafo, dans le nord de la Centrafrique, connaissent un regain de tension depuis quelques jours. Des affrontements ont éclaté mardi 24 octobre entre des éléments de l'ex-Seleka et un groupe d'autodéfense dans un village au nord-ouest de la ville. Au moins six personnes auraient été tuées, mais la zone est très difficilement accessible et les affrontements se poursuivent.

 

Batangafo se trouve aux confins de territoires contrôlés par l'ex-Seleka et les anti-balaka sur la fameuse ligne rouge qui a coupé pendant plusieurs années le pays en deux. Depuis des mois, la zone est un foyer de tensions qui ont culminé fin juillet par de violents affrontements à Batangafo avant une relative accalmie mi-septembre.

 

Cette fois les affrontements se déroulent hors de la ville. Il y a deux semaines, des groupes d'autodéfense auraient délogés les combattants ex-Seleka de positions qu'ils occupaient sur deux axes qui partent de Batangafo en direction du Tchad vers l'ouest, et le nord-ouest.

 

Mardi, les ex-Seleka auraient repris une de ces positions, le village de Saragba. La zone des combats est très difficile d'accès, barrée par une rivière qu'on ne peut traverser qu'en pirogue. Pour cette raison, de nombreux blessés ne peuvent parvenir jusqu'à l'hôpital en ville explique dans un communiqué MSF qui gère l'hôpital de Batangafo. « Nous demandons de nouveau que la sécurité de nos équipes et l'impartialité de notre travail soit respectées à Batangafo » ajoute l'ONG.

 

Comme souvent ce regain de tension a provoqué la fuite de nombreux habitants et déplacés en brousse en attendant que la situation se calme. La fin de la saison des pluies et la reprise de la transhumance en provenance du Tchad et du Cameroun marque chaque année un moment de tensions armées dans le nord de la Centrafrique.

 

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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 23:41
Lu pour vous : ENQUÊTE SUR LES VIOLS IMPUNIS EN TEMPS DE GUERRE

 

 

 

 

https://www.streetpress.com 30 Octobre 2017

 

LES AUTEURES DU LIVRE IMPUNITÉ ZÉRO RACONTENT LES DESSOUS DE LEURS INVESTIGATIONS

 

Viols d'enfants par des militaires français en Centrafrique, agressions sexuelles comme méthode de torture de la CIA et jeunes filles piquées aux hormones par le régime Syrien : 9 journalistes ont enquêté sur les agressions sexuelles en temps de guerre.

 

« N’espérez pas qu’Impunité Zéro soit une lecture agréable. » Le livre commence par ces mots. Les suivants sont glaçants. A travers six enquêtes, neuf journalistes françaises reviennent sur les violences sexuelles dans les conflits armés. Elles touchent les femmes et les enfants, surtout. Mais elles n’épargnent pas les hommes, torturés dans les prisons secrètes de la CIA ou ailleurs.

En Syrie depuis la révolution, en Ukraine pendant la guerre du Donbass, en Centrafrique avec les troupes françaises, mais également devant les tribunaux nationaux et internationaux, l’impunité des auteurs de viols de guerre est totale. Un système bien rodé qui empêche les victimes de témoigner et d’obtenir justice. « Impunité Zéro est un projet d’investigation et d’activisme contre cette impunité », raconte Justine Brabant, qui a travaillé sur les agissements des soldats français pendant la mission Sangaris en République centrafricaine.

 

A l’origine de ce projet transmédia, la société de production militante aBAHN. « Ils voulaient qu’un collectif de 9 femmes journalistes investissent ce sujet. Ils ont ensuite prolongé notre travail pour en sortir des mesures concrètes », raconte Anne-Laure Pineau, qui a documenté la mise en place des tortures sexuelles par les États-Unis, après le 11 septembre 2001. Leurs enquêtes ont été traduites dans 6 langues et publiées dans une quinzaine de pays, un film devrait sortir au premier semestre 2018. Quatre pétitions en ligne (link is external), en rapport avec les enquêtes, ont récolté, au total, plus de 400.000 signatures. [Pour sensibiliser les militaires sur les violences sexuelles ; mettre fin aux stratégies de violences sexuelles contre les enfants en Syrie ; pour une fin à l’impunité des États-Unis en matière de violences sexuelles ; pour aider les victimes à obtenir justice en Ukraine]. Ce qui a fait bouger les lignes. « Un projet de loi va bientôt être déposé au parlement ukrainien pour que ces violences soient sanctionnées », précise Hélène Molinari

« C’est encourageant, ça prouve que les choses peuvent bouger. Et c’est une des raisons pour laquelle nous nous sommes toutes lancées dans ce projet. »

 

Pour StreetPress, les trois journalistes reviennent sur leurs mois d’investigation.


Vous racontez plusieurs agressions sexuelles commises par des militaires français en Centrafrique. Y-a-t-il eu des condamnations ?

 

Justine : Il n’y a eu aucune et il n’y en aura aucune. 3 dossiers ont été ouverts en France. Le premier a été classé sans suite. Fait d’autant plus surprenant qu’il y a un enfant né entre cette jeune fille mineure et le soldat. Mais on n’a pas jugé utile de faire un prélèvement ADN sur l’enfant. Dans le second cas, la plus grosse affaire, celle des 40 enfants du camp de M’Poko (link is external) [tous ont déclaré avoir été agressés sexuellement par des militaire français, ndlr], on avance vers un non-lieu puisqu’il n’y a pas eu de mise en examen. Le troisième dossier concerne des agressions sexuelles présumées sur un territoire plus au nord et difficile d’accès. Il n’y a pas de nouvelles de l’enquête. Mais il n’y a pas de raison que ça se passe autrement quand on sait qu’à Bangui, juste dans la capitale, une quarantaine d’enfants disent avoir été violés ou agressés par des militaires français.

