
Bangui, 30 sept (ACAP)-L'opposition démocratique à l'Assemblée Nationale, au cours d'une conférence de presse justifiant leur retrait à l'hémicycle sur le
vote du projet de loi d'amnistie générale, pouvant conduire la tenue du dialogue politique inclusif, a dénoncé l'ingérence de la présidence de la République, dans les affaires et le
fonctionnement du parlement centrafricain, mardi 30 septembre 2008, à Bangui.
« Au rythme où les députés de la majorité sont convoqués et siègent à la présidence de la
République, nous sommes en train de nous interroger si le siège de l'Assemblée Nationale ne va pas bientôt être transféré à la présidence de la République ou l'inverse »,
a commenté le président du groupe parlementaire du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (Mlpc), Christophe Ndouba.
« Nous avons estimé que c'était de la supercherie, dans la mesure ou le projet de loi tel
que proposé par la Commission mixte était suffisamment consensuel, mais les amendements qu'ils (les députés de la majorité) ont introduit jusqu'à régler les détails techniques notamment le
désarmement, la démobilisation, le cantonnement avaient changé fondamentale ment le texte initial, c'est en cela que nous nous sommes retirés », a justifié le député Christophe Ndouba.
Nous avons dit que « chacun assume ses
responsabilités devant le peuple centrafricain et devant l'histoire, et que le moment venu chacun aura à rendre compte de son action », a-t-il poursuivi.
Le coordonnateur de l'Union des Forces Vives de la Nation (Ufvn), Me Henri Pouzère, a réaffirmé le retour définitif de son entité au processus du dialogue politique inclusif que par le respect du
consensus convenu d'un accord commun.
« Nous disons que les élections de 2010 ne se feront jamais tant que nous ne réussissons
pas à créer des bases fondamentales de ces élections de 2010, et pour en créer ces bases, il faut forcément la tenue du dialogue politique inclusif », a-t-il déclaré.
Rappelons qu'à l'issue de la séance du débat parlementaire sur le vote du projet de loi
d'amnistie générale, l'opposition démocratique s'est retiré de prendre part au vote dudit projet querelle par les partis politiques de l'opposition démocratique regroupé au sein de l'Ufvn au
lendemain de l'ouverture de la session parlementaire le 1er Août dernier.
Adoption en Centrafrique d’une amnistie des crimes depuis 1999
Le parlement centrafricain a adopté une loi d'amnistie visant à mettre un terme
aux rebellions que connaît le nord du pays, malgré le boycottage de l'opposition qui juge son champ d'application trop limité.
Le président François Bozizé, qui a pris le pouvoir lors d'un coup d'Etat en
2003 avant de remporter les élections deux ans plus tard, cherche à mener à bien des pourparlers avec à la fois les insurgés et les opposants politiques.
Il s'agit de stabiliser durablement la situation dans l'ancienne colonie
française relativement peu peuplée dont l'histoire est émaillée de coups d'Etat, mutineries et rébellions.
Le pays, riche en diamants mais possesseur aussi de réserves d'uranium qu'une
compagnie française commencera à exploiter à partir de 2010, a attiré récemment l'attention à l'étranger en raison du débordement sur son territoire de conflits comme ceux du Tchad, du Soudan et
de l'Ouganda.
L'amnistie proposée aux combattants gouvernementaux et rebelles depuis janvier
1999 a été adoptée lundi soir par 72 députés sur 104 avec une abstention. Trente et un députés d'opposition ont refusé de participer au vote pour protester contre le refus du gouvernement
d'étendre le champ de l'amnistie à tous les affrontements depuis l'indépendance, en 1960.
"Nous sommes dans une assemblée nationale démocratique et nous comprenons mal que des amendements proposés par l'opposition soient balayés à chaque fois du revers de
la main sans débat, alors qu'il s'agit de la vie de la nation", s'est insurgée la députée d'opposition Rosalie
Pouzéré.
Le ministre de la Justice, Thierry Maleyombo, a accusé pour sa part les
parlementaires de l'opposition d'entraver les efforts du gouvernement pour ramener la paix dans le pays.
L'amnistie votée couvrira les actes des partisans de l'ancien président
Ange-Félix Patassé, que Bozizé avait renversé, et des dirigeants rebelles comme Jean-Jacques Demafouth et Abdoulaye Miskine, dont les mouvements ont été actifs ces dernières années dans le
nord.
