LIBREVILLE 15 septembre 2008 (AFP) — Le gouvernement centrafricain et les rébellions ont trouvé un accord lundi à Libreville pour relancer "le Dialogue politique inclusif", rassemblant toutes les parties centrafricaines et sortir le pays de son instabilité chronique, a constaté un journaliste
de l'AFP.
"Cette réunion a permis une reprise du dialogue entre le gouvernement et les mouvements politico-militaires. C'est déjà un acquis", a affirmé à l'AFP François Lonsény Fall le représentant spécial des Nations unies en Centrafrique, à la sortie des discussions au ministère gabonais des Affaires étrangères.
Le gouvernement centrafricain devrait notamment revoir sa loi d'amnistie examinée au Parlement et qui avait conduit la rébellion de l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD) de Jean-Jacques Demafouth active dans le nord-ouest à se retirer des accords de paix.
C'était le principal point d'achoppement avant la réunion de lundi. Initialement prévu le 8 juin, le Dialogue Politique inclusif, qui avait déjà pris du retard, a été suspendu en raison du retrait de l'APRD, critique du projet de loi dont l'examen par le Parlement a été retardé de semaine en semaine depuis la mi-août.
Le comité de suivi de l'accord de paix du 21 juin signé à Libreville a également "lancé un appel au cessez-le-feu et examiné les modalités d'application et de surveillance de ce cessez-le-feu à travers la Micopax", la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique qui servira de force d'interposition, selon M. Fall.
"Le cantonnement" des mouvements rebelles "viendra. Il se fera avec le concours de la Communauté internationale", a encore ajouté M. Fall.
"Le comité a exhorté le gouvernement et toutes les parties à appliquer tous les éléments de l'accord global y compris celui de l'amnistie", a admis Cyriaque Gonda, ministre centrafricain de la Communication en charge du Dialogue, affirmant: "Il y a des questions de mésentente, d'interprétation sur cette loi d'amnistie et cette réunion nous a permis de rapprocher les points de vue".
L'APRD a "décidé de retourner à la table des négociations, nous ne pouvons rester insensible aux souffrances du peuple centrafricain", selon son président M. Demafouth. "Nous avons réitéré notre demande sur l'amnistie" qui "n'incluait pas tous les protagonistes des crises centrafricaines" et demandé à ce que le "cessez-de-feu soit respecté", a-t-il précisé.
"Dès que nous aurons réglé ce problème-là (de l'amnistie) (...), tout le monde a envie d'aller au dialogue car c'est le seul moyen pour permettre au peuple centrafricain d'espérer", a lancé M. Demafouth.
"Dans l'accord de paix global (du 21 juin), il avait été dit que l'APRD devait rester dans ses zones, l'APRD n'a jamais franchi ces zones pour attaquer les forces gouvernementales, donc nous demandons aux forces gouvernementales de ne pas aller dans les bases de l'APRD", a-t-il ajouté.
Le retrait de l'APRD du processus du Dialogue politique inclusif a été suivi d'une guerre de communiqués entre cette rébellion et le gouvernement qui s'accusent de violations. Le gouvernement a notamment accusé l'APRD d'avoir exécuté seize civils dans les régions du nord-ouest.
L'APRD se dit favorable à l'intervention de la Micopax qui peut "nous aider à faire une très bonne application du cessez-le-feu", selon M. Demafouth.
Les différents acteurs doivent se retrouver dans un mois pour voir si les engagements pris lundi à Libreville sont "respectés sur le terrain".
"Toutes les parties centrafricaines ont fait preuve de patriotisme en pensant à l'avenir de leur pays. Maintenant pour la mise en oeuvre, donnons-nous le temps", a déclaré Laure Olga Gondjout, ministre gabonaise des Affaires étrangères.