APA-Dakar (Sénégal) 2009-05-31 12:55:11 - La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) a exprimé "sa vive préoccupation" devant la dissolution du parlement nigérien, le 26 mai 2009, par le président TANDJA
Mamadou.
La RADDHO observe que la dissolution du parlement intervient vingt quatre heures après l’avis défavorable de la Cour Constitutionnelle concernant le projet de référendum relatif à la prolongation
du mandat présidentiel.
"Pire, ajoute l'organisation, un véritable coup de force constitutionnel est en cours avec le projet de rédaction d’une nouvelle constitution dont la visé est de passer outre l’avis de la dite
Cour".
La RADDHO estime avoir eu à
"apprécier les efforts réels du Président Mamadou Tandja" qui a réussi, selon elle, à valoriser les
ressources de son pays.
Il avait pris acte de la parole d’honneur de l’officier supérieur prenant l’engagement solennel de ne jamais tripatouiller la constitution, rappelle l'organisation de défense des droits de
l'homme basée à Dakar.
"Irrationnelle et dangereuse est cette volte face qui ouvre une période d’incertitudes au Niger et en Afrique de l’ouest,
après les coups d’état en Mauritanie, en Guinée et en Guinée Bissau", écrit la RADDHO dans un
communiqué transmis au siège de APA dans la capitale sénégalaise.
Elle estime par ailleurs que ce Coup de force constitutionnel est de nature à compromettre tous les acquis démocratiques de même que toute l’architecture institutionnelle et constitutionnelle
patiemment élaborée par consensus à la suite d’évènements tragiques de l’histoire récente du Niger.
Ce coup "va certainement ouvrir une nouvelle ère d’incertitudes et d’instabilités dans ce pays et en Afrique de
l’Ouest", pronostique la RADDHO qui condamne "fermement ce coup de force institutionnel et constitutionnel rampant".
En outre, elle lance un appel à l’Union Africaine, à la CEDEAO, à la communauté internationale et à la société civile à prendre "toutes les initiatives appropriées pour faire échec au coup d’état rampant qui risque de créer un arrêt brutal de l’expérience démocratique du
Niger".
S'adressant au président TANDJA, la RADDHO
l'invite "à revenir sur sa
décision et à trouver les moyens de quitter le pouvoir avec honneur et dignité avec l’aide des Nigériens et Africains".
L'organisation Non Gouvernementale a un Statut spécial à l’ECOSOC aux Nations Unies, et est également membre observateur à la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) de
l’Union Africaine.
Niger: protestations après l'annonce
d'un référendum constitutionnel
NIAMEY (AFP) - dimanche 31 mai 2009
- 12h42 - L'annonce par le président nigérien Mamadou Tandja de l'organisation d'un référendum portant
sur une nouvelle constitution qui lui permettrait de briguer un troisième mandat entraine des protestations au Niger et à l'étranger, alors que la Libye n'y voit aucun inconvénient.
Le président libyen Mouammar Kadhafi a en effet estimé que "si le peuple juge que le président Tandja mérite d'être réelu, il peut le choisir deux, trois ou même dix
fois".
A l'inverse, le département d'Etat américain a dit son "inquiétude". Le principal parti d'opposition nigérien a menacé le chef de l'Etat de le considérer comme un
"putschiste". Les présidents des parlements africains se sont dits "préoccupés".
Le porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly, a dans un communiqué écrit que
cette initiative "risque de saper les avancées sociales, politiques et économiques durement gagnées pendant la
décennie écoulée et constituerait un revers pour la démocratie".
Pour le Parti nigérien pour le démocratie et le socialisme (PNDS), principal
parti d'opposition, "à partir de l'instant où M. Tandja dit qu'il convoquait un référendum, il sort de la
légalité et il perd sa légitimité puisqu'il aura proclamé un coup d'Etat (...) nous le traiterons alors comme un vulgaire putschiste".
La section Afrique de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) réunie à Dakar a appelé, selon l'agence PANA, au "respect strict des dispositions constitutionnelles en vigueur au Niger". Les présidents de Parlement ont exprimé leur "vive préoccupation face aux menaces graves qui pèsent sur le processus démocratique au
Niger"
Le chef de l'Etat libyen, président en exercice de l'Union africaine (UA), a estimé qu'il ne fallait "pas
restreindre la volonté du peuple. Si le peuple juge que le président mérite d'étre réélu, il peut le choisir deux, trois ou même dix fois" a-t-il dit
.
Tandja, 71 ans, élu en 1999 après un coup d'Etat, réélu en 2004, doit quitter le pouvoir le 22 décembre prochain. Il n'a pas précisé dans un message à la nation la date du référendum qu'il
envisage afin d'achever plusieurs projets entrepris au nom de la stabilité du Niger.
La semaine passée, la Cour constitutionnelle du Niger a émis un avis défavorable à ce référendum. L'article 49 sur laquelle le président nigérien a veut s'appuyer pour convoquer le référendum,
"ne peut servir de fondement à un changement de la constitution" a-t-elle dit. "Le maintien en fonction du
président de la république au delà du terme de son mandat n'est pas conforme à la constitution" a-t-elle ajouté.
Le lendemain de l'avis de la Cour, le chef de l'Etat nigérien a dissous le
Parlement qui examinait une lettre où il lui demandait son avis sur le référendum.
Menaçant, il a justifié cette dissolution par "le climat tendu de la scène politique" et veut ainsi "permettre au Niger d'entamer la 6e république avec une représentation nationale renouvelée et fortifiée".
Niger: "un revers pour la démocratie ?"
AFP 30/05/2009 | Mise à jour : 16:02
Les Etats-Unis ont mis en garde contre le risque de "revers pour la démocratie" au Niger après la décision du président Mamadou Tandja d'organiser un référendum afin
de se maintenir au pouvoir après la fin normale de son mandat.
"Les Etats-Unis s'inquiètent des récentes annonces selon lesquelles le président Tandja prévoit d'organiser un référendum national sur une nouvelle constitution qui lui permettrait de prolonger
son mandat", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly, dans un communiqué diffusé vendredi soir.
"Cela risque de saper les avancées sociales, politiques et économiques durement gagnées pendant la décennie écoulée et constituerait un revers pour la démocratie", a averti M. Kelly.
Le président du Niger a confirmé vendredi soir dans un message à la Nation
l'organisation d'un référendum portant sur une nouvelle constitution qui lui permettrait de se maintenir en fonction au-delà de la fin de son second quinquennat, prévue le 22 décembre. M. Tandja,
71 ans, n'a pas précisé la date de cette consultation.
M. Kelly a observé que pendant son mandat, M. Tandja avait été "un bon défenseur des intérêts de son pays en
attirant des investissements internationaux et en lançant des travaux publics ambitieux, sur fond de stabilité sociale et politique".
Washington a précisé avoir "partagé avec le président Tandja l'intérêt de poursuivre une relation forte et
chaleureuse avec le gouvernement et le peuple nigériens à l'approche de la fin de son mandat constitutionnel".