 

Vous racontez que les USA ont passé un cap supplémentaire, en théorisant les agressions sexuelles comme méthode de torture.

 

 

Anne-Laure : La torture sexuelle a été élaborée de manière très froide dans le bureau de deux psychologues, James Mitchell et Bruce Jessen. Ils se sont basés sur un système de résistance [pour résister aux tortures en cas de kidnapping] pour soldats américains. Ces deux psys ne sont jamais entrés dans une prison et ne connaissent rien des terrains de guerre, mais ils ont créé un système de torture utilisé dans les prisons secrètes de la CIA. Il y en a en Thaïlande, en Afghanistan, en Europe de l’Est, dans des aéroports, dans un bateau. Mais on n’en sait pas plus, ces infos qui restent encore secret défense.

 

Qu’ont-ils inventé ?

 

Anne-Laure : Leur technique préconise de casser le système de défense d’une personne en la mettant “mal à l’aise”. C’est le terme qu’ils ont utilisé. Et dans leur lexique, “mal à l’aise” veut dire jouer avec les terreurs et les tabous des prisonniers. Dans l’imaginaire des Américains, un homme musulman déteste les femmes. Alors on met des femmes nues dans les salles d’interrogatoires. On dit à des femmes soldats d’utiliser leur sexualité, le tabou du toucher ou des paroles sexuelles. On sait, par exemple, qu’ils ont agrafé des photos de magazines pornographiques sur le corps de détenus nus et les ont forcés à se masturber. Il y a eu des viols avec des chiens. On fait des pyramides d’hommes nus, parce qu’ils imaginent que la promiscuité est tabou. Tout est basé sur les clichés et sur la barbarie de deux psychologues.

 

Plusieurs de vos intervenants parlent “d’un des plus grands scandales médicaux” des États-Unis. Pourquoi ?

 

Anne-Laure : Des médecins surveillaient et participaient même à ces tortures. Ils surveillaient les viols des détenus, ils faisaient en sorte qu’on utilise l’hydratation rectale comme torture. On a rencontré une association de médecins pour les droits humains qui nous ont assuré que ce sont des procédures qu’on utilise sur des gens qui n’ont plus de rectum ou de côlon.

 

Comment de telles pratiques ont pu se poursuivre alors que les hauts cadres américains étaient au courant ?

 

Anne-Laure : Le gouvernement Bush voulait une guerre d’une autre ampleur en Afghanistan. Il voulait une seconde guerre du Golfe. Et il fallait un prétexte pour tomber sur Saddam Hussein. Il ne voulait pas des renseignements mais des aveux forcés. Et la torture était parfaite pour ça. Si on m’enlève tous les ongles, si on me met une sonde, la plus grosse possible, pour me nourrir et m’hydrater, qu’on me met nu sur le sol et qu’on me dit “dis que t’es une pote de Merah”, je le dis, “je suis une pote de Merah”. Ils voulaient des aveux et c’était parfait.

 

Ces techniques sont-elles toujours utilisées ?

 

Anne-Laure : Officiellement elles ont été arrêtées en 2005, quand cette fameuse liste de tortures est devenue publique. Mais il y a encore des gens qui se sont fait arrêter et qui ont subi de la nudité forcée et de la nutrition rectale. Pas à Guantanamo, mais dans des prisons irakiennes, par des Américains.

 

En Syrie, l’armée de Bachar Al Assad s’est attaquée à des enfants. Est-ce avec l’aval de la hiérarchie ?

 

Justine : La situation en Syrie est un peu différente puisque les ordres sont donnés à demi-mot. Les directeurs de prison donnent l’autorisation de mélanger les détenus mineurs et majeurs. Pendant la révolution, les enfants étaient dans la rue. Pour les responsables politiques, il n’y a pas de raison qu’ils ne soient avec les adultes en prison.

 

Mais les mélanger veut dire que les enfants sont utilisés comme larbins et sont violés. C’est une sorte de zone grise où les gens savent ce qui se passe, mais laissent faire.

 

Pourquoi s’en prendre aux enfants ?

 

Anne-Laure : Du point de vue des bourreaux, s’attaquer aux enfants c’est créer un choc. Si on va jusqu’à martyriser des enfants, on est capable de tout.

Justine : Les autorités ont d’ailleurs donné l’instruction d’emporter femmes et enfants, lorsqu’un opposant politique n’est pas trouvé chez lui. Et parfois, on ne prend que les enfants. C’est l’histoire de Nora, une petite fille qui a été kidnappée parce que son père était soupçonné de faire partie des révolutionnaires. Elle a passé des jours et des jours en prison. Quand son père s’est rendu, on l’a encore gardée. Dans cette prison syrienne, on lui a administré des traitements hormonaux pour que son corps se développe plus rapidement et pour qu’elle puisse être violée en ayant les attributs d’une femme. Quand elle est sortie, son corps avait tellement changé que sa mère ne l’a pas reconnue.

 

Quelles vont être les répercussions de tels actes sur la société syrienne ?

 

Justine : Omar Guerrero, qui est psychologue dans l’un des rares centres qui prennent en charge les gens revenus de Syrie, assure que la principale crainte des médecins est de savoir comment une société va se reconstruire là-dessus. Comment est-ce que des gamins violés par des voisins, des cousins, des gens de la ville d’à côté vont se construire en tant qu’adultes ? Quel rapport auront-ils à la loi, sachant ce que la loi leur a fait ?

