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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 14:51




 BANGUI, République Centrafricaine, 10 juin 2009/African Press Organization (APO)/ — L’Ambassadeur B. Lynn PASCOE, de nationalité américaine, Conseiller principal du Secrétaire Général des Nations Unies sur les Questions Politiques et Chef du Département des Affaires Politiques qui coiffe le BONUCA, séjournera en Centrafrique du 11 au 12 Juin 2009.


 Au cours de son premier séjour en terre centrafricaine, L’Ambassadeur Lynn Pascoe rencontrera les Hautes autorités centrafricaines, avec lesquelles il aura des séances de travail sur l’état des relations politiques ONU-RCA. Le Secrétaire général Adjoint aux Affaires Politiques, annoncera par ailleurs, l’arrivée imminente à Bangui de la nouvelle Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies en Centrafrique, Madame Sahle-Work Zewde.


 Profitant de son séjour en RCA, à la veille de l’entrée en vigueur d’un cadre intégré du Système des Nations Unies en RCA et du renforcement du contexte de consolidation de la Paix, M. Lynn Pascoe échangera avec les interlocuteurs gouvernementaux pour passer en revue la situation politique ainsi que l’évolution de la situation sécuritaire. Il se concertera avec les représentants de la Communauté Internationale, travaillant sur les questions de la Consolidation de la Paix et du Développement.


 Après l’adoption d’un Cadre Stratégique pour la Consolidation de la Paix, il s’agira également pour M. Pascoe de voir concrètement, comment les trois principaux piliers, définis comme devant asseoir la mise en œuvre effective des différents programmes, vont pouvoir se réaliser. La sécurisation du pays, à travers le programme DDR et la RSS ; la Bonne Gouvernance et l’installation de Pôles de développement, véritables zones de revitalisation économique, constitueront des sujets pour échanges de points de vues entre L’Ambassadeur Pascoe et ses interlocuteurs à Bangui.

 

SOURCE : NATIONS UNIES

 

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 22:44



Outre les classes politiques du Gabon son pays, de plusieurs pays d’Afrique son continent, de la France qui l’a placé en orbite et pour laquelle il a tant fait, la classe politique centrafricaine à travers la plupart de ses leaders, Omar Bongo Ondimba laisse également orpheline, la presque totalité des responsables politiques centrafricains, si habitués à faire recours à lui pour un oui ou un non, que ce soit ceux qui sont au pouvoir à Bangui que leurs opposants. L’exemple qui donne la mesure de cette situation qui, il faut vraiment l’espérer, doit prendre fin avec la disparition de feu le  président du Gabon, est le témoignage rendu sur radio France Internationale par l’ancien premier ministre de Ange Félix Patassé, Jean-Paul Ngoupandé et actuellement conseiller spécial de Bozizé, qui a fait état des interventions de Bongo qu’il ne manquait de solliciter chaque fois qu’on l’empêchait de quitter ou regagner Bangui. Le président d’un pays étranger transformé en garant de la liberté d’aller et venir des citoyens d’un autre pays sur le propre sol, voilà la ridicule situation à laquelle on était parvenu avec Bongo. Certains fils de Centrafrique étaient malheureusement contraints par la bêtise d’autres compatriotes de lui faire jouer ce rôle qu’il acceptait volontiers quand bien même cela lui faisait de la peine. Il a fini malgré lui, par accepter le renversement par Bozizé en 2003 de Patassé parce qu’il trouvait qu’il était très têtu et n’a point respecté les conseils qu’il n’avait de cesse de lui prodiguer. Ses habitués lui prêtent d’avoir dit que Bozizé était encore plus sourd que Patassé. C’est à désespérer de ces deux personnages dont le premier a déjà perdu le pouvoir et pour le second, cela finira bien par arriver un jour ou l’autre.    

A la veille de la mascarade électorale de 2005, Bozizé avait artificiellement crée un blocage  politique en faisant recaler pour des prétextes fallacieux par la cour constitutionnelle certains candidats à la présidentielle. Il a fallu l’énergique intervention de Bongo sollicitée comme par hasard par ceux-là mêmes comme Charles Massi qui étaient familiers de sa générosité financière, pour que presque toute la classe politique, tous les candidats à la présidentielle, les confessions religieuses et la société civile, puissent se retrouver à Libreville afin de trouver une solution au problème des candidatures recalées. De substantielles enveloppes avaient été distribuées notamment aux différents candidats aux élections présidentielles reparties de Libreville large sourire aux lèvres. Par dessus le marché, c’est aussi un aéronef du Gabon qui était venu chercher à Bangui tout ce beau monde et les y ramener ensuite.

Omar Bongo, il est vrai, se sentait aussi centrafricain donc particulièrement concerné par les conflits politico-militaires récurrents de ce pays ces dernières années. Il a fini par être désigné par ses pairs de la sous-région, médiateur chargé des questions centrafricaines dans l’espace CEMAC. C’est ainsi qu’il avait piloté des mois durant en 2008, les discussions de Libreville entre le gouvernement Bozizé et les chefs de certains mouvements rebelles qui ont abouti à la signature d’un accord global de paix, préalable à la tenue du dialogue politique inclusif du mois de décembre 2008. Même si beaucoup reste à dire sur l’efficacité de la méthode de règlement du conflit centrafricain utilisée par Bongo qui était très relative, l’investissement personnel de l’individu et de l’Etat étaient réels et loin d’être négligeables. Bozizé et certains de ses ministres comme Cyriaque Gonda qui a largement profité des fonds mis à sa disposition pour le dialogue, doivent quant à eux, détenir le record toutes catégories des allers-retours Bangui-Libreville. Ils avaient abusé de la générosité et de l’hospitalité de Bongo et donc doivent maintenant chercher un autre parrain et tuteur. Bozizé s’était même permis de déclarer dans son allocution lors de l’ouverture du dialogue politique inclusif en décembre 2008 , manquant totalement d’imagination pour illustrer le dévouement et l’abnégation d’Omar Bongo à la cause centrafricaine, que même en pyjama, il prenait toujours le téléphone s’il s’agissait d’un appel venant de Bangui.  

