L'HISTOIRE DU JOUR
Sida : vive la pilule préventive !
Par Eric Favereau — http://www.liberation.fr 24 juillet 2018 à 20:26
l a été confirmé mardi à Amsterdam que la prise en amont d’un médicament (la Prep) est efficace à 100 % pour les séronégatifs, et que les traitements des séropositifs stoppent la contamination.
Serait-ce une éclaircie sur le front du sida, en particulier en matière de prévention ? Mardi, Linda-Gail Bekker, présidente de la Conférence internationale sur le sida qui se tient jusqu’à vendredi à Amsterdam, s’est montrée ouvertement optimiste : «C’est une nouvelle ère dans la prévention du sida, avec des études qui pointent les directions vers lesquelles aller. Si nous arrivons à rendre disponibles ces nouveaux outils vers les populations qui en ont le plus besoin, alors nous arriverons à réduire fortement le nombre de nouvelles infections dans le monde.» Vœu pieux ? Trois études, présentées à Amsterdam, fournissent trois exemples de ce qui marche pour éviter la contamination.
La Prep, succès assuré
1 500 «prepeurs», 0 contamination. Qui dit mieux ? En présentant à la conférence d’Amsterdam les premiers résultats de son étude, «Prévenir», l’ANRS (Agence nationale de recherche contre le sida) a confirmé ainsi la très forte efficacité de ce que l’on appelle la Prep (prophylaxie préexposition), c’est-à-dire la prise régulière d’une molécule antisida pour empêcher la contamination par le VIH. En d’autres termes, la prévention médicamenteuse. En France, ils sont désormais plus de 6 000 ayant une vie sexuelle à haut risque à utiliser cette molécule, prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale. L’étude de l’ANRS avait été lancée en mai 2017, et elle avait au départ pour objectif d’évaluer si, à terme, le déploiement de la Prep en Ile-de-France allait permettre de réduire l’épidémie.
Les premiers résultats portent donc sur les 1 435 premiers volontaires séronégatifs, tous présentant un haut risque d’infection par le VIH. Ces personnes ont été recrutées entre le 3 mai 2017 et le 1er mai 2018. Pour l’essentiel ce sont des gays. «Nous souhaitons dans le futur recruter également des volontaires issus d’autres populations comme les personnes transgenres et les hommes et femmes hétérosexuels à haut risque d’infection par le VIH», a rappelé le professeur Jean-Michel Molina, qui a coordonné ce vaste travail. Mais dans les faits il y en a toujours peu.
Parmi les volontaires, 44 % prennent la Prep quotidiennement et 53 % l’utilisent à la demande au moment des périodes d’activité sexuelle. Les résultats sont sans appel et c’est une très bonne nouvelle. A ce jour, il n’y a eu aucun cas d’infection par le VIH, ni chez les personnes prenant la Prep de manière continue ni chez celles ayant choisi le schéma de prise à la demande. Autre élément très encourageant : «Il n’y a eu, à ce jour, aucun arrêt de l’étude pour des raisons liées à des effets indésirables du traitement.» Ces résultats étaient attendus car d’autres études avaient pointé quelques échecs, pour la plupart renvoyant à des situations où la personne n’avait pas suivi correctement son traitement. Là, ce n’est pas le cas.
Le numérique pour la bonne dose
Est-ce déjà la Prep de demain ? Où l’on peut vérifier en temps réel que le patient a la dose suffisante pour rester protégé. Pour cela, il a été intégré dans le médicament un minuscule capteur ingérable. Une fois avalé, il va ainsi atteindre l’estomac, puis transmettre un signal à un patch porté par le patient, lequel sert de relais et envoie un enregistrement numérique jusqu’à une application téléchargée sur l’appareil mobile du patient. Avec l’accord de ce dernier bien sûr, ces données pourraient être accessibles aux soignants, ce qui permettrait une confirmation à distance de la bonne prise et un soutien à l’observation en temps quasi réel.
