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27 octobre 2019 7 27 /10 /octobre /2019 14:35
Synode : L’exploitation des forêts ne profite pas à la population locale, selon Mgr Appora
Synode : L’exploitation des forêts ne profite pas à la population locale, selon Mgr Appora

 

Lu pour vous

 

Synode : L’exploitation des forêts ne profite pas à la population locale, selon Mgr Appora

 

https://www.vaticannews.va Jean-Pierre Bodjoko, SJ – Cité du Vatican

 

Si l’Assemblée spéciale des évêques sur l’Amazonie plaide en faveur de la sauvegarde de l’Amazonie, il n’est pas moins l’occasion de mettre en exergue les défis du Bassin du Congo. C’est notamment ce sur quoi revient l’évêque de Bambari, en Centrafrique, Mgr Richard Appora.

L’évêque de Bambari, Mgr Richard Appora, indique que l’Assemblée spéciale des évêques sur l’Amazonie est une manière pour l’Eglise d’attirer l’attention des acteurs aussi bien politiques que religieux, sur la nécessite de sauvegarder le poumon écologique qu’est l’Amazonie avec toute sa biodiversité en ayant une pensée pour les générations futures. C’est dans cette même perspective que travaille le Réseau ecclésial du Bassin du Congo, REBAC, dont il est membre.

Le besoin en prêtres toujours d’actualité en Centrafrique

Comme en Amazonie, Mgr Appora, fait remarquer qu’en Centrafrique, plus particulièrement au diocèse de Bambari, le manque de prêtres est d’actualité, avec seulement 17 prêtres. Aussi, le manque d’accès à certaines zones suite notamment à des groupes rebelles qui y opèrent, prive davantage les chrétiens de prêtres. « Cela fait pratiquement 9 ans que certaines régions n’ont pas vu de prêtres ou même d’évêques.  Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, et moi, avions fait une visite pastorale récemment dans le nord du pays où on a administré les sacrements de baptême et de confirmation pour combler le vide », a-t-il souligné.

Une Eglise entre les mains des laïcs

« Heureusement que nous avons des catéchistes, c’est là que nous voyons le rôle capital des catéchistes dans nos Eglise. Un rôle qui est à louer et à encourager », c’est ainsi qu’est comblé le déficit de prêtres au diocèse Bambari, a expliqué Mgr Appora. Chaque fois que je rencontre ces catéchistes, dit-il, « je ne manque pas de leur dire qu’ils sont les fondations de l’Eglise. Et je leur conseille de prendre au sérieux leur contribution, leur travail d’évangélisation, de préparation des nouveaux convertis aux sacrements ». L’évêque de Bambari a déclaré prendre au sérieux la question de la formation des catéchistes.

Exploitation abusive des forêts

Le diocèse de Mbaïki, au sud de la Centrafrique, et frontalier de la République démocratique du Congo et la République du Congo-Brazzaville regorge d’une grande réserve forestière. Il s’observe dans cet air géographique « une exploitation tout azimut guidée par cette logique du profit et de la consommation dans l’immédiat », a déploré Mgr Appora qui fait savoir que dans cette même zone se trouve une école où les élèves s’asseyent à même le sol. C’est dire, a-t-il affirmé, que cette exploitation ne profite pas à la population locale. Face à ce défi, nous, comme Eglise, « avons une parole à donner, une parole pour pouvoir interpeller la conscience des uns et des autres », a estimé l’évêque de Bambari.

 

Mgr Richard Appora au micro de Jean-Pierre Bodjoko, SJ

 

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 23:08
Elections en Centrafrique: l’ONU s’inquiète d’un manque de ressources

 

Elections en Centrafrique: l’ONU s’inquiète d’un manque de ressources

 

26.10.2019 à 07h50 par AFP

 

Plus d’un an avant des élections en Centrafrique, l’émissaire de l’ONU pour ce pays, le Sénégalais Mankeur Ndiaye, a mis en garde vendredi le Conseil de sécurité contre un manque de ressources qui pourrait conduire à un report des scrutins et faire replonger le pays dans une grave instabilité.

Le calendrier électoral prévoit un enregistrement des électeurs à partir de janvier 2020, un premier tour des élections présidentielle et législatives en décembre 2020, et un second tour, si nécessaire, en février 2021.

Des élections locales, jamais organisées depuis 1988, sont aussi programmées pour novembre 2021.

Le budget total pour ces scrutins est estimé à 41,8 millions de dollars.

Malgré des « pas encourageants », comme le décaissement par le gouvernement de 2 millions de dollars qui s’ajouteront à des fonds promis par l’Union européenne l’ONU, « la tenue des élections aux dates prévues reste menacée par l’insuffisance des ressources techniques, financières et humaines », a signalé Mankeur Ndiaye.

A cela s’ajoutent « l’absence d’un mandat logistique approprié de la (force de l’ONU) Minusca », forte d’environ 12.000 militaires, et « la persistance de l’insécurité » qui « suscitent des appréhensions au sein d’une partie de la classe politique centrafricaine », selon l’émissaire de l’ONU.

Le mandat de la Minusca doit être renouvelé en décembre et devrait intégrer un soutien aux élections centrafricaines. La force de l’ONU souhaite qu’à cette occasion un renforcement de ses moyens aériens trop « limités » pour soutenir les opérations des Casques bleus sur le terrain soit aussi décidé, a précisé le responsable onusien lors d’un entretien

Mankeur Ndiaye a appelé à une mobilisation de la communauté internationale pour que les élections « se déroulent de manière libre, inclusive et équitable sur l’ensemble du territoire ».

Commissaire à la paix et à la Sécurité de l’Union africaine, Smail Chergui a souligné pour sa part qu’il « n’y avait pas d’alternative aux élections générales de 2020-2021 ». « Tout sera mis en oeuvre pour la tenue à bonne date de ces élections », a-t-il assuré.

– « Démarcher tout le monde » –

Pour Mankeur Ndiaye, « il ne faut pas attendre juillet » pour commencer « la mobilisation des ressources ». « Il faut lancer un appel à tous les partenaires bilatéraux de la Centrafrique pour qu’ils contribuent également » à financer le processus électoral, a-t-il précisé, estimant qu’il « faut démarcher tout le monde », y compris la Russie, la Chine.

« Tout retard » dans les élections « entrainerait une situation d’instabilité », avec « une transition qui serait inacceptable pour la communauté internationale », a prévenu l’émissaire de l’ONU.

Interrogé sur l’insécurité et l’absence d’application de l’accord de paix par certains individus ou groupes, Mankeur Ndiaye a souligné qu’au besoin, des sanctions pourraient être prises.

L’accord de paix de février le prévoit et des sanctions peuvent être actionnées sur demande des facilitateurs (ONU, UA…), a-t-il rappelé. Un document va être prochainement validé à ce sujet, a-t-il ajouté, pour définir les violations et les sanctions applicables, à la fois pour les signataires de l’accord de paix mais aussi pour quiconque menacerait le processus politique.

Coordinateur du dossier centrafricain au Conseil de sécurité, la France a jugé que les progrès accomplis en Centrafrique depuis l’accord de paix de février étaient « encourageants ».

« Il y a des avancées, notamment dans le domaine du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration », a précisé devant les médias l’ambassadeur français à l’ONU, Nicolas de Rivière.

Interrogé pour savoir si de nouvelles exceptions à l’embargo sur les armes allaient être discutées après une demande mercredi du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra à son homologue russe Vladimir Poutine d’avoir des armements « plus lourds » pour contrer des groupes armés toujours actifs, le diplomate a répondu: « Pour le moment, on met en oeuvre la décision adoptée en septembre ».

Le 14 septembre, l’ONU avait assoupli l’embargo pour autoriser à nouveau la livraison d’armes d’un calibre inférieur ou égal à 14,5 mm aux forces centrafricaines. Bangui réclame depuis longtemps une levée totale de l’embargo sur les armes.