 

Vous interrogez les victimes, bien sûr, mais aussi les oppresseurs, les institutions judiciaires. Tous ceux qui participent à gommer l’existence de ces violences sexuelles. Pourquoi ?

 

Hélène : Notre intérêt était de s’attaquer au système. Peu importe les terrains de guerre, ou la nationalité des oppresseurs, ces violences sont systématiques.

Justine : Nous voulions également montrer que l’on peut enquêter sur ces sujets. Quand on parle de viol ou de violences sexuelles, il y a souvent cette réaction spontanée : le doute. Pour cette enquête nous sommes allées chercher des certificats médicaux, des témoins, des victimes, des documents qui prouvent qu’il y a des consignes ou non pour ces viols, les périodes concernées, etc. Je pense qu’on a prouvé qu’il est possible d’enquêter sur ces sujets.

Anne-Laure : Mais malgré tout ce travail, a BAHN s’est rendu compte que le premier réflexe des gens reste la mise en doute. Finalement, notre travail est décrédibilisé comme les témoignages des victimes.

 

Justine : Alors que demain, si quelqu’un vient te voir en te disant “je me suis fait voler mon portefeuille”, tu ne lui dis pas “mmh t’es sûr ? Mais peut-être que c’était plus compliqué que ça. Est-ce que ton portefeuille il était tout nu ?”

 

Pourquoi cette méfiance est-elle exacerbée en temps de guerre ?

 

Justine : Les violences sexuelles en temps de guerre sont au croisement de plusieurs points aveugles du journalisme et de la société. C’est une sorte de triangle des Bermudes. D’abord, la première question est de savoir comment l’on traite les violences faites aux femmes, et le viol en particulier, dans nos sociétés. Vient se superposer la question particulière de la guerre, avec ses armées où il y a un esprit de corps très fort. On ne balance pas son pote ! Viennent ensuite très vite les questions de sécurité nationale.

 

 

C’est-à-dire ?

 

Justine : En parler serait dangereux pour les troupes. Face à des images de violences et d’abus, les populations locales vont être hostiles et devenir un danger pour les troupes sur place.

Anne-Laure : Pour exemple, Daesh a fait sa publicité sur les images d’Abou Ghraib, de Guantanamo et sur les costumes de prisonniers oranges. Il est aisé de créer de la haine devant tant de violence.

Justine : Mais si ces soldats n’avaient pas violé ou torturé, les populations n’auraient probablement pas été aussi hostiles… Et puis il y a aussi la question de la justice des vainqueurs. Des agresseurs deviennent ministre, général ou colonel. Est-ce qu’on va vraiment prendre le risque d’aller devant la justice alors que la guerre est terminée et que le pays se reconstruit enfin ?

 

Vous avez réussi à récolter les témoignages de soldats qui ont violé, de responsables qui ont encadré ou théorisé les violences. Pourquoi acceptent-ils de parler ?

Justine : Il y a beaucoup de gens qui espèrent sauver leur peau vis-à-vis de la justice. Dans l’enquête sur la Syrie, un directeur de prison où étaient organisées des tortures sur des enfants a accepté de témoigner. Il a renié le régime pour lequel il a travaillé pendant des années. Il imagine que ça aidera sa cause d’avouer en partie ce qu’il s’est passé dans sa prison. Et ces gens décrivent souvent les choses techniquement, sans se rendre compte des implications d’un point de vue pénal et criminel.

 

Comment ça ?

 

 

Justine : Les gens font des choses répréhensibles par la loi, des crimes, en estimant que c’est la moins mauvaise des solutions. Les personnes qui se réjouissent vraiment sont un peu psychopathes et à la marge. Ce qui est assez terrifiant, c’est que des gens peuvent te justifier hyper rationnellement pourquoi ils ont commis un viol.

 

 

Comment peut-on trouver une explication rationnelle au viol ?

 

Justine : En Centrafrique, on te décrit plutôt la chose comme “on revenait du front, ça avait été très difficile, il fallait qu’on se détende”. Les gens ne disent jamais “oui c’est vrai j’ai fait un truc horrible”. Ils estiment toujours avoir de bonnes raisons de le faire. Et c’est pour ça qu’ils parlent assez librement.

 

Hélène : Cet argument “il faut se détendre” est d’ailleurs noté dans un des rapports de l’ONU, dans les conseils pour régler “les mauvaises conduites” – comme on appelle ces violences – des casques bleus. Selon ce document, il faudrait leur donner plus de loisirs, parce qu’ils s’ennuient, les pauvres… Et donc indirectement c’est pour cela qu’ils violent et qu’ils vont voir des prostitués. C’est un peu le repos du guerrier…

 

Justine : La plupart sont d’ailleurs persuadés de rendre service aux populations. Comme il y a souvent un échange de nourriture, de savons, de quelque chose, les soldats considèrent la chose comme un échange de bons procédés. Il y a souvent des enfants qui traînent autour du camp, qui demandent à boire et à manger. Et bon, de temps en temps, il y en avait un qui…

Hélène : Et puis personne ne dit que c’est mal… Il y a une impunité totale. Quand tu fais un truc pareil et que derrière il n’y a pas de conséquences, pourquoi ne pas continuer ?

Anne-Laure : C’est un peu la banalité du mal d’Hannah Arendt, plus zéro formation des troupes, plus zéro répression, qui créent une sorte de super tempête où l’impunité est effective et à de beaux jours devant elle.

