Ainsi donc, le nouveau Kwa Na Kwa « koua na koua » est né à Boali le 22 août 2009 lors de son assemblée
constitutive sous la forme d’un parti politique travailliste d’obédience social-démocratie. En tout cas, c’est ce qui ressort du discours de clôture prononcée lors d’une assemblée
constitutive abracadabrantesque organisée par le général président de la république François Bozizé, accessoirement président fondateur du KNK, pasteur de son église , franc maçon et affairiste
notoire.
Que de chemin cahoteux pour ne pas dire chaotique parcouru par un groupuscule plutôt belliqueux dont le chef
n’hésite pas à clamer naguère au grand désarroi de tous les démocrates qu’il est arrivé au pouvoir par la force et qu’il n’en repartira que par la force. Une fois que les treillis militaires du
maquisard ont été troqués contre un costume sombre du parfait politicien à moins que ce ne soit la robe d’un pasteur pieux ou l’intriguant tablier des frères de la franc-maçonnerie, la
transmutation du KNK sous la férule de son président fondateur pouvait se poursuivre pour les besoins du moment à savoir ceux des élections générales de 2010. Le KNK pur et dur a enfin décidé de
prendre ses responsabilités. C’est un message fort adressé aux partis membres de la majorité présidentielle par le KNK qui a quelques mois des élections présidentielles tient à s’affranchir de
leur soutien. Un soutien dont les membres du KNK purs et durs n’hésitent plus à qualifier d’insignifiant voir de négligeable. Par ailleurs, le parti se félicite désormais d’avoir expurgé de ses
rangs ses quelques éléments et autres ralliés de circonstance qui sèment le désordre. Eux qui ne pensent qu’à empêcher leur chef éclairé et ces stratèges de Bézambé d’asseoir définitivement
l’idéologie KNK si toutefois idéologie il y’a. L’âme fondatrice de ce qui avait été jadis un mouvement rebelle et contre la légalité républicaine s’est muée désespérément en un pseudo parti
politique démocratique dans un méli-mélo de démagogie éhontée, d’anachronisme alarmant et de syncrétisme fâcheux.
LE PARTI TRAVAILLISTE COMME REFERENTIEL
Inévitablement lorsque l’on évoque le mot travailliste en politique, on ne peut s’empêcher de penser d’abord au
mythique LABOUR PARTY britannique bien que d’autres partis travaillistes existent à travers le monde. Un parti politique fondé en 1900 par les syndicats britanniques en tant que parti socialiste
pour se transformer en parti travailliste de centre gauche lors des élections générales de 1906. Un parti travailliste britannique qui a une longue histoire combien instructive. Son histoire
s’est construite concomitamment à celle de la révolution industrielle dont la grande Bretagne est l’un des pays instigateurs. On peut dire que la révolution industrielle de part sa réussite en ce
début du XXe siècle a permis l’émergence puis l’affirmation des mouvements et partis contestataires dont celui du parti travailliste. Un autre facteur environnemental déterminant est celui du
rôle important que la grande Bretagne a joué dans la réappropriation puis la divulgation du modèle démocratique à travers le monde.
Succinctement, le parti travailliste britannique a été le résultat d’une longue maturation provoquée par un
environnement socio politique et culturelle approprié. Cette longue histoire a été tempérée par la pratique et l’exercice du pouvoir. Tantôt, le parti travailliste a été un allié des libéraux,
tantôt, il a promu une politique de nationalisation ou bien, il a soutenu des gouvernements d’union nationale comme celui qui s’est constitué pendant la première guerre mondiale ou encore en se
radicalisant pour pouvoir survivre de l’adversité. Le parti travailliste a connu même une scission lors du congrès de Wembley en 1981. D’ailleurs, c’est de cette scission que naitra le parti
social démocrate qui connaitra à sont tour un désastre par la suite. Plus tard, l’échec provoqué par cette scission a permis au parti travailliste de se recentrer alors qu’en même temps
l’influence des mouvements syndicaux tend à s’infléchir dans la population britannique, conséquence de la politique intransigeante de celle que l’on avait pris alors l’habitude de surnommer avec
beaucoup de considération « la dame de fer », madame Margaret Thatcher , première ministre britannique.
Après une traversée de désert qui a duré successivement dix-huit années, le parti travailliste revient au pouvoir
sous la conduite de Tony blair qui prône un socialisme démocratique concilier au libéralisme. Conscient que l’économie de marché est incontournable par conséquent le mécanisme de
redistribution de la richesse ne doit pas le perturber.
Retenons tout simplement que le parti travailliste britannique de centre gauche qui a inspiré beaucoup d’autres partis politiques dans le monde et notamment dans les anciennes colonies
britanniques ou sous influence britannique est donc un vieux parti politique. Il a pris forme dans cette Angleterre du début du siècle en pleine mutation sociale et culturelle ou l’essor de
l’industrie avec la révolution industrielle commençait à produire ses effets. Les balbutiements d’une industrie qui a pris son essor au milieu du 19 é siècle commençait alors à voir l’émergence
d’une classe sociale prospère et aisée dont les intérêts s’opposent à ceux d’une classe sociale laborieuse constituée d’ouvriers et de petits salariés qui travaillaient sans ménagement.
Conscients de la situation et des conditions de leur travail, ceux-ci revendiquent de plus en plus leur droit, d’où des conflits sociaux récurrents. Le parti travailliste britannique est par
conséquent le produit d’un environnement socio culturelle qui lui est propre. Il a su intégrer et évoluer à travers des valeurs intrinsèques à la société britannique en préservant cet
héritage ancestral, disant, ô! Combien essentiel. Le parti travailliste a donné sa lettre de noblesse à la social-démocratie qui désigne aujourd’hui un courant politique de gauche, réformiste et
non marxiste. Sa rupture avec le marxisme l’amène à opter et à se rapprocher aujourd’hui de plus en plus de la doctrine keynésienne. Cette doctrine encourage l’initiative privée avec une
impulsion de l'État dans un cadre économique du capitalisme.
