
Source: Government of Cameroon; International Federation of Red Cross And Red Crescent Societies (IFRC); United Nations Children's Fund (UNICEF); United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR); United Nations Population Fund (UNFPA); United Nations World Food Programme (WFP)
Date: 31 Jan 2010
I. RESUME EXECUTIF
Les réfugiés centrafricains (Mbororos, Gbaya et autres) affluent au Cameroun depuis l'année 2005 jusqu'à ce jour. Le dernier recensement/enregistrement du HCR d'octobre 2009 indique qu'ils sont installés dans 72 sites ou villages dont 33 dans l'Adamaoua et 39 à l'Est. La population totale de réfugiés vivant dans ces sites est estimée à 80 711 personnes pour 16 072 ménages dont 6 209 (43%) dans l'Adamaoua et 9 863 à l'Est (57%).
Ces réfugiés bénéficient depuis juillet 2007, d'une assistance alimentaire, sanitaire, nutritionnelle et non alimentaire, assurée respectivement par le PAM, le HCR, l'UNICEF ainsi que par d'autres partenaires (FICR, MSF, IMC, IRD, PU, Plan International) dans le cadre d'une opération d'urgence (EMOP) qui a été prorogée pour la deuxième fois jusqu'au 31 juillet 2010.
En prélude à la fin de cette opération d'urgence, il est apparu nécessaire d'anticiper sur les types de réponses à apporter au terme de I'EMOP en cours. Ainsi, une évaluation approfondie axée sur l'autosuffisance alimentaire et les conditions socioéconomiques a été entreprise pour guider l'ajustement, l'élaboration et la planification des interventions, projets ou opérations d'assistance en faveur desdits réfugiés.
L'évaluation en question s'est déroulée en novembre 2009, sous la forme d'une JAM composée des administrations publiques (MINEPAT, MINADER, MINSANTE, MINATD), des agences des Nations Unies (HCR, PAM, UNICEF, UNFPA), et d'autres partenaires à l'opération (FICR, IRD, PU, Croix Rouge, etc.).
Les informations collectées au cours de cette mission proviennent principalement de trois sources, à savoir: i) une enquête auprès de 300 ménages de réfugiés, ii) des discussions de groupes avec les réfugiés et les populations hôtes, et iii) la documentation, notamment les rapports des quatre précédentes JAM et de la PDM.
Les résultats obtenus ont conduit à trois principaux résultats portant sur l'état des lieux de la sécurité alimentaire des réfugiés, les perspectives de résilience desdits réfugiés, et les stratégies nécessaires en rapport avec la fin de I'EMOP 10735.
On peut cependant relever que les enquêtes de terrain se sont déroulées au lendemain du mois du ramadan. Cette période implique en effet pour les musulmans, un accroissement des dépenses et de la consommation alimentaire, ce qui pourrait biaiser la perception générale de leur capacité à se nourrir ainsi que celui de l'évolution de leurs revenus.
Toutefois, il est apparu que sur le plan qualitatif, la consommation alimentaire des réfugiés s'est améliorée depuis la dernière évaluation de février 2009. Ainsi, en février 2007, 34,2% des ménages avaient une alimentation pauvre alors qu'en novembre 2009, ces ménages ne représentent plus que 26% du groupe. De même, 25% des ménages avaient une alimentation acceptable. En novembre 2009, 43% ont une consommation acceptable. Cette amélioration résulterait d'une distribution alimentaire plus régulière et d'un renforcement des conditions de distribution de celle-ci. Evaluation approfondie de la sécurité alimentaire et de l'autosuffisance des réfugiés centrafricains dans les régions de l'Adamaoua et de l'Est du Cameroun (Novembre 2009)
Mais la préoccupation demeure sur le plan quantitatif. Sous cet angle, seuls 30% des réfugiés sont estimés en sécurité alimentaire, alors que 39% d'entre eux sont en insécurité alimentaire sévère, il s'agit là d'une dégradation de leur situation alimentaire depuis leur arrivée au Cameroun, dans la mesure où ces mêmes proportions étaient de 54,5% et 10% respectivement. Cette dégradation serait liée au décalage constaté entre le nombre de réfugiés enregistrés, bénéficiaires de l'assistance alimentaire et le nombre réel de réfugiés en accroissement constant de près de 25%. L'enquête PDM signale à cet effet que la solidarité entre les populations concernées a entraîné une redistribution de l'aide octroyée.
Pour ce qui est des capacités de résilience des réfugiés, trois facteurs ont été
pris en compte, à savoir :
i) les sources de revenus,
ii) les sources d'approvisionnement alimentaire, et
iii) les stratégies de survie.
En ce qui concerne les sources de revenus pour lesquels il n'y a pas d'interdiction formelle aux réfugiés de s'en procurer, l'analyse comparée montre que la classe des ménages en sécurité
alimentaire est dominée par les vendeurs de produits d'élevage (14%) tandis que les ménages des travailleurs manuels, artisans et pratiquants de petits métiers (12%) sont très souvent en
insécurité alimentaire, Il ressort en effet que les réfugiés gagnent en moyenne environ 29 722 FCFA par mois, mais avec de fortes disparités entre les groupes socioéconomiques. On relève ainsi
que les revenus moyens par type d'activité sont les suivants par ordre d'importance :
i) vendeurs des produits d'élevage: 92 510 FCFA,
ii) petits commerçants et pratiquants d'autres activités : 27 970 FCFA, iii) vendeurs des produits agricoles : 20 163 FCFA,
iv) travailleurs manuels : 15 579 FCFA,
v) vendeurs de bois de chauffe: 14 696CFA, et
vi) personnes assistées : 10 135 FCFA.
Comparés au salaire minimum inter-catégoriel (SMIC) en vigueur au Cameroun (28 000 FCFA), les vendeurs des produits d'élevage ont un revenu mensuel au-dessus de ce seuil ; les petits commerçants
ont des revenus équivalents. Ensemble, les deux groupes représentent plus du quart des ménages (26%). Parallèlement, les personnes assistées ou dépendant totalement de l'assistance alimentaire
gagnent en moyenne 10 135 FCFA par mois, ou 338 FCFA environ par jour, ce qui est deux fois moins que le seuil de pauvreté au Cameroun.