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19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 21:58





Défi gabonais

Editorial LE MONDE | 19.06.09 | 14h27  •  Mis à jour le 19.06.09 | 14h27

La mort du président gabonais Omar Bongo, pivot de l'influence française sur le continent africain, met Paris au défi : l'ancienne puissance coloniale sera-t-elle capable de se tenir à la bonne distance dans la bataille pour la succession du "doyen de l'Afrique" ? De la réponse à cette question dépend la crédibilité de la France, mais aussi la paix civile au Gabon.
 

L'affaire n'est pas aisée, tant ce pays apparaît comme une caricature de ces liens incestueux et de cette fausse indépendance de la "Françafrique". Pendant les décennies de règne d'Omar Bongo, la France a soutenu un régime autoritaire et prédateur, sans pitié pour les opposants, dont les barons ont capté les dividendes du pétrole, arrosé les partis politiques français, massivement investi dans l'immobilier de luxe à Paris et laissé le peuple dans la misère. Sortir de cette complicité ne sera pas simple non plus, tant sont ambivalentes les attentes à l'égard de la France, dont les Gabonais attendent la protection et l'aide, tout en refusant l'ingérence.


Nicolas Sarkozy, en affirmant à Libreville que "la France n'a pas de candidat" pour l'après-Bongo, a prononcé de justes paroles. La mort du vieux potentat a ouvert d'immenses espoirs au sein d'une population qui, satellite et Internet aidant, sait parfaitement qu'elle vit en dehors des normes de la démocratie.

Mais la promesse de neutralité du président français masque des réalités plus inquiétantes. M. Sarkozy entretient des relations avec deux des enfants d'Omar Bongo, dont Ali, candidat à la succession, qu'il a reçu à l'Elysée en décembre, alors que chacun connaissait déjà la dégradation de l'état de santé de son père. Le président de la République utilise aussi les services de Robert Bourgi, dernier héritier des réseaux gaullistes de Jacques Foccart, qui se présente volontiers comme faiseur de roi. Or celui à qui M. Sarkozy donne du "cher Robert" a mis son entregent au service d'Ali Bongo.


Cette réalité, s'ajoutant à d'autres épisodes, renvoie au rayon des illusions perdues nombre de promesses parisiennes de rompre avec les mauvaises habitudes de la France dans ses ex-colonies. Mais elle est surtout porteuse de violences potentielles, car la population gabonaise n'a nullement l'intention de se laisser imposer - par Paris ou qui que ce soit d'autre - une succession héréditaire de type monarchique. Que la France poursuive ce double langage, et le Gabon risque de s'ajouter à la Côte d'Ivoire ou au Togo sur la liste des dérapages africains sanglants. Le défi est, précisément, de l'éviter.

 

Article paru dans l'édition du 20.06.09

 





                Paul Mba Abessole



Pierre Mamboundou


Les Gabonais se prennent à rêver à une élection présidentielle enfin libre

LE MONDE | 19.06.09 | 14h27  •  Mis à jour le 19.06.09 | 14h27

LIBREVILLE ENVOYÉ SPÉCIAL

Une folle espérance s'est emparée des Gabonais depuis l'annonce de la mort d'Omar Bongo : choisir librement leur prochain président. Pareil rêve ne s'est jamais concrétisé dans ce pays, indépendant depuis 1960. Sur les écrans géants dont la ville est parsemée, "Yaya Bongo" ("grand frère Bongo" en langue téké) reste omniprésent. Mais la rue de Libreville, comme libérée, bourdonne de cet espoir.

"On veut une élection libre, comme chez vous !", lancent d'emblée les nombreuses personnes interrogées. "Une élection où le meilleur gagne", insiste Rigobert, 28 ans. "Un résultat qui sorte des urnes et non des calculettes de la présidence", précise Roseline, une ménagère de 42 ans qui pleure "Papa", mais aspire au "changement".

L'inhumation, jeudi 18 juin à Franceville, du défunt potentat, en marquant la fin des cérémonies d'obsèques, va donner un caractère public à la querelle de succession qui, en coulisses, fait déjà rage. Une dizaine de responsables du parti d'Omar Bongo, le Parti démocratique gabonais (PDG), nourrissent des ambitions présidentielles.

Mardi, le premier ministre, Jean Eyéghé Ndong, a accusé Ali Bongo, fils du président disparu, de conduire le parti à l'échec en voulant imposer sa candidature. Pour bien se faire comprendre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, assis en face de lui, il a évoqué l'échec de Jacques Chaban-Delmas à l'élection présidentielle française de 1974, après la mort de Georges Pompidou.

Cette situation inédite alliant vide politique, aspiration au changement et confusion au palais nourrit les espoirs des deux opposants historiques. Paul Mba Abessolé, 69 ans, et Pierre Mamboundou, 63 ans, ont en commun d'avoir longtemps combattu Omar Bongo, d'avoir même dû s'exiler, avant de s'en rapprocher ; le premier en siégeant au gouvernement depuis 2002, le second en négociant avec le pouvoir des subventions pour la ville dont il fut le maire (Ndendé). L'un comme l'autre aurait pu parvenir au pouvoir si les scrutins de 1993, 1998 et 2005 n'avaient tourné à la mascarade.

Le Père Mba Abessolé, actuel ministre de la culture, revendique "un nouveau départ" pour le Gabon. Sa campagne tournera autour d'un triptyque simple : "Ecole : cadeau. Hôpital : cadeau. Travail pour tous". Accusé d'être "allé à la soupe", il affirme avoir repris sa liberté et met en avant l'expérience acquise comme maire de Libreville, puis comme ministre.

COUP D'ETAT ÉVITÉ

Pierre Mamboundou, lui, fait de la refonte des listes électorales un préalable absolu à une élection propre. Il milite pour l'établissement de cartes d'électeur biométriques qui empêcherait la fraude fréquente via les doubles inscriptions. Six mois sont nécessaires, selon lui, pour organiser le scrutin, et non les quarante-cinq jours prévus par la Constitution. Les héritiers du président Bongo semblent partisans d'une révision plus légère des listes.

Le financement des élections est l'autre enjeu majeur. "C'était Omar Bongo, président du PDG, qui distribuait l'argent de l'Etat", rappelle M. Mamboundou. Personne ne sait aujourd'hui comment vont se reconstituer les circuits de financement. "Le PDG disposait d'un budget trente fois supérieur au nôtre", affirme M. Mba Abessolé. Tous deux estiment que la presse française accorde une importance démesurée à Ali Bongo. "Il est impossible qu'il soit élu si les élections sont libres, assène M. Mba Abessolé. Les Gabonais n'accepteront jamais une succession monarchique. Cela mettrait le feu au pays."

Aucun des deux opposants ne met spontanément en avant le thème de la transparence financière. Mais, interrogés sur ce thème, M. Mamboundou confirme que les plaintes déposées à Paris visant les "biens mal acquis" "intéressent les Africains". "Ceux qui y voient des manoeuvres anti-gabonaises sont ceux qui ont profité du vol, ajoute-t-il. Mais il n'est pas acceptable que ce soient des étrangers qui dénoncent de tels faits."

Les deux probables candidats font assaut d'amabilités envers la France et réprouvent les huées essuyées, mardi à Libreville, par M. Sarkozy. L'un rappelle que, contraint à l'exil, il a trouvé refuge en France pendant treize ans. L'autre salue "la volonté de M. Sarkozy d'instaurer des relations non paternalistes avec l'Afrique". Aucun ne demandera le démantèlement de la base militaire française. "C'est un mal nécessaire, déclare M. Mamboundou. C'est grâce à cette présence dissuasive que nous avons évité un coup d'Etat."

