Nations unies (Etats-Unis) AFP / 07 novembre 2017 21h40- Le Conseil de sécurité de l'ONU est appelé le 15 novembre, lors du renouvellement annuel du mandat de sa force de paix en Centrafrique, à la renforcer de 900 militaires supplémentaires, selon un projet de résolution obtenu mardi par l'AFP.
Ce renforcement avait été demandé dans un récent rapport par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, qui a mis en garde contre un risque de nettoyage ethnique dans le pays.
Selon l'ambassadeur italien à l'ONU, Sebastiano Cardi, président en exercice du Conseil de sécurité en novembre, il existe parmi ses 15 membres "une bonne compréhension générale" de la nécessité d'augmenter le nombre de militaires de la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca).
Washington, qui cherche depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en début d'année à réduire le coût des opérations de maintien de la paix de l'ONU, semble être en accord avec cette position.
"Les Etats-Unis ne sont pas opposés de principe à une augmentation modeste de troupes pour la Minusca mais à la condition que les militaires supplémentaires apportent un réel plus" au mandat de la mission, a indiqué mardi la représentation américaine à l'ONU.
Ils devront à cet égard "faire preuve des plus hauts standards professionnels et s'abstenir de tout abus sexuel", a-t-on ajouté de même source.
En vertu du projet de résolution rédigé par la France, la Minusca serait autorisée à déployer sur le terrain jusqu'à 11.650 personnes, dont 2.080 policiers et 480 observateurs militaires.
Le texte exprime l'"inquiétude" du Conseil de sécurité face à la "dégradation de la situation sécuritaire dans le sud-est et le nord-ouest" de la Centrafrique "en raison d'affrontements entre groupes armés".
Il condamne également les violations des droits de l'homme, dont les abus sexuels contre les femmes par des groupes rebelles, et exprime sa sérieuse préoccupation face aux accusations de viols qui continuent d'être portées contre des Casques bleus.
La Minusca est déployée depuis 2014 et le renouvellement de son mandat vise, outre une augmentation de ses contingents, à les rendre plus flexibles et mobiles pour contrer les menaces et les atteintes à la paix.
La Centrafrique - pays extrêmement pauvre mais riche en minerais - est embourbée dans un conflit depuis le renversement en 2013 du président François Bozizé par la coalition pro-musulmane de l'ex-Séléka, entraînant une contre-offensive de milices pro-chrétiennes autoproclamées d'"autodéfense" des antibalaka (antimachettes). M. Guterres s'y est rendu récemment.
Plus de 600.000 personnes sont déplacées dans le pays et 500.000 sont réfugiées dans des pays voisins. Environ 2,4 millions de Centrafricains, soit la moitié de la population, sont dépendants d'une aide internationale.
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Guterres plaide pour 900 Casques bleus supplémentaires en Centrafrique
http://www.bbc.com 7 novembre 2017
Le Conseil de sécurité de l'ONU a examiné lundi à New York le rapport du Secrétaire Général sur la Centrafrique.
Le rapport fait état d'une détérioration croissante de la situation sécuritaire.
La situation a provoqué le déplacement de près de 600.000 personnes et près d'un demi-million de réfugiés dans les pays voisins.
Antonio Guterres a demandé au Conseil de sécurité d'augmenter de 900, le nombre de soldats déployés par la mission Onusienne en Centrafrique.
La Force sera plus flexible en vue d'un déploiement rapide dans les zones à risque.
Mais le Conseil n'est pas encore unanime quant à l'augmentation des troupes proposée par le Secrétaire Général.
Les Américains par exemple ne veulent plus entendre parler d'augmentation mais de réduction.
L'Italie qui assure la présidence du Conseil rassure cependant pour ce qui concerne les négociations en cours en vue d'un consensus autour de la question.
RCA : face à la dégradation de la situation sécuritaire, l'ONU appelle à un engagement accru de tous les acteurs
http://www.un.org 6 novembre 2017 – Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine (RCA), Parfait Onanga-Anyanga, a jugé lundi crucial l'engagement continu du Conseil de sécurité dans les efforts de stabilisation du pays.
« L'année en cours a été marquée par des faits graves », a déclaré M. Onanga-Anyanga, à l'adresse des membres du Conseil de sécurité. « De nombreux Centrafricains ont perdu la vie », a-t-il indiqué en soulignant que la dégradation de la situation sécuritaire n'avait pas permis le retour durable des personnes affectées depuis le début de la crise.
