Le chef d'un groupe armé centrafricain élu au comité exécutif de la CAF
https://www.lesechos.fr 02/02 À 15:54
Patrice Edouard Ngaissona, chef de la "coordination antibalaka", un groupe armé centrafricain, a été élu vendredi au comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) après un vote de l'assemblée générale réunie à Casablanca.
"Le Maroc est une terre bénie pour moi aujourd'hui", a déclaré M. Ngaissona à l'AFP après le vote de l'assemblée générale de la CAF, organe où il siège en tant que président de la Fédération centrafricaine de football.
Sa candidature au comité exécutif a recueilli 30 voix, contre 23 pour le Gabonais Pierre Alain Mounguengui qui briguait comme lui le siège réservé à la zone centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, RD Congo, Sao Tomé & Principe, Tchad) au sein de l'instance dirigeante de la CAF. Un vote a été déclaré nul.
Tout sourire, M. Ngaissona s'est levé après l'affichage des résultats du vote secret et a serré quelques mains autour de lui.
Les milices antibalaka (antimachettes) ont été parties prenantes de la crise sans précédent qui avait secoué la Centrafrique entre 2013 et 2015 et ont été accusées de graves exactions.
Patrice Edouard Ngaissona n'avait pas pu participer à la présidentielle de 2015 dans son pays, du fait des soupçons sur son rôle durant cette période.
"Si ces allégations étaient vraies, je ne serais pas là aujourd'hui. Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait dans le bien de mon pays", a-t-il déclaré vendredi à l'AFP en précisant "ne pas vouloir mélanger politique et sport".
M. Ngaissona, proche de l'ancien président François Bozizé, est président de la fédération centrafricaine de football depuis 2008 et fut brièvement ministre des Sports en 2013.
Cet ancien député, âgé d'une cinquantaine d'années, se présente depuis la crise de 2013 comme le "coordinateur politique" des antibalaka, milices autoproclamées d'"autodéfense" qui disent défendre les intérêts des chrétiens.
© AFP - FADEL SENNA
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RCA: Ngaïssona nommé au comité exécutif de la CAF
Par RFI Publié le 02-02-2018 Modifié le 02-02-2018 à 23:24
Patrice-Edouard Ngaïssona, le président de la Fédération centrafricaine de football, a été élu vendredi 2 février au comité exécutif de la Confédération africaine de football pour représenter l'Afrique centrale. Mais ce nouveau membre de la CAF est également l'un des coordonnateurs des ex anti-balaka et a joué un rôle majeur durant la crise centrafricaine.
Sans surprise, chez les anti-balaka on se réjouit de cette élection dans les instances du football international. Igor Lamaka, leur porte-parole, souligne que le vote de la CAF n'est finalement que « le fruit des efforts faits pour la jeunesse et que là, nous sommes couronnés par nos frères africains ». « Nous ne sommes pas des criminels, mais des résistants », continue-t-il en avec cet éternel argument du mouvement.
Du côté de l'exécutif, si on estime que c'est une fierté pour le pays d'avoir un Centrafricain à la CAF, on ne se prononce pas sur le volet judiciaire du coordonnateur des anti-balaka. Ce n'est pas au gouvernement de s'immiscer dans les affaires de la justice. Mais la CAF a dû avoir des éléments d'appréciation quant à son élection, relève le ministère de la Communication.
Chez les ONG de défense de droits de l'homme, en revanche, on s'insurge contre ce vote. Pour Lewis Mudge de Human Rights Watch (HRW), cela montre que l'impunité est toujours d'actualité en Centrafrique malgré les efforts faits avec les sessions criminelles et la future mise en place de la Cour pénale spéciale.
Samira Daoud, d'Amnesty International, ne dit pas le contraire, tout en mettant en garde les autorités centrafricaines qui ne peuvent pas d'un côté promouvoir la justice et de l'autre protéger des personnes dont il est avéré qu'elles étaient à la tête de groupes responsables de crimes très graves contre les civils. Et de rappeler qu'un mandat d'arrêt avait été émis en 2014 pour crimes contre l'humanité et incitation au génocide à l'encontre du nouveau membre du comité exécutif de la CAF.
De la machette au ballon rond: un chef antibalaka à la CAF
http://maliactu.net 2 février 2018
Malgré un lourd passif en Centrafrique à la tête des milices antibalaka, dont il est toujours l’un des principaux leaders politiques, le président de la fédération centrafricaine de football, Patrice-Edouard Ngaissona, a été élu vendredi au comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF).