 

Philippe Bernard

Nicolas Sarkozy tance le président ivoirien, Laurent Gbagbo

Alors que l'Afrique a été secouée par plusieurs coups d'Etat et que la situation gabonaise pose à nouveau la question des successions politiques, Nicolas Sarkozy doute de la sincérité du processus électoral conduit par le président Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire. "Je ne crois plus dans les promesses de prochaines élections, qui s'avèrent fallacieuses", a-t-il dit, mardi 16 juin à Libreville, où il assistait aux obsèques d'Omar Bongo. M. Gbagbo se maintient au pouvoir alors que son mandat a expiré depuis la fin 2005. Après de nombreux reports, une date a été fixée au 29 novembre pour le scrutin présidentiel.

Le 28 mai, M. Gbagbo avait rendu hommage au président français : "Depuis que Chirac est parti, je dors d'un sommeil profond (...) sans penser que la nuit on peut attiser des militaires à droite et à gauche."

 

Article paru dans l'édition du 20.06.09

 

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans AFRIQUE
19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 13:38




APA Bangui (Centrafrique) 2009-06-19 08:58:06 - Les inondations provoquées par la pluie diluvienne qui s’est abattue mercredi dernier à Bangui a fait 2.772 sans abri dans le 2ème arrondissement de la capitale centrafricaine, a appris APA.

275 maisons se sont écroulées sous la violence des eaux, a indiqué le Directeur de cabinet du ministère des Affaires sociales, de la solidarité nationale et de la famille, Antoine Mbaga.

«La situation est grave dans la mesure où l’inondation a provoqué le débordement des latrines dont les écoulements se sont confondue avec les eaux de pluies et autres», a expliqué M. Mbaga, ajoutant qu’il se pose un problème d’hygiène de santé dans la capitale.

Selon lui, les familles sinistrées ont été relogées dans des salles de classe, dans de mauvaises conditions d’hygiène.

«Heureusement, Médecin sans frontières (MSF) est venu pour les premiers soins», a-t-il déclaré, ajoutant que «nous allons nous concerter pour pouvoir, chacun dans son domaine, voir ce qui peut être fait, afin que très rapidement une assistance soit apportée à ces familles en détresse».

«Le gouvernement va tout mettre en œuvre pour tenter de trouver une solution durable», a-t-il conclu.

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Humanitaire
19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 01:21







 BANGUI, République Centrafricaine, June 16, 2009/African Press Organization (APO)/ — La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) se félicite de la décision rendue hier par la Cour pénale internationale (CPI), confirmant les charges à l’encontre de Jean-Pierre Bemba et le renvoyant devant une chambre de première instance pour jugement.


« Les victimes centrafricaines ont attendu bien longtemps pour que l’un des présumés responsables des crimes les plus graves perpétrés pendant le conflit en 2002/2003 réponde de ses actes devant la justice. Certaines sont mortes entre temps, d’autres sont atteintes par le VIH, nombreuses ont été victimes de la stigmatisation, exclues du cercle familial et de la vie sociale.  La décision de la CPI leur redonne l’espoir que justice sera faite pour les crimes atroces qu’elles ont subis » a déclaré Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.


Dans sa décision, la Chambre préliminaire II a considéré que les éléments de preuve fournis par le Procureur de la CPI, permettent d’affirmer qu’il y a des motifs substantiels de croire que Jean-Pierre Bemba est responsable, en tant que supérieur hiérarchique des crimes commis par ses troupes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) opérant en RCA, à savoir des meurtres, viols et pillages, actes constitutifs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

La décision relève notamment que M. Bemba serait pénalement responsable des milliers de viols commis par ses troupes. La FIDH avait en effet dénoncé à de nombreuses reprises le caractère massif et généralisé de la perpétration de crimes sexuels lors du conflit de 2002/2003.


La FIDH rappelle qu’il est impératif que les communautés concernées  soient informées de cette décision et de ses conséquences aussi vite que possible, et appelle ainsi au renforcement des activités de sensibilisation en RCA, encore peu nombreuses depuis l’ouverture de l’enquête en mai 2007,  considérant aussi que le procès contre Jean Pierre Bemba pourrait avoir lieu dans les mois à venir. La sensibilisation des populations locales est en effet indispensable pour que celles-ci comprennent et s’approprient les mécanismes de la justice internationale en usant le cas échéant de leur droit à participation, et pour que les procédures de la CPI aient un impact véritable au niveau national.


Par ailleurs, la FIDH appelle le Bureau du Procureur à poursuivre ses enquêtes dans la perspective d’engager des poursuites contre d’autres présumés responsables des crimes commis lors du conflit de 2002/2003, tant parmi les rebelles que parmi les loyalistes. Ceci est essentiel pour affirmer l’impartialité de la politique pénale du Procureur et répondre aux droits de toutes les victimes à la justice. Elle appelle également le Bureau du Procureur à continuer de surveiller la situation dans le nord du pays, afin de déterminer si des enquêtes doivent être ouvertes pour les crimes qui y ont été commis.


Rappel des faits :


Lors du coup d’Etat du Général François Bozizé contre le gouvernement d’Ange-Félix Patassé, entre octobre 2002 et mars 2003, le Président Patassé avait fait appel aux troupes de Jean-Pierre Bemba, chef du MLC en République démocratique du Congo (RDC), afin de repousser les éléments rebelles. A cette occasion, des crimes graves ont été commis à l’encontre de la population civile centrafricaine.

Dès 2003, la FIDH a transmis tous les ans, au terme de chacune de ses missions en RCA, des informations sur les crimes relevant de la compétence de la CPI et sur le manque de capacité et de volonté des juridictions centrafricaines à poursuivre de tels crimes. Le 22 décembre 2004, l’Etat centrafricain lui-même avait saisi la CPI.

Le Procureur de la CPI n’a répondu à ces demandes d’intervention qu’en mai 2007, ouvrant une enquête sur la situation en RCA. Lors de l’annonce de l’ouverture de l’enquête, il a déclaré qu’il se concentrerait tout particulièrement sur les crimes sexuels commis dans ce pays.


Jean-Pierre Bemba
, ancien vice-président et actuel sénateur de la RDC, a été arrêté en Belgique le 24 mai 2008 sous mandat d’arrêt délivré par la CPI, le 23 mai 2008. Il a été transféré au centre pénitentiaire de la CPI, à La Haye, le 3 juillet 2008. Conformément au statut de la CPI, une audience dite « de confirmation des charges » s’est déroulée du 12 au 15 janvier 2009. Au cours de cette audience, le Procureur a présenté les éléments de preuve dont il dispose pour prouver les charges qu’il avait retenues à l’encontre de Jean-Pierre Bemba.


SOURCE :
International Federation of Human Rights (FIDH)

 

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Dossiers
18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 23:50


Les chefs des groupes armés en Centrafrique




Président François Bozizé, chef des FACA
et de la garde présidentielle





Zakaria Damane, chef d'une branche de l'UFDR




Jean Jacques Demafouth, chef de l'APRD




général Abdoulaye Miskine, chef du FDPC
réside actuellement à Tripoli




 Colonel Charles Massi, chef de la CPJP
actuellement en prison à N'djaména




capitaine Abakar Sabone, chef du MLCJ
 avait rejoint Miskine à Tripoli après le DPI,
 se trouve présentement à Bangui


BANGUI, 18 juin 2009 (IRIN) - La sécurité durable reste hors d’atteinte dans le nord et le nord-est de la République centrafricaine (RCA), malgré les trêves conclues avec les groupes armés et la conférence nationale tenue à la fin de l’année 2008 pour tenter de sortir le pays du cycle de violences destructeur dans lequel il se trouve piégé plus ou moins depuis l’indépendance, en 1960.

Ces deux ou trois dernières années, différents cessez-le-feu ont été signés par le gouvernement et divers mouvements rebelles, et un Accord de paix global a été finalisé en juin 2008. En décembre de la même année, un Dialogue politique inclusif a été tenu, qui réunissait les représentants du gouvernement, de plusieurs groupes rebelles et de la communauté internationale. En janvier 2009, un « gouvernement d’union nationale » a été formé, dont certains postes ont été attribués à des chefs rebelles.