"UN PAYS EN ETAT PERMANENT DE REBELLION"
La Cour pénale internationale a annoncé qu'elle enquêtait sur les assassinats,
viols massifs, actes de torture et autres crimes de guerre jugés imprescriptibles commis en République centrafricaine en 2002 et 2003. En mai, elle a arrêté le chef de guerre congolais
Jean-Pierre Bemba dans le cadre de cette enquête.
Un observateur européen souhaitant conserver l'anonymat et qui suit de près le
processus de paix en Centrafrique souligne l'importance d'amener l'opposition politique et les rebelles armés à la même table des négociations "faute de quoi il n'y aura pas de
dialogue".
Le processus de paix a été lancé à la faveur d'un accord de cessez-le-feu global
signé en juin par les groupes rebelles avec le gouvernement de François Bozizé mais il a semblé dérailler le mois dernier lorsque rebelles et opposants ont quitté la table de
négociations.
Le même mois, l'armée a signalé de nouveaux combats dans la zone nord-ouest du
pays où est active l'Armée populaire pour le rétablissement de la république et de la démocratie (APRD), qui avait pris les armes après le renversement de Patasse par Bozizé.
L'autre groupe rebelle, l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement
(UFDR), opère dans le nord-est, où le contingent français stationné en Centrafrique est intervenu en 2006 pour stopper sa progression.
Selon un journaliste de radio local, une faction de l'UFDR a encore attaqué
jeudi dernier la ville d'Am Dafork, à la frontière soudanaise, pillant les commerces.
"C'est un pays en état permanent de rébellion, aussi est-ce difficile de briser
ce cercle", a estimé l'observateur européen.
Pascal Fletcher, version française Marc Delteil
APPROBATION D’UNE LOI D'AMNISTIE
POUR FAVORISER LA PAIX
(MISNA) 30/9/2008 13.23 -
C'est par 72 voix favorables sur 104 que le parlement a approuvé une amnistie destinée à ouvrir la voie à la nation du processus de paix entre rebelles et gouvernement. Un seul député s'est
abstenu tandis que 31 membres de l'opposition, qui avaient refusé de participer au scrutin, ont été considérés absents.
Cette nouvelle loi fait par ailleurs
suite à l'ouverture de nouveaux colloques au Gabon. Le groupe rebelle de l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (Aprd) s'était en effet retiré des négociations en août,
n'estimant pas le projet de loi à l'étude au parlement à la hauteur de ses exigences. Son chef, Jean-Jacques Demafouth, a quant à lui subordonné la reprise des pourparlers à la lecture du texte
intégral de la loi en question.
Pendant ce temps, plusieurs sources
internationales indiquent que le village d'Am Dafok, situé dans le Nord du pays et à proximité de la frontière soudanaise, est passé sous contrôle des rebelles des Forces pour l'unification de la
République Centrafricaine (Furca), groupe qui s'est détaché depuis peu de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (Ufdr).
Depuis 2005 en effet, année de la
victoire du président François Bozizé aux élections, le Nord du pays est devenu zone de conflit entre l'armée et des groupes rebelles. La loi approuvée par le parlement accorde pour sa part
l'amnistie aux rebelles mais aussi aux militaires auteurs de crimes (l'armée ayant été accusée à maintes reprises d'avoir commis de nombreux abus et violences à l'encontre des civils dans le Nord
du pays) et passibles de procès.
Centrafrique le parlement vote
l’amnistie générale pour tous
YAOUNDE, 30 septembre (Xinhua) -- Les députés du parlement centrafricain ont voté lundi à une large majorité la loi
d'amnistie générale pour toutes les parties en conflit, une action favorable aux négociations dans le processus du dialogue de paix en préparation entre le gouvernement et
les rebelles, a rapporté mardi la radio Africa N°1.
Les rebelles de l'Armée populaire pour la restauration de la Démocratie(APRD) de Jean Jacques Demafout
avaient décidé au mois d'août dernier de ne plus participer au dialogue de paix à cause du refus des parlementaires à appliquer l'amnistie générale pour tous.
Demafout, l'ancien ministre de la défense d'Ange Félix Patassé est poursuivi pour l'assassinat de 5
proches de l'ancien président André Kolingba en 1999.