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11 août 2018 6 11 /08 /août /2018 20:22
Le Versailles de Mobutu
Le Versailles de Mobutu

 

 

Lu pour vous 

 

https://www.lemonde.fr  Par Joan Tilouine envoyé spécial à Gbadolite (République démocratique du Congo) 08 Août 2018

 

Jardins de dictateurs 4|6 Le maître du Zaïre a bâti une ville et des palais sur la terre de ses ancêtres, en pleine jungle. Il y a planté des espèces importées du monde entier afin d'allier le bon goût à l'européenne et la vigueur de la végétation locale, qui, depuis une dizaine d'années, reprend ses droits sur ces trésors botaniques


A Gbadolite, tout ce qui -appartenait à Mobutu Sese Seko a été pillé, ou presque. De ses palais majestueux, il ne reste plus grand-chose d'autre que des ruines, comme une métaphore de la -destinée de l'histoire en République -démocratique du Congo, fatalement détruite ou gommée.


Le plus grand d'entre eux, un palais de 15 000 m2 lové au milieu de la forêt équatoriale, s'est toutefois maintenu debout malgré les guerres, l'occupation des rebelles et les pillards. A l'intérieur, il y a encore des -lustres dépourvus de cristal accrochés aux plafonds déchiquetés, qui menacent de s'effondrer sur le sol de marbre de Carrare. Entre les deux, il y a près de 500 miséreux, des familles de militaires, qui se sont construit des taudis de terre et de bambou sous les ors disparus du " Versailles de la jungle ". Le faste a laissé place à l'indigence dans ce décor baroque et déglingué ceinturé de manguiers envahissants, quelque part aux confins de la province du Nord-Oubangi, au nord-ouest du pays.


A une dizaine de kilomètres de ce palais jugé trop grand par le maréchal-président se trouve Kawele, le village de ses oncles. Il y a érigé à la fin des années 1980 sa résidence et asphalté la route jusqu'à la maison de son instituteur, située à cinq kilomètres.


Ce second palais surplombe la vallée où l'on aperçoit le clocher de la paroisse de Molegbe, où son père était cuisinier, et domine un bout de fort domptée pour accueillir sa ville artificielle de Gbadolite. Ce n'est plus qu'un vestige. Le lit en croix de " l'Aigle de Kawele ", son bureau, sa piscine serpentant dans les jardins d'exception ont été -détruits. Encore aujourd'hui, les maraudeurs font des incursions pour rafler un peu de marbre ou du fer, ensuite revendu en Centrafrique, à seulement vingt kilomètres. Ils ont épargné un petit lion en pierre apparemment sans valeur planté dans ce qui était une fontaine aux jets d'eau synchronisés avec des lumières et de la musique classique.


" Quel que soit le lieu où vous étiez à Gbadolite, vous pouviez voir le palais de Kawele illuminé nuit et jour ", regrette Lena Mapamboli de sa voix douce. Ce petit monsieur de 62 ans aux manières raffinées, malgré son pantalon rafistolé et sa chemise élimée, semble bien triste dans sa menuiserie du centre-ville de Gbadolite : il est cruel pour un amoureux des fleurs de se retrouver à couper du bois. L'ancien chef horticulteur de Mobutu Sese Seko n'a pas trouvé mieux pour nourrir ses six enfants et tourner la page d'un " rêve " brutalement interrompu en 1997 avec le départ du dictateur, renversé par des rebelles venus de l'est du pays. " Rien n'a vraiment pu tre sauvé de l'ère Mobutu, et seuls les trésors botaniques ont été épargnés par les rebelles, mais pas par le temps. Et faute d'argent... ", soupire cet agronome qui avait été envoyé par le dictateur se former dans les pépinières de Suisse.


La " nature divine "


Lena Mapamboli a pris soin des hectares de jardins et de plantations de Mobutu Sese Seko, avec qui il a noué une relation personnelle autour des plantes et de la nature. Aussi maniaque et obsessionnel que son chef, il aménageait avec rigueur et précision les parcs splendides, qu'il agrémentait parfois de rosiers importés d'Europe. Le " Père de la nation " tenait à ce que ses jardins cristallisent l'excellence du bon goût à l'européenne et la vigueur insaisissable d'une jungle où il puisait ses racines, son inspiration, ce sentiment de démesure et d'invincibilité. Il fallait composer, panacher deux types de végétation pour en tirer une esthétique propre aux exigences du maître du Zaïre.


" Mobutu ne supportait pas que les travailleurs touchent les fleurs. Il envoyait ses militaires les rappeler à l'ordre. C'était sacré pour lui, se souvient son ancien cuisinier personnel, Dondo Mbui, 65 ans aujourd'hui. Il aimait le beau, la nature divine, avec laquelle il éprouvait une relation de soumission et de domination. " Comme si l'homme qui a régné, depuis 1965, sur ce pays immense rebaptisé Zaïre, usé par le pouvoir et affaibli par la maladie, n'avait plus que la fort à défier. Elle le protégeait aussi et lui donnait la force des animaux et des -esprits. Il s'y rendait parfois pour des cérémonies traditionnelles ou pour pique-niquer en famille au bord de la rivière.


Certes, le dictateur kleptocrate possédait un palais à Venise, un -domaine au Portugal, un appartement luxueux avenue Foch à Paris et des villas sur la Côte d'Azur, un château en Suisse et des hôtels en Afrique. Mais quoi de plus jouissif que de créer de toutes pièces une ville sur les villages de ses ancêtres ? -Gbadolite était son joyau, la concrétisation de sa mégalomanie empreinte d'un besoin de retour aux origines, le lieu d'expression d'un pouvoir total qui se -rétrécissait à mesure que son pays subissait les conséquences économiques de sa " zaïrianisation ", la nationalisation brutale.


Autour de mets délicieux et de champagne rosé " bien pétillé ", sa boisson préférée, le chef d'Etat aimait à recevoir ses hôtes et lambiner à la nuit tombée dans son parc, lorsque les fleurs émettent leurs plus puissants effluves. Parmi ses préférées, il y avait le jasmin, dont il aimait à glisser des pétales dans sa poche, l'héliconia d'un rouge vif et la prestigieuse ylang-ylang si prisée par les parfumeurs, comme Chanel. " Tout était embaumé, c'était un festival d'odeurs qu'on n'avait jamais senties ici. C'était la plénitude en ces temps-là ", se souvient Gilbert Ndugbanda, un chef traditionnel du village voisin de Kawele et parent éloigné de Mobutu Sese Seko.


A l'écart de la ville, niché dans la dense forêt équatoriale, le jardin -botanique de Gbadolite, traversé par la rivière Wakamba, offre les restes de ce qu'était la pépinière présidentielle, l'une des plus fournies d'Afrique centrale. Elle a perdu de sa superbe, comme tout à Gbadolite. On y découvre des délicates fleurs rouges de " l'arbre du diable " planté là par un mystique hindouiste -dépêché de New Delhi, des palmiers ornementaux importés de l'île Maurice, des fleurs de Madagascar, d'Afrique du Sud ou de Singapour, des manguiers transportés d'Abidjan, des conifères de la Côte d'Azur. Il y a aussi les gigantesques kapokiers aux fleurs jaunes, rouges, mauves, rapportés d'Argentine.


" On avait près de 800 espèces, mais les archives ont été détruites, lâche celui que le dictateur choyait et appelait affectueusement " fils Lena ". A chaque visite à l'étranger, le maréchal rapportait des plantes ou des arbres que je récupérais à l'aéroport. Lorsqu'il recevait un hôte, il tenait à l'impressionner en lui montrant sa collection. " M. Mapamboli a eu la responsabilité de ce lieu de pouvoir, à la suite de la démission de son supérieur, un Belge parti exercer en Namibie. Il dirigeait 648 travailleurs répartis dans les palais, la pépinière, les jardins publics, les immenses plantations de cacaotiers ou les bassins de pisciculture.