Mais le conflit se poursuit en 2009, en partie parce que certains groupes armés estiment que le gouvernement a manqué à ses engagements, pris au cours du dialogue.

 Voici un aperçu des différents groupes politico-militaires armés, gangs de criminels, forces de sécurité gouvernementales et missions militaires internationales qui opèrent dans le pays.

 Les forces de sécurité étatiques

 Les Forces armées centrafricaines – FACA

 L’armée nationale compte quelque 5 000 hommes, mais moins de la moitié seraient disponibles en même temps pour servir dans l’armée. Presque toute l’armée est basée à Bangui, la capitale.

Les organismes internationaux de défense des droits humains ont accusé les FACA d’avoir attaqué des centaines de villages pendant leurs opérations contre les groupes rebelles entre la mi-2005 et la mi-2007. Au cours de diverses crises, survenues depuis l’indépendance, selon un rapport publié en mai 2009 par Philip Alston, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, « des meurtres fréquents ont été commis par les forces de sécurité, dont les abus restent souvent impunis. Les forces de sécurité ne sont capables ni de protéger les droits humains, ni de les respecter, et le gouvernement est tour à tour peu disposé à sanctionner ces violations, ou incapable de le faire ».

 Ces violations ont provoqué de vastes déplacements de population internes en RCA, où plus de 100 000 personnes vivent encore dans la brousse, dans des constructions rudimentaires.

En plus d’être en sous-effectifs, l’armée ne dispose pas d’assez de ressources, ni d’assez d’armes, elle est mal formée et sa structure de commandement et de contrôle est faible. Mais elle doit subir une réorganisation de grande envergure dans le cadre d’un vaste programme de réforme du secteur de la sécurité.

La garde présidentielle – GP

Connu sous l’appellation officielle de Bataillon de protection et sécurité des institutions, ce service spécial chargé d’assurer la sécurité présidentielle compte parmi ses membres des officiers de police et des gendarmes, mais il est majoritairement composé de soldats des FACA. Certaines de ces unités opèreraient de manière plus ou moins autonome, indépendamment de la hiérarchie de commandement des FACA.

La garde présidentielle a été montrée du doigt par les organismes de défense des droits humains et M. Alston pour sa violence et son manque de discipline. M. Alston a accusé un lieutenant du nom d’Eugène Ngaïkossé d’avoir « commandé les soldats responsables des cas les plus extrêmes de villages incendiés, [d’exactions] ciblant les civils, et du meurtre de rebelles présumés ». Bien que la garde présidentielle ait par la suite amélioré sa réputation sous les instructions directes du président François Bozizé, des atrocités ont été signalées en 2009, qui ont incité de nombreux civils à fuir.

 Les groupes politico-militaires

 L’Armée populaire pour la restauration de la république et la démocratie – APRD

 L’Armée populaire pour la restauration de la république et la démocratie est apparue à la suite des élections de mai 2005, qui ont légitimé la présidence de François Bozizé, après que celui-ci eut renversé Ange-Félix Patassé à la suite d’un coup d’Etat, deux ans auparavant. Un grand nombre des quelques centaines de membres de l’APRD avaient servi dans la garde présidentielle de M. Patassé et étaient consternés par son exclusion du scrutin.

 Les membres des groupes d’auto-défense villageois formés aux quatre coins du nord de la RCA pour protéger les populations des bandits (cf ci-après) et autres menaces font partie de l’APRD. L’APRD est majoritairement composée de membres de l’ethnie des Sara-Kaba.

L’APRD dispose de peu d’armes, de véhicules et autres équipements. Nombre de ses armes à feu sont des fusils artisanaux.

 Des affrontements entre l’APRD et l’armée ont éclaté en juin 2005. En janvier 2006, l’APRD a attaqué la ville de Paoua (nord-ouest), dans la préfecture d’Ouham-Pendé, dont une bonne partie est aujourd’hui encore sous son autorité ; dans cette zone, les activités du mouvement et les représailles du gouvernement ont provoqué le déplacement de dizaines de milliers d’habitants. Le groupe est également actif dans les préfectures d’Ouham et de Nana-Grebizi.

 Le dirigeant politique de l’APRD est Jean-Jacques Demafouth, avocat qui a occupé les fonctions de ministre de la Défense sous le régime d’Ange-Félix Patassé et candidat potentiel aux élections de 2010.

 Les dirigeants du groupe affirment que son objectif principal est de protéger les civils des bandits, des forces du gouvernement et des soldats alliés du Tchad voisin, dans les zones sous son autorité, et d’assurer une meilleure représentation de la région au gouvernement, et non de renverser le gouvernement de M. Bozizé.

 Toutefois, M. Alston a cité des cas d’exécutions extrajudiciaires menées par l’APRD, et les organismes de plaidoyer en faveur des droits humains ont accusé le mouvement de se livrer à des violences, et notamment de se rendre coupable d’enlèvements, d’extorsion et de taxation illégale.

L’APRD participe au processus de paix en cours en RCA, et les combattants mineurs qu’elle compte dans ses rangs sont en cours de démobilisation et de réinsertion.

 Si aucun affrontement n’a éclaté récemment entre l’APRD et les forces du gouvernement, des échauffourées ont eu lieu avec des bandits et des éleveurs peulhs, qui ont sapé les efforts déployés en vue de rétablir la sécurité.

 L’Union des forces démocratiques pour le rassemblement – UFDR

L’Union des forces démocratiques pour le rassemblement a été formée en septembre 2006. Composée en grande partie de membres des Gula, une ethnie essentiellement musulmane, elle opère dans les préfectures arabophones de Vakaga et Haute Kotto (nord-est). Son commandement opérationnel est assuré par Damane Zacharia, également connu sous le nom de Capitaine Yao, bien que d’autres commandants contestent son autorité.

 On retrouve, dans les rangs de l’Union, des hommes qui ont aidé le président Bozizé à renverser Ange-Félix Patassé en 2003, mais que le manque de récompense a ensuite mécontentés. Les dirigeants du groupe affirment chercher à inverser le sous-développement chronique et la marginalisation politique de la région.

 Peu de progrès ont été accomplis en vue de mettre en œuvre les dispositions de l’accord de paix de 2007, le gouvernement ayant prévu la pleine réintégration des combattants de l’UFDR au sein de l’armée nationale. Ses forces travaillent néanmoins aux côtés de l’armée. Mais des dissensions internes entre ses dirigeants politiques et militaires ont donné lieu à une hostilité ouverte entre factions rivales.

 Les combattants de l’UFDR (au nombre de 1 200 environ, selon les dires du mouvement) sont mieux entraînés et mieux armés que les autres groupes politico-militaires du pays.

 Le Front démocratique du peuple centrafricain – FDPC

 Le Front démocratique du peuple centrafricainest dirigé par Martin Koumtamadji (plus connu sous le nom d’Abdoulaye Miskine), un proche d’Ange-Félix Patassé. D’abord composé d’un petit nombre de combattants, il ne contrôlait initialement qu’une zone exiguë, située près de la frontière tchadienne.

 Abdoulaye Miskine a signé un cessez-le-feu en décembre 2006, mais il a depuis lors réduit sa participation au processus de paix.

 Le FDPC s’est développé à la fin de l’année 2008, à l’approche du dialogue national, lançant des attaques contre l’armée. En février 2009, le FDPC, soutenu par le MLCJ (cf ci-après), a menacé de déclarer la reprise de la guerre ouverte, accusant François Bozizé de revenir sur les engagements pris dans le cadre du processus de paix et de faire preuve de mauvaise foi. Plus tard, le même mois, le FDPC et le MLCJ ont fomenté deux attaques contre les forces du gouvernement. Au cours de l’attaque menée dans la ville de Batangafo, le groupe a fait main basse sur les armes de l’armée et les vivres stockés dans les entrepôts des organisations humanitaires. De nouveaux affrontements ont eu lieu en avril et en mai.

La Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP)

 La Convention des patriotes pour la justice et la paix a été formée à la fin de l’année 2008 et opère dans le nord-est du pays. Son aile politique est dirigée par Charles Massi, ministre sous le régime d’Ange-Félix Patassé. Le groupe a fomenté au moins deux attaques au début de l’année 2009. L’attaque menée par les forces du gouvernement contre une base de la CPJP à Akoursoulbak, un village situé à 75 kilomètres au nord de N'délé, dans la province de Bamingui-Bangoran (en représailles, à la suite d’une attaque lancée par les rebelles dans un commissariat de police, le mois précédent), a incité 5 000 civils à fuir, essentiellement au Tchad, et nombre d’organisations humanitaires à évacuer temporairement N’délé.

 Des affrontements entre le groupe et l’armée ont eu lieu en mars 2009 et de nouveau, à N’délé, à la mi-juin. M. Massi a été arrêté au Tchad au début du mois de juin 2009 alors qu’il tentait de franchir la frontière pour se rendre en RCA. Il doit être jugé pour « tentative de déstabilisation d’un pays voisin ».

 Le lien entre les dirigeants politiques de la CPCJ (à l’étranger ou à Bangui) et leurs combattants sur le terrain est minime, et on ignore les effectifs du mouvement.

 Le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ)

 Mené par Abakor Sabone, le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice s’est désolidarisé de l’UFDR en août 2008. Il a signé l’accord de paix global en décembre 2008, mais a annoncé, aux côtés du FDPC, en février 2009, qu’il reprenait les armes. M. Sabone a en effet accusé M. Bozizé d’avoir fait preuve de mauvaise foi, et s’est plaint que ses hommes avaient été exclus du processus de DDR.

 L’Armée de résistance du Seigneur (LRA)

 La LRA, mouvement rebelle ougandais formé au milieu des années 1980, dans le but déclaré de renverser le gouvernement du président ougandais Yoweri Museveni, a un long passé de violations sanglantes des droits humains. Depuis quatre ans, le mouvement est principalement basé dans le parc national de la Garamba, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), et sa présence a été signalée pour la première fois en RCA au début de l’année 2008, lorsque le mouvement a lancé des incursions dans l’extrême sud-est du pays, sans doute pour se ravitailler en vivres et autres équipements, et recruter des civils de force.

Ses forces en RDC ont été dispersées au cours de l’opération Lightning Thunder, menée par l’Ouganda, la RDC et le Sud-Soudan.

Les bandits

Connus à la fois sous le nom de coupeurs de route, de Zaraguinas, ou simplement de bandits, ce sont essentiellement des gangs de criminels bien organisés et bien armés qui tuent, enlèvent contre rançon, pillent et incendient les habitations. En l’absence de forces de sécurité nationales efficaces, ils agissent en toute impunité. Les éleveurs peulhs sont leurs principales cibles, en raison de la valeur de leur bétail.

 Leurs attaques ont incité des dizaines de milliers de personnes à fuir leurs villages pour mener une vie précaire dans la brousse ; l’accès aux champs et aux marchés s’en trouve entravé ; les importations acheminées par les principaux itinéraires commerciaux ont été réduites, en particulier en provenance du Cameroun, et le rapatriement des Centrafricains réfugiés au Tchad est retardé. Les Zaraguinas ne sont représentés dans aucun accord de paix.

 Les braconniers

 Des braconniers soudanais lourdement armés opèrent également en RCA. On estime qu’en 2007 seulement, ces braconniers ont été responsables du massacre de 2 000 éléphants dans l’est. S’ils ciblent rarement les civils, ils sont un symptôme du manque de sécurité général et de l’absence d’Etat de droit.

 Les forces internationales

 La Mission des Nations Unies en RCA et au Tchad (MINURCAT)

La MINURCAT est une force des Nations Unies dont le rôle est d’entraîner la police et d’améliorer les infrastructures judiciaires. Elle est composée de 350 policiers et militaires et a pris le contrôle des opérations de l’EUFOR, une force de l’Union européenne, autorisée par le Conseil de sécurité des Nations Unies à opérer à la fois dans l’est du Tchad et dans le nord-est de la RCA, où elle a pour mandat de protéger les civils, de faciliter les opérations d’aide humanitaire et d’assurer la sécurité du personnel des Nations Unies.

La Mission de consolidation de la paix en Centrafrique – MICOPAX

 La Mission de consolidation de la paix en Centrafrique est une force multinationale qui a pour mandat de contribuer à l’instauration durable de la paix et de la sécurité en RCA, et de faciliter le dialogue politique.

Elle est composée de 500 soldats et civils originaires de République du Congo, du Gabon, du Tchad et du Cameroun. Elle opère sous l’égide de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale.

Sources : UNICEF, HCR, IPIS, archives d'IRIN, Groupes armés transnationaux et non-étatiques



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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Nation
18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 23:49





jeudi, 18 juin 2009 Afrikarabia (RDC)

Inculpé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par sa milice en République centrafricaine en 2002-2003, l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba garde espoir. Alors que la Cour Pénal Internationale (CPI) vient de confirmer les charges qui pèsent contre Bemba, la défense du leader du MLC crie victoire. Pour ses avocats, la CPI n'a pas retenue "l'intention criminelle" de Jean-Pierre Bemba.

Le clan Bemba était sonné, il y a quelques jours, après la confirmation de la responsabilité pénale du leader congolais. Mais contre toute attente, la défense reprend espoir. La Cour pénale internationale a en effet conclu à l’absence de preuves suffisantes permettant d’affirmer que Bemba était animé de l’intention criminelle lors des exactions de Bangui. La CPI a aussi refusé de confirmer que l’incriminé est pénalement responsable des crimes qui ressentent de l’article 28-a du Statut de Rome. Il s’agit de la "torture comme crime contre l’humanité et comme crime de guerre".

Les avocats de l’ancien vice-­président disposent de cinq jours pour interjeter appel. Mais le plus important pour Bemba, c'est qu'il va être jugé non pas en tant que « chef hiérarchique des hommes déployés en RCA, mais en tant que  chef militaire » du MLC. Nuance importante. Pour les avocats de la défense, c’est Ange Félix Patassé qui doit répondre des exactions et non Bemba. "Bemba n’a jamais fait partie du système de commandement de l’armée centrafricaine" pour ses avocats. Reste à en convaincre le tribunal.

Christophe Rigaud

 

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans Dossiers
18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 23:40




 

LE MONDE | 16.06.09 | 16h06  •  Mis à jour le 16.06.09 | 16h06

Libreville. Envoyé spécial Philippe Bernard


Abonné aux réélections triomphales mais contestées, Omar Bongo n'hésitait pas à employer un slogan de campagne d'une cynique ironie : "Bongo, c'est gagné d'avance !", proclamaient ses affiches en 2005. Le scrutin qui désignera prochainement le successeur du président décédé offre un tout autre visage.

Son fils aîné, Ali Ben Bongo, ministre de la défense et vice-président du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), a de nombreuses cartes en main pour l'emporter. Observant le silence pour cause de deuil, il devait néanmoins, selon toute vraisemblance, se mettre en avant, mardi 16 juin, à Libreville, en tant que représentant de la vaste famille Bongo, en prononçant devant une quinzaine de chefs d'Etat étrangers, dont Nicolas Sarkozy, l'oraison funèbre de son père.

Pourtant, de multiples incertitudes pèsent sur le processus électoral. Alors que la Constitution prévoit l'organisation du scrutin dans les quarante-cinq jours suivant la vacance du pouvoir, de nombreuses voix s'expriment pour juger ce délai intenable. "Quatre à cinq mois sont nécessaires pour bien faire les choses", a déclaré, lundi, au Monde, le ministre de l'intérieur, André Mba Obame. Pour lui, "l'idéal serait de commencer l'année 2010 avec un nouveau président bien élu".