L’amour de Bongo pour certains Centrafricains était réel. On se souviendra aussi par exemple que récemment encore, alors qu’on avait annoncé la suspension officielle de ses activités pour faire le deuil de sa défunte épouse et prendre un peu de repos, de son lit de l’hôpital catalan de Barcelone, il n’a pu s’empêcher d’adresser une lettre de condoléances au président Bozizé et aux Centrafricains lorsqu’il a appris la mort du Pr Abel Goumba. Il avait pour ce dernier une affection particulière qui remonte dit-on à Léon Mba, son prédécesseur et premier président du Gabon dont l’épouse était Centrafricaine, originaire de la même préfecture que Goumba de la Ouaka. Le sort du Pr Goumba a toujours été sa préoccupation constante. Il ne manquait de le recevoir chaque fois qu’il se rendait à Bangui ou le faisait venir souvent à Libreville. Après le brutal limogeage du Pr Goumba de la primature par Bozizé, c’est Bongo qui a imposé à celui-ci de faire occuper par le Pr, les fonctions honorifiques de vice-président de la République. Bongo rejoint Goumba dans l’au-delà un mois à peine seulement après la mort de ce dernier.

Les anciens présidents David Dacko, André Kolingba et Ange Félix Patassé, étaient aussi les heureux bénéficiaires de la générosité légendaire d’Omar Bongo. Avant de se déclarer candidat à la présidentielle de 2005, André Kolingba s’était préalablement assuré du soutien financier d’Omar Bongo qui l’avait comme par hasard reçu en audience à l’hôtel Meurice à Paris. A l’issue de la conférence de réconciliation nationale en 1997, Omar Bongo avait par exemple dépêché deux émissaires à Bangui pour remettre une enveloppe au président Dacko. Mais sans aucun doute, c’est surtout à Ange Félix Patassé que doit revenir la palme d’or de ceux qui avaient profité le plus des largesses du défunt président gabonais. En accédant à la magistrature suprême en octobre 1993, Patassé a été gratifié par Omar Bongo d’une coquette villa qui fut la résidence à Bangui de l’ambassadeur du Gabon ainsi que d’une somptueuse limousine américaine de marque Lincoln. C’est dans cette  villa qu’a habité Patassé (André Kolingba son prédécesseur ayant laissé la résidence du camp de Roux dans un état inhabitable) jusqu’à son renversement par Bozizé le 15 mars 2003. Ayant passé un peu plus de neuf ans au pouvoir sans disposer d’un aéronef, c’est souvent dans des avions généreusement mis à sa disposition par Omar Bongo que Patassé a eu à effectuer la plupart de ses déplacements hors de son pays, même après le coup d’Etat qui l’a renversé. Faut-il rappeler que c’est encore à bord d’un avion dépêché par Bongo qu’il s’était rendu à Bangui pour participer au dialogue politique inclusif de décembre 2008 et ensuite retourner à Lomé son lieu d’exil. Bongo était resté attentif aux conditions d’exil de Patassé et sa famille au Togo en se manifestant par des soutiens multiformes notamment lorsque Patassé avait perdu son épouse en décembre 2007.

La classe politique centrafricaine, tellement habituée au lien quasi ombilical avec Bongo, doit dorénavant apprendre à se passer de lui en se prenant maintenant en charge et en mains pour assumer ses responsabilités, ses faiblesses, ses erreurs et ses fautes. Elle doit aussi en finir avec cette infantile propension à s’en remettre systématiquement et automatiquement à Omar Bongo pour trancher toutes les questions, y compris les plus futiles, qui se posaient à elle. Il est temps pour elle de grandir pour atteindre la maturité et s’assumer. Maintenant, la donne principale a changé. De ce point de vue, la disparition d’Omar Bongo, même si elle laisse réellement orpheline la classe politique centrafricaine - qui aura sans doute beaucoup de mal à s’en remettre - pourra lui rendre beaucoup service si elle sait en tirer profit pour faire preuve d’imagination en toute circonstance en comptant d’abord sur ses propres forces. Gageons que d’ici là, un Bongo bis ne fasse son apparition en Afrique centrale pour qu’on assiste encore à une fâcheuse récidive.

 

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 22:38



                      Ali Ben Bongo

LEMONDE.FR | 09.06.09 | 17h43  •  Mis à jour le 09.06.09 | 17h50


Les internautes du Monde.fr décrivent l'ambiance à Libreville au lendemain de l'annonce de la mort du président gabonais, Omar Bongo.

 

Une sorte de psychose a gagné Libreville, par Marcel Obiang
 

Après l'annonce officielle du décès du président Bongo, une sorte de psychose a gagné Libreville. Tout le monde a cessé ses activités pour regagner son domicile. En rentrant chez moi, j'ai aperçu plusieurs centaines de militants réunis devant le siège de l'Union du peuple gabonais (UPG), le principal parti d'opposition. Ils étaient venus, m'ont-ils expliqué, pour soutenir le leader de l'opposition, Pierre Mamboundou dont la sécurité serait potentiellement en danger.