AFP

 

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 22:39
Congo-RCA : échange entre Denis Sassou N’Guesso et Faustin Archange Touadera à Sotchi

 

Lu pour vous 

 

Congo-RCA : échange entre Denis Sassou N’Guesso et Faustin Archange Touadera à Sotchi

 

http://adiac-congo.com  Samedi 26 Octobre 2019 - 19:06

 

En marge du premier sommet Russie-Afrique, le chef de l’Etat congolais a échangé avec son homologue centrafricain sur les relations bilatérales et la situation prévalant à Bangui.

« Il y a eu un accord en République centrafricaine (RCA), le président Denis Sassou N’Guesso était médiateur. Nous avons besoin d’échanger pour voir l’évolution de cet accord », a indiqué le président Touadera.  

Dans le cadre de l’intégration sous-régionale, le Congo, la RCA et le Tchad ainsi que d'autres partenaires œuvrent pour la mise en œuvre du projet du corridor 13 devant relier les villes de Ouesso-Bangui-N’Djamena.

Le chef de l’Etat centrafricain a estimé qu’il s’agit d’un projet important pour les trois pays frontaliers. « Nous travaillons pour que ce projet puisse avoir un financement pour sa réalisation », a-t-il renchéri.

Par ailleurs, le chef de l’Etat congolais s’est entretenu avec le président de la commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, sur la crise en Libye.  

« Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a fortement soutenu la décision prise par le comité de haut niveau au mois de juillet dernier à Niamey, au Niger, consistant à l’implication effective de l’UA dans le dossier libyen et notamment la proposition d’un envoyé spécial conjoint UA-Nations unies », a expliqué Moussa Faki Mahamat.

Et d’ajouter : « Cette question est sur la table du Conseil de sécurité de l’ONU et nous sommes donc venus échanger avec le président du comité de haut niveau sur les étapes à entreprendre pour une effective implication de l’UA dans le dossier libyen ».   

 

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 16:18
La Russie veut bousculer l’ordre établi en Afrique
La Russie veut bousculer l’ordre établi en Afrique

Lu pour vous

 

https://www.france24.com 26/10/2019 - 14:13

 

En organisant son premier sommet avec l'Afrique et en mettant en avant la coopération militaire et de défense, Moscou se pose en défenseur de la stabilité du continent, en proie à des mouvements de contestation et au terrorisme.

 

En réunissant cette semaine plus d’une quarantaine de chefs d’État africains dans la station balnéaire de Sotchi à l'occasion du tout premier sommet Russie-Afrique, Vladimir Poutine a remporté avec prouesse son pari. Celui de marquer le retour en force de l’ancienne puissance communiste sur un continent dont il s’était retiré à la chute de l’Union soviétique, laissant la place aux pays occidentaux, grands vainqueurs de la Guerre froide, et à la Chine.

Pour Louis Keumayou, spécialiste de l’Afrique et président du Club de l’information africaine, l’opération de charme de la Russie à l’endroit de l’Afrique est réussie : "C’est déjà une grande réussite d’avoir pu rassembler autant de chefs d’État et de gouvernement à Sotchi alors que certains ont des problématiques de sécurité intérieure qui auraient pu les empêcher de venir."

Pendant le sommet, organisé du 22 au 24 octobre, le président russe a promis de doubler dans les cinq ans à venir les échanges commerciaux avec l'Afrique. En 2018, ceux-ci ont été évalués à 17 milliards de dollars. Bien loin des échanges commerciaux avec l’Europe (275 milliards de dollars) et avec la Chine (200 milliards de dollars).

Moscou entend s’appuyer sur les anciens régimes communistes africains comme l’Angola ou l’Éthiopie avec lesquels la Russie a entretenu des liens. Elle peut aussi compter sur ses deux grands partenaires économiques que sont l’Algérie et l’Égypte. "Ces deux pays représentent la moitié des échanges commerciaux avec l’Afrique. Et l’Afrique du Nord peut être une porte d’entrée pour la Russie sur le continent à travers la Méditerranée", estime Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe basé à Moscou. C’est d’ailleurs l’Égyptien Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l’Union africaine, qui a coprésidé le sommet avec Vladimir Poutine.

"Depuis la crise ukrainienne et la politique des sanctions à la fois européennes et américaines, beaucoup de marchés européens et occidentaux se sont fermés à la Russie, et l’Afrique s’est imposée comme une aire géographique intéressante pour trouver de nouveaux débouchés", a expliqué sur RFI Arnaud Kaluka, spécialiste de la Russie à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Expertise militaire et nucléaire

Lors de la réunion de Sotchi, l’ancienne puissance communiste a mis en avant son expertise militaire. Si de grands contrats d’armement n’ont pas été annoncés, la Russie a multiplé en amont les accords de coopération militaire et de défense avec plusieurs pays africains dont le Mali, en proie à la menace terroriste au nord et au centre que peine à juguler la Force conjointe du G5 Sahel.

La Russie a aussi trouvé des marchés pour son industrie nucléaire. L’Éthiopie a signé avec Rosatom, l’entreprise publique russe déjà présente en Zambie, un accord qui prévoit la création d’un réacteur expérimental pour combler son déficit énergétique. Le Rwanda, lui, est sorti du sommet avec un accord prévoyant la construction d’un centre de recherches sur le nucléaire.

Moscou s’est aussi rapproché des mines africaines en signant des accords de prospection en matières premières avec le Soudan du Sud et la Guinée équatoriale, deux pays riches en pétrole. Sur le marché africain des hydrocarbures, les géants russes Gasprom et Rosneft répondent aussi présents.

Présence renforcée dans le pré carré français

Plusieurs signes présageaient du retour de Moscou sur la scène africaine. Notamment le renforcement de la présence russe en Centrafrique. Dans ce pays riche en minerais – comme le diamant – et ravagé par la guerre civile, les Russes ont mis la main sur l’appareil sécuritaire étatique, et notamment sur les services de renseignement, dirigés par Valery Zakharov, conseiller à la sécurité du président Faustin-Archange Touadéra.

Cet ancien policier de Saint-Pétersbourg aurait aussi des liens avec le controversé Evguéni Prigojine, un proche de Vladimir Poutine qui a des intérêts dans le groupe militaire privé Wagner dont les mercenaires s’occupent de la formation des soldats centrafricains. Cette société russe qui aurait été très active dans la guerre du Donbass sécurise aussi des concessions minières d’or et de diamant pour l’entreprise russe Lobaye Invest du discret homme d’affaires Evguéni Khodotov.

L’influence grandissante de la Russie dans un pays d’Afrique francophone, pré carré de la France, inquiète Paris. "Il y a eu un certain effet d'optique ces derniers mois avec l'apparition d'une présence russe en Afrique francophone à laquelle on n'était pas habitués", explique Igor Delanoë. "Moscou a profité d’une brèche ouverte en 2017 par l’allègement de l’embargo décidé par l’ONU [contre la Centrafrique] pour mettre un pied là où elle avait déjà une forme de présence", a détaillé sur RFI Arnaud Kaluka.

Dans le sens inverse, une dizaine de chefs d’État africains se sont rendus au Kremlin depuis 2015. Les dirigeants africains ont été de plus en plus séduits par un discours politique russe favorable à la stabilité des régimes, mêmes autoritaires. "Il y a des sortes de mesures proposées par les Russes aux gouvernements africains pour intensifier la coopération bilatérale en matière de sécurité avec la formation et les livraisons d’armes, le tout visant à consolider l’appareil sécuritaire pour se prémunir contre de futures contestations", explique Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe.