L'impossibilité de procéder rapidement à la révision des listes électorales contestées et d'organiser matériellement le scrutin est le premier argument avancé. La référence à un "cas de force majeure", prévu par la Constitution pour retarder l'échéance, permettrait de respecter formellement la loi fondamentale à laquelle tous les acteurs du jeu politique jurent leur attachement. Au lendemain de l'inhumation du défunt président, prévue jeudi 18 juin, dans son village natal de Bongoville, le gouvernement devrait examiner une proposition de calendrier qui ferait ensuite l'objet de discussions avec l'ensemble des partis.

MULTIPLICATION DES CANDIDATS

La révision des listes électorales devrait permettre de supprimer les nombreuses doubles inscriptions dont le pouvoir a fait jusqu'à présent, selon les opposants, un usage immodéré. Elle devrait aussi donner l'occasion aux nombreux Gabonais, surtout les jeunes, qui ne s'inscrivaient pas - estimant que le résultat était connu d'avance sous Omar Bongo -, d'être associés au processus électoral.

Si le parti gabonais dominant, le PDG, semble également réclamer davantage de temps, c'est pour tenter de gérer la cacophonie provoquée par le décès de son président fondateur et arbitre suprême. Certains observateurs dénombrent, en effet, une dizaine de candidats potentiels au sein du PDG, à laquelle s'ajoute une demi-douzaine d'ex-opposants ralliés à la "majorité présidentielle". Mais ces derniers pourraient profiter de la mort du président pour reprendre leur liberté. La société civile devrait aussi présenter un candidat.

Les négociations préalables aux candidatures apparaissent d'autant plus cruciales que l'élection présidentielle se joue sur un seul tour et que les responsabilités politiques ont donné, jusqu'à présent, accès à des ressources financières considérables. La multiplication des candidatures, réactivant les clivages ethniques gommés par le clientélisme d'Omar Bongo, peut donc réserver des surprises. "Ici, les élections ne se gagnent pas sur des discours mais sur la capacité à distribuer des positions et de l'argent", constate un député.

Plusieurs acteurs politiques insistent aussi sur les immenses attentes de la population en matière de démocratisation, et donc sur les risques de violence consécutifs à d'éventuelles frustrations. "La France a intérêt à favoriser l'émergence d'une réelle démocratie sinon la population la tiendra pour responsable", affirme un ministre, candidat potentiel, en rappelant que le Gabon compte quelque 10 000 résidents français.

  Article paru dans l'édition du 17.06.09

 

La lutte pour la succession a commencé

Tanguy Berthemet Envoyé spécial Le Figaro 18 juin 2009 

De nombreux prétendants s'affrontent tant à l'intérieur du clan familial que dans l'opposition.

Le cercle des admirateurs s'est restreint. Après sept jours d'hommage populaire, la dépouille du président gabonais est enfin arrivée à Lewaï, où se trouve la maison natale d'Omar Bongo. Dans ce gros village, devenu par la prodigalité présidentielle le très confortable Bongoville, ils n'étaient plus qu'une poignée autour du cercueil. Tous des proches qui se rêvent désormais en héritiers.

Omar Bongo en terre, les ambitions vont se libérer brutalement au grand jour. Le président disparu avait toujours refusé de désigner un favori. «Le Gabon va entrer dans une période très délicate et dangereuse», confirme le député d'opposition Jean-Valentin Leyama. «Le système Bongo consistait à réunir tout le monde autour de lui, par des pressions ou des cadeaux, jusqu'aux opposants. Il en était le pilier. Lui parti, tout va exploser», pronostique un ancien opposant devenu ministre.

Le premier théâtre de cette guerre sourde, c'est le Parti démocratique gabonais (PDG), le mouvement fondé par Bongo. Les prétendants y sont nombreux, à commencer par Ali Bongo, le fils aîné. Ministre de la Défense, peu populaire, il a tenté en vain de se faire adouber du vivant de son père. Mais lors des cérémonies, il s'est placé en chef de la famille, semblant mettre en sourdine les querelles avec sa sœur Pascaline. Cette dernière pourrait néanmoins être tentée de pousser son compagnon, le discret ministre des Affaires étrangères Paul Toungui ou même son ex-mari, le vieux compagnon de route de Bongo, Jean Ping.

«Quel que soit le candidat du PDG, les dissidents seront nombreux», affirme le politologue Jean-François Obiang. La liste des postulants ne s'arrête pas aux proches. À l'enterrement de Bongo, le premier ministre, Jean Eyeghe Ndong a lancé des attaques à peine cachées contre la famille Bongo. Et Idriss Ngari, l'ancien numéro un de l'armée gabonaise, se place déjà comme acteur incontournable en cas de passage en force. La solution de compromis peut s'esquisser autour du ministre des Mines, Casimir Oyé Mba. Sa réputation d'efficacité joue en sa faveur, comme son appartenance à l'ethnie fang.

Sondages interdits

La lutte pour l'électorat fang, environ 30 % de la population, sera rude. Les opposants y travaillent, comme Paul Mba Abessole. Lui, qui avait sans doute gagné dans les urnes la présidentielle de 1993 rumine sa vengeance même s'il lui faudra faire oublier son ralliement au gouvernement. «Je voulais être vigilant de l'intérieur. Et si Bongo m'a offert deux maisons, moi je n'avais rien demandé», explique-t-il. Paul Mba Abessole devra aussi prendre le dessus sur Zacharie Myboto, ex-baron PDG, rival de Bongo depuis 2001. Pierre Mamboundou, opposant modéré, s'appuie, lui, sur le vote des Punus et se jure hostile au système. «Pierre Mamboundou a parlé avec Bongo, mais il n'a jamais franchi le Rubicon. Il n'est jamais allé au gouvernement», dit-il, employant la troisième personne.

«Il est difficile de lire l'avenir car il n'y a jamais eu de vraies élections pour faire référence, et les sondages sont de facto interdits», remarque Michel Ongoundou, le directeur de l'hebdomadaire Gri-Gri international. À ces difficultés s'en ajoute une autre : l'élection présidentielle au Gabon se tient depuis 2003 en un tour. Avec la pléthore de candidats annoncés, le prochain chef d'État gabonais pourrait être fort mal élu. Le seul moyen d'atténuer ce «vrai risque», selon un diplomate, est d'avoir un scrutin propre et une liste électorale incontestable. Or pour l'heure, elle compte presque plus de votants que d'habitants. Pour le pouvoir gabonais par intérim, la préparation de cette liste sera le premier test de sa bonne volonté.

 

La France restera neutre lors de l’élection présidentielle au Gabon, assure Nicolas Sarkozy

LE MONDE | 17.06.09 | 15h21

LIBREVILLE ENVOYÉ SPÉCIAL Philippe Bernard

Jamais sans doute Nicolas Sarkozy ne s'était heurté si abruptement aux ambiguïtés de la "Françafrique". "La France, on n'en veut plus. Partez ! Laissez le Gabon tranquille !", hurlait une quarantaine de jeunes manifestants à son arrivée aux obsèques d'Omar Bongo, mardi 16 juin.

L'accueil houleux réservé au chef de l'Etat français semble avoir reçu la bénédiction des autorités gabonaises : l'incident a eu lieu dans l'enceinte filtrée du palais présidentiel et en présence de nombreux représentants des forces de l'ordre. Ironie, certains protestataires portaient un badge du service du protocole.

La scène donne un aperçu de la manière dont le sentiment anti-français, latent et ambivalent, pourrait être instrumentalisé dans un pays saisi par la crainte du vide politique après quarante et un ans de "système Bongo".

Le président français a commencé par susciter l'agacement lorsque sa voiture, au lieu de le déposer au début du tapis rouge déroulé devant le palais, l'a conduit jusqu'aux portes du bâtiment. Privées du spectacle, des femmes ont commencé à l'invectiver. Lorsque Jacques Chirac est sorti de la même limousine, il a été brièvement applaudi. Puis les jeunes ont pris à parti son successeur.