Tout le monde fait des provisions
, par A. Fernandez
 

J'ai enfin pu avoir ma sœur, qui habite au Gabon, par téléphone. Là-bas, Internet est coupé depuis dimanche matin, ce qui peut vouloir dire deux choses : soit le président était mort depuis un bon moment quand son décès a été annoncé à 23 heures en France, soit sa mort paraissait tellement évidente que les autorités ont préféré couper le réseau. Pour l'instant tout est calme, mais une Gabonaise qui travaille avec ma sœur lui expliquait qu'elle s'était barricadée chez elle hier soir. Tout le monde a fait des provisions au cas où les magasins resteraient fermés pendant les trente jours de deuil.


Bongo est mort, on ne veut pas de son fils
, par Pierre
 

Un tyran est mort et c'est une grande joie. Mais beaucoup de Gabonais ont peur que le fils d'Omar Bongo, Ali, prenne la tête du pays. Le peuple souhaite une élection libre, que la loi soit respectée dans tout son ensemble. Beaucoup déplorent que la presse française parle tant de son fils, Ali Bongo, comme successeur.


Entre peur et incompréhension,
par Francois Ndong Mba
 

Les Gabonais sont dans la crainte. ils redoutent qu'Ali Bongo, le fils d'Omar Bongo, ne prenne le pouvoir par la force alors qu'il n'a aucune légitimité populaire. Je ne comprends pas pourquoi la presse française le présente comme le dauphin de son défunt père, alors qu'elle se refuse à parler de Pierre Mamboundou, le principal opposant chez qui des Gabonais se sont rendus par centaines ces dernières heures.


L'avenir du Gabon est plus flou que jamais,
par Louis
 

Le Gabon a été officiellement "mis en quarantaine" pour un minimum de trente jours, mais à quoi cela peut-il bien servir ? [Les frontières ont été rouvertes mardi 9 juin, selon le ministère gabonais de la défense, NDLR.] Organiser le départ des proches d'Omar Bongo pour l'étranger ? Assurer la transition vers un régime similaire composé des proches du président défunt ?
Démarrer le processus de transition vers un gouvernement adhérent à des chartes d'éthiques et de responsabilités ainsi qu'au respect de la Constitution ? Une seule chose est sûre : l'avenir du Gabon est plus flou que jamais.


Tout le monde attend d'en savoir plus
, par François Carré


La ville est calme. Je n'ai observé aucun déploiement des forces de l'ordre et c'est même assez surprenant. Seules quelques stations-service étaient closes ce matin. Mais la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes a créé un certain malaise dans la population. Tout le monde attend d'en savoir plus sur les candidats à la succession. Certains craignent de voir le pays voler en éclats. Heureusement, la majorité des Gabonais reste sereine quant au déroulement des obsèques et aux futures élections.


Spéculateurs et successeurs,
par Gérald Obiang
 

Il y a trop d'incertitudes autour de la mort du président. Certains disent qu'il est décédé il y a longtemps, d'autres qu'il n'est pas encore mort. [Omar Bongo est mort lundi 8 juin en début d'après-midi, selon les autorités gabonaises, NDLR.] Il est intéressant de rappeler que feue Edith-Lucie Bongo, sa femme, a connu le même sort : l'annonce de sa mort a été repoussée maintes fois pour des raisons floues. Selon certaines spéculations (dans les milieux politiques, ainsi qu'au sein de la population), le gouvernement chercherait un moyen de glisser un "successeur" à la tête du pays et de faire passer la pilule aux Gabonais. Mais les candidats potentiels semblent oublier qu'il existe quand même une opposition dans ce pays, aussi silencieuse soit-elle. Elle pourrait bien leur rappeler que le peuple en a plus qu'assez d'avaler des couleuvres.

 

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 18:50

LE MONDE | 09.06.09 | 14h54 Edito du Monde




Avec le décès du président gabonais Omar Bongo, annoncé officiellement lundi 8 juin, c'est un chef d'Etat à la longévité politique exceptionnelle qui disparaît. Fils de cultivateur, il était arrivé au pouvoir alors que le général de Gaulle se trouvait encore à l'Elysée. Il aura su s'y maintenir pendant plus de quarante ans, ce qui en fit le chef d'Etat en exercice le plus ancien, en usant d'un clientélisme dont il avait fait, dans son pays, un mode de gouvernement et, à l'extérieur, un instrument d'influence.


Le clientélisme, il en a d'abord appliqué la recette chez lui. A la tête d'un pays très faiblement peuplé mais riche de ressources pétrolières, ce qui lui valut d'être surnommé à juste titre le Koweït de l'Afrique, Omar Bongo n'a pas hésité à détourner la manne pétrolière pour acheter ses adversaires politiques. Tous ou presque ont fini par rentrer dans le rang, faisant des scrutins électoraux organisés après la disparition du parti unique au début des années 1990 une vaste comédie. En contrepartie, le Gabon n'a pas connu de coup d'Etat.


Sur le continent africain aussi, le président Bongo a usé du clientélisme. Devenu, depuis la disparition du président ivoirien Houphouët-Boigny, le "vieux sage" que l'on venait consulter, il a été le juge de paix, l'arbitre dont ses pairs sollicitaient l'avis lorsqu'une guerre civile menaçait ou qu'un putsch éclatait en Afrique francophone. Grâce à son aura, et encore plus grâce à l'argent du pétrole qu'il n'hésitait pas à distribuer pour acheter les uns et apaiser les autres, des conflits ont été évités ou circonscrits, notamment en Côte d'Ivoire.