Ainsi, en janvier, lors d’un discours officiel, Alexandre Bregadzé, ancien ambassadeur de la Russie en Guinée-Conakry, a soutenu ouvertement le projet de révision de la Constitution qui pourrait permettre à Alpha Condé de se représenter pour un troisième mandat. "Les Constitutions ne sont ni des dogmes, ni la Bible, ni le Coran. Elles s’adaptent à la réalité. Nous vous soutenons, Monsieur le président, la Guinée a besoin de vous", avait-il déclaré.

Moscou promet la stabilité

Lors du sommet de Sotchi, Vladimir Poutine n’a pas manqué non plus de se poser en rempart contre les tentatives de renversement des régimes africains : "Plusieurs pays sont confrontés aux conséquences des Printemps arabes. Résultat : toute l’Afrique du Nord est déstabilisée… Dans cette région, mais aussi dans les zones du Sahara et du Sahel, dans la région du lac Tchad, on trouve de nombreuses organisations terroristes, notamment Daech, Al-Qaïda, Boko Haram et Al-Shebab. C’est pourquoi il nous semble important d’accroître les efforts conjoints de la Russie et de l’Afrique dans le domaine de la lutte antiterroriste."

Mais la Russie pourrait très vite se trouver en porte-à-faux avec les aspirations d’une jeunesse africaine plus favorable aux alternances et aux valeurs démocratiques. "Avec ce type de discours, il y a en effet un risque d’être en décalage avec les attentes de la société civile. La Russie en a déjà fait les frais au Soudan avec le renversement d'Omar el-Béchir [proche de Moscou]", explique Igor Delanoë.

Pour autant, la multiplication des partenaires économiques ne peut être que bénéfique pour le continent, pensent certains analystes. "Pendant longtemps, le néocolonialisme a surtout été incarné dans la partie francophone par la France. Il faut sortir du tête-à-tête avec les anciennes puissances coloniales. C’est ce que propose la Russie. La Chine a offert un volet économique, la Russie vient avec la coopération militaire", conclut Louis Keumayou.

 

 

Des hot dogs à la désinformation : la cuisine d'Evguéni Prigojine, le "chef" de Poutine

 

https://www.france24.com 02/10/2019 - 18:46

 

Tentatives pour influencer les élections aux États-Unis, guerre en Ukraine, ambition russe en Afrique : le nom d’Evguéni Prigojine revient dans tous ces dossiers. Cet oligarque, surnommé le "chef" de Poutine, est aussi dans le viseur de Washington.

Il est peut-être l’oligarque russe le plus sanctionné par les États-Unis. Lundi 30 septembre, Evguéni Prigojine a une nouvelle fois été visé par le Trésor américain, qui a gelé certains de ses actifs. Ce milliardaire proche de Vladimir Poutine avait déjà été sanctionné par Washington en 2016, et plusieurs de ses sociétés ont été mises à l’index en 2017 et 2018. Il a même été inculpé, in absentia, par un jury populaire en février de l’an dernier.

Evguéni Prigojine doit cet acharnement à son rôle de grand argentier de la célèbre Internet Research Agency (IRA). C’est cette organisation russe qui a été à l’origine de la vaste opération de désinformation et de propagande menée durant la campagne pour la présidentielle américaine de 2016. Le Trésor affirme que l’IRA a récidivé en tentant d’influencer les élections de mi-mandat de 2018.

Des hot dogs aux restaurants de luxe

Mais Evguéni Prigojine est bien plus que le milliardaire derrière les milliers de faux comptes Twitter ou Facebook disséqués par tous les services américains de renseignement. Au fil des ans, ce natif de Saint-Pétersbourg s’est imposé comme l’homme de confiance et des basses œuvres de Vladimir Poutine. Son influence ne s’exerce pas seulement dans les petits cercles du pouvoir moscovite ou sur Internet, mais aussi au-delà des frontières russes – et tout particulièrement en Afrique.

Pourtant, cet homme de 58 ans est parti de rien. Dans le Saint-Pétersbourg de l’ère soviétique, Evguéni Prigojine s’est d’abord fait connaître des autorités comme délinquant. À 20 ans, il a été condamné à douze ans de prison pour avoir participé à un braquage et a aussi été reconnu coupable d’appartenir au crime organisé. Il bénéficie d’une libération anticipée dix ans plus tard puis cherche à profiter des opportunités offertes par la chute du régime communiste en se lançant dans… la vente de hot dogs. Il abandonne rapidement cette branche pour reprendre une chaîne d’épiceries puis décide de se consacrer à la restauration.

Vers la fin des années 1990, il ouvre à Saint-Pétersbourg le "New Island", qui va devenir le restaurant de luxe favori du monde des affaires et de l’élite politique locale. Parmi les édiles saint-pétersbourgeoises se trouve un certain Vladimir Poutine, qui commence à fréquenter l’établissement.

En 2001, fraîchement élu président de la Russie, Vladimir Poutine choisit d’emmener son homologue français Jacques Chirac au restaurant d’Evguéni Prigojine. D’après la légende entretenue par l’homme d’affaires, l’ex-délinquant reconverti profite de ce repas pour lier connaissance avec le maître du Kremlin.

Dès lors, Evguéni Prigojine s’immisce dans le cercle des proches du président russe à la force de la fourchette. À tel point qu’Evguéni Prigojine décroche un surnom : celui de "chef" de Vladimir Poutine. Sa proximité avec le président russe lui permet de décrocher de très juteux contrats pour assurer la restauration de tous les écoliers de Moscou et de l’armée russe. Des opportunités qui vont lui permettre d’amasser son premier milliard au début des années 2010. Vladimir Poutine s’est, quant à lui, offert un loyal soldat aux poches très bien remplies.

Le groupe Wagner et l’Afrique

Si, à l’étranger, Evguéni Prigojine est avant tout connu comme l’homme de la propagande numérique à grande échelle, en Russie il s’est surtout illustré par sa créativité pour tenter de discréditer des mouvements d’opposition. "Il n’a pas peur de se salir les mains pour arriver à ses fins", affirme au New York Times Lioubov Sobol, militant de la Fondation anticorruption de l’opposant Alexeï Navalny. La holding d’Evguéni Prigojine, Concord Group, a ainsi des intérêts dans des médias chargés de propager des rumeurs sur tel ou tel opposant. L'homme est aussi soupçonné d’avoir organisé des coups médiatiques comme l’organisation d’une manifestation de faux militants pro-LGBT pour accueillir le président américain Barack Obama en 2013 lors du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg. Le but, d’après le site russe d’investigation Meduza, était d’aller dans le sens du discours officiel du Kremlin, teinté d’homophobie, sur la défense des "valeurs familiales" face à un Occident présenté comme "décadent".

Et puis il y a le groupe paramilitaire Wagner. Cette milice russe, qui a été active en Ukraine, en Syrie ou encore en Libye, est souvent perçue comme une armée parallèle à la solde du Kremlin, même si les groupes militaires privés sont, officiellement, interdits en Russie. Plusieurs enquêtes, notamment du Guardian et du New York Times, indiquent qu’Evguéni Prigojine en est le réel patron, même si le principal intéressé nie jusqu’à l’existence de cette force paramilitaire.

Le groupe Wagner sert en tout cas les intérêts financiers de l’homme d’affaires en Afrique, où ces militaires apparaissent comme le bras armé de la diplomatie russe. En Syrie, Evguéni Prigojine a obtenu du régime 25 % des revenus des champs gaziers et pétroliers que les forces paramilitaires russes ont contribué à reprendre aux militants de l’organisation jihadiste État islamique, a raconté le quotidien Libération dans une enquête consacrée aux barbouzes de Moscou, publiée en 2018. Au Soudan, des hommes du groupe Wagner protègent une mine d’or soupçonnée d’être exploitée par une société sous contrôle indirect d’Evguéni Prigojine.

