Centrafrique-Presse avait rapporté dans sa parution du
1er octobre 2010 que le 16 septembre dernier, Bozizé avait fait venir dans son bureau du Palais de la Renaissance le Préfet de la Mambéré-Kadéi chef-lieu Berbérati, un certain Joël
Paréfa pour lui proférer des menaces de mort en cas de victoire de Martin Ziguélé dans sa juridiction aux présidentielles. Depuis, ce préfet fait du zèle afin de sauver sa tête. Il déjà annoncé
comme par hasard, la victoire de Bozizé dans sa préfecture. A quoi bon aller encore aux urnes ! Sans doute informés de l’épée de Damoclès qui plane sur la tête de leur collègue de Berbérati,
d’autres préfets se sont également mis à faire n’importe quoi pour plaire à Bozizé.
Dans le communiqué de presse de
l’Association des Radios Communautaires de Centrafrique (ARC Centrafrique) que nous publions ci-dessous, un inventaire est dressé de
certaines menaces graves et d’inadmissibles tentatives d’intimidation dont s’illustrent certains préfets zélés - en particulier celui de la Mambéré Kadéi, le sieur Joel Parefa de Berbérati que
Bozizé a menacé de tuer - à l’égard des journalistes de certaines radios communautaires.
Il y a à peine
quarante-huit heures, nous nous faisions l’écho d’un projet de décret déjà prêt que Bozizé doit signer bientôt pour changer certains préfets qu’il juge trop tièdes à son goût ou ne terrorisant
pas suffisamment la population en sa faveur.
Ce communiqué de l’Association des Radios
Communautaires de Centrafrique (ARC Centrafrique) tombe à pic qui vient mettre le doigt sur les méthodes dictatoriales de Bozizé et son KNK qui terrorisent littéralement les préfets,
sous-préfets, maires, chef de quartiers et chefs de groupes, pour les embrigader de force et mettre ainsi sous leur coupe toute l’administration territoriale. Voilà les élections transparentes et
la démocratie à la Bozizé. C’est de cette manière que Bozizé veut réaliser son double hold-up électoral à la présidentielle et aux législatives. C’est tout simplement scandaleux et insupportable.
On ne peut que s'associer à l'indignation exprimée ici par l'ARC qu'on ne peut suspecter de rouler pour l'opposition politique ou encore moins d'antibozizisme
primaire.
Rédaction
C.A.P
Communiqué de presse
L’Association des Radios Communautaires de Centrafrique (ARC Centrafrique) est une
structure constituée de 15 radios disséminées sur l’ensemble du territoire centrafricain. Sa mission est d’agir pour la reconnaissance et la pérennisation des radios communautaires en
Centrafrique. Elle poursuit entre autres, les buts suivants :
- Regrouper les radios communautaires de Centrafrique ;
- Travailler à étendre les services des radios communautaires au plus grand nombre de la population
centrafricaine ;
- Encourager la démocratisation du monde de la communication ;
- Servir de carrefour d’opinions et de service pour les communautés bénéficiaires des programmes de
ses membres ;
- Agir comme représentante de ses membres et/ou favoriser diverses actions concertées visant à
promouvoir les intérêts communs de ses membres auprès des instances politiques et administratives, et auprès de toute autre instance externe qui
présente un intérêt commun pour l’ensemble de ses membres.
Les radios communautaires membres de l’ARC Centrafrique sont des stations qui ont
pour objectifs de :
- Promouvoir les activités des organisations de la société civile ;
- Assurer le développement local (développement social, culturel et politique) ;
- Donner une information de proximité fiable aux auditeurs ;
- Consolider les liens sociaux (la cohabitation pacifique entre les communautés) ;
- Servir de forum en vue d’échange d’expériences entre associations affiliées ;
- Offrir un service à la communauté où la radio se situe et à laquelle elle s’adresse tout en
favorisant l’expression et la participation de celle-ci.
L’association des Radios Communautaires de Centrafrique a le regret de porter à la
connaissance des autorités politico-administratives, des acteurs de la société civile, des partis politiques, des organisations de défense des droits de l’homme et de l’opinion nationale et
internationale les menaces et pressions subies par certaines de ses radios membres.
Radio Notre Dame, Radio Evangile Néhémie, Radio ESCa Voix de la Grâce, Radio la Paix
Linga FM (Bangui), Radio Songo (Mbaiki), Radio Kull Ndunga (Nola), Radio Zoukpana (Berbérati), Radio Siriri, Radio Maïgaro (Bouar), Radio Maria Bé Africa (Bossangoa), Radio ICDI (Boali), Radio Bé
Oko, Radio Linga FM (Bambari), Radio Zereda(Obo).