Vous montrez justement que presque tout le monde couvre ces violences. Pourquoi ?

 

Hélène : Pour l’ONU, la réponse est simple : la réputation, l’image. L’ONU ne peut pas faire sans son image d’organisation mondiale de la paix et de protection des droits de l’Homme. Les hauts responsables donnent d’ailleurs les mêmes excuses qu’un soldat : c’est compliqué, on ne peut pas tout faire, on ne peut pas s’occuper de ça.

Justine : Les casques bleus sont envoyés par leur pays sur une base volontaire du pays d’origine. L’ONU a déjà du mal à rassembler assez de gens pour ses missions de maintien de la paix. Poursuivre en justice un soldat qui aurait violé, c’est lancer un signal au pays d’origine du soldat de ne plus prendre le risque d’envoyer ses soldats.

 

Vous avez travaillé sur l’ONU et la difficulté de faire exister les violences sexuelles dans les jugements. Était-ce compliqué ?

 

Hélène : Étonnamment, on a réussi à avoir la plupart des rendez-vous dont nous avions besoin. C’est une fois sur place que ça a été compliqué. Quand nous sommes arrivées, on nous a annoncé que tous nos rendez-vous d’une heure seraient réduits de moitié. Puis un employé des relations publiques est toujours présent et enregistre toutes les conversations. C’était assez amusant parce qu’il nous a dit “au cas où, si votre enregistreur ne fonctionne pas, je pourrais vous donner le mien”. Alors qu’il voulait simplement vérifier nos questions. Et en plus de tout ce dispositif, quelques heures après, j’ai reçu un appel d’une des personnes des relations publiques pour me dire “on est bien d’accord, tout ce qu’on a dit était du off et vous ne pourrez citer la personne”.

 

Et comment avez-vous fait ?

 

Hélène : J’ai très clairement expliqué qu’il n’y aurait pas de off et que si cette personne avait répondu à mes questions elle allait être citée. On m’a menacée, aussi, d’alerter directement le rédacteur en chef de Médiapart, où paraissaient nos articles à ce moment-là. Je ne crois pas qu’ils l’ont fait finalement.

 

Justine : Et puis bon, Médiapart…

 

Hélène : Je pense que l’ONU est habitué à ce qu’on s’écrase devant eux. Ou en tout cas ils ne se gênent pas pour demander aux journalistes de modifier les choses, de passer certaines autres sous silence, de relire.

Et pourquoi répondaient-ils alors ?

 

Hélène : Parce que ça fait mauvais genre une mention “l’ONU n’a pas voulu répondre à nos questions” j’imagine. Après, honnêtement, j’étais surprise qu’ils nous accordent autant d’interviews. On y est allées en disant qu’on voulait travailler sur la question des “mauvaises conduites”, c’est le terme générique pour parler des agressions sexuelles. Ils étaient d’accord pour nous expliquer comment fonctionnait les enquêtes internes. Mais les questions de violences sexuelles les ont mis extrêmement mal à l’aise. À chaque fois, c’est le même discours : politique de tolérance zéro.

 

Après les révélations d’agressions sexuelles en Centrafrique, Hollande et Le Drian avaient pris des positions très fermes, pourtant les procès n’aboutissent pas.

 

Justine : Hollande et le Drian savent qu’ils n’ont rien à perdre à dire qu’ils sont hyper fermes. Et ils misent sur le fait que ni la justice ni les journalistes n’ont le temps et les moyens de retrouver la fille qui a été violée au fin fond de la Centrafrique.

 

Comme vous le dites dans votre conclusion, “arrivé au terme de cette enquête, une certitude hantera sans doute l’esprit de la lectrice ou du lecteur : il n’y a pas d’espoir”.

 

Anne-Laure : Dès l’intro on dit que ça ne va pas être facile à lire. Oui le bilan est noir, où qu’on regarde c’est la catastrophe. Mais, encore une fois, grâce aux victimes qui trouvent de plus en plus le courage de parler et de se battre contre cet état de fait, il y a des raisons d’espérer que ça change. Au même titre que les lanceurs d’alerte qui se multiplient.

Justine : Ça c’est pour ce qui relève du livre, mais il y a tout de même eu, depuis le début du projet quelques petites victoires. Après l’enquête, des activistes ukrainiens se sont saisis de la question pour porter des propositions au parlement pour sanctionner plus sévèrement ces actes, et un projet de loi est en cours. En France, les producteurs et réalisateurs d’a BAHN ont obtenu, après moult discussions, un rendez-vous au ministère des armées. Si le contenu de ce rendez-vous a été décevant, ça montre qu’ils nous ont vus, qu’ils ont compris qu’on était là et qu’on continuerait à poser des questions.

 

Anne-Laure : Des gens sont venus vers nous après les articles de Médiapart. Il y a eu les pétitions. Et puis maintenant le livre. Les gens nous disent que c’est important de parler de ça.

 

Justine : Et dire que ça peut bouger n’est pas être bisounours avec des discours “ensemble tout est possible, en faisant des grandes rondes et en se tenant la main”. Non. C’est aussi être réaliste et se rendre compte que pour certaines institutions et personnes, il n’y a pas intérêt à ce que ça reste impuni. L’armée française est quand même toujours gênée aux entournures quand on parle de viol et de violence. S’il est possible de faire un certain nombre de choses pour prévenir ou pour sanctionner, on a espoir que ça sera fait. Non pas parce qu’on a un espoir fou en l’humanité ou dans l’état-major français, mais parce qu’il y a des points de pression, il y a des choses sensibles.