Rivalité avec la France

En Afrique, l’ancien vendeur de hot dogs ne s’intéresse pas qu’aux affaires. Il aide aussi Moscou à avancer ses pions géopolitiques. Les pays de la sphère d’influence française semblent tout particulièrement dans le viseur de cet homme de confiance de Poutine, d’après des documents internes au groupe Wagner consultés par le quotidien britannique The Guardian. Une carte indique ainsi les pays africains où existent une "rivalité avec la France" et d’autres documents soulignent la réussite des agents russes à évincer, notamment, des "politiciens favorables à Paris" en République centrafricaine. Il est aussi fait mention d’une opération dans les Comores où des "envoyés de Prigojine ont testé des 'outils technologiques' pour savoir s’il était possible d’attiser les tensions entre les autorités locales et Paris", raconte le Guardian, qui a repris ces informations du Dossier Center, une initiative russe de journalisme d’investigation basée à Londres.

Le "chef" de Vladimir Poutine fait donc preuve d’un appétit d’ogre qui va bien au-delà de l’entreprise de désinformation sur Internet. Et le fait d’être dans le collimateur de Washington ne semble pas le gêner. Après avoir été inculpé en 2018, il avait déclaré : "Ça ne me dérange pas. Si les États-Unis veulent voir en moi le diable, qu’ils le fassent."

La Russie veut bousculer l’ordre établi en Afrique
La Russie veut bousculer l’ordre établi en Afrique
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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 15:53
Centrafrique: retour d’Abdou Karim Meckassoua, ancien président de l’Assemblée

 

Centrafrique: retour d’Abdou Karim Meckassoua, ancien président de l’Assemblée

 

Par RFI Publié le 25-10-2019 Modifié le 25-10-2019 à 11:28

 

Destitué au mois d’octobre dernier après le lancement d’une pétition dénonçant sa mauvaise gestion de l’institution, le Centrafricain Abdou Karim Meckassoua a été absent plusieurs mois du pays. Il est rentré ce jeudi, accueilli à Bangui par près d'un millier de personnes. Reportage.

La foule des supporters est de plus en plus compacte entre l’aéroport et le domicile d’Abdou Karim Meckassoua dans le PK5. Plusieurs centaines de personnes sont venues saluer son retour : « Nous sommes très contents… Nous sommes très contents. »

Lors de son absence, l’ancien président de l’Assemblée nationale dit avoir rencontré de nombreux acteurs de la plateforme d’opposition E Zingo Biani : « Il n’y avait pas de divisions, il y avait des interrogations. Il fallait nécessairement nous entendre, nous leaders politiques, au sein de cette plateforme et avec des partis politiques, des organisations de la société civile, des personnalités indépendantes. Avec E Zingo Biani, avec toutes les organisations politiques, nous voulons des élections, mais nous voulons des élections incontestables. Nous voulons sortir de cette situation, mais nous voulons sortir dans la dignité et l’unité. »

Il faut se « positionner clairement »

Dès son arrivée, Abdou Karim Meckassoua a rencontré des députés du Chemin de l’espérance, dont il est le leader. Parmi eux le député Zingas : « Nous sommes très contents, nous sommes heureux que le président soit revenu. Et dans les prochains jours, nous allons nous réunir. Vous savez que nous sommes en pleine session et il y a beaucoup de projets de lois qui sont en instance et notre groupe parlementaire doit dorénavant se positionner clairement. »

À l’Assemblée nationale, plusieurs grandes lois sont en effet attendues, notamment la loi de finances ainsi que celle sur l’Autorité nationale des élections. Plusieurs affaires en cours doivent aussi être réglées au sein de l’institution.

 

 

Meckassoua pour la déstabilisation de la Centrafrique

 

  25 octobre 2019

 

Abdou Karim Meckassoua est de retour ce 24 octobre à Bangui. A la sortie de Bangui-M’poko c’est la police qui l’accueillit et qui surveille en même temps que des troubles ne commencent au sein de la foule, retenue à 500 mètres de l’aéroport. Il vient de passer deux mois à Paris en élaborant son plan de destitution du gouvernement. Lors de ses interviews aux médias français et africains, il a été direct par rapport à son désir de revenir au pouvoir après sa destitution du poste du président de l’Assemblée nationale centrafricaine grâce à l’organisation d’une rébellion populaire. Ainsi, la RCA risque de retomber dans les événements de 2013, si le plan de Meckassoua se réalise.

En octobre 2018, il a été limogé de son poste suite aux problèmes perpétrés au niveau de la gestion financière de l’AN. Une enquête officielle menée par la Cour des comptes durant à peu près d’un an a dévoilé un mal-fonctionnement budgétaire lié « à la faiblesse du règlement financier de l’Assemblée nationale ainsi qu’au non-respect des lois et règlements en matière des finances publiques ». Les résultats citent également d’autres irrégularités durant la période 2016-2018, lorsque Meckassoua était à la tête de l’AN : mauvaise tenue de la comptabilité, recrutement anarchique du personnel, non-respect des procédures, discordance dans les comptes, erreurs de calculs etc. Pour sa part, l’ancien dirigeant nie toute implication dans l’affaire car le rapport ne citait nulle part son nom.

Pourtant, ses anciens collègues de l’AN rejettent cette approche de Meckassoua« Le rapport n’a pas besoin de citer Meckassoua nommément. Le rapport couvre la période pendant laquelle Meckassoua était président de l’Assemblée nationale. Je l’ai entendu également parler des mines. Comment peut-il dire qu’il n’est pas au courant ? Tous les permis qui posent problème aujourd’hui ont été autorisés au temps de Meckassoua », s’indignait le 2 vice-président de l’AN Mathurin Dimbelet-Nakoé sur les ondes de RFI.

La Cour des comptes, pour sa part, révèle d’autres noms impliqués dans l’affaire et conclut que « les irrégularités décelées suivront la procédure juridictionnelle. » Meckassoua dont le nom n’est cité nulle part dans le rapport risque pourtant à recourir à des pénalités juridiques. Or, selon le règlement républicain, le président de l’AN est le premier responsable pour le bon fonctionnement financier de la structure nationale.

Pour le moment, son retour dans la capitale centrafricaine entrainera de toute vraisemblance l’activation des mouvements d’opposition comme E-Zingo Biani et le Chemin de l’Espérance. En outre, l’ancien président de l’AN bénéficie des liens avec les groupes d’autodéfense du PK-5, le quartier à majorité musulmane et connu pour son caractère criminel, dont Meckassoua lui-même fait partie.

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 15:43
Centrafrique: les avocats de Bozizé annoncent un recours devant la justice

 

Centrafrique: les avocats de Bozizé annoncent un recours devant la justice

 

Par RFI Publié le 26-10-2019 Modifié le 26-10-2019 à 00:53

 

Vendredi 25 octobre, un comité d’avocats représentant l’ancien président Bozizé actuellement en exil en Ouganda a annoncé avoir déposé deux requêtes auprès du tribunal administratif de Bangui concernant la circulaire du 17 novembre 2016 du ministère des Transports interdisant les compagnies aériennes desservant Bangui d’embarquer François Bozizé.

Cette circulaire précise que toute compagnie aérienne qui enfreint ces instructions se verra non seulement refuser l’atterrissage à l‘aéroport de Bangui et s’exposera à des sanctions conséquentes.

Maître Tiangaye, du collectif des avocats de François Bozizé, estime que la circulaire doit être retirée. « Nous saisissons la justice pour que cette mesure qui est arbitraire et illégale parce que ça transgresse non seulement la Constitution de la République centrafricaine, mais aussi les engagements internationaux des droits de l’homme - particulièrement les conventions internationales des droits de l’homme - que cette circulaire-là soit purement et simplement annulée pour que le président Bozizé revienne dans son pays. »

L’ancien président est actuellement sous sanctions des Nations unies : gel de ses avoirs et interdiction de voyager. Mais pour le collectif cela n’empêche en rien le retour de François Bozizé à Bangui.

