le 26 août, 2009 à 10 h 44 min
Les autorités de Malabo engagent de gros moyens pour paralyser les activités du groupe Commercial Bank et Air
Leasing. Depuis quelques jours, des sources proches du groupe Fotso ont annoncé l’interdiction des vols Air Leasing Cameroon à destination de la Guinée équatoriale. La décision imputée aux
autorités politiques de Malabo a remis au grand jour le bras de fer qui oppose, au plan judiciaire, le pôle banquier du groupe Fotso à l’Etat de Guinée Equatoriale.
En effet, le 12 juin 2009, la Cour commune de justice et d’arbitrage de l’Organisation pour l’harmonisation en
Afrique du droit des affaires (Ohada), au sujet de l’installation manquée d’une filiale du groupe Commercial Bank au pays de Teodoro Obiang Nguema, malgré l’obtention de tous les accords
et autorisations préalables, a condamné l’Etat guinéen à payer la rondelette somme de 48,8 milliards de francs Cfa au groupe Commercial Bank. A Malabo, cette décision de justice, qui n’est
susceptible d’aucun recours, est balayée d’un revers de la main, au motif que la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) n’a pas pesé de tout son poids, pour mettre en échec la
procédure ouverte à l’initiative du groupe Commercial Bank.
Pour assurer sa défense, au moyen extrajudiciaire, le président de la république de Guinée équatoriale, Teodoro
Obiang Nguema en personne, a sommé en son palais, entre le 21 et le 22 juin, le président de la Cobac, le gouverneur de la Beac, pour leur signifier que son pays n’est pas disposé à appliquer
la décision de la Cour commune d’Abidjan. Pour obtenir gain de cause, Malabo a un argument financier de taille. La Guinée Equatoriale détient en effet autour de 60% des avoirs de la Banque des
Etats de l’Afrique centrale. En clair, la Guinée Equatoriale ne veut en aucun cas payer tout ou partie des 48,8 milliards au titre des dommages au groupe Commercial Bank. Bien plus, Malabo reste
sur sa ligne de départ, à savoir : geler toute relation d’affaires avec le groupe Fotso en général.
D’où l’interdiction des vols Air Leasing à destination de Malabo. Interdiction du reste levée à la date du 21 août
dernier, à en croire une source diplomatique équato-guinéenne. Les officiels du groupe Fotso semblent prendre la pleine mesure du rapport de forces défavorable, suite à l’immixtion du président
Theodoro Obiang Nguema sur le champ du différend commercial en cause. « On est fragilisé dans cette affaire», reconnaît Alex Mimbang, le responsable de la Communication du groupe
Fotso. Ce dernier énonce une panoplie de manœuvres politiques orchestrées par les autorités de Malabo, depuis le verdict de la Cour commune d’Abidjan.
A la Cbc, et au groupe Fotso en général, l’on parle de « représailles en masse ayant conduit jusqu’à
l’instrumentalisation de la Cobac». Les pressions multiformes sur la Cbc, marquées par de nouvelles exigences auprès de la banque camerounaise après qu’elle a soumis un plan de restructuration à
la Cobac, la nomination d’un administrateur provisoire à la Sfa, et à Commercial Bank of Chad, malgré les garanties du gouvernement tchadien à travers une lettre de confort à la Cobac,
constituent, aux yeux des dirigeants du groupe Fotso, des preuves d’un acharnement politique.
Après un accueil chaleureux réservé aux équipes du groupe Fotso à Malabo en 2002, la relation d’affaires a tourné
en affrontement politico judiciaire. Groupe Fotso : 500 milliards de F.cfa de bilan Le groupe Fotso dispose, en Afrique et ailleurs dans le monde, des pôles industriel, bancaire, financier et
aéronautique.
Le groupe Fotso affiche un bilan de 500 milliards de francs Cfa, toutes branches d’activités comprises. Interrogé
sur le poids réel de cet empire économique qui défraie la chronique au Cameroun et ailleurs dans le monde, le responsable de la communication, Alex Mimbang affirme qu’il faut s’en tenir au
chiffre donné par Yves Michel Fotso en personne, au cours d’une communication télévisée sur le trio audiovisuel Stv2, Canal 2 et Equinoxe télévision courant 2008.
Les entités du groupe Fotso, réparties en cinq pôles, vont de l’industrie, à l’aéronautique en passant par l’immobilier, la banque et la finance. Les activités du pôle industriel englobent les
secteurs de l’agro-industrie, les piles électriques, les allumettes, la papeterie. On peut, sous ces rubriques, citer Safca au Cameroun, Somapiles au Mali, Ipp au Tchad et Prodemal, spécialisé
dans l’imprimerie au Mali.
Le groupe Fotso a des intérêts immobiliers au Cameroun, en France, au Tchad, à Sao Tomé, en Centrafrique et au
Mali. Le groupe Commercial Bank, comme pôle bancaire, dispose des entités au Cameroun, en Centrafrique, au Tchad et à Sao Tomé. La Société financière africaine (Sfa) coiffe le pôle financier,
spécialisé dans la gestion des actifs, la bourse, etc. Air Leasing Cameroon coiffe le pôle aéronautique du groupe.
Ecrit par Denis Nkwebo. Le Jour