 

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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 23:06
L'espoir renaît en Centrafrique après le passage du secrétaire-général de l'ONU

 

 

 

 

https://www.voaafrique.com  29 octobre 2017

 

En RCA, le passage de quatre jours du secrétaire-général de l'ONU suscite de l'espoir, promettant le rééquipement des forces de défense et de sécurité centrafricaine et l'augmentation de l'aide humanitaire, mais aussi, le renforcement des capacités de la Minusca.

 

Antonio Guterres a été accueilli presque en sauveur d'une nation en péril. Dans la capitale centrafricaine comme à Bangassou où il s'est aussi rendu, le secrétaire-générale de l'ONU a été reçu par des plaintes de la population et même des autorités.

 

Après son départ, l'espoir renaît parmi le peuple et au sein du gouvernement.

 

"Cela nous réconforte, car il faut privilégier le dialogue", a déclaré le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji. "C'est un homme clairvoyant".

 

A l'Assemblée Nationale, les députés ont insisté sur l'importance d'un mandat robuste pour la Minusca, l'ouverture d'une enquête sur certains de ses responsables mais aussi le réarmement des FACA.

 

Mamadou Nali, député de Damara, s'est dit "satisfait des réponses du patron de l'ONU" car il a "plaidé pour une intensification d'une intervention humanitaire" ainsi que "dans le domaine de la sécurité".

 

Satisfaction également au PK5, le grand quartier musulman de la capitale, visité par Antonio Guterres.

 

"C'est une bonne visite pour nous, et il nous a rassuré, il a vu les difficultés", confie Mamadou Boubayaka, ancien maire du 3e arrondissement.

 

Avant de quitter la Centrafrique, le patron de l'ONU a promis 3 choses à court terme aux centrafricains; le renforcement des capacités de la Minusca, le plaidoyer pour le rééquipement des forces de défense et de sécurité nationale et pour l'augmentation de l'aide humanitaire.

 

Freeman Sipila, correspondant à Bangui

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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 22:46

 

 

 

 

https://www.la-croix.com  La Croix, le 30/10/2017 à 6h00

 

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a effectué la semaine dernière une visite en Centrafrique où les violences ont redoublé ces derniers mois. Cette visite intervenait quelques semaines avant le probable renouvellement du mandat de la Minusca, forte de 12 500 hommes. Depuis le début de l’année, douze casques bleus ont été tués.

 

Il faut en finir avec l’impunité

 

Jean-Pierre Tuquoi

 

Auteur de « Oubangui-chari. Le pays qui n’existait pas » (1)

 

Ce pays vit une instabilité politique rare depuis les années 1960. Aucun autre pays africain n’a vu l’armée française revenir aussi fréquemment. Elle est intervenue huit fois depuis l’indépendance. Cette instabilité s’explique par des frontières qui ne reposent sur rien en termes religieux ou ethniques. Au XIXe siècle, la Centrafrique devait être, pour la France, le point central entre ses possessions de l’ouest africain et celles de l’est avec Djibouti. Les Britanniques ont mis fin à ce rêve de continuité géographique avec la victoire de Fachoda. L’Oubangui-Chari (colonie, puis territoire d’outre-mer de la République française en 1947, il devient République centrafricaine – RCA – en 1958) est alors devenu un cul-de-sac concédé à des entreprises privées qui en exploitaient le caoutchouc ou l’ivoire.

 

Ensuite, on a donné son indépendance à cette colonie oubliée alors qu’elle n’était pas prête. Hormis Barthélemy Boganda, mort dans un accident d’avion en 1959, la Centrafrique n’a connu aucun chef d’État de réelle envergure. La classe politique locale, souvent corrompue, n’est pas à la hauteur. La société civile est inexistante. La seule force demeurait l’Église catholique. Elle a œuvré pour la réconciliation, notamment avec la visite du pape François, dont le message de paix a été bien relayé par la Conférence des évêques. Aujourd’hui, l’Église catholique est attaquée, au sein même du gouvernement, et la situation n’est pas facile pour ses responsables. Enfin, c’est l’ensemble de la région qui est instable, avec la République démocratique du Congo, le Cameroun ou le Soudan du Sud.

 

Que faire dans ces conditions ? On pourrait organiser une conférence internationale. On pourrait aussi envisager de mettre le pays sous tutelle. Les textes de l’ONU offrent cette possibilité, même si elle n’a jamais été tentée jusqu’à présent. Mais la Centrafrique n’intéresse pas grand monde, même plus la France. Les forces de l’ONU qui s’y trouvent n’ont pas le mandat qu’il faudrait pour gérer ce type de situation.

 

En attendant, deux réformes pourraient améliorer les choses. D’abord, il faudrait donner plus d’autonomie aux différentes régions du pays. Les liaisons sont mauvaises, souvent uniquement aériennes. Les contextes sont différents entre le nord musulman et le sud chrétien. Ensuite, le pouvoir en place à Bangui devrait en finir avec la culture de l’impunité. Aujourd’hui, chaque chef de clan qui fomente des troubles est quasiment assuré d’être impuni, au nom de la réconciliation nationale. Cette réconciliation n’autorise pas tout. Depuis trois ans, un tribunal spécial international est censé juger les coupables d’exaction. Il est dirigé par un proche du président congolais Joseph Kabila et ne semble pas avoir beaucoup avancé. L’impunité demeure et ce n’est pas bon.

 

Recueilli par Pierre Cochez

 

(1) Éd. La Découverte, 21 €, août 2017.