« Aucune résolution du Conseil de sécurité des Nations unies ne contraint l’ancien président Bozizé à l’exil, rien n’oblige un État à refuser l’entrée sur son territoire à ses propres nationaux. Affirmer le contraire signifie que l’ex-président François Bozizé doit être contraint à l’exil. »

L’accord de paix signé le 6 février prévoit une loi sur le statut des anciens chefs d’État. Le texte n’a pas encore été présenté devant l’Assemblée nationale.

Candidat annoncé du KNK, pour pouvoir se présenter aux prochaines élections, selon le code électoral, François Bozizé doit être de retour à Bangui avant fin décembre.

 

 

Centrafrique : François Bozizé veut rentrer au bercail

 

https://lanouvelletribune.info Par Rodrigue Gozoa - 26 octobre 2019

 

L’ex-président centrafricain François Bozizé, évincé du pouvoir en 2013, par les rebelles de la Séléka, une coalition ethnique et religieuse armée, s’était exilé en Ouganda. L’homme d’Etat, qui serait candidat aux prochaines élections présidentielles, serait empêché de revenir au pays par une circulaire du ministère des transports datant de 2016 et interdisant à toutes compagnies aériennes faisant trafic vers la Centrafrique, de le prendre à bord. Ce vendredi, les avocats de l’ancien président ont déposé à cet effet une requête auprès de la justice centrafricaine.

« Pour que le président Bozizé revienne dans son pays… »

Pour les avocats de François Bozizé, la requête déposée ce vendredi, était une occasion pour la Justice centrafricaine de statuer sur cette violation des « engagements internationaux des droits de l’homme, particulièrement les conventions internationales des droits de l’homme », que représentait la circulaire du ministère des transports en date de Novembre 2016.

La note circulaire du ministre des Transports et de l’Aviation civile, M. Théodore Jousso, interdisait formellement aux entreprises desservant la RCA de transporter M. Bozizé, parce que ce dernier ferait l’objet d’une sanction du Conseil de sécurité des Nations unies et serait considéré comme une source de troubles et d’insécurité sur le sol centrafricain.

Mais pour le collectif des avocats qui ce même vendredi, aurait tenu un point de presse dans la capitale du pays, Bangui, la circulaire du ministère des transports, pour justifier son édiction, aurait à tort fait recours aux conventions de Varsovie et de Chicago, « Car ces conventions édictent des règles en matière de transport des marchandises et autres, qui ne peuvent pas servir de base juridique pour interdire le retour du Président François Bozizé ».

Aussi selon Me Nicolas Tiangaye, Doyen des avocats de la défense de François Bozizé, le collectif aurait-il entamé une procédure en annulation de cette circulaire devant le tribunal administratif de Bangui. Avec la précision que si la requête ne passait pas, le collectif se verrait dans l’obligation d’envisager « d’autres procédures devant les juridictions internationales (…) Pour que le président Bozizé revienne dans son pays ».

 

 

Centrafrique: François Bozizé, l’ex-président prépare son retour pour la présidentielle

 

https://lemagafrik.com Par Marturin ATCHA 26 octobre 2019

 

L’ancien président centrafricain François Bozizé veut s’impliquer dans le processus de paix lancé dans son pays après l’accord de paix de février 2019. Mais avant son retour à Bangui, la circulaire interdisant les compagnies aériennes de l’embarquer doit être annulée. Vendredi dernier, ses avocats se sont lancés dans cette bataille juridique, saisissant le tribunal administratif pour obtenir justice.

Candidat déclaré à la présidentielle de 2020, l’ancien chef d’Etat François Bozizé doit pouvoir rentrer au pays avant fin décembre. C’est dans cette optique que ses avocats ont déposés deux recours devant le tribunal administratif de Bangui pour exiger l’annulation de la circulaire du ministère des transports à son encontre. Celle-ci intimait l’ordre aux compagnies aériennes de ne pas embarquer l’ex-président sous peine d’être sanctionnées.

Qualifiée de mesure est arbitraire et illégale par son entourage, cette disposition serait aussi un blocus pour l’application de l’accord de paix de Khartoum conclu en février 2019 et qui prévoit un statut particulier aux anciens présidents. A 73 ans, l’ancien putschiste rêve encore diriger ce pays miné par la guerre civile depuis sa chute. Récemment, il a été désigné candidat de son parti, la convergence nationale (Kwa Na Kwa) pour le scrutin présidentiel de l’année prochaine. Depuis son exile en Ouganda, Bozizé a désormais les yeux rivés sur le tribunal de Bangui qui décidera de son sort dans les prochaines semaines.

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 15:01
En RCA, la demande d'armes de Touadera à Poutine fait jaser
En RCA, la demande d'armes de Touadera à Poutine fait jaser

 

Lu pour vous

 

https://www.dw.com 25.10.2019

 

Le président Faustin-Archange Touadera a demandé à son homologue Vladimir Poutine lors du sommet Russie-Afrique à Sotchi, de lui fournir davantage d'armes. En Centrafrique, la pertinence de cette demande fait débat.

 

Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU a eu lieu ce vendredi (25 octobre) à New York sur la situation en République centrafricaine. Pas de déclarations à la fin, nous indique notre correspondante sur place. Mais il s'agissait de faire un point de la situation.

L'Onu a récemment décidé d'alléger l'embargo sur les armes, imposé à ce pays. Un geste salué par les autorités qui se montrent préoccupées par la reconstruction de l'armée centrafricaine. C'est aussi dans cette logique que le président Faustin-Archange Touadera, présent au sommet Russie-Afrique à Sotchi (23 au 24 octobre) a demandé à son homologue Vladimir Poutine de lui fournir davantage d'armes. Une demande qui suscite diverses réactions en Centrafrique où la coopération militaire avec la Russie est suivie de très près.

Engagement militaire

La Russie s'engage militairement depuis quelques années dans ce pays en crise. Un engagement bien apprécié par la ministre centrafricaine de la Défense Marie-Noelle Koyara"Les Russes nous appuient en matière de formation au combat. C'est bien pour notre armée. Mais pour déployer cette armée sur le terrain, les soldats ont aussi besoin d'armes", explique la ministre.

A Sotchi, le président centrafricain a donc demandé que la Russie livre encore plus d'armes à son pays.

Mais en Centrafrique, certains s'interrogent. Le pays est en plein processus de paix avec les groupes armés qui écument le territoire national. Un accord de paix a été signé en février et des chefs de guerre ont obtenu des postes. Pourquoi donc demander encore plus d'armes ?

Réactions méfiantes

Djouma Narkoyo, ex-officier de l'armée centrafricaine qui a rejoint un groupe armé espère que ces armes demandées ne vont pas être retournées contre son groupe et contre les autres. "Nous, ça fait longtemps qu'on a tendu la main au gouvernement",assure-t-il.

"Si le gouvernement a vraiment envie de faire la paix, il n'a qu'à changer sa politique ! Toutes ces armes là c'est pour nous protéger, et non contre nous. Et s'il préfère amener ces armes contre nous, l'avenir aussi nous le dira !", affirme Djouma Narkoyo.

Méfiant lui aussi, Gervais Lakosso, acteur de la société civile centrafricaine pense que "la demande en elle-même ne pose pas un problème. Il faudrait bien que notre armée soit équipée. Et il y a des armes ! La Russie avait déjà fait deux dotations par le passé. Alors s'il (le président Touadera) demande des armes maintenant, on ne sait pas pourquoi faire. Il lui faudrait d'abord réviser sa politique !"

La Centrafrique devrait organiser des élections législatives et présidentielle entre 2020 et 2021. Mais le fait qu'environ 70% du territoire soit sous le contrôle des groupes armés fait douter de la tenue de ces scrutins à bonne date.

