
Ce n’est pas parce qu’il vient de rentrer d’une visite officielle d’une semaine en Chine qu’on doit y voir un apparentement mais Bozizé a aussi sa « bande des quatre » qui lui donne quelques insomnies. Il s’agit de trois ministres d’Etat de son gouvernement qui sont Sylvain Ndoutingai chargé des mines et de l’hydraulique, Cyriaque Gonda, chargé de la communication, de la réconciliation et de l’éducation civique et non moins président du Parti (PNCN), Anicet Parfait Mbay des transports, et Jean Serges Wafio qui est actuellement commissaire à la CEMAC chargé du marché commun de cette institution mais qui est surtout président du Parti Démocratique Centrafricain (PDCA).
Commençons par le dernier de la bande, Jean Serge Wafio alias « mo ouara mo tè biani ». C’est depuis le régime de Patassé qu’il n’a jamais fait mystère de son ambition d’être au moins un jour premier ministre. En arrivant au pouvoir, Bozizé s’est toujours méfié de Wafio qu’il a éprouvé à différents poste de gestion financière comme la direction générale de l’ENERCA et celle du Trésor. L’expérience a été à chaque fois catastrophique. Bozizé a fini par éloigner Wafio du pouvoir en l’envoyant à la CEMAC mais ce dernier n’en demeure pas moins un danger pour lui avec son parti politique le PDCA, qu’il agite comme une épée de Damoclès sur la tête de Bozizé.
Quant à Anicet Parfait Mbay, lui et Bozizé se tiennent par la barbichette. C’est Mbay qui en tant que porte parole de la rébellion, avait réchauffé la place à Bozizé du 15 au 17 mars 2003, le temps que Bozizé fasse réellement son entrée dans la ville de Bangui. Bozizé n’ignore pas qu’il a joué un certain rôle dans son accession au pouvoir. Depuis, Bozizé a viré la plupart de ses anciens compagnons et ceux qui ont fait la réalité de son pouvoir issu du putsch mais Parfait Mbay est pratiquement le seul qui fasse encore partie de son gouvernement. Mais Bozizé sait aussi que Mbay est un intrigant et comme tel, constitue aussi un danger pour lui. Il se méfie donc énormément de lui.
Cyriaque Gonda. Il revendique le relatif succès de la préparation et de la tenue du Dialogue Politique Inclusif de décembre 2008 au point où il croyait que Bozizé allait faire de lui le premier ministre à l’issue de ce forum national. Il décrochera seulement le label de ministre d’Etat. Mais on l’accuse de s’être sérieusement enrichi avec les fonds accordés par Omar Bongo Ondimba, Paul Biya et le colonel Mouammar Khadafi pour la tenue de cette assise. Lors d’une récente mission en Chine, il s’est fait livrer une importante quantité de t-shirts au nom de son parti, le PNCN. Cela a suffi pour qu’il soit soupçonné de vouloir concurrencé Bozizé à la prochaine présidentielle. Il a dû organiser en catastrophe une assemblée générale de son parti pour couper court à toutes les accusations qu’on lui porte et réitérer sa loyauté à Bozizé mais tout cela suffira-t-il ?
Sylvain Ndoutingai. Ses relations avec Bozizé tiennent essentiellement à l’argent. C’est lui qui finance Bozizé à partir des rackets des bureaux d’achat de diamant, des bonus et autres dessous de table des sociétés qui font dans les mines comme URAMIN, AREVA, celles de Richard Ondoko et Saifee Durbar. Aux côtés de Bozizé depuis sa rébellion, il est un de ceux qui le connaît le mieux, avec ses forces et faiblesses au point d’avoir aussi des ambitions de succession d’autant plus qu’en même temps, ses relations avec Jean Francis Bozizé se sont dégradées. Il a voulu faire une OPA sur le KNK lors de l’assemblée générale constitutive de Boali mais Bozizé l’a recalé. Il a néanmoins réussi à infiltrer une de ses maitresses, la ministre du tourisme, Mme Solange Pagonendji Ndakala alias « arôme Maggi », dans le bureau politique provisoire du KNK. Cette dernière est aussi une pomme de discorde entre Ndoutingai et Gonda, ce dernier ayant vécu précédemment et même eu un enfant avec elle.
C’est peu dire que d’affirmer que ces quatre personnages ont des dents tellement longues qu’elles rayent littéralement le plancher. Ils ont en commun de se voir chacun à la place du khalife et surtout de vouloir empêcher Bozizé par tous les moyens de réaliser son projet de laisser le pouvoir à son rejeton Jean Francis Bozizé. D’après un fin observateur des affaires du régime bozizéen qui souhaite garder l’anonymat, les contradictions entre Bozizé et cette bande des quatre ont atteint un niveau de gravité qu’on ne peut soupçonner, malgré les apparences que les différents protagonistes veulent en donner.
Toujours selon notre source, la bande des quatre pose comme condition préalable à son soutien à Bozizé pour qu’il rempile en 2010, qu’il mette par écrit qu’il renoncera en 2015 à adouber son fils pour lui succéder au pouvoir. On le voit, même dans son proche entourage, Bozizé ne sait même plus sur qui compter. Complètement coincé, il en est réduit à faire encore appel au vieux militant septuagénaire Joseph Kiticki-Kouamba de la CPC, qu’il avait pourtant déjà viré de son gouvernement il y a longtemps mais néanmoins maintenu comme conseiller diplomatique, pour présider le bureau politique provisoire de son nouveau KNK qu’il veut « travailliste et d’obédience social démocrate » pour faire politiquement correct.