Un shoot de splendeur


Lui référençait chaque nouvelle espèce importée par Mobutu Sese Seko, apprenait à les connaître et les reproduire avant de les mettre en valeur dans les jardins. Les fleurs et les arbres devenaient à Gbadolite un apparat du mobutisme, recouvrant les déviances et les crimes d'un dictateur adoré localement, tant il a offert à la région un " conte de fées ", comme disent les habitants. Ces -décennies 1980-1990 furent tellement intenses et grandioses que cette petite bourgade cernée par la forêt équatoriale ne s'en est toujours pas remise.


C'était comme un grand shoot de splendeur, de luxe et de développement injecté par Mobutu Sese Seko dans le village de ses racines, désolé et oublié des cartes, devenu en 1987 une ville moderne et jalousée, au dessein de capitale. Gbadolite se mue alors en une cité coquette et insolente, avec son aéroport international, où se posent le Concorde, -Valéry Giscard d'Estaing, le roi Baudouin et les pâtisseries extravagantes livrées de Paris par Lenôtre. Chaque dimanche, après l'église, des centaines de villageois étaient -conviés par " Papa Maréchal " à se goberger au palais. La ville s'offrit même le privilège de marquer l'Histoire lorsque le président angolais, José Eduardo dos Santos, et le chef rebelle de l'Unita, Jonas Savimbi, s'y retrouvèrent en juin 1989 pour une poignée de main inédite et pour négocier un accord de cessez-le-feu. Avec son usine Coca-Cola, ses banques, ses supermarchés, sa centrale hydroélectrique, son grand hôtel, son école prisée par les fils de la nomenklatura, ses routes impeccables et fleuries, Gbadolite resplendissait au-delà du Zaïre.


Mais tout cela n'était qu'un mirage. A Gbadolite, le temps s'est arrêté en 1997. Dimanche 18 mai, -Mobutu Sese Seko, fatigué et lâché par sa garde rapprochée, embarque à bord de sa limousine Mercedes dans les cales d'un avion-cargo qui le déposera au Togo. La veille, -Kinshasa, la capitale à près de 2 000 km au sud, est tombée entre les mains des rebelles de Laurent-Désiré -Kabila. Le maréchal meurt au Maroc en septembre de cette année-là, sans jamais revenir à Gbadolite, où son visage austère coiffé de sa fameuse toque en léopard s'affiche toujours en grand à l'entrée de la petite mairie d'une ville asphyxiée, à l'abandon et délaissée par le président Joseph Kabila, le fils du tombeur de Mobutu Sese Seko.


Seuls les avions des Nations unies et le coucou d'une obscure compagnie se posent de temps en temps sur son tarmac. Les usines ont fermé, les supermarchés, tout comme les banques, sont vides. Les voitures sont rares et réservées à une petite élite. Le maire a droit à la moto, et les habitants se déplacent à vélo ou à pied sur le boulevard -Mobutu. La grande forêt avale peu à peu les jardins, la pépinière et les souvenirs de son horticulteur -désabusé. Sans son maître-créateur, la charmante cité fleurie pleine d'ambitions s'est fanée et est retombée dans l'oubli.


Joan Tilouine

 

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11 août 2018 6 11 /08 /août /2018 20:16

 

 

 

Par RFI Publié le 11-08-2018 Modifié le 11-08-2018 à 03:24

 

En Centrafrique, les dirigeants des trois principaux groupes politico-militaires issus de la Seleka ont conjointement signé un communiqué où ils déclarent tous avoir mis fin aux divergences qui les opposaient. Ils disent vouloir être à présent dans la lutte politique pour ramener la paix dans le pays.

 

C’est à l’initiative du CNDS d’Abdoulaye Hisseine que se sont rencontrés le 5 août dernier le FPRC, la branche de l'ex-seleka dirigée par Nourredine Adam, le MPC du « général » Mahamat Al Khatim et l’UPC d’Ali Darass, qui affirme défendre les intérêts des éleveurs peuls. La rencontre s’est tenue au fief du MPC à Moyenne-Sido, dans le nord de la Centrafrique.

 

« Nous avons évacué toutes nos divergences et avons décidé de nous unir main dans la main pour lutter contre le banditisme dans la zone de la transhumance et dans toutes nos zones respectives », indique le communiqué signé par les trois groupes armés.

 

Le texte annonce également la mise en place d’une commission commune qui sera chargée de régler de manière pacifique tout différend entre les commerçants et les éleveurs.

 

Toujours selon le communiqué, une force mixte a également été mise en place. Elle sera, elle, chargée de sécuriser les couloirs de transhumance entre les trois parties. Mais ce n’est pas la première fois que ces ex-Seleka se mettent ensemble au nom de la paix. Fin 2017 déjà, deux de ces groupes avaient signé un accord de cessez-le-feu qui n’avait jamais abouti.

 

Nous aurions souhaité que ces discussions-là soient mises de côté pour être mises sur la table pendant le dialogue. Sinon cela peut donner l’impression d’un groupe de gens qui vont s’entendre officiellement sur quelque chose mais qui, peut-être, en préparent une autre. [...]Surtout nous ne voudrions pas que cela repousse les perspectives de paix. Et quand deux parties vont en discussions, il est toujours préférable de mettre de côté tout ce qui peut créer la méfiance

 

Ange Maxime Kazagui, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement réagit à cette annonce

 

11-08-2018 - Par RFI

 

RCA: trois groupes d’ex-Seleka annoncent une alliance au nom de la paix
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11 août 2018 6 11 /08 /août /2018 16:59
Note d’information OCHA

 

 

Près de 860 000 personnes atteintes tous les ans depuis 2008 grâce au Fonds Humanitaire RCA

 

Bangui, le 10 août 2018 - Le Fonds humanitaire de la République centrafricaine (FH RCA) célèbre ses dix ans d’existence. Créé le 31 juillet 2008, cet instrument de financement humanitaire multi-donateurs géré par OCHA RCA, sous le leadership du Coordonnateur humanitaire, poursuit un double objectif : soutenir la réforme humanitaire en garantissant des financements humanitaires prévisibles, flexibles et ponctuels en réponse aux besoins les plus urgents des communautés vulnérables et renforcer le leadership du Coordonnateur humanitaire et le système de coordination humanitaire.

 

Depuis sa création, le Fonds a mobilisé 188,7 millions de dollars dont 181 millions ont été alloués à la mise en œuvre de 484 projets humanitaires. Les activités du FH RCA se sont intensifiées à partir de l’année 2014 suite à la crise humanitaire qui a émergé à la fin de l’année 2013. Les ressources allouées par le FH RCA ont permis de fournir une assistance humanitaire d’urgence dans divers secteurs à des millions de personnes issues des groupes les plus vulnérables.

 

En 10 ans de financements, le FH RCA a soutenu la réponse aux urgences humanitaires dans tous les secteurs où les besoins sont les plus aigus. Ainsi le FH RCA a permis à plus d’1 700 000 de personnes d’avoir accès à de l’eau potable et autres activités d’hygiène et d’assainissement pour un investissement total de 22,2 millions de dollars. Près de 2 millions de personnes ont eu accès à des soins de santé appropriés et plus de 600 000 personnes ont reçu une assistance alimentaire. Plus de 10 millions de dollars ont été investis pour donner un abri et des articles non alimentaires à plus de 430 000 personnes et un investissement de 10 millions de dollars a permis de sauver la vie de près de 485 000 enfants et femmes à travers des programmes d’assistance nutritionnelle. Au cours de cette décennie, le FH a financé aussi les programmes d’appui à travers le secteur de la logistique pour un montant de 5,7 millions dont le Service aérien humanitaire des Nations unies (UNHAS), a permis à la communauté humanitaire d’accéder aux localités les plus reculées et y apporter une assistance aux plus vulnérables. Cette assistance d’urgence a ciblé les personnes déplacées dans les sites et au sein des communautés hôtes, ainsi que les retournées. 

 

Cette assistance essentielle n’aurait jamais été possible sans l’accompagnement indéfectible de 11 donateurs[1] : Suède (37,6), Pays-Bas (37,4), Irlande (34,8), Royaume Uni (33,5), Danemark (13,1), Allemagne (10,1), Belgique (8,1), Norvège (6,3), Suisse (4,8), Luxembourg (1,5), et Canada (1,5). 