 

 

NDLR : Lorsque les seigneurs de guerre et autres bandits armés qui écument nos provinces et se fournissent en armes et munitions de tout calibre, aussi bien armement léger que lourd, grâce aux fruits du racket en règle de nos compatriotes et du trafic éhonté de nos ressources naturelles, personne ne leur pose la question de savoir contre qui ils ont l'intention de faire usage de cet arsenal qu'ils acquièrent librement dans certains pays voisins de la RCA et non soumis à embargo de la part communauté internationale. Pour peu qu'un chef d'état et président de la République, élu du peuple centrafricain, formule légitimement la demande d'approvisionnement en armement lourd pour permettre à ses forces armées, de surcroît formées à présent par la communauté internationale notamment pays européens, USA et Fédération de Russie) d'assurer leur mission régalienne de protection du territoire national et de ses concitoyens, il est étrangement surprenant que cela puisse faire jaser. Que veut-on pour ce pour ce pays et son peuple ?  Les forces armées centrafricaines n'ont–t-elles pas le droit d'être équipées comme toutes les armées du monde ? La prise en otage de l'arrière-pays centrafricain par les seigneurs de guerre dont certains sont manifestement protégés par quelques membres de la communauté internationale n'est plus supportable et doit prendre fin d'une façon ou une autre. 

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 14:37
Ces nouveaux partenaires militaires de l'Afrique
Ces nouveaux partenaires militaires de l'Afrique
Ces nouveaux partenaires militaires de l'Afrique

 

Lu pour vous

 

Changement radical dans la coopération militaire des pays africains. Russie, Chine et Turquie, entre autres, dament de plus en plus le pion à la France par exemple.

 

   le 25/10/2019 à 17:46 | Le Point.fr

 

Un exercice militaire au sud de Bangui, en Centrafrique. Sur un terrain vague, quelques soldats de l'armée nationale feignent une attaque. Flouté par la caméra de la télévision qatarie Al Jazeera, l'officier dicte ses ordres, en russe. Car dans ce pays où la guerre civile a fait, selon l'ONU, entre 3 000 et 6 000 morts en deux ans, les militaires français de l'opération Sangaris ont laissé place aux soldats russes. La Centrafrique, Moscou s'y est implanté en décembre 2017, après avoir obtenu de l'ONU une levée de l'embargo sur les armes. Son objectif : former et équiper en matériel les unités centrafricaines. De prime abord, cette coopération militaire peut surprendre, mais elle est de plus en plus fréquente sur le continent. Car dans un espace militaire traditionnellement investi par les anciennes puissances coloniales et les États-Unis, de nouveaux acteurs se révèlent. La Russie, la Chine, la Turquie, les Émirats arabes unis ou encore le Japon… Tous cherchent à placer leurs pions en Afrique et à y développer une coopération militaire.

Montée en puissance de la Russie

Ce sujet a été au cœur du sommet Russie-Afrique qui a eu lieu à Sotchi ces 23 et 24 octobre. Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a d'ailleurs profité de l'événement pour demander davantage d'aide militaire à son homologue russe, notamment des « armes lourdes ». « Nous croyons que les partenaires russes nous livreront aussi des moyens létaux […], des véhicules de combat, des mortiers et d'autres (pièces) d'artillerie nous permettant de faire monter en puissance nos forces de défense et de sécurité », a-t-il affirmé. La vente d'armes est un des volets, si ce n'est le principal, de la coopération militaire de la Russie avec l'Afrique. Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), la Russie a été le principal fournisseur d'armes des pays d'Afrique subsaharienne entre 2014 et 2018 où elle a trusté 28 % des importations.

… et sécurisation de positionnements sur des territoires

Depuis quelques années, les Russes se sont donc appliqués à « sécuriser des positionnements sur des territoires riches en métaux rares ». C'est pourquoi « les succès dans le nucléaire, le gaz et les grands projets d'infrastructures énergétiques sont liés à la bonne exécution des accords militaires », explique Arnaud Kalika. D'où la multiplication, ces derniers temps, des accords sécuritaires, comme avec la République du Congo (RDC), riche en ressources naturelles, en 2018, ou avec le Soudan, riche en réserves d'or et de pétrole, en mai 2019. Des pays où la Russie pourrait, à terme, installer ses entreprises comme elle l'a fait en Algérie avec le géant de l'énergie Gazprom. Des pratiques qu'ont adoptées également les États-Unis et l'Union européenne. « Les intérêts des grandes entreprises ne sont jamais très éloignés des intérêts stratégiques des pays », estime Derek Elzein dans un article pour la revue Géoéconomie. « Ainsi si ces sociétés ne sont sans doute pas les acteurs principaux de la politique internationale, elles ne peuvent jouer leur rôle qu'avec le soutien de la puissance militaro-politique des États. »

La Chine n'est pas en reste…

Une stratégie désormais également mise en œuvre par la Chine. Car si l'empire du Milieu est devenu en quelques années un partenaire économique incontournable en Afrique, il se met en position de désormais protéger ses intérêts et ses ressortissants, estimés à un million. En 2011, pendant les affrontements en Libye, la marine chinoise a extrait près de 30 000 de ses compatriotes. C'est le début, trois ans après les premières opérations chinoises dans le golfe d'Aden contre la piraterie, d'un réel engagement militaire chinois en Afrique. Son point d'orgue ? Le 1er août 2017, lorsque la Chine inaugure sa première base militaire africaine à Djibouti, un pays où elle a investi plus de 12 milliards d'euros en dix ans. L'endroit n'est pas choisi au hasard.

… avec notamment sa base à Djibouti…

« Djibouti était l'endroit le plus propice à une installation militaire chinoise, affirme Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation de recherche stratégique. La multitude de bases étrangères déjà établies, la situation géographique de Djibouti – qui permet à la Chine de poursuivre ses opérations dans le Golfe – et les prêts financiers accordés au pays ont permis de légitimer la présence militaire chinoise. Et de couper court à toute critique étrangère. » Ailleurs sur le continent, la Chine, toujours dans le but de protéger ses intérêts financiers, vend des armes. Toujours selon les chiffres du Sipri, les ventes d'armes chinoises à l'Afrique ont ainsi augmenté de 55 % depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping, en 2013. Le Tchad a par exemple conclu quatre contrats d'armement avec Pékin entre 2007 et 2013, pour un montant de 61 millions de dollars. Au total, plus d'une vingtaine de pays du continent achètent du matériel militaire chinois, et la formation qui va avec.

… mais aussi pour protéger sa nouvelle route de la soie

Pour Aline Lebœuf, autrice de La compétition stratégique en Afrique, approches militaires américaine, chinoise et russe, la présence militaire de la Chine pourrait s'accentuer dans les années à venir, pour « protéger les nouvelles routes de la soie ». Elle explique que « les capacités militaires chinoises sont en plein développement, mais manquent d'expérience opérationnelle, ce qui pourrait faire de l'Afrique un terrain d'exercice ». Dans ses ports africains par exemple ? Certains observateurs affirment en effet que les infrastructures portuaires acquises par la Chine passeraient rapidement d'un usage commercial à un usage militaire.

« On ne peut pas l'affirmer, soutient Antoine Bondaz. On sait, c'est écrit dans les livres blancs chinois, que la Chine souhaite implanter plus de bases en Afrique. Mais le pays regarde plutôt vers l'océan indien. Sinon, les ports en eaux profondes africains peuvent servir d'escale aux bateaux militaires, comme le font d'autres puissances. » « La Chine privilégiera dans tous les cas le soft power et le principe de coexistence pacifique pour ne pas inquiéter ses partenaires », assure Aline Lebœuf. Une stratégie spécifique également choisie par le Japon. D'après Mika Inoue, professeur à l'université de Tokyo, « le Japon se préoccupe d'abord de la sécurité de ses ressortissants » et, tout comme la Chine, « de la sécurité dans le golfe d'Aden ». Voilà pourquoi il s'est implanté lui aussi à Djibouti en 2011, sa première base militaire à l'étranger depuis 1945.

