PACTE PRESIDENTIEL POUR LA PAIX ET LA PROSPERITE
Election présidentielle
mars 2010
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Introduction
Bâtir la paix et la prospérité sur le fondement d’un Etat centrafricain moderne et
véritablement démocratique : tel est le motif au nom duquel je me présente avec ferveur et humilité au suffrage de mes compatriotes. Dans un tel État bien dirigé dans l’intérêt de tous, nous
mènerons ensemble une vie digne et heureuse. Nous cesserons de raser les murs et d’être la risée des autres peuples. Nous serons de nouveau fiers d’être Centrafricains.
En 2010, nous fêterons nos 50 ans d’indépendance. Nous avions des atouts pour réussir dans
un continent réputé difficile. Or notre pays abondamment pourvu par la nature s’est éloigné de son destin qui faisait de lui une terre d’asile et d’accueil, le pays de Zo kwé Zo si
cher à Barthélemy Boganda, du Zo ayéké Zo et du So zo la, la Suisse africaine que cimente le Sango, notre langue nationale. Nous sommes responsables de faire mieux par
nous-mêmes, pour nous-mêmes et pour nos descendants. Je ne me présente pas contre des personnes ou pour défendre un quelconque intérêt égoïste, mais pour des principes et des valeurs universels,
non partisans, dans lesquels tous les Centrafricains qu’ils soient du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest ou du Centre, quelles que soient leur appartenance ethnique, clanique, régionale,
linguistique, politique et leurs croyances religieuses peuvent se reconnaître, car elles sont au cœur de notre identité et de notre combat de chaque jour.
L’élection présidentielle étant essentiellement la rencontre d’un homme et d’un peuple, je ne me présente pas au nom d’un parti politique. Je refuse de me prêter au jeu de la division, de l’exclusion et des
combines qui minent les partis politiques chez nous et menacent dangereusement la cohésion nationale. Je m’engage à ce qu’aucun Centrafricain de quelque bord que ce soit ne soit abandonné au bord
de la route.
L’exercice du pouvoir s’est tellement dégradé chez nous que beaucoup ont perdu la foi en
ces valeurs. Je voudrais redonner espoir et confiance à tous. Pratiquons ces valeurs tous ensemble, et nous cesserons de survivre, de stagner, de nous vivre en ennemis, de nous exclure comme nous
le faisons. Le développement sera palpable : la prospérité reviendra, nos projets auront un sens, nos ambitions seront crédibles, la solidarité triomphera.
Mais pour que de vraies valeurs nous mènent vers le bonheur national, l’État devra se
réformer. Notre État est malade, mais guérissable. La responsabilité de le guérir nous incombe à nous Centrafricains, individuellement et collectivement, car nous émanons tous d’un État souverain
et indépendant dont nous devons être fiers et jaloux. Je prends des engagements solennels pour que les Centrafricains puissent juger sur ses résultats l’État qui doit les représenter et défendre
leurs intérêts. Non seulement j’assume le risque de cette décision inédite mais j’estime qu’un État qui veut gouverner au nom de valeurs doit sans cesse se remettre et être remis en question pour
remplir efficacement sa mission : être au service du peuple.
Après l’exposé sur les réformes de l’État, je fixe des caps que je juge prioritaires pour
les Centrafricains. Le plus important est de ramener la prospérité et le développement, d’où la priorité accordée au volet économique et social. Cela dit, les Centrafricains doivent savoir que la
plus grande richesse d’un pays, c’est son peuple. La prospérité en Centrafrique, oui, mais pour rendre les Centrafricains plus heureux.
Première partie : Profession de
foi
Je crois en la Paix.
Je suis un homme de paix. J’aime la paix. Je n’ai pas de la paix une vision simpliste ou restrictive. Je parle de la
paix en sachant de quoi il s’agit. Je prétends être l’un de ses ardents défenseurs dans notre pays.
La paix, c’est bien plus que la sécurité publique obtenue par la police, la gendarmerie et
l’armée.
La solitude, la nuisance, la faim, l’offense, l’insatisfaction, la
privation, la mort, la maladie, le chômage, la violence verbale ou physique tout autant que la guerre constituent à mes yeux un motif réel de rupture de la paix à l’origine des nombreux conflits
que nous connaissons. Je considère que la paix est la condition sine qua non du développement durable harmonieux.