 

Durant les trois dernières années (2015 à 2017), le FH RCA a été parmi les cinq premières sources de financement du Plan de réponse humanitaire (PRH) avec une contribution à hauteur de 11,5% pour 2017. Par ailleurs, le Fonds demeure le donateur le plus important pour les partenaires humanitaires nationaux avec 3%, 13% et 4% allouées à ces derniers respectivement en 2015, 2016 et 2017. Le FH RCA a contribué significativement au renforcement des capacités institutionnelles et opérationnelles de ces derniers.

 

La crise humanitaire en Centrafrique n’a cessé de s’accentuer depuis la fin de l’année 2016. Aujourd’hui, sur une population de 4,6 millions d’habitants, 2,5 millions de personnes dont près de 608 000 personnes déplacées ont besoin d’assistance humanitaire. La Centrafrique demeure un des pays au monde où le nombre de personnes dans le besoin est le plus important comparé à la population totale. La persistance du conflit armé ainsi que les carences structurelles accentuent les besoins humanitaires des populations déjà vulnérables et qui dépend principalement des humanitaires pour la fourniture des services sociaux de base. La nécessité de répondre aux besoins les plus urgents reste un objectif majeur. La mobilisation des ressources pour la réponse humanitaire reste-t-elle un défi et une priorité majeure en vue de maintenir la capacité du FH RCA à mettre à la disposition de la communauté humanitaire les ressources financières nécessaires permettant d’apporter une réponse humanitaire coordonnée et rapide pour continuer à « sauver des vies ». « La réponse humanitaire n’est pas seulement une affaire de chiffres, ce sont avant tout ces visages d’enfants, de femmes et d’hommes que nous rencontrons sur le terrain et qui crient leur volonté d’enfin connaitre la paix » rappelle Najat Rochdi, Coordinatrice humanitaire pour la Centrafrique.

 

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Unité de l’information publique

Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires

République centrafricaine

Email: ocha-car-info@un.org | Mob: +236 70087565

car.humanitarianresponse.info | unocha.org/car | humanitarian.id | reliefweb.int

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11 août 2018 6 11 /08 /août /2018 16:47
L’armée centrafricaine reçoit des véhicules offerts par la Chine et les USA
L’armée centrafricaine reçoit des véhicules offerts par la Chine et les USA
L’armée centrafricaine reçoit des véhicules offerts par la Chine et les USA
L’armée centrafricaine reçoit des véhicules offerts par la Chine et les USA

 

 

Lu pour vous 

 

http://forcesoperations.com  Alain Henry de Frahan 10 août, 2018

 

Ce lundi 6 août, l’armée centrafricaine a pris livraison de 48 véhicules offerts par les Etats-Unis, en l’occurrence 42 pickups Toyota Hi-Lux et 6 camions Renault 6×6, accompagnés d’autres « cadeaux »: le don d’une valeur de 8,5 millions de dollars inclut également des pièces de rechange et des radios, ainsi que des formations de chauffeurs et de mécaniciens ; la livraison de neuf camions citernes supplémentaires viendra compléter l’accord. Pas un seul véhicule d’origine U.S. à l’inventaire… Il est loin le temps où l’Oncle Sam se débarrassait de ses immenses surplus datant de la guerre du Vietnam !

 

La Chine avait prévu de suivre ; le mercredi 8 août, elle a livré 70 véhicules en plus d’un lot important de matériel. Même remarque que pour le don américain : la majorité des véhicules offerts – via Guo Shaowu, directeur-adjoint de la société publique Polytechnology pour l’Europe et l’Afrique – ne sont pas « made in China » mais des camions Steyr, des ambulances Iveco et autres matériels de fabrication occidentale, à l’exception de 4×4 Dongfeng Mengshi modèle EQ 20150B – version chinoise du Humvee américain – en version tôlée ou blindée. D’habitude, les Chinois ne livrent que du matériel sorti de leur industrie, histoire de capter le marché local, vu que les véhicules militaires aboutissent tôt ou tard, légalement ou non, sur le marché civil.

 

Pour Marie-Noëlle Koyara, ministre de la Défense, après la crise qu’elle a connue, la République Centrafricaine entre dans une période de rétablissement de la paix et de reconstruction… qui semble pourtant n’être qu’un mirage quand on observe la situation générale du pays. Mais soit ! L’aide apportée par la Chine à travers l’entreprise Polytechnology est précieuse pour l’Armée Centrafricaine. La ministre de la défense a précisé que ce don est constitué de plus 70 véhicules, des engins de génie, tracteurs, niveleuses, bulldozers, des bitumeuses, des embarcations de haute performance, des ambulances, des citernes, ainsi qu’une importante quantité de pièces de rechange. Ce don représente une valeur supérieure à 15 millions de dollars, soit 7,5 milliards de FCFA. En Septembre dernier, la RCA avait déjà reçu un lot de matériels de campagne, d’habillements et du matériel de transmission de la société Polytechnology. Personne ne croira à des dons désintéressés d’une telle valeur. Alors, qu’est-ce que les Chinois ont obtenu en échange ? Clair : Polytechnology a réalisé de fructueuses missions d’exploration pétrolière dans le nord du pays, entre 2007 et 2017. La suite, vous la devinez.

 

Forces Operations a déjà évoqué la présence croissante des Russes en certains endroits du pays (voir articles publiés les 23 mai et 1er juin). Les Forces armées centrafricaines (Faca) doivent à terme remplacer les Casques bleus de l’ONU (Minusca) présents en Centrafrique depuis 2014. Ils bénéficient pour cela d’une formation de l’Union européenne (mission EUTM) et de la Russie, qui a dépêché à Bangui cinq officiers et 170 instructeurs « civils » qui appartiendraient à la société militaire privée Wagner. Les instructeurs militaires, eux, seraient chargés, en plus de la formation des soldats, d’assurer la sécurité d’une société minière appartenant à un Russe. Début août, Moscou a démenti et rétorqué que sa présence militaire ne visait qu’à former les forces locales.

 

Par ailleurs, avec l’aval de l’ONU pour déroger à l’embargo sur les armes, la Russie a offert de l’armement à la Centrafrique au début 2018. L’embargo sur les armes a fait l’objet d’exemptions pour la fourniture d’équipements militaires non létaux destinés exclusivement à des fins humanitaires ou de protection, ainsi que l’assistance technique connexe (y compris la formation opérationnelle et non opérationnelle aux forces de sécurité centrafricaines) avec l’approbation préalable du comité du Conseil de Sécurité. La demande portait sur douze 4×4 blindés et quatre transports de troupe mais également des pistolets, des fusils de précision, des pistolets-mitrailleurs avec silencieux (idéaux pour des opérations de maintien de la paix…), des mitrailleuses, des lance-grenades, des grenades antichars, 725.000 munitions de divers types et 15.000 grenades lacrymogènes.

 

Il est difficile de savoir si les véhicules livrés par la Chine faisaient partie de cette demande d’exemption : en effet, Pékin a également demandé à l’ONU une exemption à l’embargo pour livrer à son tour des armes en juin, mais le Conseil de Sécurité de l’ONU s’y est opposé.

 

Par ces dons d’armement, moyens de transport et formation militaire, ces pays cherchent à renforcer leur influence dans un État stratégique, très riche en ressources telles que le diamant, l’or, l’uranium, le bois et le pétrole. Les luttes d’influence n’ont pas fini d’obscurcir l’échiquier géopolitique de ce pays embourbé dans un conflit meurtrier depuis six ans, qui a déplacé plus d’un quart de ses 4,5 millions d’habitants.

 

Et le rôle de la France dans cet ex-pré carré, que devient-il ?

 

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11 août 2018 6 11 /08 /août /2018 16:34
« En Centrafrique, les soldats de la paix de l’Union africaine ont commis un crime atroce »
« En Centrafrique, les soldats de la paix de l’Union africaine ont commis un crime atroce »
« En Centrafrique, les soldats de la paix de l’Union africaine ont commis un crime atroce »

 

 

POINT DE VUE

 

« En Centrafrique, les soldats de la paix de l’Union africaine ont commis un crime atroce »

 

Par Lewis Mudge LE MONDE Le 10.08.2018 à 10h42

 

Dans une tribune, Human Rights Watch demande à l’organisation panafricaine de rendre public son rapport sur les meurtres perpétrés en 2014 à Boali.