Dans la corne de l'Afrique, une concurrence acharnée

Si de nombreux acteurs se retrouvent donc à Djibouti, c'est bien la région tout entière de la corne de l'Afrique qui intéresse les « nouvelles » puissances militaires. Les Émirats arabes unis, dont les investissements en Afrique se sont aussi beaucoup développés ces dernières années, ont installé leur base à Assab, en Érythrée, en avril 2015. Ils possèdent également une structure navale à Berbera, dans le Somaliland. En échange, Abou Dhabi modernise le port d'Assab et l'aéroport de la capitale érythréenne. Là aussi, le lieu n'est pas choisi par hasard. La région sert en effet de base arrière pour les opérations au Yémen, où le pays est impliqué depuis 2015.

La Turquie, elle, a choisi Mogadiscio. La capitale de Somalie a été choisie pour l'implantation d'une base militaire en septembre 2017, ainsi que d'un centre de formation. Le but : combattre les membres du groupe islamiste Al Shebab et les autres milices qui opèrent dans la région. À terme, plus de 10 000 soldats somaliens devraient être formés par 200 officiers et instructeurs turcs. Une implantation militaire qui va de pair avec l'intensification des échanges économiques avec le continent. En une vingtaine d'années, les échanges économiques sont passés de 100 millions à 20 milliards de dollars en 2018. Des chiffres destinés à augmenter, tout comme le nombre de soldats.

Avec la Russie, la Chine, les Émirats arabes unis et la Turquie, le profil de la coopération militaire des pays africains avec des armées étrangères a changé. Autant que sur le plan économique, il y a des pays qui émergent sur le plan militaire et stratégique. Venus bousculer le pré carré des anciennes puissances coloniales comme la France et la Grande-Bretagne, elles n'en bousculent pas moins les États-Unis, un peu sur la défensive avec la politique de retrait de Trump de nombre de terrains d'opérations à travers le monde et donc en Afrique aussi.

 

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 14:20
Centrafrique: le chef de la Minusca demande plus de moyens à l'ONU

 

 

Par RFI Publié le 26-10-2019 Modifié le 26-10-2019 à 12:08

 

Le Conseil de sécurité des Nations unies s'est penché ce vendredi 25 octobre sur la situation de la Minusca en Centrafrique. Alors que son mandat expire le 15 novembre 2019, cette réunion était l'occasion de faire le point sur la mise en œuvre de l'accord de paix en Centrafrique et d'évaluer les besoins de la mission onusienne.

À la tribune de l'ONU, Mankeur Ndiaye, le chef de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RCA (Minusca), tire un bref bilan de l'application de l'accord de paix en RCA. Il évoque notamment la mise en place des premières unités spéciales mixtes de sécurité à Bouar, la démobilisation de 583 combattants, le tout dans un contexte de réticence de plusieurs groupes armés. Parmi ses inquiétudes : les risques de violences liées à la période de transhumance et la persistance de violations des droits humains.  

Pour Mankeur Ndiaye, les ressources de la Minusca ne sont pas suffisantes. « Je tiens à souligner que la résolution 24-48 ne pouvait prévoir l’ampleur des moyens logistiques et techniques requis pour la mise en œuvre de l’accord de paix. Il est donc capital que celle-ci soit dotée d’un mandat et de ressources adéquates pour l’appui à la mise en œuvre de l’accord de paix en Centrafrique », a-t-il affirmé.

Des moyens pour appuyer les élections

Autre priorité, les échéances électorales de 2020-2021. Sans mandat clair, insiste Mankeur Ndiaye, impossible pour la Minusca, d'appuyer le processus politique. « La tenue des élections aux dates prévues reste menacée par l’insuffisance des ressources techniques, financières et humaines. Je sollicite donc du Conseil de sécurité un mandat approprié pour la Minusca afin qu’elle puisse fournir le soutien technique, logistique, sécuritaire et opérationnel nécessaire à la tenue des élections dans le respect des délais constitutionnels », a affirmé le chef de la mission.

Aucun montant n'a été ouvertement demandé, Mankeur Ndiaye appelle les partenaires à décaisser rapidement les fonds nécessaires au fonctionnement de la mission onusienne. Une mission régulièrement pointée du doigt par les acteurs de terrain pour son manque de réactivité.

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 13:50
Place désormais à la Russafrique
Place désormais à la Russafrique
Place désormais à la Russafrique
Place désormais à la Russafrique
Place désormais à la Russafrique

 

Lu pour vous

 

https://mondafrique.com By Nicolas Beau 24 octobre 2019

 

Le sommet qui a réuni les dirigeants russes et quarante chefs d’état africain à Sotchi les 23 et 24 octobre témoigne des avancées spectaculaires de la Russie en Afrique

 

Du Congo Brazzaville à Madagascar, à la Libye ou à l’Egypte, l’offensive de Vladimir Poutine en Afrique se fait au pas de charge. L’ex Union Soviétique qui profite des foucades de la diplomatie américaine, des frilosités françaises et de la discrétion chinoise sur les dossiers purement politiques.

Lors de l’inauguration du sommet qui se tient à Sotchi, la complicité semblait totale entre le russe Poutine et l’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l’Union africaine. Le style Poutine passe bien chez les dictateurs africains. Voici un vrai chef, volontiers anti-occidental, qui ne s’embarrasse ni de démocratie, ni des droits de l’homme.

Des accords sécuritaires à la pelle

A Sotchi, on aura parlé de l’essentiel. A savoir de business, d’armement et de lutte contre les terroristes. Lesquels englobent à peu près tous ceux qui veulent remettre en cause la grande confrérie des dictateurs.

Sur le terrain sécuritaire, la Russie a signé une vingtaine d’accords de coopération militaire avec des pays africains depuis 2017. Plusieurs d’entre eux appartiennent au pré carré français, qu’il s’agisse du Congo Brazzaville, du Burkina ou de la Centrafrique. La Russie a également aidé le maréchal Haftar en Libye dans sa tentative de s’emparer par la force des commandes du pays au grand dam de la France qui est favorable à une solution diplomatique sous l’égide de l’ONU, .

La mainmise militaire de la Russie sur la Centrafrique, réussie en à peine deux ans, témoigne plus que partout ailleurs de ce retour en force. Moscou a livré des armes à Bangui fin 2017. Quelques mois plus tard, le président centrafricain Touadera recrutait un conseiller russe pour les dossiers touchant à la sécurité. Dans la foulée, des dizaines de mercenaires russes débarquaient dans le pays pour former officiellement l’armée centrafricaine et sécuriser les activités minières. Enfin les Russes ont largement favorisé les accords à Khartoum entre le pouvoir centrafricain et les groupes armés du nord du pays.

Sur le terrain économique, le président russe souhaite « au minimum doubler » ses échanges économiques avec le continent africain d’ici à cinq ans. Pour l’instant, ces transactions qui ne s’élèvent qu’à 17,9 milliards de dollars, loin derrière la Chine (200 milliards) ou la France (quelque 50 milliards), portent notamment sur le secteur de l’armement. Dans le domaine du nucléaire civil en revanche, Vladimir Poutine a promis plus qu’il n’avait tenu

Des ex gangsters à la manoeuvre

Au regard des profils des intermédiaires russes, les héritiers de la Françafrique font figure de petits joueurs. L’homme clé des échanges de la Russie avec le continent n’est autre qu’un ancien gangster condamné à douze ans de prison dans le passé, Evgueni Prigojine, officiellement à la tête d’une entreprise de restauration collective. Son groupe travaille officiellement, à hauteur d’un milliard de chiffre d’affaires par an pour l’armée et les cantines scolaires. Les actions violentes dans lesquelles le nom de ce dernier apparaît sont nombreuses, qu’il s’agisse du meurtre de trois journalistes russes trop curieux en Centrafrique ou de l’assassinat du mari d’une opposante au maître de la Russie.

