

BRUXELLES – (AFP) 25 janvier 2010 17h37 - L'Union européenne a été appelée lundi à Bruxelles par les représentants de 17 pays d'Afrique à s'opposer à de nouvelles ventes d'ivoire et à sauver ainsi les populations d'éléphants décimées par le braconnage.
"Nous demandons à l'Union européenne de déclarer ouvertement son appui au moratoire de neuf ans adopté en 2007 au sein de Convention sur les espèces menacées d'extinction (CITES)", a annoncé au cours d'une conférence de presse au Parlement européen le ministre kenyan de la forêt et de la faune, Noah Wekesa, dont le pays co-préside avec le Mali la Coalition pour l'Eléphant d'Afrique.
La Tanzanie et la Zambie ont mis le feu aux poudres en demandant à être autorisées à vendre respectivement près de 90 et 22 tonnes d'ivoire lors de la prochaine conférence de la CITES prévue du 13 au 25 mars à Doha.
"L'Union européenne a une grande importance au sein de la CITES. Si elle s'abstient lors de ce vote, elle va contribuer à accentuer une situation déjà critique", a averti M. Wekesa.
"Les derniers éléphants de Sierra Leone viennent d'être abattus par des braconniers le mois dernier", a-t-il annoncé.
Or l'Union européenne n'a pas encore arrêté sa position. "Le Royaume-Uni, la France, l'Espagne et les Pays-Bas ne savent pas encore ce qu'ils feront, mais seraient enclins à soutenir la demande de la Tanzanie", a souligné l'eurodéputé libéral néerlandais Gerben-Jan Gerbrandy.
"Or, si les 27 membres de l'UE sont en désaccord, ils s'abstiennent, ce qui équivaut à un feu vert pour les braconniers", a-t-il averti.
"L'Union européenne travaille à trouver un consensus au sein de la CITES pour assurer la défense des éléphants d'Afrique", a assuré lundi à l'AFP un négociateur européen.
"Si la négociation s'engage, il n'est pas bon de prendre position en faveur d'une coalition contre une autre", a-t-il expliqué.
"Le Parlement européen compte néanmoins prendre position. La Commission environnement va se prononcer cette semaine en faveur du respect du moratoire adopté en 2007 par la CITES et "cette position sera soumise à la plénière en février", a assuré M. Gerbrandy.
"Nous sommes à Bruxelles pour quatre jours", a souligné M. Wekesa qui entend multiplier les rencontres avec les représentants des 27 pour "convaincre l'UE de s'en tenir à l'esprit du moratoire trouvé au sein de la CITES » .
Le moratoire avait eu pour contrepartie un feu vert au Zimbabwe, à l'Afrique du Sud, à la Namibie et au Botswana pour écouler exceptionnellement 108 tonnes au profit d'acheteurs chinois et japonais.
Les défenseurs de l'éléphant estiment que cette vente légale a accru la demande d'ivoire et dopé le marché noir.
L'Afrique ne compte plus aujourd'hui que 400.000 à 600.000 éléphants. Plus de la moitié vivent en Afrique australe, mais ils ne sont que quelques milliers, voire quelques centaines, décimés par le braconnage dans la plupart des pays d'Afrique occidentale, centrale et orientale.
"Au Kenya, nous avons perdu 232 éléphants en 2009, tués par des braconniers ou par la sécheresse, contre 145 en 2008 et 47 en 2007", a souligné M. Wekesa.
La coalition pour l'Eléphant d'Afrique compte 22 membres: Bénin, Burkina Faso, République Centrafricaine, Tchad, Guinée Equatoriale, Erythrée, Ethiopie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Kenya, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Sierra Léone, Togo, République du Congo, Sud Soudan.