 

Tribune. Au début d’une guerre civile brutale en Centrafrique, en 2012, des soldats de la paix de l’Union africaine (UA) ont été déployés pour tenter de mettre fin aux attaques perpétrées contre les civils et apporter la stabilité dans le pays dans le cadre de la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine). Cependant, non seulement ils se montrés impuissants à faire cesser le carnage, mais, lors d’un horrible incident au moins, les soldats de la paix ont eux-mêmes commis des attaques de sang-froid, avant de tenter d’en dissimuler les preuves.

 

Le 24 mars 2014, à Boali, des tensions ont éclaté entre un contingent de la Misca en provenance du Congo-Brazzaville et les anti-balaka, un groupe armé à majorité chrétienne. Suite à une escalade, le prétendu « général » anti-balaka Maurice Konomo a ordonné à ses hommes de « partir en guerre » contre les soldats de la Misca. L’un d’entre eux a été tué. Outrés par le meurtre d’un des leurs, une vingtaine de soldats congolais de la Misca se sont rendus chez Konomo et ont encerclé son domicile, tuant un garçon par balle.

 

Les soldats de la paix congolais ont alors détenu douze personnes, y compris des femmes et des enfants. Les détenus ont été conduits dans des résidences d’officiers de la Misca, près de la base à Boali. Les soldats de la paix ont ordonné à tous les civils du secteur de rentrer chez eux. Les habitants ont affirmé avoir entendu des coups de feu plus tard dans la nuit et, le lendemain, ont trouvé des traces de sang à plusieurs endroits, notamment près de la pompe à eau où les soldats de la paix avaient nettoyé leurs véhicules.

 

Disparitions forcées, tortures et exécutions

 

Le lendemain de l’attaque, la mission de maintien de la paix a publié un communiqué de presse condamnant le meurtre du soldat à Boali et indiquant que des hommes armés étaient responsables. Elle a déclaré que ses troupes avaient riposté, tuant douze assaillants, identifiés par la suite comme des anti-balaka. Quelques mois plus tard, la Misca a admis auprès d’une équipe de la commission d’enquête internationale des Nations unies que le communiqué de presse ne reflétait pas ce qui s’était réellement passé et qu’il avait été publié trop hâtivement.

 

Alors que l’UA avait promis des enquêtes et déclaré qu’un rapport interne avait été rédigé, il semblerait qu’il ne s’agissait pour elle que de gagner du temps. En septembre 2014, le maintien de la paix, assuré jusque-là par l’UA, devait être confié à une opération de l’ONU, et il semble que des responsables de l’UA espéraient que cette affaire puisse être mise de côté.

 

Le 5 juin 2015, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a publié un rapport dans lequel il est établi que les troupes de la Misca se sont livrées à Boali à des actes de disparition forcée, des tortures et des exécutions extrajudiciaires. En 2016, les restes des douze victimes que les soldats de la paix avaient détenues ont été exhumés d’une fosse commune située près de la base de la mission de maintien de la paix de l’ONU.

 

De 2014 à 2016, Human Rights Watch a mené ses propres investigations et a conclu que les soldats de la paix étaient les auteurs des meurtres. Des experts de la Human Rights Clinic, rattachée à la faculté de droit de Columbia, et de l’équipe d’anthropologie médicolégale d’Argentine ont aidé les autorités centrafricaines à enquêter sur ces meurtres. En novembre 2017, un rapport a été remis au juge d’instruction centrafricain.

Les éléments de preuve, qu’il s’agisse de témoignages ou des exhumations, sont irréfutables : les soldats de la paix de l’UA ont commis un crime atroce, tuant les personnes qu’ils étaient censés protéger.

 

Un déni de justice pour les familles

 

L’impunité est un des moteurs du conflit en Centrafrique. Depuis que les milices majoritairement musulmanes de la Séléka ont lancé une offensive en 2012, très peu de responsables de crimes graves ont été tenus pour comptables de leurs actes. Les autorités congolaises ont d’abord nié les allégations de meurtres portées contre leurs hommes, mais l’attention portée à cette affaire semble avoir déclenché une réaction. En 2016, la justice congolaise a demandé des informations aux autorités centrafricaines au sujet de cet incident et placé en détention trois de ses soldats de la paix, dont le commandant de Boali, Bonaventure Abena.

 

Les trois soldats de la paix ont été jugés à Brazzaville en avril 2018. Ce procès aurait pu être une chance pour les autorités congolaises de montrer l’exemple, en tenant pour comptables de leurs actes des soldats de la paix internationaux et en leur infligeant des peines proportionnelles à la gravité de leurs crimes. Au contraire, elles n’ont rendu publiques que peu d’informations et n’ont pas communiqué avec leurs homologues centrafricains ou les familles des victimes. Les trois hommes ont été reconnus coupables de crimes de guerre, mais ont été condamnés à des peines de trois ans seulement. Ils sont à présent libres.

 

La clémence de ce verdict envoie un message profondément décevant s’agissant de l’établissement des responsabilités pour les crimes perpétrés par les soldats de la paix, alors que des dizaines d’autres, y compris des troupes de l’ONU, sont visés par des allégations de meurtre, d’abus et d’exploitation sexuels. En outre, ce jugement est un déni de justice pour les familles des victimes. Dans une lettre adressée au tribunal congolais et rendue publique le 9 août, un collectif de familles des victimes de Boali s’est déclaré consterné par la brièveté des peines et indigné de ne pas avoir été invité à participer au procès. Il demande des éclaircissements sur la manière dont ces peines légères ont été déterminées et, dans le cas où les explications fournies s’avéreraient insatisfaisantes, envisagerait de demander à la cour de reconsidérer sa décision.

 

Vers des poursuites civiles

 

Les familles des victimes souhaitent également obtenir réparation. Elles envisagent des poursuites civiles contre les hommes condamnés, une démarche difficile à organiser, en l’absence d’une assistance, dans un pays tiers et une juridiction différente. C’est précisément sur ce point que l’UA peut encore faire une différence positive. Elle devrait tout d’abord rendre public son rapport de 2014 sur ces meurtres et expliquer la manière dont elle peut mieux tenir pour comptables de leurs actes ses propres soldats de la paix lorsqu’ils sont accusés de crimes graves. Elle devrait ensuite soutenir les familles dans leur procès civil. Enfin, l’UA devrait suivre de près le procès et faire des déclarations publiques à l’issue du verdict.

Les condamnations prononcées par les tribunaux congolais constituent une grave injustice, mais l’UA peut encore agir pour apporter un peu de justice aux familles des victimes.

 

Lewis Mudge est chercheur senior auprès de la division Afrique de Human Rights Watch.

 

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11 août 2018 6 11 /08 /août /2018 16:26
En Centrafrique, une école du réseau Gülen fait de la résistance

 

 

 

 

10 août 2018 AFP

 

En Afrique, de nombreuses écoles proches du réseau Hizmet, dirigé par l’opposant turc Fethullah Gülen, ont fermé leurs portes sous la pression d’Ankara, mais celle de Bangui, l’école Galaxy, résiste encore.

 

Emre (prénom modifié) n’est pas un directeur d’école ordinaire. Malgré son statut d’enseignant, son air affable et l’excellente réputation de l’école Galaxy, il vit comme un fugitif, exilé de son pays, la Turquie.

 

Son crime? Diriger une école proche du réseau Hizmet de Fethullah Gülen, qualifié de « terroriste » par le président turc Recip Tayyip Erdogan qui l’accuse d’avoir fomenté le putsch manqué de juillet 2016.

 

Depuis cette tentative de coup d’Etat, le régime d’Erdogan tente de fermer toutes les écoles proches d’Hizmet dans le monde.

 

En Afrique, au moins 18 pays (Cameroun, Niger, Mali, Sénégal, Mauritanie, Guinée, Tchad, Soudan, Maroc, Guinée-Équatoriale, Angola, Rwanda, Madagascar, Somalie, Angola, République du Congo, Gabon, Gambie) ont déjà cédé aux demandes d’Ankara.

 

Les établissements du réseau Hizmet ont été nationalisés ou récupérés par la fondation Maarif, proche du pouvoir turc, et leurs professeurs embarqués dans des avions vers la Turquie et écroués.