Or c’est ce même Prigojine qui dirige en effet en sous-main le groupe de sécurité Wagner qui intervient aussi bien en Syrie et en Ukraine qu’en Afrique. C’est lui aussi qui envoie dans une vingtaine de pays des conseillers « media » ou des consultants politiques pour favoriser les intérêts russes. De là à prétendre que la présence russe dans ces pays sera durable, il y a un pas qu’il ne faut sans doute pas franchir. Les revers que la Russie a connu au Soudan et en Afrique du Sud doivent tempérer l’impression que la Russafrique irait de succès en succès.

En compagnie du très décomplexé Vladimir Poutine à Sotchi, les chefs d’état africains vieillissants connaissent une inespérée cure de viagra.

 

 

Des hot dogs à la désinformation : la cuisine d'Evguéni Prigojine, le "chef" de Poutine

 

https://www.france24.com 02/10/2019 - 18:46

 

Tentatives pour influencer les élections aux États-Unis, guerre en Ukraine, ambition russe en Afrique : le nom d’Evguéni Prigojine revient dans tous ces dossiers. Cet oligarque, surnommé le "chef" de Poutine, est aussi dans le viseur de Washington.

Il est peut-être l’oligarque russe le plus sanctionné par les États-Unis. Lundi 30 septembre, Evguéni Prigojine a une nouvelle fois été visé par le Trésor américain, qui a gelé certains de ses actifs. Ce milliardaire proche de Vladimir Poutine avait déjà été sanctionné par Washington en 2016, et plusieurs de ses sociétés ont été mises à l’index en 2017 et 2018. Il a même été inculpé, in absentia, par un jury populaire en février de l’an dernier.

Evguéni Prigojine doit cet acharnement à son rôle de grand argentier de la célèbre Internet Research Agency (IRA). C’est cette organisation russe qui a été à l’origine de la vaste opération de désinformation et de propagande menée durant la campagne pour la présidentielle américaine de 2016. Le Trésor affirme que l’IRA a récidivé en tentant d’influencer les élections de mi-mandat de 2018.

Des hot dogs aux restaurants de luxe

Mais Evguéni Prigojine est bien plus que le milliardaire derrière les milliers de faux comptes Twitter ou Facebook disséqués par tous les services américains de renseignement. Au fil des ans, ce natif de Saint-Pétersbourg s’est imposé comme l’homme de confiance et des basses œuvres de Vladimir Poutine. Son influence ne s’exerce pas seulement dans les petits cercles du pouvoir moscovite ou sur Internet, mais aussi au-delà des frontières russes – et tout particulièrement en Afrique.

Pourtant, cet homme de 58 ans est parti de rien. Dans le Saint-Pétersbourg de l’ère soviétique, Evguéni Prigojine s’est d’abord fait connaître des autorités comme délinquant. À 20 ans, il a été condamné à douze ans de prison pour avoir participé à un braquage et a aussi été reconnu coupable d’appartenir au crime organisé. Il bénéficie d’une libération anticipée dix ans plus tard puis cherche à profiter des opportunités offertes par la chute du régime communiste en se lançant dans… la vente de hot dogs. Il abandonne rapidement cette branche pour reprendre une chaîne d’épiceries puis décide de se consacrer à la restauration.

Vers la fin des années 1990, il ouvre à Saint-Pétersbourg le "New Island", qui va devenir le restaurant de luxe favori du monde des affaires et de l’élite politique locale. Parmi les édiles saint-pétersbourgeoises se trouve un certain Vladimir Poutine, qui commence à fréquenter l’établissement.

En 2001, fraîchement élu président de la Russie, Vladimir Poutine choisit d’emmener son homologue français Jacques Chirac au restaurant d’Evguéni Prigojine. D’après la légende entretenue par l’homme d’affaires, l’ex-délinquant reconverti profite de ce repas pour lier connaissance avec le maître du Kremlin.

Dès lors, Evguéni Prigojine s’immisce dans le cercle des proches du président russe à la force de la fourchette. À tel point qu’Evguéni Prigojine décroche un surnom : celui de "chef" de Vladimir Poutine. Sa proximité avec le président russe lui permet de décrocher de très juteux contrats pour assurer la restauration de tous les écoliers de Moscou et de l’armée russe. Des opportunités qui vont lui permettre d’amasser son premier milliard au début des années 2010. Vladimir Poutine s’est, quant à lui, offert un loyal soldat aux poches très bien remplies.

Le groupe Wagner et l’Afrique

Si, à l’étranger, Evguéni Prigojine est avant tout connu comme l’homme de la propagande numérique à grande échelle, en Russie il s’est surtout illustré par sa créativité pour tenter de discréditer des mouvements d’opposition. "Il n’a pas peur de se salir les mains pour arriver à ses fins", affirme au New York Times Lioubov Sobol, militant de la Fondation anticorruption de l’opposant Alexeï Navalny. La holding d’Evguéni Prigojine, Concord Group, a ainsi des intérêts dans des médias chargés de propager des rumeurs sur tel ou tel opposant. L'homme est aussi soupçonné d’avoir organisé des coups médiatiques comme l’organisation d’une manifestation de faux militants pro-LGBT pour accueillir le président américain Barack Obama en 2013 lors du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg. Le but, d’après le site russe d’investigation Meduza, était d’aller dans le sens du discours officiel du Kremlin, teinté d’homophobie, sur la défense des "valeurs familiales" face à un Occident présenté comme "décadent".

Et puis il y a le groupe paramilitaire Wagner. Cette milice russe, qui a été active en Ukraine, en Syrie ou encore en Libye, est souvent perçue comme une armée parallèle à la solde du Kremlin, même si les groupes militaires privés sont, officiellement, interdits en Russie. Plusieurs enquêtes, notamment du Guardian et du New York Times, indiquent qu’Evguéni Prigojine en est le réel patron, même si le principal intéressé nie jusqu’à l’existence de cette force paramilitaire.

Le groupe Wagner sert en tout cas les intérêts financiers de l’homme d’affaires en Afrique, où ces militaires apparaissent comme le bras armé de la diplomatie russe. En Syrie, Evguéni Prigojine a obtenu du régime 25 % des revenus des champs gaziers et pétroliers que les forces paramilitaires russes ont contribué à reprendre aux militants de l’organisation jihadiste État islamique, a raconté le quotidien Libération dans une enquête consacrée aux barbouzes de Moscou, publiée en 2018. Au Soudan, des hommes du groupe Wagner protègent une mine d’or soupçonnée d’être exploitée par une société sous contrôle indirect d’Evguéni Prigojine.

Rivalité avec la France

En Afrique, l’ancien vendeur de hot dogs ne s’intéresse pas qu’aux affaires. Il aide aussi Moscou à avancer ses pions géopolitiques. Les pays de la sphère d’influence française semblent tout particulièrement dans le viseur de cet homme de confiance de Poutine, d’après des documents internes au groupe Wagner consultés par le quotidien britannique The Guardian. Une carte indique ainsi les pays africains où existent une "rivalité avec la France" et d’autres documents soulignent la réussite des agents russes à évincer, notamment, des "politiciens favorables à Paris" en République centrafricaine. Il est aussi fait mention d’une opération dans les Comores où des "envoyés de Prigojine ont testé des 'outils technologiques' pour savoir s’il était possible d’attiser les tensions entre les autorités locales et Paris", raconte le Guardian, qui a repris ces informations du Dossier Center, une initiative russe de journalisme d’investigation basée à Londres.

Le "chef" de Vladimir Poutine fait donc preuve d’un appétit d’ogre qui va bien au-delà de l’entreprise de désinformation sur Internet. Et le fait d’être dans le collimateur de Washington ne semble pas le gêner. Après avoir été inculpé en 2018, il avait déclaré : "Ça ne me dérange pas. Si les États-Unis veulent voir en moi le diable, qu’ils le fassent."

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Published by Centrafrique-Presse.com