Mais c'est en France que le système Bongo a été le plus flamboyant. Le chef de l'Etat disparu incarnait la "Françafrique", cette mécanique complexe où s'entremêlent raison d'Etat et intérêts commerciaux, connivences politiques et lobbies en tout genre. Que Nicolas Sarkozy, si sévère pendant la campagne présidentielle lorsqu'il s'agissait de dénoncer les compromissions africaines de son prédécesseur, ait choisi, une fois élu, le Gabon, après le Sénégal, pour son premier déplacement sur le continent noir en dit long sur le réseau tissé par Omar Bongo au fil des décennies. Le président gabonais disparu, la "Françafrique" va-t-elle lui survivre ? Le simple fait qu'Omar Bongo ait été hospitalisé en Espagne et non en France, où il était l'objet d'une plainte - comme d'autres chefs d'Etat du continent noir - pour avoir, toujours et dans des proportions massives, confondu les caisses de l'Etat et ses biens propres, prouve qu'une page de l'histoire de la "Françafrique" vient d'être tournée.

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 18:45




LE MONDE | 09.06.09 | 14h54  •  Mis à jour le 09.06.09 | 14h54


Véhicules tout-terrain flambant neufs, hôtels de luxe, casinos, panneaux publicitaires à foison... Le long de la corniche qui longe Libreville, c'est le spectacle d'une ville opulente qui s'offre au visiteur. Mais la vitrine est trompeuse. Elle est le reflet d'une richesse cantonnée aux seuls beaux quartiers de la capitale. Qu'on les quitte et c'est un Gabon misérable qui s'impose.

Deux chiffres donnent la mesure du fossé : avec un revenu par habitant de l'ordre de 12 000 dollars par an (environ 8 500 euros), le pays sur lequel a régné sans partage le président Omar Bongo pendant plus de quarante ans figure parmi les mieux lotis du continent africain. Mais en matière de développement humain, il traîne en queue de peloton. L'espérance de vie n'y dépasse pas 53 ans. Près d'une femme sur deux n'a pas accès à l'éducation. Un adulte sur cinq en âge de travailler est au chômage.


Le pays, de taille moyenne - un peu moins de la moitié de la superficie de la France - a pourtant été bien servi par la nature. Exploitées depuis près d'un demi-siècle, ses ressources pétrolières (avec une production moyenne de 12 millions de tonnes de brut par an) sont faibles, mais plus que suffisantes pour assurer à la population, très clairsemée (1,5 million de personnes), un niveau de vie décent. D'autant que s'y ajoutent des ressources minières (manganèse, fer) et forestières importantes. Mais comme le note avec une grande prudence le dernier rapport d'Economic Intelligence Unit, un consultant britannique, "l'absence de transparence a alimenté des rumeurs selon lesquelles les revenus pétroliers avaient été détournés du gouvernement au profit d'officiels bien placés".


Convenablement gérées, ces richesses auraient dû faire du Gabon "le Koweït de l'Afrique", et permettre la création d'un tissu industriel. On en est loin. En 2004, Libreville, membre de la zone franc, a été contraint de rééchelonner sa dette bilatérale dans le cadre du Club de Paris avant de négocier, trois ans plus tard, avec le Fonds monétaire international (FMI) un plan de réformes structurelles.

Pour quels résultats ? Selon l'étude "Doing business 2008", publiée par la Banque mondiale, ils ne sont guère probants. Le Gabon est placé à la 144e place sur 178 pays étudiés pour leur capacité à favoriser l'initiative privée. Les pesanteurs de la bureaucratie, le peu de valeur des contrats signés, l'absence de protection juridique sont au centre des critiques. Résultat, en dehors du secteur pétrolier, les usines sont rares.

OUVERTURE À LA CHINE


Pour peser sur les Occidentaux (en particulier la France, le premier fournisseur du pays) et diversifier ses partenaires, le Gabon se tourne depuis quelques années vers la Chine. Pékin s'est vu confier, en 2006, l'ouverture et l'exploitation du gisement de fer de Belinga (nord-est), l'un des plus importants au monde. En contrepartie, la Chine s'est engagée à construire une ligne de chemin de fer, un port en eau profonde et une centrale hydraulique pour un coût global d'investissement de 3 milliards de dollars.

La mine de Belinga est devenue une affaire d'Etat. Située au coeur d'un parc national protégé, son ouverture se heurte à l'opposition des protecteurs de l'environnement. Le plus connu d'entre eux, Marc Ona Essangui, célèbre pour son combat en faveur de la transparence des revenus pétroliers, a pris la tête de la contestation. Ce qui lui a valu d'être arrêté fin 2008 et traduit en justice. Le sort de M. Ona sera un premier test pour le successeur d'Omar Bongo.

 

Jean-Pierre Tuquoi

Article paru dans l'édition du 10.06.09

 

 

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 18:07




Louanges du gouvernement français après la mort d’Omar Bongo :
le CCFD-Terre Solidaire appelle au contraire à tourner une page sombre de la relation entre la France et l’Afrique.

 

Suite au décès du président du Gabon, la France doit agir avec l’Union européenne, en faveur d’une transition réellement démocratique. En écho aux aspirations des sociétés civiles africaines, le CCFD-Terre Solidaire appelle le gouvernement français à s’engager dans une relation radicalement différente avec le Gabon et l’ensemble des pays africains, fondée sur la promotion de la démocratie, des droits humains et la solidarité.