 

– « Dignité » –

 

« Les Centrafricains ont protégé leur dignité », se réjouit un membre du personnel enseignant de l’école Galaxy, reconnaissant envers la Centrafrique, l’un des seuls pays en Afrique centrale à n’avoir pas cédé aux pressions turques.

 

Etrange paradoxe pour un pays sous la coupe de groupes armés depuis des années où l’Etat est faible et où tout, ou presque, peut s’acheter.

 

« On nous accuse d’être un groupe terroriste alors qu’on fait de l’éducation et de l’humanitaire » affirme le directeur, en traversant son établissement qui n’a rien a envier aux lycées européens: tableau numérique, vidéo projecteur, salle informatique, cantine, terrains de sports, etc.

 

« Ils m’ont cité personnellement, le 15 juillet 2016, comme appartenant au mouvement Gülen »  » se rappelle Emre qui, pourtant, « n’a rien a voir avec ce qui s’est passé à Ankara il y a deux ans », selon un connaisseur du mouvement Gülen.

 

Emre ne peut plus rentrer chez lui, comme neuf autres ressortissants turcs de Centrafrique, sous peine d’être emprisonné. Ils possèdent un statut de réfugiés, et sont suivis par le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR).

 

« Les Turcs bénéficient de la protection juridique de l’Etat centrafricain, le HCR est là en tant qu’observateur » explique une source dans cette organisation, qui avoue à demi mot son impuissance si Bangui devait accéder aux demandes d’Ankara.

 

« Au Gabon, le HCR avait protesté, saisi les autorités, mais ça n’a rien changé », se souvient une source humanitaire qui a assisté à la fermeture de l’école La Lumière de Libreville et à la déportation en avril vers la Turquie du directeur, de son adjoint et d’un enseignant, ainsi que de leurs familles.

 

– « Cadeaux » –

 

« Le Gabon a privilégié le rapport inter-Etats, je suis sûr qu’ils (les dirigeants Gabonais) ont eu beaucoup à gagner », affirme Jean Serge Bokassa, qui dit avoir reçu « des propositions » d’Ankara lorsqu’il était ministre centrafricain de la Sécurité et de l’administration territoriale.

 

En mars 2017, des diplomates turcs sont venus le voir, se rappelle-t-il. « Ils ont procédé par intimidation verbale et promesse de cadeaux », proposant « la nationalisation des infrastructures scolaires et une assistance dans plusieurs domaines », selon M. Bokassa.

 

Il assure avoir refusé ces propositions, tout comme un autre ministre de l’époque, qui préfère rester anonyme.

 

« Je leur ai dit +si vous voulez nous aider, construisez un établissement au lieu d’en fermer un+ », explique ce ministre qui s’est vu proposer à plusieurs reprises une invitation en Turquie et « des cadeaux ». « Ils m’ont dit que si j’acceptais, je n’aurai pas à le regretter ».

 

Si l’école a réussi à résister, c’est « d’abord parce qu’il n’y a pas d’ambassade turque dans le pays, et peu de liens économiques et diplomatiques », affirme un connaisseur du dossier. « Ensuite, la direction de l’école a de très bonnes relations avec le gouvernement – la directrice-adjointe de l’école Galaxy pour filles est la femme du Premier ministre – et bénéficie d’un très bon niveau scolaire ».

 

Galaxy enregistre d’excellents résultats avec 83% de réussite au bac contre 12% au niveau national.

 

Selon Jean-Serge Bokassa « des lobbies proches du pouvoir centrafricain cherchent à organiser un rapprochement avec la Turquie ». Bien qu’opposant au président Faustin-Archange Touadéra, il se félicite de la fermeté de l’exécutif : « Pour l’instant, Je me réjouis du fait que le président n’ait pas cédé ».

 

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11 août 2018 6 11 /08 /août /2018 16:09
Jeunesse Etudiante Chrétienne et engagement politique par Faustin ZAMETO MANDOKO

 

 

 

Faustin ZAMETO MANDOKO, Ancien jéciste centrafricain faustin.zameto@orange.fr La Jeunesse Etudiante Chrétienne se développe au sein du milieu scolaire et académique. Elle se propose de rassembler des jeunes collégiens, lycéens et étudiants, croyants ou non croyants, animés par un ensemble de valeurs chrétiennes et humanistes. La communauté estudiantine catholique est très active mais à un niveau intra, entre nous, nous sommes très actifs, dans la paroisse, dans nos collèges, nos lycées et dans les grandes écoles pour mener des activités qui concernent les enfants de Dieu. Mais pour sortir de notre milieu, pour porter notre message aux autres et travailler avec eux pour transformer la société, c’est là où le bât blesse.

 

D’abord pour la petite histoire, en 1988, la JEC de Centrafrique était très active à l’Université de Bangui, dans les collèges et lycées sur l'ensemble des 7 diocèses du territoire. La grève des étudiants du 23 avril au 3 mai 1987- 1988 lancée par l'ANECA présidée par feu Claude LENGA et le Secrétaire Général Faustin ZAMETO, tous deux membres de la JEC, a failli être dissoute par le Président André KOLINGBA. La grève portait sur l'abrogation de l'ordonnance n°87/033 du 6 août 1987 et son décret d'application n° 87/220 du 17 août 1987 fixant les nouvelles conditions d'attribution de bourse.

 

En effet, le ministre de l'Intérieur Christophe GRELOMBE soupçonnait que c’était la JEC instrumentalisée par les prélats qui voulait renverser le pouvoir de Bangui, parce que la JEC de Fulgence ZENETH, TANGA Valérie Blandine, Jean-Lambert NGOUANDJI, Gatien YAMOKOY, Catherine-Laure GANRO, Achille Théophile GREMBE BIASSOU, Gisèle LIGOUSSOU, Nicolas-Bienvenue NAMGBEI, Brigitte KPINDA, Emmanuel Cyrus SANDI, Clarisse Martiale MANEHOU, Thierry ZENETH, Octavie GOKE, Charles-Armel DOUBANE, Gertrude KALINI, etc., bouillonnait à ce moment-là. La JEC était porteuse d’idées, parce que la JEC c’est fondamentalement un mouvement d’idéologies et de visions qui faisait peur. Le pouvoir en place bousculé, contesté a pensé malheureusement que c’était les jécistes "rouges", adeptes de la théologie de libération qui manipulaient.

 

Nous rappelons simplement que les responsables de l'ANECA de l'époque avaient défendus les intérêts matériels et moraux des étudiants conformément aux statuts de leur association. Pour contenir le mouvement qui montait crescendo, le gouvernement a procédé à l'arrestation des 12 étudiants et a expulsé de l'Université des membres du Bureau de l'ANECA dont feu LENGA et ZAMETO qui sont interdits de tous les établissements en Centrafrique. Le summum de l'injustice, c'est l'expulsion de la République Centrafricaine du père Jean-Paul HOCH et le frère MERCIER ADRIEN, tous deux, aumôniers de la JEC. Leur tort, c'est uniquement d'avoir fait leur métier de prêtre, d'aumônier en assurant l'accompagnement spirituel et intellectuel de futurs cadres du pays. Il nous semble que cette tension latente qui a éclaté au grand jour entre le gouvernement et la JEC a eu des impacts négatifs sur la nature du militantisme politique des Jécistes.

 

Avant 1988, la JEC était très présente et jouait pleinement son rôle de lanceur d'alerte. Mais de nos jours, ce qu’on remarque c’est qu’on est plus présent entre nous, que vers l’extérieur. La voix de la JEC est presque inaudible face à certaines situations d'injustice qui mettraient le Christ dans une sainte et saine colère. C’est que de manière générale, le catholique n’aime pas sortir de sa coquille, c’est un fait, que peut être le sociologue devrait étudier pour voir qu’est ce qui explique une telle posture. Le catholique est trop prudent, trop réservé et vous remarquez que dans presque plusieurs domaines, nous sommes absents ou moins représentés, parce que le catholique n’aime pas être trop visible. Cela peut être dû à notre éducation, au catéchisme. On est moins représenté dans la politique par exemple, à telle enseigne que durant ces 20 dernières années, le principal appel de la Conférence Episcopale de Centrafrique (CECA) aux jeunes, à la jeunesse, c’est que les jeunes chrétiens s’engagent dans la politique pour participer à l'animation de la vie politique et sociale.