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Tout le monde sait que cet Etat est une fiction

 

Thierry Vircoulon

 

Chercheur associé au programme Afrique subsaharienne de l’Ifri

 

Depuis son indépendance en 1960, ce pays a toujours vécu sous la dépendance directe d’un ou plusieurs acteurs extérieurs. Jusqu’à la fin des années 1990, sous celle de la France. Puis de la sous-région, en particulier du Gabon. Et avec la crise ouverte par la Séléka, sa gestion a été transférée à l’ONU.

 

Sur le fond, la greffe de l’État n’a jamais pris. C’était déjà une colonie au rabais aux yeux de la France. Elle n’a pas investi sérieusement dans les infrastructures et la formation d’une élite : en 1960, ce pays n’avait donc pas les ressources humaines pour l’administrer et assumer son indépendance. En conséquence, la France l’a pourvu en conseillers, en cadres et en soutien financier. Cette assistance technique et économique l’a infantilisé. Elle a conduit les Centrafricains à ne pas s’approprier leur administration, d’autant qu’ils se sont très bien accommodés de cette fausse indépendance. Le paroxysme a été atteint sous le régime du président Kolingba où un officier de la DGSE jouait le rôle de président bis.

 

La fiction de l’État centrafricain a commencé à se fissurer avec le retrait de la France sous Ange-Félix Patassé, le président de la RCA de 1993 à 2003. Ce retrait a été comblé par des pays africains et des institutions internationales aux intérêts divergents et parfois très opportunistes. La dégénérescence de l’administration s’est alors accélérée.

 

L’ambiguïté qui consiste à aider un État que l’on proclame souverain mais qui n’a jamais eu les moyens de l’être se répète chaque fois. Tout le monde connaît la trajectoire de la RCA depuis 1960, mais personne n’en tire les conséquences.

 

Or, tant qu’elle n’aura pas à sa tête une élite suffisamment formée, intègre et nombreuse pour la prendre en charge, la communauté internationale ne réussira pas à l’aider. À cela s’ajoutent deux problèmes de fond : ses ressources sont insuffisantes pour financer son fonctionnement. Et elle est dépourvue de sentiment national. Ce pays est morcelé par des communautés qui ont des contentieux historiques. À la différence de la RD-Congo, il n’a pas réussi à créer une identité commune au-delà des appartenances singulières.

 

L’ONU continue à dire que c’est un pays souverain, qu’il est dirigé par un vrai gouvernement : or, ce n’est pas vrai. Le gouvernement n’a pas d’argent, pas de pouvoir (sauf celui de vider des caisses déjà à moitié vides) et répond à des intérêts hétérogènes.

 

Les conditions sont réunies pour activer sa mise en tutelle comme le prévoit le chapitre XIII de la charte de l’ONU. Mais ce n’est pas la direction prise par la communauté internationale qui ne veut pas se déjuger, ni trop s’investir. Toutefois, si elle se retirait, la fiction centrafricaine cesserait : son territoire serait entièrement divisé et occupé par des chefs de guerre et leurs parrains régionaux. L’Afrique aurait un nouvel espace hors contrôle comme en Somalie et en Libye.

 

Recueilli par Laurent Larcher

 

Lu pour vous : Comment la communauté internationale peut-elle aider la Centrafrique ?
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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 20:29
Lu pour vous : Thierry Vircoulon: «La Centrafrique est devenue le pays malade de la région»

 

 

 

http://m.geopolis.francetvinfo.fr  Mis à jour à 13h21, publié le 29/10/2017 à 9H25

 

Arrivé à Bangui le 24 octobre 2017, le secrétaire général de l’ONU Alexandre Guterres a estimé que «la communauté internationale ne s'engage pas suffisamment (…) pour aider» la Centrafrique. La situation dans ce pays est décrite comme chaotique.

 

Entretien avec Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (IFRI).


Antonio Guterres a estimé que la Centrafrique était une «crise oubliée». En août, un haut cadre de l’organisation internationale avait, lui, évoqué des «signes avant-coureurs de génocide». Qu’en est-il exactement?


Il y a eu effectivement des milliers de morts. Mais en l’état actuel des choses, la Centrafrique ne paraît pas être un pays où l’on puisse organiser un génocide.

Depuis mai, on assiste effectivement à une nouvelle flambée de violences avec les groupes armés qui se battent entre eux. Ces violences, parties du Sud-Est, ont des répercussions dans le reste du pays. Notamment une nouvelle vague de déplacés.



Le départ des troupes françaises, présentes dans le pays entre 2013 et 2016, a-t-il aggravé la situation?


Cette présence a eu un effet dissuasif que n’a pas forcément celle des casques bleus de la Minusca.


Les groupes armés ont reçu des «appuis venus de l’extérieur», estime Antonio Guterres sans donner davantage de précision. De quoi peut-il s’agir?

 

 «Libération» parle de «mercenaires tchadiens et soudanais»…


Ce qui est sûr, c’est que depuis 2013, la Séléka compte effectivement dans ses rangs des Tchadiens et des Soudanais. D’une manière générale, des hommes et des armes sont arrivés du Congo, du Tchad et du Soudan.


La Centrafrique est devenue le pays malade de la région. Tous les seigneurs de guerre de la zone s’y sont installés et y font de l’argent.



Pour décrire la situation, on parle souvent de deux camps antagonistes: les anti-Balaka, à majorité chrétienne, et les ex-Séléka, à majorité musulmane. Or, trois figures religieuses centrafricaines disent que «ce n’est pas un conflit religieux». Les religions ne sont-elles pas instrumentalisées? N’y a-t-il pas, derrière, des fractures ethniques et régionales?