"Sarkozy a saboté les relations France-Gabon, voilà pourquoi il est crié (sic) ici", expliquait l'un d'eux, faisant allusion à l'annonce de la mort d'Omar Bongo par les médias français dimanche 7 juin (le Gabon affirme qu'elle n'est survenue que le lendemain) et à la mise en cause du président gabonais à Paris dans l'affaire des "biens mal acquis". "Ici, on vous donne tout ; chez vous, on ne nous donne rien !, criait un autre. Nous n'avons pas besoin de la France pour décider de l'avenir de notre pays."

Le message était subtil : il mêlait la rhétorique du régime Bongo présentant la mise en cause de la fortune du président gabonais devant la justice comme une agression française avec le thème, omniprésent dans la jeunesse gabonaise, du refus de toute tutelle de l'ancien colonisateur.

EPOQUE RÉVOLUE

Cette entrée en matière hostile n'a pas empêché MM. Sarkozy et Chirac de déposer ensemble une gerbe devant le cercueil du défunt "ami de la France", mettant en scène le spectacle de leurs retrouvailles. Cette fois, les applaudissements ont fusé des rangs de la quinzaine de chefs d'Etat africains présents aux côtés du vice-premier ministre de la Chine, un pays très implanté au Gabon, et du directeur général de Total.

L'entourage du président s'est employé ensuite à minimiser l'incident et à présenter les quolibets comme visant non pas M. Sarkozy mais les médias français, jugés coupables d'avoir décrit Omar Bongo et son pays sous un jour inamical. "Je suis heureux de payer votre addition", a grincé M. Sarkozy à l'adresse des journalistes français, seuls invités à le rencontrer.

Se défendant de toute ingérence, le président a affirmé : "La France ne soutiendra aucun candidat. C'est une époque révolue." Il a reconnu cependant qu'il avait "vu Ali Bongo (le fils aîné d'Omar Bongo, candidat probable à sa succession) à trois reprises" et "Pascaline Bongo (la fille du défunt, dont le compagnon est un autre candidat possible) à sept ou huit reprises" depuis 2002. M. Sarkozy a ajouté qu'il n'allait pas profiter de sa présence aux obsèques pour rencontrer les opposants, "parce que je serais alors en plein mélange des genres".

S'inquiétant des risques de dérapages, le président a affirmé qu'il fallait "préserver la culture du consensus et de l'unité, acquis du président Bongo". En référence aux événements sanglants de Côte d'Ivoire en 2004, il a affirmé que "les forces françaises ne sont pas là pour servir de substitut à des processus électoraux défaillants". A Libreville, l'armée française dispose d'une base de 800 hommes.

Les oraisons funèbres prononcées dans l'après-midi n'ont fait que confirmer la confusion qui règne au sein du Parti démocratique gabonais (PDG), de feu Omar Bongo. Son fils Ali, le ministre de la défense, s'est engagé à "garder allumée la flamme sacrée de l'harmonie familiale et de la concorde républicaine". L'exhortation pourrait relever de la méthode Coué, tant la mort du "Vieux" attise les ambitions.

Dans la foule qui, en bord de mer, s'est ensuite massée sur le passage du cercueil présidentiel, la crainte d'une perpétuation du régime par une énième élection truquée amenant "le fils" Bongo au pouvoir est largement exprimée. Ali Bongo est perçu comme "le candidat de la France" et de "la succession monarchique". Deux motifs cumulatifs de rejet.

 

Article paru dans l'édition du 18.06.09

 

Bongo bon gars du Gabon ?

18/06/2009 à 06h52 Libération

par EYOUM NGANGUÈ journaliste camerounais, fondateur de l’association des journalistes africains en exil.

Le président du Gabon est mort. Autour de ce décès, on assiste à une indulgence quasi obscène des médias occidentaux (à quelques exceptions dont Libération NDLR) et un chapelet d’indécentes éloges de la part de la classe politique français (en dehors du propos très critique d’Eva Joly sur le bilan des années Bongo), de ses amis, proches ou lointains, sans aucun égard pour le peuple gabonais qu’il a martyrisé quarante-deux ans. Si l’on cite un à un les attributs que ses thuriféraires lui accolent au lendemain de sa mort, on peut légitimement se demander de qui l’on se moque.

«Le sage». Cet autocrate a manqué de sagesse lorsqu’il s’est agi de gérer la manne pétrolière de son pays. Dans les années 60, le Gabon était membre de l’Opep mais si on le compare à Dubaï, c’est un vaste bidonville où le peuple croupit dans la misère et regarde les 10 000 à 15 000 profiteurs du régime (acheté par le génie corrupteur de cet autocrate) se gaver de l’argent du pétrole et du bois et regardant de loin l’étalage des propriétés privées de la famille Bongo, au Gabon, au Maroc et en Europe.

«Le doyen». Pour sa longévité aux affaires. Dans ce cas, Fidel Castro serait encore plus «doyen» que lui. Par ailleurs, aurait-on qualifié Georges Pompidou (devenu président français en 1969, soit deux ans après l’accession à la présidence gabonaise d’Omar Bongo) de doyen s’il s’était accroché au pouvoir jusqu’en 2009 ? Imagine-t-on un seul instant Helmut Schmidt, Margaret Thatcher ou un autre chef de gouvernement européen ainsi s’éterniser au pouvoir ? Les aurait-on qualifiés de doyen ? Seul le regard condescendant que les hommes politiques européens portent sur l’Afrique permet de justifier qu’un autocrate comme Bongo quitte la scène sous un tel cortège de louanges.

«L’ami de la France» était l’ennemi de son propre pays qu’il a maintenu dans la pauvreté, au point de ne pouvoir y construire un hôpital décent (sa femme étant décédée le 14 mars dans un hôpital marocain et lui-même dans un établissement hospitalier espagnol deux mois plus tard). Combien de Gabonais qui vivent dans les matitis (favelas de Libreville) peuvent se payer des soins à l’étranger ?

«Le facilitateur de la paix dans de nombreux conflits en Afrique». Encore une flibusterie, quand on sait que Bongo et son régime ont soutenu les sécessionnistes du Biafra au début des années 60 (bilan, entre un et trois millions de morts) ou les attaques de Bob Denard contre le régime de Mathieu Kérékou au Bénin quelques années plus tard. Bongo a aussi permis la déstabilisation de plusieurs autres régimes africains. Il a géré de main de maître la transmission monarchique entre Eyadema et son fils Faure Gnassingbé au Togo. Dans son pays, il a muselé la presse, détruit des stations de radio au bulldozer, éliminé physiquement des opposants.

Aujourd’hui, on veut nous présenter Bongo comme un héros. On minimise désormais le fait qu’il a pillé son pays, que sa défunte femme possédait 50 comptes à l’étranger, on appelle à une transition en douceur pour que se perpétuent les souffrances du peuple gabonais. Tout se passe comme si, même la mort ne pouvait pas arrêter le système Bongo.

Pourtant, sa disparition physique devrait constituer une vraie bouffée d’oxygène pour les centaines de milliers de Gabonais qui n’ont jamais pu bénéficier de la nature généreuse de leur pauvre petit pays riche pris en otage par Bongo et ses amis. Ces milliers de personnes à qui on impose la paix des pauvres.

Non, au Gabon, Bongo n’était pas un bon gars.

 

 

 

 

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 02:27





 
 
APA Bangui (Centrafrique) 17-06-2009 Les forces armées centrafricaines (FACA) ont perdu trois éléments, vendredi dernier, dans les violents combats les ayant opposés à la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) au village Akoussoubac, à 80 km de Ndélé, au nord-est de la Centrafrique, a annoncé le ministère centrafricain de la Défense, dans communiqué publié mardi à Bangui.

Démentant le bilan établi par la CPJP faisant état de 24 morts parmi les FACA, dont trois officiers, le ministère de la Défense, a indiqué que les bandits armés ont perdu quinze hommes.

Selon le communiqué, l’attaque a été lancée par la CPJP en représailles à l’arrestation de son leader, le colonel Charles Massi, ancien ministre d’Etat, intercepté au Tchad de la façon la plus rocambolesque pendant qu’il tentait de rejoindre ses hommes, afin de poursuivre ses manœuvres de déstabilisation, sans se soucier des préjudices de tels actes.