Le 14 mai 2009, le Préfet de la Ouaka, Mme Lydie Marthe Yangba, a convoqué M.
Célestin Yétomane, journaliste de la radio diocésaine Bé Oko de Bambari pour le menacer à propos d’une émission diffusée le 1er mai 2009 et qui portait sur les problèmes
d’approvisionnement en eau potable dans la ville de Bambari. D’après elle, la radio incite la population à se révolter contre le président Bozizé. Elle serait capable de fermer la radio.
Le 11 mars 2010, le Préfet de la Mambéré-Kadéi, M. Joel Parefa, a convoqué le chef de station de Radio Zoukpana, M. René Pierre Ndoumbé, devant une assemblée d’autorités dont le Procureur de la République
et d’autres responsables des services décentralisés de l’Etat. Il a demandé que le journaliste soit entendu sur procès-verbal.
Le motif de cette convocation serait la diffusion d’un vox pop sur le profil du
député souhaité par la population. Le 13 septembre 2010, M. Jean Sosthène Dengué, Préfet de la Nana Mambéré, a organisé une réunion au cours
de laquelle il a mis en place un comité de gestion ad hoc de la radio communautaire Maïgaro (ce qui n’est pas dans ses attributions) alors que le comité de gestion, élu, était en train de
préparer une assemblée générale. Le 13 octobre 2010, le Préfet de la Mambéré Kadéi, M. Joel Parefa, a fait convoquer M. Jules Nakoé, chef de
programmes et ses agents de Radio Zoukpana dans son cabinet. Il leur a dit de ne pas se fatiguer à dénoncer les tentatives de fraudes et autres car, de toutes les façons, le candidat du KNK aux
élections présidentielles sera réélu. En fait, la radio avait diffusé une information portant sur l’existence de postes de recensement parallèles et nocturnes dans la ville de Berbérati. D’après
le Préfet, les journalistes devraient éviter de se créer des problèmes inutiles car le responsable local du KNK pourrait les éliminer d’une manière ou d’une autre.
Le 19 octobre 2010, M. Joel
Parefa, le Préfet de la Mambéré Kadéi a sorti son revolver pour menacer M. Jules Nakoé, chef de programmes de Radio Zoukpana, qui devait l’accompagner à Carnot. Dans la même soirée, la
Radio Zoukpana a diffusé un communiqué du collectif des agents recenseurs de Berbérati qui convoquait les membres pour une réunion de travail le 20 octobre 2010, à la sous-préfecture. Peu de
temps après, les responsables de la Commission Electorale de Berbérati ont fait diffuser un contre communiqué sur les ondes de Radio Zoukpana le lendemain 20 octobre, bien que Claude Gnapongo est arrêté dans les locaux de la radio. Mlle Mathilde Gbalé, bien que malade, sera
cueillie à son domicile très tôt le matin. Les deux ont passé 5 heures en geôle avant d’être remis en liberté provisoire.
Le Commissaire affirme avoir reçu les instructions du Préfet de la Mambéré Kadéi M.
Joel Parefa.
Convaincue que le processus démocratique ne peut se développer sans une information
correcte de l’ensemble de la population, l’ARC Centrafrique s’indigne du comportement de certains acteurs de lavie politique et des autorités qui s’ingèrent dans le fonctionnement des
médias.
L’Association des Radios Communautaires de Centrafrique (ARC Centrafrique) qui est
signataire du code de bonne conduite des partis politiques, des acteurs de la société civile et des médias pendant la période électorale, déplore la multiplication des actes d’intimidation, des
menaces et des pressions que les radios subissent. Elle rappelle à tous que les médias que les radios communautaires ne sont pas des succursales de la radio d’Etat et ont leurs spécificités.
Elles contribuent à l’émergence de la consolidation de la démocratie dans notre pays en fournissant des informations de proximité de qualité à la population. Elle s’inquiète du risque de violence
que laissent présager les menaces sur les journalistes et autres acteurs de la société civile.
A l’approche des élections de janvier 2011, l’ARC Centrafrique invite les autorités
politico-administratives à laisser les médias faire leur travail de manière professionnelle pour que la population arrive à des élections transparentes, dans un climat apaisé.
Fait à Bangui, le 25 octobre 2010
Pour l’ARC-Centrafrique
Abbé Jean Ignace
Manengou