Les anti-Balaka n’ont rien de chrétiens. Ils sont couverts de grigris et de talismans pour détourner les balles. Ce sont surtout des animistes qui passent leur temps chez le sorcier !



Il n’y a pas deux camps, mais des dizaines de groupes armés qui s’affrontent. Et au milieu, il y a un gouvernement inefficace.



La Séléka (qui veut dire «coalition» en langue sango) était au départ un regroupement de groupes à base ethnique, notamment roungas et goulas, rejoints par des mercenaires tchadiens et soudanais. Mais cette coalition a volé en éclat très rapidement et a ainsi été la matrice d’une quinzaine de groupes.



Chez les anti-Balaka, il y a également plusieurs tendances. On trouve aussi des groupes armés peuls comme lmouvement 3R ou l'UPC.



La plupart de ces groupes ont une base ethnique et ont une fonction d’auto-défense communautaire. Ainsi, quand on n’a plus de sécurité, comme c’est le cas dans ce pays, on se raccroche à des bandits. Lesquels, un jour, se montrent protecteurs et, le lendemain, abusent de vous. Les communautés utilisent ces groupes armés comme un bouclier. Pour prendre l’exemple de 3R ou de l’UPC, ce sont des bandits qui se présentent comme les défenseurs des Peuls maltraités. Il en va de même pour les autres mouvements.


Pour résumer, on peut dire qu’on est là dans une situation basique: quand on n’a plus de sécurité, on bricole sa propre sécurité avec ce qu’on a à sa disposition. On est ainsi amené à utiliser des bandes armées, tout en s’en plaignant. Dans la mesure où il n’y a plus d’Etat centrafricain, les différentes ethnies doivent se débrouiller. On assiste ainsi à une communautarisation de fait.



Qu’est ce qui pourrait aider à résoudre le conflit?


Pas l’Etat ! Il n’a jamais été fort et il a toujours été oppresseur.


D’une manière générale, il n’y a pas de solution magique. On est dans une crise longue. Les Centrafricains pensaient au départ qu’elle durerait deux ou trois ans. Ils comprennent maintenant la réalité de la situation.


De son côté, l’ONU voudrait envoyer 900 casques bleus supplémentaires. Ils sont nécessaires pour reprendre le contrôle de certaines villes. Mais cela ne va pas résoudre la crise.


Le mandat de la Minusca court jusqu’au 15 novembre 2017. L’approche qu’elle a du conflit est un échec. Reste à savoir si cette approche changera après le renouvellement du mandat. En clair, on verra si les forces de l’ONU auront moins de tâches qu’aujourd’hui et si elles se concentreront davantage sur la protection des civils et les négociations politiques avec les groupes armés.


Peut-on mener des négociations politiques avec des gens dont vous dites vous-même que ce sont des bandits…?


Soit on les neutralise, soit on négocie avec eux. Il n’y a pas de troisième alternative.

 

Par Laurent Ribadeau Dumas

 

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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 16:35
Nouvelles nationales sur RJDH
Nouvelles nationales sur RJDH
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Centrafrique : 144 nouveaux soldats formés en Guinée Equatoriale

 

PAR FLEURY AGOU LE 30 OCTOBRE 2017

 

BANGUI, 30 octobre 2017 (RJDH)–Le Chef d’Etat centrafricain, Faustin Archange Touadera, accompagné de la Ministre de la Défense nationale, Mme Marie-Noëlle Koyara et du Général de Brigade Ludovic Ngaïfeï, Chef d’Etat-Major des Forces Armées Centrafricaines (FACA) étaient présents ce 28 octobre en Guinée Equatoriale pour assister à la cérémonie de fin de formation de nouveaux militaires de la RCA.

 

Pour redynamiser l’outil de défense militaire et en vue d’accélérer le recyclage des FACA, 144 jeunes centrafricains ont été envoyés en Guinée Equatoriale afin de faire d’eux « un soldat, un combattant et un bon citoyen ».

 

Après avoir achevé la formation initiale destinée aux militaires du rang sous la férule d’instructeurs israéliens, et aptes  à servir dans le métier des armes, ces jeunes soldats ont eu droit à une prise d’armes à l’académie de la Police Obiang, présidée par Faustin Archange Touadera et son homologue guinéen, Obiang Nguema Mbasogo, a rapporté la Présidence Centrafricaine.

 

Lors de cette la cérémonie marquant la fin de leur formation, ces militaires ont démontré leurs savoirs dans des exercices de combats, de tirs et d’arts martiaux.

 

Cette démarche d’accélérer la formation des FACA et de redynamiser l’outil de défense est saluée par les centrafricains qui au même moment ont encouragé la coopération sud-sud. Après Malabo, le Rwanda a ouvert la porte de ses centres de formation à « 202 militaires centrafricains », a indiqué toujours la Présidence.

 

La question du redéploiement des FACA était au centre des différentes rencontres du SG de l’ONU, Antonio Guterres  avec les centrafricains. Sur cette question « le Président Touadera a déclaré à Bangui le 24 octobre à l’occasion de la célébration de la Journée des Nations Unies 2017 en présence du S.G de l’ONU que les FACA allaient être déployées aux côtés des Casques bleus dans les mois à venir ».

 

Les formations à l’extérieur du pays devraient être certifiées par la mission européenne EUTM-RCA, en charge de recycler les FACA dont leur opérationnalisation est très attendue par la population, meurtrie par la crise depuis 2013.