 

Dans un appel publié le 13 février 2007 dans Le Monde, des associations, des syndicats et des réseaux citoyens en Afrique, avec lesquels travaille le CCFD-Terre Solidaire, avaient exprimé aux candidats à l’élection présidentielle française leur volonté de construire une autre relation entre la France et l’Afrique, tout en avertissant : « un tel renouveau n’est concevable que si les fondements de cette relation sont assainis. La France doit assumer son passé en Afrique : il faut en finir avec les heures noires de la Françafrique , avec le soutien aux régimes autoritaires et avec l’impunité ».

Malgré les engagements pris par M. Sarkozy à ce sujet lors de la campagne électorale, la « rupture » annoncée dans la gestion des relations franco-africaines se fait encore attendre.

 

Dans l’immédiat, le CCFD-Terre Solidaire demande qu’une attention particulière soit apportée aux défenseurs des droits humains et aux militants anti-corruption du Gabon, particulièrement exposés dans cette période de transition.

Au Gabon, les rares personnes qui osent critiquer le pouvoir sont soumises à une répression de plus en plus tangible, marquée par l’arrestation, le 30 décembre 2008, de deux journalistes et trois militants anti-corruption, pour avoir soutenu ou relayé la dénonciation des biens mal acquis de la famille Bongo. La communauté internationale doit être extrêmement vigilante quant à leur situation, dans le contexte de tensions autour de la succession d’Omar Bongo.

 

Le CCFD-Terre solidaire continue de dénoncer l’enrichissement personnel du clan Bongo, et les responsabilités françaises dans cette situation.

Ces avoirs détournés sont une cause majeure de la pauvreté au Gabon, pays dans lequel 40 % de la population vit sous le seuil de grande pauvreté. Le Gabon compte à peine 20 médecins pour 100 000 habitants ; un enfant sur sept meurt avant l’âge de cinq ans. Aucune procédure de restitution de ces avoirs, placés à l’étranger, n’est pour l’instant engagée faute de volonté politique notamment en France.

Le CCFD-Terre solidaire détaille ces injustices dans une étude sur les « Biens mal acquis »[1], publiée en 2007. Cette étude a servi de fondement aux plaintes déposées par plusieurs organisations à Paris à l’encontre notamment d’Omar Bongo, visant à engager une procédure de restitution des avoirs détournés. Le CCFD-Terre solidaire publiera dans les prochains jours un nouveau Rapport actualisé et enrichi.

 

Contacts : Véronique de La Martinière  : 01 44 82 80 64 - Nathalie Perramon : 01 44 82 80 67

 

Première ONG française de développement, avec 40 millions d’euros de budget et plus de 500 initiatives soutenues chaque année dans 80 pays du sud et de l’est, le Comité catholique contre la faim et pour le développement  (CCFD- Terre Solidaire) a acquis depuis près de 50 ans un savoir faire et de nombreuses références dans le dialogue avec les sociétés civiles de ces pays. Cette expertise est utilisée aujourd’hui dans de nombreuses activités de communication, de plaidoyer et d’éducation au développement en direction du public français et européen, grâce à un réseau de 15 000 bénévoles militants. Site : www.ccfd.asso. fr


Comité catholique contre la faim et pour le développement : 4, rue Jean Lantier – 75001 PARIS - 01 44 82 80 00


 [1] « Biens mal acquis… profitent trop souvent. La fortune des dictateurs et les complaisances occidentales », mars 2007.

Cf. http://www.ccfd. asso.fr/e_ upload/pdf/ biens-mal- acquis.pdf. Nouvelle version à paraître très prochainement.

 

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 12:57

 
 




Par Par Shanda Tonme
Le Messager 09-06-2009


La mort enfin annoncée officiellement de monsieur Omar Bongo exprime d’abord une très grande honte pour l’Afrique. L’on a beau essayé de jouer des apparences, les souffrances que ces présidents engendrent, les humiliations qu’ils génèrent, et les travers qu’ils secrètent au quotidien, constituent globalement les éléments du tableau par lequel, l’Afrique noire particulièrement, demeure à la traîne du reste du monde.


Il est très frappant de constater avec quelles précautions, quelles habillages maladroits et malveillants, les médias occidentaux, s’emploient à vouloir présenter le pays et le peuple du Gabon, sans faire ressortir le caractère fasciste, autoritaire et obscurantiste d’un pouvoir sauvage qui aura instauré la ruine de l’intelligence, la peur, la corruption, et le découragement.


Ce que l’on veut amener les Africains à faire, c’est de verser vraiment des larmes de crocodile. Omar Bongo a causé trop de torts à l’Afrique, au monde noir. Ces dictateurs finissent, à force de se voir ouvrir les portes de l’Elysée et de la Maison Blanche, par se prendre pour des gens normaux, pour des rois investis du pouvoir divin de régner sur leur peuple.


Sagesse et puissance de pacotille

Bongo était appelé sage, sur la simple base d’une longue présence à la tête du pays garantie par la mafia française. On a ainsi et tout le temps, imposé aux Africains de grands malades que l’on utilisait et usait pour la circonstance, pour maintenir l’illusion que l’on traitait avec les représentants du continent. Ces gens sont qualifiés de puissants, d’hommes forts, de tous les superlatifs que l’on ne trouve pas en Occident lorsqu’il s’agit de parler d’un gouvernant. De Mobutu à Bongo en passant par Eyadema et la suite, il faut aujourd’hui convenir que nous sommes entrés dans l’ère des contradictions radicalement insolubles et mortelles avec l’Occident.