« Le Maroc est une terre bénie pour moi aujourd’hui », dit à l’AFP, tout sourire, le quinquagénaire au visage rond, qui écarte d’un revers de la main les commentaires sur le rôle qu’il a joué durant la crise centrafricaine: « Si ces allégations étaient vraies, je ne serais pas là aujourd’hui ».
Son nom est pourtant régulièrement cité dans les rapports de l’ONU et dans les notes d’enquête de la justice centrafricaine comme l’une des têtes de pont des milices antibalaka qui ont semé la terreur dans le pays.
Créées en 2013 après la prise de pouvoir par la force de la coalition musulmane de l’ex-Séléka, ces milices peu structurées ont pris les armes en prétendant défendre les intérêts des chrétiens, et en représailles aux exactions des groupes armés musulmans. A la chute du président de la Séléka, Michel Djotodia, en 2014, les antibalaka se sont employés à une chasse aux musulmans dans Bangui et ses environs, faisant des centaines de morts.
Depuis, les milices antibalaka continuent de combattre dans une large partie du territoire, tantôt contre des groupes armés issus de l’ex-Séléka, tantôt contre d’autres milices antibalaka, pour le contrôle des territoires et ressources du pays.
« Il faut une reconnaissance de ce qu’ont fait les antibalaka », disait sans détour à l’AFP M. Ngaissona en 2014, lui qui s’affirmait « porte-parole » de ces milices et reste aujourd’hui leur « coordonnateur politique ».
A l’AFP, l’homme affirme aujourd’hui « ne pas vouloir mélanger politique et sport », et préfère citer à l’envi son rôle dans le football centrafricain, lui qui a été éphémère ministre des Sports en 2013 et est président de la fédération depuis 2008.
-‘Un travail bien fait’-
« C’est le fruit d’un travail bien fait depuis de années au sein de la jeunesse centrafricaine », pense lui le porte-parole des antibalaka, Igor Lamaka, une phrase qui ferait grincer des dents ses détracteurs tant l’enrôlement de mineurs dans les groupes armés est une problématique épineuse en Centrafrique.
Ailleurs en Centrafrique, cette nomination laisse un goût amer à ses anciens ennemis. « Ngaissona a commis des crimes, comment son casier judiciaire peut aujourd’hui être vide pour aller se présenter aux élections et à des postes internationaux? », s’indigne à l’AFP un leader du Front populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (Fprc), groupe armé fer de lance de l’ex-Séléka, lui-même responsable de nombreuses exactions dans le pays.
Plusieurs fois déjà, Ngaissona a été dans le viseur de la justice: en 2014, une vaste opération militaire de l’armée française dans son fief de Boy-Rabe, quartier de nord de Bangui, vise à l’appréhender, sans succès. Quelques semaines plus tard, les médias congolais fanfaronnent en annonçant en Unes des journaux locaux son arrestation au Congo; « je n’ai pas été arrêté », répondra-t-il quelques jours plus tard.
Il a bien été incarcéré au début des années 2000 pour enrichissement illicite, mais semble passer entre les mailles de tous les filets depuis.
A Bangui, ses détracteurs lient son inexorable ascension – jusqu’à se présenter à l’élection présidentielle de 2015 – à ses liens avec l’ancien président Bozizé (2002-2013), et ses connexions présumées avec le nouveau président en place, Faustin-Archange Touadéra.
Sa candidature à la présidentielle sera néanmoins rejetée, une décision qui provoque barricades et échauffourées dans les quartiers. Par ailleurs, Ngaissona avait été élu député dans son fief du 5e arrondissement sur les listes du KNK, parti de Bozizé.
Durant les troubles de 2014, « Ngaissona, qui coordonnait les milices antibalaka, a été soutenu par Bozizé qui tentait un retour au pouvoir », rappelle Nathalia Dukhan, chercheuse pour Enough Project. « Pour éviter la justice, Ngaissona continue d’entretenir certaines milices », accuse-t-elle.
« Vus les crimes dont les antibalaka se sont rendus coupables, la place de leur ancien coordinateur est probablement moins dans une réunion de la CAF ou la tribune d’honneur d’un stade de football que dans un tribunal », lâche Antonin Rabecq, de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
Son élection « nous fait mal, par rapport au climat d’impunité » qui règne en Centrafrique, ajoute à l’AFP Me Nzapani, du collectif des avocats contre l’impunité en RCA.