Le communiqué souligne que les FACA sont déterminées à faire régner par tous les moyens, la paix et la sécurité dans le pays et à poursuivre leur mission régalienne de protection de l’intégrité du territoire « Depuis le dialogue politique inclusif (DPI), le processus de paix reste ouvert à tous les groupes politico-militaires qui feront preuve d’intégrité morale et intellectuelle », conclut le communiqué.

 

NDLR : S’agissant de ces combats des environs de Ndélé, les autorités de Bangui avaient commencé par nier avoir eu des pertes parmi leurs éléments. A présent, elles reconnaissent la perte de trois soldats. De toute façon, quel que soit le bilan de ces combats, il s’agit de fils du pays qui trouvent la mort on ne sait trop pourquoi. Le bilan des combats et autres attaques qui se déroulent loin de la capitale et dans l’arrière pays, a toujours relevé, pour la hiérarchie militaire et Bozizé et sa clique, du secret d’Etat. Que de familles centrafricaines pourtant, sont endeuillées par cette drôle de guerre silencieuse du Nord qui est un gouffre financier ! Ce n’est pas aujourd’hui hélas que cette situation va changer.  

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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 23:36





 
Libreville, 17 juin (GABONEWS) – Le président de la République Centrafricaine (RCA), François Bozizé, a affirmé mercredi à Libreville, lors d’un entretien avec les médias gabonais que le défunt « président Omar Bongo Ondimba s’est investi énormément sur la République centrafricaine

Selon M. Bozizé, le président gabonais, Bongo Ondimba, en sa qualité de médiateur de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), mettait de toute son énergie pour la réconciliation des Centrafricains.

« Le président Bongo Ondimba s’est investi énormément sur la République centrafricaine. Ces idées doivent être maintenues et la paix doit régner à travers l’Afrique », affirmé M. Bozizé.

« Dans la crise en RCA, nous allons maintenir l’élan, les conseils que le président Bongo Ondimba a donnés », a-t-il déclaré. « Je souhaite que cet esprit se prolonge pour aboutir à de bons résultats ».

 « Nous avons des bras ouverts envers tous les frères centrafricains », a soutenu M. Bozizé.

« Si des blocages subsistent, nous allons faire appel aux frères chefs d’Etat de l’Afrique centrale. Nous trouverons les moyens pour pouvoir parvenir à garder l’image du doyen », a dit le président Bozizé.

Selon le numéro un centrafricain, tout devrait normalement bien se passer: « Nous ne voyons pas les causes qui pourront emmener des nouvelles tensions ».

S’agissant des élections présidentielles, il a confirmé qu’elles se dérouleront normalement en 2010.

Parlant du programme Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), un comité de pilotage a été mis en place depuis quelques mois. « Tous les moyens sont déjà en place », a-t-il rassuré. Une réunion du comité aura lieu le 20 juin prochain à Bangui pour permettre un démarrage effectif.

 Sur la question de la succession au Gabon, le président Bozizé a salué la maturité de la classe politique gabonaise. Il a souhaité, par ailleurs, que cette maturité politique se poursuive.

M. Bozizé, a invité les Gabonais au calme, à suivre l’héritage légué par le « doyen » notamment la paix. Il s’est réjoui de la mobilisation du peuple Gabonais lors des obsèques, qui selon lui, a démontré l’amour qu’il avait pour leur président.

 Le chef de l’Etat centrafricain, a rendu hommage, mardi au Palais présidentiel de Libreville, aux cotés de ses pairs au président Bongo Ondimba, décédé le 8 juin dernier à Barcelone.
Le défunt président Bongo Ondimba, dont la dépouille se trouve à Franceville, dans la province du haut-Ogooué, sa terre natale, sera inhumé ce jeudi, peu avant la fin de la matinée, dans l’intimité.

 

NDLR : « Si des blocages subsistent, nous allons faire appel aux frères chefs d’Etat de l’Afrique centrale. Nous trouverons les moyens pour pouvoir parvenir à garder l’image du doyen ». Le plus souvent, c’est Bozizé et sa clique sont responsables des blocages dont il parle. Pourquoi faut-il d’ailleurs faire toujours appel à des chefs d’Etat de l’Afrique centrale pour résoudre les problèmes centrafricains ? « Nous avons des bras ouverts envers tous les frères centrafricains » ose dire Bozizé au Gabon. C’est évidemment  un pieux mensonge.

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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 18:35








 

Par THOMAS HOFNUNG Libération 12/06/2009 à 06h51

C’est un coup de sang qui en dit long sur le fossé qui s’est creusé, au fil des ans, entre Africains et Européens. Fin mai, le représentant de l’Union européenne à Bangui a été prié de quitter au plus vite la Centrafrique. Finalement, suite à l’intervention de Paris, le diplomate français quittera le pays, comme prévu, au terme de sa mission, d’ici quelques jours. Mais cette affaire pourrait laisser quelques traces.

En poste depuis 2005 à Bangui, Jean-Claude Esmieu s’est vu reprocher par les autorités locales des propos «peu diplomatiques». Il est vrai que ce diplomate n’a pas sa langue dans sa poche. Le 9 mai dernier, il déclarait dans une adresse au Premier ministre centrafricain: «J’ai vu des décisions courageuses, mais aussi des positions et actions peu conformes avec la morale internationale ou aux aspirations et principes de l’Union européenne», le premier bailleur de fonds de cette ancienne colonie française.

Jean-Claude Esmieu fustigeait notamment une justice qui a réclamé des dommages et intérêts «exorbitants» à une ONG internationale ayant eu le seul tort de réclamer à une entreprise locale la livraison de motos payées à l’avance... Il dénonçait aussi «cet harassement des services des impôts sur les rares entreprises légales qui restent en RCA (République centrafricaine, ndlr)», l’un des pays les plus pauvres au monde.

Mais au-delà des propos musclés du représentant de l’UE, c’est une maladresse qui a, semble-t-il, été exploitée, déclenchant la colère de plusieurs ministres centrafricains. Lors de la réception organisée par la délégation européenne, un montage vidéo vantant la beauté du pays a été diffusé, alors que retentissait l’hymne centrafricain. Lorsque des images de singe sont apparues à l’écran, des rires ont fusé dans l’assistance. Furieux, trois ministres, quelque peu éméchés, ont alors quitté la soirée en faisant un esclandre.

Dans les jours qui suivaient, emmené par le ministre de la Communication, ils faisaient circuler une pétition demandant le départ du diplomate. Même s’il ne l’a pas signée, l’ambassadeur de Chine a fait savoir, qu’il soutenait leur démarche. Pas question de laisser passer une occasion de marquer des points contre les rivaux européens dans ce pays d’Afrique enclavé mais doté de quelques richesses minières, comme de l’uranium. En vain. De retour d’un déplacement à l’étranger, le président François Bozizé a mis un terme à cette agitation.

Dans son discours en forme de testament, Jean-Claude Esmieu avait lancé: «La démocratie centrafricaine est telle une adolescente enthousiaste qui n’écoute ni ses parents ni sa famille ni ses amis.»



NDLR : Aors qu'il avait été prié par une lettre du ministre centrafricain des affaires étrangères le général Antoine Gambi manipulé par Cyriaque Gonda, de quitter le plus vite possible la RCA, M. Jean Claude Esmieu en fin de compte est resté en poste et en fonction jusqu'au terme normal de son mandat. Il quittera Bangui le 18 juin 2009 comme initialement prévu. Il a même été faire normalement ses adieux à Bozizé. L'affaire de son discours d'adieu qui a déclenché un incident diplomatique public du fait de l'attitude irresponsable des ministres caciques du gouvernement Cyriaque Gonda et Simplice Zingas, n'aura été qu'une tempête dans un verre d'eau. Les autorités actuelles de Bangui n'ont pas les moyens de chercher noise à l'Union européenne. Elles veulent cependant que personne ne puisse parler de leurs dérives et leur mauvaise gouvernance. Peine perdue. M. Esmieu a bien mis le doigt là où cela fait mal en dénonçant pêle-mêle les barrières illégales pour racqueter la population, la prédation et la corruption à haute échelle du régime, la sorcellerie, les exactions des forces dites de sécurité sur les citoyens etc....