 

Engageons-nous ! L’engagement : c'est prendre un risque, souvent nous hésitons. La politique, elle est sale, donc comme elle est sale, ce n'est pas la peine comme dirait l'autre d'aller se compromettre, parce qu’on ne fera que pêcher là-bas, inéluctablement. Vous le savez, la nature à horreur du vide. Si les Jécistes ne sont pas dedans, les gens vont se salir et nous salir par ricochet. Mais actuellement, les mentalités bougent. C'est une raison d'espérance. On a maintenant des partis politiques chrétiens, qui n’est peut-être lié tout à fait à cela, mais qui peut peut-être induire les autres chrétiens qui sont restés dans leur retraite à peut-être s’engager davantage dans la société civile pour transformer la société. Mais dans chaque état-major de parti, de la société civile (OCDH, ONE, etc.), il y a au moins un Jéciste, tant mieux et quand même. Nous sommes sur la bonne voie. Jécistes, Jeunes chrétiens de Centrafrique, ton pays à besoin de toi !

 

Fait en France, Pyrénées-Atlantiques, Mauléon-Licharre le 11 août 2018

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11 août 2018 6 11 /08 /août /2018 15:53
Nouvelles nationales sur RJDH
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Centrafrique : Trois chefs rebelles bouclent leur conclave dans la ville de la Moyenne Sido au nord

 

PAR FRIDOLIN NGOULOU LE 10 AOÛT 2018

 

BANGUI, 10 aout 2018 (RJDH)–Les chefs rebelles de la Séléka ont bouclé il y’a 5 jours leur conclave à la Moyenne Sido au nord du pays dans la préfecture de l’Ouham. Que peut-on retenir des conclusions de cette rencontre ?

 

Selon les leaders de la Séléka, cette rencontre avait trois objectifs. La réconciliation entre les factions rebelles en conflit, l’harmonisation des recommandations en vue du dialogue en préparation ainsi que la définition des stratégies pouvant permettre de lutter contre le banditisme pendant la période de transhumance.

 

Aux termes de leur rencontre, Abdoulaye Hisseine, Mahamat Alkatim et Ali Daras réaffirment leur volonté à mettre fin à l’affrontement armé afin de mener la lutte politique.

 

« Nous chefs militaires des mouvements du FPRC, MPC et UPC, après une longue concertation dans la Moyenne Sido, avons dégagé toutes les divergences et avons décidé de nous unir la main dans la main pour lutter contre le banditisme dans la zone de la transhumance et dans toutes nos zones respectives », peut-on lire dans le communiqué final.

 

Les trois chefs rebelles, dans ce communiqué disent mettre en place une commission commune qui sera chargée de régler de manière pacifique tout différend entre les commerçants et les éleveurs. Ils  évoquent aussi la mise en place d’une force mixte FPRC-MPC-UPC qui sera chargé de sécuriser les couloirs de transhumance.

 

Ces chefs rebelles déclarent tout faire pour favoriser la libre circulation des biens et des personnes, des ONG nationales et internationales et réitèrent leur engagement dans l’initiative de l’Union Africaine pour la paix et Centrafrique.

 

Cette démarche entreprise par ces chefs rebelles devrait être inclusive en y associant le gouvernement puisqu’ils réaffirment leur volonté à soutenir la paix en RCA. Au Mali, pour sécuriser le pays, les rebelles Touaregs et l’armée malienne font de patrouille commune. Cet exemple devrait être transposé dans ce contexte actuel en RCA par toutes les parties.

 

 

Centrafrique : La ville de Paoua, un exemple de la résilience après la crise

 

PAR FRIDOLIN NGOULOU LE 11 AOÛT 2018

 

BANGUI, 11 aout 2018 (RJDH)-La ville de Paoua, une sous-préfecture de l’Ouham-Pendé amorce aujourd’hui une phase importante de son développement, grâce à l’appui technique et financier des partenaires humanitaires et organisations internationales.

 

Paoua est située à plus de 500 Km de la Capitale Centrafricaine. Cette ville a accueilli en décembre 2017 plus de 75.000 personnes déplacées, qui ont fui les combats entre les groupes armés dans plusieurs communes et villages proches de cette ville, peuplée d’au moins 40.000 habitants. Cette ville du nord fait partie des villes de la préfecture de l’Ouham-Pendé, la plus peuplée de la RCA.

 

Les communes proches de Paoua ont été les théâtres des violences entre novembre et décembre 2017, faisant fuir plus de 75.000 personnes vers la ville. Après plusieurs actions des humanitaires, des députés de la région et du gouvernement, le premier détachement des Forces Armées Centrafricaines (FACA) a été déployé en janvier dans la ville aux côtés des forces onusiennes, afin de sécuriser les communes pour favoriser le retour des déplacés.

 

Lire aussi: http://rjdh.org/centrafrique-des-familles-daccueils-affectees-par-la-presence-massive-des-deplaces-a-paoua/

 

L’activité agricole est la principale occupation des paysans qui n’ont pas admis que les violences viennent freiner l’élan de la relance agricole dans cette partie de la RCA, considérée comme le « grenier de la République Centrafricaine ».

 

Lire aussi: http://rjdh.org/centrafrique-augmentation-de-la-production-du-riz-au-centre-rizicole-de-bohoro-a-bozoum/

Au bénéfice de la stabilité et de réponse humanitaire appropriée, il n’en reste que 2.500 déplacés dont leurs maisons ont été incendiées par les groupes armés. Cette ville, affectée hier par la présence massive et inattendue des milliers de personnes tente de sortir de sa situation chaotique.  L’image qu’envoie aujourd’hui Paoua au monde est celle d’une ville modèle de résilience, où les urgences humanitaires cèdent progressivement la place aux actions du développement.

 

Aujourd’hui dans la ville de Paoua, plusieurs organisations humanitaires appuient les initiatives locales du développement, le cas du Programme Alimentaire Mondial (PAM), à travers le projet P4P notamment l’achat des produits agricoles locaux. En 2018, cette organisation humanitaire appuie 12.000 membres de 900 groupements agricoles et compte injecté dans l’économie locale plus 1,4 milliards de FCFA à travers ce programme soutenu par le Fonds Bekou de l’Union Européenne.

 

« Nous produisons du céréale, de Haricot que nous livrons au PAM et autres partenaires. Ce que nous avons reçu, nous a permis de construire les entrepôts, les magasins et d’acheter des machines décortiqueuses puisque PAM souhaite aussi acheter du riz blanc. Maintenant, nous avons le marché localement », a témoigné Déon Sylvanus, président de la sous-fédération des producteurs de haricot, de Paoua.

 

Lire aussi: http://rjdh.org/centrafrique-les-producteurs-de-haricot-blanc-de-paoua-appellent-a-laide-pour-maximiser-leurs-productions/http://rjdh.org/centrafrique-les-producteurs-de-haricot-blanc-de-paoua-appellent-a-laide-pour-maximiser-leurs-productions/

 

De son côté, la Plateforme « Ele Songo », constituée des femmes depuis 2015 avec l’appui de l’ONG DRC se lance aussi dans plusieurs actions du développement. L’appui financier de l’Union Européenne à DRC permet aujourd’hui à cette plateforme de disposer des machines décortiqueuses, une poste soudure, les moulins, une unité informatique. Les 12 groupements de 239 femmes  se sont aussi lancés dans les activités génératrices de revenu.

 

« Nous avons acheté 4 générateurs dont un gros qui alimente le quartier de Sara-Mandja en électricité. Le premier semestre, notre chiffre d’affaire a tourné autour de 13 millions de F CFA », a déclaré Mboko Aroda Sylvie, présidente de cette plateforme.

 

Plusieurs chantiers sont aujourd’hui en cours dans cette ville notamment la construction du building administratif dont les travaux sont financés par l’Union Européenne.