Le Centrafrique doit redevenir un pays où il fait bon vivre, puis aller vers la concorde
nationale.
Je m’engage donc solennellement à instaurer et consolider la paix dans notre pays. Certains croient la paix
impossible en Afrique et plus particulièrement chez nous, en Centrafrique, ou alors sous l’égide des organisations internationales. Ils se trompent largement tant que les problèmes à l’origine
des tensions et des guerres fratricides ne sont pas satisfaits. Je constate à ma grande satisfaction que la paix progresse dans plusieurs pays d’Afrique. Ce qui fonctionne ailleurs réussira chez
nous. Je ne me contenterai pas de séparer des combattants. Le frère embrassera le frère. Ensemble, nous édifierons sur les ruines de nos déchirements passés une nation de paix.
Je crois au bonheur.
Être heureux. Qui ne rêve pas cela ? Et pourquoi s’en priver dès lors que cela ne fait du tort à
personne et que c’est du domaine de l’humainement possible ? Tout être humain aspire légitimement à vivre heureux et à rendre les siens heureux. C’est un droit inaliénable. Je veux que des
papas et des mamans voient leurs enfants grandir dans le bonheur en Centrafrique plutôt que d’aller le chercher ailleurs, tout en offrant une vieillesse digne aux grands-parents. Nos dirigeants,
en panne d’idées et de projets salvateurs pour l’avenir et manquant surtout de courage et d’ambition, nous ont appris à renoncer à la quête du bonheur et, malgré les nombreuses richesses dont la
généreuse nature a doté notre pays, à accepter la pauvreté dans laquelle nous vivons comme un signe de fatalité et de nous satisfaire d’aumônes et surtout d’aides qui sont en vérité des
dettes.
Je ne crois pas en la fatalité, autrement dit, en cette force surnaturelle par laquelle
tout ce qui nous arrive est déterminé d’avance.
Pourquoi le destin s’acharnerait-il
contre nous uniquement et non pas contre les communautés étrangères nombreuses qui vivent sur notre sol et y fleurissent ? J’affirme que ce qui est vrai pour ces communautés étrangères doit
l’être également pour nous et vice versa. Notre enclavement ne nous condamne en rien. Il n’est pas un obstacle insurmontable à notre développement. Je m’engage à en faire un
atout.
J’ai toujours éprouvé une grande admiration pour les personnes qui réussissent. Elles m’ont toujours inspiré dans
mes actions. Je ne suis pas un fataliste, encore moins un défaitiste. Je suis un optimiste et un battant. Je suis un homme d’action. Ma devise est : « A cœur vaillant, rien n’est
impossible ».
Jeter des défis et les relever, rendre l’impossible possible ou envisageable, résoudre des problèmes jugés
insurmontables, améliorer le quotidien m’a toujours passionné. Je veux partager cette passion avec vous.
Je nourris de grandes ambitions pour notre pays et pour nous. Ces ambitions sont conformes à nos potentialités et à
nos attentes légitimes. Rien ne nous interdit d’être heureux. Rien ne nous interdit de rechercher le bonheur pour nous-mêmes et pour nos familles.
Je veux partager ces ambitions avec vous.
Faisons connaître le Centrafrique qui gagne et qui réussit. Rappelons à nos bons
souvenirs ce Centrafrique qui, jadis, était craint et respecté, ce Centrafrique qui était envié, ce Centrafrique dont la jeunesse brillait sur tous les terrains de compétition et faisait notre
fierté. Réveillons en nous cet orgueil qui faisait notre fierté. Cessons d’être des spectateurs passifs chez nous tandis que le monde bouge autour de nous. Devenons des acteurs, des artisans de
la paix et de la prospérité. Donnons ensemble naissance à un autre Centrafrique, un Centrafrique qui force l’admiration.
Je crois en la Prospérité.
Prospérer, c’est avoir une bonne santé physique et mentale, vivre dans l’abondance, voir sa richesse augmenter,
connaître un heureux développement, en un mot être heureux.
