
Au départ, un petit article publié vendredi dernier dans le quotidien français Ouest France… A l’arrivée, une tempête médiatique au Cameroun. Il faut dire que l’information, telle que formulée par Ouest France, est assez saisissante : « Alors que la France vient de réitérer son aide au Cameroun, écrit le journal, en confirmant le versement de 537 millions d’euros sur cinq ans (…), Paul Biya et son épouse prennent du bon temps à La Baule. Voilà déjà deux semaines qu’ils résident aux hôtels Royal et Hermitage du groupe Barrière. 43 chambres, précise Ouest France, soit 42 000,00 euros par nuit, thalasso, casino et séances de shopping : les dépenses se chiffrent en millions. »
Entreprise de démolition ?
L’information est reprise par quelques médias locaux, et surtout, déboule sur le net. Hier, colère des autorités
camerounaises qui accusent les médias français de mentir pour ternir l’image de Paul Biya qui serait victime d’un complot médiatique. Une colère relayée par le quotidien gouvernemental
Cameroon Tribune : « sous prétexte d’exercer leur sacro-saint devoir d’impertinence, fulmine le journal, des journalistes français se livrent depuis quelques jours à une
entreprise de démolition en règle de la crédibilité d’un homme d’Etat, ami de la France. (…) A travers la toile et les colonnes des journaux, voici donc créée de toutes pièces une énième
affaire Biya, celle des +vacances à tout prix+. Le scénario est le même, s’indigne Cameroon Tribune : à la base, des pseudo-faits, narrés et déformés, de manière à monter en épingle un
aspect +scandaleux+ en l’occurrence la taille de la délégation et le coût du séjour. Puis c’est la reprise mécanique et servile de ce ramassis de colportages. »
« Secret… dépense »
Analyse tout à fait différente dans Mutations. Mutations qui note la réaction vigoureuse des
autorités camerounaises. Mais, constate le journal, celles-ci n’apportent pas d’éléments de réponse aux accusations portées par la presse française. Et Mutations s'interroge :
« le chef de l’Etat séjourne-t-il effectivement à La Baule avec une quarantaine de personnes ? » Et quel est le montant de la facture ? « Le communiqué du
gouvernement, remarque le quotidien camerounais, ne répond à aucune de ces questions, n’apporte aucun démenti officiel. » Pour Mutations, il s’agit donc là d’un
« secret… dépense ».
Gabon, l’insoutenable suspense
« Libreville retient son souffle » : c’est le grand titre des Dépêches de Brazzaville, au Congo.
Un grand titre qui traduit bien tout le formidable suspense de cette élection présidentielle gabonaise. « Qui va l’emporter ? », titrait hier L’Union, principal quotidien
gabonais, avec la photo des trois prétendants. On devrait avoir la réponse ce mercredi. En tout cas, pour le site d’information GabonEco, « quel que soit l’élu, il est impératif que
la patrie soit l’unique vainqueur de cette élection. » Le futur président, précise le site, ne devra pas « se lancer dans une chasse aux sorcières. » Et les deux candidats
battus « devront faire preuve de fairplay. (…) Le Gabon d’aujourd’hui, comme celui de demain, conclut GabonEco, a besoin de dirigeants capables de discernement, de
dépassement et de sursaut patriotique pour sauvegarder l’essentiel, c'est-à-dire l’intérêt supérieur de la Nation. »
« Ce 2 septembre est à la fois un jour attendu et redouté au Gabon, constate Le Pays au Burkina.
(…) Les deux perdants accepteront-ils leur défaite ? Vont-ils simplement se contenter de crier à la fraude ou appeler leurs partisans à descendre dans la rue pour contester ce qu’ils
considéreront comme la confiscation de leur victoire ? », s’interroge Le Pays. Le Pays qui lui aussi, lance une forme d’appel au calme : « les prétendants à la
magistrature suprême gabonaise se sont montrés démocrates depuis le début de la vacance du pouvoir. Ils doivent le rester jusqu’au bout. Cela suppose que ceux qui seront battus doivent être bons
perdants et prendre leur défaite avec philosophie et fairplay. »
Des fraudes à quelle échelle ?
Enfin, en France, le quotidien La Croix fait le point sur le compte-rendu très attendu des observateurs
étrangers. « Plusieurs organisations internationales, souligne le journal, ont pointé les nombreuses irrégularités de l’élection présidentielle, sans rapporter toutefois de cas
de fraudes organisées. »
Les critiques les plus vives sont venues des observateurs camerounais et… gabonais qui ont dénoncé pêle-mêle
« l’absence de scrutateurs dans certains bureaux de vote, l’absence de représentants de tous les candidats, ou encore l’absence de scellés sur certaines urnes… » Enfin,
remarque La Croix, cette confession d’un observateur anonyme : « le plus grave, affirme-t-il, ce sont les listes électorales. Il est impossible qu’un pays de 1,2
million de citoyens compte 813 000 électeurs. C’est de là, poursuit cet observateur, que peut provenir une fraude éventuelle à grande échelle. »