Du côté antibalaka, M. Lamaka renvoie la balle sans sourciller: « Quelles sont les preuves, quels sont les faits ? Sa nomination prouve que ce n’est pas un criminel, pas un assassin, c’est un homme du fair play, un sportif de haut niveau ».
CAF : Le Centrafricain Ngaissona élu au comité exécutif malgré la polémique
02 février 2018, 15:55 UTC
Le Centrafricain Patrice-Edouard Ngaissona, dont la candidature avait fait polémique, a été élu vendredi au comité exécutif de la CAF.
Réunie vendredi en assemblée générale, la Confédération africaine de football a pourvu quatre postes jusqu’alors vacants de son comité exécutif. La bataille la plus rude a opposé dans la zone Centre (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République démocratique du Congo, Sao Tomé et Principe, Tchad) le Gabonais Pierre-Alain Mounguengui au Centrafricain Patrice-Edouard Ngaissona, dont la candidature avait fait polémique en raison de son rôle dirigeant au sein des milices antibalaka, impliquées dans les violences de 2013-2014 dans le pays. Ce qui ne l’a pas empêché de recueillir 30 voix, contre 23 pour son adversaire. Seuls candidats dans leur zone respective, Jamal El Jaafri (Libye, Nord), Augustin Senghor (Sénégal, Ouest A) et Sita Sangaré (Burkina Faso, Ouest B) ont été élus sans surprise.
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Le chef d’un groupe armé centrafricain élu au comité exécutif de la CAF
Par AFP — 2 février 2018 à 15:54
Patrice Edouard Ngaissona, chef de la «coordination antibalaka», un groupe armé centrafricain, a été élu vendredi au comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) après un vote de l’assemblée générale réunie à Casablanca.
«Le Maroc est une terre bénie pour moi aujourd’hui», a déclaré M. Ngaissona à l’AFP après le vote de l’assemblée générale de la CAF, organe où il siège en tant que président de la Fédération centrafricaine de football.
Sa candidature au comité exécutif a recueilli 30 voix, contre 23 pour le Gabonais Pierre Alain Mounguengui qui briguait comme lui le siège réservé à la zone centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, RD Congo, Sao Tomé & Principe, Tchad) au sein de l’instance dirigeante de la CAF. Un vote a été déclaré nul.
Tout sourire, M. Ngaissona s’est levé après l’affichage des résultats du vote secret et a serré quelques mains autour de lui.
Les milices antibalaka (antimachettes) ont été parties prenantes de la crise sans précédent qui avait secoué la Centrafrique entre 2013 et 2015 et ont été accusées de graves exactions.
Patrice Edouard Ngaissona n’avait pas pu participer à la présidentielle de 2015 dans son pays, du fait des soupçons sur son rôle durant cette période.
«Si ces allégations étaient vraies, je ne serais pas là aujourd’hui. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait dans le bien de mon pays», a-t-il déclaré vendredi à l’AFP en précisant «ne pas vouloir mélanger politique et sport».
M. Ngaissona, proche de l’ancien président François Bozizé, est président de la fédération centrafricaine de football depuis 2008 et fut brièvement ministre des Sports en 2013.
Cet ancien député, âgé d’une cinquantaine d’années, se présente depuis la crise de 2013 comme le «coordinateur politique» des antibalaka, milices autoproclamées d'«autodéfense» qui disent défendre les intérêts des chrétiens.
Ces milices sont une myriade de groupes armés peu structurés et formés pour, selon elles, protéger les chrétiens face aux exactions de la coalition promusulmane de l’ex-Séléka, qui avait pris Bangui en 2013 avant d’en être chassée en 2014.
La candidature de Patrick Edouard Ngaissona avait été validée début janvier par le comité exécutif de la CAF qui «prend en compte des critères strictement statutaires», comme l’a expliqué à l’AFP un responsable médias de la CAF, en précisant que la Confédérations africaine n’a pas de commission d’éthique.
La seule candidature recalée cette année a été celle de l’Algérien Bachir Ould Zmirli, dont le dossier a été déposé «hors délai».
Candidats uniques sur les trois autres postes vacants au comité exécutif de la CAF, le Libyen Jamal El Jaafri, le Sénégalais Augustin Senghor et le Burkinabè Sita Sangaré ont également été élus vendredi.
AFP