De la science-fiction ? Pas du tout. Une étude, présentée à Amsterdam, l’a vérifié, en recrutant 60 hommes séronégatifs à qui l’on a fait avaler cette «Prep numérique». Les résultats ont montré que celle-ci était aussi efficace que la Prep normale sur le plan pharmacocinétique, et 92 % des participants ont déclaré avoir eu «une expérience positive». Pourquoi pas ?
Des séropositifs non-contaminant
C’est l’autre grand volet de la stratégie qui repose sur le concept du «traitement comme prévention». Depuis près de dix ans, les chercheurs ont noté qu’un séropositif prenant régulièrement son traitement et se retrouvant ainsi avec un taux de virus indétectable circulant dans le sang n’est plus contaminant. Mais un léger doute subsistait.
Une étude vient de le lever. Il s’est agi, pour l’occasion, de suivre 972 couples homosexuels sérodiscordants - l’un est séropositif, l’autre séronégatif - vivant dans 14 pays européens. Ils étaient intégrés dans la recherche s’ils avaient eu au moins un rapport sexuel sans préservatif et si le partenaire séronégatif ne déclarait pas avoir utilisé une prophylaxie. Les résultats sont là aussi très positifs : après plus de 75 000 actes sexuels sans préservatif, il n’y a eu aucun cas de transmission du VIH entre les partenaires.
Eric Favereau
SELON UNE ÉTUDE
Sida : la Prep, ça marche !
Par Eric Favereau — http://www.liberation.fr 24 juillet 2018 à 09:00
A la conférence d'Amsterdam sur le sida, ce mardi matin, une étude française montre la très grande efficacité de ce mode de prévention du virus.
1 500 «prepeurs» et 0 contamination. Pour le moins, cela marche. En présentant ce mardi matin, à la conférence d’Amsterdam, les premiers résultats de son étude «Prévenir», l’Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS) confirme l’efficacité de ce que l’on appelle la Prep (prophylaxie pré-exposition), c’est-à-dire la prise régulière d’une molécule antisida pour empêcher la contamination par le VIH. En d’autres termes, la prévention médicamenteuse.
Remboursé
«Les résultats que nous avons permettent de confirmer, auprès des 1 435 volontaires déjà recrutés en Ile-de-France, l’efficacité et la bonne tolérance de la prophylaxie pré-exposition», a ainsi expliqué le professeur Jean-Michel Molina de l’hôpital Saint-Louis à Paris qui a coordonné ce vaste travail. En France, ils sont maintenant près de 6 000 personnes ayant une vie sexuelle à hauts risques, qui prennent régulièrement cette molécule. Ils le prennent soit de façon continue, soit de façon intermittente, autour de relations sexuelles à risques. Cette prévention est remboursée à 100% par la collectivité.
Volontaires
L’étude ANRS avait été lancée en mai 2017, et elle avait au départ pour objectif d’évaluer si, à terme, le déploiement de la Prep dans la région Ile-de-France allait permettre de réduire l’épidémie. Les premiers résultats, rapportés ce matin, portent sur les 1 435 premiers volontaires séronégatifs, tous présentant un haut risque d’infection par le VIH. Ces personnes ont été recrutées entre le 3 mai 2017 et le 1er mai 2018. Pour l’essentiel ce sont des gays. «Nous souhaitons dans le futur recruter également des volontaires issus d’autres populations comme les personnes transgenres et les hommes et femmes hétérosexuels à haut risque d’infection par le VIH», a rappelé Jean-Michel Molina. Mais dans les faits il y en a toujours peu. Parmi les volontaires, 44% prennent la Prep quotidiennement et 53% l’utilisent à la demande au moment des périodes d’activité sexuelle.
Les résultats sont donc sans appel et c’est une très bonne nouvelle. A ce jour, il n’y a eu aucun cas d’infection par le VIH, ni chez les personnes prenant la Prep de manière continue ni chez celles ayant choisi le schéma de prise à la demande. Ces résultats étaient attendus car d’autres études avaient noté quelques échecs. Là, ce n’est pas le cas. Ce qui devrait permettre de développer encore davantage ce mode de prévention, même s’il n’est censé concerner que les gens à très hauts risques.
Eric Favereau