 

 

Avis contradictoire des responsables de l’ONU sur la crise en Centrafrique

 

PAR FLEURY AGOU LE 30 OCTOBRE 2017

 

BANGUI, 30 octobre 2017 (RJDH)–En clôturant sa visite en terre centrafricaine, Antonio Guterres le Secrétaire Général de l’ONU a rappelé que « la République Centrafricaine n’est plus face à une situation de génocide », une déclaration qui contredit celle de Mr Stephen O’Brien, le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires.

 

Dans une République Centrafricaine où le Nord et l’Est sont écumés par des bandes armées qui excellent dans la violence sur la population civile, était arrivée le 24 octobre 2017 le SG de l’ONU, Antonio Guterres. A la fin de ses quatre (04) jours de mission, Antonio Guterres a conféré avec la presse nationale et internationale. Il a déclaré que « la République Centrafricaine n’est plus face à une situation de génocide ».

 

Devant la presse, le SG de l’ONU a désavoué les propos de son adjoint pour les Affaires humanitaires, Mr Stephen O’Brien qui soulignait en août qu’il y a des « signes avant-coureurs de génocide » en Centrafrique. Ce terme «génocide » n’était pas apprécié par le Département des opérations de maintien de la paix, mais tous notaient l’urgence de renforcer l’effectif de la Minusca.

 

Adama Dieng, Conseiller spécial du secrétaire Général de l’ONU pour la prévention du génocide, lors de sa visite en Centrafrique du 6 au 11 octobre 2017, est resté au centre,  « je ne peux pas dire qu’il y’a un risque de génocide, mais je dirais tout simplement qu’il faut rester vigilant. Il y’a des indicateurs que sont la prolifération des groupes armés, la faiblesse des structures de l’Etat », avant de mettre en garde des responsables d’atrocités et « ceux qui instrumentalisent et incitent à la haine ethnique et confessionnelle », avait-il confié à la presse.

 

Ces points de vue combien contradictoires des hauts responsables des Nations Unies sur la situation qui prévaut en Centrafrique n’étonnent point sur la gestion de la crise. Ils dénotent l’absence d’unanimité dans le traitement de la crise et de réactivité de l’ONU face aux groupes armés

 

Mais,  les centrafricains ont d’une seule voie, demandé à l’ONU de traquer les groupes armés et d’utiliser la manière forte pour protéger la population civile afin d’éviter que les bandits armés s’attaquent à des communautés pour faire croire qu’il s’agit d’une crise confessionnelle et s’enrichir de l’économie de guerre.

 

Le mandat de M. Stephen O’Brien (Royaume-Uni) est à terme, il sera remplacé par son compatriote M. Mark Lowcock. Ce dernier traine plus de 30 ans d’expérience dans la conduite et la gestion d’interventions humanitaires à travers le monde, et des compétences stratégiques en matière de développement international.

 

 

Centrafrique : Environ 58 enfants en attente de jugement à Bangui

 

PAR AUGUSTE BATI-KALAMET LE 30 OCTOBRE 2017

 

BANGUI, 30 Octobre 2017 (RJDH)—58 enfants en conflit avec la loi sont en attente de leur jugement à Bangui dont 22 en instance de jugement et 36 en instruction. Information confirmée par le magistrat Thierry François Moskit près le tribunal pour enfant à Bangui.

 

Parmi ces dossiers en instruction figurent ceux des enfants associés aux groupes armés qui seront jugés après la session criminelle de juin dernier. L’annonce de leur jugement est faite au RJDH alors que des personnalités sont nommées près le tribunal pour enfant. Leur prise de service dépendra de l’avancement des dossiers en instruction.

 

Selon le président du tribunal pour enfants Thierry François Moskit, plusieurs enfants sont poursuivis pour attentat  à la pudeur et viol. Il présente aussi le record quant aux enfants associés aux groupes armés, « les enfants dont la tranche d’âge varie de 13 à 17 ans sont présumés auteurs de plusieurs infractions dont l’attentat à la pudeur, viol etc. On note 22 dossiers en instance de jugement et 36 autres en instruction. Nous avons enregistré deux dossiers des enfants associés aux groupes armés», précise-t-il, avant de relever que « les enfants qui sont enrôlés dans les groupes armés sont en état d’infraction permanente. Ils doivent être traqués et jugés », a-t-il indiqué.

 

Après les prononcés de jugement, les enfants condamnés vont purger leur peine dans les cellules préparées à cet effet à la Prison Centrale de Ngaragba à Bangui. « A la maison d’arrêt de Ngaragba, le ministère avec les partenaires ont aménagé une chambre de détention pour les enfants jugés. Nous vous informons que quatre enfants condamnés sont à la maison centrale de Ngaragba, trois sont scolarisés et un subit une formation socioprofessionnelle. Lorsque les verdicts des 22 dossiers seront tombés, le ministère prendra toutes ses responsabilités pour protéger ces enfants selon les normes », a-t-il ajouté.

 

Il met l’accent sur l’aspect correctionnel selon les dispositions prévues par le code pénal en vigueur « le code pénale  centrafricain est aussi appliqué aux enfants, vu que l’attentat à la pudeur est condamné de deux à cinq ans et le viol est condamné à une peine maximale. Par contre une mesure aléatoire a été adoptée pour les causes des enfants en situation d’infraction. Mais il n’existe pas d’exception selon le code pénal, parce que les mêmes sanctions sont appliquées pour les mineurs et pour les adultes », a développé Thierry François Moskit.

 

Ces annonces sont faites dans un contexte où l’Unicef dans son rapport de juin dernier déplore la présence d’au moins 10.000 enfants dans les rangs des groupes armés.

 

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