La RCA compte désormais près de 600.000 personnes déplacées et un demi-million de réfugiés dans les pays voisins. « De nombreux autres encore ont disparu, dans l'oubli et le silence, sans sépulture. »
Le Représentant spécial a indiqué que cette situation sécuritaire avait assombri davantage un environnement humanitaire déjà désastreux, avant de mentionner la mort violente de treize travailleurs humanitaires, « faisant de la RCA le pays le plus dangereux pour l'action humanitaire ».
« C'est dans ce contexte d'une brutalité inouïe, où il n'y a souvent aucune paix à préserver, que les Casques bleus sont engagés et risquent quotidiennement leurs vies », a-t-il poursuivi. « Douze d'entre eux ont succombé depuis le début de cette année, victimes de violentes attaques ciblées. »
M. Onangya-Anyanga a déclaré que, partout où la présence de l'État faisait défaut, les attaques brutales à l'encontre des civils avaient persisté, en particulier dans le sud-est et le nord-ouest du pays.
Avec le début de la saison sèche et de la transhumance, il a dit craindre un regain d'affrontements à l'ouest du pays, notamment, entre des combattants anti-Balakas locaux et des membres armés de la communauté Peulh (Fulani) ou des éléments armés affiliés aux ex-Séléka. « Malgré les rigueurs du terrain et l'impact négatif de l'incompréhension entretenue découlant d'attentes démesurées du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et forcément déçues, même si je les comprends, la Mission continue de mener son mandat avec courage et détermination ».
Le Représentant spécial a noté que la multiplication des foyers de tension et l'exacerbation de la violence mettaient en évidence les limites de la Force de la MINUSCA, « que le retrait des forces ougandaises sous mandat de l'Union africaine a accentué. »
Renforcer les institutions légitimes de la RCA
Le Représentant spécial a souligné l'aspect essentiel des décisions du Conseil de sécurité pour permettre de nouvelles avancées dans le pays. Comme l'a indiqué le Secrétaire général, la RCA est un pays qui fait face à d'immenses défis mais où existent aussi des opportunités réelles de parvenir à une résolution politique de la crise, a-t-il poursuivi.
M. Guterres a également plaidé pour un renforcement des institutions légitimes du pays, une augmentation substantielle des moyens de la Force de la MINUSCA et une plus grande prise de responsabilités nationales pour la sécurisation du pays, notamment à travers un déploiement progressif des bataillons centrafricains ayant été réformés par la Mission formation de l'Union européenne (EUTM).
« Pour réussir sur tous ces fronts, il faudrait un engagement de tous les acteurs autour d'un processus politique inclusif sous le patronage du Président centrafricain », a affirmé M. Onangya-Anyanga. Il a souligné, à cet égard, l'espoir que représente l'adoption de la Feuille de route pour la paix et la réconciliation en RCA, initiée par l'Union africaine, pour une sortie de crise par le dialogue. Les États régionaux devront renforcer leur engagement afin d'inverser la courbe de la violence, a-t-il continué.
M. Onangya-Anyanga a ensuite fait état de certains progrès accomplis dans la mise en œuvre du Plan national de relèvement et de consolidation de la paix et du Cadre d'engagement mutuel, qui fournissent des instruments stratégiques indispensables au renforcement institutionnel et au relèvement du pays. Mais deux millions de personnes ont un besoin urgent d'assistance alimentaire, a-t-il dit en ajoutant que « les perspectives de retour des déplacés et des réfugiés restent fortement compromises par la persistance des tensions ».
Augmenter les effectifs de la force de la MINUSCA
Devant le Conseil, le Représentant spécial a souligné que la demande du Secrétaire général d'augmenter de 900 soldats les effectifs de la Force de la MINUSCA fait partie d'une stratégie complète visant à remédier à la détérioration de la situation sécuritaire et à créer un espace en vue de l'avancement du processus politique.
Le chef de la MINUSCA a précisé que la Force serait ainsi plus flexible en vue d'un déploiement rapide dans les zones à risque pour les civils. « Nous allons renforcer notre soutien au processus politique et améliorer la protection des civils en mettant l'accent sur la prévention, tout en veillant à garantir un accès humanitaire », a indiqué M. Onangya-Anyanga tout en précisant vouloir assurer que le personnel de la Mission respecte plus que jamais la politique de tolérance zéro pour les atteintes et l'exploitation sexuelles prônée par le Secrétaire général. « Nous pouvons et devons faire mieux. »
En conclusion, le Représentant spécial a réitéré l'appel du Secrétaire général afin que les dirigeants centrafricains mettent fin à la manipulation politique et à l'instrumentalisation de l'ethnie ou de la religion. « Tolérance, dialogue et compromis nécessiteront du courage politique et moral de la part de tous les acteurs ».