 

S’il y’a une ville Centrafricaine où la résilience a été rapide, où les activités humanitaires ont rapidement impactées et que les humanitaires réalisent enfin la vision de passer des urgences au développement, souhaité par le gouvernement, Paoua pourra faire partie et inspirer d’autres villes qui demeurent sous le choc des violences.

 

 

Centrafrique : les familles des victimes porteront plainte contre 3 soldats Misca pour crime de guerre en RCA

 

PAR FLEURY AGOU LE 10 AOÛT 2018

 

BANGUI, 10 Aout 2018 (RJDH) — La condamnation à 3 ans de prison des soldats congolais de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) en avril 2018 est dénoncée par Human Rights Watch et les parents des victimes. Ces derniers se sont constitués partie civile et veulent intenter une action judiciaire.

 

Quatre mois après la peine de trois ans prononcée par la Cour d’appel de Brazzaville à l’encontre de trois militaires congolais, notamment le commandant Bonaventure Abéna, le sergent Kevin Pacôme Talani Bantsimba et le soldat de première classe Paterne Ngouala, tous reconnus pour crime de guerre en Centrafrique, les familles des victimes déplorent ce verdict qui n’est pas proportionnel à la gravité de l’acte posé. « De quelle justice s’agit-il ? », a demandé l’un d’entre eux à Human Rights Watch. « Les juges congolais doivent expliquer comment le meurtrier de mon frère a pu être remis en liberté au terme d’à peine trois ans de détention », a déclaré à l’ONG l’un des parents des victimes.

 

Face à ce qu’il qualifie d’impunité et de justice de parodie, le collectif des proches des victimes centrafricaines a adressé une correspondance au tribunal de Brazzaville dans lequel il a réclamé « des éclaircissements sur la manière dont ces peines légères ont été déterminées » et, si les explications ne sont pas convaincantes, il « envisagerait de demander à la cour de reconsidérer sa décision », a indiqué Lewis Mudge, chercheur senior auprès de la division Afrique de Human Rights Watch.

 

Aussi, les familles des victimes a souhaité  « également obtenir réparation. Elles envisagent des poursuites civiles contre les hommes condamnés ».

 

Pour le chercheur senior de Human Rights Watch, cette complaisance judiciaire est une caution aux crimes dont sont responsables des soldats des missions de paix. Il fait référence aux nombreuses accusations de viols sexuels, crimes, … à l’endroit des Casques Bleus. « Les autorités de la République du Congo ont manqué une occasion de rendre justice pour les meurtres de civils et de montrer qu’aucun soldat de la paix n’est au-dessus des lois », a souligné Lewis Mudge dans sa tribune dans LeMonde.fr. « Ne donner à des militaires coupables de meurtre rien d’autre qu’une réprimande adresse un message regrettable aux autres soldats de la paix, à savoir qu’il y a peu de risques à perpétrer de tels crimes», a-t-il regretté.

 

Le silence de l’Union Africaine (UA) déploré par Human Rights Watch :

 

Dans cette affaire, l’ONG de défense des Droits de l’Homme a souhaité que l’Union Africaine coopère pour que justice soit faite. Mais a déploré que l’enquête, mais surtout le rapport promis par l’UA sur ce crime de guerre « ne s’agissait pour elle que de gagner du temps ». Sur ce rapport, des personnalités de l’UA ont indiqué à l’ONG que « l’organisation régionale continue d’affirmer qu’elle n’est pas autorisée à divulguer son contenu ou ses conclusions », a rapporté Human Rights Watch.

 

Une enquête de l’ONG a alors montré que les soldats congolais ont commis des crimes et 12 corps enfouis dans des fosses communes ont été exhumés.

 

Dans le souci d’éviter de telles bavures et de crimes graves dans l’avenir, Human Rights Watch a encouragé l’UA de « rendre public son rapport interne (…) Elle devrait également faire pression sur les autorités congolaises pour qu’elles rendent publique la logique ayant présidé au jugement et, conjointement avec les autorités du Congo et de la République centrafricaine, suivre de près toutes les poursuites civiles que les familles des victimes pourraient entreprendre et les soutenir dans leurs efforts pour obtenir un recours », lit-on dans son communiqué.

 

En mars 2014 à Boali (80 km de Bangui), après une attaque des Anti-Balaka sur la base du contingent congolais de la MISCA, ceux-ci ont capturé quelques assaillants. « Nous les avions poursuivis jusqu’à leur dernier retranchement et réussi à capturer douze d’entre eux, parmi lesquels quatre femmes, un adolescent et un réputé combattant Séléka surnommé ‘’Général douze puissances’’. Nous les avions menottés et conduits à notre base. Ils ont été ensuite exécutés sur ordre de la sous-préfet de Boali et enterrés mais pas par nous », a relaté le commandant Abéna devant les juges.

 

A Bangui, pouvoir et organisation de défense des Droits de l’Homme ne se sont pas encore prononcés.

Affaire à suivre…

 

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10 août 2018 5 10 /08 /août /2018 00:32
RCA : De courtes peines de prison privent les victimes de justice (HRW)
RCA : De courtes peines de prison privent les victimes de justice (HRW)

 

 

 

7 août 2018 12:01AM EDT

 

Des soldats de la paix ont été condamnés à trois ans de prison pour un meurtre de masse

 

Les peines de trois ans de prison prononcées contre trois soldats de la paix congolais reconnus coupables du meurtre de 11 civils en République centrafricaine en 2014 ne reflètent pas la gravité du crime, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. Ces condamnations privent de justice les victimes, parmi lesquelles des femmes et des enfants.

Le 26 avril 2018, la Cour d’appel de Brazzaville, composée de juges et de jurés, a reconnu les trois soldats de la paix coupables des meurtres de civils perpétrés à Boali en mars 2014. Alors qu’il s’agit d’un crime de guerre et d’un crime contre l’humanité en vertu du droit national et international, les juges ne les ont condamnés qu’à trois ans de prison seulement. Les hommes – Bonaventure Abena, Paterne Ngouala et Kévin Pacôme Ntalani Bantsimba – sont maintenant libres, ayant purgé la majeure partie de leur peine dans l’attente de leur verdict. Human Rights Watch n’a pu obtenir de version écrite du jugement avant juillet.

« Les autorités de la République du Congo ont manqué une occasion de rendre justice pour les meurtres de civils et de montrer qu’aucun soldat de la paix n’est au-dessus des lois », a déclaré Lewis Mudge, chercheur senior auprès de la division Afrique de Human Rights Watch. « Ne donner à des militaires coupables de meurtre rien d’autre qu’une réprimande adresse un message regrettable aux autres soldats de la paix, à savoir qu’il y a peu de risques à perpétrer de tels crimes. »

Les représentants d’une association de membres des familles des victimes ont été consternés par la condamnation. « De quelle justice s’agit-il ? », a demandé l’un d’entre eux à Human Rights Watch. « Les juges congolais doivent expliquer comment le meurtrier de mon frère a pu être remis en liberté au terme d’à peine trois ans de détention. »

En juin 2014, Human Rights Watch avait signalé pour la première fois des disparitions forcées à Boali imputables à des militaires originaires du Congo-Brazzaville, membres d’une opération de maintien de la paix de l’Union africaine (UA) connue sous l’acronyme de MISCA. Le 16 février 2016, l’exhumation d’une fosse commune située près de la base congolaise avait permis de découvrir les restes de 12 corps. Il a ensuite été établi que les victimes avaient été détenues par les soldats de la paix en mars 2014.

Les victimes avaient été arrêtées à la suite d’un affrontement entre les forces de maintien de la paix congolaises et un chef de milice local, le prétendu « général » Maurice Konomo, incident au cours duquel un soldat de la paix avait perdu la vie. Konomo était le leader de l’une des milices anti-balaka, principalement des chrétiens, formées en réponse aux violences provoquées fin 2012 par des groupes de la Séléka, à majorité musulmane.

Outrés par la mort de leur collègue, les soldats de maintien de la paix ont encerclé la maison du chef de la milice, tuant un garçon qui n’était pas armé et procédant à l’arrestation d’au moins 12 autres civils ou combattants non armés, parmi lesquels cinq femmes dont une enceinte de six mois ; un enfant âgé d’environ 10 ans ; et un nourrisson de sept mois, dont les restes n’ont jamais été retrouvés.

