Une réunion pour rien serait-on tenté de dire.Bozizé a fait convoquer la veille sans en fixer l’ordre du jour toutes les forces vives de la nation centrafricaine ainsi que la commission électorale et le corps diplomatique pour une réunion, le genre de grande messe qu’il affectionne, ce mardi matin au palais de la Renaissance.
Pêle-mêle il s’en est pris à la CEI, à la communauté internationale dont il a tenté d’opposer ses représentants à Bangui à ceux des sièges de ces institutions, au Conseil d’Etat dont il s’est permis de traiter les membres d’être des criminels parce qu’ils ont osé annuler son précédent décret portant découpage des circonscriptions aux élections législatives, texte qui comportait de graves insuffisances et de nombreux vices et anomalies.
A juste raison pourtant, l’opposition réunie dans le Collectif des Forces pour le Changement avait déposé un recours en annulation devant le Conseil et a obtenu gain de cause le 28 septembre dernier mais cette décision va provoquer contre toute attente, l’ire de Bozizé qui l’a vécue comme un crime de lèse-majesté et refuse de signer un nouveau décret qui soit conforme au découpage taillé par le Conseil d’Etat.
Contrarié par le président du MDREC Joseph Bendounga qui a osé réclamer publiquement réclamer sa démission pour incompétence car d’après lui, il raconte les mêmes balivernes depuis sept ans, Bozizé a piqué une vive colère et traité Bendounga de « vaut rien » et de « voyou » et ordonné à ses agents de sécurité de l'évacuer manu militari de la salle. Il a même failli tomber sur l'ambassadeur de France . Bendounga lui a rétorqué qu’il allait de ce pas quitter lui-même les lieux mais il est rattrapé par les soldats de la garde présidentielle qui le brutalisent et le blessent en lui tirant les cheveux.
En réalité, tout ce cinéma est orchestré par Bozizé comme un écran de fumée pour tenter de rejeter sur la communauté internationale l’éventualité plus que probable, de la non tenue en temps et en heure des élections fixées au 23 janvier prochain, surtout l’Union Européenne et les Nations Unies à travers leur sreprésentant à Bangui, respectivement M. Samuel Samzun et Mme Zewde Sahle Work du BINUCA, contre qui il a la dent dure.
Pendant toute la réunion, il a soigneusement évité de parler du rapport de l’audit qui a été effectué sur la scabreuse gestion de la CEI par son homme de main et complice le vrai faux pasteur Joseph Binguimalé qui fait étalage au quotidien de sa partialité et de son incompétence crasse.
Déjà au simple niveau du recensement des électeurs, on a enregistré d’innombrables cas de fraudes aux cartes d’électeurs provisoires sans que les fraudeurs et leurs commanditaires ne soient tombent sou le coup de la loi. Le KNK parti au pouvoir et les pouvoirs publics violent délibérément la loi électorale. Plusieurs préfets et sous-préfets détiennent par devers eux en violation de la loi, les documents issus du recensement des électeurs. Selon nos informations, dans toute la préfecture de la Mambéré-Kadéi, les cartes provisoires non remplies circulent abondamment entre des mains non autorisées. Dans les villes suivantes, grave anomalie, les comités locaux sont présidés par les sous-préfets et les proviseurs des lycées. C’est le cas à Obo dans le Haut Mbomou, de Bangassou dans le Mbomou et de Bocaranga dans l’Ouham-Pendé.
- A Bouca : le sous-préfet est le président du comité local de la CEI ;
- A Ndjoukou : le sous-préfet est le président du comité local de la CEI ;
- A Bossangoa : le proviseur du lycée est le président du comité local de la CEI ;
- A Baoro : Les pouvoirs publics et le KNK sont représentées à 80% ;
- A Mbaïki : C’est un militant du KNK qui préside le Comité local ;
- A Bangui dans le 8ème Arrondissement, on nage en pleine confusion. Le comité local de la CEI du 8ème arrondissement est présidé par un certain Malo, chargé de mission au Ministère de l’Education Nationale, président de la jeunesse du KNK et membre de la société civile. Son maintien en fonction est une violation flagrante de la loi et entache d’irrégularité l’ensemble des actes qu’il pose en tant que tel. Lui et le général d’opérette Ouandé se crêpent le chignon et s’accusent mutuellement d’être à la tête d’un vaste réseau de fraude et d’être déjà entré prématurément en campagne. On est où là ?
Dans le 6ème arrondissement de Bangui, Joël Yangongo candidat KNK aux législatives, a été surpris récemment avec des milliers de récépissés provisoires de cartes d’électeurs en sa possession ! Il a été arrêté par les forces de l’ordre et détenu à la SRI puis libéré. On peut ainsi dérouler les cas de violation flagrante de la loi électorale généralement imputable au KNK.
C’est en raison de toutes ces magouilles et de la volonté évidente de Bozizé et son clan de frauder et d’accomplir un hold-up électoral qu’ils redoutent toute informatisation des données électorales et font tout pour que cela ne soit pas possible car elle empêchera les manipulations frauduleuses auxquelles ils comptent se livrer.
Bozizé n’a plus d’argument et se braque contre la communauté internationale parce qu’il ne peut pas faire ce qu’il voudrait. Si le processus électoral est transparent, il n’a aucune chance de gagner les élections qu’il tient absolument cependant à gagner dès le premier tour, chose totalement impossible aujourd’hui pour lui, vu son taux d’impopularité dans le pays qui est au firmament, or il veut forcer son destin.
Rédaction C.A.P