 

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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 16:13




 


(Rue 89 17/06/2009)

 

Décryptage.

Nicolas Sarkozy n'a vraiment pas de chance avec l'Afrique. Sans doute n'a-t-il pas cherché à comprendre le continent noir, et il aura raté chacun de ses rendez-vous africains. Les sifflets et les cris « On ne veut plus de vous, partez ! » -une forme finalement polie de « casse-toi pov con“-, qui l'ont accueilli mardi à Libreville où il venait assister aux funérailles d'Omar Bongo, ne sont que le dernier signe d'un ratage historique.

Paradoxalement, ce sont les partisans du Président défunt qui s'en sont pris au président français, puisque ce sont des Gabonais triés sur le volet qui avaient été autorisés dans l'enceinte du Palais présidentiel à l'occasion de ces funérailles nationales. L'un d'eux a même expliqué, sous couvert de l'anonymat, à un journaliste de l'AFP présent :

 « On n'en veut plus de vous, la France est ingrate. Bois, pétrole, manganèse, on vous a tout donné. La France, si elle est ce qu'elle est, c'est grâce au Gabon, on ne veut plus de tout ça. »

Et, pour éviter tout malentendu, l'ambassadeur de France à Libreville, Jean-Didier Roisin, a enfoncé le clou auprès des journalistes :

 « Ce n'est pas la personne du Président qu'on huait (…), c'est l'image qu'on a donnée de ce pays (le Gabon), la nouvelle du décès annoncée de façon prématurée, cela a été très mal ressenti. »

Les membres du clan du président gabonais ont évidemment très mal pris les déboires d'Omar Bongo avec la justice française, qui s'intéressait de trop près à ses ‘biens mal acquis’, ces résidences de luxe à son nom ou celui de sa famille dispersées à travers la France. Et ils ont mal vécu l'annonce prématurée de sa mort par un média français. (Ecouter le son d'Europe1)

Mais plus généralement, Nicolas Sarkozy paye son louvoiement vis-à-vis de la Françafrique. Contrairement à tous ses prédécesseurs à la tête de l'Etat depuis De Gaulle, Sarkozy n'a pas d'histoire africaine, ne peut être affublé de l'appellation d'Africain comme ‘Mitterrand l'Africain’ ou ‘Chirac l'Africain’, dont raffolent les griots. Pas de pagnes à son effigie, pas de copinage excessif. Sauf que…

Sauf que, cette absence de culture africaine lui a joué des tours. Dans la ligne droite qui l'a conduit à l'élection présidentielle, on a pu voir Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, courtiser Omar Bongo, le plus vieux chef d'Etat en exercice du continent africain et pilier s'il en est de la Françafrique, comme le montre ce savoureux extrait d'un journal télévisé gabonais dont on ne se lasse pas…

http://www.rue89.com/2009/06/16/sarkozy-siffle-a-libreville-la-revanche-de-la-francafrique

Mais c'est le même Nicolas Sarkozy qui, durant la campagne électorale, s'est engagé à rompre avec la politique des réseaux et de la connivence qui ont caractérisé les relations entre l'establishment français et celui de ses anciennes colonies d'Afrique sub-saharienne. Un discours audacieux, qui laissait augurer une possible ère nouvelle.

Hélas, d'ère nouvelle il n'y eut pas. On retrouva le président nouvellement élu sur le yacht de Vincent Bolloré, dont les intérêts en Afrique sont multiples et dépendent beaucoup des vieux réseaux de la Françafrique ; on retrouva le nouveau président en train de décorer discrètement Robert Bourgi, l'héritier des réseaux et le digne continuateur de l'œuvre de Jacques Foccart, le monsieur Afrique de De Gaulle et un temps de Chirac ; on retrouva aussi le nouvel élu à Libreville pour sa première tournée africaine, comme il se doit dans la meilleure continuité.

Mais il ne s'agit pas seulement de reniement de promesse électorale. Il y a surtout une absence de politique claire. On a suffisamment disserté sur l'erreur du discours de Dakar de l'été 2007, rédigé par son conseiller Henri Guaino, pris comme une gifle par de nombreux Africains pour sa référence à ‘l'homme africain [qui] n'est pas entré dans l'histoire’. Le coup de grâce est venu lundi soir, avec l'interview de Jacques Chirac sur France5, qui s'est livré à une rare pique contre son successeur en soulignant que ‘l'homme africain’ est non seulement entré dans l'histoire, mais qu'il y fut le premier !

 On n'oubliera pas non plus le limogeage de Jean-Marie Bockel, alors secrétaire d'Etat à la coopération, sur injonction d'Omar Bongo, après avoir annoncé de manière suicidaire dans Le Monde qu'il entendait signer ‘l'acte de décès de la Françafrique’. C'est sa placardisation à lui qui a, au contraire, été scellée, suivie d'une humiliante visite de Claude Géant, le Secrétaire général de l'Elysée, auprès du ‘doyen’ gabonais offensé, suivi du pâle successeur de Bockel, Alain Joyandet. Une incroyable séquence de Canal+ a immortalisé ce voyage à Canossa/Libreville.

Prisonnier des fils encore noués de la Françafrique, Nicolas Sarkozy a louvoyé pendant deux ans, restant pour une partie des Africains l'homme du discours de Dakar, pour d'autres le continuateur de la Françafrique ou l'homme qui n'aura pas su trancher dans le vif, dans un sens ou dans l'autre, tant les intérêts de ses proches et le poids de l'histoire restent forts.

Mais surtout, Nicolas Sarkozy restera hélas comme l'homme qui n'aura pas su donner un nouveau départ aux relations franco-africaines, qui ont pourtant tant besoin d'être rénovées et relancées sur de nouvelles bases, pour le bien des Français autant que des Africains. Les sifflets paradoxaux de Libreville n'en sont que la pathétique illustration.


Par Pierre Haski | Rue89 |

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Ambiguïté

Par LAURENT JOFFRIN 17/06/2009 à 06h51

Avec la dépouille mortelle d’Omar Bongo, a-t-on enterré hier ce qu’il est convenu d’appeler la «Françafrique» ? Certes non. Même s’il était très difficile à tout président français de refuser d’assister à ces obsèques, la présence de Nicolas Sarkozy hier à Libreville marque une forme de continuité qui l’expose à la critique.

Encore faut-il préciser ce dont on parle. Les relations de sujétion à peine déguisée qui lient la France à plusieurs régimes africains sont condamnables. Mais les esprits réalistes feront remarquer qu’une rupture soudaine avec tel ou tel dictateur risquerait d’ouvrir la voie, non à des démocraties paisibles, mais à d’autres dictatures tout aussi corrompues et répressives, bientôt parrainées par d’autres puissances, dans un continent en proie à toutes sortes d’appétits. Les principes seraient saufs, mais leur application pratique fort décevante…

Totalement inadmissible, en revanche, est l’autre volet de cette tradition «françafricaine» : le financement occulte de la vie politique française par de l’argent volé aux peuples concernés. Son existence, s’il en était besoin, a été confirmée très officiellement par l’ancien président Giscard d’Estaing, africaniste d’expérience. Rien ne montre aujourd’hui que Nicolas Sarkozy aurait maintenu cette détestable tradition pour le compte de son camp. Mais un soupçon diffus demeure sur les flux discrets qui vont des caisses de certains potentats vers certaines trésoreries partisanes comme vers certains individus peu regardants.

La Françafrique s’étiole, la corruption demeure. Sa dénonciation reste un impératif catégorique.

 

 

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Published by Centrafrique-Presse.com - dans FRANCE