En 2017, des experts de la Human Rights Clinic, rattachée à la faculté de droit de Columbia, et de l’Équipe d’anthropologie médicolégale d’Argentine ont aidé les autorités centrafricaines à enquêter sur le charnier. En novembre 2017, les experts ont remis un rapport au juge d’instruction centrafricain agissant à la demande des autorités congolaises pour enquêter sur les meurtres.

On ne sait quel rôle, le cas échéant, ce rapport a joué dans les délibérations des magistrats congolais dans cette affaire, et cela n’est pas mentionné dans le jugement du tribunal. Celui-ci orthographie incorrectement les noms de plusieurs victimes et les soldats condamnés l’ont été pour les meurtres de 11 personnes, alors que 13 personnes ont été tuées. Aucun ressortissant de la République centrafricaine n’a été appelé à comparaître pendant le procès.

Selon les médias, au moins un des accusés, Abena, a reconnu devant le tribunal que ses hommes avaient tué 12 personnes sur ordre d’une autorité locale à Boali.

Le tribunal a déclaré Abena, Ngouala et Ntalani Bantsimba coupables de crimes de guerre, un chef d’inculpation passible d’une peine de réclusion à perpétuité ou de la peine capitale en vertu de la loi congolaise de 1998 sur le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Human Rights Watch ne soutient en aucun cas le recours à la peine de mort. Dans ce cas précis, les juges n’ont imposé qu’une peine de trois ans seulement aux trois hommes.

La logique du tribunal reste floue. Le jugement invoque des circonstances atténuantes sans les nommer et ne mentionne aucun autre élément qui auraient pu être pris en considération. Les autorités congolaises n’ont pas informé les autorités judiciaires centrafricaines du procès ni fourni d’informations à ce sujet.

Bien que le droit international ne prévoie pas de directives strictes en matière de détermination de la peine, la pratique internationale prévoit que les sanctions pour violations graves soient proportionnelles à la gravité des crimes commis et servent notamment les objectifs de punition et de dissuasion. Bien que les circonstances individuelles de chaque accusé puissent aider à déterminer sa peine, le jugement ne précise pas ce qui a conduit les magistrats à faire preuve d’autant de clémence et si des éléments inexacts ont également été pris en considération.

Mi-mai, les autorités centrafricaines ont exprimé leur frustration et leur colère auprès de Human Rights Watch, car elles n’étaient pas au courant du verdict rendu en avril. Les familles des victimes n’étaient également pas informées jusqu’à ce que Human Rights Watch leur rende visite fin juin. Elles envisagent de se porter partie civile à Brazzaville contre les soldats de la paix. Le jugement note que les parties civiles étaient absentes à l’audience.

L’UA, qui mandatait les troupes de la MISCA, n’a pris aucune mesure évidente dans cette affaire. Des responsables de l’UA ont déclaré à Human Rights Watch en 2015 qu’un rapport sur les disparitions et les meurtres commis par des soldats de la paix à Boali avait été rédigé, mais l’organisation régionale continue d’affirmer qu’elle n’est pas autorisée à divulguer son contenu ou ses conclusions.

Pour dissuader de tels crimes, l’UA devrait immédiatement rendre public son rapport interne, a préconisé Human Rights Watch. Elle devrait également faire pression sur les autorités congolaises pour qu’elles rendent publique la logique ayant présidé au jugement et, conjointement avec les autorités du Congo et de la République centrafricaine, suivre de près toutes les poursuites civiles que les familles des victimes pourraient entreprendre et les soutenir dans leurs efforts pour obtenir un recours.

« Un verdict clément qui ne reflète en aucune manière la gravité d’un massacre horrible commis par des soldats de la paix adresse tout sauf le bon message », a conclu Lewis Mudge. « La punition devrait correspondre au crime et les juges devraient être tenus d’expliquer et de défendre leur décision de sanctionner de trois ans de prison des meurtres multiples, ou alors réexaminer leur décision. »

Éléments de contexte

En vertu de l’accord sur le statut de la mission conclu entre le gouvernement centrafricain et l’Union africaine, les pays contributeurs de troupes sont tenus de demander des comptes aux membres de leurs forces pour tout crime commis en République centrafricaine. En septembre 2014, lorsque l’ONU a pris le relais de l’UA pour assurer le maintien de la paix dans ce pays, les responsables de l’ONU ont insisté pour que tous les Casques bleus du contingent congolais déployés en République centrafricaine en soient retirés pour veiller à ce qu’aucun des militaires responsables d’abus ne fassent partie de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

Human Rights Watch a recueilli des informations sur plusieurs meurtres et abus perpétrés par des soldats de la paix congolais en République centrafricaine, notamment la mort à la suite d’actes de torture de deux dirigeants anti-balaka à Bossangoa en décembre 2013 ; l’exécution en place publique de deux anti-balaka présumés à Mambéré en février 2014 ; le passage à tabac de deux civils à Mambéré en juin 2015 ; et l’exploitation et les abus sexuels à l’encontre de femmes et de filles par, entre autres, des forces de maintien de la paix congolaises à Bambari, entre la mi-septembre à la mi-décembre 2015. L’ensemble du contingent congolais a été rapatrié par l’ONU en juillet 2017.

 

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9 août 2018 4 09 /08 /août /2018 22:48
Centrafrique: mobilisation tous azimuts de la Russie pour la stabilisation du pays

 

 

 

https://africandailyvoice.com 

 

Casablanca (ADV) 2018-08-07– En octobre 2017, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra s’est rendu à Sotchi en Russie pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov.

Les deux parties ont convenus d’accélérer leur rapprochement, en s’ouvrant sur des domaines jusqu’alors pas encore visités, comme le domaine militaire avec notamment l’arrimage des FACA au maniement des armes de fabrication russe pour une meilleure sûreté nationale.

Dans un rapport adressé au Conseil de sécurité en date du 23 juillet 2018, le groupe d’experts des Nations Unies relève que « la livraison d’armes russes à l’armée de la Centrafrique a déclenché une course à l’armement chez les rebelles, qui se tournent vers les trafiquants ».

Toutefois des analystes politiques africains parlent eux d’une vaine et maladroite tentative de légitimation et de justification du véritable arsenal de guerre que détiennent essentiellement les principaux groupes armés.

Les efforts que ne cesse de déployer le président Touadéra pour réhabiliter et former des forces armées centrafricaines dignes de ce nom pour protéger son peuple et défendre l’intégrité territoriale de son pays, rejoignent parfaitement les aspirations profondes des Centrafricains.

Dès son accession à la magistrature suprême, le président Touadéra n’a eu de cesse de tendre la main aux groupes armés, de les inviter au dialogue, de leur envoyer des signaux et messages de paix, répétant inlassablement son refus de la solution militaire à la crise que connaît le pays.

Faustin Archange Touadéra était jusque l’appuie in-extremis russe pour l’aide à la stabilisation du pays, le seul président de la République dans le monde à ne disposer ni d’une armée, ni d’une police et d’une gendarmerie conventionnelles.

Des experts des champs africains s’interrogent sur la nouvelle politique française dans la région.

Paris qui pendant des années était très présente à Bangui, montre aujourd’hui des signes de faiblesse (peut-être d’ordre financière) face à la continuation du rapprochement entre belligérants. La projection de la France en Afrique aujourd’hui est limitée à l’appui logistique qu’elle met à disposition de la force G5 Sahel dans sa lutte contre les terroristes dans les pays riverains du grand Erg du Sahara.

Force est de constater que la Russie aujourd’hui a apporté un sang nouveau, de nouvelles idées et une sagesse nouvelle dans le règlement des conflits internationaux. Le président Touadéra a nommé des représentants des groupes armés au gouvernement, dans son cabinet présidentiel et celui du Premier ministre.

Un récent rapport d’opinion de la chaine panafricaine Afrique-Media est unanime. Les Centrafricains soutiennent Touadéra dans sa politique de nouer une coopération mutuellement profitable avec la Russie.

La Centrafrique renait de ses cendres progressivement. Les Forces armées centrafricaines de leur côté continuent de monter en régime pour défendre davantage l’intégrité du pays et de ses citoyens.

 

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