A chacun de leur déplacement à l’étranger, nous nous demandons ce que nos dirigeants vont nous ramener. Cinquante
(50) très longues années que cela dure. Le résultat se décline de la manière suivante :
- Selon les données du Rapport Mondial 2003
sur le développement humain, notre pays si jeune et si riche est classé au 171e rang des 173 pays observés ;
- Plus de 67% d’entre nous vivent avec moins
d’un dollar américain par jour ;
- Plus de 60% d’entre nous ne mangent pas à
leur faim ;
- Notre espérance de vie est la plus faible
au monde. Elle est passée de 49 ans à 44,3 ans tandis que les autres pays connaissent un bond spectaculaire en avant de 10 ans;
- Notre pays occupe le 10e rang
des pays les plus infectés au monde par le VIH/SIDA et le 1er rang dans la sous région Afrique centrale ;
- 248 de nos enfants âgés de moins de 5 ans
sur 1000 meurent chaque année ;
- Notre pays est le pays au monde où meurt le
plus grand nombre de femmes à l’accouchement ;
- Notre pays se caractérise par la faiblesse
voire l’inexistence d’investissements publics, en particulier dans les infrastructures socio-économiques de base.
Cinquante ans, c’est très long quand on est pauvre et finit par baisser les bras. Mais
c’est pendant ce temps très court qu’un pays comme la Corée du Sud est passée de la misère la plus noire à l’opulence que les autres lui envient. Jadis assistée, elle aide aujourd’hui les autres
pays. La Corée du Nord n’a appris qu’à affamer ses enfants et terroriser ses voisins. Dans une Amérique centrale encore largement chaotique, cinquante ans ont suffi au Costa Rica pour établir un
modèle de démocratie. Ces faits me font croire que l’être humain est responsable de ses actes. Il a son destin entre ses mains.
Si nous le décidons, nous prospérerons
tous ensemble. C’est maintenant que nous devons le faire.
Je crois en la démocratie.
Je suis un démocrate convaincu. Je veux faire de la démocratie en Centrafrique un modèle. Je vous ferai aimer la
démocratie qui est la forme du gouvernement dans laquelle la souveraineté appartient au peuple seul qui peut l’exercer directement ou par l’intermédiaire de ses représentants qu’il a librement
choisis.
Les bases pour un renouveau d’une démocratie véritable que je vous propose sont contenues dans les amendements à
l’actuelle constitution que je ferai votés par le Parlement. Celle-ci a été taillée sur mesure et fait la part trop belle à un Pouvoir Exécutif omniscient, omniprésent, omnipotent au détriment du
Pouvoir législatif, du Pouvoir Judiciaire et du Contre-pouvoir qu’est la Société Civile.
La population centrafricaine a montré à plusieurs reprises qu’elle pouvait élire démocratiquement ses représentants
dans le calme et le pluralisme. Tirant les leçons de nos échecs passés, nous devons faire en sorte que l’arbitraire et la tyrannie soient définitivement proscrits dans notre pays. Il en est de
même des prophètes ti wataka na ti mvéné, les charlatans qui ont fait de notre misère et de la politique leur fonds de commerce.
Je crois en la justice
La liberté et la justice se tiendront la main sur notre sol. Alors le centrafricain ne corrompra pas son frère, le
faible ne rampera pas devant le puissant, l’équité sera sur toutes nos lèvres et dans nos regards. La crainte de la Justice étant le début de la
sagesse, je m’emploierai à ce que la justice reprenne ses droits et ferai d’elle le fer de lance dans la lutte inlassable que je mènerai contre la corruption et l’impunité, deux fléaux qui
gangrènent notre pays et qui sont malheureusement érigés en méthode de gouvernement dans notre pays. Je rendrai aux Magistrats et aux Auxiliaires de Justice leur indépendance, leur honneur et
leur dignité longtemps bafoués par ceux-là même que la constitution en fait le garant de la justice dans notre pays. Sans eux, la justice n’est que parodie. Je constate et m’étonne que notre pays
qui se dit pourtant un Etat de droits soit le seul au monde qui ne possède ni un palais de justice ni une prison digne de ce nom. Dans ces conditions, comment voudrions-nous que nos droits soient
défendus ?
Le droit de la défense sera renforcé et défendu. Il sera accordé une aide juridictionnelle à toute personne démunie
afin de lui permettre de s’octroyer les services d’un avocat de son choix.