L’Europe qui a débattu longuement pour choisir ses députés, n’a à aucun moment fait de l’Afrique, une priorité, un sujet d’intérêt, un lieu de défi, une terre fertile méritant de l’attention. De parfaits plantés ici et entretenus par des mafias sanguinaires, couvrent ces bandits qui s’entêtent à mourir au pouvoir, à crever dans des cliniques chic des pays où ils ont gardé notre argent volé. Ces pillards ne sont en fait ni puissants ni sages, ils sont mortels, faibles, fragiles, pitoyables.


Des maladies que l’on conteste, aux morts que l’on cache

Le destin des mortels est bien trop cruel, pour que de basses manœuvres de quelques courtisans, tentent à chaque fois, de détourner la vérité sur les malades et sur les morts. Il faut maintenant penser à tous ces journalistes emprisonnés pour avoir évoqué un simple malaise de certains dictateurs, pour avoir parlé trop vite de la mort de quelques autres, pour avoir rendu public le bilan médical craquelant de ces prédateurs de l’obscurité et ces reptiles qui alimentent de leurs actes rétrogrades, toutes les misères et toutes les souffrances du monde. Ces individus qui au soir de leur vie remplie d’agapes et d’autant de regrets, ne songent pas à quitter rapidement le pouvoir et à s’excuser, méritent tous les procès, toutes les sentences, et toutes les condamnations.


 
Omar Bongo est mort dans le plus inacceptable des chagrins pour lui, dans la pitié et la solitude du roi nu. Que l’on reconnaisse que sa maladie a pris de l’ampleur depuis ces menaces de procès pour des biens immobiliers insolents acquis avec l’argent du peuple gabonais, le sang des travailleurs d’un petit pays pauvre, les richesses du sol et du sous-sol d’une nation meurtrie par des décennies de dictature, de régime sale. Que l’on nous dise la vérité de ce que, il a fallu prendre le temps de négocier et d’arranger la continuité du régime et des ses alliances mafieuses, avant de livrer au monde, la vérité sur la fin sombre d’un monstre qui porte une part importante de responsabilité dans l’arriération de l’Afrique contemporaine. Que l’on ne nous dise pas que c’est une mort comme une autre. Il est des morts qui libère l’humanité et celle-ci en est incontestablement une.


Les mythes de la succession et de la stabilité : un discours pour nègres

Lorsqu’il s’agit de l’Afrique, contrée de sauvages et de nègres, le discours est le même, d’un subjectivisme qui ferait brûler tous les diplômes de droit et de science politique. Parle-t-on, de stabilité et de succession en Europe ou aux Etats-Unis ? Parle-t-on de chef d’Etat qui aurait préparé sa succession dans un système de gestion politique moderne et démocratique ? Parle-t-on de craintes des lendemains pour un pays habité par des gens normaux ? L’Afrique et les Africains sont des espèces uniques, entièrement à part. D’où vient-il que l’on parle de ces gens qui devraient préparer ou arranger leur succession au lieu de s’interroger sur l’existence d’une loi fondamentale ?

La mort des dictateurs offre toujours l’occasion de mesurer combien raciste est restée l’Europe dans sa vision et sa considération politique de l’Afrique. Par ici, ce sont des singes qui ne connaissent ni élections ni transition pacifique, ni alternance démocratique. Par ici, pensent-t-ils et souhaitent-ils, il ne devrait exister que guerres civiles, tueries, crimes en tous genres et génocides.


L’implication de la France

Il n’y a aucun doute, que le temps du silence et des démentis maladroits, correspond au temps qu’il fallait à Paris pour arranger la succession à Libreville, avec l’appui du beau père éploré de Brazzaville. Mais l’histoire est sans pitié pour les dictateurs, qu’ils meurent au pouvoir comme ces Eyadema, Bongo, et Conté, ou qu’ils aillent finir comme des chiens errants ailleurs longtemps après avoir été chassés à l’instar du Shah Palhavi d’Iran, de Mobutu ou de Bokassa. A ceux qui sont malades et s’agrippent au pouvoir, il faut très vite conseiller que les soutiens des grands maîtres blancs et des amis privilégiés de Paris, n’arrêtent jamais la mort. Que vous soyez riche, noirs, jaunes, gentils ou sauvages,, vous êtes condamnés à crever comme des singes dans un buisson sombre investi par des fourmis et des hallucinations troublantes.
 
Il faut savoir partir, s’excuser et partir, partir avec tous les regrets, partir avant que la mort ne vienne vous précipiter dans l’arène des injures et des humiliations éternelles de votre peuple. Vous êtes, tous ces chefs autoproclamés présidents, un embarras pour le continent, et votre mort dans la posture de malade avide des privilèges et des honneurs illégitimes, constitue une très grande honte. Ce ne sont pas seulement vos enfants, familles et proches qui sont couverts de honte, c’est une race, la race des noirs, de tous ceux qui subissent impuissants, votre dictature et vos innombrables abus
.

La mort est finalement, un justicier démocratique, mais à trop attendre avant d’inviter certains individus dans la tombe, elle aggrave et prolonge les souffrances de nombreuses familles, d’honnêtes gens, de braves citoyens, d’innocents enfants et petits enfants. 



 

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 12:12




LE MONDE | 09.06.09 | 08h55  •  Mis à jour le 09.06.09 | 09h00


La proximité et l'ambiguïté des relations qu'entretenait Omar Bongo avec la France apparaissent au fil des affaires judiciaires dans lesquelles son nom a été évoqué, qu'il ait lui-même été partie ou qu'il ait seulement été cité dans la procédure.