LES VALEURS DE LA SOCIAL DEMOCRATIE SONT-ELLES COMPATIBLES A LA VISION DU KNK ?
Ce sont les hommes qui font l’histoire et non le contraire. Ceci est aussi vrai pour le parti travailliste
britannique que pour le KNK.
Si James Keir Hardie a été le premier travailliste élu à la chambre des communes ou encore James Ramsay Mac Donald
le premier Premier ministre travailliste ont incarné la vertu, la persévérance, le dévouement, la lutte politique dans le sens noble du terme pour imposer leurs idées, Le KNK draine par contre le
passé trouble et confus d’un certain François Bozizé , avant dernier de sa promotion à l’école des sous officier de Bouar. Promu, plus jeune général à 32 ans sans avoir mis pied dans une grande
académie militaire, ni sans avoir participé à une campagne militaire. A cela s’ajoute, l’image d’un chef rebelle qui a pris les armes contre les institutions de la république et qui a fait appel
aux troupes étrangères pour disait-il libérer la patrie et ne pas se présenter à l’élection présidentielle.
On sait à présent ce qu’il en est advenu à travers les multiples tentatives de celui-ci pour demeurer au pouvoir. Pour une simple raison de pudicité, nous tairons ici le nom de quelques personnes
qui sont appelées à jouer les premiers rôles dans le KNK et qui malheureusement ne jouissent pas de bonne notoriété du fait d’un passé sulfureux ou de leur médiocrité notoire. Donc, à l’inverse
des hommes vertueux qui sont à l’origine et qui incarnent le parti travailliste britannique, ceux du KNK dont la seule qualité est celle de porter du tord à un mouvement qui promeut sans
doute dans son sigle des valeurs de travail, d’honnêteté, de solidarité etc.… mais qui hélas ! Contrastent avec les actes posés. Toute la stratégie du KNK semble alors être basée sur
le très court terme et la démagogie.
Ensuite, la configuration ou plutôt le monde du travail dans notre pays est un monde dominé par le
fonctionnariat. Les fonctionnaires représentent la majorité des travailleurs. Très peu d’entreprise pour embaucher des ouvriers qui constituent la base nourricière de l’idéologie travailliste. Et
lorsque le président fondateur du KNK s’adresse uniquement aux ouvrières et aux ouvriers l’on peut se demander sur la pertinence ou la profondeur du message. Le KNK est-il seulement et
seulement un parti pour les ouvriers ? Qu’en pensent le grand nombre des travailleurs du secteur public, ceux du secteur privé qui ne sont pas des ouvriers ou encore ces milliers de jeunes
et moins jeunes qui sont au chômage. N’est-ce pas là encore faire une sorte de discrimination ?
Il y’a dans le discours de clôture un décalage manifeste dans le temps et dans l’espace dont les membres
purs et durs du KNK n’ont certainement pas mesuré toute la portée et les conséquences. L’utilisation d’un verbiage ou d’une phraséologie tout faite qui est inapproprié dans un environnement
comme le nôtre prouve la démagogie de la démarche. Les mots ouvriers, comité de …, présidium nous font penser à l’époque héroïque de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques
« URSS » qui ont aujourd’hui tout simplement banni ces mots de leur vocabulaire. L’URSS a-t-elle survécu à travers le KNK ?
« A César ce qui est à césar et à Dieu ce qui est à dieu ». Cet évangile du christ selon saint Matthieu
22,15-21 semble échapper totalement à notre général président pourtant pasteur de l’église céleste et franc-maçon qui n’en fini pas de mélanger la politique, la religion, les sectes au point de
faire référence à chaque fois aux paroles sacrées de la bible pour justifier ses calculs politiciens. En faisant allusion à la traversée du désert jusqu’à Cana pour justifier des stratégies
politiciennes, notre général-président-pasteur-frère n’a-t-il pas tout simplement souillé les paroles sacrées du christ ? Ce qui est complètement contraire aux valeurs de la laïcité dont se
réclament la sociale démocratie et le KNK. Est-ce cela le KNK nouveau ? Un mélange d’idéologie politique et de dogme religieux ?
Promettre la rupture alors que les membres du bureau du KNK ont été désigné par un simulacre d’élection. 0ù sont
les nouveaux visages qui confirmeraient la rupture ? La rupture se fait-elle avec du vieux et de l’ancien alors ? C’est une rupture dans la continuité. Une innovation comme seul le KNK
a le secret avec notamment des anciennes personnalités à la tête du parti et la mise en scène de personnages atypiques, versatiles et légers.
Enfin, le KNK promeut les vertus cardinales du travail, ce qui est plutôt une bonne chose pour un parti
travailliste. Le contraire nous aurait étonné car dans le déconnage, il y’a des limites. S’il est permis de déconner de temps en temps, il n’est pas permis de déconner tout le temps. De temps à
autres il faut être sérieux. Mais alors qu’en est-il de l’affairisme ? Du clientélisme ?, de la corruption ? De l’impunité ? Du mérite ? De la nation une et indivisible,
de l’éthique, de la démocratie ? Des libertés ? De la dignité humaine ? De la justice sociale ? De la solidarité ? Du développement durable ? Du
panafricanisme ?...
Franck SARAGBA
« fini kodé »