 

L'affaire Elf. L'enquête ouverte en 1994 à Paris par la juge d'instruction Eva Joly met au jour les considérables "bonus" (commissions occultes) versés par la compagnie pétrolière française à Omar Bongo et à d'autres dirigeants africains afin de sécuriser ses approvisionnements.

Outre ce mécanisme de corruption, l'enquête révèle l'existence de comptes domiciliés en Suisse, aux Etats-Unis et de sociétés immatriculées dans un paradis fiscal, autant de caisses noires destinées à faire financer, en retour, par les responsables africains, de somptuaires dépenses personnelles des dirigeants de la compagnie, des salaires de complaisance versés à des proches du président Mitterrand ainsi que des subventions aux partis politiques français de droite comme de gauche.


Pour la première fois, le secret de Polichinelle du financement de la vie politique française par l'argent du pétrole africain était évoqué publiquement. S'il a été qualifié de "chef d'une association de malfaiteurs" en 1997 par le procureur général de Genève, Omar Bongo n'a jamais été ni partie ni témoin dans le spectaculaire procès qui, en 2003, puis en appel en 2004, allait aboutir au prononcé de lourdes peines à l'encontre des dirigeants d'Elf.
Bien que protégé par l'immunité accordée aux chefs d'Etat, M. Bongo avait multiplié les pressions sur l'Elysée pour tenter d'enrayer une enquête qui étalait au grand jour de multiples opérations financières suspectes.


Cependant, le président gabonais a régulièrement été cité comme l'un des bénéficiaires des détournements de fonds publics (305 millions d'euros) reprochés aux prévenus. L'affaire a aussi éclairé le fonctionnement des réseaux africains d'Elf animés par André Tarallo, le "M. Afrique" de la compagnie pétrolière simultanément président d'Elf-Gabon et conseiller du président Bongo.

Tout au long de la procédure, M. Tarallo s'était abrité derrière Omar Bongo en affirmant qu'il n'était que son "mandant", désignant ainsi le président gabonais comme le véritable propriétaire des biens financés par les détournements.


Cette défense, sans conséquences judiciaires pour M. Bongo, protégé par son immunité, avait fini par ulcérer l'intéressé. "Le parapluie Bongo, à force de servir, a fini par se trouer. Et Tarallo est trempé maintenant", avait-il déclaré, en constatant que M. Tarallo n'avait pas convaincu les juges.

Prenant au mot son ancien conseiller, Omar Bongo avait demandé en 2007 à récupérer un appartement du quai d'Orsay (Paris-7e) et une somptueuse villa corse. Cette prétention, que les autorités françaises hésitaient à contrarier pour ne pas froisser l'allié de Libreville, se heurtait aux intérêts du fisc français. L'administration comptait en effet sur la vente de ces biens pour percevoir les énormes amendes pénales (2 millions d'euros) auxquelles M. Tarallo a été condamné et qu'il n'a pas acquittées.


L'affaire Francesco Smalto.
En pleine campagne présidentielle de 1995, alors que s'opposaient Jacques Chirac et Edouard Balladur, le couturier Francesco Smalto fut jugé à Paris pour avoir procuré à Omar Bongo des call-girls accompagnant la livraison de costumes, pour un montant de 3 millions de francs par an.


"On s'était aperçu qu'une présence féminine facilitait les commandes"
, devait déclarer M. Smalto lors du procès, où il fut condamné pour "proxénétisme aggravé". Le dossier devint une affaire d'Etat lorsque la présidence gabonaise dénonça une "ignoble" agression "par la droite française", liée à la présidentielle. Le Gabon rappela son ambassadeur à Paris.


Dans un livre d'entretiens publié en 2001 (Blanc comme Nègre, Grasset), Omar Bongo affirme que cette affaire, et les fausses rumeurs sur sa séropositivité qui l'avaient accompagnée, avait été montée en épingle par l'"entourage" d'Edouard Balladur. Implicitement, le président suggérait l'hypothèse d'une vengeance de M. Balladur destinée à sanctionner son choix en faveur de Jacques Chirac.

L'affaire "Noir silence". En 2000, Omar Bongo s'est estimé offensé par le contenu du livre Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ?, de François-Xavier Verschave, qui le traitait de "dictateur criminel, corrompu et mafieux".


Aux côtés des présidents tchadien, Idriss Déby, et congolais, Denis Sassou-Nguesso, M. Bongo a porté plainte à Paris pour "offense à chef d'Etat étranger", un délit dérivé du "crime de lèse-majesté" de l'ancien régime et maintenu au nom des "bonnes relations diplomatiques".


Les trois plaignants ont été déboutés par une décision de principe. Le tribunal a en effet estimé que le délit reproché était contraire à la liberté d'expression reconnue par la Convention européenne des droits de l'homme. Conséquence indirecte de ce procès, le délit d'"offense à chef d'Etat étranger" fut supprimé en 2004.


L'affaire des "biens mal acquis".
"La France peut-elle rester une terre d'asile pour l'argent volé aux Africains ?" En pleine campagne présidentielle française, trois associations – dont Sherpa et Survie – ont porté plainte en mars 2007 à Paris pour soulever cette question. Sur la base d'un rapport du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) recensant les avoirs détournés par plusieurs chefs d'Etat, elles ont accusé Omar Bongo et quatre autres présidents africains de "recel de détournement d'argent public".


Contre toute attente, le parquet de Paris, au lieu de classer la plainte, a ouvert une enquête préliminaire en juin 2007. Cette décision, intervenue au moment de l'élection de Nicolas Sarkozy, avait été interprétée comme symbolique d'un désir de rupture avec la "Françafrique".


L'enquête de l'Office central de répression de la grande délinquance financière, révélée par Le Monde en février 2008, dresse l'inventaire impressionnant des biens possédés en France par ces chefs d'Etat et leur famille. Au total, 33 biens immobiliers (appartements, maisons, hôtel particulier) situés dans des quartiers cossus appartiennent à Bongo ou à ses proches. Le président gabonais est titulaire de onze comptes et ses proches sont à la tête d'une considérable flotte de voitures de luxe dont certaines ont été financées par la "paierie du Gabon en France".


Cette première plainte ayant été finalement "classée sans suite" en novembre 2007, une deuxième, assortie d'une constitution de partie civile, a été déposée en décembre 2008 par l'organisation non gouvernementale (ONG) Transparence International France, par Sherpa, ainsi que par un contribuable gabonais, Gregory Ngbwa Mintsa. Ce dernier a été interpellé et incarcéré au Gabon pendant douze jours à la fin de 2008 tandis qu'Omar Bongo dénonçait une "campagne de calomnies" contre le Gabon.


Le 5 mai, la doyenne des juges d'instruction du pôle financier de Paris a jugé recevable la deuxième plainte, permettant l'ouverture d'une information judiciaire. Dès le surlendemain, le parquet a fait appel de cette décision qualifiée d'"historique" par les plaignants en ce qu'elle reconnaît pour la première fois l'"intérêt à agir" en justice contre des chefs d'Etat, d'une ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption.

 

Philippe Bernard


Article paru dans l'édition du 10.06.09


Réaction d’uninternaute


Olivier J. :
Impressionnant article sur une partie des malversations, escroqueries, détournements de fonds publics, menaces en tout genre de cette crapule de Bongo, et son allié familial Sassou. Hélas, il ne s’agit pas seulement de lui, mais de tout un pan de la prétendue honnête classe politique française, qui a largement bénéficié des cadeaux africains. Pendant ce temps, l’armée française appuyait ses alliés pour la reconquête du pouvoir au Congo en 1997. Mais qui a encore une conscience dans ce pays ?  

 

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 11:45



 


LEMONDE.FR avec AFP | 09.06.09 | 10h40  •  Mis à jour le 09.06.09 | 12h09

 

 

Invité sur Europe 1 à évoquer les souvenirs qu'il avait du président gabonais, M. Giscard d'Estaing a raconté : en 1981, "normalement vous savez qu'on n'acceptait pas des versements de fonds provenant de pays étrangers qui soutenaient des candidats en France. Et j'ai appris que Bongo soutenait financièrement Jacques Chirac". "Moi j'étais président de la République à l'époque, a-t-il poursuivi, j'ai appelé Bongo et je lui ai dit : 'Vous soutenez actuellement la campagne de mon concurrent' ; alors il y a eu un temps mort que j'entends encore et il m'a dit : 'Ah, vous le savez', ce qui était merveilleux. A partir de ce moment-là, j'ai rompu mes relations personnelles avec lui."


PASQUA DEMANDE DES PREUVES


Selon M. Giscard d'Estaing, au début de sa présidence, Omar Bongo était

"un homme jeune, brillant, actif qui inspirait une certaine sympathie en fait". "Puis, par la suite, c'est devenu un régime très personnel fondé quand même sur des systèmes financiers très contestables, et personnellement j'ai rompu tout rapport avec le président Bongo à partir de ce moment-là", a ajouté l'ancien président. Omar Bongo "ne représentait pas à lui seul la Françafrique", mais "ce qui est vrai, c'est qu'il était un des derniers à la représenter, et donc sa disparition marque d'une certaine manière la fin de la Françafrique", a-t-il estimé.


L'ancien ministre de l'intérieur Charles Pasqua a déclaré, mardi, n'avoir "jamais entendu" que le président gabonais Omar Bongo ait aidé "financièrement tel ou tel" dans la classe politique française, conseillant cependant de "s'adresser au niveau des présidents de la République". "Ceux qui ont des informations de ce type, je les invite à mettre les chiffres sur la table", a-t-il dit sur
RTL, alors qu'il était interrogé sur les allégations récurrentes faisant état d'un financement par Omar Bongo, mort lundi, de nombre de campagnes électorales françaises.L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing affirme, mardi 9 juin, que le président du Gabon Omar Bongo, décédé lundi, avait soutenu "financièrement" Jacques Chirac pendant la campagne présidentielle de 1981.

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 11:16



Paris (Associated Press) 9/6/09 - "On ne va pas pleurer sur une crapule de plus qui disparaît de la planète", a déclaré le député Vert Noël Mamère, au lendemain de l'annonce du décès du président gabonais Omar Bongo.


"Tous ceux qui sont attachés à la démocratie ne pleureront pas la mort du président Bongo",
a déclaré M. Mamère, dans une interview diffusée mardi sur France Inter. "C'était le symbole de tout ce que nous dénonçons depuis 30 ans, c'est-à-dire la Françafrique, ces relations incestueuses, mafieuses entre quelques gouvernements africains et la France, de gauche comme de droite d'ailleurs".

"Et Bongo faisait partie de ces gens qui étaient installés au pouvoir depuis très très longtemps, soutenus continûment par la France et qui détournaient l'argent de leur peuple", a-t-il ajouté. "C'est un pan de l'histoire de la Françafrique qui s'effondre".



AP

 
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